« J'annule notre soirée, Seth. Je dois me lever tôt demain matin. » En attendant, Murphy enfile ses plus jolies boucles d'oreilles. Elle est habillée comme une jeune femme de son âge qui s'apprête à sortir et pour une fois, la blonde a délaissé ses robes tapageuses au profit d'une petite robe bordeaux dans laquelle elle est rentrée tout en douceur. La robe semble avoir été dessinée pour elle tant elle tombe bien et Murphy est assez émue de pouvoir la compter parmi ses possessions sans l'avoir volée quelque part. Non, c'est avec son premier salaire qu'elle s'est achetée cette robe qui, malgré sa simplicité, souligne parfaitement sa silhouette. Elle n'a pour autant pas abandonné son maquillage qui hurle "wannabe nouvelle riche", alors qu'elle vit encore dans un appartement miteux aux murs couverts de moisissure. Elle n'a rien dans son frigo, espérant certainement que le petit buffet auquel elle se rend lui permettra de faire l'impasse sur la case commissions.

D'un geste d'habituée, penchée sur le miroir crade de sa salle de bain, Murphy met une dernière touche de rouge sur ses lèvres. Elle n'a pas encore appris l'adage qui veut que les dames de la haute ne se cachent pas derrière des tonnes de fards et qu'elle choisissent entre rouge à lèvres et yeux maquillés. Perchée sur ses talons hauts - volés, ceux là - elle choisit un sac et délaisse le collier offert par Seth. Il est trop voyant. Ce soir, elle se fait voir avec une invitation donnée par ses nouveaux amis chez Weatherton. Rien ne la retient plus dans cet appartement pourri. Plus rien, sinon la mine boudeuse de son petit-ami. « Fais pas la gueule. J'ai des obligations, maintenant. » Comme celle de se constituer un petit annuaire de noms importants. Elle en avait déjà un avant, mais rayait les noms au fil du temps. A force de coucher avec tous les vieux types grisonnants de tout Brisbane, elle a fini par se constituer une réputation plutôt légère. Et franchement, personne ne la prendra au sérieux si elle continue de flirter avec tous les types qu'elle rencontre - même s'ils portent une rolex au poignet et une alliance qui crie "nid à problèmes". De toute façon, sa fidélité ne va plus qu'à Seth, désormais.

Rassemblant clefs, téléphone et spray au poivre, Murphy vient se planter devant son idiot d'amoureux. Son regard est important, après tout. C'est après avoir lissé un pli sur sa robe qu'elle l'interroge du regard, feignant que ce dernier n'est pas plus important que cela pour elle. Parce qu'aucun commentaire ne vient, la blonde lève les yeux au ciel et tourne sur elle-même. Elle connaît très bien la vue qu'il préfère. « Je rentrerai pas tard. T'as qu'à m'attendre en faisant à manger, tiens. Y'a rien dans le frigo. » Elle sourit de toutes ses dents, ravie de le savoir confiné dans cet appartement, condamné à l'attendre comme une bonne petite femme au foyer. Oh, comme les rôles s'échangent vite.

« J'annule notre soirée, Seth. Je dois me lever tôt demain matin. » Elle annule la soirée pour être en forme demain matin, mais elle a clairement l'allure d'une nana qui s'apprête à sortir en boîte. Tu dis rien pourtant. Tu feras certainement pas partie de ces mecs chiants qui empêchent leur meuf de s'amuser. Tu ne supporterais pas que Murphy le fasse également. Mais c'est son petit air qui se croit au-dessus de tout le monde qui te fait sérieusement chier. Surtout qu'elle se pense mieux que toi, ça, c'est insupportable. Elle est aussi pathétique que tu peux l'être et c'est ce qui fait de votre couple une vraie réussite. « Fais pas la gueule. J'ai des obligations, maintenant. » Elle devrait juster fermer sa gueule et s'en aller. Ça éviterait bien des conflits, mais non Murphy doit l'ouvrir encore. Elle doit encore plus piquer. Oh non, tu ne vois certainement pas la fierté qu'elle dégage. Tout ce qu'elle dégage c'est une arrogance. Obligations, et puis quoi encore ? « Sucer des queues ? » C'est la seule obligation qu'elle a l'air d'aller accomplir ce soir avec son déguisement d'escort - une escort de mec riche, mais une escort quand même. Elle a pas besoin de sortir ni même de faire le moindre effort pour accomplir ses obligations. Tu te portes volontaire sans problèmes. C'est moins humiliant que de s'agenouiller pour avoir un salaire. Non ? Chacun son truc faut croire. « Je rentrerai pas tard. T'as qu'à m'attendre en faisant à manger, tiens. Y'a rien dans le frigo. » Très très drôle. C'est un rire gras qui s'échappe d'entre tes lèvres. Le pire dans tout ça, c'est qu'elle est absolument sérieuse. Fallait se caser avec quelqu'un d'autre si elle avait envie d'une petite pute qui ferait tout ce que madame veut. Vous aviez déjà convenu de ça lors de votre dernier date raté, non ? Que t'étais pas son chien, que tu ne comptais pas lui obéir au doigt. C'est quoi ? Elle a déjà besoin de se faire rafraîchir la mémoire ? Parce que tu comptes pas te gêner pour le faire.  « Parce que tu crois que j'vais rester gentiment à t'attendre ici pendant que toi tu t'amuses là-bas ? » Non sûrement pas. Elle aurait aussi pu te demander de l'accompagner, histoire de te garder à l'oeil. Mais c'est pas faux que ça aurait été gênant d'hériter du rôle de la personne qui surveille la porte des chiottes pendant qu'elle suce son patron pour avoir une nouvelle robe. Tu peux déjà plus blairer ce mec tellement Murphy n'a que son prénom en bouche. Il a l'air d'une tapette. Tu mettrais vingt piges qu'il pleure après avoir joui. « J'me lève pas tôt moi demain matin. J'serais rentrée après toi j'suppose. » que tu ajoutes en haussant les épaules. Si elle a envie de jouer à ça, allons-y. T'es même prêt à rentrer trois jours plus tard juste pour qu'elle arrête de jouer la connasse. Pas avec toi.

Heureusement que Murphy se trouve jolie. Qu'est-ce que ça aurait été, si les remarques atroces de Seth avaient en plus de cela détruit son ego ? Devant le miroir, la blonde remet en place sa frange et s'assure que son maquillage soit absolument parfait. « Sucer des queues ? » Ses yeux clairs dardent Seth et Murphy cherche dans son esprit une réplique plus piquante que celle de son petit-ami. Rien ne vient, alors Murphy se retourne vers le miroir pour essuyer le coin de sa bouche scandaleusement rouge. « Pas sucer la tienne en tout cas. » Faut-il qu'il soit toujours agaçant ? Faut-il qu'il n'ait que des mots méchants à l'aube de la réussite de sa petite-amie ? Murphy s'y est habituée. Les remarques et les piques n'abîment presque plus sa manière de voir le monde. Du moins, c'est ce dont elle se persuade, blindée par des années de pratique à se faire cracher dessus par les hommes comme par les femmes - fantasmée par les uns, jalousée par les autres. Au fond, son estime s'écorne un peu plus à chaque fois, comme le mur qui encadre sa fenêtre. Petit à petit, la croûte de plâtre s'effrite, si quotidiennement qu'on ne se rend désormais plus compte qu'il manque en fait toute un morceau du mur.

La jeune femme s'équipe de son plus joli sac à main, celui qu'elle ne sort que pour les grandes occasions. Peut-être qu'un jour, elle pourra se payer un sac de grand créateur. « Parce que tu crois que j'vais rester gentiment à t'attendre ici pendant que toi tu t'amuses là-bas ? » « Ouais ? » qu'elle lance, sourire aux lèvres. Ah, ce n'était pas le programme ? La blonde vient se planter devant son petit-ami, lequel a visiblement décidé de l'emmerder copieusement histoire qu'elle ne file pas tout de suite. « J'me lève pas tôt moi demain matin. J'serais rentrée après toi j'suppose. » Dans un grand soupir, Murphy lâche son sac au sol. « Le gros bébé boude ? Tu veux un câlin ? » Sans lui laisser le choix, Murphy se glisse sur les genoux du presque-trentenaire qui s'est approprié son canapé. Elle enroule, collante au possible, ses bras autour du cou du concerné. « Y'a quoi ? T'as un problème avec le fait que je sorte sans toi ? » Son sourire s'efface alors qu'elle couvre les joues de Seth de baisers. « T'es pas content que je me fasse mon propre blé ? » Qu'il soit content ou pas, c'est exactement pareil.

« Pas sucer la tienne en tout cas. » Tu m'étonnes. Tu ricanes un coup alors qu'elle fait semblant de ne te donner aucune attention en se retournant vers le miroir pour poursuivre ses préparatifs pour cette charmante soirée où elle a jugé bon que tu ne l'accompagnes pas. T'es sûrement pas assez bien pour pouvoir t'afficher avec elle. Ce serait con que tout le monde sache ce qu'elle est vraiment. Ça t'fait rien. Pas encore du moins. Ça viendra sûrement. Murphy a toutefois choisi d'être très très marrante ce soir alors qu'elle joue la nana supérieure qui donne des ordres en son mec qui doit gentiment attendre qu'elle revienne à la maison. « Ouais ? » Non, ça va pas le faire. Tu comptes pas passer toute tes soirées à simplement attendre après elle. Le statut de couple ne change rien à la dynamique déjà instauré entre vous deux. Tu comptes pas plus lui cuisiner son repas pendant qu'elle ramène de l'argent au foyer. Tu comptes pas être meilleur pour elle. Ça ne change absolument rien si ce n'est que la promesse de ne pas partager les draps avec une autre qui est encore intacte pour le moment. De toute façon, même avec une autre, c'est toujours Murphy que t'as eu dans la peau. « Le gros bébé boude ? Tu veux un câlin ? » Tu lèves les yeux au ciel. Ce qu'elle est chiante quand elle s'y met. Elle ne te laisse toutefois pas le temps de répliquer quoique ce soit qu'elle vient s'installer à califourchon sur tes genoux. Ses bras s'enroulent surtout de ton cou tel un serpent qui voudrait étouffer sa proie. Tes mains glissent instinctivement le long de ses cuisses, sous cette robe bien trop courte qui fera le bonheur de tous les vieux pervers de la place - toi y compris faut croire. « Y'a quoi ? T'as un problème avec le fait que je sorte sans toi ? » Elle pose des baisers à répétitions contre tes joues, laissant probablement des marques de son rouge à lèvres de pétasse au passage. « T'es pas content que je me fasse mon propre blé ? » Tu n'as autant rien à foutre qu'elle sorte sans toi et qu'elle gagne son propre blé. Même si elle est terriblement plus séduisante quand elle vole des portefeuilles incognito plutôt que quand elle va gagner son blé plus ou moins honnêtement - ouais t'es toujours pas très convaincu que ce grand de la mode a engagé Murphy pour ce qu'elle est simplement. « Fais c'que tu veux Murphy, mais arrête de m'faire chier avec ça. » Et arrête de te prendre pour la reine du monde parce qu'un seul mec te donne l'impression d'être importante. Elle l'est pas. Et ce n'est sûrement pas son but qu'elle se sente ainsi non plus. Murphy est tarée et elle s'invente des scénarios toute seule dans sa tête. Elle est déconnectée de la réalité voilà. Faut bien que quelqu'un lui rappelle où est sa place. « T'es belle. » que tu finis par lui dire à l'oreille alors que tes lèvres découvrent et redécouvrent encore sa nuque. Mh, c'est sans doute par ça que t'aurais dû commencer ouais. C'est elle qui a attaqué la première. Elle devait pas s'attendre à ce que tu restes assis sagement sans rien dire. « J'parie que tu vas t'emmerder là-bas. » Ouais, c'est chiant ce genre de soirée. Ça ne lui colle absolument pas à la peau. Elle finira bien par s'en rendre compte par elle-même. « Tu vas m'supplier de venir te chercher. » Dans tes rêves, ouais.

Le contact. C'est ça qu'elle cherche, au fond. Quand elle se pose sagement sur les genoux de son petit-ami. Quand elle enroule ses bras autour de son cou. Il y a des jours pendant lesquels Murphy est tentée de lui écraser la trachée, certaine que tout irait mieux si elle se débarrassait de ce garçon toxique avec lequel elle est plus toxique encore. Ils entretiennent la passion à grands coups de mots atroces. « Fais c'que tu veux Murphy, mais arrête de m'faire chier avec ça. » « Oh je te fais chier, là. » qu'elle marmonne contre les lèvres du brun, sourire accroché au visage. Ses doigts attrapent ses cheveux, l'obligeant à lever le menton. Elle adore l'avoir contre elle, surtout quand elle peut l'obliger à lever la tête. Elle déteste être dans la position inverse, quand c'est vers lui qu'elle doit lever le nez pour croiser ses yeux. Ce qu'elle se sent vulnérable, quand elle quémande son attention. Ce soir, c'est l'inverse. Ce soir, son ego est renforcé par la bouderie de Seth, qui n'a vraiment rien de mieux à faire que de retenir sa blonde contre lui tout en la repoussant de ses mots.

« T'es belle. » Elle allait filer, mais le voilà qui la rattrape avec des mots d'amour. Murphy sourit, la tête juste assez penchée pour découvrir un terrain qu'il connaît par cœur. C'est un pays dont il est le roi, l'unique souverain depuis quelques semaines déjà. « J'parie que tu vas t'emmerder là-bas. » « Je m'emmerde déjà ici. » qu'elle ricane, en bonne menteuse qu'elle est. Elle resterait presque si Seth n'était pas si piquant. Elle resterait si elle pouvait s'assurer qu'il ne changera pas d'humeur d'ici une dizaine de secondes. C'est le trait dont elle souffre le plus, son inconsistance. « Tu vas m'supplier de venir te chercher. » D'une main couverte de bagues en toc, elle attrape la mâchoire de Seth et fixe ses yeux dans ceux de son petit-ami. « J'ai rien besoin de supplier, tu le fais déjà super bien. » C'est ce qu'il est en train de faire, non ? Supplier qu'elle reste. Un sourire fend ses lèvres alors qu'elle le lâche, satisfaite de la réponse qu'elle croit lire sur le visage du brun. « Je te présente pas mon monde. Tu me présentes pas le tien. C'est mieux. » Elle refuse de briser la bulle qu'ils construisent de bric et de broc, contre vents et marées. Surtout, elle refuse qu'il brise et salisse l'idée qu'elle se fait du monde qu'elle apprend à connaître, celui dans lequel elle a sa place. Une place qu'elle a créée toute seule, sans l'aide de personne. Sans l'aide d'aucun homme.

« Oh je te fais chier, là. » Peut-être qu'elle fait très légèrement moins chier depuis qu'elle est installée contre tes genoux. Peut-être qu'elle est même carrément pas chiante du tout quand ses doigts tirent sans délicatesse sur tes cheveux pour que ton regard retrouve le sien au lieu de tout le reste. C'est une légère grimace de douleur qui tire tes traits - le genre de douleur-pas-vraiment-douloureuse qui est directement lié à ton entrejambe, ouais, le genre qui étire encore plus son sourire malicieux à elle, et le tien par extension. « Tu m'fais toujours chier. » que tu lui réponds alors que ton non verbale dit le contraire alors que tes lèvres lui dévorent la nuque. On fera pas genre qu'elle fait pas exprès pour t'emmerder ce soir, tous les autres d'avant, et tous les autres qui viendront. Elle va s'emmerder là-bas. Tu en es convaincu. Ou tu veux la convaincre par tes caresses qu'elle sera bien mieux ici. Y'a rien de bon pour elle là-bas - sauf de la thune gagnée plus ou moins dignement tu veux dire, bref chiant, chiant, ultra chiant. « Je m'emmerde déjà ici. » Elle ricane comme la parfaite petite arrogante qu'elle est. Arrogante, menteuse, ouais. Elle ne s'emmerde pas ici. Tu lui donnes même pas une heure à sa foutue soirée avant de mourir d'ennui. Elle va quand même partir, parce qu'elle est bien trop orgueilleuse pour l'admettre. « J'ai rien besoin de supplier, tu le fais déjà super bien. » Sa tête un peu trop satisfaite te fait serrer la mâchoire. N'importe quoi. T'es pas en train de la supplier de rester. C'est plutôt l'inverse. Elle est pas trop pressée de s'en aller pour une nana qui se fait chier hen. « Je te présente pas mon monde. Tu me présentes pas le tien. C'est mieux. » Et pourquoi pas ? C'était vrai à l'époque où vous n'aviez pas imposé de limite dans votre relation, où vous n'aviez pas officialisé le tout. C'est parce qu'il y a quelque chose qu'elle ne veut pas que tu vois ? Ou c'est toi qu'elle veut pas présenter ? Sans doute un peu des deux. « Ah ouais, j'oubliais à quel point tu vaux tellement mieux que moi. » Oh oui, bien sûr qu'elle à réussi à te piquer au vif. Si elle cherchait son congé pour aller à sa petite soirée, bah bravo, elle l'a eu. Tu l'as dégage toi-même de sur tes jambes pour qu'elle se relève. « T'es pas la putain de reine du monde parce que t'as un joli taf. » La reine des garces peut-être, sans plus. De toute façon, son joli taf plein de paillettes, c'est pas le genre de truc qui persiste dans le temps. Quand elle aura plus son joli petit cul, son patron verra plus l'intérêt de la faire pavaner dans ses robes qu'elle n'aura jamais le moyen de s'offrir. « Va à ta soirée de merde où personne en a rien à foutre de toi. » Au lieu de rester ici avec la seule personne dans ce monde qui se fout pas totalement d'elle.