Flashback - Juin 2021 Le chaos résonnait dans le monde, enfin, il avait l'air de surtout être partout où Olive était. Elle venait de prendre conscience de ce qu'elle venait d'accomplir, des choix qui venaient d'être pris comme si c'était une évidence pure. Ce n'était pas par manque de passion, ni par envie mais la pression était devenue bien trop intense pour qu'elle ne cède pas. Bien trop intense pour que la tempête n'explose en elle-même. Olive avait cédé, avait relâché l'ensemble du mal qui était en train de la consumer. Peut-être sans vraiment réfléchir aux conséquences inévitables, au fait qu'elle deviendrait la hantise de ses géniteurs ou tout autre façon de dire qu'elle ne serait qu'une ratée à l'avenir. Ça n'avait pas été facile de donner cette lettre de démission à l'université, ça n'avait pas été facile d'annoncer à son responsable à l'hôpital qu'elle ne reviendrait pas le lendemain. Cela avait été la décision la plus difficile de son temps, mais elle l'avait fait. Pour son propre bien avant tout. L'heure d'après, elle s'était écroulée. Le boomerang lui était revenu en pleine figure et son cerveau avait lâché prise. Elle se sentait si mal qu'elle n'avait pas réfléchie à la suite des événements et le cœur meurtri Olive avait décidé de faire la chose la plus insensée en suite : se rendre chez Midas. Venir s'échouer lamentablement sur son pas de porte. Midas avait toujours été là pour elle, Midas était son phare dans la nuit. Et aujourd'hui plus que jamais, elle avait besoin de lui. Besoin de ses mots, besoin de son soutien. Besoin de lui tout simplement. Alors, elle avait pris la direction de son domicile, se retrouvant le nez face à la porte. Elle avait frappé, plusieurs fois sans succès. Qu'elle était naïve, elle aurait pu tout simplement passer un coup de fil à son frère. Surtout qu'elle savait à quel point il pouvait être sollicité, à quel point il pouvait être constamment ailleurs qu'à son domicile. Ce qui prenait sens. Mais elle n'avait pas le courage de prendre le chemin inverse, de retrouver le néant de ses pensées. Alors elle s'était effondrée, les larmes ruisselant à pleine vitesse sur ses joues en même temps que le temps passé. Un instant de plus, et elle aurait pu emprunter le chemin de la maison familiale. Là où doucement, ses parents n’auraient pas compris. Là où malgré ses efforts constants pour rester toujours dans les bonnes grâces et suivre à la lettre les attentes de ses parents, elle serait devenue tout autre chose. Une parjure certainement. Ce qui n’était pas concevable, pas alors que son monde n’avait plus de sens. Elle était persuadée que tout cela finirait par la descendre davantage vers des abysses qu’elle ne voulait pas franchir. Pas encore, pas cette fois. La fragilité pesait en elle, prête à éclater sans relâche et sans retour en arrière possible. Elle ne savait plus quoi faire, ni quoi espérer de bon. Plus maintenant.

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Il faut croire que malgré l’organisation de titan que demande un festival, la plupart des professionnels travaillant à les mettre sur pied sont prêts à se plier en quatre pour certains noms connus, pour ceux qui sont identifiés comme des têtes d’affiche. Alors bien sûr, le label a passé toute la réunion à me répéter que dans ces conditions, je ne pouvais pas espérer la scène principale un vendredi ou un samedi soir mais il a vite été une évidence pour tout le monde que je m’en foutais. A mes yeux, je ne mérite même pas une telle attention, je ne mérite pas que des organisateurs à travers le monde réorganisent au mieux leur programmation pour me trouver une place au dernier moment. J’ai même du mal à considérer que je mérite mon public mais, sur l’heure, tout ça m’arrange bien. Que je passe un lundi soir sur la plus petite scène n’a pas la moindre importance tant que cela me permet de quitter le pays. Ce serait exagérer que d’attribuer à Jo et à son attitude envers moi tout le “mérite” de mon besoin de fuir, mais je ne peux nier qu’elle a été la goutte de trop, celle qui à fait déborder le vase de mon besoin de changer d’air.

Je n’écris plus rien et si mon manager a endormi le label, je sais qu’il n’est pas dupe. Je sais qu’il s’inquiète certainement plus que moi, et qu’il espère que quitter le pays pour me représenter sur les scènes du monde entier pendant plusieurs mois me permettra de retrouver l’inspiration. J’ignore si elle est absente ou si je n’ai simplement pas envie de la saisir. Ce que je sais, c’est que je n’ai pas écrit la moindre ligne et que je n’ai pas l’intention de m’y mettre. La réunion qui avait pour vocation de finir de boucler les différents détails de ma “tournée”’ s’est éternisée et, quelque part entre Chicago et Boston, j’ai perdu le fil de la discussion. Je ne suis devenu plus bon qu’à hocher la tête et accepter la moindre date, confiant dans le fait que toute la logistique serait organisée parfaitement sans que je n’ai à m’en inquiéter. ”Tout ce que tu auras à faire, c’est de chanter” m’a dit mon manager et, ça tombe bien, c’est ce que je fais le mieux.

Au sortir de la voiture aux vitres teintées qui me dépose devant chez moi, je fronce les sourcils. Mes yeux se posent sur la silhouette prostrée, assise devant la porte et qui a ramené ses genoux contre sa poitrine et je n’ai besoin que de faire quelques pas pour la reconnaître. « Oli ? » Ma petite sœur redresse la tête et j’aperçois son doux minois ruisselant de larmes. « Bon sang qu’est ce qu’il t’arrive ? » Je jette un coup d'œil aux alentours pour m’assurer de l’absence de photographes. Si nous restons trop longtemps dehors, je sais que nous les apercevrons bien trop rapidement à mon goût. « Rentre à l’intérieur avant qu’on te voit. » Je me moque des apparences : je n’ai juste pas envie que les vautours sautent sur l’image de ma jeune sœur en pleurs, surtout pas alors que j'ignore encore tout de ce qui la met dans cet état. Je déverrouille la porte et, une main posée à plat dans son dos, je l’invite à entrer avant de refermer derrière nous. Sans trop savoir comment l’aider, je la guide jusqu’au salon. « Tu veux quelque chose à boire avant de me dire ce qui te met dans cet état là ? » Je me moque des convenances : je me dit simplement qu'un verre d'eau ou une boisson chaude l'aidera peut-être à retrouver ses esprit. « Me dit pas que c'est encore à cause de ce raté. » Ce pauvre type qui lui a brisé le cœur il y a quelques mois.

L'impression étrange de perdre la tête. De ne plus savoir si la réalité est en train de se faire ou si tout cela n'est que le poids lourd de son imagination. Pourtant non, il n'est pas question d'autre chose que la simple vérité qu'Olive Sterling n'est qu'une lâche. Comme toute chose avait été prédite, elle n'avait pas eu le cran d'aller jusqu'au bout. Au bout de ses études pour lesquelles pourtant, elle était si fière. Enfin fière, surtout pour ses géniteurs qui attendaient toujours beaucoup d'elle. Faire mieux que les autres, être mieux que les autres. Rester dans les rangs, ne pas faire de vague. C'est de cette façon qu'elle avait toujours régis sa vie Olive. Jamais elle n'avait fait les choses autrement, jamais il n'avait été question de faire les choses par envie, mais surtout par ambition. C'est ce qu'on avait attendu d'elle et c'est ce qu'elle avait fait. Mais le débordement avait éclaté, les barrières de son esprit avait cédé faisant place à une multitude de faiblesses et de peurs. Ce ne serait certainement jamais le bon choix, jamais la bonne manière de faire, mais elle en avait eu un trop plein. Et dans ce trop plein de tout, elle avait décidé d'abandonner. Ce qui n'était peut-être pas la bonne décision, mais la panique avait réagit à sa place, laissant derrière tout ce qui pouvait être censé. Alors, elle se trouvait devant chez Midas, le cœur en miettes et les larmes coulant sur ses joues, ne pouvant mettre un terme à tout cela. L'espoir s'envolant aussi loin que possible. Et la solitude pesant plus que jamais sur le reste. Et le son de la voix de son ainé la sort de sa stupeur, la ramène doucement à la réalité du monde. Machinalement, elle essaie d'essuyer les gouttes d'eau sur son visage, comme si cela pouvait changer quelque chose, comme si tout cela était derrière elle, sans succès. Sa voix trembla alors qu'elle essaya de se calmer, alors qu'elle essayait de mettre de l'ordre dans ses pensées. Elle ne réagit qu'à peine alors qu'il l'incite à la suivre, à partir du porche sur lequel les forces de son corps l'ont laissées. C'est fou de ne plus être maître d'elle-même. Midas l'aide, et ça l'apaise un instant. Elle le suit, sans trop savoir quoi faire de plus à l'intérieur de son domicile. Il est là, et son esprit le comprend. Remettant en place les pièces du puzzle trop longtemps en vrac. « Je suis désolée.. » C'était fouillis, sans grand sens mais c'était pas cela qu'elle voulait commencer. Elle n'aurait pas dû débarquer sans le prévenir et elle le savait parfaitement. Mais il n'y avait pas eu d'autres solutions possibles à cet instant. Elle hoche timidement la tête, oui, un liquide ne ferait que du bien. Il a raison, elle a besoin d'être au claire avec ses pensées, d'être au claire avec ce qu'elle va pouvoir lui dire. Elle refuse de rester dans le secret avec Midas, il n'a jamais été question de ça. Alors, elle lui déballera l'ensemble de sa perte sur un tapis de rouge et sûrement de larmes. Mais c'était pour le mieux. « Pardon de débarquer comme ça, pardon de t'imposer ça. Je n'aurai pas dû. » Mais en même temps elle l'avait fait. Parce que c'était le meilleur choix jusque là. « Mais non, ce n'est pour une fois pas à cause de lui que je suis ici. » Olive, elle tentait de calmer sa respiration, de calmer ses pleurs et de garde contenance. Ce n'était pas chose aisé. Une inspiration. Puis une deuxième avant qu'elle ne se lance. « J'ai quitté la médecine Midas.. » et elle savait pas trop à quoi s'attendre de la réponse que pourrait lui fournir son ainé. La honte de son choix n'était pas au rendez-vous, c'était déjà ça en moins. Elle espérait simplement qu'il la comprenne, qu'il ne la juge pas et qu'au contraire il la soutienne. « C'était trop, beaucoup trop. Et j'ai paniqué. » C'était bien tout le problème. « C'est débile je le sais et je sais pas quoi faire Midas. » Et il n'aurait pas non plus la réponse, c'était certain. Mais Olive, elle tenait sa vie tellement en main que la perte de ce qu'elle était venait de briser quelque chose en elle, à jamais. Retour à la case départ, à vingt-six ans. Prenant les choix indécis d'une gamine immature. C'est de cette façon qu'elle voyait les choses Olive. Non autrement.

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« Je suis désolée.. » Je fronce les sourcils, incapable de savoir pourquoi elle me demande pardon. Elle ne me dérange pas, elle ne me dérange jamais et elle le sait : je doute d’avoir à le lui rappeler. Son pardon, il aiguise un peu plus ma curiosité sur ce qui la met dans cet état, ce qui la perturbe au point que je l’ai trouvée en train de pleurer devant ma porte. « Pardon de débarquer comme ça, pardon de t'imposer ça. Je n'aurai pas dû. » - « Arrête de t’excuser Oli. Tu sais bien que tu viens ici quand tu veux. » J’ignore pourquoi je ne lui ai même jamais donné un double des clés. Etant donnée ma notoriété, ce serait une mauvaise idée avec n’importe qui sauf elle : j’ai une confiance infinie en ma sœur. Je me promets même de rectifier le tir dès qu’elle ira mieux pour lui éviter de m’attendre en pleurant devant ma porte, en proie aux photographes, vautours venus rôder autour de chez moi en espérant me surprendre et avoir quelque chose à se mettre sous la dent. La prochaine fois que son abruti d’ex lui brisera le coeur - j’imagine déjà que c’est à propos de cet Adam, incapable de voir que sa détresse va bien au delà, elle pourra sécher ses larmes à l’intérieur, au moins.  

« Mais non, ce n'est pour une fois pas à cause de lui que je suis ici. » Ah. Surpris, je dépose mon téléphone sur la table et me laisse tomber sur un fauteuil pour ôter mes chaussures, mais sans la quitter des yeux. J’aurais presque préféré que ce soit le cas. Je ne suis pas du genre à aller botter le derrière de cet abruti à chaque fois qu’il fait pleurer ma petite sœur, mais au moins la situation aurait eu quelque chose de familier. Au moins, j’aurais su comment réagir. Là, je me sens con. Il va falloir m’aider, Oli. « J'ai quitté la médecine Midas… » - « Comme ça tu as… » « C'était trop, beaucoup trop. Et j'ai paniqué. » J’ai parlé trop vite, je l’ai coupée en plein élan et déjà, elle aligne des mots pour faire des phrases vides de sens, mais qui témoigne de sa détresse. Je me lève de mon fauteuil pour m’asseoir à côté d’elle sur le canapé, et je dépose une main à plat dans son dos. « C'est débile je le sais et je sais pas quoi faire Midas. » - « Calme toi.. Tu vas respirer déjà. » Quitter la médecine, qu’est ce que ça veut dire ? A-t-elle démissionné de l’hôpital ? Officiellement lâché l’université ? Depuis quand y pense-t-elle ? Jamais elle ne m’a parlé de ses doutes, ai-je manqué d’attention avec elle ? Suis-je tellement absorbée par mon quotidien que je n’ai pas vu qu’elle allait mal ? Doucement, je l’attire contre moi pour la prendre dans mes bras. « Il s’est passé quelque chose ? » Un patient qu’elle aurait perdu ? Une soirée à l’hôpital qui se serait mal passée ? Elle m’a toujours donné l’impression que la médecine était sa vocation, devenir chirurgienne son graal. A-t-elle menti à tout le monde, elle-même y compris ? « T’es loin d’être débile Oli. » Doucement je m’écarte d’elle en gardant mes mains sur ses épaules. « T’es même la plus maligne de la famille. » N’en déplaise à Oscar. « Je vais te faire un café. » Peut-être que ça l’aidera à retrouver son calme. « Et tu m’expliqueras ce qu’il s’est passé. Si t’en as envie. Si pas, on foutra un épisode de Friends à la télé. » Et je l’interrogerai plus tard, quand elle sera calmée.

Il n'a jamais été question de faire autrement, alors oui maladroitement Olive s'excuse. Elle a toujours eu ce sentiment constant de déranger, de ne pas être au bon endroit, au bon moment et ça a été le problème toute sa vie. « Arrête de t’excuser Oli. Tu sais bien que tu viens ici quand tu veux. » A vingt-six ans, elle se retrouve complétement paumée avec plus rien sur les épaules pour lui peser. « J'aurai au moins dû te prévenir avant de débarquer comme une fleur » Et tout cela aurait été bien plus censé. « Mais à vrai dire, je savais pas où me rendre, t'étais ma seule option. » Et clairement la meilleure option possible à cet instant. Olive, elle n'avait même pas réfléchie à une autre solution, à un autre endroit où se rendre. Depuis toujours, il n'avait été question que de Midas et ça n'était pas prêt de changer. Encore moins maintenant. Elle le suit tout en essayant de contrôler les sanglots qui n'ont visiblement pas du tout envie de quitter ses yeux. Elle n'a même pas envie de savoir à quoi elle ressemble en cet instant, c'est le cadet de ses soucis. Ses pensées tournant à plein régime dans sa tête. La voix douce de Midas la rassure mais ce n'est pas suffisant, pas tant qu'elle n'aura pas pu dire tout ce qui la tracasse, ou les choix difficiles qu'elle a encaissé depuis bien trop longtemps maintenant. Et pour une fois, ce n'est pas à cause de ses histoires de cœur, bien au contraire. Il y avait même longtemps qu'elle n'avait pas songé à Adam. Bien loin de son esprit depuis les derniers échanges houleux avec cet homme, et il était évident qu'Olive avait passé trop de temps à s'en plaindre à son frère pour qu'il puisse penser que c'est de nouveau de sa faute. Mais non, le sujet est bien différent malheureusement et Olive n'est pas certaine de la marche à suivre cette fois ci. Elle ne peut juste pas ignorer son cœur qui bat la chamade. Alors elle balance des mots dans tous les sens, ses idées se bousculant comme le vide qui ne veut pas se présenter dans son esprit. Elle est perdue Olive, même sur la bonne façon d'annoncer les choses à son frère. Comme s'il risquait d'émettre un jugement sur sa décision. Mais Olive, elle savait déjà qu'elle avait commis une erreur, elle n'avait pas besoin de sermon c'était certain. « Calme toi.. Tu vas respirer déjà. » La chaleur de son frère près d'elle calme les sanglots, au moins un temps. « Il s’est passé quelque chose ? » Elle soupire. « La pression a explosé. » Et c'était les mots justes. Hier tout allait bien, aujourd’hui, elle déposait sa lettre de démission auprès du doyen de l'université. Pire, devant le chef des internes et tout cela sans se retourner. Comme si elle avait pu un instant être si sûre d'elle, c'était ridicule. Simplement parce qu'elle était trop lâche. « T’es loin d’être débile Oli. » Mais c'était pas temps le problème, elle savait qu’elle avait les capacités pour réussir, mais c'était pas qu'une question de ça. Olive, elle n'avait surtout pas les épaules nécessaires pour supporter tout ce qui avait été créer dans ce chaos de vouloir trop bien faire, et elle s'en était rendue compte trop tard. « Je me dis juste que j'étais pas faite pour ça, que la barre était trop haute ou pas assez atteignable du moins. Que j'aurai pas dû vouloir viser si haut. » Parce qu'elle avait voulu faire plaisir à ses géniteurs et seulement ça. « T’es même la plus maligne de la famille. » Un nouveau soupire, même si elle devait avouer que c'était plaisant à entendre. « Et pourtant, je l'ai pas été assez pour m'en sortir. » Elle manquait clairement d'optimiste l'Australienne. Parce qu'elle était plus certaine de rien, encore moins d'être potentiellement plus qu'un autre membre de sa famille. Puisqu'à la différence, personne d'autre n'avait rencontré cette violente descente vers le ridicule et l'abandon. « Je vais te faire un café. » Elle acquise doucement, c'est peut-être pas une mauvaise idée après tout. « Et tu m’expliqueras ce qu’il s’est passé. Si t’en as envie. Si pas, on foutra un épisode de Friends à la télé. » Elle était reconnaissante du rôle que jouait actuellement son frère. Il ne pressait rien de cet échange, bien au contraire et Olive se rendait compte qu'elle n'avait pas non plus une hâche au dessus de la tête prête à s’effondrer au moindre faux pas. Bien au contraire, elle pouvait parler librement et réveiller ses pensées enfouies. Alors elle accepta d'abord pour elle-même de ne pas avoir peur d'affronter ce monde. « Merci Midas, infiniment. » Elle était sincère. « Et il faut que je trouve par où commencer. » Elle essuya d'un revers de main les dernières larmes qui étaient sur ses joues, reprenant un peu de confiance en elle. Prête à ouvrir son coeur.

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« J'aurais au moins dû te prévenir avant de débarquer comme une fleur. Mais à vrai dire, je savais pas où me rendre, t'étais ma seule option. » Je balaye sa remarque d’un geste de la main, avant de jeter mes clés sur le meuble de l’entrée et de retirer mes chaussures. A Olive, je jette un regard qui dit fais comme chez toi et pour cause : la famille est importante pour moi et la jeune femme encore plus. J’aspire à ce qu’elle puisse débarquer à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit sans se sentir obligée de s’excuser. « T’es la bienvenue. Respire maintenant, mets toi à l’aise, vraiment Olive, t’es ici chez toi. » Du reste, je ne sais pas comment aborder l’état dans lequel elle est, les larmes qui coulent sur ses joues et la panique qui émane d’elle. Je me sens démuni : je n’ai jamais été doué dans ce genre d’exercice. Moi, je préfère me dire que, généralement, une bière, un café et un bon repas peuvent régler la plupart des problématiques. Je ne sais pas quoi dire, comment aider mon prochain lorsqu’il est désemparé à ce point.

« La pression a explosé. » Je savais que ses études étaient prenantes et exigeantes. Il me semblait évident que sa vie n’était pas un long fleuve tranquille. Mais comment ai-je pu ne pas réaliser qu’elle ne pouvait pas en supporter plus ? Qu’elle était sur la corde raide et sur le point de chuter dans le vide ? Est-elle douée pour le cacher, ou suis-je passé à côté de signes avant-coureurs ? Je ne l’oppresse pas de questions, je lui laisse le temps de préciser le fond de sa pensée si elle le souhaite et, plus tard, s’il reste des zones d’ombres, je tenterai de comprendre mieux ce qu’il est arrivé. « Je me dis juste que j'étais pas faite pour ça, que la barre était trop haute ou pas assez atteignable du moins. Que j'aurai pas dû vouloir viser si haut. » - « Mais comment ça, tu aimais ce que tu faisais, non ? » Ai-je été aveugle à ce point ? Je sais qu’elle a toujours voulu briller aux yeux de nos parents, mais je n’ai pas soupçonné qu’elle puisse avoir basé jusqu’à son choix de carrière pour ça ou, en tout cas, uniquement pour ça. Est-ce qu’elle a gardé cette insupportable pression pour elle ? Je suis persuadée que, si je l’avais su ou vu plus tôt, j’aurais pu l’aider. « Et pourtant, je l'ai pas été assez pour m'en sortir. » - « Arrête, dis pas ça. » Ce n’est pas le moment de se fustiger : pas alors qu’elle est encore sous le coup de l’émotion. Alors, plutôt que de l’oppresser, je lui propose au contraire de l’aider à se calmer. Mon offre est finalement plutôt maigre - personne n’a jamais vaincu un burn-out (est-ce de ça qu’il est question ?) en regardant une épisode d’une série comique - mais je n’ai que ça pour tenter de l’apaiser. Je suis pris au dépourvu. « Merci Midas, infiniment. Et il faut que je trouve par où commencer. » Je hoche la tête, rassuré d’avoir quelque chose à faire, un début de solution qui se dessine, et je me dirige vers la cuisine. Je sers deux cafés avant de rejoindre ma jeune sœur au salon et d’attraper la télécommande pour parcourir le catalogue Netflix et lancer le show en question.


Pendant les premières minutes de l’épisode, je l’observe en silence. Je suis plus focalisé sur elle que sur ce qu’il se passe sur l’écran plat. Ce n’est qu’après une heure et parce qu’elle a cessé de pleurer que je finis par mettre la série sur pause, avant de la regarder et de poser ma main sur son épaule. « Ça fait longtemps ? Que tu te sens comme ça ? » Etait-ce au contraire le résultat d’un coup de tête ? Va-t-elle regretter ? « T’en a parlé à personne ? » S’est-elle réveillée un matin incapable de bouger et de se préparer pour aller bosser à l’hôpital ? « C’est l’hôpital qui était trop dur ?  » Elle n’a plus de cours à l’université, si ? « Il s’est passé quelque chose ? »

Il y avait au moins dans ce monde étrange, une personne sur laquelle Olive Sterling pouvait complétement se reposer. Midas avait toujours été là pour elle, toujours présent, dans les bons comme dans les pires moments. Son frère était son pilier, c'était un fait. Ça ne l'empêchait pas pour autant de se sentir injuste de débarquer ainsi dans cet état. Alors, elle ne cesse de s'excuser de son importune visite. « T’es la bienvenue. Respire maintenant, mets toi à l’aise, vraiment Olive, t’es ici chez toi. » Elle acquisse, comprenant que cela ne résoudra de toute manière pas le fait qu'elle est belle est bien présente dans le domicile de son ainé et qu'il n'a pas d'autre choix que d'ouvrir les bras face à cet être totalement perdu. La brune se laisse tomber sur le canapé comme si aucune force ne pouvait plus la tenir. Mais, elle devait au moins des explications certaines à Midas. Jusqu'à maintenant, elle n'avait pas pris conscience du drame qui était entrain de se jouer avec cette décision de mettre fin à tout ce qu'elle venait d'entreprendre. Sans solutions bien évidemment pour le futur. Mais demain continuerait et elle en était plus que jamais consciente à l'instant. Et effectivement, elle n'était pas en mesure d'atteindre l'évidence d'obtenir son diplôme de médecin. Elle n'était pas si forte que ça Olive, et elle en avait pleinement conscience. « Mais comment ça, tu aimais ce que tu faisais, non ? » Un nouveau soupire franchit ses lèvres, parce qu'au début la réponse lui paraissait évidente et elle aurait dû répondre sans même y réfléchir. « Je crois que non. Du moins, je le faisais pas pour moi directement, et c'était peut-être le problème. » C'était pas son rêve premier à Olive, loin de là même. Pourtant, c'était ce qu'elle avait l'impression de devoir faire. Pour plaire à ses géniteurs, pour être aussi immense qu'ils le voulaient. Ça n'avait pourtant eu que le résultat inverse. « J'aurai dû prendre davantage de temps avant de me lancer dans cette aventure, être certaine que je pouvais le supporter. » Elle reconnait volontiers et pleinement qu'elle a merdé. « Arrête, dis pas ça. » Il fallait pourtant se rendre à l'évidence. Et elle n'avait pas envie d'en rajouter davantage, se flageoler seule était déjà assez gros. La réalité était autre, et c'était le principal. Et elle accepta de se livrer, parce qu'elle se devait de mettre des mots hauts et forts sur ses choix. Elle ne le devait pas forcément à son ainé, même si ce serait plus simple pour lui de comprendre, mais elle le devait au moins pour elle-même.

Le temps d'un épisode lui fit du bien. Le temps de calmer les larmes sur ses joues et les sanglots dans sa voix. Le café lui réchauffe la gorge alors qu'elle occupe son esprit à autre chose que l'instant présent. Comme si elle avait pu, le temps d'un moment mettre pause au reste du monde. Comme l'épisode à cet instant qui se fige devant ses yeux. Elle n'avait pas fait attention aux regards de Midas, elle n'avait même pas fait vraiment attention aux dialogues de l'épisode. Son esprit avait juste cessé de fonctionner un instant. Le temps de reprendre contenance. Le contact de la main de son ainé sur son épaule la ramène doucement à la réalité. « Ça fait longtemps ? Que tu te sens comme ça ? » Les yeux bleues d'Olive viennent rencontrer ceux de son interlocuteur. « Mh. Ce sont des petites gouttes, qui n'ont fait que devenir un fleuve au fur et à mesure des mois. » Elle marque une légère pause pour être certaine que les larmes ne reviendraient pas. « Au début, c'était facile parce que j'étais plongée dans ce tourment. Entre les cours, l'hôpital, tout allait bien vite. A vrai dire, je n'avais même que peu de temps pour me rendre compte que le reste du monde était bien encore là. » Son visage se crispa à cette pensée. « Et le retour à la réalité a frappé. » Un haussement d'épaule, se rendant à l'évidence qu'elle avait trop longtemps croulé sous de mauvaises décisions. « T’en a parlé à personne ? » - « Non, jamais parce que j'avais pas prise conscience de l’impact que ça aurait. Qu'un matin, je déciderai de tout lâcher. » Elle souffla. « C’est l’hôpital qui était trop dur ?  » - « Est-ce que tu penses que ça fait de moi quelqu'un de lâche? D’égoïste? On attendait tellement de moi. » Que toute cette situation était entrain de lui fendre le cœur. « Il s’est passé quelque chose ? » Elle n'avait pas vraiment de réponse à ça. Du moins pas une réponse certaine puisqu'il n'était rien arrivé de dramatique. Elle n'avait pas malencontreusement tué un patient, ou s'était trompé de traitement non. Elle avait juste cédé à la pression. Ce qu'était peut-être inconcevable. « Je me suis rendue compte que je ne pourrai jamais être ce qu'on attend de moi. Que mes choix ont toujours été formatés et attendus et que ce n'est pas ce que je veux Midas. Tu comprends ? » Ou paraissait-elle vraiment folle à cet instant? Son frère était-il entrain de se rendre compte qu'elle n'était que faiblesse? Que potentiellement, elle méritait son sort? Elle ne saurait dire.

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J’avais peur de l’entendre. J’avais peur qu’Olive me confirme qu'elle n’a pas simplement découvert qu’au bout du compte elle n’était pas faite pour ça, mais qu’elle ne l’avait jamais été et qu’elle ne l’avait pas fait pour elle, ce choix. Bien sûr, lorsqu’elle est partie en école de médecine, mes parents étaient aussi ravis que gorgés de fierté. Mais ma sœur était si brillante et déterminée à réussir que j’ai cru qu’il était pour elle autant que pour les rendre fier d’elle, ce choix. J’ai cru que marcher dans les traces d’Oscar était le résultat d’un choix mûrement réfléchi, et pas le résultat de la pression que mon père et ma mère pouvaient mettre à la jeune femme. J’ai été le premier à la féliciter d’avoir été reçue, à lui dire que j’avais toujours su qu’elle était une sorte de petit génie et qu’elle était faite pour ça. Aurais-je dû être plus attentif ? Aurais-je dû lui poser plus de questions ? Aurais-je pu me rendre compte de tout ça ou bien Oli était-elle dans le déni, à cette époque ? Toutes ces questions, je me les pose en l’observant en coin, et je n’écoute pas un traître mot de l’épisode que j’ai lancé plus pour l’aider à descendre en anxiété. J’ai eu peur qu’elle fasse une crise de panique, une vraie, parce que j’aurais été totalement démuni. Suis-je réellement la personne dont elle a besoin pour gérer ce genre de choses ?

« Au début, c'était facile parce que j'étais plongée dans ce tourment. Entre les cours, l'hôpital, tout allait bien vite. A vrai dire, je n'avais même que peu de temps pour me rendre compte que le reste du monde était bien encore là. Et le retour à la réalité a frappé. » Finalement, elle s’ouvre et je l’écoute en tentant de comprendre les subtilités de ce qu’elle me raconte. Force est de constater que je dois être trop rustre ou trop idiot mais je m’en moque : tout ce que je veux, c’est être là pour elle. « Mais tu étais sincèrement heureuse quand tu as été reçue, non ? » Je ne cherche pas à la faire douter de son choix, simplement à comprendre quand le déclic a eu lieu pour savoir si j’aurais pu m’en rendre compte et l’aider. « C’est le rythme ? Tu subis trop de pression ? Parce que tu sais, personne te force à devenir chirurgienne dans je sais quelle spécialité super pointue. Tu peux tout à fait choisir une autre spécialité. T’as pas fait assez d’années d’étude pour te poser en tant que généraliste ? » J'essaye de trouver un compromis, une solution pour qu’elle arrête de pleurer parce que c’est insoutenable pour moi, de la voir aussi triste et perdue.

« Non, jamais parce que j'avais pas pris conscience de l’impact que ça aurait. Qu'un matin, je déciderai de tout lâcher. » - « Oli… Si tu te sens réellement comme ça, t’as bien fait de t’écouter. » Mais n’a-t-elle pas réagi à chaud ? Je me pose sincèrement la question, mais je la garde pour moi. Je n’ai pas envie de sonner comme nos parents, tout ce que je veux, c’est qu’elle soit heureuse. « Est-ce que tu penses que ça fait de moi quelqu'un de lâche? D’égoïste? On attendait tellement de moi. » - « Bien sûr que non. » Je l’attire vers moi pour enrouler ses frêles épaules de mes bras. « Je me suis rendue compte que je ne pourrai jamais être ce qu'on attend de moi. Que mes choix ont toujours été formatés et attendus et que ce n'est pas ce que je veux Midas. Tu comprends ? » - « Bien sûr que je comprends. J’ai grandi avec toi, tu te souviens ? » Je connais nos parents et leurs attentes inatteignables. Je connais Oscar et son arrogance. « T’es pas égoïste Oli. Tu dois faire tes choix pour toi, pas pour les autres, surtout quand il est question de choses si importantes que ça. » Sa carrière, ce n’est pas le genre de chose sur laquelle elle se doit de faire des compromis pour les autres. « C’est ta vie putain. Pas celle de papa et maman. » Elle ne les a pas nommés, mais de qui d’autres pourrait-il être question ? « Tu les as appelés ? » J'en doute. Elle aime être la petite dernière parfaite, la fille brillante et à qui tout sourit à leurs yeux.

Il était presque facile de s'en vouloir de ne pas avoir réaliser plus tôt et plus rapidement que le naufrage allait venir. Comme cet pauvre iceberg que l'on voit au dernier moment et qui déchire la coque et des milliers de vies. Oui, Olive elle aurait très bien pu comparer cette décision au naufrage du Titanic. Enfin, c'était plus subtil du moins. Mais c'était tout de même chaotique et elle n'avait pas idée de comment s'en sortir. Ce qui ne serait sûrement pas facile. Il y avait eu de l'espoir, bien évidement, elle avait espéré et même presque réussi à y croire assez pour s'en sortir. Mais contrairement aux autres, Olive n'était qu'une petite âme faible que le courant avait emporté bien trop facilement. Alors, c'est peut-être la partie la plus difficile qui s'ouvre à elle maintenant, le fait qu'il faut sortir les mots qui pèsent sur son cœur. L’exercice semble facile, parce qu'elle peut, entre autre être accompagnée. Parce que c'est Midas et qu'il a toujours été attentif. Olive, elle ne demande pas forcément à ce qu'il la comprenne, parce qu'elle-même ne se comprend pas à cet instant, simplement, elle espère pouvoir vider son sac sans trop de jugements. Et alors qu'elle lui raconte, elle comprend que ce n'est pas le cas, qu'il essai surtout de comprendre et de mettre dans l'ordre dans la petite bombe qu'elle vient de lâcher. « Mais tu étais sincèrement heureuse quand tu as été reçue, non ? » La réponse paraissait évidente, bien sur qu'elle avait été heureuse, parce qu'elle avait les capacités oui, mais sans vraiment s'en rendre compte. Comme si elle n'était pas certaine de pouvoir réussir un jour dans quelque chose. Toujours à trop douter. « Bien sûr que oui, j'étais même fière de moi. D'avoir eu l’opportunité d'intégrer l'université de médecine c'était quelque chose d'énorme. » Et pas seulement pour que les géniteurs Sterling soient fière d'elle. Parce que c'est ce qu'elle voulait, jusqu'à un certain point. « C’est le rythme ? Tu subis trop de pression ? Parce que tu sais, personne te force à devenir chirurgienne dans je sais quelle spécialité super pointue. Tu peux tout à fait choisir une autre spécialité. T’as pas fait assez d’années d’étude pour te poser en tant que généraliste ? » Les interrogations fusent alors que le bordel se sème davantage dans l'esprit de la brune. Elle essaie d'être la plus compréhensible possible, heureuse que les larmes aient cessées de couler à cet instant. « Je sais que tu as raison, mais je voulais atteindre l’inatteignable. Je voulais être votre fierté. Aux parents, à Oscar et encore plus à toi. » Parce que ce que chacun pouvait penser d'elle avait une plus grande importance que nécessaire dans la vie d'Olive. Elle avait toujours eu l’habitude, et peut-être que ce n'était pas la bonne façon de faire, mais la reconnaissance de sa famille était importante dans son quotidien. Mais à vouloir trop bien faire, il était facile de se brûler les ailes. « Je voulais réussir quelque part. Faire voir que j'étais assez douée pour ça. Mais j'sais pas si j'aurai le courage de revenir au début. De réapprendre. » Parce qu'elle avait décidé de suivre une branche et pas une autre. Et à vrai dire, elle n'avait surtout pas réfléchi aux conséquences si tout n'était pas possible. « Oli… Si tu te sens réellement comme ça, t’as bien fait de t’écouter. » Peut-être que Midas avait raison ou qu'il essayait de la convaincre qu'elle venait pas de tout lâcher pour rien. Les corps de Midas lui fait du bien, ses mots davantage même s'ils ne sont que l’écho des réponses qu'elle ne comprend pas.« Bien sûr que non. » ou bien sur que oui, mais il ne lui avouerait jamais de toute manière, elle en était certaine. Peu importe, c'était mieux que de se faire remonter les bretelles. Elle était pas certaine de supporter ça. Mais en même temps, elle pouvait pas non plus être mener comme une petite chose fragile. "Tu vaux mieux que ça Olive" Du moins, elle l'espérait. « Bien sûr que je comprends. J’ai grandi avec toi, tu te souviens ? » Olive hocha la tête. « Que trop bien oui. » - « T’es pas égoïste Oli. Tu dois faire tes choix pour toi, pas pour les autres, surtout quand il est question de choses si importantes que ça. » Si c'était si simple. Midas avait toujours eu cette facilité a prendre les meilleures décisions possibles pour lui, alors qu'Olive suivait bêtement ce qu'on attendait d'elle. Elle lui enviait largement cela. « Et j'sais que tu as raison, j'aimerai que ce soit si simple.» Mais elle sait tout bonnement pas faire. Elle a été formaté complétement autrement la benjamine Sterling. « C’est ta vie putain. Pas celle de papa et maman. » Elle le sait, elle le sait mieux que quiconque, mais elle veut qu'ils soient fières d'elle. Fières de son parcours et de ses compétences. C'est comme ça qu'elle voit les choses. « Tu les as appelés ?  » Elle secoue la tête négativement et bien trop rapidement. « Non. Non Midas, ils ne doivent pas savoir, pas maintenant, pas pour l'instant. » Là-dessus, elle en était certaine. Elle veut être certaine d'abord, comprendre et peut-être qu'après, elle le dira. Mais pour l'instant, c'est trop tôt. « Tu ne diras rien, tu le promets ?» Ce n'était pas à lui de le faire, il fallait pas que tout soit gâché, pas maintenant.

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Midas Sterling & @Olive Sterling

« Bien sûr que oui, j'étais même fière de moi. D'avoir eu l’opportunité d'intégrer l'université de médecine c'était quelque chose d'énorme. » - « Bien sûr que c’est énorme Oli. Et y’a rien qui changera jamais ça. » Ce que j’entends pas là, c’est que même un abandon aujourd’hui n’efface rien du mérite qu’elle a d’avoir été prise dans ce genre de cursus sélectif et d’en être arrivée là où elle est arrivée. Elle ne deviendra pas chirurgienne, et alors ? Ne peut-être pas se réorienter, si la carrière médicale l’intéresse toujours autant ? Quoi qu’il en soit, quoi qu’elle fasse, il n’y a rien qui changera la valeur qu’elle a à mes yeux. A mon sens, c’est une notion qui n’a rien à voir avec la richesse, le statut social ou une quelconque réussite professionnelle. Sa valeur, c’est qui elle est. Quel genre de personne elle est. Et rien ne peut changer la façon dont je vois ma petite sœur. « Je sais que tu as raison, mais je voulais atteindre l’inatteignable. Je voulais être votre fierté. Aux parents, à Oscar et encore plus à toi. » Je suis horrifié d’être cité dans le lot et pour cause : je sais tout de la pression qui alourdit les épaules d’Olive. Je l’ai ressentie moi aussi, et j’ai tout fait pour m’en émanciper. J’ai encore du mal à accepter ma réalité : je ne serais jamais la fierté de mes parents et mon boulot ne vaut certainement rien pour Oscar. Mais jamais je n’ai voulu faire ressentir le même genre de chose à ma cadette. « Oli… » Je l’observe avec tristesse et compréhension. « T’es déjà ma fierté. Tu serais ma fierté si t’avais pas fait d’études non plus. T’as rien besoin de me prouver, pas à moi. » Je ne vais pas lui mentir en lui disant que tout le monde acceptera la nouvelle avec la même facilité que moi : je connais les miens. « Je sais qui t’es. Je sais ce que tu vaux. » Et à mes yeux, elle est parfaite, quoi qu’elle choisisse de devenir.

« Je voulais réussir quelque part. Faire voir que j'étais assez douée pour ça. Mais j'sais pas si j'aurai le courage de revenir au début. De réapprendre. » - « T’as le temps de te poser ce genre de questions… » Pour l’instant, elle est en état de choc et je ne serai pas celui qui lui mettra la pression. Lorsque j’ai dit qu’elle était ici chez elle je le pensais : elle peut rester autant de temps qu’elle le souhaite. « Et j'sais que tu as raison, j'aimerais que ce soit si simple. » Je prends ma sœur dans mes bras et, avec douceur, je caresse ses cheveux. Je suis un garçon qui montre peu de signes d’affections mais, avec Posy, j’ai appris à donner aux personnes les plus chères à mes yeux que je tiens à elle et que je suis là lorsqu’elles en ont besoin. « Prends le temps qu’il te faudra Oli. » Tout est certainement trop frais pour qu’elle puisse réfléchir convenablement. « Tu reste ici autant que tu veux. Tu peux t’installer dans une des chambres d’amis, personne les occupe jamais alors que c’est à ça que ça sert. » Il y a trois chambres en plus de la mienne dans ma villa bien trop grande pour une seule personne. « Tu prends celle que tu préfères. La bleue a sa salle de bain privée. » Je lui fais un clin d'œil, tentant désespérément d’alléger l’atmosphère pour soulager ma petite sœur d’une partie de ses angoisses et états d'âme. « Sérieusement… T’es ici chez toi. Sers toi dans le frigo, du code du wifi, ce que tu veux. » J’ai de l’argent à ne plus savoir quoi en faire, et je me sens moins mal à l’aise quand je peux en faire profiter mes proches.
 
« Non. Non Midas, ils ne doivent pas savoir, pas maintenant, pas pour l'instant. » Je ne suis pas surprise : sa réaction était à prévoir. « Tu ne diras rien, tu le promets ? » - « Je leur dirai rien, c’est promis. » Je garderai son secret : il lui appartient, pas à moi. « Mais plus tu tarderas à arracher le pansement, plus ce sera difficile… » Parce qu’en plus des reproches d’avoir tout abandonné, elle récoltera ceux liés au fait qu’elle a menti.

Et la fierté avait maintenant un goût bien amer dans la bouche de l'Australienne. Elle aurait aimé avoir les capacités nécessaires pour s'en sortir sans flancher, mais ça n'avait été qu'un doux rêve qui venait subitement de prendre fin. Laissant un vide immense autour d'elle et des questionnements incessants. « Bien sûr que c’est énorme Oli. Et y’a rien qui changera jamais ça. » Elle soupira. « Pourtant, j'ai l'impression que la foudre n'attend pas grand chose pour s'abattre complètement sur moi. » Et ce n'était encore qu'un doux euphémisme. Parce qu'elle aurait même pu dire que l'enfer tout entier s'était abattu sur elle. Du moins, c'est le sentiment qu'elle avait. Davantage quand elle savait que le plus difficile ne ferait que venir plus tard. Pour l'instant, elle était sous le choc, complètement affectée par ce changement. Elle appréhendait grandement le réveil demain matin, quand toute la réalité du monde lui retomberait sur le bout du nez. Olive, elle n'avait eu qu'envie de faire plaisir aux siens en commençant ses études de médecine, elle voulait voir la fierté brillé dans les yeux de ses géniteurs, maintenant, ils ne pouvaient être autrement qu'ils seraient déçus des choix de la brune. « Oli… » Elle relève les yeux un instant pour regarder son frère. Elle n'arrive pas ç deviner ce qui va suivre et encore moins à ressentir autre chose que de la honte à cet instant. Parce qu'elle a l'impression de foutre tout en l'air pour un petit caprice, pour avoir pu manquer d'oxygène un instant. « T’es déjà ma fierté. Tu serais ma fierté si t’avais pas fait d’études non plus. T’as rien besoin de me prouver, pas à moi. » Son cœur se serre doucement à ces mots. La sincérité de cet échange lui faisait du bien, du moins, c'était un poids en moins sur son estomac qui s'envolait. « Je sais qui t’es. Je sais ce que tu vaux. » Et elle aurait aimé être elle-même capable de voir cela, de comprendre cela, parce que c'était loin d'être le cas. Peut-être que cela viendrait avec le temps, après tout il n'était certain de rien, peut-être qu'au fond elle se sentirait plus elle-même que jamais, mais le chemin risquait d'être long. « C'est tellement étrange pour une fois de se rendre compte qu'on doute de tout. Qu'on sait plus vraiment où est notre place. D'être simplement perdue face aux choix d'un avenir certain. » C'était étrange de dire tout haut ce qu'elle avait au fond de son esprit enfoui depuis bien longtemps. Olive, elle s'était habituée à ce moule de perfection qu'on avait fait d'elle, et jusque là il n'y avait jamais eu d'accro.

Elle manquait simplement de courage. « T’as le temps de te poser ce genre de questions… » Peut-être oui, mais ce n'était du moins pas l'impression qu'elle en avait. « J'ai l'impression que c'est trop tard, qu'une marche-arrière ne sera jamais possible. » Parce qu'elle n'avait plus vingt-ans non plus. Parce qu'elle avait trop longtemps était sur un chemin précis et qu'elle n'était pas certaine d'être faite pour autre chose. Comme si d'un coup, elle ne saurait plus se servir de ses mains pour autre chose que la médecine. « Et si j'étais nulle pour le reste ? » Puisque dans cette vie, elle n'avait été fait que pour une seule et unique chose, rien de plus. Les questions se bousculaient bien trop rapidement dans son esprit, mais les bras de Midas creusait un écart certain sur ses doutes. En outre, ça lui fait du bien. Un instant de calme, un instant de tendresse et une main tendue vers elle. Aucun sermons, aucune pression. Elle pouvait facilement se rendre compte de l'incompréhension de son frère, pourtant il la soutenait malgré tout et c'était plaisant. « Prends le temps qu’il te faudra Oli. » C'est ce dont elle avait le plus besoin, même si elle avait finalement peur que cela ne soit trop long. Qu'au final, elle n'ait jamais la moindre satisfaction. « Tu reste ici autant que tu veux. Tu peux t’installer dans une des chambres d’amis, personne les occupe jamais alors que c’est à ça que ça sert. » - « Je ne sais définitivement pas ce que je ferai sans toi Midas. » Et Olive était infiniment reconnaissante d'avoir cet homme dans sa vie. D'avoir quelqu'un a qui se confier, à qui parler. Quelqu'un de présent et qui prenait le temps d'essayer de la comprendre sans jugements. Ce n'était pas le cas du reste de la famille Sterling au grand regret de l'Australienne, mais les choses étaient ainsi et elle avait toujours fait en sorte de s'en contenter. « Je ne sais même pas comment je peux te remercier d'accueillir ton boulet de sœur. D'accepter de m'aider alors que c'est la pagaille. » Mais c'était provisoire. « Tu prends celle que tu préfères. La bleue a sa salle de bain privée. » Ce n'est pas grand chose, et pourtant ça l'apaise de savoir qu'au moins, elle ne serait pas à la rue. Qu'elle pourrait dormir dans un lit confortable et avoir quelqu'un auprès d'elle au cas où. Ce qui l'effrayait sûrement le plus, c'était de pouvoir être seule face à ses propres pensées sans savoir si elle serait assez forte pour y faire face. « Je te promets que ça ne durera pas, que je finira par me bouger les fesses et trouver une solution à ce problème. » Problème qu'elle était certainement. « Sérieusement… T’es ici chez toi. Sers toi dans le frigo, du code du wifi, ce que tu veux. » Et ça lui faisait un bien fou. Pour toute réponse, elle déposa ses lèvres contre la joue de Midas. Une sorte de remerciement silencieux parce qu'elle n'avait plus les mots pour ce qu'il faisait maintenant pour elle.

Olive, elle était persuadée que les choses ne dureraient pas. Que toute cette situation était provisoire et qu'elle finirait par revenir en arrière. Alors il était facilement, compréhensible de n'affoler personne, de ne dévoiler à personne la décision qu'elle avait prise. Elle était persuadée que c'était pour le mieux et elle voulait être certaine que Midas ne dirait rien non plus de son côté. « Je leur dirai rien, c’est promis. »  Elle fut soulagée et son visage se décrispa à cet instant. C'était au moins ça de moins à penser. « Mais plus tu tarderas à arracher le pansement, plus ce sera difficile… » Il avait parfaitement raison, mais elle n'avait pas le courage pour l'instant. « J'sais bien. » Un nouveau soupire, sûrement le centième depuis qu'elle a passé le pas de la porte. « Mais c'est plus facile comme ça pour l'instant, tu comprends? » Au fond, elle espérait simplement que ce mauvais épisode soit loin derrière elle et que jamais elle n'ait à avouer quoi que ce soit à ses parents. Elle avait un peu trop de fierté pour ça. Ce qu'était invraisemblable au vu de tout ce bazar.

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« C'est tellement étrange pour une fois de se rendre compte qu'on doute de tout. Qu'on sait plus vraiment où est notre place. D'être simplement perdue face aux choix d'un avenir certain. » Mon dieu… Olive met des mots sur ce que je ressens depuis des mois, ce sentiment d’être un imposteur que j’ai réussi à mettre en veille après la victoire, lorsque les disques d’or, concerts et interviews se sont enchaînée, mais qui m’est revenu en pleine gueule peu de temps après. Ma place, je l’ai volée. Je l’ai volé à une fille qui la méritait bien plus que moi et qui comptait à mes yeux. Olive s’est peut-être glissé dans un moule qui ne lui convenait pas, mais cela n’enlève rien à tout son mérite d’être arrivée jusque-là. Je pousse un soupir, avant de passer un bras autour des épaules de la brune. « On ressent tous ce sentiment à un moment ou un autre. Même Oscar, j’en suis sûr. » J’esquisse un sourire amusé en évoquant mon aîné qui a toujours l’air sûr de lui. Nous sommes tous humains, même lui.

« J'ai l'impression que c'est trop tard, qu'une marche-arrière ne sera jamais possible. Et si j'étais nulle pour le reste ? » - « Tu crois vraiment que c’est possible d’être une excellente interne en chirurgie et nulle pour tout le reste ? » J’esquisse un sourire, en lui caressant doucement le dos. « T’as réussi dans une des voies les plus difficiles alors que c’était même pas ton choix… » Pas tout à fait, c’est en tout cas ce que je comprends. « Quand t’auras trouvé ta voie, y’a rien qui te résistera. » Comment serait-ce possible ? Mon frère est l’audacieux de la famille, couronné de succès dans tout ce qu’il entreprend, mais le petit génie, c’est Olive.

« Je ne sais définitivement pas ce que je ferai sans toi Midas. Je ne sais même pas comment je peux te remercier d'accueillir ton boulet de sœur. D'accepter de m'aider alors que c'est la pagaille. » - « Arrête de dire des bêtises. Sans toi, j’aurais même pas cette baraque. » Sans elle, je jouerais toujours de la guitare à l’arrière du disquaire que je fréquente toujours à l’occasion, et je n’aurais jamais su saisir ma chance, même si on l’avait agité sous mon nez. Je me laisse porter. C’est ma petite sœur qui a été celle qui m’a mis un bon coup de pied aux fesses pour que je me challenge. « Je te promets que ça ne durera pas, que je finira par me bouger les fesses et trouver une solution à ce problème. » - « Me fais pas de promesse à moi. Passe un pacte avec toi-même si tu en as besoin mais, en ce qui me concerne, tu restes autant que tu veux.  » Il n’y a qu’avec elle que je suis éloquent et que les longues discussions ne me paraissent pas aussi effrayantes que rébarbatives. Je pourrais passer autant de temps qu’il en faut pour qu’elle se sente mieux et s’effondre un peu moins.  

« J'sais bien. Mais c'est plus facile comme ça pour l'instant, tu comprends ? » Je pousse un soupir, avant de déposer un baiser sur la tempe de ma petite sœur. « Bien sûr que je comprends. » C’est son secret, pas le mien et, étant donné celui que je garde moi-même depuis des années, je suis bien mal placé pour la juger. « C’est toi qui leur dira. Quand tu l’auras décidé. » Je me détache d’elle et me lève pour attraper mon téléphone portable. « Je vais nous commander à manger. » Il n’y a rien qui fait plus de bien qu’une pizza pleine de fromage ou un burger bien gras, non ? « Pense plus à rien. Demain, tu y verras plus clair. » Certainement pas, mais je ne suis pas assez doué pour trouver les mots qui aident le plus, lorsqu’un de mes proches est en souffrance.