C'était devenu une habitude, de marcher à contre-courant de ceux qui quittaient les locaux de Weatherton à la nuit tombée. De saluer poliment ses employés en traversant l'accueil pour s'engouffrer dans l'ascenseur déserté de toute autre présence que la sienne, direction le premier étage. Dans sa main, un sac contenant l'équivalent d'un dîner pour deux personnes, dont les effluves parfumaient la cabine et lui ouvraient l'appétit. La soirée serait calme, apaisante, pas comme certains soirs où James avait à peine le temps de quitter son habit de créateur pour revêtir le costume de maître de cérémonie, à l'un de ces interminables galas organisés à l'hôtel. Il s'y serait pourtant rendu sans se faire prier, au bras d'une April plus resplendissante que jamais, et aurait joué son rôle sans se plaindre ni lorgner sur la sortie de secours la plus proche. Parce que sa femme pouvait compter sur lui, que c'était l'une des choses actées et immuables de leur mariage, et l'une de celles qui faisaient aussi leur force. A choisir, pourtant, James aimait bien mieux passer les prochaines heures au milieu des rouleaux de soie et des mètres de rubans. Et consacrer son énergie à parfaire le tomber d'une robe plutôt qu'à serrer des mains autour de lui. Il ne se défilait peut être plus autant qu'à une époque à l'évocation de ces rendez-vous mondains, mais il n'en restait pas moins un artiste qui préférerait toujours le charme confidentiel de son atelier.
Debout dans l'encadrement de la porte, ses yeux observaient une scène elle aussi devenue habituelle, au fil des mois. Une scène qui voyait pourtant toujours naître le même sourire contenté sur les lèvres de James. « On apprécie ce silence à la fin de la journée, pas vrai ? » Il s'annonça après plusieurs secondes, sa silhouette s'avançant dans la pièce presque déserte où les couturières restées travailler plus tard rentraient à présent elles aussi chez elles. Une seule âme encore plus robuste et courageuse s'affairait toujours à cette heure-ci, et James ne nierait pas que cette vision le rendait particulièrement fier, ce soir encore. Il ne comptait pas ses heures lui non plus, lorsqu'il faisait ses propres armes sous la supervision de son mentor et que chaque minute passée à parfaire son travail était comme un pas de plus vers le rêve qu'il convoitait. L'idée que Flora marche dans ses pas ne pourrait pas le réjouir davantage, c'est pour ça qu'il veillait à l'encourager chaque fois que sa cousine restait plus tard que tous les autres pour faire de cet atelier son terrain d'apprentissage. Pour ça qu'il supervisait lui-même ses progrès, avec une bienveillance rare mais sans jamais lui faciliter la tâche. Elle ne voulait pas que ce soit facile, Flora, pas plus qu'elle ne voulait qu'on lui mâche le travail. Et c'est ce qu'il appréciait tant dans sa démarche.
« Nouilles sautées, raviolis vapeur et bubble tea. J'ai fait au moins cinquante mètres pour trouver. » Il agita fièrement le sac qui contenait leur dîner et qui provenait d'un de ces restaurants du bout de la rue auxquels il s'attardait essentiellement quand Flora et lui s'éternisaient dans les parages, à une heure où plus personne n'investissait normalement les lieux. Spring Hill avait l'avantage d'offrir un nombre incalculables d'alternatives au traditionnel menu fast food – menu dont James n'avait jamais raffolé, en bon snob qu'il savait parfois être. « Je me suis dit que t'étais pas près de rentrer, et donc pas près d'avaler quelque chose. Et y'a un peu trop de potentiel là-dedans pour que je te laisse mourir de faim. » Du bout de son index, il pointa le crâne de la jeune femme et laissa apparaître un fin sourire. April avait été prévenue qu'il ne rentrerait pas dîner, tout comme elle avait eu droit aux précisions d'usage. Elle savait lorsqu'il ne rentrait pas parce qu'il avait l'intention de découcher, il n'y avait donc rien d'étonnant à ce qu'il ait tenu à ce qu'elle sache qu'il passerait la soirée avec Flora, dans l'atelier où sa cousine se formait. Déposant leur repas sur le tabouret le plus proche, prenant soin d'éviter que les plats entrent en contact avec la moindre feuille ou le moindre rouleau de tissu, il se tourna à nouveau vers la brune. « Sur quoi tu travailles, ce soir ? » Elle fourmillait d'idées et de projets, Flora. Elle était passionnée, voulait vraiment apprendre et parfaire le moindre de ses coups de crayon et la moindre de ses techniques. Et lui était un peu plus admiratif chaque fois qu'il redécouvrirait tout ce dont elle était capable, lorsqu'on lui donnait pleinement l'occasion d'exprimer son potentiel créatif. A ces occasions, Flora n'était plus celle qu'on envoyait pour faire le pont entre les différents services ou pour superviser le showroom. Elle était une artiste à part entière, avec une vision à faire valoir, et ça confortait James dans ce qu'il avait au fond toujours su : elle était faite pour ça et sa place était nulle part ailleurs qu'ici.
Flora Constantine
la petite souris
ÂGE : trente-et-un ans (21.07.1993) SURNOM : flo sonne comme une évidence, elle entend également constantine de temps à autre STATUT : elle a du mal à y croire mais flirte le parfait amour avec Elijah. il est celui dont elle a toujours rêvé, et il fait d'elle la plus heureuse des petites souris MÉTIER : ses rêves abandonnés, elle est à présent barista au dbd en journée et barmaid à l'electric playground le soir LOGEMENT : au #03 james street à fortitude valley. elle partage cet appartement avec Millie, des cochonneries entassées dans les placards et de précieux rouleaux de tissus dans un coin du salon POSTS : 526 POINTS : 0
TW IN RP : ptsd, achluophobie, maladie, deuil. mentions : overdose, addiction, drogue, relation abusive GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : née à Sydney, elle vit à Brisbane depuis ses six ans › terrible cuisinière, elle mange toutes les cochonneries qui lui tombent sous la main › rêve de devenir styliste › elle a développé une peur phobique de l'obscurité suite à un accident de voiture › artiste, elle passe des heures à dessiner tous les jours › elle adore les animaux, peu importe qu'ils soient mignons ou non › maladroite, deux pieds gauches et un sourire innocent pour s'excuser d'avoir renversé votre café › elle rêve de voyages et d'évasion › très douce, grande enfantDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7380B5 RPs EN COURS :
ELIORA › you still know of dawn, but you always return. when you hid under my black wings, they couldn't have protected you from anything. once in flight they would have let go. you would have once again wound up below. only broken, indeed, its wrong to keep you near me. one could call me cruel and deceiving, but in your sacred air i am full of light.
CONSTANTINE › under the surface, you don't know what you'll find until it's your time. no second chances but all we can do is try. i made up my mind. i can't see you but i hear your call. baby, hold on now, we're going home. if we make it or we don't, we won't be alone. if you're waiting all your life, you won't ever go. when I see your light shine, i know i'm home.
Elle se plaît dans la grande maison, peu importe qu'elle l'arpente avec des dossiers à la main ou des cafés, des rouleaux de tissus ou des pièces sous housses. Elle côtoie l'univers qui l'anime depuis son plus jeune âge et est bien trop consciente de sa chance pour ne pas en savourer les moindres instants, sans importance qu'ils soient de ceux qu'elle considère comme moins inspirants que d'autres. Flora ne se destine pas au commerce, elle est sûrement trop maladroite et spontanée pour trouver sa place dans une boutique à y offrir des sourires à tour de bras, mais elle est pour autant consciente que cela fait partie de sa formation et d'une façon parmi d'autres de prouver mériter sa place ici. Elle est d'un naturel alarmant la brunette, mais n'est pas naïve pour autant et si ce n'est pas la passion qui dicte ses mots en conseillant une cliente au showroom, c'est en revanche elle qui l'encourage à s'appliquer à le faire. James lui a fait une seule et unique faveur - quoiqu'en disent les langues de vipères dans les couloirs qui comptent ces dernières par dizaines ; celle d'intégrer la maison. Celle de pouvoir poser un pied au milieu d'un personnel surqualifié et n'ayant pas démérité pour atteindre ce niveau d'excellence, mais pas celle de pouvoir prétendre flâner à leurs côtés sans mérite. Sans faire ses preuves, sans se démarquer du lot par un coup de crayon unique, et Flora n'en avait pas attendu moins de lui. Elle se serait volontiers contentée de passer la serpillière à la fin de la journée pour prouver sa bonne foi, loin d'être regardante quant aux tâches attribuées, et ne nourrissait qu'une profonde reconnaissance auprès de son grand frère de substitution pour la laisser se rendre utile dans les parages.
Depuis trois bonnes heures dans les ateliers, les entendant d'une oreille distraite se vider sans se donner la peine de regarder autour d'elle, la brune est assise en tailleur sur un bureau en face duquel elle a placé son buste de couture. Le nez plongé dans son carnet, les mèches de son chignon dégringolant de part et d'autre de son visage, l'immeuble tout entier pourrait trembler qu'elle se contenterait d'une grimace si les secousses avaient le malheur de faire glisser la mine de son crayon. Après avoir fait quelques aller-retours en ville pour livrer des tenues et avoir réceptionné des colis de matériaux le restant de la journée, l'heure est au répit. Les parties de Tetris dans la réserve sont venues à bout de sa patience, et elle trouve une facilité plus déconcertante encore qu'à l'ordinaire à se plonger dans ses dessins en faisant abstraction du reste, bien décidée à se satisfaire de son idée sur papier pour pouvoir habiller ce torse désespérément nu qu'elle guette du coin de l'oeil. Peaufinant son idée sous différents angles, Flora peine à se satisfaire des traits qu'elle réalise et les reprend inlassablement sans notion du temps, jusqu'à se retrouver seule au milieu d'une pièce bien trop grande pour sa petite personne. « On apprécie ce silence à la fin de la journée, pas vrai ? » Le ton de voix est léger, reconnaissable, et lui semble pourtant déraisonnablement fort alors qu'elle prend conscience du calme ambiant. Ses yeux quittent les courbes de son cahier et trouvent ceux de James, balayant la seconde suivante les différents postes de travail désertés autour d'elle. Elle ignore depuis combien de temps son cousin se tient ici, depuis combien de temps est partie la dernière employée, mais les faits n'ont pourtant que peu d'importance. « Que tu viens briser avec une excuse digne de ce nom, n'est-ce pas ? » souffle t-elle avec une pointe de malice, le ton doux et l'expression l'étant tout autant à l'encontre de celui qui règne ici en maître des lieux. Son stylo toujours entre les doigts, elle prend toutefois la peine de décroiser ses jambes puis de poser son attirail par la suite, les odeurs émanant du sac cartonné tenu par son aîné éveillant ses sens. Elle s'étire dans un sourire paresseux, heureuse et pas le moins du monde surprise à l'idée de le voir, cette petite réunion à son initiative n'étant pas la première. Ils se côtoient peu en journée, trop occupés à courir d'un bout à l'autre de la maison, n'occupant pas les mêmes places dans ce large échiquier, mais cela convient à la brune qui préfère de loin l'intimité de leurs moments à deux que ceux où ses collègues creusent l'écart de rang entre eux. « Nouilles sautées, raviolis vapeur et bubble tea. J'ai fait au moins cinquante mètres pour trouver. » Elle descend souplement de son perchoir, curieuse et étrangement affamée maintenant que l'idée de déguster un repas chaud lui est proposée, et un sourire naît sur ses lèvres lorsqu'elle entrouvre le sac posé sur le tabouret. Sans son intervention, Flora n'aurait probablement redressée la tête que lorsqu'elle lui serait devenue trop lourde, soit probablement d'ici une heure ou deux si ce n'est plus. Elle aurait alors repris possession de son corps, replaçant son esprit au second plan, et aurait dû en plus de se trouver à manger et à boire, un moyen de rentrer - ou un canapé pas trop inconfortable dans une salle de repos, pour l'importance que cela avait. « Un vrai marathon, tu n'aurais pas dû te donner tout ce mal. » Ses yeux noisettes croisent les siens, moqueurs et amusés, son sourire toujours floqué sur ses traits. Elle s'empare d'un bubble tea au hasard parmi les deux présents auprès des nouilles et raviolis, et y plante sa paille en appuyant ses propos d'un clin d'oeil.
« Je me suis dit que t'étais pas près de rentrer, et donc pas près d'avaler quelque chose. Et y'a un peu trop de potentiel là-dedans pour que je te laisse mourir de faim. » Elle échappe un rire à la remarque, relevant le regard vers lui en prenant une gorgée de sa boisson. Ils ont appris à se connaître au fil des années, sûrement d'une façon différente et plus profonde à partir du jour où sa présence dans les locaux est devenue quasi quotidienne, et James sait qu'elle se laisserait sans aucun doute mourir de faim uniquement pour se satisfaire d'une courbe sur son dessin. « J'apprécie, merci James. » souffle t-elle d'un ton plus bas, plus sincère également, à l'intention de celui qui pointe sa tête comme s'il s'agissait là d'un précieux amas de connaissances dont la brunette ne prenait pas vraiment soin - d'une manière tout à fait affective, ceci dit. Son crayon et son croquis abandonné, elle se penche à nouveau sur le contenu alléchant du sac, déposant prudemment les barquettes en aluminium là où elles ne peuvent altérer quoique ce soit les entourant. Une paire de baguettes tendue au styliste, elle s'empare de l'autre et ouvre les opercules. « Sur quoi tu travailles, ce soir ? » Elle souffle un peu sur sa portion de nouilles, la chaleur s'en échappant témoignant d'un délai nécessaire avant d'espérer pouvoir y goûter, puis tourne la tête vers l'homme à ses côtés. Elle pose ses baguettes, s'essuie déjà les mains dans une feuille d'essuie-tout pour ne pas prendre de risque, et se saisit de son carnet qu'elle tourne dans sa direction. « Je bosse depuis longtemps dessus, le tombé et les plis me donnent du fil à retorde. J'avais pris une pause sur ce projet, mais je n'arrive pas à me résoudre à l'abandonner. » explique t-elle en laissant le regard expert de son mentor découvrir son idée, pour le moment de papier. Elle se mord brièvement l'intérieur de la lèvre inférieure, guette les réactions de son visage. « Je... je sais que c'est ambitieux. Elle ne verra peut-être le jour que d'ici quelques années, ou peut-être pas, mais j'aime la peaufiner de manière irrégulière. » Elle a conscience de ses capacités à l'heure actuelle, celles malgré toute la bonne volonté du monde encore insuffisantes pour prétendre pouvoir donner vie à une robe de ce standing. Son imagination est sans limites mais ses mains en connaissent, et elle est confrontée au fossé entre la netteté du projet dans son esprit et celle qu'elle retranscrit à sa façon sur le papier. Elle surveille les réactions de James avec intérêt, prête à entendre peu importe ce qu'il s'apprête à lui dire. Le bon et le mauvais, surtout le mauvais en réalité. Elle veut progresser, pouvoir l'améliorer ce qui ne va pas, et les conseils de son cousin sont une source d'inspiration. La brune le laisse juger en silence ses travaux, demande d'une voix timide après un certain temps. « Tu en penses quoi ? »
la robe en question (x) (x)
rainmaker
the innocence of my lips ☽ smear the innocence of my lips, feel you bruising me its boundless, you kill me and show me a world i feel whole in, never felt closer to demise, floating over all the stop signs and still i write pages of promise and cadence its quite alright baby
Même quelqu'un d'aussi habitué et accro que lui à l'effervescence qui régnait en général dans l'atelier savait aussi apprécier ces instants de silence, quand ils se présentaient. De rares occasions durant lesquelles la machine ralentissait pour lui permettre de se focaliser sur des choses qu'il n'avait pas le temps de traiter pendant la journée. Des projets personnels, un peu d'introspection parfois. Il avait toujours apprécié de veiller tard pour profiter de l'ambiance des lieux à la nuit tombée – une habitude devenue plus essentielle encore depuis qu'il avait la certitude de retrouver Flora dans un coin de l'atelier, concentrée elle aussi à mettre cette quiétude au service de son art. C'était comme un rituel que James avait fini par chérir bien plus qu'il ne l'aurait cru au départ, alors qu'il avait tout naturellement pris à cœur d'aider sa cousine dans son apprentissage du métier. Flora partait avec d'excellentes bases, mais c'est sa rigueur et sa persévérance qui à terme lui ouvriraient des portes. « Que tu viens briser avec une excuse digne de ce nom, n'est-ce pas ? » Amusé, James aligna quelques pas supplémentaires à travers la pièce, réduisant la distance qui les séparait tandis que les lieux paraissaient toujours immenses, lorsqu'un tel calme y régnait. « Ai-je vraiment besoin d'une excuse pour me tenir ici devant toi ? » Il demanda, un sourcil relevé avec malice, toujours impatient de retrouver leur complicité lorsque les employés étaient tous rentrés chez eux et qu'ils n'avaient pas à rester purement professionnels. Ils avaient toujours mis un point d'honneur à faire passer le boulot avant le reste, quitte à ce que James doive parfois s'adresser à elle comme à n'importe quelle collaboratrice avec qui il n'aurait pas grandi ni passer les vingt-cinq dernières années. Flora ne s'en plaignait jamais, honorant toujours ses tâches sans demander de traitement de faveur, et c'était en ça que cette dynamique fonctionnait aussi bien. A présent qu'il n'y avait plus qu'eux deux, il pouvait enfin lui consacrer tout son temps. Et tout ça, avec les bras chargés de bonnes choses. « Un vrai marathon, tu n'aurais pas dû te donner tout ce mal. » Il est certain qu'il n'aurait pas pris cette peine pour n'importe qui, mais c'était bien différent quand il était question de sa cousine. Jamais avait beau s'être complu dans sa condition d'enfant unique pendant les premières années de sa vie, il n'en avait pas moins fini par adopter Flora, Ambrose et même August comme s'ils étaient tous issus d'une même fratrie. Ils étaient presque sa seule famille proche, aujourd'hui, et ça n'était pas sans symbolisme pour lui. « C'était un petit prix à payer pour m'assurer que tu te rabattrais pas sur la bouffe du distributeur. » Tout ce qu'elle pourrait y trouver serait définitivement plus à sa place au fond d'une poubelle que dans son estomac.
Car bien sûr qu'il la connaissait par cœur et savait que Flora aurait probablement consacré sa soirée à peaufiner ses croquis plutôt qu'à dîner. Le pire, c'est qu'il savait en lui faisant la réflexion que c'était l'hôpital qui se moquait de la charité. Sauter des repas pour ne pas s'interrompre pendant une poussée d'inspiration, il l'avait fait si souvent qu'il ne serait pas saugrenu d'imaginer qu'il lui avait donné le mauvais exemple, sans vraiment le vouloir. Ils étaient des artistes qui bien souvent trouvaient plus enrichissant de s'isoler de toute distraction extérieure pour courir après le temps qui venait toujours à manquer, mais pour Flora il était encore temps de réparer certaines mauvaises habitudes. Elle finirait tôt ou tard par y laisser des plumes si elle s'imposait un rythme trop soutenu, et à défaut de vouloir l'interrompre pendant qu'elle disposait enfin d'un atelier presque entièrement vidé de ses occupants, il pouvait au moins s'assurer qu'elle ait quelque chose à manger. « J'apprécie, merci James. » L'ambiance était légère, bonne enfant, ces soirées offrant l'occasion à James de laisser tomber le protocole et tout ce qui avait trait à leurs positions hiérarchiques pour redevenir simplement le James qu'elle connaissait. Il ne serait jamais le genre de cousin avec qui elle pourrait jouer des heures au monopoly ou bingwatcher des séries, mais pour ça elle avait toujours pu compter sur lui. Pour ça, il se rendait disponible pour elle comme pour peu de personnes. « Je bosse depuis longtemps dessus, le tombé et les plis me donnent du fil à retorde. J'avais pris une pause sur ce projet, mais je n'arrive pas à me résoudre à l'abandonner. » James lui prêta une oreille attentive et se saisit avec précaution du carnet qu'elle lui tendit. Ses yeux s'échouèrent sur la feuille où la jeune femme s'était longuement appliquée, découvrant les esquisses d'un croquis d'une précision fascinante. Son talent lui sautait une nouvelle fois aux yeux. « Je... je sais que c'est ambitieux. Elle ne verra peut-être le jour que d'ici quelques années, ou peut-être pas, mais j'aime la peaufiner de manière irrégulière. » Le coin de ses lèvres se retroussa avec amusement, tandis qu'il détailla le dessin du regard. « Tu serais surprise du nombre de croquis que j'ai pu mettre de coté et sur lesquels je me suis parfois repenché après des années sans y avoir touché. » Il y en a certains qu'elle avait déjà aperçu, d'autres qu'il gardait en lieu sûr en attendant le jour où il s'y replongerait peut être. Créer n'était pas une question de logique et c'était encore moins une science exacte. Certains jours, il allait noircir plusieurs feuilles de papier, donner vie à plusieurs modèles et être particulièrement satisfait de lui. D'autres jours, il allait batailler avec le néant, froisser des feuilles sous le coup de la frustration et tout trouver médiocre. « C'est jamais trop tard, pour donner vie à une idée. Il y en a que tu auras aucun mal à retranscrire, comme si elles existaient déjà juste devant tes yeux, et d'autres qui mettront ta patience à rude épreuve et te feront douter de toi-même. » Une idée n'était pas forcément meilleure parce que vous lui aviez donné vie d'une seule traite, dans un bon jour, sans vous heurter à la moindre difficulté. Une idée était même bien souvent brillante lorsqu'elle vous engageait dans une bataille féroce avec vous-même. Une idée brillante, c'est ce qu'il était convaincu d'avoir sous les yeux.
« Tu en penses quoi ? » Pour autant, Flora le connaissait, il restait avare en compliments même lorsqu'il voudrait simplement pouvoir encenser sa maîtrise et l'encourager chaleureusement à poursuivre ses efforts. James n'était pas exactement ce genre de superviseur. Et il était aussi là pour souligner les défauts, pointer du doigt ce qui n'allait pas. A vrai dire, il était surtout là pour ça. Flora avait besoin de progresser, pas d'une tape encourageante sur l'épaule. « C'est vrai que c'est ambitieux. La coupe est minimaliste, mais la superposition des matières nécessitera beaucoup de travail. Je sais pas encore si je suis convaincu par la forme de l'empiècement au niveau du buste. » C'était le détail qui avait aussitôt accroché son œil expert. « Ça vient alourdir la silhouette et brouiller la lecture dans le haut du corps. On entre-aperçoit un décolleté, mais tu as choisi de le cacher. Pourquoi ? Pour conférer du mystère ? C'est un parti pris artistique ? » Bien plus que de vouloir la réponse, il voulait surtout qu'elle défende son point de vue. Qu'elle lui vende son idée, qu'elle justifie son choix jusqu'à lui faire voir les choses telles qu'elles les voyaient. Il n'était pas entrain de dire que c'était nul, juste qu'il ne cernait pas l'intérêt de cet ajout. « J'aime l'utilisation du tissu plissé, cela dit. C'est moderne, ça fonctionne bien. » Relevant les yeux du carnet, il étudia un instant les traits de la brune. Après une seconde, il ajouta. « Quand je commence à travailler sur un vêtement, je pense toujours à quelqu'un que j'aimerais voir le porter. Je l'imagine se mouvoir dedans, lui donner plus de caractère. Ça m'aide à imaginer certains détails, à associer chaque modèle à un souvenir bien précis. » Si Cristina était la première de ses muses et qu'Ambrose était souvent l'un de ses premiers choix quand il dessinait des modèles masculins, Flora elle-même l'avait bien souvent accompagné dans ces phases créatives. Plus jeunes, déjà, l'apprenti qu'il était s'inspirait bien souvent de sa grâce et de son naturel. Il se revoyait même recréer certaines de ses tenues pour lui donner l'allure d'une princesse, sa cousine ayant longtemps été l'une des rares figures féminines proches qu'il ait eu. « Et toi ? » Elle, se laissait-elle aussi inspirer par les personnes qui l'entourent ? Avait-elle une autre approche, lorsqu'elle apposait ses premiers coups de crayon ? Entre ces murs, il était autant son cousin que son mentor ; un équilibre qu'ils avaient su trouver.
Flora Constantine
la petite souris
ÂGE : trente-et-un ans (21.07.1993) SURNOM : flo sonne comme une évidence, elle entend également constantine de temps à autre STATUT : elle a du mal à y croire mais flirte le parfait amour avec Elijah. il est celui dont elle a toujours rêvé, et il fait d'elle la plus heureuse des petites souris MÉTIER : ses rêves abandonnés, elle est à présent barista au dbd en journée et barmaid à l'electric playground le soir LOGEMENT : au #03 james street à fortitude valley. elle partage cet appartement avec Millie, des cochonneries entassées dans les placards et de précieux rouleaux de tissus dans un coin du salon POSTS : 526 POINTS : 0
TW IN RP : ptsd, achluophobie, maladie, deuil. mentions : overdose, addiction, drogue, relation abusive GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : née à Sydney, elle vit à Brisbane depuis ses six ans › terrible cuisinière, elle mange toutes les cochonneries qui lui tombent sous la main › rêve de devenir styliste › elle a développé une peur phobique de l'obscurité suite à un accident de voiture › artiste, elle passe des heures à dessiner tous les jours › elle adore les animaux, peu importe qu'ils soient mignons ou non › maladroite, deux pieds gauches et un sourire innocent pour s'excuser d'avoir renversé votre café › elle rêve de voyages et d'évasion › très douce, grande enfantDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7380B5 RPs EN COURS :
ELIORA › you still know of dawn, but you always return. when you hid under my black wings, they couldn't have protected you from anything. once in flight they would have let go. you would have once again wound up below. only broken, indeed, its wrong to keep you near me. one could call me cruel and deceiving, but in your sacred air i am full of light.
CONSTANTINE › under the surface, you don't know what you'll find until it's your time. no second chances but all we can do is try. i made up my mind. i can't see you but i hear your call. baby, hold on now, we're going home. if we make it or we don't, we won't be alone. if you're waiting all your life, you won't ever go. when I see your light shine, i know i'm home.
« Ai-je vraiment besoin d'une excuse pour me tenir ici devant toi ? » Peut-être. Un sourire doux quoiqu'un brin amusé étire ses lèvres, et la brunette est heureuse de retrouver son cousin dans ce cadre si personnel. Celui d'un atelier désert, un où ils peuvent échanger librement, un où aucune paire d'oreilles indiscrètes si ce ne sont celles des aiguilles et des tissus ne peuvent les surprendre. Flora aime la frénésie du quotidien, les murmures omniprésents partout dans les couloirs, voir sa liste de choses à faire s'allonger à vue d'oeil, et se rendre utile partout où elle le peut. Pour autant, le côté plus simple et discret de sa personnalité se contemple bien davantage sous les hauts plafonds des ateliers à l'abri du brouhaha, et elle est ravie de se voir accorder de précieux moments comme celui-ci. Encore davantage lorsque l'un des visages les plus familiers qu'elle fréquente vient lui rendre visite de manière tout à fait inopinée, les mains débordantes de bonnes choses et les épaules relâchées. Le lien qu'ils entretiennent aux yeux de tous lui convient, mais elle ne se lasse pas pour autant de retrouver de temps à autres le James avec qui elle a grandi. Celui qui a appris à la connaître, qu'elle a vu grandir et évoluer, et surtout qu'elle considère comme le grand frère qu'elle n'a jamais eu. Celui avec qui la complicité qu'elle entretient ne connait d'égal, tant elle est spéciale et unique sur bien des points. « C'était un petit prix à payer pour m'assurer que tu te rabattrais pas sur la bouffe du distributeur. » Un léger rire monte dans sa gorge alors qu'elle place brièvement ses mains en évidence pour se dédouaner de toute responsabilité à ce sujet. Éventuellement, entre deux pics d'inspiration, Flora se serait sous réserve d'en avoir le courage donner la peine de se rendre au premier distributeur à proximité. Elle aurait pris un café et une madeleine pour se donner bonne conscience, les sandwichs au goût de carton disponibles parmi les différents choix ne lui inspirant rien - et c'était pour dire, car son palais avait pourtant l'habitude de subir bien des horreurs. Elle aurait probablement ignoré la faim jusqu'à se faire cuire une poignée de pâtes en rentrant chez elle au milieu de la huit, et cela aurait été amplement suffisant. Mais James n'était visiblement pas encore prêt à la laisser s'affamer sous son toit, et elle lui en était d'une certaine façon reconnaissante. « Si tu le dis. Je note que tu trouves mes priorités douteuses, cependant. » Pas qu'il puisse réellement les lui reprocher, ceci dis.
Il dépose près d'eux un sac à l'odeur alléchante, et elle ne tarde pas à en déballer curieusement le contenu pour le disposer prudemment sur une table. Soudainement tentée par la sélection de son cousin, le naturel ne tarde pour autant pas à revenir au galop lorsque James lui demande ce sur quoi elle travaille, et sans même prendre le temps de goutter à ses nouilles Flora s'essuie déjà les mains pour lui tendre son carnet. Elle est avide de ses conseils, guette déjà la façon dont s'apprêtent à onduler ses traits, et elle est surtout attirée par sa sincérité. Puisque, en plus de ne pas la ménager, le styliste est tout ce qu'il y a de plus intransigeant - et elle n'en attend pas moins du créateur principal d'une maison portant son nom. et de la critique, c'est tout ce qu'elle demande la brune. Elle veut qu'il pose le doigt sur ce qui ne va pas, n'entend que d'une oreille les compliments qu'il peut avoir pour son travail, et attend de lui qu'il l'aide à aller de l'avant pour l'aider à devenir meilleure. « Tu serais surprise du nombre de croquis que j'ai pu mettre de coté et sur lesquels je me suis parfois repenché après des années sans y avoir touché. » Le coin de sa bouche s'étire et elle quitte une seconde ses croquis des yeux pour trouver le regard de son cousin. Le serait-elle vraiment, surprise ? Le nombre de feuilles qu'elle-même maltraite l'effraie, et ce même si elle ne laisse pas s'exprimer son inspiration aussi souvent qu'elle frappe à la porte. mais James ? Elle n'a aucun mal à revoir les poubelles débordantes - et surtout le sol les entourant, lorsqu'elle l'avait surpris à plusieurs reprises à l'époque où ils vivaient chez son oncle. Surprise ne serait peut-être pas le terme exact, la brune plus curieuse qu'elle ne se met à contempler bêtement ce qui sort de la norme. Ce qui la surprendrait peut-être, en revanche, serait le nombre de croquis qui n'auraient jamais réobtenu d'attention au profit d'autres. Combien de pièces ne verront-elles jamais le jour, comme si certains éléments manquaient à leur conception finale ? « Est-ce que tu les gardes tous ? » demande-t-elle doucement pour éclairer sa lanterne, se demandant si certaines poubelles avaient eu la chance de contenir des ébauches vouées à disparaître, ou s'il gardait précieusement dans des dizaines de classeurs tous ses croquis au point mort en l'attente d'un miracle. « C'est jamais trop tard, pour donner vie à une idée. Il y en a que tu auras aucun mal à retranscrire, comme si elles existaient déjà juste devant tes yeux, et d'autres qui mettront ta patience à rude épreuve et te feront douter de toi-même. » Elle comprend ce qu'il veut dire. et il est le seul à parvenir à poser aussi justement des mots sur ce qu'elle ressent, elle-même très souvent incapable de le faire et ses proches ne baignant pas assez dans le milieu pour retranscrire des sentiments aussi particuliers. et cette robe, en l'occurrence, entre dans la deuxième catégorie citée. Flora l'adore autant qu'elle la déteste, et songe aussi souvent à l'encadrer qu'à la déchirer dans une poubelle. Elle a plusieurs fois songé à l'abandonner mais ne s'y est jamais résolue, et est dans un certain sens rassurée d'entendre que James partage ce drôle de sentiment. C'est rassurant, réconfortant, encourageant. « Elle est l'une d'elles. Elle me fruste plus qu'elle ne me satisfait. » murmure-t-elle comme pour elle-même, toujours pendue à ses lèvres en triturant les siennes avec l'ongle de son pouce.
« C'est vrai que c'est ambitieux. La coupe est minimaliste, mais la superposition des matières nécessitera beaucoup de travail. Je sais pas encore si je suis convaincu par la forme de l'empiècement au niveau du buste. » Il s'exprime finalement d'une manière plus claire sur ce qu'il voit, et les bras de la brune se dénouent après s'être emmêlés sur son torse. Elle penche curieusement la tête, l'écoute attentivement. « Je ne le suis pas... et oui, les matières n'ont pas fini de me donner des migraines. » reconnait-elle dans un sourire léger. La superposition des matières l'embête sur papier, mais lui en fera encore davantage voir de toutes les couleurs par la suite, et elle en est pleinement consciente. Pas que cela l'aide à savoir comment y aborder, mais disons au moins qu'elle est prévenue. Prévenue et frustrée, mais loin d'être découragée. Quant au buste, elle est ravie qu'il s'y attarde car là réside son principal problème. « Ça vient alourdir la silhouette et brouiller la lecture dans le haut du corps. On entre-aperçoit un décolleté, mais tu as choisi de le cacher. Pourquoi ? Pour conférer du mystère ? C'est un parti pris artistique ? » Elle se mord brièvement l'intérieur de la joue, appuyant distraitement ses fesses sur la table à laquelle elle tourne le dos. Ces pliages sont ceux ayant dans un premier temps fait germer l'idée de la pièce dans son esprit, et Flora s'en est servie en tant que base pour peaufiner le reste autour de la tenue. Peut-être à tord, peut-être pas, même si elle est étrangement enchantée par la partie basse de la robe. Le contraste entre le volume du haut et la finesse des jambes l'inspire. « Je trouve la façon dont le cou et la nuque sont mis en valeur très intéressant. J'aime cette idée de mouvement qui gagne le tronc, et le rendu de dos me plaît encore davantage. Mais je te rejoins, le décolleté ne renvoie pas l'image que je veux. » Elle pourrait s'engager dans une idée de parti pris artistique, effectivement, ou un désir tout à fait volontaire de faire passer au second plan la poitrine du modèle. Mais ce n'est pas ce à quoi elle pense, et la brune ne quitte pas du regard son carnet en tâchant de visualiser une façon de solutionner le problème. Peut-être en raccourcissant les plis sur l'avant et en les laissant tels quels sur la partie arrière, mais elle devra dans ce cas de figure veiller à ne pas rendre disgracieuse la transition. « J'aime l'utilisation du tissu plissé, cela dit. C'est moderne, ça fonctionne bien. » Sa bouche se ourle un tant soit peu à cela, et leurs regards se retrouvent après une pause. « Quand je commence à travailler sur un vêtement, je pense toujours à quelqu'un que j'aimerais voir le porter. Je l'imagine se mouvoir dedans, lui donner plus de caractère. Ça m'aide à imaginer certains détails, à associer chaque modèle à un souvenir bien précis. » Elle acquiesce quasi imperceptiblement à cela, reposant ses yeux chocolat sur son carnet. Cela lui arrive, selon les pièces, de les visualiser sur une personne de son entourage ou même sur un inconnu croisé hasardeusement en allant chercher le pain. Mais pas toujours. Flora n'a pas réellement un visage ni un corps sur lequel puiser son inspiration, et elle se mord une seconde l'intérieur de la lèvre à ce constat. « Et toi ? » Elle le regarde à nouveau, haussement légèrement les épaules. Elle est perdue dans ses pensées, comme souvent lorsque ses dessins sont à proximité, et la brune se force à inspirer doucement pour recentrer ses pensées et pouvoir répondre à sa question. « Pas toujours. Cela m'arrive, mais pas avec toutes mes pièces. » Elle s'approche pour prendre une feuille vierge sur son carnet, et ne met que quelques secondes à dégrossir le buste de sa tenue. Elle essaie d'y raccourcir les plis sur l'avant, et de jouer des formes pour trouver une nouvelle satisfaction dans l'idée, même si elle est loin d'être prête à s'en contenter. « Avec celle-ci par exemple, j'ai essayé de l'imaginer sur plusieurs personnes mais sans succès. Elle me perturbe trop pour ça. » avoue-t-elle dans un sourire timide, insistant sur des traits en fronçant les sourcils, avant de tourner le cahier vers son cousin. « Quelque chose comme ça pourrait marcher tu penses ? » Aux yeux de n'importe qui, le sketch minimaliste ne représente pas grand chose. Aux yeux de James, elle sait - espère du moins, qu'il aura du sens.
rainmaker
the innocence of my lips ☽ smear the innocence of my lips, feel you bruising me its boundless, you kill me and show me a world i feel whole in, never felt closer to demise, floating over all the stop signs and still i write pages of promise and cadence its quite alright baby
« Si tu le dis. Je note que tu trouves mes priorités douteuses, cependant. » Et il répliqua à travers un sourire mi-amusé mi-taquin qu'elle saurait reconnaître sans mal, ayant eu contrairement à beaucoup d'autres le loisir de partager toute son adolescence avec lui, à une époque où James savait sans doute se dérider davantage et prendre la vie avec un peu plus de légèreté. C'est en tout cas ce que dirait son père, avant de s'en vouloir aussitôt de remuer le passé en soulignant une évidence qui se passait plutôt bien d'être énoncée : perdre votre premier amour à l'aube de votre vingtaine, ça vous donnait rarement des raisons de sourire. « Est-ce que tu les gardes tous ? » - « Non, il m'arrive d'estimer qu'un croquis ne peut pas être sauvé. » Il confessa en toute transparence, ses yeux rencontrant les siens tandis qu'il poursuivit. « C'est pas ce qui se passe le plus souvent, parce que je suis perfectionniste et que je déteste rester sur un échec, mais parfois la frustration est trop grande de voir un dessin rester à l'état de brouillon. » Et dans ces cas-là il pouvait arriver qu'il froisse une feuille entre ses doigts en sachant que son idée n'irait nulle part, qu'il avait simplement fait fausse route et que de nombreux autres concepts méritaient davantage qu'il s'y attarde. Ces situations restaient pourtant frustrantes au plus haut point et ne faisaient en généralement que décupler plus encore sa rage de créer. « Et je suis impulsif, ça peut parfois faire des dégâts. » Il glissa sur un ton un peu plus léger, quoi qu'avec un sérieux intact. Son caractère était autant un avantage qu'un handicap, parfois, lorsque la pression se faisait forte et qu'il lui prenait l'envie d'envoyer valser la moitié de la pièce, ses collaborateurs y compris. James parvenait la plupart du temps à conserver un parfait contrôle lorsque les murs de l'atelier agissaient sur lui comme un canalisateur, mais il restait dangereux de se trouver dans les parages lorsque la cocotte-minute menaçait d'imploser. Et plus il était amené à prendre sur lui, plus ce genre de situations venaient aussi à se répéter. « Elle est l'une d'elles. Elle me fruste plus qu'elle ne me satisfait. » C'était là le fardeau de tout artiste, d'aimer autant que de haïr, parfois, certaines de ses œuvres. « Parce que tu lui as déjà accordé beaucoup d'énergie et que malgré ça, il manque toujours quelque chose. » C'était rageant mais plus que ça, ça lui donnait probablement l'impression de passer à coté de son sujet, de créer dans le vide et de manquer de matière pour rendre compte des idées qui couraient dans son esprit. « Je suis convaincu qu'elle finira pas au fond d'une corbeille à papier. Je t'ai déjà vu persévérer et donner vie à des idées uniques, toutes prometteuses. » Diablement prometteuses, même. S'il y a bien une chose dont James n'avait jamais douté, c'est qu'elle ne manquait pas de talent. Et c'était bien la seule chose qu'on ne domestiquait pas. « Et heureusement pour cette famille, nos caractères ne se ressemblent pas autant que nos passions. » Flora était plus patiente et modérée, plus à même de désamorcer les problèmes et d'éviter les conflits. Elle n'en avait peut être pas conscience, mais ça lui serait utile de la même manière que la fougue et l'impétuosité de James l'avaient porté loin. Ils fonctionnaient simplement différemment, et ce n'était peut être pas un mal, tant pour leurs proches que pour cet atelier.
Son avis, Flora ne le réclamait pourtant pas en sa qualité de cousin, mais parce qu'elle savait qu'il ne lui dirait pas ce que n'importe quel créatif voudrait entendre simplement pour cajoler son amour-propre et s'en retourner à leur repas. Quand bien même ce sac garni lui ouvrait définitivement l'appétit. « Je ne le suis pas... et oui, les matières n'ont pas fini de me donner des migraines. » Un demi-sourire au bord des lèvres, James détacha ses yeux du croquis pour les reposer un instant sur les traits de sa cousine. « Mais c'est ambitieux. » Il insista, simplement parce qu'il avait tôt fait d'insister sur les détails qui d'après lui méritaient d'être revus et corrigés, parce qu'il savait que Flora ne voudrait pas d'un traitement différent et encore moins d'une indulgence qu'il ne témoignerait pas à d'autres. Il était franc et intransigeant, ne mâchant jamais ses mots pour pousser les autres à se surpasser et donc à devenir meilleurs, mais il ne portait pas moins un regard bienveillant sur les progrès de Flora. Des progrès qu'il supervisait officiellement depuis maintenant des mois mais qui trouvaient leur origine bien avant ça. « Je trouve la façon dont le cou et la nuque sont mis en valeur très intéressante. J'aime cette idée de mouvement qui gagne le tronc, et le rendu de dos me plaît encore davantage. Mais je te rejoins, le décolleté ne renvoie pas l'image que je veux. » Il secoua la tête pensivement, satisfait qu'elle ait compris qu'il était dans son intérêt de défendre ses idées, et ce quelle que soit la personne en face d'elle. Aujourd'hui c'était son cousin, quelqu'un qui la connaissait et savait de quoi elle était capable. Demain, ce pourrait être quelqu'un d'autre, qui n'aurait jamais aperçu son travail et qui ne lui laisserait qu'une poignée de secondes pour le convaincre. Flora savait être convaincante, mais il était bien placé pour savoir que se vendre en tant que créateur s'apprenait comme le reste. « Bien. Maintenant je comprends l'intention de départ. Et pour ce qui est du dos, je suis d'accord, le rendu fonctionne particulièrement bien. » Et ça avait toute son importance, non pas seulement parce que ce modèle serait peut être un jour arboré sur un podium et scruté sous toutes ses coutures, mais aussi parce que ça voulait simplement dire que Flora ne partait pas de rien. Que si certaines choses gagneraient à être reprises, certains détails faisaient aussi tout l'intérêt de ce croquis. James le jugeait sincèrement prometteur. « Je sais que tu vas apporter les jugements que tu jugeras nécessaires, non pas parce que je t'ai fait ces remarques mais parce que sinon tu n'en seras pas satisfaite. Tu as identifié une partie du problème puisque tu sais ce qui te bloque. » Ou du moins l'une des choses qui la bloquaient sur ce modèle, et c'était une bonne base pour l'améliorer. Elle en était capable et surtout, elle ne lâcherait pas avant de considérer le résultat comme une parfaite réussite. Il la connaissait assez pour le savoir.
« Pas toujours. Cela m'arrive, mais pas avec toutes mes pièces. » Créer était loin d'être une science exacte et ils étaient bien placés pour savoir qu'on ne rencontrait jamais les mêmes difficultés d'un modèle à l'autre, ce qui expliquait qu'on ne conçoive généralement pas non plus deux modèles de façon identique. « Avec celle-ci par exemple, j'ai essayé de l'imaginer sur plusieurs personnes mais sans succès. Elle me perturbe trop pour ça. » - « Je sais ce que c'est. » Il le savait, parce qu'il avait lui-même rencontré ce problème par le passé, de nombreuses fois à vrai dire. Il était pourtant loin de manquer d'inspiration, pouvant compter sur de nombreuses muses pour donner leur relief à ses créations. Mais lorsque le charme n'opérait pas, lorsque même la plus envoûtante des silhouettes ne dissipait pas le brouillard dans son esprit, il était bien vain d'espérer se reposer sur elles. Flora avait tout le temps de dénicher ses propres muses, celles qui apposeraient leur emprunte sur certains de ses modèles et leur donneraient parfois même leur nom. « Quelque chose comme ça pourrait marcher tu penses ? » Elle tourna à nouveau son carnet dans sa direction et James se pencha au-dessus de la table, son regard vissé sur la feuille de papier, concentré. « C'est mieux. Bien mieux. Le haut du modèle respire plus, grâce à ça l'ensemble est plus lisible. » Il fit glisser son doigt avec précaution contre le papier, encourageant dans ses paroles non pas parce qu'il s'agissait de Flora, mais parce qu'elle avait tenu compte de ses observations pour épurer l'endroit qui leur posait problème. « Tu as choisi des tons très épurés, presque immaculés. C'est quelque chose que tu prévois de garder ou tu t'es simplement pas encore penchée plus que ça sur la couleur ? » Il demanda avec intérêt, comprenant qu'il puisse s'agir d'un choix délibéré et que Flora saurait sans aucun doute expliquer là encore. Pas défendre, non, parce que sa remarque n'avait cette fois pas vocation à lui suggérer un changement si le blanc était la couleur qui l'inspirait pour cette robe. Il se montrait simplement curieux, désireux de se faire une petite place dans sa tête. « Je te demande ça parce que je peux pas m'empêcher d'y voir quelque chose qui se rapproche d'une robe de mariée. » Il remarqua après plusieurs secondes. « Quelque chose d'insaisissable et romantique. Je sais pas si c'est intentionnel, et je suis pas entrain de te dire que ça devrait en être une si c'était pas ton intention au départ. Simplement que ça fonctionnerait si c'était le cas. » Aujourd'hui on ne se mariait plus exclusivement dans des robes de princesses dignes de Cendrillon et leur milieu donnait à voir des modèles de plus en plus ambitieux, de moins en moins conventionnels, valant à chaque défilé de se finir en apothéose et de créer la surprise. James avait dessiné de nombreuses robes de mariées au cours de sa carrière, dont celle de Cristina pour le jour de leur mariage, et il avait appris qu'il n'y avait pas plus grandes machines à rêves.
Flora Constantine
la petite souris
ÂGE : trente-et-un ans (21.07.1993) SURNOM : flo sonne comme une évidence, elle entend également constantine de temps à autre STATUT : elle a du mal à y croire mais flirte le parfait amour avec Elijah. il est celui dont elle a toujours rêvé, et il fait d'elle la plus heureuse des petites souris MÉTIER : ses rêves abandonnés, elle est à présent barista au dbd en journée et barmaid à l'electric playground le soir LOGEMENT : au #03 james street à fortitude valley. elle partage cet appartement avec Millie, des cochonneries entassées dans les placards et de précieux rouleaux de tissus dans un coin du salon POSTS : 526 POINTS : 0
TW IN RP : ptsd, achluophobie, maladie, deuil. mentions : overdose, addiction, drogue, relation abusive GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : née à Sydney, elle vit à Brisbane depuis ses six ans › terrible cuisinière, elle mange toutes les cochonneries qui lui tombent sous la main › rêve de devenir styliste › elle a développé une peur phobique de l'obscurité suite à un accident de voiture › artiste, elle passe des heures à dessiner tous les jours › elle adore les animaux, peu importe qu'ils soient mignons ou non › maladroite, deux pieds gauches et un sourire innocent pour s'excuser d'avoir renversé votre café › elle rêve de voyages et d'évasion › très douce, grande enfantDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7380B5 RPs EN COURS :
ELIORA › you still know of dawn, but you always return. when you hid under my black wings, they couldn't have protected you from anything. once in flight they would have let go. you would have once again wound up below. only broken, indeed, its wrong to keep you near me. one could call me cruel and deceiving, but in your sacred air i am full of light.
CONSTANTINE › under the surface, you don't know what you'll find until it's your time. no second chances but all we can do is try. i made up my mind. i can't see you but i hear your call. baby, hold on now, we're going home. if we make it or we don't, we won't be alone. if you're waiting all your life, you won't ever go. when I see your light shine, i know i'm home.
« Non, il m'arrive d'estimer qu'un croquis ne peut pas être sauvé. » Flora s'était souvent posée cette question. Avait-elle vraiment une réponse, d'ailleurs ? Elle-même avait déjà abandonné des idées, leur ayant fait prendre des directions vaines et incapable de revenir en arrière par la suite, mais elle s'était toujours demandée si une personne comme James pouvait, à son instar, y parvenir. Si James pouvait y parvenir, si un artiste peu importe son domaine de prédilection et son niveau d'excellence dans ce dernier, pouvait y parvenir. Était-il plus judicieux et raisonnable de renoncer, ou la détermination était-elle une des clés de leur passion ? Est-ce que la détermination et l'obsession donnaient naissance à des arts plus évocateurs, plus poignants et puissants ? Ou ne faisait-elle que retranscrire leur frustration, d'une manière peut-être différence selon ceux à sa naissance ? L'obstination, dans leur univers et celui de l'art d'une manière générale, n'était pas forcément un facteur synonyme de réussite. Confrontés aux rouages du cerveau humain, les artistes pouvaient se heurter à des murs et n'avoir d'autre choix que de renoncer à une idée pour mieux pouvoir en développer d'autres, et si cela n'était pas facile à accepter il s'agissait néanmoins d'une étape vraisemblablement obligatoire. Elle n'aimait pas renoncer Flora, mais s'interrogeait parfois quant à sa productivité et la pertinence de son insistance. Mais si même son cousin lui avouait, comme tous, passer par là, alors cela lui permettrait peut-être de tolérer un peu davantage ses propres échecs - mais jamais trop facilement, certainement pas. Mais simplement de les considérer comme part du processus, qu'elle le veuille ou non, qu'elle juge cela enrichissant ou pas - cela l'est, d'une manière tout à fait pertinente. Elle suppose que ces remises en question sont pudiquement gardées à l'abri des regards de ceux qui les traversent, mais James n'a pas à préserver ses troubles de ses yeux noisette - tout comme elle n'a pas à protéger les siens, et ils savent tous les deux l'ampleur de la confiance qu'ils peuvent s'accorder. Son regard danse dans le sien un instant, et elle l'écoute poursuivre avec intérêt, ressentant ses paroles avec une facilité qui lui plaît tout autant qu'elle lui est encore étrangère - ils parlent le même langage. « C'est pas ce qui se passe le plus souvent, parce que je suis perfectionniste et que je déteste rester sur un échec, mais parfois la frustration est trop grande de voir un dessin rester à l'état de brouillon. » Elle se reconnaît dans ses mots et ces derniers lui donnent raison quant à s'attacher autant à ses conseils, ses idées et sa perception des choses. Naturellement, son sourire étire le coin de sa bouche, comme rassuré alors qu'elle se sent comprise. Ni lui ni elle n'ont tendance à baisser facilement les bras, n'ayant rien d'autre que l'ambition et l'excellence dans leur collimateur, le reste ne les intéressant pas le moins du monde - raison pour laquelle Flora travaillait dur pour se rendre utile, s'affairait sur tous les fronts et faisait au mieux pour se donner les moyens de réussir. Se contenter d'être bon ne suffisait pas. « Je comprends. » et elle comprend vraiment, là résidant toute la différence entre leurs échanges et ceux qu'elle pouvait avoir avec des étrangers au milieu. Qui plus est, la frustration résultant d'un échec ne faisait que multiplier le besoin de rebondir ensuite, et une fois l'idée sans avenir laissée de côté l'esprit pouvait à nouveau se focaliser sur d'autres projets qui, sous la pression de celui initialement choisi, avaient eu moins d'occasions de s'exprimer. « Et je suis impulsif, ça peut parfois faire des dégâts. » Un souffle amusé s'échappe de ses lèvres à cette remarque qui, si elle prêtait à sourire, n'en demeurait pas moins tout à fait sérieuse. et elle le savait, le connaissait assez pour savoir que lorsque la grenade était sur le point de se dégoupiller, il était préférable de quitter la pièce plutôt que de chercher à le canaliser. Il n'était pas de ceux qu'on enfermait dans une boîte lors d'une explosion - rien ni personne ne pouvait contenir une frustration aussi grande que celle en capacité de naître en son sein. James puisait à sa manière son talent dans ses contradictions, et son insatiable besoin de réussir dans tout ce qu'il entreprenait - ce qui était une précieuse qualité, au même titre qu'un encombrant défaut. « Les carnets et les crayons se mettent à voler de leurs propres ailes ? » le taquine-t-elle avec un soupçon de moquerie - bien sûr qu'elle le taquine, heureuse d'avoir ce privilège, trop pour s'en priver. Quant à l'avantage à exploser de temps en temps - car il y en avait définitivement un, elle le jure, était la sensation de légèreté qui s'en suivait. Flora n'envoyait pas aux quatre coins de la pièce ses feuilles et ses croquis lorsqu'elle s'agaçait, mais fermait son carnet et allait courir avec ses écouteurs dans les oreilles, ne revenant à l'appartement que lorsque ses jambes menaçaient de se dérober sous son poids. et après une bonne douche et une élimination en profondeur des tensions et toxines accumulées, elle était étrangement plus en phase de communiquer avec elle-même, et en profitait jusqu'à accumuler à nouveau. « Parce que tu lui as déjà accordé beaucoup d'énergie et que malgré ça, il manque toujours quelque chose. » Exactement. Elle fait tourner ses baguettes sans intérêt aucun dans ses nouilles, se reportant sur son cousin l'instant suivant, comme si elle cherchait les réponses à ses interrogations dans son regard - pas qu'elles y soient évidentes, mais cela l'aide à réfléchir. Cette idée lui donne du fil à retordre, et il s'agit peut-être de l'une des raisons pour lesquelles Flora y est autant attachée. Elle est complexe, difficile, et elle l'intrigue autant qu'elle a du mal à la cerner - ce qui lui donne du challenge, et finalement la brune aime ce goût de défi. « Certaines choses me semblent évidentes, d'autres beaucoup moins. Je sais avec certitude ce qui ne me plaît vraiment pas et ce que je veux à tout prix conserver, mais je sais pour autant qu'il me reste des points moins évidents sur lesquels je dois mettre le doigt. » - « Je suis convaincu qu'elle finira pas au fond d'une corbeille à papier. Je t'ai déjà vu persévérer et donner vie à des idées uniques, toutes prometteuses. » Ses yeux dans les siens, elle sourit un peu à cela - c'est une bonne chose, n'est-ce pas ? Cela signifie que ses efforts finiront par porter leurs fruits, et qu'elle doit continuer de persévérer tout en sachant qu'elle trouvera tôt ou tard une solution pour faire coïncider ses pensées avec les gestes de son crayon sur le papier. et elle apprécie que James trouve les mots et surtout les bons moments pour la flatter lorsqu'elle en a besoin, de la même façon qu'il continue de la pousser vers l'avant le reste du temps sans lui proposer des lauriers sur lesquels se reposer. Elle a besoin de ce qu'il lui offre sans qu'elle n'ait à le réclamer directement, et c'est parfait. « Et heureusement pour cette famille, nos caractères ne se ressemblent pas autant que nos passions. » Elle lève l'une des boissons qu'il a apporté dans sa direction, appuyant ses mots d'un regard entendu avant de prendre une gorgée de bubble tea. « Heureusement pour cette famille, comme tu dis. » Ils ne seraient pas aussi doués ni ne s'entendraient aussi bien s'ils étaient tous ennuyeusement similaires. et la diversité de leurs caractères était justement une force non négligeable pour resserrer leurs liens - ou détendre les nœuds, dans certains et selon les cas de figure.
Elle est heureuse de pouvoir échanger avec lui sur cette pièce qu'elle avait jusque lors préservée à l'abri des regards. Flora la considère comme trop particulière pour l'agiter sous le nez de quelques uns de ses proches qui, s'ils sont tous pour sa réussite, n'auraient toutefois pas eu l'oeil assez fin pour remarquer autre chose que les plissés au centre de la robe. et pour un premier avis, elle ne pouvait espérer mieux que celui de James. Il l'aide à la comprendre, apporte son point de vue extérieur en toute transparence en lui faisant part des qualités aussi bien que des points à peaufiner, et ses mots lui sont précieux. « Mais c'est ambitieux. » Il insiste pour qu'elle ne retienne pas exclusivement les points à améliorer, et qu'elle se serve de ceux plus prometteurs pour les élargir aux autres. Ce qu'elle a bien l'intention de faire, mais elle doit pour cela trouver comment s'y prendre. « Bien. Maintenant je comprends l'intention de départ. Et pour ce qui est du dos, je suis d'accord, le rendu fonctionne particulièrement bien. » Elle lui fait part de son point de vue, de son ressenti, utilise les premiers mots qui lui viennent à l'esprit dans l'espoir d'éclairer sa lanterne afin qu'il puisse, à son tour, y voir plus clair. « Je sais qu'il n'est pas parfait, mais je suis ravie d'entendre qu'il te parle à toi aussi. » et vraisemblablement, elle y parvient, puisqu'il la rejoint sur l'aspect de dos de la pièce qui a tout de suite séduit la brune - elle n'avait jusque lors jamais commencé par dessiner une pièce de dos, si ce n'est celle-ci. Ce qui expliquait d'une certaine façon pourquoi le buste lui parlait moins que le reste, puisqu'il n'était pas à l'initiative du projet - simplement un avec lequel elle devait à présent apprendre à composer, l'un n'allant pas sans l'autre. et elle avait bon espoir d'y parvenir, même si cela prendrait du temps. « Je sais que tu vas apporter les jugements que tu jugeras nécessaires, non pas parce que je t'ai fait ces remarques mais parce que sinon tu n'en seras pas satisfaite. Tu as identifié une partie du problème puisque tu sais ce qui te bloque. » et là réside le coeur du dilemme - elle est terriblement intransigeante avec elle-même, et trouver pas une mais la solution pour que cette robe lui plaise pouvait prendre plusieurs mois - ou davantage. et si cela ne l'effrayait pas, elle n'en était pas moins frustrée. Flora était pourtant d'un tempérament patient, mais son besoin de créer et de repousser ses limites la faisait trépigner, et elle avait parfois du mal à attendre patiemment que la magie opère au creux de ses mains. En revanche, James avait raison - comme souvent mais ne lui dites jamais : elle était sur la bonne voie pour apporter des réponses à ses questions. « Je sais ce qui me bloque parce-que l'avant de la pièce n'a jamais été clair dans mon esprit. » avoue-t-elle, trouvant son regard. « Le dos l'a été dès le départ, et j'aime l'idée de ce que je suis parvenue à faire avec le drapé sur le bas de la pièce. Mais ce buste et ce décollecté, je tâtonne. » Elle se confie à lui, non seulement car elle sait ne pas l'ennuyer avec ses détails, mais aussi dans l'espoir que parler à voix haute lui provoque un semblant de déclic - pas qu'une lumière s'allume brutalement dans son cerveau, à son grand regret. Elle a repris une gorgée de bubble tea - son appétit s'étant ouvert à la seconde où James est entré dans les ateliers avec ses sacs alléchants, bien qu'elle ne daigne pas s'y pencher davantage quand elle est, peut-être, sur le point de trouver une solution. « Je sais ce que c'est. » Il compose depuis plus longtemps qu'elle avec cette frustrante mécanique du corps humain, est parvenu avec le temps à mieux l'apprivoiser - ou y est-il vraiment arrivé ? Cependant, Flora croit sincèrement que les projets les plus difficiles à dompter sont ceux dont sont tirés les plus grandes satisfactions, et elle sait qu'ils partagent cet avis. Mais elle n'en est pas encore là.
Elle se saisit de son crayon et entreprend de peaufiner aussi rapidement que précisément un buste sur lequel elle crée à nouveau le décolleté de sa robe, le rendant plus léger en préservant un certain volume, jouant avec minutie sur le placement des tissus. et au bout de quelques minutes, Flora redresse le regard vers James et oriente son carnet dans sa direction, guettant sa réaction. C'est abstrait sans être grossier, mais son griffonnage n'évoquerait rien s'il n'était pas perçu au travers du filtre que les deux artistes partagent. « C'est mieux. Bien mieux. Le haut du modèle respire plus, grâce à ça l'ensemble est plus lisible. » Son sourire se fait plus léger à cela, ses yeux s'illuminent et elle jette déjà un coup d'oeil à un buste de couture dans l'espace pour imaginer l'aspect de son idée. C'est flou, comme à chaque fois - probablement car elle n'a pas assez d'expérience réelle, sûrement car ses dessins se contentent toujours d'être des croquis et non pas de véritables tenues. Mais la direction prise lui plaît, et c'est déjà un grand avancement à une heure aussi tardive de la journée. Les doigts de James glissent sur le papier et elle se reporte sur lui alors qu'il reprend la parole, faisant retomber - mais pas d'une façon négative, sa légèreté. Elle se reconcentre simplement. « Tu as choisi des tons très épurés, presque immaculés. C'est quelque chose que tu prévois de garder ou tu t'es simplement pas encore penchée plus que ça sur la couleur ? » Il vise juste, et elle sourit doucement. Croisant doucement les bras sur sa poitrine, elle hausse mollement les épaules avant d'entreprendre de lui expliquer - parce qu'une réponse brève ne l'intéresse pas, pas plus qu'elle. « En réalité, je n'envisageais pas d'y garder. Initialement, c'était simplement parce-que je ne remplissais pas mes croquis, puis j'ai fini par y prendre goût. » Les tons naturels du papier sur lequel elle avait réalisé ses premiers schémas n'avaient pas attiré son oeil immédiatement, puis au fil du temps Flora s'était surprise à y prendre goût, puis les avait peaufiné. « Depuis, j'hésite encore. Je te l'ai dis, elle m'embête cette robe. » Sa voix s'amuse même si elle est tout à fait sérieuse. « J'ai peaufiné les tons dans quelque chose de très épuré par la suite, pour garder cet aspect qui m'a plu au fil du temps. Je pense les garder mais rien n'est sûr, j'y ajouterais peut-être un peu de transparence, ou essayerais une version plus colorée pour être sûre. » - « Je te demande ça parce que je peux pas m'empêcher d'y voir quelque chose qui se rapproche d'une robe de mariée. » Son visage se détend progressivement à cela, se décomposant lentement - mais oui, bien sûr que oui. Voilà pourquoi elle a du mal à se détacher de sa neutralité tout à fait particulière. « Quelque chose d'insaisissable et romantique. Je sais pas si c'est intentionnel, et je suis pas entrain de te dire que ça devrait en être une si c'était pas ton intention au départ. Simplement que ça fonctionnerait si c'était le cas. » Elle se hisse sur un plan de travail pour s'y asseoir, et semble enfin soulagée alors qu'elle acquiesce à ses paroles. Voilà ce autour de quoi elle tournait sans savoir ce dont il s'agissait pour autant, et il n'avait fallu que quelques dizaines de minutes à James pour pointer du doigt l'idée qu'elle n'arrivait pas à traduire. « Ca l'est. Inconsciemment, je crois que ça l'est. Tu viens de poser ton doigt sur ce que je n'arrivais pas à voir. » Parce qu'elle avait encore du mal à saisir ce qu'elle ressentait, encore de la peine à comprendre ce que son esprit créait et ce que ses doigts retranscrivaient. « Je pense que je cherchais à prendre une direction qui n'était pas la bonne, et c'est pour cette raison que je bloquais - robe de soirée ou de ville, j'étais frustrée. Mais c'est parce qu'elle n'est ni l'une ni l'autre. » Le soulagement est perceptible dans sa voix - James vient de lui permettre d'avancer d'un grand pas. et c'est probablement suffisant pour le moment, l'opportunité de respirer se présentant dans d'assez bonnes conditions pour que la brunette l'accepte, accordant désormais plus d'intérêt au repas qui refroidit à leurs côtés qu'aux dessins. « On mange un bout ? » propose-t-elle sans attendre sa réponse avant d'entreprendre de déballer quelques assortiments soigneusement sous aluminium, en plaçant de part et d'autres de la table sur laquelle ils vont se restaurer. Quelques minutes plus tard, Flora a jeté son dévolu sur des raviolis à la vapeur, brusquement affamée après la première bouchée. « Tu avais créé la robe de Cristina, non ? » interroge-t-elle doucement après une pause, relevant le regard vers le sien. Elle sait très bien qu'il l'a fait, aborde simplement le sujet. « Tu veux bien m'en parler ? » De tout ce qu'il juge nécessaire. Du temps et processus de création, des hauts et des bas qu'il avait rencontré, de ceux dont il s'était entouré... Ses oreilles sont grandes ouvertes.
rainmaker
the innocence of my lips ☽ smear the innocence of my lips, feel you bruising me its boundless, you kill me and show me a world i feel whole in, never felt closer to demise, floating over all the stop signs and still i write pages of promise and cadence its quite alright baby
Dernière édition par Flora Constantine le Dim 27 Aoû - 19:24, édité 1 fois
La frustration était un sentiment que tout créateur redoutait d'expérimenter un jour, alors qu'il n'y avait rien de plus rageant que de se retrouver face à une feuille vierge ou incapable de rendre compte de ses idées avec la précision et la clarté que l'on souhaiterait. Bien sûr que James était déjà passé par là, plus souvent sans doute qu'il n'en donnait l'impression. Et bien sûr que ça ne l'avait jamais empêché de braver les obstacles sur sa route pour repousser toujours plus loin ses limites et aller toujours là où on ne l'attendait pas. Flora aussi, en serait capable. Ce qu'elle vivait aujourd'hui n'était ni plus ni moins qu'un contre-temps dont elle viendrait elle aussi à bout. « Les carnets et les crayons se mettent à voler de leurs propres ailes ? » La commissure de ses lèvres se redressa avec amusement, alors qu'ils savaient tous les deux qu'il y avait beaucoup de vrai derrière cette simple supposition. Après tout peu de personnes en ce monde le connaissaient mieux que Flora, pour avoir déjà été témoin de certains de ses coups de sang, à l'atelier comme en dehors. S'il prenait généralement sur lui devant elle, son naturel avait parfois tôt fait de revenir au galop et dans ces cas-là, Flora savait toujours que le tempérament sanguin du créateur était à blâmer. « Disons qu'on n'est jamais à l'abri de se recevoir des projectiles en pleine face. Je crois qu'il est pas bien difficile de deviner ce qui a pu pousser certaines de mes anciennes assistantes à fuir. » Il ironisa, sachant bien que beaucoup supposaient au contraire qu'il était celui qui en avait licencié la plupart, généralement insatisfait de leurs méthodes et de leur rapidité d’exécution. La vérité, sans doute qu'on ne la connaîtrait jamais vraiment. « J'en ai jamais blessé aucune, je tiens à préciser. » Chose sans doute bien peu nécessaire en présence de Flora, qui contrairement à d'autres n'irait pas douter du fait qu'il n'ait jamais levé la main sur une femme. Si James avait été de ce genre-là, il est certain que son mariage – déjà ô combien chaotique – aurait pris une tournure bien plus tragique il y a déjà des années. « Certaines choses me semblent évidentes, d'autres beaucoup moins. Je sais avec certitude ce qui ne me plaît vraiment pas et ce que je veux à tout prix conserver, mais je sais pour autant qu'il me reste des points moins évidents sur lesquels je dois mettre le doigt. » Il comprenait ça, James, pour avoir déjà connu cette impression qu'une partie de ce qu'il avait créé ne faisait pas le moindre sens et mériterait d'être retravaillée de fond en comble, sans toutefois toujours savoir par où commencer. « Heureusement il y a un avantage considérable à dessiner ce genre de modèles sur notre temps libre : on peut prendre notre temps sans devoir à tout prix rentrer dans des délais. » Et c'est ce que Flora pouvait faire, sur ses heures de temps libre, une fois sa journée de travail terminée. Revenir à ses projets personnels, se replonger corps et âme dans la conception d'une robe après laquelle personne n'attendait encore. « Bien sûr, c'est satisfaisant de boucler un projet quand on a couru après le temps et fait face à beaucoup d'autres contraintes. Mais j'aime pouvoir simplement accorder à un modèle le temps qu'il mérite. Le repenser des dizaines de fois, le peaufiner encore et encore. » Toutes ses créations ne faisaient pas partie d'une collection, d'un défilé. Certaines n'avaient jamais vu la lumière des podiums et jamais été acquises par aucun acheteur. Créer, ce n'était pas seulement vendre. Bien loin de là. « Heureusement pour cette famille, comme tu dis. » Oh, ils se trouveraient sans doute imbuvables l'un-l'autre si leurs tempéraments avaient du être un peu trop semblables, mais par chance ces derniers avaient au contraire tendance à s'équilibrer.
« Je sais qu'il n'est pas parfait, mais je suis ravie d'entendre qu'il te parle à toi aussi. » Il dédiait une attention toute particulière à l'observation de cette pièce, James, et ce parce qu'il devinait tout le travail qu'avaient déjà nécessité ces esquisses d'une précision admirable. Quelque chose empêchait Flora d'en voir tout le potentiel et c'était bien souvent le cas pour n'importe quel artiste qui ferait face à ce genre de blocages, mais James n'avait pas le moindre doute sur le fait qu'en faisant quelques judicieux ajustements, tout lui apparaîtrait déjà bien plus clairement. L'avant de la robe, le décolleté, toutes ces choses pouvaient être repensées à l'infini et jusqu'à ce que le résultat lui convienne. Et ils le savaient l'un comme l'autre, seule l'absolue perfection saurait contenter des perfectionnistes de leur rang. « Il me parle parce que j'arrive à saisir les intentions derrière ce modèle. » Et parce qu'il était sensible à sa vision, à sa volonté de créer quelque chose qui ne lui rendrait pas la tâche facile. Flora s'était attaquée à un gros morceau avec cette robe, il suffisait de déchiffrer les lignes apposées à même la feuille et de deviner combien de fois elle avait déjà répété les mêmes gestes, effaçant et redessinant les mêmes contours avec la même précision. « Je sais ce qui me bloque parce-que l'avant de la pièce n'a jamais été clair dans mon esprit. Le dos l'a été dès le départ, et j'aime l'idée de ce que je suis parvenue à faire avec le drapé sur le bas de la pièce. Mais ce buste et ce décolleté, je tâtonne. » Il le lui avait dit, elle avait au moins une première idée de ce qui ne lui convenait pas sur ce modèle et pouvait maintenant travailler à corriger ces défauts, jusqu'à être pleinement satisfaite. « C'est comme ça, avec certains modèles. On a l'impression de te retrouver face à un rubik's cube où on aura beau tourner dans tous les sens, on aura l'impression de stagner. Jusqu'au moment où en tournant les bonnes pièces, tout le reste se débloquera. » Ce n'était pas de la chance, c'était encore moins du hasard. C'était une question de persévérance et il la connaissait bien assez pour savoir que si Flora ne manquait pas d'une chose, c'était bien de celle-ci.
Finalement, sous ses yeux se dessinaient des esquisses de plus en plus familières, alors que le regard affûté du créateur ne pouvait s'empêcher d'analyser le moindre choix de Flora tant au niveau de la coupe, des effets de matières ou des couleurs. Ces mêmes couleurs qu'il aurait délibérément choisi si sa volonté première avait été de donner vie à une robe de mariée, comme il l'avait si souvent fait jusque là, et parce que chacun savait qu'on portait toujours un soin particulier à imaginer la pièce finale d'une collection qu'on présenterait en grande pompe. Ses coups de crayon l'avaient amené à esquisser des modèles tantôt classiques, tantôt beaucoup plus audacieux, mais dont il s'était toujours assuré qu'elles sauraient à chaque fois marquer les esprits. Autant d’entraînement qui lui permettait aujourd'hui de déceler ce même potentiel chez une autre création, y compris lorsqu'elle était de la main d'une autre. Et surtout lorsqu'il connaissait aussi bien celle qui lui avait donné vie. « En réalité, je n'envisageais pas d'y garder. Initialement, c'était simplement parce-que je ne remplissais pas mes croquis, puis j'ai fini par y prendre goût. » Pour beaucoup de créateurs la couleur n'était décidée que dans un deuxième temps, constamment remise en question au fur et à mesure du processus de création. Flora avait toujours été très logique et organisée dans son approche de son art, il n'y avait donc rien d'étonnant à ce qu'elle ait d'abord fait ce choix dans un souci de commodité. « Depuis, j'hésite encore. Je te l'ai dis, elle m'embête cette robe. » Un léger sourire étira ses lèvres pour répondre au sien. « Mais on sait tous les deux que ça prendrait pas autant aux tripes, tout ça, si c'était facile. » Et qu'elle n'avait pas choisi une voie où le succès se conjuguait en général avec la facilité, alors qu'il était si facile de se perdre dans cette quête constante de la perfection et de l'inoubliable. Il n'avait pas besoin de lui dire tout ça, James, parce que Flora évoluait déjà depuis assez longtemps dans cet univers pour le savoir. Dans leur milieu, la frustration était monnaie courante mais la fierté que l'on tirait à faire ce que l'on aime, elle, n'avait pas de prix. « J'ai peaufiné les tons dans quelque chose de très épuré par la suite, pour garder cet aspect qui m'a plu au fil du temps. Je pense les garder mais rien n'est sûr, j'y ajouterais peut-être un peu de transparence, ou essayerais une version plus colorée pour être sûre. » Attentif à la moindre de ses paroles, James n'en oubliait pas pour autant d'étudier son dessin du regard, espérant y déceler des détails qu'il n'y aurait pas vu au premier abord. C'était ce qu'il y avait de si fascinant, avec la mode : vous croyiez pouvoir cerner une robe en un coup d’œil mais elle avait toujours bien plus à dire lorsque vous preniez vraiment le temps de vous y attarder. Comme n'importe quelle œuvre d'art, oui. « Toi seule décideras au bout du compte de garder ou non cette couleur. Mais pour ce que ça vaut, la combinaison marche vraiment bien. » Et il ne disait pas ça pour l'influencer d'une quelconque façon, convaincu que le résultat fonctionnerait tout aussi bien dans des teintes plus colorées, peut être décliné en plusieurs coloris. A moins que son raisonnement ait été le bon et qu'une part de Flora ait inconsciemment esquissé les prémices d'une robe de mariée, tel que ce blanc immaculé et ces détails d'une grande finesse le laissaient habilement penser. « Ça l'est. Inconsciemment, je crois que ça l'est. Tu viens de poser ton doigt sur ce que je n'arrivais pas à voir. » - « Je fais que relever ce que j'ai perçu en voyant cette robe. C'est le fruit de ton travail et de ton imagination, pas les miens. » Et elle reconnaissait elle-même que cette idée lui avait peut être bien traversé l'esprit, au moment d'imaginer ce modèle. Elle n'en avait simplement pas pris conscience avant ça, mais il était aussi là pour lui faire profiter de son expérience en matière d'analyse. Créer, c'était aussi savoir voir. « Je pense que je cherchais à prendre une direction qui n'était pas la bonne, et c'est pour cette raison que je bloquais - robe de soirée ou de ville, j'étais frustrée. Mais c'est parce qu'elle n'est ni l'une ni l'autre. » Le soulagement perceptible dans le regard et dans la voix de Flora étirèrent quelques peu le sourire du créateur, qui l'observa du coin de l’œil avec une fierté perceptible. Elle pensait avoir besoin de lui pour pointer du doigt l'évidence, mais elle était simplement là depuis le départ et elle l'aurait probablement perçu même s'il n'avait pas été là pour la lui faire voir. « Et maintenant je suis sûr que tu n'as aucun mal à l'imaginer clôturer un défilé de Haute Couture. Parce qu'elle a définitivement quelque chose d'unique et d'à part, cette robe. Et pas seulement parce qu'elle te donne du fil à retordre. » Oh, Flora saurait probablement lui pardonner cette plaisanterie facile, à peine moqueuse. C'était simplement sa façon de lui dire que oui, il cernait tout le potentiel derrière cette robe, d'autant plus maintenant qu'elle semblait voir le bout d'un certain nombre de blocages. Elle aurait toute sa place sur un podium, définitivement.
« On mange un bout ? » James se redressa avant d’acquiescer de la tête, laissant à sa cousine le bon soin de déballer les sacs remplis de leur dîner et dont des effluves appétissantes s'échappaient depuis déjà plusieurs minutes. « Ce serait dommage que j'ai parcouru toute cette distance pour rien. » Il insista sur le ton de la plaisanterie, alors qu'ils avaient déjà convenu que non, il n'avait pas eu à faire tant de chemin que ça pour mettre la main sur ce repas, ce qui ne lui aurait de toute façon pas fait de mal, à lui qui restait bien trop souvent entre les quatre murs de son atelier et ne prenait pas suffisamment de temps pour prendre l'air et se dégourdir les jambes. « Tu avais créé la robe de Cristina, non ? » La question aurait sûrement pu le surprendre, dans un tout autre contexte et alors que ça n'était pas un sujet que Flora et lui évoquaient tous les jours, mais ici il croyait deviner la raison derrière cette interrogation. « Oui, je l'ai faite sur-mesure pour elle. C'était impensable à mes yeux qu'elle porte une robe qui ne soit pas de moi. » Il le tolérait lorsque Cristina voulait varier des robes entreposées dans sa garde-robe et qui pour la plupart avaient été conçues de sa main, mais pour un jour aussi important il va de soi qu'il ne l'aurait pas accepté. L'héritier de la plus fructueuse Maison de Couture australienne n'aurait pas pu confier la conception de la robe de sa promise à des mains étrangères : personne ne l'aurait compris. « Tu veux bien m'en parler ? » Il reconnaissait bien là sa curiosité et son envie d'apprendre, conscient qu'elle espérait glaner des informations utiles et des détails précieux, dans l'espoir peut être d'éclairer la conception de sa propre robe d'un jour nouveau. Et c'est précisément pour ça qu'il ne ferait l'impasse sur aucun d'eux, James. « J'ai commencé les premiers croquis huit mois avant la cérémonie, alors que Cristina s'occupait d'une grande partie du reste des préparatifs. Je m'y suis consacré tous les soirs, parfois des nuits entières, sans jamais lui donner le plus petit aperçu de ce que j'étais entrain de créer. Je voulais que l'effet de surprise soit intact, le jour où je lui présenterai mon idée, parce que pour une fois c'était pas qu'une robe qu'elle admirerait un jour au cours d'un défilé. Je te laisse imaginer à quel point elle a été intenable. » Il précisa dans un rictus amusé. C'est parce que cette robe se voulait unique, tant dans sa conception que dans sa symbolique, qu'il voulait que Cristina ait une vue d'ensemble, aussi difficile avait-ce été de dompter son impatience pendant qu'il travaillait dans le plus grand secret sur sa future robe. « Je savais déjà ce qu'elle voudrait, et ce qu'elle détesterait. Je savais par exemple qu'elle voudrait bien moins d'une robe de princesse comme en rêvent toutes les petites filles, que d'un modèle qui lui ressemblerait vraiment et qu'on ne verrait pas sur toutes les mariées. » Elle avait toujours voulu briller, Cristina, mais pas comme n'importe quelle mariée le voudrait le jour le plus important de sa vie. Pour elle, se distinguer avait toujours été primordial, tout autant que marquer les esprits. Il savait où se plaçaient ses exigences et ses espoirs, et il savait qu'il ne pourrait en aucun cas les décevoir. « C'est pour ça que je suis parti sur une robe intrigante, audacieuse, qui conférerait à sa silhouette une touche de sensualité. La dentelle devait être la plus fine possible, la taille la plus ajustée, la traîne la plus imposante. Je savais que Cristina voudrait qu'on se souvienne de cette robe comme de la robe et de notre mariage comme du jour où tout le monde n'a eu d'yeux que pour elle. Alors je savais que la simplicité n'était pas une option et qu'elle serait la mariée la plus resplendissante de la saison. Ce qu'elle a été. » Pas seulement aux yeux de tous les invités, mais aussi de la presse, qui s'était plus qu'épanchée sur les festivités et n'avait pas manqué de saluer l'élégance de la jeune mariée, dont la robe avait forcément été scrutée plus que pour n'importe quel autre mariage, en raison de son créateur de mari. « Tout ce que tu dois retenir, c'est que ça a été beaucoup de travail. Et beaucoup de pression, forcément. J'avais tellement d'ambition pour cette robe que j'aurais été incapable de tout finaliser dans les temps si j'avais pas pu compter sur l'aide de certaines couturières, ici, à Weatherton. L'une d'elle avait exactement les mêmes mensurations que Cristina, ce qui a beaucoup facilité les essayages sur les dernières semaines. » Ainsi, une fois que sa femme avait validé ses croquis et le modèle de la robe, James avait pu lui donner vie et ne lui faire découvrir le résultat qu'une fois la robe parfaitement terminée. Il y avait bien eu quelques dernières retouches, mais elles avaient été minimes. « Au final, connaître parfaitement les attentes de ma cliente m'a permis de nouer un lien encore plus particulier avec cette robe. Tu n'en as peut être pas encore vraiment fait l'expérience pour l'instant, mais tu verras que les tenues que tu créeras pour des occasions très spéciales auront toujours quelque chose de plus précieux, à tes yeux. » Tout simplement parce que le symbolisme serait différent, comme chaque fois qu'ils créaient pour une personne qui leur était chère ou pour un événement important. James n'oublierait jamais la fierté qu'il avait ressenti en voyant Cristina dans sa robe, le jour de leur mariage. Tout était peut être loin d'être parfait depuis ce jour, mais ce sentiment-là demeurait intact. « Inutile de préciser que je me ferai une joie de t'habiller pour ton propre mariage, un jour. Mais la vérité c'est que je suis certain que tu en serais tout aussi capable toi-même. » Il précisa en lui glissant un regard en coin, simple manière de dire qu'elle avait largement le talent nécessaire pour voir très grand et qu'à force de pratique et de persévérance, il n'imaginait pas quoi que ce soit pouvoir l'arrêter.
Flora Constantine
la petite souris
ÂGE : trente-et-un ans (21.07.1993) SURNOM : flo sonne comme une évidence, elle entend également constantine de temps à autre STATUT : elle a du mal à y croire mais flirte le parfait amour avec Elijah. il est celui dont elle a toujours rêvé, et il fait d'elle la plus heureuse des petites souris MÉTIER : ses rêves abandonnés, elle est à présent barista au dbd en journée et barmaid à l'electric playground le soir LOGEMENT : au #03 james street à fortitude valley. elle partage cet appartement avec Millie, des cochonneries entassées dans les placards et de précieux rouleaux de tissus dans un coin du salon POSTS : 526 POINTS : 0
TW IN RP : ptsd, achluophobie, maladie, deuil. mentions : overdose, addiction, drogue, relation abusive GENRE : Je suis une femme ORIENTATION : Je n'aime que ma moitié. PETIT PLUS : née à Sydney, elle vit à Brisbane depuis ses six ans › terrible cuisinière, elle mange toutes les cochonneries qui lui tombent sous la main › rêve de devenir styliste › elle a développé une peur phobique de l'obscurité suite à un accident de voiture › artiste, elle passe des heures à dessiner tous les jours › elle adore les animaux, peu importe qu'ils soient mignons ou non › maladroite, deux pieds gauches et un sourire innocent pour s'excuser d'avoir renversé votre café › elle rêve de voyages et d'évasion › très douce, grande enfantDISPONIBILITÉ RP : Je suis disponible pour RP CODE COULEUR : #7380B5 RPs EN COURS :
ELIORA › you still know of dawn, but you always return. when you hid under my black wings, they couldn't have protected you from anything. once in flight they would have let go. you would have once again wound up below. only broken, indeed, its wrong to keep you near me. one could call me cruel and deceiving, but in your sacred air i am full of light.
CONSTANTINE › under the surface, you don't know what you'll find until it's your time. no second chances but all we can do is try. i made up my mind. i can't see you but i hear your call. baby, hold on now, we're going home. if we make it or we don't, we won't be alone. if you're waiting all your life, you won't ever go. when I see your light shine, i know i'm home.
« Disons qu'on n'est jamais à l'abri de se recevoir des projectiles en pleine face. Je crois qu'il est pas bien difficile de deviner ce qui a pu pousser certaines de mes anciennes assistantes à fuir. » Ses lèvres se ourlent progressivement et elle échappe un souffle amusé à la remarque. Elle s'amusait toujours de la façon dont l'entourage de James le percevait, dont ceux qui posaient leur regard sur lui voyaient en l'artiste un homme complexe et au caractère difficile. et s'il n'était pas facile pour autant, Flora ne le considérait pas comme désabusement compliqué - et ce même en ayant assister à certains de ses échanges avec autrui. Son jugement était sans conteste altéré par sa relation avec son cousin, mais elle réagissait différemment aux mots qui s'échappaient d'entre ses lèvres et à la façon qu'il avait de se comporter. Elle le taquinait et souriait discrètement quand beaucoup courbaient l'échine face à ses discours, et se le permettait uniquement car elle savait que James l'aimait davantage qu'il ne pouvait lui en vouloir - bien qu'il n'avait jamais cherché à le pousser dans ses retranchements pour autant. Ses précédentes assistantes, avant Millie, avaient sûrement été trop prises à coeur par le comportement du directeur artistique, désabusées par son sang chaud refaisant surface sans prévenir, et elle soupçonnait avec une quasi certitude tous les contrats d'avoir pris fin d'un commun accord. Elle ignorait le détail de chacun d'eux, ne tenait pas à le connaître, mais savait que si les chemins des deux collaborateurs s'étaient séparés alors James l'avait souhaité - et s'il l'avait voulu, impossible que l'employé de l'autre côté de la table ait pu vouloir rester. « J'en ai jamais blessé aucune, je tiens à préciser. » Elle sourit un peu davantage à cette précision, lui accordant un regard complice du coin de l'oeil. Il lui arrivait d'hausser le ton et de sortir les griffes, mais elle savait qu'il ne ferait jamais de mal à qui que ce soit - pas dans ce cas de figure, toutefois. Encore moins à une femme. Il intimidait plus qu'il ne mordait, de son point de vue. « Non, je sais. Tu crées bien mieux que tu ne vises. » le taquine-t-elle avec une moue coupable, aussi bien pour le rassurer si cela semble nécessaire, que pour l'embêter un peu. Elle savait, après être passée le voir dans ses ateliers quelques fois, que la multitude de boulettes de papier à côté de ses poubelles témoignait de ses talents inexistants pour les lancés de projectiles quel qu'ils soient. « Heureusement il y a un avantage considérable à dessiner ce genre de modèles sur notre temps libre : on peut prendre notre temps sans devoir à tout prix rentrer dans des délais. » Il avait raison. Personne n'attendait après elle pour cette robe, personne ne lui tiendrait rigueur d'un délai quelconque, et ce pour la simple et bonne raison que personne ne la savait en cours de fabrication - à son exception près. « J'ai cette chance là, c'est vrai. Pas que je sois dispensée de la pression pour autant. » Elle pouvait la laisser de côté des mois, des années si l'envie lui prenait, et cela ne frustrerait qu'elle. Évidemment que Flora voulait la terminer au plus tôt, mais cela ne tenait qu'à elle. « Bien sûr, c'est satisfaisant de boucler un projet quand on a couru après le temps et fait face à beaucoup d'autres contraintes. Mais j'aime pouvoir simplement accorder à un modèle le temps qu'il mérite. Le repenser des dizaines de fois, le peaufiner encore et encore. » et c'est pour cela qu'elle aimait tant parler avec lui en seul à seul. Ils ne se ressemblaient jamais autant que dans des moments comme celui-ci, et elle ne se sentait jamais aussi comprise qu'en parlant de tissu en sa compagnie. et elle savait, par dessus tout, qu'elle ne l'importunerait jamais à lui faire part de ses doutes ou même à réfléchir à voix haute. « Tu as raison. » Elle croise son regard, un sourire passant sur son visage. « Personne ne l'attend, sauf moi. et c'est amplement suffisant. » admet-elle sans se défaire de son sourire, comme pour adoucir les propos qu'elle tient à son propre égard. « Je suppose que j'en serais plus fière encore quand je la terminerais. » Elle est suffisamment impatiente et exigeante avec elle-même sans songer à la pression d'un tiers, même si Flora s'en languirait. Mais pour l'heure, personne n'avait jamais attendu après elle pour une tenue, si ce n'est l'héritier Walker - qui attendait toujours, soit disant passant. Mais Elijah est arrangeant et n'a pas la moindre contrainte de temps, et Flora est satisfaite de l'allure à laquelle avance leur projet. Il est le premier client idéal.
« Il me parle parce que j'arrive à saisir les intentions derrière ce modèle. » - « J'aime que tu me dises ça - et encore plus parce-que je sais que tu le penses. » précise-t-elle à son tour dans un sourire bienveillant. Cela la rassure que lui aussi prenne plaisir à laisser ses yeux et ses pensées divaguer sur cette pièce, arrive à la cerner à sa manière. Après tout, elle n'aurait pu rien évoquer à James et cela n'aurait pas été une fatalité - cela arrivait parfois, mais Flora aurait forcément été un peu déçue qu'il ne puisse être en mesure de l'aider et de comprendre ce qu'elle cherchait à transmettre. Mais au contraire, son cousin lui mettait la puce à l'oreille et lui faisait part de la manière dont lui la voyait, l'aidant ainsi à faire un pas vers l'avant pour poursuivre sa progression. « C'est comme ça, avec certains modèles. On a l'impression de te retrouver face à un rubik's cube où on aura beau tourner dans tous les sens, on aura l'impression de stagner. Jusqu'au moment où en tournant les bonnes pièces, tout le reste se débloquera. » Elle devait persévérer pour cela, mais le travail ne l'avait jamais effrayée. Elle parviendrait à bout de cette robe, peu importe le temps que cela prendrait, et ce à quoi elle finirait par la destiner - la poussière ou la lumière, le feu des projecteurs ou le confort d'une housse dans une armoire. Elle n'en savait rien, ne préférait pas y penser pour le moment. Le destin de cette robe n'était pas ce qui la préoccupait le plus, au contraire, et la brune n'y avait même jamais songée. « Ça t'arrive souvent ? De peiner à trouver la bonne combinaison pour aller de l'avant ? » l'interroge-t-elle doucement, se demandant s'il s'agissait là d'une chose que l'on apprenait à dompter avec le temps ou s'ils demeuraient éternellement à la merci de leurs propres idées. Elle aimait l'illustration du casse-tête aux facettes colorées, et savait que l'avancement de la robe connaîtrait une nette progression lorsqu'elle serait parvenue à bout de certains obstacles. L'instant suivant, Flora s'était mise à esquisser, à la fois grossièrement et avec précision, les traits d'une nouvelle coupe sous l'oeil attentif du brun penché par dessus son épaule, laissant son crayon retransmettre ses idées. La question de la couleur avait suivi celle du drapé, et Flora s'était surprise à marquer une pause avant d'avouer l'avoir conservée par défaut, réalisant avec un délai que James venait de viser juste - mieux qu'en lançant des crayons. Il avait pointé du doigt ce détail qu'elle avait fait basculer au second plan, alors que l'une des solutions qu'elle cherchait était sous son nez depuis le départ. Depuis ses premiers assemblages et ses premiers croquis, une clé de sa création attendait simplement d'être vue. et il l'avait désigné avec un naturel déconcertant. « Mais on sait tous les deux que ça prendrait pas autant aux tripes, tout ça, si c'était facile. » Bien sûr que non. Si tout était facile, ils ne se seraient jamais attardés sur cet univers. et s'ils pestaient régulièrement, en tous bons perfectionnistes, ils savaient pour autant que rien de tout ça ne ferait de sens s'ils ne froissaient pas des feuilles par dizaines dans des excès de frustration. « Tu penses que tous les artistes ont ce côté un peu maso ? » demande-t-elle en laissant l'amusement ponctuer ses dires, n'attendant pas vraiment de réponse à son interrogation moqueuse.
et finalement, les déclics se faisaient grâce à peu de choses. Tout était une question de point de vue et de détails, comme souvent dans leur milieu, et elle sentait déjà ses épaules s'alléger à l'idée d'avoir rendu sa journée bien plus productive en l'espace de quelques minutes. « Toi seule décideras au bout du compte de garder ou non cette couleur. Mais pour ce que ça vaut, la combinaison marche vraiment bien. » - « Je trouve aussi. » Elle appréciait la nuance de ses suggestions, le rappel qu'il prenait le temps de préciser, et ce dans un soucis de ne pas altérer ses idées et simplement de les aider à éclore au grand jour. Il veillait à lui faire comprendre de suivre ce que lui dictait son coeur et sa tête et à ne pas suivre au pied de la lettre les remarques dont il lui faisait part - elle demeurait libre d'en faire ce qu'elle voulait. « Je fais que relever ce que j'ai perçu en voyant cette robe. C'est le fruit de ton travail et de ton imagination, pas les miens. » Un sourire tendre s'étire en direction de son cousin, à l'image d'un remerciement qu'elle ne prononcera pas directement à voix haute - elle est fière, autant que lui aussi peut l'être, et aime se reposer sur son expérience et sa sagesse lorsque l'occasion lui en est donnée. Elle est fière de ce qu'elle parvient à accomplir, mais n'en oublie pas pour autant à qui elle doit sa chance. « Ne sois pas si modeste. » - « Et maintenant je suis sûr que tu n'as aucun mal à l'imaginer clôturer un défilé de Haute Couture. Parce qu'elle a définitivement quelque chose d'unique et d'à part, cette robe. Et pas seulement parce qu'elle te donne du fil à retordre. » Ses joues se teintent à cette idée, et sa tête a un bref mouvement de recul avant qu'elle n'échappe un rire tout à fait nerveux. Elle ne voyait pas ses créations sur un défilé ou un podium - elle en rêvait, certes, mais ne le considérait pas réellement. Son visage se secouant de gauche à droite, elle appuie une moue aussi lourde de reproches qu'elle n'est amusée sur son cousin. « et maintenant, tu es trop sûr de toi. » le taquine-t-elle en retour, gentiment moqueuse à son tour mais pas moins flattée. Elle l'est sincèrement, trop pour s'attarder sur le sujet, trop pour oser songer à voir son idée sur les courbes d'une mannequin qui marcherait pour clôturer un défilé de Haute Couture. Est-ce que cela arrivait, un jour ?
« Ce serait dommage que j'ai parcouru toute cette distance pour rien. » Ils se redressent et Flora entreprend d'ouvrir les sacs pour en sortir leur contenu, bien décidée à récompenser les efforts de son cousin et à leur faire honneur. « N'est-ce pas. » appuie-t-elle avec un sourire, se reportant sur les poches en kraft. Elle sort les différents contenants tièdes, encore fumants pour certains, et les leur distribue. S'attribuant une portion de nouilles et ouvrant au milieu de la table une barquette de raviolis à la vapeur à partager, la nourriture fut bientôt à leur disposition et les baguettes prêtes à être employées. Mais, insatiable et curieuse, Flora n'accorde pas vraiment de répit au brun et l'interroge doucement sur la robe portée par Cristina lors de leur mariage. Oh, elle savait qu'il l'avait créé, mais voulait aborder le sujet sans le mettre mal à l'aise ni trop le surprendre - il devinerait bien rapidement pourquoi elle l'interrogeait à ce sujet. « Oui, je l'ai faite sur-mesure pour elle. C'était impensable à mes yeux qu'elle porte une robe qui ne soit pas de moi. » et venant de lui, elle n'était pas surprise. Comment aurait-il pu en être autrement, et qui aurait bien pu être à la hauteur d'une telle tâche si pas lui ? Aucune robe n'aurait pu être aussi parfaite que celle de la mariée le jour de leur union, et tout le monde - la presse y compris, avait été forcé de constater que le créateur avait fait fort pour marquer le coup. et il s'agit précisément de la raison qui pousse la brunette à lui demander plus de détails, désireuse d'en apprendre davantage sur son procédé de création, preneuse de détails pouvant l'aider à mieux percevoir sa robe maintenant qu'elle considérait de la voir pour ce qu'elle était réellement. « J'ai commencé les premiers croquis huit mois avant la cérémonie, alors que Cristina s'occupait d'une grande partie du reste des préparatifs. Je m'y suis consacré tous les soirs, parfois des nuits entières, sans jamais lui donner le plus petit aperçu de ce que j'étais entrain de créer. Je voulais que l'effet de surprise soit intact, le jour où je lui présenterai mon idée, parce que pour une fois c'était pas qu'une robe qu'elle admirerait un jour au cours d'un défilé. Je te laisse imaginer à quel point elle a été intenable. » Un sourire étire ses lèvres sur cette dernière remarque. Elle sait déjà, à la façon dont il prend la parole, qu'il ne sera pas avare de détails et ses baguettes attrapent silencieusement un ravioli tandis qu'elle l'écoute avec toute l'attention dont elle peut faire preuve. James avait dû gérer la robe et celle qui la porterait, et elle imaginait sans grand mal les tensions ayant pu naître à l'époque au cours de certaines soirées où l'une se montrait trop impatiente et l'un trop silencieux. La période avait sans aucune doute été difficile à gérer sur bien des aspects, sans parler du lot d'imprévus du quotidien. « Je savais déjà ce qu'elle voudrait, et ce qu'elle détesterait. Je savais par exemple qu'elle voudrait bien moins d'une robe de princesse comme en rêvent toutes les petites filles, que d'un modèle qui lui ressemblerait vraiment et qu'on ne verrait pas sur toutes les mariées. » Pour sûr, James avait travaillé dur pour cette robe. Pour donner vie à ce dont Cristina pouvait rêver et ce sans lui demander explicitement, pour créer une pièce qui les ravirait tous les deux ainsi que les yeux de tous ceux qui la rencontrerait. Flora ne pouvait qu'imaginer l'ampleur du challenge et des responsabilités qui avaient pesé sur ses épaules, bien consciente que sa femme n'avait jamais été - et n'était toujours pas, des plus faciles à conquérir. Ils se ressemblaient bien là-dessus, n'étaient pas faits pour se contenter du minimum - bien à l'opposé. « C'est pour ça que je suis parti sur une robe intrigante, audacieuse, qui conférerait à sa silhouette une touche de sensualité. La dentelle devait être la plus fine possible, la taille la plus ajustée, la traîne la plus imposante. Je savais que Cristina voudrait qu'on se souvienne de cette robe comme de la robe et de notre mariage comme du jour où tout le monde n'a eu d'yeux que pour elle. Alors je savais que la simplicité n'était pas une option et qu'elle serait la mariée la plus resplendissante de la saison. Ce qu'elle a été. » À l'image d'une petite fille devant son film d'animations favori, la plus jeune des Constantine mangeait distraitement ce que saisissaient ses baguettes en restant pendue aux lèvres de son cousin, un sourire étirant ses lèvres de temps à autre avant de les laisser reprendre leur ligne habituelle. La mariée la plus resplendissante de la saison, elle l'avait été. « Elle avait été superbe. » souffle-t-elle à voix basse, sans l'interrompre mais tenant à le lui dire, même si ce n'était pas la première fois. « Tout ce que tu dois retenir, c'est que ça a été beaucoup de travail. Et beaucoup de pression, forcément. J'avais tellement d'ambition pour cette robe que j'aurais été incapable de tout finaliser dans les temps si j'avais pas pu compter sur l'aide de certaines couturières, ici, à Weatherton. L'une d'elle avait exactement les mêmes mensurations que Cristina, ce qui a beaucoup facilité les essayages sur les dernières semaines. (...) Au final, connaître parfaitement les attentes de ma cliente m'a permis de nouer un lien encore plus particulier avec cette robe. Tu n'en as peut être pas encore vraiment fait l'expérience pour l'instant, mais tu verras que les tenues que tu créeras pour des occasions très spéciales auront toujours quelque chose de plus précieux, à tes yeux. » Elle n'en doutait pas. Flora n'en avait pas encore fait l'expérience, mais se voyait offert un aperçu en collaborant avec Elijah pour sa première création destinée à une autre personne qu'elle même ou qu'un proche prêt à se sacrifier. James avait su cerné les attentes de Cristina car il la connaissait mieux que quiconque, et elle aussi espérait pouvoir un jour user de cet ascendant en concevant une tenue. Les paroles de son cousin sont sages, et la brune les laisse résonner dans son esprit avant de remuer distraitement ses baguettes dans ses nouilles. « Merci pour ça James. Crois moi, je te préviendrais le jour où je repenserais à cette conversation en créant pour quelqu'un. » Car elle n'était pas prête de l'oublier, même si elle ne dégageait probablement rien d'exceptionnel aux yeux de celui qui la racontait. Elle était particulière pour elle, et la façon qu'il avait de s'exprimer avec une fierté certaine l'aspirait à pouvoir le faire à son tour. Quand le moment viendrait. « Inutile de préciser que je me ferai une joie de t'habiller pour ton propre mariage, un jour. Mais la vérité c'est que je suis certain que tu en serais tout aussi capable toi-même. » Elle sourit à nouveau, de cet air timide et tendre qu'elle affiche en compagnie de ceux avec qui elle se sent en confiance, parcourant les yeux du trentenaire une seconde. Elle sait qu'il pense ses moindres mots, et cela n'a cesse de la flatter et de la réconforter dans ses capacités : elle en avait besoin, de temps en temps, pour rebooster sa confiance en elle et en ses projets. « Je n'oserais jamais m'habiller pour mon propre mariage, même si bien des choses ont le temps de changer d'ici là - je garde ta proposition dans un coin de ma tête. » avoue-t-elle en appuyant ses propos d'un clin d'oeil complice.
rainmaker
the innocence of my lips ☽ smear the innocence of my lips, feel you bruising me its boundless, you kill me and show me a world i feel whole in, never felt closer to demise, floating over all the stop signs and still i write pages of promise and cadence its quite alright baby