| i've got, you've got skeletons in the closet, my dear | flowe #4 |
| | (#)Jeu 18 Aoû 2022 - 22:21 | |
| tw : sang, violence.
Elle finit de prendre sa douche. Dans la baignoire, un rouge grenat glisse et finit sa course à l'intérieur du siphon. Aux pieds de Murphy, les couleurs s'effacent. Elle a frotté ses ongles durant de longues minutes, trempée par l'eau ruisselante. Au bord de ses yeux, aucune larme. A son cou, demain, deux grandes marques violettes feront leur apparition, en plus de tous les bleus et des écorchures qu'elle portera sur les bras et sur le ventre. Une fois que Murphy s'estime plus tranquille, elle coupe l'eau. Ses cheveux n'ont jamais été aussi propres. Elle ne s'est jamais sentie aussi sale.
Dans la salle de bain, elle enfile une tenue qu'on a laissé là pour elle. Un tee-shirt trop grand ayant appartenu à quelqu'un d'autre, un pantalon qui cachera bien assez l'état de ses jambes. Rien n'est à la blonde. D'un mouvement, elle attache ses cheveux et pense déjà à ne pas trop en oublier sur le sol. Dans le petit salon, elle trouve une petite poubelle qu'elle remplit rapidement de ses affaires. Le sac est bientôt plein à craquer. L'endroit n'est pas très grand. C'est un vieil hôtel de bord de route tenu par un propriétaire qui se fait aussi de l'argent en échange de son silence. Quand Murphy repasse dans la chambre, ce n'est que pour retrouver l'homme qu'elle y a laissé. Elle espérait qu'il aurait disparu le temps qu'elle ne frotte chaque centimètre carré de sa peau sous l'eau bouillante. Elle espérait qu'il aurait repris vie, se levant sur ses pieds et payant la note avant de repartir dans sa voiture. Allongé sur le ventre, il a l'air de dormir. Du pied du lit, Murphy peut voir ses yeux ouverts. Le blanc a viré au jaune. Sous la tête du cinquantenaire, le couvre-lit a absorbé une mare de sang. La jeune femme reste un instant à le contempler, se demandant encore s'il allait finir par se lever. Rien n'y fait.
Finalement, elle se saisit du téléphone personnel. Machinalement, elle contacte le seul numéro qu'elle connaît par cœur. L'un des seuls qui soit enregistré, aussi.
Murph' Il faut que tu viennes.
Murph' J'ai fait une connerie.
Lentement, le bras de Murphy retombe contre son corps. Elle repose un regard indifférent sur le cinquantenaire allongé face à elle, encore sous le choc. Ses doigts tremblent - elle n'y prête pas attention. Son regard s'éternise sur l'anneau que l'homme porte à l'annulaire. Encore un type qu'on attendait peut-être à la maison. Il se passe soudain quelque chose de prévisible : Murphy réalise. Sa respiration accélère alors qu'elle recule brutalement dans le fond de la pièce mal éclairée. Son dos bute contre le mur alors qu'elle se laisse glisser. De petites étoiles dansent devant ses yeux. Il y a trente minutes, ce type a tenté de la tuer. Il y a trente minutes, elle a réussi à lui planter le couteau - qu'elle cache toujours avant de faire rentrer les clients dans la chambre - en plein dans la gorge. Murphy ne se souvient de rien sinon de la grande respiration qu'elle a prise lorsque les doigts de l'homme se sont détachés de son cou. Elle se souvient avoir été coincée quelques instants sous son corps, comme la Jessie de Stephen King, les yeux éclaboussés de sang alors que ce type répugnant essayait de respirer - en vain. Maintenant, il n'y a plus qu'une chose à faire.
@carl flanagan |
| | | | (#)Mer 24 Aoû 2022 - 20:14 | |
| ☾ i've got, you've got skeletons in the closet, my dear As he came into the window was a sound of a crescendo, he came into her apartment, he left the bloodstains on the carpet. She ran underneath the table, he could see she was unable, so she ran into the bedroom, she was struck down, It was her doom. gif by (c) harley tw: sang, violence
Carl triture l’anneau à son doigt, l’air dépité. Le jeune marié n’a pas l’air épanoui et pour cause, apprendre un mois après son mariage que sa bien-aimée le trompe avec son témoin en anéantirait plus d’un. Gemma n’a même pas eu la décence de le lui avouer elle-même, c’est à travers des sms qu’il n’aurait jamais dû voir que le garçon a compris. Le voilà donc cocu et avouons-le, ce statut semble avoir été créé pour lui. À quoi s’attendait-il au juste en précipitant autant les choses avec une fille qu’il ne connaissait que depuis quelques mois ? Il l’a demandée en mariage pour ne pas la perdre un soir où rien n’allait déjà plus, il lui a promis monts et merveilles ainsi qu’une vie confortable mais à présent Carl en est sûr : elle n’en avait qu’après son argent et préférait largement passer ses nuits avec son "ami" Stanley, qui avait osé leur souhaiter tout le bonheur du monde pendant la cérémonie. Le traitre n’hésitait pas à batifoler avec sa promise pendant que lui ne voyait rien, sans doute jusque dans son propre lit. N’importe quel homme se serait demandé pourquoi Gemma avait pris l’habitude de rentrer si tard tous les soirs, mais pas lui. Il n’a rien vu parce qu’il n’a sûrement pas voulu voir, l’échec annoncé de son mariage était pourtant sous ses yeux et Carl doit aussi accepter qu’il a été le seul à y croire, depuis le début. Se marier si jeune était une erreur mais sa plus grande reste d’avoir cru que Gemma pouvait l’aimer lui, et non son portefeuille.
Le voilà donc de retour à la case départ, seul et résigné dans une maison vide qui ne sera jamais le cocon de bonheur qu’il s’était imaginé. Il préférerait être n’importe où plutôt qu’ici où tout lui rappelle ce qu’il a perdu, Carl se sent même incapable de rester une seconde de plus entre ces murs alors que Gemma doit passer prendre ses affaires pour partir s’installer avec son ami l’ignoble traitre. Le dindon de la farce Carl, encore et toujours. Il ne sait officiellement plus ce qu’il fera de sa peau après ce soir, il n’a même aucun plan pour les prochaines heures comme pour les prochains jours mais il semblerait que pas très loin de là, quelqu’un ait pourtant besoin de lui. Trois sms et à nouveau tout bascule. En voyant un nom bien connu s’afficher sur l’écran de son téléphone Carl se surprend à sourire, il n’a pas la moindre idée de la raison qui peut pousser Murphy à le contacter aussi tard mais il n’existe pas d’heure indécente quand c’est elle. Il rappliquerait même au beau milieu de la nuit pour Murphy ce qu’il n’aurait, étrangement, jamais fait pour Gemma. Peut-être que c’est elle qu’il aurait dû épouser, il y pense parfois avant de ravaler cette pensée interdite. À quoi bon ressasser le passé, ses mauvaises décisions Carl n’a plus qu’à les assumer. Le garçon confirme sa venue avant de bondir dans sa décapotable, sillonnant les rues de la ville à toute vitesse pour retrouver Murphy au lieu indiqué. Un hôtel lugubre à l’intérieur duquel Carl s’engouffre sans attendre, rejoignant la chambre dont le numéro lui a été communiqué alors qu’un terrible frisson le parcourt face à la porte. Il a un mauvais pressentiment tout d’un coup et il n’aime pas vraiment ça. Fera-t-il pour autant demi-tour ? Pour elle, jamais.
J'ai fait une connerie. Son message ne l'a pas inquiété sur le moment car des conneries Murphy n'a jamais été la dernière à en faire, au point qu’à force elles ne l'étonnent tout simplement plus. Carl s'imagine la retrouver attachée à un lit comme ce fut déjà le cas une fois, plus grand-chose ne doit pouvoir le choquer et il ne voit pas en quoi cette fois pourrait être différente d'une autre – si ce n'est peut-être sa morosité à lui plus marquée que d'habitude, en raison de sa vie personnelle récemment tombée en ruines. Murphy lui permettra peut-être d'oublier la trahison de Gemma pour au moins quelques heures, c'est l'espoir que le garçon fonde en cette soirée sans même savoir ce qui l’attend alors que son pressentiment est vite mis de côté. Ça ne peut pas être si grave, après tout. Mais Murphy n'a pas bonne mine, c'est la première chose qu'il remarque quand elle apparait devant lui dans des vêtements trop grands pour elle. Elle a l'air ailleurs, comme si elle venait de voir un fantôme et Carl n'a pas le souvenir de l'avoir déjà vue comme ça. À cet instant, pourtant, il ne tilte toujours pas. « Je t’ai pris un milk-shake en chemin, c’est.. » saveur cerise comme elle préfère mais il ne terminera jamais sa phrase. C'est au moment de se frayer un passage à l'intérieur de la chambre que le regard du garçon détaille plus précisément son allure. « Tes fringues sont bizarres. » Pas moches ni mal portées, juste bizarres. Ce ne sont pas les siennes Carl en mettrait sa main à couper mais les vêtements de Murphy ne sont bientôt plus l'élément sur lequel le garçon s'attarde. « Euh c’est qui ça ? » Il y a un homme sur le lit et aussi étonnant que ça puisse paraître, Carl ne remarque pas le sang tout de suite. Ses yeux refusent de voir, son cerveau supprime ce détail qui a pourtant toute son importance pour lui dévoiler seulement un corps inanimé, pas vraiment paisible. « Il a l’air mort. » Les yeux du type sont ouverts et à distance Carl peut déjà dire qu'il ne respire plus, demeurant toujours dans le déni face au sang. « Il est mort ? » qu'il questionne en se tournant vers Murphy, une boule naissant au même moment dans sa gorge et dans le creux de son ventre. Et finalement Carl se retourne pour faire face au lit où la vision d'horreur lui apparait brutalement dans ses plus sordides détails. Le sang tout autour de sa tête, le couteau planté dans sa gorge, ses yeux horrifiés... Il se raidit d'un coup et bondit en arrière pendant que son cœur, lui, déraille complètement. « IL EST MORT ??? » Comment en douter dans l'état où il se trouve. Carl n'ose même pas s'en approcher, la vue est déjà si terrible depuis l'autre bout de la pièce qu'il n'a même pas besoin d'en voir plus. « Oh non je vais vomir. » Le garçon porte une main à sa bouche et retient ce qui pourrait en sortir, une chance qu'il n'ait pas mangé juste avant de venir. « Qu’est-ce que t’as fait Murphy ? » Car à présent un calcul s'impose. Cet homme est mort dans cette chambre où elle se trouve elle aussi, sans personne d'autre autour et si des empreintes devaient être retrouvées sur le fameux couteau, Carl craint qu'elles puissent être les siennes. « Pitié me dis pas que c'est ça ta connerie. » Si c'est le cas alors, qu'est-ce que ça fait de lui ? Un complice probablement, ce qui doit vouloir dire qu'ils sont maintenant condamnés à s'en tirer ou à couler ensemble. Cocu et maintenant mouillé jusqu'au cou dans cette histoire, il ne la remercie pas sur ce coup-là.
Dernière édition par Carl Flanagan le Ven 26 Aoû 2022 - 9:00, édité 1 fois |
| | | | (#)Mer 24 Aoû 2022 - 23:48 | |
| tw : violence, sang. Assise contre une cloison, Murphy attend. Quoi au juste ? Elle ne le sait pas vraiment. Son téléphone encore à la main, elle ne détache pas son regard du cadavre étalé sur son lit. Si elle était croyante, peut-être se mettrait-elle à prier. Et puis, au final, non. Ce type a essayé de la tuer. Habituellement, quand les clients sont violents, Murphy parvient toujours à appuyer sur le bipeur qui signale au gardien des lieux qu'il doit intervenir. Cette fois-ci, tout est allé trop vite. Elle n'a rien senti venir. Les clients qui viennent chercher la compagnie de filles comme elle, surtout dans ce lieu, sont habituellement tous étranges. Murphy a l'habitude de jouer un rôle, complètement détachée d'elle-même pour pouvoir offrir ses prestations sans trop souffrir des conséquences. Cette fois-ci, elle a rompu son masque lorsque les mains du cinquantenaire se sont refermées sur sa gorge. Bien sûr qu'elle s'est débattue, mais ça ne comptera pas pour la police. Elle l'aura bien cherché, voilà ce qu'on pensera d'elle. Quand elle a compris au regard de l'homme qu'il n'était pas venu simplement pour des prestations intimes et pour se faire appeler "chéri" par une gamine de trente ans de moins que lui, Murphy a paniqué. Elle s'est vue mourir et ses doigts manucurés ont griffé les mains énormes de son bourreau, lequel souriait comme un fou, probablement excité par l'idée de commettre un meurtre qui aurait laissé tout le monde indifférent. Bon, le patron de Murphy n'aurait probablement pas été très content d'avoir perdu sa marchandise, mais peu importe.
La blonde ne compte pour personne sinon pour Carl, un outsider avec lequel elle a lié une amitié bizarre et qu'elle considère comme une bouffée d'air frais. Il est franchement son rayon de soleil et il n'y a personne qu'elle ait envie d'appeler dans cette situation si... particulière - le mot est faible - sinon Carl, qui débarque comme une fleur quelques minutes après l'envoi de sms alarmant. « Je t’ai pris un milk-shake en chemin, c’est.. » Elle se tient devant le brun sans le voir. Ses cheveux ont fini de goutter sur le sol et elle s'écarte pour laisser entrer Carl. « Tes fringues sont bizarres. » Murphy baisse lentement la tête pour regarder les vêtements qu'elle a sur le dos. C'est comme si elle les découvrait pour la première fois, elle qui n'a pas le souvenir de les avoir enfilés. « Euh c’est qui ça ? » Une boule se forme dans sa gorge alors qu'elle reporte son regard sur le corps étendu sur le lit. « Je... C'est... » Comment l'expliquer ? Demander de l'aide à Carl semblait si simple, par messages. Maintenant qu'il est là, Murphy voudrait qu'il reparte. Pas parce que sa présence la dérange, mais parce qu'elle s'en veut de lui avoir demandé de venir. Après tout, il n'a rien demandé, Carl. Sa bonté le perdra - non : sa bonté l'a déjà perdu. « Il a l’air mort. » Murphy porte sa main à sa bouche alors que son ami vient de prononcer ce qu'elle refusait d'accepter. Oui, il est mort. C'est définitif. Le constat tombe comme un couperet et les larmes remontent aux yeux de Murphy. « IL EST MORT ??? » Murphy sursaute et plaque ses mains sur ses oreilles, tout en secouant la tête. Les larmes roulent sur ses joues alors qu'elle ferme les yeux, convaincue que tout cela ne peut être qu'un cauchemar dont elle va s'éveiller. Des clients tordus, elle en a eu des tas. Jamais des comme lui, jamais aucun qui n'ait nécessité un tel geste.
« Oh non je vais vomir. » Murphy ne lui en voudra pas, mais il risque de mettre son ADN partout. « Qu’est-ce que t’as fait Murphy ? » La jeune femme continue de pleurer en silence. Elle a maintenant les bras croisés, dans une tentative désespérée de se protéger du reste du monde. « Pitié me dis pas que c'est ça ta connerie. » Pour la première fois depuis ses balbutiements, la jeune femme laisse échapper un sanglot sonore. Sans chercher l'accord de Carl, elle se jette dans ses bras et s'accroche à lui comme si sa vie en dépendait. « Il a essayé de me tuer, Carl ! Je savais pas quoi faire... » qu'elle sanglote dans le tee-shirt du brun, étouffée par le tissus. Elle y éponge ses larmes, reniflant de toutes ses forces entre deux mots. « Je me suis juste défendue, je te jure. Il a mis ses mains sur mon cou, j'ai paniqué... » Le reste, elle s'en souvient à peine. Sa peau brûle encore de toute la force qu'elle a mise pour essayer d'en enlever le sang - et la sensation poisseuse d'être horriblement sale.
Avec toute la lenteur du monde, Murphy relève la tête pour croiser les yeux de Carl. « Il faut que tu me croies, je suis pas une meurtrière, Carl... Je voulais juste... Je voulais juste... » Que la soirée se passe bien. Elle voulait juste faire son beurre, comme d'habitude. Ce client là avait réservé pour la nuit entière, ce qui leur laisse plusieurs heures avant que qui ce soit ne s'inquiète. Bien sûr, Murphy n'est pas encore en l'état de monter un plan sur pieds. En attendant, elle risque un regard vers le macchabée. Il n'a pas bougé, évidemment. « La police me croira pas. Personne croira une pute, Carl, je suis foutue. » Elle replonge son visage dans les vêtements de Carl, s'agrippant à lui comme une ancre au rivage. |
| | | | (#)Sam 27 Aoû 2022 - 22:32 | |
| ☾ i've got, you've got skeletons in the closet, my dear As he came into the window was a sound of a crescendo, he came into her apartment, he left the bloodstains on the carpet. She ran underneath the table, he could see she was unable, so she ran into the bedroom, she was struck down, It was her doom. gif by (c) harley tw: sang, violence
L’évidence finit par lui sauter aux yeux dans toute sa monstruosité. Carl passe tout près de tourner de l’œil, jamais de sa vie le jeune homme n’aurait cru voir une telle chose et même avec tous les avertissements du monde cette scène n’aurait pu que l’épouvanter. Car on n’est jamais prêt à voir ce qu’il peut voir, jamais prêt à regarder la mort dans les yeux alors qu’il ne sait finalement pas ce qui le pétrifie le plus : l’expression figée d’horreur de cet homme, le sang tout autour de lui ou bien le fait que toute forme de vie l’ait quitté, sur ce lit. Le tableau est abominable, la vue tout simplement insoutenable et au milieu de tout ça il y a Murphy. Murphy qui a tout vu, peut-être même tout fait, il n’en sait encore rien mais ses messages prennent à présent un sens terrifiant. Carl n’a qu’à la regarder pour comprendre que sa connerie a tout à voir avec cet homme baignant dans son sang, au cas où le fait de l’avoir fait venir dans cette chambre n’en disait pas déjà long sur son implication. Il ne la juge pas pourtant, si ses premières questions pouvaient laisser paraître un semblant de colère il n’en est en fait rien. Et ses bras ne font que la maintenir contre lui lorsque Murphy s’y précipite, sans chercher un seul instant à la repousser. C’est le corps de cet homme qui le dégoûte, pas elle. « Il a essayé de me tuer, Carl ! Je savais pas quoi faire… » Il la serre plus encore, recueillant ses mots comme ses larmes tout en tentant de lier les pièces du puzzle les unes aux autres. « Je me suis juste défendue, je te jure. Il a mis ses mains sur mon cou, j'ai paniqué... » Ainsi donc cet homme a frappé le premier. Il ne pouvait que s’en douter car Murphy n’aurait jamais tué sans raison, elle n’est pas comme ça et son état montre bien qu’elle n’en a tiré aucun plaisir alors que cet homme, lui, en aurait sûrement pris à l’étrangler. C’est une mort pourtant atroce que Carl ne souhaiterait à personne mais a-t-il encore de la peine pour ce type ? Pas en sachant que les rôles auraient pu être inversés, pas en imaginant que Murphy aurait pu être celle retrouvée sur ce lit. Cette pensée lui transperce le ventre, Carl recule alors pour percevoir son visage et balaie de ses doigts les larmes sur ses joues. « D’accord, d’accord. » il souffle avec toute la douceur dont il peut faire preuve malgré le choc qui le fait encore trembler. Sa voix tremble elle aussi, toute cette situation le bouleverse au plus haut point mais pour elle, Carl veut être plus fort que ça. « Tu.. tu t’es défendue, il.. il a voulu te tuer alors il.. » Le garçon résume les faits tels qu’ils lui ont été présentés, aussi bien pour s’y retrouver que pour officialiser le rôle de chacun. « Il l’a mérité pas vrai ? » Son regard se durcit en prononçant ces mots, la vérité c’est que Carl aurait peut-être pu tuer ce type lui aussi s’il s’en était pris à Murphy devant lui. Ses derniers instants ont dû être épouvantables et très franchement, le garçon en vient à l’espérer. « C’était un méchant. » Une pourriture vers laquelle le garçon jette un regard noir, bien moins horrifié qu’à son arrivée maintenant qu’il sait ce que ce type a tenté. L’imaginer poser ses mains et tout le reste sur elle était déjà difficile, mais se dire qu’il a aussi essayé de lui faire du mal est une idée qui le révolte plus que tout. Carl n’a plus le moindre doute à présent : ce n’est pas une grande perte.
Lentement ses mains partent chercher celles de Murphy alors que celle-ci ose enfin le regarder. Ses yeux témoignent d’une détresse que le garçon ne peut que voir et sentir, une détresse qui le pique au cœur et oppresse sa gorge. « Il faut que tu me croies, je suis pas une meurtrière, Carl... Je voulais juste... Je voulais juste... » Il sait, il a compris. Rien de tout ça n’était censé se produire, ce type n’aurait dû être qu’un client parmi tant d’autres recevant sa prestation avant de s’en aller retrouver sa petite vie. Mais quelque chose a vrillé chez ce type, c’est lui qui a lancé les hostilités, lui qui a décidé de la tournure de cette soirée. Carl ne doute à aucun moment de ce qu’il entend, bien plus disposé à croire Murphy que n’importe qui d’autre sur cette terre dans cette situation ou une autre. C’est simple, il ne doutera jamais d’elle. « Je te crois. » qu’il glisse en plongeant dans son regard, sans lâcher ses mains. « T’as fait ce que t’as pu Murphy. » C’était sauver sa peau ou prendre le risque de la perdre, qui n’en aurait pas fait autant à sa place ? On ne sait jamais comment on est susceptible de réagir face au danger mais le fait que Murphy ait eu le réflexe de se défendre n’en fait pas une meurtrière pour autant, pas à ses yeux. Mais aux yeux des autres… « La police me croira pas. Personne croira une pute, Carl, je suis foutue. » Aussitôt Carl remue la tête comme lorsqu’il n’aime pas ce qu’il entend. « T’es pas une pute. » il affirme sans défaire ses yeux des siens avec une détermination dans la voix qu’on ne lui connaît que rarement. « Pas pour moi. » qu’il nuance finalement, refusant de la réduire à cette activité qui ne veut rien dire d’elle. Elle est tellement plus que ça, tellement plus qu’une jeune femme monnayant ses charmes et sa vie ne vaut certainement pas moins que celle d’une autre pour cette raison. « J’arrive pas à croire que je vais dire ça mais.. on.. » Carl s’agite, ses pensées partent dans tous les sens et il finit par se détacher d’elle pour faire les cent pas dans la pièce. « On peut pas le laisser là Murphy. » En voilà une autre d’évidence, malgré le choc qui l’anime toujours Carl s’efforce de réfléchir à la suite. Il le faut bien, le temps joue peut-être déjà contre eux et il pense avoir regardé suffisamment de documentaires criminels pour savoir ce qui leur pend au nez s’ils ne font rien. « Les flics remonteront facilement jusqu’à toi, ils trouveront même sûrement tes empreintes sur le couteau. » Il ne manquerait plus que les siennes pour les faire tomber tous les deux, mais Carl n’est pas assez stupide pour se laisser attraper comme ça. « Et il.. il a forcément une famille qui le recherchera bientôt. Des enfants même, si ça se trouve. » Le fait de le dire le rend triste pendant un instant, ces enfants n’ont rien demandé et ils n’ont maintenant plus de père. Oui, c’est affreux mais qui serait venu verser des larmes sur la tombe de Murphy dans le cas inverse ? Certainement pas ce type ni sa famille alors que Carl oui, sans l’ombre d’un doute. « On est foutus si on fait rien. » On oui, car il n’est pas question de la laisser affronter ça toute seule. Qu’a-t-il encore à perdre, de toute façon ? Son mariage a pris l’eau, son épouse ne l’a jamais aimé, ses amis n’en sont plus… tout n’était que mensonge et plus rien n’a officiellement de sens en dehors de cette chambre où son destin est désormais lié à celui de Murphy. Ce type doit disparaître, il n’y a plus le choix.
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| | | | (#)Jeu 15 Sep 2022 - 19:25 | |
| Carl acquiesce et Murphy se fond dans ses bras, s'accrochant au garçon. Elle pleure déjà, complètement sous le choc. Les larmes qui roulent sur ses joues expriment toute la terreur qu'elle a jusque là gardée captive dans sa poitrine. Les émotions explosent maintenant dans sa gorge et alors, Murphy ne parvient plus à se calmer. « Tu.. tu t’es défendue, il.. il a voulu te tuer alors il.. » La blonde opine du chef, reniflant contre le tee-shirt de son ami. Elle le sait, ce type a voulu la tuer. On se fiche bien des filles comme elle. Un flic véreux n'y verra qu'une splendide occasion de se débarrasser d'une prostituée de plus. Personne ne s'intéresse jamais aux gens comme elle. Qui aurait pleuré, sur sa tombe ? Personne, sinon peut-être le jeune homme qui se trouve devant elle en ce moment même. « Il l’a mérité pas vrai ? » « Oui. » qu'elle lâche sans hésiter. Son regard retrouve le corps étendu sur le lit, rien qu'un instant. Un bonhomme qui l'aurait tuée avec plaisir et qui serrait ses doigts bouffis sur sa gorge, il y en a eu des tas. Jamais aucun n'a osé passer à l'acte, cependant. Et si, pour quelques dollars de plus, Murphy acceptait des pratiques à la limite de ce qu'elle se sentait d'endurer, les gestes posés par cet énergumène n'ont jamais fait partie d'un quelconque contrat. C'est de son propre chef qu'il a coincé Murphy sous son corps, de son propre chef qu'il s'est mis à l'insulter avec un grand sourire, de son propre chef qu'il a serré ses mains autour de son cou alors orné d'un bijou en toc sur lequel on peut lire "cherry", le pseudonyme que lui a attribué son proxénète.
« C’était un méchant. » La blonde se serre encore plus dans les bras du brun, opinant énergiquement du menton. Murphy est enfin soulagée par la position de Carl, qui ne l'accuse de rien et ne fait que constater son malheur. « Je te crois. » Dans les mains de Carl, les doigts de Murphy cessent de trembler. « T’as fait ce que t’as pu Murphy. » Le problème, c'est que personne ne croira son histoire. Elle n'a personne, la blonde. Même pas d'adresse fixe. On trouvera des substances dans son sang, des affaires volées dans un placard obscur chez un type odieux. Tout pour l'accabler, en somme. « T’es pas une pute. » Une moue peinée s'accroche au visage de la jeune femme. C'est pourtant ainsi que les clients se réfèrent à elle. C'est ainsi que la société la voit, quand ils passent à côté du motel et accrochent le regard sur sa silhouette élancée, penchée au balcon et fumant une cigarette en attendant le prochain client. « Pas pour moi. » Un rire triste met un terme aux larmes alors que Murphy renifle et baisse la tête. « T'es bien le seul à dire des trucs comme ça. » Oh, le seul, et de loin.
Lorsque Murphy repose ses yeux sur le lit, conjointement à ceux du brun, les larmes ne perlent plus sous ses paupières. « J’arrive pas à croire que je vais dire ça mais.. on.. » Il n'a pas besoin d'en dire plus. La jeune femme a compris. Elle hoche déjà la tête. « On peut pas le laisser là Murphy. » Cela, elle le sait. Ils n'ont plus que quelques heures avant que quelqu'un s'inquiète de ne pas voir ce type débarquer au travail. « Les flics remonteront facilement jusqu’à toi, ils trouveront même sûrement tes empreintes sur le couteau. » C'est une mine contrite qu'affiche maintenant Murphy. Les flics ont déjà ses empreintes. Remonter jusqu'à elle sera vraiment facile. Mais où peuvent-ils aller ? « Et il.. il a forcément une famille qui le recherchera bientôt. Des enfants même, si ça se trouve. » « Comment un type comme lui pouvait être heureux ? » Elle repense à l'alliance au doigt de cet homme. Quelqu'un l'attend quelque part. Quelqu'un qui ne se doute peut-être pas de ses agissements nocturnes. « On est foutus si on fait rien. » « J'aurais pas dû t'embarquer dans tout ça. » La voilà qui soupire et s'approche du cadavre. Il est trop tard pour les regrets. Surtout, les deux jeunes gens n'ont pas le temps.
Une heure plus tard, le corps du type est emballé dans une couverture et Murphy a enfilé un grand pull sous lequel elle dissimule ses cheveux et une partie de son visage. « Tu es venu en voiture ? On peut pas sortir à deux. Y'a des caméras sur les coursives. » Alors que Murphy finit d'emballer toutes ses affaires dans un modeste sac poubelle, elle revient se planter devant la porte. « Je vais jeter le... cadavre... par la fenêtre. Toi, tu sors comme un client normal. Dans vingt minutes, je sors après toi. On récupère notre paquet dans les buissons. » Au final, c'est simple, de faire en sorte que les autorités perdent du temps. Il suffit d'avoir un peu d'imagination. « Carl... Si jamais il se passe quelque chose, je veux que tu dises que tu as été obligé. Que je t'ai manipulé, menacé, j'en sais rien. » Etrangement, les larmes reviennent, assassines. |
| | | | (#)Sam 24 Sep 2022 - 22:01 | |
| ☾ i've got, you've got skeletons in the closet, my dear As he came into the window was a sound of a crescendo, he came into her apartment, he left the bloodstains on the carpet. She ran underneath the table, he could see she was unable, so she ran into the bedroom, she was struck down, It was her doom. gif by (c) harley En à peine quelques secondes son infidèle de femme et le naufrage de son mariage sont oubliés, car tout ça ne pèse pas bien lourd face aux larmes de Murphy. Face à ce corps, aussi, baignant sur le lit et rappelant sa présence à ceux qui désireraient plus que tout l'oublier. Carl n'aurait pas imaginé une vingtaine de minutes plus tôt qu'un simple message de Murphy l'amènerait à constater la mort d'un homme, pas plus qu'il n'aurait pensé un jour voir autant de sang concentré autour d'une même personne. Mais elle s'est simplement défendue, c'est ce que Carl se répète pour enlever de son esprit l'idée d’avoir face à lui une meurtrière. Elle n'en est pas une à partir du moment où elle n'a fait que rendre à cet homme ce qu'il avait amorcé le premier alors de toute évidence, il l'a amplement mérité. Dans le monde de Carl on ne prend pas la vie de quelqu'un, ces choses-là ne sont bonnes qu'à figurer dans les films et s'il avait eu le choix, bien sûr, le garçon aurait soigneusement évité de se retrouver mêlé à tout ça lui aussi. Il n'en veut pourtant pas à Murphy d'avoir fait appel à lui, ce n'est certes pas un très joli cadeau que la blonde lui fait aujourd'hui mais il reste celui vers qui elle s'est tournée, ce à quoi Carl se plait à associer bon nombre de significations. Surtout celles qui l'arrangent, bien sûr, alors que Murphy vient étrangement combler un vide dans sa vie avec cette complicité littéralement tombée du ciel. Il n’avait pas forcément besoin de ça en ce moment mais il se sent toujours plus utile dans cette chambre que nulle part ailleurs, même si tenter d'imaginer toutes les choses qui s’y sont passées lui donne aussi sacrément mal au bide.
Ce n'est sans doute pas le premier client que Murphy y amène et il n'ose penser à ce que les autres ont aussi pu lui faire endurer, au nombre de fois où elle a pu craindre de finir à la place de ce type. Jamais il ne pourra la réduire à ses activités nocturnes comme tant d’autres seraient tentés de le faire parce qu'elle sera toujours tellement plus à ses yeux qu’une fille aux mœurs légères, de même que son geste ce soir ne change pas la personne qu'il a appris à connaître et à aimer avec le temps. Un peu trop fort, sans doute. « T'es bien le seul à dire des trucs comme ça. » À le penser, aussi. C'est avec une honnêteté brute que ces mots ont échappé au garçon, de la même façon que les prochains lui échappent alors qu'une question vient inévitablement se poser : que faire du corps ? Il va de soi que ce type ne peut pas rester là et eux non plus, trop d'éléments risqueraient d'orienter la police vers Murphy et Carl se jure au même instant de tout tenter pour la sortir de là. Parce qu'elle ferait la même chose dans l'autre sens, c'est tout du moins ce qu'il a envie de croire. « Comment un type comme lui pouvait être heureux ? » Oh, ce n'est pas une question à poser au jeune marié qu’il est. Celle-ci vaut même à Carl d'expulser un bref rire jaune alors que ses yeux se posent machinalement sur sa propre main, ornée d'un anneau dépourvu de tout éclat. « Tu sais ça veut pas toujours dire grand-chose, une jolie alliance. » Il sent sa gorge se serrer douloureusement en le disant car il ne sait que trop bien combien un mariage ne rend pas forcément heureux. Cet homme ne l'était peut-être pas lui non plus pour s'adonner à ce genre de pratiques mais ses raisons n'ont aucune importance, tout comme les déboires amoureux de Carl qui ne seront pas détaillés dans l'urgence du moment. « J'aurais pas dû t'embarquer dans tout ça. » Trop tard, qu’il pourrait dire. Il la suivrait de toute façon au bout du monde et dans les pires entreprises s'il le fallait alors Murphy n'a à s'inquiéter de rien, si Carl est encore là à essuyer ses larmes et à réfléchir à un moyen de faire disparaître ce type c'est aussi parce qu'il le veut bien.
En pratique toutefois l'exercice s'avère laborieux alors que l'homme repose désormais dans plusieurs épaisseurs de couverture, avec l'avantage que la vue de son visage figé d'effroi leur soit au moins épargnée. Carl n'aurait sûrement jamais pu s'y habituer mais il n'a pas le temps d'en être soulagé, pas alors qu'il leur faut aussi veiller à embarquer la taie d'oreiller maculée de sang et le couteau dont il faudra idéalement se débarrasser à un autre endroit que le corps, pour ne pas offrir à la police des preuves sur un plateau d'argent. « Tu es venu en voiture ? On peut pas sortir à deux. Y'a des caméras sur les coursives. » Carl vérifie que son allure ne lui donne pas (trop) l'impression d'avoir nettoyé une scène de crime avant de hocher lentement la tête, bien content pour le coup de ne pas être venu en bus. « J’ai garé mon pick-up pas loin, on devrait pouvoir le faire rentrer à l’arrière. J’ai des bâches à mettre dessus, on fera comme on peut. » Ils feront avec les moyens du bord surtout puisque c'est tout ce que le garçon a à offrir. La benne arrière de son véhicule s'avérera plus pratique qu'un coffre qui n'aurait peut-être pas pu accueillir un corps de ce gabarit même s'il sera aussi plus exposé à l'air libre. C'est affreusement risqué oui, mais toute cette histoire l'est depuis l'instant où le duo s'est mis en tête de dissimuler l'horreur dont cette chambre a été le théâtre. « Je vais jeter le... cadavre... par la fenêtre. Toi, tu sors comme un client normal. Dans vingt minutes, je sors après toi. On récupère notre paquet dans les buissons. » Peu à peu le plan se dessine, chacun trouve un rôle à jouer pour qu'avec un peu de chance, l'issue finale n'en soit pas trop tragique. « D’accord on.. on fait comme ça mais toi sois prudente, hein ? » En basculant le corps par la fenêtre d'une part car Murphy n'est pas bien grande ni bien épaisse, contrairement à ce type qui n’était pas un petit modèle. Carl aurait lui aussi tout intérêt à faire attention en sortant histoire de n'éveiller aucun soupçon mais ce n'est jamais vraiment pour lui-même que le garçon s'inquiète. Il préfèrerait encore tomber seul plutôt que d'entrainer Murphy dans sa chute et c'est assez paradoxal, quand on connait son degré d’implication. « Carl... Si jamais il se passe quelque chose, je veux que tu dises que tu as été obligé. Que je t'ai manipulé, menacé, j'en sais rien. » Aux larmes de la blonde se mêlent les mouvements de tête désapprobateurs du brun, aussi fermes que rapides. « Non non, je leur dirai jamais ça. Je te balancerai pas Murphy, si on coule c’est tous les deux. » Elle ne coulera pas sans lui, il s'en fait la promesse parce qu'elle ne mérite pas d'affronter un enfer de plus toute seule. Carl aurait déjà pu prendre la fuite s'il l'avait voulu, il n'est officiellement plus forcé à rien comme ses mains jointes aux siennes le prouvent bien. « J’ai plus rien à perdre de toute façon et je.. je veux qu’on reste ensemble quoi qu’il arrive. » Compte tenu de l'état actuel de sa vie Carl n'est presque pas plus mal ici, à risquer de perdre sa liberté et peut-être même bien plus, pour les beaux yeux de celle qui ne l'a au moins jamais trahi.
Vingt minutes plus tard Carl est au rendez-vous et les deux complices se retrouvent près des buissons où leur fameux paquet les attend. Le garçon est fébrile, en dehors des murs de la chambre c'est comme s'ils n'étaient plus protégés de rien et le calme de la nuit lui donne aussi l'impression que l'univers tout entier les observe. « J’ai rapproché la voiture, on aura pas à le trainer bien loin. » il chuchote alors, jetant plusieurs regards autour d'eux pour s'assurer que son petit détour n'a éveillé la curiosité de personne. Il se méfie Carl et pour cause, on ne peut pas dire qu'il ait toutes les raisons du monde d'être très serein. « Je suis peut-être encore parano mais le concierge m’a regardé bizarrement quand je suis sorti. » Et c'est bien ce qui l'inquiète, il avait d'abord pensé ne pas en toucher un mot à Murphy mais sans doute cherche-t-il aussi à se rassurer quant aux idées qu'il pourrait encore se faire pour rien. « Il peut pas savoir, hein, de toute façon. » il reprend en remuant la tête pour s’en convaincre, à moins que sa complicité dans cette sordide affaire ne se lise sur son visage comme dans son allure. À moins aussi que Carl soit le pire dès qu'il s'agit de jouer les clients lambdas. Ils n'ont toutefois pas le temps de se poser plus de questions car ces buissons ne pourront pas abriter ce corps encore très longtemps, l'heure est donc venue de déplacer celui-ci sans attendre et si possible, sans se faire remarquer non plus. « Oh la vache, il est vraiment pas léger. » Il réalise que Murphy a probablement supporté tout ce poids sur elle un peu plus tôt et cette pensée le motive d'autant plus à bazarder ce type contre lequel Carl nourrit dès lors une rancœur tenace. Le garçon prend aussi et avant tout conscience de ce qu'implique le fait de se débarrasser d'un corps, ce qu'il n'aurait pas pu s'imaginer avant d'y être réellement confronté. Ce n'est pas seulement une question de poids, c'est aussi une vigilance de tous les instants qu'il ne faudrait surtout pas relâcher car dehors, le danger semble les guetter un peu partout. « Ce sera bientôt fini, je te le promets. » il souffle en entourant le visage de Murphy de ses deux mains une fois leur sombre entreprise accomplie, souriant faiblement à celle-ci alors que la peur de se faire attraper se saisit de lui.
C'est sans perdre de temps qu'ils prennent ensuite la route, Carl veillant à ne pas rouler trop vite au risque de perdre leur marchandise ou d'attirer l'attention des autorités. La prudence est de mise alors que leur prochaine destination n'est même pas encore actée. « Je réfléchissais un peu et.. » et même s'il n'a pas pour habitude de devoir cogiter sur le meilleur lieu pour abandonner un corps, il se trouve que Carl a bien une idée. « Je crois qu’il y a une décharge à dix minutes de là, c’est peut-être notre meilleure option. » C'est en tout cas la seule qu'il ait à lui proposer car l'idée d'enterrer ce type dans la forêt la plus proche leur coûterait selon lui bien trop d'efforts. Ils n'ont sans doute pas le temps ni le matériel pour ça et qui aurait cru qu'un jour, le bonhomme serait capable d'une réflexion aussi poussée avec un type mort à l’arrière de son véhicule. « Murphy ?.. Quand tout sera fini tu.. tu partiras avec moi ? » Son regard ne quitte la route que pour se poser brièvement sur elle alors qu'en interne son palpitant s'affole déjà. C'est sûrement l'idée la plus folle qu'il aura eue aujourd'hui et peut-être aussi le plus grand risque qu'il puisse prendre, mais au point où il en est Carl peut bien tout tenter. « On pourrait s’enfuir loin tous les deux, recommencer une vie ailleurs. Ça doit ressembler à une vieille réplique de film mais je suis sérieux, tu sais. » Il ne pourrait même pas l'être davantage mais il comprendrait que Murphy rêve d'autre chose, voire même d'une nouvelle vie dont il ne ferait pas partie. Carl insiste pourtant après un coup d'œil furtif jeté à son rétroviseur. « Je pourrais t’offrir une vie confortable, t’aurais plus besoin de voir tous ces mecs. » Et sans doute espère-t-il la convaincre avec ce dernier argument, l'argent ne lui ayant jamais tellement manqué et le bien-être de Murphy étant désormais la première de ses priorités. Carl ferait n'importe quoi pour qu'elle n'ait plus à faire tout ça, inquiet qu'un jour elle ne puisse pas se défendre et que le prochain type désirant s'en prendre à elle parvienne à ses fins.
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| | | | | | | | i've got, you've got skeletons in the closet, my dear | flowe #4 |
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