Son frère n'aurait pas pu lui demander un cadeau d’anniversaire normal, du genre de ceux pouvant plaire à un adolescent de seize ans comme un jeu vidéo ou des figurines pop ? Pourquoi est-ce qu'ils ne font jamais rien comme les autres familles surtout, c'est bien la question à se poser et précisément celle que Carl se pose en repensant à la promesse faite à Keefe. Défiler pour lui au Brisbane Fashion Show ? Autant lui demander de se jeter tout habillé dans un fleuve ou de se déguiser en citrouille géante au prochain Halloween, Carl aura moins peur du ridicule. C'est nouveau, ça, que son jeune frère se mette en tête de l'aider à vaincre ses complexes comme s'il pouvait sérieusement contrôler ça à distance, depuis le fin fond de leur Irlande natale. Si c'est une façon de garder un œil sur lui depuis son passage à tabac ce n'est pas la peine car défiler sur un podium ne le rendra pas moins capable de s'attirer des ennuis partout où il va, tout ce qu'il risque d'y gagner c'est à la limite un peu plus confiance en lui et encore, pour ça il faudrait que tout se passe bien. Et puis Carl n'a aucune envie de voir les rôles s'inverser avec Keefe veillant sur lui comme un ainé devrait le faire, même s'il a bien prouvé par le passé qu'il était incapable de prendre soin de son petit frère, comme Hector n'a jamais manqué de le lui rappeler. Il veut bien faire Keefe, seulement l'aider à s'endurcir pour que la prochaine fois il soit capable de regarder un type dans les yeux quand celui-ci voudra lui refaire le portrait – et si accessoirement il pouvait être capable de rendre au moins un coup de ceux qui lui seront assénés, ce sera aussi une petite victoire en soi. Son frère ne l'encouragerait jamais à se battre mais il attendrait de lui qu'il ne se laisse pas faire, ce qui ne risque pas d'arriver tant qu'il n'aura pas amorcé un semblant de paix avec lui-même et avec ce corps qu'il a eu trop souvent tendance à offrir comme punching-ball à ceux qui voulaient s'y défouler. Un corps qu'il lui faudrait enfin accepter au lieu de détourner le regard de son reflet chaque fois qu'il le croise dans un miroir, pour ça le chemin sera long et semé d’embûches mais visiblement, pour Keefe, la première étape de ce long parcours se doit d'être sa participation au grand défilé du moment. Lui, mannequin d'un jour sponsorisé par la Maison Weatherton ? Il n'y croit tellement pas en le disant, ce monde-là n'est pas le sien et Carl s'y connait autant en mode qu'en amour de soi – c'est dire. Il l'a promis pourtant, c'est bien censé signifier quelque chose même si pour Carl, ça veut surtout dire que les prochaines heures vont être synonyme d'angoisse absolue.

La dernière fois qu'il est passé entre les mains d'un styliste et d'un coiffeur c'était pour la grande finale d'House of Secrets il y a deux ans et qu'on se le dise, ça ne lui avait pas manqué. Chaque semaine à l'approche d'un prime le même processus s'enclenchait et il n'a pas franchement hâte de renouer avec ce petit rituel, pas plus qu'il n'a hâte de découvrir la tenue qui lui sera remise en admettant qu'il ne se dégonfle pas à la toute dernière minute comme il en a un peu trop souvent l'habitude. Point positif : il ne pourra pas partir en courant quand la pression sera trop forte car il n'ira pas bien loin avec cette béquille greffée à sa main et ce genou qui se remet doucement des assauts de la brute Moriarty, croupissant actuellement en prison à son grand soulagement. Qu'il y reste surtout, il n'y a qu'en le sachant entre les quatre murs d’une cellule que Carl peut respirer et sortir de chez lui sans craindre qu'il ne vieille finir le travail. Et d'ailleurs, qui a dit qu'on ne pouvait pas défiler avec une béquille ? Le garçon aimerait bien que ça le dispense mais il ne faut pas rêver, quand James Weatherton se disait prêt à offrir sa chance à tout le monde il parlait certainement aussi des éclopés dans son genre. Il n'a donc aucune excuse ni aucun empêchement à faire valoir pour lui permettre de s'éclipser, pas même une petite Maya à aller chercher à l'école car il fallait bien sûr que le défilé tombe sur l'un de ses jours de congés, sinon ce n'est pas drôle.

Hésitants sont les pas que le garçon aligne à travers les jardins botaniques alors que son regard se reporte tout autour de lui pour admirer ce décor de fleurs, juste avant de se rappeler que c'est ici-même qu'il sera amené à défiler et que ces sièges de chaque côté du podium ne resteront pas vides très longtemps. Imaginer mettre un pied devant l'autre sur celui-ci lui parait insurmontable et à la peur grandissant en lui vient s'ajouter son éternelle maladresse, avec un Carl complètement perdu répandant encore et toujours le désordre sur son passage. « Oh non excusez-moi.. je fais tout tomber. » Il ne sait même pas à qui il s'adresse, s'excuser lui semble juste bien normal après avoir emporté avec lui un bambou placé là et prenant pourtant aussi peu de place que lui. Décidément les plantes ne sont pas ses amies mais Carl le déplorera plus tard, dans l'immédiat il a un appel vidéo à passer à celui qui l'a embarqué dans toute cette galère. « Bon Keefe t'es vraiment sûr que tu préfères pas une nouvelle console pour ton anniversaire ? Parce que c'est beaucoup trop stressant là, je vais pas y arriver. » Son frère ne va pas aimer l'entendre mais Carl ne serait pas vraiment Carl s'il ne partait pas défaitiste dès qu'on lui demande de sortir de sa zone de confort. Défiler ne le tuera pas, il y prendra peut-être même du plaisir mais sur le moment le garçon le voit juste comme un mur bien trop haut à franchir. « Ah non, hein ! Tu m’as promis que t'allais faire ce défilé alors tu peux pas abandonner comme ça ! Fais-le pour maman si tu l'fais pas pour moi. » Comme c'est petit de le prendre par les sentiments mais comme c'est malin aussi, sachant que Carl ferait vraiment tout pour redonner le sourire à sa mère et pour lire une lueur de fierté dans ses yeux qui ne laissent hélas plus transparaitre grand-chose. « Allez quoi, sois courageux au moins une fois dans ta vie. » « Pfff. » qu'il expulse en gratifiant son frère d'une grimace boudeuse. Il s'avoue peut-être bien vaincu mais que Keefe ne se réjouisse pas trop vite, il prendra sa revanche dès que l'occasion lui en sera donnée. C'est donc officiel, il foulera ce podium d'ici quelques heures et cela sans même savoir comment s'y prendre, quelle démarche adopter ni quelle expression afficher. Il a encore tout à apprendre Carl mais il a surtout des choses à se prouver, comme le fait qu'il n'est pas moins capable qu'un autre de monter là-dessus pour effectuer les pas les plus symboliques de sa jeune vie. De la motivation le garçon en aurait plus facilement trouvé en lui si sa mère et son frère étaient venus l'encourager en personne mais ils suivront tout ça sur les réseaux sociaux et c'est au moins un soutien sur lequel il pourra compter, peut-être même le seul, aussi lointain puisse-t-il être.

Peu à peu les jardins se remplissent et Carl, lui, en devient toujours plus pâle. Son frère lui fait d’ailleurs remarquer qu’il a une tête de déterré mais le stress n’est pas connu pour lui aller très bien au teint, un passage par la case maquillage sera donc indispensable si le garçon ne veut pas prendre le risque d’effrayer son public tout à l’heure. Il lui faudrait déjà s’inscrire, confirmer noir sur blanc qu’il fera bien ce défilé mais pour ça Carl gagne encore du temps tandis qu’une supportrice surprise fait sa grande entrée dans les jardins. Murphy est toujours la plus remarquable à ses yeux, certaines choses ne changeront jamais alors c’est tout naturellement que son regard dévie vers elle. « Tu fais quoi ici ? File t'habiller ! » Carl ouvre de grands yeux avant de se laisser entraîner on ne sait où, espérant sans doute que Murphy l’emmènera loin d’ici mais il ne faut quand même pas rêver. « Murphy mais tu- » Il questionne sa présence comme sa tenue avant de se souvenir de leur récent échange sur instagram, et de sa découverte faite ce jour-là. « Ah mais oui tu connais le gars qui organise tout ça, toi. » Ne lui demandez pas le nom du type Carl a bien trop peur de l’écorcher, alors qu’il figure pourtant un peu partout autour de lui. Un génie cet homme, si c’est à lui que l’on doit l’étonnante tenue de Murphy. « Si tu fais un commentaire autre que "Murphy j'adore ta robe", je te tue. » Elle n’en aura pas besoin car c’est évidemment la première chose qui a attiré l’œil du bonhomme – il serait en même temps difficile de passer à côté avec toutes ces fleurs et ces froufrous, lui donnant l’air de sortir tout droit d’un conte de fées. « Ta robe est incroyable c’est vrai, on dirait une princesse. » Un timide sourire anime ses lèvres et ce que Carl se garde bien d’ajouter c’est qu’elle porte ici l’une de ses couleurs préférées. Le garçon se penche alors légèrement vers elle pour porter une main sur l’accessoire fleuri que Murphy arbore au niveau de ses cheveux, mais pas seulement. « Ça se voit même plus ton.. » D’un geste maladroit Carl désigne son œil, où la cicatrice s’il y en a une se trouve être subtilement camouflée. Il ne peut pas en dire autant de son côté car ces béquilles rappellent à elles seules la matinée d’horreur chez la blonde mais au moins Carl peut à nouveau marcher, comme un modeste coup de chance dans son malheur. « Tu vas participer, pas vrai ? Y'a qu'une bonne réponse à cette question. » Une réponse que le garçon tarde pourtant à fournir, sauvé (ou pas) par l’impatience de son jeune frère à l’autre bout du fil. « Carl ?.. Carl tu parles à qui ? » Keefe, il l’aurait presque oublié. Ce dernier ne doit plus rien y comprendre mais il lui expliquera tout ça à un autre moment, quand il ne pourra officiellement plus lui mettre la pression avec ce défilé. « Euh.. je te rappelle plus tard, bye. » Et c’est sans même un sourire pour l’adolescent que Carl raccroche, connaissant trop bien son frère pour savoir qu’il ne l’aurait pas lâché de sitôt. « C’était mon frère. Il veut absolument que je fasse ce défilé mais avec les béquilles ce serait beaucoup trop compliqué.. hein ? » Peut-être bien qu’il se cherche des excuses, peut-être bien aussi qu’il n’a pas totalement tort et qu’on a quand même connu plus pratique en la matière. Mais il s’est engagé à le faire, quel frère ignoble il serait s’il renonçait maintenant. « Je voudrais être capable de le faire mais j'ai peur d’être ridicule, surtout si t’es là. » Disons que c’est une difficulté supplémentaire à prendre en compte car se ridiculiser devant un public serait déjà compliqué, mais se ridiculiser devant Murphy serait la honte absolue. Et s’il tombait ? On ne présente plus sa maladresse et son équilibre n’a jamais été fameux, donnez-lui en plus des fringues un peu trop guindées et il ne garantit pas de rester sur ses deux jambes plus de trente secondes. « Toi tu participes pas, si ? Parce que ce serait pas juste pour toutes les autres, on verrait que toi sur ce podium. » C’est bien un compliment, oui, simplement à la sauce Carl. Il aura beau chercher tout autour il ne trouvera aucune robe plus belle que la sienne et accessoirement aucune fille la portant aussi bien, mais ça c’est un peu l’évidence.

Tout son paysage s'éclaircit à la vue de @Murphy Rowe que l'univers semble avoir envoyé pour le remotiver ou pour le perturber, les deux sentiments se confondant bien vite chez le garçon. Son apparition pourrait faire ressurgir les souvenirs d'une matinée d'honneur mais il n'en est rien, sur le moment Carl ne pense pas à cette chambre dont il a bien cru ne jamais ressortir vivant, pas plus qu'il ne pense aux larmes versées par Murphy ce jour-là. Le choc des images est laissé de côté alors que les yeux du garçon se posent avec admiration sur la somptueuse robe arborée par son amie, dont il ne se lasse pas d'admirer les détails et qu'il ne verra probablement sur aucune autre aujourd'hui. « Elle est belle hein ? Regarde. » La robe est belle c'est vrai mais que dire de Murphy pour qui elle semble avoir été spécialement créée. C'est peut-être bien le cas après tout puisqu’elle compte le célèbre couturier parmi ses fréquentations, c'est d'ailleurs la première fois que Carl la voit aussi habillée et même s'il s'est émerveillé sur une photo où elle portait nettement moins de tissu il doit avouer que le look princesse lui plait aussi beaucoup sur elle. Qu'est-ce qui ne lui va pas au final, il se le demande. « T'auras le droit de la garder ou tu devras la rendre à la fin ? » Aura-t-il l'occasion de la voir porter cette robe en dehors du cadre de ce défilé ? Il ne dirait pas non Carl et se rêve d’ailleurs déjà en prince venant la capturer chez elle pour l'embarquer sur son beau cheval blanc, lui qui n’a pas l’ombre d'un scooter ou d'une voiture dans la réalité. Finalement le sourire de Murphy s'estompe quand il s'attarde sur la marque rendue invisible à son œil et c'est le seul commentaire que Carl s'autorisera à faire sur le sujet, sentant bien qu'il ne remue rien de très bon chez elle comme chez lui. « Et d'ici quelques temps, ça sera plus qu'un mauvais souvenir. » Plus qu'un souvenir oui, mais ce sera encore trop. Il préfèrerait grandement oublier Carl, sortir cet épisode entier de sa mémoire car il n'en peut déjà plus de voir la figure déformée par la rage de Seth chaque fois qu'il ferme les yeux. C'est quand il est seul le soir dans sa chambre que c'est le plus difficile, quand il n'a plus rien dans quoi s'évader et que la seule compagnie sur laquelle il peut compter se trouve être ses jeux vidéo. Les nuits avec Murphy tout comme ses bras lui manquent alors qu'il n'a sûrement jamais autant eu besoin de s'y réfugier. Il le pourra bientôt à nouveau, c'est tout du moins ce qu'il espère.

Tout ça c'est bien beau mais Carl ne sait toujours pas si ce défilé se fera avec ou sans lui. Son frère compte sur sa participation, bien plus qu'un cadeau d'anniversaire c'est un grand pas en avant que Keefe s'attend à le voir franchir et Murphy ne tarde pas à se rallier à sa cause, déterminée tout comme le plus jeune des Flanagan à le faire grimper sur ce podium aujourd'hui. « Tu seras parfait. T'as un visage superbe, des cheveux géniaux. » Il reste un instant désemparé Carl, car ça fait quand même beaucoup d'adjectifs auxquels il ne s'identifie pas du tout. Le garçon tourne même machinalement sur lui-même pour vérifier tout autour de lui qu'elle ne parle pas d'un autre, avant d'intégrer que Murphy le voit peut-être avec d'autres yeux que ceux qu'il pose habituellement sur lui. « Tout ça, tu.. t'es sûre ? » Il doute d'être parfait dans son rôle de mannequin d'un jour Carl, autant qu'il doute de son visage superbe et de ses cheveux géniaux. Ce n'est pas ce qu'il voit tous les jours dans le miroir et pas non plus le genre de compliment qu'il reçoit très souvent, pourtant venant d'elle ces mots réchauffent un peu son petit cœur et le font presque se sentir beau. Presque seulement, et ça ne dure pas plus d'une seconde. "Ça changerait de tous ces moments où on entend qu'elle." Une voix s'élève lorsqu'il demande à Murphy s'il sera question d'un défilé en ce qui la concerne, celle d'@Ambrose Constantine dont l'arrivée capte plus d'un regard autour d'eux parmi lesquels celui particulièrement intrigué de Carl. « Tu n'entends que moi parce que tu ne fais attention qu'à moi. Carl, je te présente Ambrose, mon plus grand fan. » Il ne sait pas quoi penser de l'intervention de cet Ambrose car la dernière fois qu'un type s'est immiscé sans crier gare entre eux les choses ont sacrément mal tourné. Carl se méfie à présent des gars que Murphy peut connaître mais ce gars-là a un sourire assez rassurant, pas comme la brute Moriarty qui s'était jeté sur lui avec un visage terrifiant. « Oh euh.. salut. » Il lève une main pour le saluer dans un geste hésitant et se fend d'un sourire à son tour, sans encore rien savoir du lien pouvant unir le dénommé Ambrose à Murphy. "T'as de la chance de déjà être coiffée. Et déjà ravissante." Il se crispe légèrement Carl quand ce type la complimente et il est certainement ridicule de se sentir en compétition avec la terre entière dès qu'il est question de Murphy. "Vous devriez défiler ensemble. Si vos tenues sont accordées, bien sûr." Carl n'y avait étrangement pas songé de son côté, partant du principe depuis le départ qu'il ferait ce défilé tout seul et qu'au mieux Murphy l'encouragerait parmi les spectateurs. Vues sous cet angle les choses le séduisent forcément bien plus même si s'accorder à elle et égaler en prime sa splendeur lui semble être mission impossible. « C'est-à-dire que.. j'ai pas encore de.. » tenue, non, mais tout peut très vite changer. « Il te faut une tenue de la même couleur que la mienne ! Je vais nous trouver ça, ça sera magnifique. » Il ne demande qu'à le croire Carl et dans le pire des cas Murphy sera magnifique pour deux, comme elle s'emploie déjà à l'être au quotidien. "Je vous encouragerai dans la foule." Tout compte fait cet Ambrose est plutôt sympa, c'est d'ailleurs grâce à lui s'il peut maintenant espérer fouler ce podium au bras de Murphy alors il lui doit une fière chandelle quand il y pense. Si ce gars peut être toujours là pour faciliter les choses entre eux Carl l'engagera sans souci, ça n'aurait même rien d'étonnant quand on sait dans quoi passe déjà son argent. « C'est gentil, oh je pourrai te confier l'une de mes béquilles du coup ? Si je défile ce sera qu'avec une je pense. » L'idée étant d'avoir une main de libre pour tenir celle de Murphy dans l'hypothèse, là encore, où il ne se dégonflerait pas avant d'avoir posé un pied sur ce podium.

Tout parait bien sûr plus attrayant en se disant qu'il ne le fera pas seul mais ce projet reste pour Carl un pas conséquent à franchir, un défi de taille qu'il n'est toujours pas certain de pouvoir dignement relever. "Dis toi que tu ne seras pas le plus jeune." Il ne sait pas si c'est censé le rassurer mais bizarrement, ça fonctionne. « En revanche, tu seras le plus beau. » Même si ce n'est pas vrai et qu’il y aura un tas de garçons plus beaux que lui Carl veut y croire et se dire qu'il le sera au moins à ses yeux. Ces mots le font rougir puis baisser les yeux, il pensait avoir tout entendu aujourd'hui mais Murphy n'en finit pas de semer le désordre dans ses pensées. « Je sais pas trop.. » En réalité il sait qu'une seule réponse est acceptable à ce stade, et son choix est déjà plus ou moins fait. « S'il te plaît Carl, s'il te plaît s'il te plaît s'il te plaîîît... » Ses yeux remontent lentement vers elle avant que toute sa silhouette ne se redresse à son tour, comme étirée par un élan d'assurance soudain. « Bon d'accord, il annonce tout en ayant bien conscience qu'il ne peut à présent plus reculer, si tu le fais alors je le fais aussi. » Il va le faire oui. Pour Keefe, pour Murphy et même pour Ambrose qu'il ne connait ni d'Eve ni d'Adam mais dont les encouragements ont eu leur petit effet sur le bonhomme. « Je suis content qu'on puisse le faire tous les deux. » qu'il confesse timidement à l'oreille de la blonde dont il aimerait aller chercher la main sans pour autant oser. Son courage a quand même ses limites mais il progresse Carl, il y a encore un mois jamais il n'aurait été capable d'entreprendre le moindre défilé. « Alors euh.. on la cherche cette tenue ? J'y connais rien donc je te fais totalement confiance, j'essaierai ce que tu trouveras. » Autrement dit il ne fera pas son difficile pourvu que ça plaise à Murphy car c'est à travers son regard que Carl se verra et aura une chance de ne pas se sentir trop laid ou ridicule. Alors qu'il tourne la tête les yeux du garçon repèrent @Flora Constantine se faufiler en coulisses, une très bonne amie à lui travaillant pour la maison Weatherton et à laquelle il adresse un rapide signe de la main ainsi qu'un sourire. C'est ensuite sur une jeune photographe, @Zoya Lewis, que Carl s'attarde un instant sans même réaliser que celle-ci vient de les immortaliser et ce n'est pas plus mal, quand on sait qu'il ne s'accorde pas la moindre photogénie et fuit généralement les objectifs comme la peste dès qu'il doit passer devant.