| (yasmine) I held the gun but you pulled the trigger and we watched it all go |
| | (#)Ven 19 Aoû 2022 - 11:29 | |
| (2005) “Hartfield, tu sors, j’en ai marre.”
Alors, Hartfield sort. Il est le premier à contester les décisions de l’arbitre lorsqu’il juge qu’elles sont infondées, mais même lui ne peut aller contre celle-ci. Pour le reste, il ne regrette rien, jugeant de son coéquipier n’avait rien fait qui puisse lui être reproché et lui occasionner de sortir du terrain, lui aussi. En sortant du terrain, Rhett hausse les épaules en jetant un regard à l’ami en question, le genre qui dit j’aurai essayé et qui sous-entend qu’il recommencera aussi, au besoin - qu’il recommencera, tout court, parce qu’il ne sait pas faire autrement. Parce que chez lui, l’excès de talent provoque aussi un certain excès de confiance, provoquant toujours certains épisodes tragi-comiques sur le terrain. Il ne cherche pas à être sous le feux des projecteurs davantage encore, c’est simplement plus fort que lui, même alors que les Queensland Reds sont supposés passer dans leur université la semaine prochaine pour peut-être recruter leurs nouveaux joueurs. Ce jour-là, il ne jouera pas au con, il le promet. En attendant, il ne sait faire autre chose qu’être lui-même et finir le match sur le banc de touche, donnant par la même occasion à un remplaçant l’opportunité de vivre son heure de gloire. Le score est encore un peu serré, Teddy pourrait changer la donne, surtout en tant que numéro dix.
“Hey, mais ça serait pas Mini Khadji ?” Ses yeux se relèvent vers les gradins, il s’arrête dans sa lancée uniquement pour boire quelques immenses gorgées d’eau. Son sourire, amusé, a tout de sincère alors qu’il ne tarde pas (et demande encore moins l’avis de qui que ce soit) pour venir la rejoindre à quelques mètres de là, la jeune femme éternellement attentive aux entraînements et autres matchs de l’équipe. Même si Rhett se doute depuis longtemps déjà que ce n’est pas l’équipe qui l’intéresse. “Tu es vraiment dévouée pour te rendre à un entraînement du matin.” Lequel début deux heures avant leurs cours, ce qui englobe les une heure et demie d’entraînement et le battement nécessaire pour qu’ils se lavent et se changent, histoire de ne pas rendre l’université toute entière irrespirable dès les premières lueurs de l’aube.
L’australien joue avec le bouchon de sa bouteille alors qu’il se place aux côtés de l’adolescente, son talon tambourinant en rythme contre le sol alors qu’il reste encore incapable de laisser totalement redescendre la pression et l’adrénaline, gardant toujours une part de lui occupée à suivre le match. “Hassan est en super forme aujourd’hui. Ta mère lui a fait un de ses plats secrets, hier ?” Il demande, rigolant comme à son habitude, éternellement amusé d’un rien mais surtout de ses propres blagues. Son sourire s’éteint brièvement lorsqu’un de ses coéquipiers manque une action décisive et les points allant avec, lesquels auraient dû être leurs, et plutôt que de s’énerver seul sur le banc de touche, le brun préfère encore boire une gorgée supplémentaire pour passer outre un tel affront. |
| | | | (#)Sam 20 Aoû 2022 - 11:15 | |
| 2005/"Ferme ta veste." L’ordre n’était même pas discuté, parce qu’il n’avait pas à l’être, surtout parce qu’elle n’avait pas le temps de le faire ; c’est ce qu’elle se dit quand elle grimpa sur son vélo avec son quartier d’orange dans la bouche, son sac à dos sur les épaules, et sa veste fermée, donc, comme maman Khadji le voulait pour sa fille qui démarra entre trombe de l’allée de garage. Être la seule fille dans une telle famille, c’était échapper à l’idée d’être traitée comme une princesse, ça c’était réservé aux garçons à qui on donnait absolument tout, bien que ceux qui rendaient sa famille relativement nombreuses n’étaient même pas vraiment de sa famille. Pas comme une princesse, mais comme un trésor, et comme elle avait grandi d’un coup, et pas qu’en hauteur, il y avait des moments où lui rappeler qu’il fallait qu’elle garde certaines choses pour elle, c’était important pour la cheffe de famille, et ce quitte à passer pour rigoriste et étroite d’esprit, au moins Fatima avait sa conscience pour elle lorsqu’elle laissait partir sa très jeune, et très jolie, fille pour l’école, là où elle savait qu’elle ne pouvait pas la surveiller de près. A dire vrai, ce n’était pas tant elle qu’elle voulait surveiller en vérité, mais cette dernière avait l’impression d’être tout de même suivie à la trace, et ce ne serait pas tant un souci que ça si elle n’avait parfois pas eu l’impression que c’était un peu injuste. Elle était sage, Yasmine. Elle faisait ce qu’on lui disait de faire, même si parfois, elle prenait des libertés pour casser l’idée qu’elle n’était là que pour faire joli, et attendre que son frère et les autres rentrent, d’ici ou d’ailleurs ; elle avait des baskets usés aux pieds, les genoux écorchés, les cheveux au milieu du dos, mais aussi la timidité inscrite dans chacun de ses mouvements maladroits, qui partaient toujours une bonne intention, et l’attention des garçons de sa classe qui commençaient à s’intéresser à ses longues jambes, à ses taches de rousseur, et à sa douceur instinctive.
Elle, elle ne s’intéressait pas tellement à eux, elle avait d’autres choses à penser, et d’autres velléités. Son vélo, elle en descendit en léger décalé avec l’instant où elle aurait dû le faire pour une raison de sécurité, et le cala contre un mur en jetant au hasard la peau de son quartier d’orange qu’elle avait gardé dans sa bouche tout du long de son trajet énergique, comme un sourire édenté qu’elle avait distribué de droite et de gauche ; il n’y avait plus rien à en tirer, alors elle vérifia qu’elle n’en avait pas de coincé dans les dents en passant sa langue sur sa rangées du haut, se hâtant d’entrer dans le stade avec la démarche des habitués, déjà énergisée par les râles et les cris qu’elle entendait résonner du terrain en action. Le signe qu’elle fit au loin à Hassan, elle savait qu’il ne serait pas remarqué tout de suite, mais elle ne s’en formalisa pas plus que ça, ravie qu’il soit déjà là pour qu’elle puisse l’encourager ; alors qu’elle aurait pu faire autre chose, réviser son contrôle de bio par exemple, au lieu d’anticiper tous les mouvements du jeune homme dans le seul but de réagir s’il se blessait, comme si elle était la plus à même de le faire dans ses cas-là. Elle s’installa au petit bonheur, dégageant ses épaules de son sac qu’elle posa sur ses genoux, agissant en même temps que le coup de sifflet qui fit sortir Rhett qu’elle accueillit avec un vrai sourire, de toutes ses dents redressées par l’appareil qu’elle avait porté deux ans, ne se formalisant plus tellement des surnoms que lui donnaient les amies de son frère, d’Hassan et Qasim "J’avais dit que je passerais. J’aime bien, ça donne de l’énergie avant les cours." Elle aurait pu renouveler son inscription au club de volley-ball de son côté, mais elle avait trop de mal à gérer ses émotions, et ses accès de frustration, pour trouver un vrai plaisir dans l’exercice d’un sport comme celui-ci. Elle avait d’autres hobbies, dont le bénévolat qu’elle faisait plusieurs soirs par semaine ici ou là, toujours à vanter les mérites de la cuisine de sa mère qui l’incitait à prendre soin des autres, à être aussi bienveillante qu’elle semblait déjà être alors qu’elle avait encore du lait qui lui dégoulinait du nez. Un rire lui échappa, son regard se posant sur la silhouette d’Hassan au loin, mentionné par Rhett vers qui elle ne tourna pas la tête, presque subjugué par ce qu’elle voyait, et par la souplesse du jeune homme qui était doué "Il a pas besoin des plats secrets de ma mère." Ça aurait même tendance à l’alourdir, si elle devait être tout à fait honnête. Cela dit, elle ne dit rien, dégageant sa vue d’Hassan d’un mouvement de tête pour mieux regarder Rhett qu’elle désigna d’un froncement de nez "Pourquoi t’es sorti ? Tu m’as l’air plutôt en forme pourtant." Il n’y avait pas de reproches dans son commentaire, juste un peu de malice qu’elle accentua en ajoutant, tout bas "C’est le signal que tu dois venir plus souvent profiter des plats secrets de ma mère." Qu’importe la vraie raison qui l’avait fait entrer dans la liste noir du coach pour aujourd’hui, s’il avait besoin d’énergie, maman Khadji serait la première à lui en faire ingurgiter de force à la moindre occasion.
@Rhett Hartfield |
| | | | (#)Mer 24 Aoû 2022 - 14:54 | |
| "J’avais dit que je passerais. J’aime bien, ça donne de l’énergie avant les cours." Il hoche de la tête pour dire “bien sûr, oui”, sourit pour ne pas avoir à dire “c’est ça, à d’autres” face à son excuse croquignolesque. Jamais il ne pense à revoir son mode de vie, encore moins la façon dont il organise son emploi du temps, mais il ne pense pas que se lever une heure, voire deux heures plus tôt aide la jeune Yasmine à être autrement plus énergique, surtout si c’est pour rester sur ces bancs, qu’il pleuve ou vente. L’université est grande, mais personne n’a le budget confort pour les gradins, encore moins lorsqu’il s’agit de simples entraînements auxquels personne ne se rend, si ce n’est l’éternelle Yasmine Khadji. Elle est discrète, Yasmine, et c’est un trait de caractère qui étonnera toujours Rhett, à commencer parce qu’il ne saurait jamais l’être, lui. Toujours trop franc, toujours trop habitué à dire le fond de sa pensée, même lorsqu’il ne le devrait pas ou que le moment est malvenu pour cela. Alors, il parle d’Hassan, pas frontalement du moins ; mais il le fait quand même. Après tout, il est son ami, et de son côté il n’y a rien d’étrange à ce qu’il parle de lui et souligne ses aptitudes sur le terrain. Rhett souhaite être le meilleur, mais cela ne sera jamais au détriment de ses amis ou de n’importe quelle personne qu’il voudrait dénigrer simplement pour se grandir, lui.
Elle n’a d’yeux que pour lui ; lui observe Yasmine avec curiosité, peine et douceur. A vrai dire, il ne sait pas quel sentiment choisir pour qu’il l’emporte sur les autres. "Il a pas besoin des plats secrets de ma mère." Et c’est un nouveau bien sûr, oui qu’il tente de lui faire comprendre par son silence. "Pourquoi t’es sorti ? Tu m’as l’air plutôt en forme pourtant." - “Je le suis. Un peu trop, sans doute.” Parce que cela lui donne la forc et l’aplomb nécessaire pour aller contre les décisions de leur coach, ce qui n’est jamais une bonne décision, de près ou de loin. "C’est le signal que tu dois venir plus souvent profiter des plats secrets de ma mère." Et il esquisse un rire sincèrement amusé, toujours aussi étonné et émerveillé par le grand cœur de sa mère et la capacité qu’elle a à vouloir nourrir la Terre entière autant que recueillir tous les gamins du quartier, qu’ils en aient besoin ou non. Yasmine récolte le sourire qu’il garde imprimé sur ses lèvres, heureux que dans son malheur Hassan puisse au moins compter sur une famille comme la sienne. “Il faut que je jeune trois jours avant de venir chez toi, par contre, ça se décide pas à la légère.” Mais il est toujours heureux de passer le pas de leur porte, c’est un fait qu’il ne cherche pas même le moins du monde à nier. “Tu sais, je suis certain de t’avoir vu à l’entraînement en début de semaine. Mais Hassan me dit qu’il a vu personne après la séance.” Il la sait timide, Yasmine, mais pourquoi ferait-elle tout le chemin pour les voir s’entraîner, tout ça pour ne même pas échanger quelques mots avec leur proche commun juste ensuite ? Parce qu’il n’est pas bête non plus, Rhett, il se doute que ce n’est pas une passion nouvelle pour le rugby qui la pousse à faire tout ceci. “Quand on est sur le terrain, on se rend pas toujours compte de qui est ou non dans les gradins. L’adrénaline, tout ça.” Et il ne sait pas s’il est en train de lui dire de ne pas se vexer, ou s’il essaye d’aller contre sa nature en lui demandant de se mettre un peu plus en avant et d’ose. Pour quoi, de toute façon ? |
| | | | (#)Jeu 25 Aoû 2022 - 10:48 | |
| 2005/Dans un geste réflexe, Yasmine glissa ses deux mains dans les poches frontales de son sweat à capuche, mitigée entre l’envie de suivre le match de préparation qui se jouait sous ses yeux, et celle d’accorder toute son attention à Rhett. S’il devait y avoir un ordre de préférence dans sa liste personnelle des connaissances qu’elle entretenait grâce à Hassan et Qasim, elle placerait le jeune homme dans celle de tête, et pas seulement parce qu’il était cool avec elle. Sa loyauté était ce qu’elle était à la jeune Khadji, et l’amitié que Rhett semblait entretenir pour Hassan était une preuve importante à ses yeux, le genre qui ne partait pas d’une grande objectivité, mais qui la rassurait sur l’idée qu’au moins, quand il n’était pas à la maison, il était bien entouré. Elle avait un instinct de protection inné, elle préférait le définir comme ça en tout cas, puisque si elle s’arrêtait vraiment sur ce qu’elle ressentait pour le jeune homme, elle se mettait à se détester, à se dire qu’elle avait un problème… alors c’était bien comme ça, qu’elle se cache impunément derrière l’affection qu’elle lui portait sincèrement pour expliquer que c’était l’inquiétude qui la poussait à se montrer protectrice, et pas autre chose de moins subtil qu’elle se refusait d’admettre par honte. Au moins, elle avait hérité du talent de ses parents à être pudiques sur ce genre de chose, ça la sauvait de temps à autre, quand elle avait l’impression d’avoir des cœurs à la place des yeux quand elle les fixait sur la silhouette du Jaafari. Qu’elle quitta du regard à ce moment-là, opinant du chef en entendant Rhett lui expliquer les raisons de sa sortie de terrain "Tu vas finir par avoir la réputation d’un joueur colérique, t’as pas peur de faire peur aux sponsors ? C’était quoi le nom de ce joueur qui faisait des scandales en conférence de presse déjà ? Kai…" Pearson, elle se l’entendit le penser, mais elle ne dit pas, souriant au jeune homme avec la certitude de ceux qui croyaient aux autres. Et Yasmine, elle croyait en Rhett, parce qu’il fallait être idiot pour ne pas savoir qu’il avait l’avenir devant lui et la gloire à sa portée. Un léger rire lui prit quand l’éventualité de venir prendre des forces chez les Khadji fût mentionné, et elle rétorqua dans la foulée, son doigt venant glisser une longue mèche de cheveux bouclé derrière une oreille "Ouais, et il te faudra au moins trois jours de plus pour sortir de la grosse sieste que tu feras après avoir goûté à tous ses plans. Elle devrait créer un bootcamp pour se préparer aux repas de famille, elle sait y faire." En matière d’autorité, sans que ce ne soit un reproche de sa part cependant, elle ne remercierait jamais assez ses parents de l’avoir éduquée comme ils l’avaient fait.
Presque de lui-même, son regard se posa de nouveau sur le terrain, sur Hassan qui vagabondait au rythme des actions préparées par ses coéquipiers. Son observation se cala avec la reprise de parole de Rhett que Yasmine évita de regarder ce coup-ci, même du coin de l’œil. Elle se contenta de hausser les épaules, ne voulant pas ergoter davantage sur la raison qui l’avait poussée à rester en retrait au dernier entraînement, et qui prenait des allures de jolie supportrice transie d’impatience à l’idée de repartir avec l’un des joueurs stars de l’équipe universitaire "Il était occupé, je me suis dit qu’on se verrait à la maison de toute façon." Elle n’avait pas vraiment envie de sourire à ce moment-là, mais c’est ce qu’elle fit tout de même en donnant un léger coup d’épaule au jeune homme pour le taquiner, pour aussi l’obliger à ne pas rendre la situation plus inconfortable qu’elle ne l’était comme elle se rendait compte qu’il essayait, de quoi, la rassurer ? "Puis finalement, je perds pas mon temps en venant ici. Ça me donne l’occasion d’avoir des conversations avec les futures stars de demain. Je suis à ça de me sentir importante." Elle le ça qu’elle prononça, elle l’illustra par un écart entre le pouce et l’index qui disparut quand elle glissa de nouveau ses mains dans ses poches, ses lèvres se pinçant fort, très fort, pour chasser sa gêne latente tandis qu’elle sentait l’attention de Rhett glisser sur elle.
@Rhett Hartfield |
| | | | (#)Lun 29 Aoû 2022 - 20:48 | |
| "Tu vas finir par avoir la réputation d’un joueur colérique, t’as pas peur de faire peur aux sponsors ? C’était quoi le nom de ce joueur qui faisait des scandales en conférence de presse déjà ? Kai…" - “T’as pas le droit d’être aussi jeune et dire des trucs aussi justes, mini Khadji.” Si ses mots pourraient paraître tranchants, un minimum du moins, c’est son sourire qui désamorce toute la situation, preuve qu’il ne prend pas la mouche et reproche encore moins ses mots à Yasmine. Il sait qu’il joue avec le feu avec un tel caractère, mais c’est justement parce qu’il joue au rugby qu’il ne s’emporte pas ailleurs, et de façon bien plus véhémente encore. Il a beaucoup à faire pour être véritablement sur la même ligne que les valeurs du sport (et surtout des arbitres) mais plus les mois passent et plus il s’arrange. Comme tout, cela prend simplement du temps. Et comme tout, il se lasse rapidement du sujet, n’ayant jamais effleuré l’idée de parler de sa petite personne en allant tenir compagnie à l’adolescente. Il s’accorde de parler de lui une dernière fois, uniquement lorsqu’il est question du repas chez les Khadji et de la tendance de sa mère à vouloir nourrir la population tout entière à chaque repas. “C’est elle que l’Université aurait dû embaucher en tant que coach.” Il souligne à son tour le caractère assuré de sa mère, sans le critiquer pour autant, sachant par avance que Yasmine comprend aisément où il veut en venir. Jamais il ne souhaiterait manquer de respect à sa mère, c’est évident.
Dans un silence studieux, leurs deux regards se reposent sur le terrain et bien que Rhett souhaite suivre la fin de l’entraînement, il se montre bien trop curieux pour cela, laissant ses yeux clairs retomber inévitablement sur Yasmine, Yasmine et son regard à nouveau perdu sur le terrain, déjà. Terrain étant bien évidemment une métonymie, comme d’habitude. "Il était occupé, je me suis dit qu’on se verrait à la maison de toute façon." Un point pour elle, sans doute. La fuite est facile, elle a un joker qu’elle peut utiliser autant de fois qu’elle le désire, n’ayant qu’à ajouter un petit sourire pour que plus personne ne pense à lui reprocher quoi que ce soit. Ce n’est pas ce que Rhett souhaite faire non plus, loin de là, mais cela n’arrange en rien la discussion qu’il tente maladroitement d’avoir, sans trop être certain de vouloir en parler, justement. "Puis finalement, je perds pas mon temps en venant ici. Ça me donne l’occasion d’avoir des conversations avec les futures stars de demain. Je suis à ça de me sentir importante." Elle donne un coup de coude pour appuyer son propos, il lui décoche un nouveau sourire amusé en guise de seule réponse. Un tel geste sur le terrain aurait fait gagner un coup de poing à la personne face à lui, sûrement. “Tu me fais penser à Jenna. En un peu moins capable de tuer quelqu’un d’un regard noir, certes.” Mais elle est douce, aussi. Quand elle le veut. Parfois, disons. Peu importe. Elle a le même regard quand elle observe Rhett ; il l’a surprise quelques fois sur les bancs près du stade, bien qu’elle n’apprécie pas perdre son temps à le regarder courir. C’est arrivé. Tout comme il arrive à Yasmine de passer des heures sur ce même banc, à croire qu’il aurait un super pouvoir. “Tu sais que t’as pas besoin de faire le déplacement jusque-là pour exister, pas vrai ? Je veux dire, si t’aimes bien alors tant mieux, mais personne t’en voudrais du contraire.” Et par personne, c’est bien entendu un prénom en particulier qu’il prononce dans son esprit et tente de lui faire comprendre par la pensée aussi, comme si les yeux qu’il plonge dans les siens pouvaient parler. “Surtout que t’es la seule future médecin qu’on connaisse, alors on veille sur toi, t’es un peu notre perle rare.” Hassan se transforme en un on, désormais, bien qu’il apprécie lui-même énormément la jeune femme. Simplement, c’est d’une façon bien différente qui ne laisse place à aucune ambiguïté. “Enfin si jamais tu veux viser la chirurgie esthétique, je crois qu’Hassan en aura besoin, à force de se donner autant.” Ils auraient sans doute pu choisir un sport un peu moins difficile avec les coups portés au visage et ailleurs, certes, mais ça aurait sans doute été bien moins amusant aussi. |
| | | | (#)Mar 6 Sep 2022 - 9:48 | |
| 2005/Elle était juste, Yasmine, et elle le devait à son intelligence, plus qu’à sa timidité. Encore que sa réserve, elle lui permettait d’observer, d’être attentive à tout ce qui l’entourait, enfin de l’être assez pour ne pas faire d’impair et pour devenir quelqu’un sur qui on pouvait compter. Elle n’aspirait qu’à ça, à être le genre de personne vers qui on se tourne naturellement quand on a des soucis à régler, pas parce qu’elle avait une baguette magique à sa portée, mais parce qu’elle savait être réconfortante et juste. Alors, même si le ton de Rhett était (faussement) sévère sur le coup, elle y voyait là un compliment qu’elle accepta de prendre avec toute la modestie qu’elle avait en boutique, non sans lui retourner son sourire pour que le tout ne passe pas pour autre chose que de la taquinerie ; taquinerie qui prend de l’élan et qui les mène à souligner les talents de gardien de prison de sa mère — ou de coach sportif plus précisément, ce que Rhett semble approuver lui aussi, faisant ajouter à la jeune fille "Au moins vous serez sûrs d’avoir un petit câlin comme récompense, c’est mieux qu’une tape dans le dos j’imagine." Elle avait ça pour elle, maman Khadji, l’affection qu’elle portait à autrui qui était aussi grande que son coeur et que sa manie à s’amouracher de tous ceux qu’elle savait dans le besoin. Ça tranchait parfois avec son autorité, mais c’était drôle finalement, de constater ses paradoxes quand tout ce qui l’entourait était d’une simplicité qu’avec Amjad, ils avaient bâti pour mieux se remettre de leur traumatisme. Elle se moquait gentiment de sa mère, Yasmine, mais elle l’aimait au point que ça lui faisait un peu mal parfois.
Il n’y avait pas que pour elle qu’elle ressentait cette petite pointe au creux de la poitrine, mais elle réussissait à passer outre la plupart du temps. Comme maintenant, quand elle reposa son regard sur le terrain, et que dans les paroles de Rhett, elle décela quelque chose qu’elle ne comprenait pas vraiment, qui ne l’empêcha pas de rebondir cependant, toujours la malice au bord de ses grands yeux en amande "Un peu moins pâle et moins rousse aussi." Elle lui lança une légère grimace, préférant tabler sur de l’humour que sur l’idée qu’il essayait de lui faire passer un message qu’elle faisait semblant de ne pas comprendre. C’était gênant, encore plus quand ça venait d’un homme dans son genre, assez proche d’Hassan pour savoir que ce que lui ressentait pour Yasmine, ce n’était que de la tendresse induite par la proximité de leur famille respective et par le drame qui les avait rendus tous plus proches encore. Il n’aurait dû y avoir aucune ambiguïté, elle le savait tout aussi bien qu’elle se mit à faire danser sa jambe qui tressauta plusieurs fois pendant que la voix de Rhett continuait à lui arriver par la droite. Les mains dans les poches de son sweat, elle sentit ses joues s’échauffer sous la somme des sentiments qu’elle ressentait à ce moment-là et qui la paralysa quelques instants seulement. Et lorsqu’elle rouvrit la bouche, sa voix était fluette, et ses traits légèrement contrits "Je sais. Mais j’aime bien venir, c’est tout." La répétition était de trop, elle s’en rendit compte à l’instant où ses joues chauffèrent davantage, et qu’elle s’obstina à tourner son regard sur Rhett pour se figurer par elle-même d’une observation supposée l’éclairer sur plusieurs choses à la fois ; sur la durée de ses soupçons, sur la teneur de son opinion… elle finit par hausser les épaules, sans que sa jambe ne cesse pourtant de tressauter, ses yeux marquant un point au hasard sur le terrain — pas sur Hassan cette fois, simplement parce qu’elle comprenait qu’elle s’était fait griller. Elle joua l’idiote cependant "Je sais que tout le monde a tendance à vouloir me protéger, et le terme perle rare employé par le jeune homme, bien qu’il était adorable, ne faisait pas démentir l’impression qu’elle avait d’être surprotégée, parce que je suis une fille et que je suis la plus jeune aussi, mais si t’as un truc à me dire, t’es pas obligé de tourner autour du pot." Et sa voix avait reprit un peu d’assurance. En tout cas, l’assurance dont elle était capable, et bien qu’elle n’était même pas agressive, elle ne put ignorer le léger sentiment de colère qu’elle ressentait à ce moment, et qui n’était pas dirigé contre Rhett à dire vrai — elle était dure avec elle-même, c’était un fait. Encore une fois, elle haussa les épaules "Je suis plus une gamine tu sais" Elle aurait pu ajouter, je sais encaisser, sauf que ça aurait été mentir ; et l’heure était beaucoup trop matinale pour ça.
@Rhett Hartfield |
| | | | (#)Jeu 15 Sep 2022 - 15:21 | |
| "Au moins vous serez sûrs d’avoir un petit câlin comme récompense, c’est mieux qu’une tape dans le dos j’imagine." - “Le dit pas trop fort, on est des hommes grands et forts.” Il la taquine dans un sourire, incapable de reprocher de près ou de loin la douceur de sa mère et son grand coeur. Même dans un monde de rugbymen qui veulent toujours se prouver au reste du monde, son caractère est le bienvenue, elle qui agit un peu comme la maman de tous, au final, et c’est notamment grâce (ou à cause) d’elle que Rhett ne va pas au bout de ses idées, lui qui le fait pourtant généralement avec toute la maladresse du monde. Il ne veut pas blesser Yasmine, il ne veut pas faire du mal à sa mère, il ne veut pas chambouler tout un équilibre. "Un peu moins pâle et moins rousse aussi." Rhett esquisse un nouveau sourire. Elle évite la question, ou alors elle ne voit pas où il veut en venir, mais le fait est qu’elle souligne des détails qui n’ont pas la moindre importance, au final. “Ça va de soi.” Le plus important, c’est le regard qu’elles ont d’identique, surtout lorsque ce dernier se pose sur une personne en particulier.
"Je sais. Mais j’aime bien venir, c’est tout." Il ne soulignera pas de nouveau qu’elle a décidément un grand cœur et qu’elle est dédiée à la cause, pas alors que ces mots étaient déjà ceux qu’il a eu à son égard il y a quelques minutes à peine. Rhett est sûrement déjà en train de rendre les armes, ne sachant trop quoi dire. Il se contente désormais de sourire, allant plus ou moins faussement dans son sens. Hassan en a, de la chance. Il ne le dira pas non plus, son égoïsme ne s’étendant pas à ce niveau là. "Je sais que tout le monde a tendance à vouloir me protéger, parce que je suis une fille et que je suis la plus jeune aussi, mais si t’as un truc à me dire, t’es pas obligé de tourner autour du pot." Les yeux du sportif dévient du terrain pour trouver le profil de la jeune femme, ne sachant si elle dit cela pour se convaincre elle-même ou parce qu’elle le pense sincèrement. Sans y penser à deux fois, son hypothèse penche plutôt vers la première idée, déjà. "Je suis plus une gamine tu sais" - “Je sais bien. Mais tu resteras toujours comme une petite soeur à mes yeux.” Parce que Hassan est son frère et qu’elle est aussi de sa famille par extension, par le cœur aussi, sans que la moindre once de génétique n’ose se mêler à l’équation. Il hausse les épaules, voyant cela comme une terrible évidence. Il cherchera toujours à la rendre heureuse et à la protéger, peu importe le sujet, peu importe le moment, peu importe ce qu’il advient. “Je dis juste que je sais que tu ne serais pas venue si Hassan ne jouait pas, ce matin. Mais lui, il le devinera jamais par lui-même.” Et cette partie-là, à savoir si elle veut qu’il le sache ou non, il la laisse entre ses mains, ne voulant pas y apporter le moindre jugement, pas même son avis. Yasmine n’est pas vraiment la sœur d’Hassan, au sens propre: c’est un fait. Alors, de là, elle peut rester celle qu’ils veulent tous protéger et dont ils veulent le bonheur, peu importe comment il se concrétise. “C’est peut-être une bonne chose ou non, j’en sais rien.” Pour lui, pour elle, pour leur famille. Il y a trop de problématiques pour un sujet qui devrait être simple, et il est terriblement désolé pour elle, en témoigne le regard triste qu’il lui tend désormais. |
| | | | (#)Jeu 22 Sep 2022 - 21:43 | |
| 2005/Tu resteras toujours comme une petite soeur à mes yeux. N’était-ce pas le drame de la vie de Yasmine Khadji ? Elle serra les dents sans vraiment le vouloir, se retranchant soudain dans un silence trop lourd pour ses frêles épaules. Elle n’était pas encore passée par le stade où elle se sentait assez prête pour dire les choses, pourtant elle pouvait anticiper le discours que prononça Rhett et qui mettait la focale sur l’image de petite soeur qu’elle avait aux yeux de tous, et qui un jour où l’autre, viendrait de la bouche d’un autre, et ce sans avoir besoin de s’attarder trop longtemps sur l’avenir qui l’attendait : elle resterait toujours la petite soeur aux yeux d’untel ou d’untel, qu’importe l’âge qu’elle prendrait, qu’importe la femme qu’elle deviendrait… et elle en avait tellement conscience que c’était ça qui coinçait en réalité. Elle ne savait pas vraiment si c’était à cause de qui elle était, douce et timide, qu’elle écopait toujours du statut de la bonne copine ou de la soeur de substitution, mais la vérité, c’était que la défense de Rhett pour expliquer que, soudainement, il se montrait trop prévenant avec elle alors qu’elle l’encourageait à ne pas l’être, ça la blessa atrocement. Lui avait-elle donné l’occasion de sauter aux conclusions, n’était-elle pas assez discrète ? Doucement, elle se ratatina sur elle-même, rentrant la tête dans ses épaules, le bas de son visage disparaissant soudainement pour ne laisser que ses yeux d’un beau vert brillant marquer le distance entre eux et la sortie — elle avait envie de fuir, clairement. Elle prétendait être assez grande pour avoir ce genre de discussion, mais elle n’avait qu'à dix-sept ans : et à dix-sept ans, on est impressionnable, on a le coeur qui bat pour un sourire, pour un regard, pour des paroles gentilles et de l’attention sincère portée depuis des années. L’ambiguïté n’avait pas raison d’être, c’était vrai, mais elle n’était rien d’autre qu’humaine, et la culpabilité finirait de la faire camper sur l’idée qu’elle avait un problème, qu’être considérée comme une petite soeur aurait dû la vacciner de ce genre d’anticipation et de sentiments. Sauf que ce n’était pas le cas, et c’était dérangeant ; comme c’était dérangeant d’entendre Rhett continuer sa litanie alors qu’elle sentait son coeur battre trop fort dans sa poitrine, ne sachant pas si elle était sensée répondre quelque chose à ce qu’il lui disait — si elle elle le faisait, elle aurait l’impression de se justifier, et ça ne ferait que l’enfoncer davantage dans une mascarade à laquelle il ne semblait pas adhérer.
Elle resta silencieuse, probablement trop longtemps pour que Rhett ne sache pas que, même s’il ne déposait que des suppositions délicates, il voyait bel et bien juste. Yasmine garda son regard planté au loin, son menton toujours enfoncé dans le col de son sweat jusqu’à ce qu’elle se décide à tourner la tête vers lui pour lui demander, d’une petite voix qui trahissait son âge, et sa volonté de paraître un peu plus armée qu’elle ne l’était véritablement face à tout ça "Tu diras rien à personne, tu promets ?" Est-ce qu’elle avait besoin d’être explicite ? Rien que sa phrase était un gage d’aveux, et c’était si gênant qu’elle commença à voir flou, ses yeux se remplissant de larmes quand elle reprit, presque tout bas, sa jambe se remettant à tressauter en même temps "Je veux pas qu’on me charrie sur ça, ou que ce soit une excuse pour les garçons d’être moins proches de moi." Elle parlait des Jaafari "Je sais ce qui qui va se dire si je parle de tout ça à quelqu’un, et j’ai pas envie d’être encore plus surveillée sous le prétexte que je…" Elle se rendit compte qu’elle paniquait finalement, et le regard triste que Rhett lui renvoya n’arrangea pas les choses. Brusquement, elle sortit ses mains de la poche ventrale de son sweat, son menton sortant enfin de son col lui aussi. Yasmine donna l’impression de retenir quelque chose qu’elle refusait qu’il lui échappe, secouant la tête de droite à gauche pour étayer sa volonté de ne pas en faire toute une histoire "On est pas obligés d’en parler, d’accord ? On est pas obligés d’en faire toute une histoire non plus parce que ça va me passer, je le sais." Elle était jeune, Yasmine. Elle était surtout naïve au point de penser qu’elle était comme toute les autres filles de son âge : qu’elle se lassait vite. Prenant une profonde inspiration quand elle se leva enfin, elle ajouta à l’adresse de Rhett, se plaçant devant lui pour ajouter dans un sourire qui fila pour se convaincre elle-même de ce qu’elle avança alors, sa tête opinant encore et toujours pour appuyer ses propos "Il a Joanne, et j’ai dix-sept ans." Et en une phrase aussi concise, elle avait résumé une partie de la situation sans avoir besoin de lui démontrer par a+b combien c’était problématique dans le fond, et combien ça gâcherait quelque chose s’il continuait à l’encourager à régler les choses en en parlant au principal concerné.
@Rhett Hartfield |
| | | | (#)Lun 26 Sep 2022 - 18:56 | |
| Le seul silence de Yasmine constitue une réponse en soi, laissant Rhett plus désolé que jamais face à toute sa détresse, à tous ces sentiments négatifs qu’elle semble ressentir en même temps alors que jamais ô grand jamais il ne voudrait souhaiter du mal à la jeune Khadji. “Tu diras rien à personne, tu promets ?” Il esquisse un sourire empathique, le genre qu’il offre à peine à ses cadets, bien malgré lui. “Je promets.” Il n’est pas un traître. Ce secret est celui de Yasmine, il n’a aucun droit de l’imposer dans la vie d’Hassan, lequel il pense sincèrement être en dehors de tout ceci, du moindre doute aussi. L’illusion est parfaite, elle est douée. Si seulement elle n’avait pas le même regard que Jenna, il lui aurait aussi cru, parce qu’il est loin d’être le plus doué pour lui dans l’esprit d’autrui. Ainsi, plus que jamais, il n’avait pas anticipé la situation et toute l’émotion qui semble submerger l’adolescente, de sa jambe tremblante à ses yeux brillant de larmes. Il ne sait pas quoi faire, le grand-frère maladroit, alors il se contente de poser sa main contre son dos et de le caresser plus ou moins doucement ; bien plus “moins” que “plus”, justement, mais ce n’est pas faute d’essayer de faire au mieux.
“Je veux pas qu’on me charrie sur ça, ou que ce soit une excuse pour les garçons d’être moins proches de moi. Je sais ce qui qui va se dire si je parle de tout ça à quelqu’un, et j’ai pas envie d’être encore plus surveillée sous le prétexte que je…” Rhett le grand bavard ne dit rien. Il voudrait pouvoir lui dire qu’elle imagine le pire pour pas grand chose, mais la vérité c’est qu’elle vise sûrement plus juste que ce qu’elle le voudrait. Personne ne comprendrait, de ses parents à ses amis et même les inconnus. Peu sont ceux comme Rhett, qui n’ont pas d’avis sur rien. Ils se moqueront, ils rigoleront, ils jugeront et ils en penseront du mal, idée qu’il n’apprécie lui-même que peu alors que Yasmine pourrait paradoxalement tout risquer, pour pas grand chose. Elle est jeune et sensible, une telle histoire serait bien trop immense et lourde en conséquences pour ses épaules. Elle n’est pas faible, simplement elle a besoin de grandir. “On est pas obligés d’en parler, d’accord ? On est pas obligés d’en faire toute une histoire non plus parce que ça va me passer, je le sais.” - “Je te l’ai dit, Yas, j’en parlerai pas.” Pas même à Hassan, il voudrait ajouter, quand la vérité se situe plutôt dans “surtout pas à Hassan”. Il est heureux telles que les choses le sont actuellement, il ne veut pas risquer de briser cet équilibre, surtout si Yasmine le désire tout aussi peu.
Yasmine qu’il observe se lever sous ses yeux, silhouette qu’il suit de son propre regard, inquiet et désolé. “Il a Joanne, et j’ai dix-sept ans.” Et elle, qui a-t-elle ? C’est ça, finalement, la seule question qu’il se pose, n’accordant à son âge qu’une maigre importance. Elle est jeune ; ils le sont aussi. Un peu moins, mais tout de même. “Personne t’embêtera Yasmine, je te le promets.” Sa main a quitté son dos depuis la seconde où elle a commencé à se relever, bien conscient qu’elle ne souhaite plus que fuir cette discussion et lui avec. Elle restera toujours une soeur pour Hassan, une personne qu’il est heureux et chanceux d’avoir pu croiser dans sa vie, une personne qui en fera toujours partie, sans doute peut-être au même titre que Joanne, à un niveau différent. Rhett souffle à son tour, désolé d’avoir lancé le sujet et, surtout, ravivé chez elle autant de craintes et d’incertitudes. |
| | | | (#)Sam 1 Oct 2022 - 10:18 | |
| 2005/Elle n’avait pas besoin que Rhett lui fasse plus qu’une promesse, elle a confiance en lui. Seulement, ça deviendrait délicat de se retrouver en se présence sans repenser au regard qu’il avait posé sur elle, qu’il posait sur elle, à ce moment-là. Elle se leva parce qu’elle ne voulait pas qu’il la réconforte, et que dans toute sa panique, elle préférait simplement mettre un peu de distance avec lui pour ne pas lui donner une occasion supplémentaire de comprendre combien ça la touchait, tout ça. Yasmine ne lui en voulait pas d’avoir mis les pieds dans le plat, elle aurait simplement voulu être plus capable de gérer les choses sans donner l’impression que c’était un drame. Et évidemment, que ça l’était pour elle, alors qu’elle menait tranquillement sa petite vie, sans faire de vagues, en suivant les règles et en filant droit, elle n’avait pas le luxe de pouvoir déroger à ce qu’on lui avait enfoncé dans la tête. Hassan ne devait pas savoir tout ça, parce qu’elle le voyait venir de loin ; leur relation changerait à la seconde où il réaliserait les choses, et Yasmine n’était pas armée pour évoluer sans la constante qu’il était devenu avec le temps. Si elle était moins timide, si elle réussissait à s’entourer en dehors du cercle formé par sa famille et la sienne, peut-être qu’elle le vivrait mieux ; elle tournerait rapidement la page, en plaisanterait en grandissant, et se dirait qu’en effet, ce n’était qu’une passe. Mais à défaut d’avoir beaucoup d’amis, elle se raccrochait à ceux qu’on lui avait apporté sur un plateau, et Hassan en faisait partie.
Lorsqu’elle reprit une inspiration, elle sentit son souffle hachuré quitter la barrière de ses lèvres entrouvertes tandis que Rhett lui soutenait que personne ne saurait, que personne ne l’embêterait à ce sujet. Il ne pensait sûrement pas à mal, Yasmine le connaissait assez pour savoir qu’il était aussi bienveillant qu'il était capable de plaquer un adversaire au sol, sauf qu’il venait de poser les premières pierres de son manque de confiance en elle, et qui ne cesserait de grandir en hauteur au plus elle avancerait dans la vie. Elle aurait peut-être aimé qu’il lui dise d’insister pour de bon, elle aurait moins eu l’impression de pouvoir lire dans ses yeux que dans tous les cas, elle ne faisait pas le poids face à la jeune femme que son meilleur ami avait rencontré récemment, et qu’elle avait raison de rester en retrait, observant son évolution en s’assurant que tout irait bien pour lui — oui, sans le vouloir, il causera quelques dégâts Rhett, mais elle ne lui en voudrait jamais d’avoir été assez clairvoyant pour se rendre compte de quelque chose. D’un côté, ça prouvait qu’il gardait un oeil sur elle, qu’il s’inquiétait de son sort, et qu’il le faisait plus délicatement que ceux qui l’avait élevée. C’était réconfortant, comme c’était difficile à avaler qu’elle soit assez facile à lire pour donner l’impression de porter son coeur en bandoulière, quand tout ce qu’elle essayait de faire au fond, c’était de le préserver, trop consciente de ce que tout ça voulait dire. Elle n’y tint plus, Yasmine, après quelques seconde à éviter le regard de Rhett, debout face à lui, elle fit claquer sa langue contre son palais pour sonner son départ qui fût rapide, se dirigeant droit vers l’endroit qu’elle avait emprunté quelques instants auparavant pour entrer, avec en tête rien d’autre l’idée de profiter d’un instant avant les cours. Sa journée serait gâchée par des larmes qu’elle sentit peser dans ses yeux quand elle enfourcha de nouveau son vélo, et qu’elle se stoppa après un instant à rouler au petit bonheur la chance. Marquant un stop en respirait fort, elle finit par bloquer son souffle dans sa poitrine pour calmer les battements de son coeur, et retrouver une figure souriante ; mais quand on la klaxonna pour lui demander de se bouger, elle ne put retenir plus longtemps les larmes de honte qui roulèrent sur ses joues, avançant péniblement le long de la route la menant jusqu’au lycée.
rp terminé.
@Rhett Hartfield |
| | | | | | | | (yasmine) I held the gun but you pulled the trigger and we watched it all go |
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