“Hey, c’est moi.” Ambrose annonce d’une voix basse, ses phalanges ayant à peine toqué contre la porte de l’appartement. Flora lui a donné le double des clés en sa qualité de frère, mais il est assez sensé pour savoir que ce n’est pas le bon moment pour les utiliser: ce n’est pas une urgence, il n’est pas question de sa soeur, il y a quelqu’un à l’intérieur et, surtout, elle va lui ouvrir. Il a prévenu Millie d’un simple message, un je peux passer ce soir ? qui induit bien plus une demande de sa part qu’une simple proposition, qui aurait plutôt été de lui demander si elle veut qu’il passe ce soir. Lui en a envie, de façon évidente, alors cela a prôné sur le reste. Il est un grand garçon qui aurait su accepter un refus de sa part mais est plutôt heureux et soulagé qu’il n’ait rien été de tel, lui qui avait prévu par avance de lui faire cette proposition un soir où Flora sortait avec quelques-uns de ses amis. Non pas qu’il veuille lui cacher qu’il fréquente Millie, simplement les deux ont rapidement convenu que les choses seraient bien plus simples s’ils se tenaient loin des annonces au monde tout entier. Ce n’est pas un secret, mais c’est mieux si personne ne le sait, disons simplement.

“J’aime bien tes cheveux comme ça.” Il se contente d’ajouter lorsqu’elle lui ouvre la porte et, qu’après un pas en avant, il s’immobilise le temps de déposer un baiser contre sa joue, son bras lourd des sushis qu’il est passé prend sur le chemin pour venir, comme convenu. Ils n’ont rien prévu de plus pour la soirée - et ne feront sans doute rien de plus, justement - mais cela ne les empêche pas de manger convenablement tout en discutant de la pluie et du beau temps, programme qu’il est le premier à mettre en œuvre. “Je resterai pas super tard, on a une réunion aux premières heures demain.” Ambrose prévient donc, son emploi du temps auprès de Camil étant éternellement chargé, quand ce n’est pas celui autour de The Leftovers qui occupe tout son temps. Millie sait, Millie est habituée, mais c’est aussi Millie qu’il ne veut pas prendre le risque de décevoir en lui annonçant un planning qu’elle n’aurait pas pu anticiper. “J’ai… J’ai ça pour toi. C’est défaillant, c’est pour ça qu’on me l’a donné, mais je le trouvais quand même joli.” Pour lui annoncer ça, il est bien moins assuré que d’usuelle, se plaçant derrière elle pour nouer autour de son cou un collier qui aurait dû être présenté à un défilé Weatherton - allez savoir comment Ambrose a pu mettre la main dessus. La fermeture est plus difficile qu’elle ne le devrait, mais cela n’enlève rien de la simple beauté de l’objet, et surtout de sa valeur grimpant rapidement. Qui plus est, il lui va très bien, et plus encore avec ses cheveux comme ça.

Je peux passer ce soir ? Simple, efficace, sans détour quelconque qui ne servirait de toutes façons à pas grand chose. C’était pour tous ces éléments là et surement d’autres qui ne lui venaient pas à l’esprit sur l’instant que Millie étira un petit sourire en voyant le message apparaitre sur son écran de téléphone. Cependant, elle rangea son petit rictus aussi rapidement qu’elle glissa son téléphone personnel dans la poche de son blaser - ce n’était pas le moment de s’attarder sur un élément de sa vie privée alors que James s’apprêtait à débarquer dans son bureau d’un instant à l’autre; elle l’avait vu arriver de loin avec son regard qui portait tous les problèmes du monde. Elle répondrait au message reçu d’ici une poignée de minutes, lorsqu’elle serait de nouveau seule. Pas que résidait là un secret d’état qui ne devait être révélé à quiconque gravitait assez proche de la jeune femme pour connaître quelques détails de sa vie en dehors de Weatherton; mais déjà il fallait réussir à obtenir une position de cet acabit dans la vie de la Butcher, et puis certaines personnes ne pouvaient décidément pas être mises au courant; James, par exemple, en tête de liste. Pas que c’était un secret d’état, encore une fois, mais cela semblait bien plus simple à Millie s’il n’apprenait pas - jamais même peut-être - qu’elle fréquentait son frère depuis quelques mois désormais. Seulement si tu apportes des sushis pour diner lui semblait être une réponse convenable à envoyer au message reçu l’heure d’avant désormais.

« Hey, c’est moi. » Les coups avaient été frappés avec discrétion contre le bois de la porte d’entrée, alors que Millie était désormais seule dans l’appartement. Sa colocataire, Flora - la soeur, la vraie cette fois-ci, d’Ambrose - était sortie pour rejoindre des amis et c’était là l’occasion parfaite pour que l’autre Constantine puisse passer la soirée sans avoir à prétendre désirer voir sa soeur. Cela faisait d’ailleurs toujours rire Millie, lorsqu’elle voyait dans son regard qu’il n’avait pas anticipé la présence de cette dernière dans les parages et qu’il se retrouvait à devoir prétendre que c’était bien sur voyons pour elle qu’il passait ici. Attrapant la poignée, elle fit tourner cette dernière pour enfin laisser apparaitre le jeune homme de pieds devant elle. Le même sourire que lorsqu’elle avait reçu son message dans la journée ornait de nouveau ses lèvres. « J’aime bien tes cheveux comme ça. » Et ce n’était pas avec de tels mots que son sourire allait perdre de sa superbe. « T’es en retard, Rose. » Mais il déposa un baiser sur sa joue et tout semblait déjà pardonné, alors qu’elle poussait la porte à la suite du brun pour qu’elle se referme dans son sillage.

« Je resterai pas super tard, on a une réunion aux premières heures demain. » Hochant la tête, elle suivit Ambrose jusque dans le salon de l’appartement - il connaissait les lieux aussi bien qu’elle, elle n’avait pas besoin d’ouvrir la marche pour qu’il s’en sorte comme un grand. « Je me lève tôt demain aussi, donc c’est un plan parfait de mon côté. » L’un savait parfaitement comment l’autre pouvait avoir un emploi du temps à perdre la tête, l’inverse était tout aussi vrai, et c’était surement l’un des éléments qui faisait qu’ils avaient rapidement accroché entre eux. Parce-que les fausses excuses n’avaient pas leur place dans leur relation - qu’importe la signification que portait cette dernière aux yeux de ceux qui pouvaient la voir -, et qu’avec le temps ils s’étaient naturellement aperçu que c’était la façon la plus simple d’agir sans avoir à se prendre la tête pour quoi que ce soit. « J’ai… J’ai ça pour toi. C’est défaillant, c’est pour ça qu’on me l’a donné, mais je le trouvais quand même joli. » Fronçant un brin les sourcils, Millie laissa pourtant Ambrose se placer derrière elle; rapidement, il lui passait un collier autour du cou et ce n’était pas en baissant le regard pour tenter d’apercevoir de quoi il en ressortait qu’elle allait capter toute la beauté de l’objet. Alors, lorsque les mains du jeune homme ne firent plus proche de son épiderme, elle fit quelques pas pour attraper son reflet dans le premier miroir qu’elle rencontra, s’attardant un instant supplémentaire sur l’objet. « Il est magnifique Rose. » Un quelque-chose qu’aucun des deux n’aurait du avoir entre les mains, surement - mais étant donné qu’ils avaient tous les deux accès de façon plus ou moins officielle aux collections et aux pièces sortant de chez Weatherton, ce serait presque ni vu ni connu. Faisant demi-tour avec agilité, les quelques pas rebroussés jusqu’au jeune homme, elle déposa un son tour un baiser attendri sur sa joue à lui. « Merci. » Et puis un second là juste à la commissure de ses lèvres parce-qu’elle pouvait se le permettre et qu’un tel geste d’affection ne leur ferait de mal à aucun des deux.

La minute suivante, elle était déjà en train d’attraper le plateau de sushis qu’elle déposait sur la table basse du salon, et de paire avec deux grands verres de grenadine. Elle aurait voulu lui partager l’idée qu’elle avait hâte de voir le regard de James, et le froncement de sourcils allant de paire avec, lorsqu’il apercevrait la nouvelle pièce autour de son cou - mais l’accord entre eux était de ne pas parler, dans la mesure du possible, de James et de Flora si cela pouvait être éviter. Après tout, se plaindre de son boss devant Ambrose revenait à se plaindre de son frère et parler d’autres choses était bien plus agréable. « J’ai terminé le livre que tu m’as prêté au début du mois au fait. » Ambrose était toujours plein de bonnes recommandations lorsqu’il s’agissait de lectures - romans et toutes types d’autres bouquins compris dans cette catégorie. Millie l’avait rapidement compris et se pliait désormais volontiers aux idées qu’il pouvait lui soumettre: elle n’avait, jusque là, jamais été déçue. Et, afin de joindre les gestes à la parole, elle attrape le bouquin posé au pied du canapé et le tendit au jeune homme. « Presque déçue qu’il n’y ait pas de suite pour le coup. » Ses mains attrapèrent ensuite rapidement les baguettes. « Mais si t’as autre chose à me conseiller je suis preneuse parce-qu’il me semble qu’on part en déplacement le weekend en huit et que j’ai rien d’autre sous le coude à lire. » Outre la tonne de documents liés au travail, bien sur, cela allait de soi.

« T’es en retard, Rose. »
“Le bus l’était, pas moi.”
Son sourire est une excuse à lui seul.

Ambrose ne perd pas une seconde avant de lui faire part de son emploi du temps, ne voulant pas prendre le moindre risque de lui faire de la peine. « Je me lève tôt demain aussi, donc c’est un plan parfait de mon côté. » Sa réponse le fait sourire, elle l’arrange aussi. Ils sont tous deux éternellement occupés, cela rend leur temps passé ensemble d’autant plus précieux. “James t’impose encore une réunion aux aurores ?” Il ne se plaint pas de ses propres réunions mais impose un sourire à la question qu’il partage à la jeune femme, cherchant par la même occasion à savoir si tout se passe bien dans son travail. Après tout, il est bien placé pour savoir que son frère a parfois un caractère difficile, même s’il en est très largement exempté pour sa part grâce à son statut à part. Il ose encore moins se plaindre de James lorsqu’il passe le collier autour du cou de la jeune femme et préciser après coup qu’il le lui offre, autant qu’il ne l’a pas payé et loin de là. « Il est magnifique Rose. » Il sourit déjà, heureux que ça lui plaise. S’il avait douté que ce ne serait pas le cas, il aurait laissé un employé en profiter plutôt que de l’offrir à la jeune femme. L’australien sourit un peu plus encore lorsqu’elle embrasse sa joue, et à un niveau toujours supérieur lorsqu’elle esquisse la frontière de ses lèvres. « Merci. » - “J’ai pas vraiment de mérite, tu sais.” Il demande à ce que ses idées et son engagement soient reconnus à sa juste valeur, mais il sait aussi se retirer de la scène lorsqu’il ne le mérite pas. Un jour, il aimerait pouvoir se dire qu’il choisirait un tel collier parmi la collection officielle de Xeatherton, et qu’il le paierait sans profiter de son lien héréditaire avec Norman et James. “Sauf d’en avoir choisi un qui te va bien, ça ouais.” Rose ajoute rapidement avec un sourire entendu, la gardant près d’elle quelques secondes supplémentaires de son bras qu’il a enroulé contre son bas dos. Cette fois-ci, il retrouve ses lèvres le temps d’un doux baiser.

Il concède rapidement à la laisser repartir, uniquement pour qu’ils prennent tous deux place autour de la table du salon et de leur plat de fortune. Le sourire d’Ambrose ne le quitte pas. « J’ai terminé le livre que tu m’as prêté au début du mois au fait. » Le brun attrape rapidement ledit livre qu’elle lui tend et en observe la couverture comme s’il la découvrait. Il est heureux que cela lui ait plu, comme toujours. « Presque déçue qu’il n’y ait pas de suite pour le coup. » - “On aurait pu militer pour en avoir une, si l’écrivain n’était pas mort il y a trente ans.” Elle serait sûrement très douée pour descendre dans les rues et créer des slogans accrocheurs. Si concours de pancartes il y avait, elle gagnerait, et Ambrose ne le dit pas uniquement parce qu’il manque grandement d’objectivité lorsqu’il en va de Millie. « Mais si t’as autre chose à me conseiller je suis preneuse parce-qu’il me semble qu’on part en déplacement le weekend en huit et que j’ai rien d’autre sous le coude à lire. » Il se retient de demander à nouveau si cela touche à James, lui qui a utilisé son seul joker de la soirée il y a déjà plusieurs minutes. “Tu devrais passer chez moi pour voir si certains te plairaient.” Il annonce alors, sans la moindre arrière pensée. Il ne peut pas prendre tous ses livres jusqu’ici, alors autant qu’ils échangent pour une fois la personne qui fait le déplacement, bien que venir chez elle ne le dérange absolument pas - surtout si cela lui permet parfois d’apercevoir sa sœur, même brièvement. “Mais à ce rythme là, il ne va plus que me rester des biographies de dirigeants ou des analyses géopolitiques de certains pays.” Il avoue, pas franchement fier du manque de diversité de sa bibliothèque. Il n’est pas du genre à lire des romans en tout genre, il n’a pas le temps pour des lectures qu’il juge puériles et inutiles. A son tour, il finit par attraper les baguettes pour profiter de ce repas, qui reste la raison première de sa venue en ces lieux. “J’étais libre ce week-end là, mais après j’ai réussi à nous avoir quelques dates dans un bar, et Camil a dit qu’on allait sûrement devoir faire des allers retours à Canberra.” En d’autres termes, il ne sait pas quand est-ce qu’ils pourront se revoir et, loin de totalement le décontenancer, il ne cherche pas à cacher qu’il en est quelque peu attristé. “On verra plus tard, c’est pas grave.” Il est hors de question qu’il gâche leur soirée à penser à la potentielle prochaine.

« Le bus l’était, pas moi. » Et bien sur que la pirouette qu’il utilisa pour se sortir habillement de cette situation arracha un petit rire à Millie, et lui faire lever gentiment les yeux au ciel. « Oui, bien sur, le bus. » Il serait redoutable, dans sa propre branche, lorsqu’il aurait obtenu une place un tant soit peu influente. Lorsqu’il se serait plus l’ombre d’un plus grand que lui - comme l’était la jeune femme de son côté également, sauf que pour son cas, c’était quelque-chose qui lui convenait parfaitement bien. « James t’impose encore une réunion aux aurores ? » La petite moue qu’elle portait était amusée, un brin moqueuse. Bien sur qu’elle allait répondre à la question de Rose, mais elle gardait encore un instant son regard porté sur le brun. Parfois, elle trouvait ça presque attendrissant, qu’il soit intéressé de cette façon à ce que pouvait faire la jeune femme, se disant qu’il veillait à ce que James ne soit pas trop cruel avec elle. Parfois, elle avait envie de lui rappeler qu’elle était une grande fille et qu’elle savait s’inquiéter pour elle-même - mais cela voudrait dire lui expliquer qu’elle avait déjà vécu pire comme situation qu’un patron avec un caractère un peu trop trempé, et ce n’était pas un terrain sur lequel elle souhaitait s’aventurer. Elle se résolut alors simplement à répondre à sa question. « Il ne m’impose pas une réunion aux aurores, mais il veut que ses affaires soient en ordre dans son bureau pour sa réunion et apparemment je suis la seule à pouvoir m’en occuper. » Peut-être était-ce vrai, dans un sens; elle préférait simplement se dire qu’il avait assez confiance en elle, en ses capacités, pour lui confier une telle tâche. Certes, cela voulait dire qu’elle serait levée d’autant plus tôt; elle savait dans quoi elle s’était engagée.

Le collier qu’Ambrose finit par lui passer autour du cou était magnifique, ce qu’elle ne tarda en rien à lui faire remarquer. « J’ai pas vraiment de mérite, tu sais. » Elle haussa légèrement un sourcil. « Sauf d’en avoir choisi un qui te va bien, ça ouais. » Un rire cristallin se fit entendre côté Butcher. « Accepte les remerciements quand même alors. D’avoir su choisir correctement. » Elle se laissa pas prier lorsqu’il déposa ses lèvres sur les siennes pour appuyer un instant supplémentaire son baiser. Il savait être affreusement mignon, quand il se donnait la peine, Constantine.

Ils étaient installés autour de leur diner lorsque Millie tendit le livre en direction du brun, qui en réalité lui appartenait, se plaignant qu’elle en aurait bien lu un peu plus sur cette histoire là. « On aurait pu militer pour en avoir une, si l’écrivain n’était pas mort il y a trente ans. » Elle leva les yeux au ciel, secouant légèrement sa tête de façon amusée. « Tu m’as très bien comprise ! » Pas qu’elle se plaignait que la personne en question n’ait pas réussi à vivre plus longtemps, mais que sa recommandation avait vraiment valu le détour et qu’elle aurait été curieuse d’en lire davantage. « Tu devrais passer chez moi pour voir si certains te plairaient. » - « Un accès privé à la bibliothèque de monsieur ? » Oh, cela serait intéressant. Il était possible d’en apprendre beaucoup sur une personne, en ayant accès à sa collection de livres; cela donnait autant des indices sur les traits de caractères qui n’étaient pas présentés au premier abord, que sur les centres d’intérêt que la personne pouvait posséder. « Mais à ce rythme là, il ne va plus que me rester des biographies de dirigeants ou des analyses géopolitiques de certains pays. » Elle pencha légèrement sa tête sur le côté. « Ce sera toujours plus intéressant que tous les livres que j’ai déjà lu dans ma propre bibliothèque. » Et puis, en dehors du réel contenu des livres qu’il pourrait lui prêter, cela leur donnerait l’occasion de passer une nouvelle soirée tous les deux, ce à quoi Millie ne disait jamais non en réalité. « J’étais libre ce week-end là, mais après j’ai réussi à nous avoir quelques dates dans un bar, et Camil a dit qu’on allait sûrement devoir faire des allers retours à Canberra. » Croisant ses jambes en tailleurs, après être venue attraper une paire de baguettes un peu plus loin sur la petite table, ne manquant pas de noter le léger changement de ton que Rose insufflait à ses paroles. « On verra plus tard, c’est pas grave. » - « C’est pas ce que tes paroles laissent sous-entendre. » Ce n’était pas un reproche, loin de là: il avait surement fait exprès de faire en sorte qu’elle entende le changement de ton employé.

Posant avec délicatesse les baguettes sur la table, elle utilisa son poing fermé comme repose-tête, son coude enfoncé dans sa cuisse, les yeux quelque peu plissés à observer le jeune Constantine. « Tu aurais voulu passer un bout de ton weekend avec moi, Rose, c’est ce que je dois lire entre les lignes ? » Une partie - petite, mais bien présente - d’elle était quelque peu amusée que ce soit le cas. Elle qui se demandait une fois sur deux ce qu’il trouvait d’intéressant chez elle, pour apprécier sa compagnie, était quelque peu perplexe qu’il puisse vouloir planifier autant à l’avance quelque-chose, alors que ce n’était pas dans leur façon de faire depuis le début. Ou du moins, pas réellement, pas avec autant de sérieux dans la voix lorsque le sujet était abordé. « Tu sais bien que je choisis pas les dates où je dois m’absenter. » Et surtout, il connaissait parfaitement le responsable de toute cette organisation, puisqu’il avait partagé de longues années le même toit que James. « Mais c’est à Sydney qu’on descend, ce weekend là. C’est pas loin de Canberra, Sydney, en réalité. » Et elle ne le disait pas non plus avec une clarté dans le discours, mais elle ne dirait pas non à passer du temps avec Ambrose; surtout s’ils pouvaient s’octroyer pour une fois un moment un peu plus élaboré que simplement un plateau de sushis entre deux réunions. A ne pas se méprendre: c’était là quelque-chose qui lui convenait parfaitement, de bout en bout, quatre-vingt dix-neuf pourcent du temps. Le pourcent restant s’imaginait bien pouvoir prendre quelques heures de repos à ses côtés, sans avoir l’ombre de son boulot ou de celui du jeune homme planant sur eux.

Il est silencieux, Rose, lui qui observe les réactions de Millie avec un éternel brin d’amusement tout en essayant de deviner de quoi seront faites ses prochaines paroles. Il n’y arrive que très rarement, et c’est sans doute ce qu’il aime chez elle, justement: elle est difficile à cerner, elle est l’éternelle exception en dehors de tous les sondages qu’on pourrait effectuer sur une population. « Il ne m’impose pas une réunion aux aurores, mais il veut que ses affaires soient en ordre dans son bureau pour sa réunion et apparemment je suis la seule à pouvoir m’en occuper. » Il en rigole déjà. Bien sûr que James veut que tout soit parfaitement en ordre ; bien sûr que James n’a malheureusement pas le temps pour tout gérer lui-même. Il n’est pas fainéant et aime tout aussi peu déléguer, alors si Millie est celle qui a le droit (l’ordre) de ranger son bureau, ça veut dire qu’elle a gagné sa confiance, à une certaine échelle au moins. “C’est sa façon à lui de dire qu’il te fait confiance.” Ambrose traduit donc avec patience les faits et gestes de son aîné, bien conscient qu’il semble parfois difficile à cerner, quand il ne l’est pas à supporter tout court. Cela n’a jamais effrayé Millie pour autant. « Accepte les remerciements quand même alors. D’avoir su choisir correctement. » Il fait au mieux pour elle et le contraire est tout aussi vrai, son attitude valant à un nouveau sourire de prendre place sur le visage du dernier Constantine, lequel ne s’efface qu’au profit d’un baiser.

Autour de la table et du repas avec, c’est tout en continuant leur discussion qu’Ambrose en vient à l’inviter à venir chez lui, un jour, pour trouver un livre qui ferait son bonheur dans le peu qu’elle n’a pas déjà lu de sa bibliothèque. « Un accès privé à la bibliothèque de monsieur ? » Dit comme ça, c’est bien plus romantisé que quoi que ce soit d’autre, il faut bien l’avouer. Sa bibliothèque est un simple meuble qui ne paie pas de mine et sa chambre, surtout, se trouve dans le loft de Norman, autrement dit le père de son patron, ancien patron de son patron. En somme, c’est compliqué comme histoire, pour de simples livres. “N’en sois pas aussi heureuse, il n’y a pas de passage vers d’autres mondes.” Pas même de porte au fond de l’armoire, malheureusement. Ce n’est pas faute de l’avoir longtemps souhaité, mais il faut croire que tous les rêves ne deviennent pas réalité. Les reproches qu’il tient à Millie n’en ont que le nom, en témoigne son regard brillant et amusé. « Ce sera toujours plus intéressant que tous les livres que j’ai déjà lu dans ma propre bibliothèque. » Il a quelques livres pour enfants, aussi, ça pourrait au moins attiser sa curiosité à défaut d’être réellement intéressant. “Tu en jugeras par toi-même.” Il ne s’avance pas trop sur le sujet, à commencer parce qu’il ne le veut pas. Elle n’aura qu’à voir si un des livres peut lui plaire et si non, Rose aura au moins saisi l’occasion de la voir un peu plus.

Une seconde après s’être mordu la joue, Rose ajoute quelques mots, soulignant le fait qu’ils risquent de ne plus trouver un créneau pour se revoir avant un certain temps. « C’est pas ce que tes paroles laissent sous-entendre. » Il dit que ce n’est pas grave et il le pense ; mais il ne dit pas que cela ne le touche pas. Parce que ça, il ne l’aurait pas pensé, et cela lui semble inimaginable de mentir à Millie. « Tu aurais voulu passer un bout de ton weekend avec moi, Rose, c’est ce que je dois lire entre les lignes ? » Dans la mesure où il n’a pas cherché à le cacher, il n’y a rien d’étonnant à ce qu’elle ait compris, mais cela le laisse amusé. Tout en calquant son attitude sur la sienne, son menton retrouve place dans la paume de sa main, coude sur la table et repas mis en pause pour une durée indéterminée. “Tu poses vraiment la question ?” Il ne cherchera pas à nier, mais il ne peut pas lui répondre par la positive aussi facilement et rapidement non plus, ce serait d’un ennui. Surtout, il ne cherche pas à parler du sujet plus que de raison alors qu’il semble que son désir soit voué à passer à la trappe, la faute à leurs emplois du temps contraires. « Tu sais bien que je choisis pas les dates où je dois m’absenter. » - “Je sais, oui.” Il souffle doucement, maussade. Parfois, il aimerait être un jeune adulte comme il en existe tant, qui passe quelques fois à l’université et le reste de son temps à faire d’un sport ou d’un autre, quand il ne boit pas en bars. Tout serait bien plus simple ainsi et il pourrait trouver plus aisément du temps pour être avec Millie, ou n’importe lequel de ses proches. « Mais c’est à Sydney qu’on descend, ce weekend là. C’est pas loin de Canberra, Sydney, en réalité. » - “300 kilomètres, c’est rien du tout en effet.” Que Rose ne peut s’empêcher de répondre, pragmatique. Il ne sait pas faire autrement que se raccrocher à la réalité des faits. Même s’ils convenaient de se retrouver à mi-chemin, ce serait encore bien long. “T’es en train de me dire que t’es prête à sacrifier tes déplacements seule et au calme pour qu’on se voit ?” Elle n’est jamais vraiment seule et encore moins au calme ou en train de se reposer, mais il comprendra ce qu’il veut dire par là: il n’a pas eu besoin de beaucoup de temps pour comprendre que Millie accepte sa compagnie autant que son absence et que jusque là, le second l’emportait aisément sur le premier. Pourtant, Rose doit bien avouer que pour sa part, il aimerait explorer l’idée d’inverser la tendance, ne serait-ce pour tenter de savoir si ça pourrait leur correspondre et les rendre heureux, tous les deux.

Le rire d’Ambrose fit lever les yeux au ciel à Millie - mais un instant, un seul, promis, plus amusée qu’autre chose finalement dans cette situation. « C’est sa façon à lui de dire qu’il te fait confiance. » Et en entendant ses mots, elle plissa en revanche le bout de son nez. « J’espère juste que c’est aussi simple que ça. » Elle espérait réellement que James se comportait avec elle de la sorte parce-qu’il lui faisait confiance, parce-que son travail faisait ses preuves et qu’il appréciait sincèrement l’avoir à ses côtés pour rendre ses journées plus faciles. Souligné de la part d’Ambrose, la jeune femme ne pouvait qu’y croire davantage en réalité: il était surement celui qui le connaissait le mieux, et était le mieux placé pour affirmer une telle vérité. « Parce-que si c’est pas le cas, il va retrouver son bureau dans un sale état ! » Un petit rire compléta le tableau, étant donné qu’elle n’était pas un seul instant sérieuse - jamais elle ne se permettrait d’agir de la sorte, et rien que d’y penser était déjà aller trop loin dans son esprit.

« N’en sois pas aussi heureuse, il n’y a pas de passage vers d’autres mondes. » - « Je suis déçue. » Elle qui pensait avoir enfin trouvé le passage secret pour rejoindre Narnia allait se casser le nez sur le fond de l’armoire. « Tu en jugeras par toi-même. » Alors, elle opina du chef, n’insistant pour aucune raison davantage sur la situation. Elle aurait pu ajouter une pointe d’humour, elle aurait pu le taquiner en lui souligner qu’il aurait presque été possible de croire qu’il n’avait pas envie de réellement la voir chez lui, mais elle savait que si Rose lui proposait une telle chose ce n’était pas pour aller à l’encontre de ses envies. Alors, elle resta sage, préférant se concentrer sur la suite des paroles qu’il avait émises à haute voix, à savoir qu’il soulignait d’une façon sous-entendue sans pour autant détournée qu’ils n’allaient pouvoir se voir autant qu’ils l’auraient peut-être souhaité dans les semaines à venir. Ils adoraient tous les deux leur travail, il n’y avait aucun doute à avoir sur ce sujet là; mais il était vrai que leurs deux emplois du temps n’étaient pas des plus faciles à conjuguer - ce que soulignait justement Ambrose en cet instant. Il devait se rendre à Canberra, finalement, sur un weekend où ils auraient pu prendre du temps pour eux là où de toutes façons, elle avait déjà de prévu un déplacement sur Sydney. « Tu poses vraiment la question ? » Elle laissa s’afficher une pointe de son sourire amusé. Bien sur qu’elle posait la question - il n’y avait pas de mal à formuler à haute voix certaines choses parfois: ça évitait les moments assez gênants lorsqu’un conflit d’intérêt émergent par manque de communication. Et qu’ils n’en aient pas un sur ce point: si elle pouvait choisir, Millie aurait arrangé plus facilement ses plans pour se rendre disponible sur les dates où le brun face à elle l’était également. « Je sais, oui. » La petite moue de la demoiselle s’excusait presque à la place d’un James qui n’avait aucune idée de ce qu’il se passait réellement lorsqu’il avait le dos tourné.

Tout comme il n’aurait pas besoin d’être mis au courant s’ils arrivaient à se dégager du temps alors qu’ils devaient tous deux quitter Brisbane sur l’un des weekend qui arrivait.  Millie était une grande fille, elle pouvait bien organiser son temps comme elle le souhaitait. « 300 kilomètres, c’est rien du tout en effet. » Elle lui lança un petit regard désapprobateur: elle faisait un effort, là, il n’avait pas besoin d’y ajouter une couche de sarcasme alors qu’elle n’étiat pas nécessaire. « Rose. » Son surnom sortait avec bien plus de douceur que le regard qu’elle lui lançait. « T’es en train de me dire que t’es prête à sacrifier tes déplacements seule et au calme pour qu’on se voit ? » - « Je suis en train de te dire que si t’en as envie aussi, oui, je peux sacrifier de bon temps seule et au calme pour toi, Constantine. » De toutes façons, elle n’avait jamais réellement aimé se retrouver seule, Millie. Cela la renvoyait constamment à de mauvais souvenirs, et à certaines terreurs nocturnes dont elle se passerait bien - alors que rester en compagnie d’Ambrose gommerait cette possibilité là. « Si c’était pas déjà le cas, j’aurais juste pris le sac avec les sushis et je t’aurais laissé de l’autre côté de la porte ce soir aussi. » Qu’elle finit par ajouter, retrouvant ses baguettes et attrapant l’un des dits-sushis sur la table. Ils avaient peut-être des plannings chargés mais si Butcher faisait en sorte de se dégager du temps pour quelqu’un, ce n’était pas pour rien. Elle avait bien d’autres choses à faire, si elle cherchait de quoi s’occuper, son activité professionnelle ne manquant pas de pouvoir s’intercaler à tout moment de la journée ou de la nuit. Si elle explicitait l’idée de passer du temps avec Ambrose, ce n’était pas dans le vent de son côté. « Il faut juste qu’on s’organise un peu, c’est tout. »

« J’espère juste que c’est aussi simple que ça. »
« Parfois ça sert à rien de chercher plus loin. »

James n’est pas quelqu’un de simple, fait de blanc et de noir uniquement, mais sur ce point là Rose sait que le principal à retenir tient en ces quelques mots. Non, bien sûr que ce n’est pas uniquement sa façon à lui de montrer qu’il fait confiance à sa nouvelle assistante, mais cela en fait partie, et c’est sûrement tout ce qu’elle a besoin d’entendre. Du reste, il s’agit d’une partie évidente de son travail. « Parce-que si c’est pas le cas, il va retrouver son bureau dans un sale état ! » Elle rigole à sa menace faite à partir de rien, le rire d’Ambrose se mêlant rapidement au sien dans la pièce alors qu’il n’a pas à y réfléchir à deux fois pour savoir qu’elle n’est pas le moins du monde sérieuse. James l’apprécie autant (comprenez: il ne l’a pas déjà virée) parce qu’elle fait un travail remarquable auquel elle dédie tout son temps alors non, bien sûr qu’elle ne prendrait pas le risque de tout foutre en l’air sur un coup de tête.

A la suite de sa proposition de passer chez lui un de ces jours, Ambrose tente à se façon de désacraliser la chose, ne voulant pas qu’elle ait trop d’attentes à propos de quoi que ce soit: si elle a un appartement d’adulte et vit comme tel, pour lui c’est encore loin d’être le cas et il mène uniquement la vie d’un trentenaire bien avancé. Pour autant, il ne perd pas l’occasion de souligner que les déplacements à venir de chacun rendent un peu plus difficile encore l’élaboration d’une prochaine soirée entre eux, aussi simple puisse-t-elle être. Ils n’ont jamais fait dans le faste ou quoi que ce soit dans le genre, après tout il veut simplement passer un peu de temps avec Millie et rien de plus: au plus simple, au mieux. « Rose. » Il joue les rabat-joie bien malgré lui et le sait, raison pour laquelle il accepte sans mal le simple reproche de la jeune femme, préférant ainsi s’occuper en mangeant une part supplémentaire plutôt que de continuer sur sa lancée. « Je suis en train de te dire que si t’en as envie aussi, oui, je peux sacrifier de bon temps seule et au calme pour toi, Constantine. » Et il n’a pas besoin de plus pour se réjouir, Constantine, raison pour laquelle il affiche déjà un sourire nouveau sur ses lèvres, osant relever son regard dans le sien maintenant qu’il a cessé de tenir le mauvais rôle de cette discussion. “Arrête d’en douter, Millie.” Il souffle finalement, voulant clarifier la situation. Il ne peut pas lui assurer grand chose, lui en promettre moins encore, mais il peut au moins lui dire qu’il est heureux de passer autant de temps que possible en sa compagnie, parce que cette dernière lui plaît terriblement.

« Si c’était pas déjà le cas, j’aurais juste pris le sac avec les sushis et je t’aurais laissé de l’autre côté de la porte ce soir aussi. » - “Tu m’étonnes que t’as aucun mal à travailler pour James, toi.” Il se moque avec amusement, à ça de lui tirer la langue tel un véritable enfant terrible. Millie a son caractère, c’est un fait, et c’est aussi une partie d’elle qu’il apprécie, lui-même loin d’être facile à vivre par moments. « Il faut juste qu’on s’organise un peu, c’est tout. » - “Parfois je regrette de pas avoir un travail 9-17h et d’autres, je me dis que ça doit être terriblement ennuyeux de faire comme tout le monde.” Eux, au moins, nourrissent d’autres ambitions, d’autres envies. Ils entretiennent leur passion, surtout, et c’est ce qui importe le plus finalement, ou tout du moins aux yeux de Rose. “Et en parlant d’organisation… Tu fais quoi le dernier week-end prochain ?” Il sait que James a au moins posé sa soirée, alors il se doute (espère) que Millie ne sera pas trop surchargée de travail en son absence. “Ma proposition sous-entend de trouver une belle robe mais exclut les sushis, désolé par avance.” Ambrose esquisse un sourire en coin, déjà un peu trop confiant sur la capacité de la jeune femme à répondre par la positive à cette question qu'il n'a pas même formulée: est-ce qu'elle veut l'accompagner au mariage de son frère aîné ?

« Parfois ça sert à rien de chercher plus loin. » Et parfois, cela ne servait à rien d’argumenter lorsque ce n’était en rien nécessaire - raison pour laquelle elle se contenta d’étirer un petit sourire après ses mots, ne cherchant pas à renchérir. Parfois, plus loin, il n’y avait rien.

Son sourire ne fut plus de mise cependant lorsqu’Ambrose commença à se montrer rabat-joie quand au fait qu’effectivement, leurs emplois bien différents leur donnaient du fil à retordre pour passer un peu plus de temps ensemble. Elle lui adressa un de ces regards plein d’exaspération, alors qu’elle était justement en train de lui expliquer qu’elle pouvait se dégager du temps; il suffisait simplement de le demander et elle réarrangerait l’entière organisation du weekend mentionné. « Arrête d’en douter, Millie. » Et à la vision du sourire qui s’ajoutait aux paroles, elle redonna un air plus doux aux traits de son visage à elle. « J’arrête alors, Rose. » Elle doutait simplement parce-qu’il donnait deux échappatoires différents à ses phrases, préférant laissant le filet de sécurité en place. Elle ne lui en voulait pas, à ne pas se méprendre; simplement, elle n’allait pas lui reprocher de s’autoriser à être un brin plus ferme et assuré sur ce qu’il désirait. Si la compagnie de l’un et de l’autre leur plaisait, il n’y avait pas à chercher plus loin - c’était exactement ce qu’il lui disait, une poignée de minutes plus tôt.

« Tu m’étonnes que t’as aucun mal à travailler pour James, toi. » Elle ne sut, cette fois-ci, retenir un petit sourire plein de fierté. Pour une fois que son caractère affirmé et son côté à être quelque fois intransigeante pouvait se révéler utile, elle ne disait pas non. « Merci. » Et elle avait clairement décidé de le prendre comme un compliment, parce-que l’air moqueur et amusé apposé aux traits de Constantine lui en donnait le feu vert.

Elle revint sur une autre partie de leur conversation cependant, préférant se répéter s’il el fallait; mais passer plus de temps auprès d’Ambrose était quelle-chose qu’elle jouterait volontiers à son emploi du temps, en prenant le temps et les disposition nécessaire. « Parfois je regrette de pas avoir un travail 9-17h et d’autres, je me dis que ça doit être terriblement ennuyeux de faire comme tout le monde. » Elle leva les yeux au ciel. « Ca doit être l’enfer sur terre, tu veux dire. » Etre partout et nulle part à la fois lui permettait d’avoir toujours autant les mains que l’esprit occupés; il n’y avait pas d’autres alternatives qui pourraient lui donner envie de se jeter autant corps et âme dans son travail, d’après elle. Bien sur, elle ne cachait pas sa passion ancrée depuis des année pour le monde dans lequel elle avait désormais la chance d’évoluer. Mais le fait de voir qu’elle était occupée du petit matin jusque tard le soir, qu’elle devait courir à quatre coins différents de la ville pour répondre aux attentes de son patron… C’était ça, pour elle, le véritable amusement dans tout ça. « Et en parlant d’organisation… » Elle qui avait reporté son attention sur le plat partagé au milieu de la table basse, reportant son attention sur le brun. « Tu fais quoi le dernier week-end prochain ? » - « Tu veux dire celui d’après nos déplacements respectifs ? » Qu’ils soient clairs sur la période de temps mentionnée. « Ma proposition sous-entend de trouver une belle robe mais exclut les sushis, désolé par avance. » Désormais intriguée, ce fut avec un brin de malice qu’elle se leva du sol sur lequel elle s’était installée pour diner, afin de se poser aux côtés d’Ambrose dans le canapé. « Constantine, qu’est-ce que tu manigances ? » Ses prunelles accrochaient les siennes à la recherche du moindre indice - même si elle savait d’avance qu’elle n’en trouverait pas, il était bien meilleur à ce jeu là qu’elle ne pouvait l’être. « J'ai rien de prévu, et j’ai peut-être une belle robe ou deux de côté si j’en trouve pas exprès pour l’occasion. » Plissant les yeux, elle prit affectueusement le menton de Rose entre ses doigts pour pouvoir plonger son regard en profondeur dans ses iris. « Quelle est l’occasion ? » Comme si elle avait besoin de savoir, en réalité: elle irait avec lui, qu’importe où il l’attentait. Millie n’avait pas fait le rapprochement entre le temps personnel que James avait glissé dans son emploi du temps à lui et ce dont Ambrose était en train de lui parler, sinon elle aurait compris de suite puisqu’elle savait Weatherton de mariage familial ce week-end là.

« Ça doit être l’enfer sur terre, tu veux dire. » D’être comme tout le monde, transparent, perdu dans la masse. Il ne peut que hocher la tête face à cette réponse, encore une fois heureux d’avoir trouvé quelqu’un avec qui il partage autant de points communs et d’avis similaires sur les choses du quotidien, ou non. Profitant de cette petite pause simple, il prend finalement son courage à deux mains pour acter une nouvelle proposition, relevant en sa direction un regard bien moins assuré que jamais: il ne s’agit plus uniquement de faits, là. « Tu veux dire celui d’après nos déplacements respectifs ? » Peu sont ceux capable de reprendre Ambrose sur son manque de précision mais elle le fait avec habileté, sans qu’il ne puisse rien dire en retour. Au contraire, il esquisse un sourire amusé et coupable. “Oui, celui d’après.” Eux qui ne se voyaient que quelques fois par mois changent leurs habitudes, apparemment, sans que cela ne soit en rien pour déplaire à l’australien. Preuve en est, il propose encore de nouvelles occasions de passer du temps ensemble.

Intriguée, Millie retrouve sa place sur le canapé plutôt que sur le sol, abandonnant un instant les sushis. « Constantine, qu’est-ce que tu manigances ? » Il sourit de plus belle encore, jouant le suspens uniquement parce qu’il le peut et que l’observer d’aussi près n’est en rien un problème. Il faut que ce soit elle qui relance les choses pour que le silence se brise, Rose étant de toute évidence un peu trop amusé par la situation lui-même. Avec Millie, il sait qu’il n’y a rien dont il doit se soucier. « J'ai rien de prévu, et j’ai peut-être une belle robe ou deux de côté si j’en trouve pas exprès pour l’occasion. » Avant même de savoir ce dont il est question, elle a déjà accepté la proposition, marque de confiance que Rose sait remarquer et, surtout, apprécier. Déjà, il sait qu’elle saura trouver la robe parfaite pour l’événement, qu’elle soit déjà dans sa garde robe ou non. Docile, le jeune politicien laisse son menton être pris en otage par les doigts de la jeune femme alors que ni lui ni elle ne détourne son regard de celui de l’autre. « Quelle est l’occasion ? » C’est de sa faute, après tout, si la première réponse qu’il lui donne depuis longtemps se résume à un baiser volé contre ses lèvres, initié par leur proximité et rendu véritable par son esprit espiègle et éternellement amusé d’un rien. Ses mains se reposent contre les cuisses de la jeune femme, enfin. “Mon grand-frère se marie, ce week-end là.” Elle connait son prénom et aurait pu le nommer comme tel, mais il préfère souligner leur lien plutôt qu’autre chose, laissant ainsi sous-entendre qu’il fait partie de ceux qui ont largement le droit d’inviter une personne supplémentaire pour l’événement. “Et j’aimerais beaucoup que tu viennes avec moi.” Malgré ce qu’il a longtemps pensé, durant tous les derniers mois écoulés, il n’a aucune envie de passer ce week-end de réjouissances seul. “Je sais que ça serait un peu bizarre avec James dans les parages et l’image que ça pourrait donner de toi. Alors t’as le droit de répondre non, si tu penses que c’est le mieux à faire.” Le mieux à faire pour sa carrière, bien sûr, alors que le mieux à faire pour eux se résume à une réponse de la positive. Mais il sait bien, Rose, que eux ne sont pas nécessairement la priorité de chaque instant, raison pour laquelle il prend sur lui et lui laisse la marge nécessaire et le droit de refuser son offre. Ils se retrouveront toujours pour des soirées ensemble, ce n’est pas un problème, bien sûr.

Le petit sourire d’Ambrose tira une réponse similaire aux traits du visage de la jeune femme. « Oui, celui d’après. » Alors, elle plissa davantage quelque peu ses yeux, se demandant où voulait-il en venir pour lui poser cette question avant autant de sérieux. D’ordinaire, leurs entrevues étaient bien moins officielles et planifiées que cela, cherchant plutôt les failles dans leur emploi du temps respectifs que les moments où ils allaient devoir les créer. Elle ne se laisserait pas avoir, cependant, et aurait le fin mot de cette histoire bien plus rapidement que le brun semblait enclin à lui donner - lui qui étirait le suspens alors que ce n’était clairement pas nécessaire en cet instant. Peut-être qu’envahir son espace vital serait un moyen de lui montrer qu’elle désirait avoir une réponse plus rapide, et qu’elle n’était guère incline à faire preuve de patience alors qu’il se jouait clairement de la situation - le sourire qui étira le coin de ses lèvres prouvait ce point là, justement. Là où elle en jouait également de son côté, en réalité, c’était que même sans savoir de quoi sa proposition relevait, Millie avait implicitement déjà acceptée d’être disponible pour lui. Bien sur, quelques idées défilaient dans son esprit; toutes étaient en réalité bien loin de ce qu’il s’apprêtait à lui dire. Ambrose qui, au lieu de répondre directement, commença par lui voler un baiser. « Ambrose. » Si son ton était quelque peu accusateur, la demoiselle devait se retenir de sourire à pleines dents alors qu’elle aurait eu finalement envie de lui en voler un en retour. Elle était déterminée à avoir le fin mot de cette histoire dans un premier temps - et elle reporterait son attention sur les lèvres de Constantine lorsque cette partie là de leur conversation serait terminée. « Mon grand-frère se marie, ce week-end là. Et j’aimerais beaucoup que tu viennes avec moi. » Et contre toute attente, contre son gré à elle aussi surement un peu, ce fut une expression de surprise qui prit possession de son visage et un petit Oh qui lui échappa trop rapidement pour qu’elle puisse y faire quoi que ce soit.

Car de toutes les situations, celle-ci ne faisait pas partie de ceux qu’ils avaient l’habitude d’aborder ensemble. Jusque maintenant, ils avaient pris tous les bons côtés de leur complicité et avaient laissé de côté ce qui pourrait être plus délicat, plus embêtant. Cette fois ci cependant, ce que Ambrose lui proposait c’était d’aller dans l’exact direction opposée et de passer outre le fait qu’ils avaient gardé leur complicité secrète jusqu’alors. « Je sais que ça serait un peu bizarre avec James dans les parages et l’image que ça pourrait donner de toi. Alors t’as le droit de répondre non, si tu penses que c’est le mieux à faire. » Les noisettes de Millie plongèrent un instant dans celles, plus foncées, du brun à qui elle avait lentement relâché le menton. Peut-être fut-ce par réflexe qu’elle chercha à connaître comment il se sentait lui, à travers son regard et ses yeux, et à trouver la façon dont il réagirait effectivement si elle se rétractait et changeait d’avis. Mais il s’agissait de Rose, à ses côtés, et elle se sentait idiote d’avoir ne serait-ce pensé qu’un seul instant qu’il puisse effectivement mal prendre l’idée qu’elle refuse sa proposition. Ils n’étaient pas dans ces habitudes là, entre eux; c’était justement l’avantage qu’ils avaient, les banalités de cette sorte n’avaient pas leur place. De toutes façons, le doute n’avait pas à se glisser dans cette conversation: elle ne comptait pas décliner l’offre de Constantine et se défiler de la sorte. « Après tout, James est ton frère, donc ce sera ton problème. » Elle savait que ce n’étiat pas réellement son frère mais la précision n’avait pas place en cet instant. A la place, plutôt, un fin sourire se glissant sur ses lèvres faisait parfaitement l’affaire. « Et puis, si j’y vais avec une de ses robes, c’est presque comme si j’étais là plus pour lui que pour toi. Ca passera inaperçu. » Non, ce ne serait pas le cas, mais cette version là des choses était bien plus amusante. « Je te pose la question une fois et après promis j’arrête, mais tu sais que j’aime pas quand les choses restent sur des non-dits. » Elle haussa légèrement l’un de ses sourcils. « Sur de toi de ton côté ? » Parce-qu’elle savait qu’elle avait les épaules de son côté pour affronter James s’il lui faisait le moindre commentaire - elle risquait son job, certes, mais elle était douée pour ce dernier Ambrose lui-même le disait; son patron serait donc idiot de se débarrasser d’elle sur ces bases là. Et même si elle avait la frousse d’une telle confrontation avec James, oui, elle se sentait apte de discuter de ça avec lui. Etait-ce le cas pou Ambrose également ? Il était celui faisait la proposition, certes, mais Millie préférait ne pas se méprendre sur les suppositions qu’elle pouvait tirer de la situations.

« Ambrose. » Il est rappelé à l’ordre suite à son baiser volé, ordre qui pourtant ne sait qu’étirer un nouveau sourire amusé sur son visage. Parfois, il en oublie toutes ses ambitions et tout l’éternel poids qui affaiblit ses épaules et il redevient un jeune adulte amusé de tout et de rien. Parfois, seulement. Pour l’heure, il jongle entre les deux, mi-amusé mi-sérieux, en venant enfin à avouer la raison de toutes ses questions, pour ainsi l’inviter officiellement à venir au mariage de son frère, dans quelques maigres semaines. Lorsque la surprise l’emporte sur le visage de Millie, il ne s’affole pas, conscient qu’elle n’aurait jamais pu deviner sa proposition et qu’elle a besoin d’un peu de temps pour peser le pour et le contre au vue de sa situation complexe. Ce n’est pas seulement le mariage du frère d’Ambrose, c’est aussi et surtout celui du frère de son patron. Il soutient le regard qu’elle lui tend, le visage neutre quand bien même un fin sourire y trouve sa place. Il comprendrait qu’elle refuse, tout comme il serait évidemment heureux qu’elle accepte. Après tout, ils sont bien loin de leur zone de confort, et il ne peut même pas promettre que le traiteur commandé par August et Yara ait prévu le moindre sushi.

« Après tout, James est ton frère, donc ce sera ton problème. » Il étouffe un rire bien plus soulagé que quoi que ce soit d’autre, abaissant son regard sur le tissu du canapé pour mieux le redresser dans ses pupilles l’instant suivant. “Si c’est que ça, je suis sûr que je peux gérer.” Parce qu’il connaît son aîné, assez pour savoir qu’il trouvera l’invitation étrange mais qu’il ne s’y opposera pas, tout comme il ne sera pas non plus le premier à vouloir faire la discussion à Millie et la mettre à l’aise. Pour cette dernière partie, Ambrose sait qu’il s’en sortira tout seul et qu’il n’aura besoin de personne. Lorsqu’elle sourit enfin, ce n’est qu’à cet instant qu’il sent s’éloigner la pression jusque-là exercée contre son cœur. « Et puis, si j’y vais avec une de ses robes, c’est presque comme si j’étais là plus pour lui que pour toi. Ça passera inaperçu. » Il sourit un peu plus encore. En politique, elle serait redoutable. “Fais gaffe, je vais être jaloux à force.” Son sourire trahit son mensonge évident, il ne fait de toute façon pas le moindre effort pour se montrer convaincant. En plus de ne pas être du genre jaloux, il l’est encore moins si cela concerne son frère, déjà marié, et dont la relation avec Millie se résume strictement à du professionnel. Pas besoin d’émettre le moindre doute à ce sujet, pas même de préciser que son mariage est libre: il ne sait même pas si Millie est au courant et n’a aucune envie d’aborder le sujet quoi qu’il en soit.

« Je te pose la question une fois et après promis j’arrête, mais tu sais que j’aime pas quand les choses restent sur des non-dits. » Ramenant ses jambes sur le canapé, il se place face à elle et redresse le dos, prêt à encaisser n’importe quelle interrogation. « Sur de toi de ton côté ? » Comprenant sans mal que cette question cache de nombreux doutes et incertitudes, il abandonne son air de gamin éternellement amusé de tout et de rien. Le sourire subsiste sur un coin de ses lèvres, pourtant, alors qu’il avance sa main contre la joue de la jeune femme, dont il caresse doucement la peau. “Je suis sûr de moi, Mills.” Sinon, il ne lui aurait jamais fait la proposition. Et quand bien même elle ressent le besoin de lui poser la question noir sur blanc, elle le connaît assez pour savoir qu’il parle rarement sans avoir tourné sa langue sept fois dans sa bouche avant ça. “Y’a aucune raison que ça se passe mal, ok ? C’est un simple mariage et toi, tu es mon invitée. Le reste n’a pas d’importance.” Ils passeront un bon moment tous les deux, jugeront les robes des autres invitées au mariage, chercheront les meilleurs mets du buffet, voleront sans doute une bouteille de champagne au passage. Ils gagneront de bons souvenirs ensemble et une soirée sans tracas. Rien de plus, rien de moins. “Je peux t’embrasser sans me faire gronder, maintenant ?” Tout ira bien, c’est promis.

Le rire d’Ambrose tira un nouveau sourire à la jeune femme - il était beau quand il riait, c’était là la seule chose qu’elle avait finalement presque envie de retenir de toute cette affaire. « Si c’est que ça, je suis sûr que je peux gérer. » Le sourire qu’elle avait esquissé jusque maintenant était d’autant de plus de mise désormais. S'il pouvait éventuellement gérer les mauvaises réactions de James - lire ici, ses sautes d’humour qui n’étaient pas toujours les bienvenues ni les plus agréables -, alors effectivement cela relevait de la bonne idée de lui proposer de l’accompagner au mariage de son aîné. Tous les éléments étaient réunis pour qu’ils puissent passer un bon moment, et qu’ils puissent profiter aussi un peu l’un de l’autre loin de leurs habitudes quotidiennes. Et puis, concernant le problème James, si elle faisait l’effort de rester presque professionnelle en portant une robe signée Weatherton, cela passerait d’autant mieux auprès du patron, non ? « Fais gaffe, je vais être jaloux à force. » Elle aurait pu le croire, Millie, si seulement il ne s’était pas trahi la seconde qui avait suivi ses paroles; au delà du fait que ce n’était en rien dans leurs habitudes que ce type de ressenti s’invite entre eux sans prévenir. « Ca t’irait pas au teint mon chou. » Ou peut-être que c’était là quelque-chose qui lui irait comme un gant, mais dans un tout autre contexte. Il avait toute leur vie pour se montrer jaloux envers le monde entier, ce n’était pas la peine de s’embarrasser avec une telle chose dès maintenant.

Entre deux plaisanteries et amusements, cependant, il y avait un dernier point sur lequel Millie souhaitait être sûre d’avant de classer cette discussion comme terminée - ayant déjà précisé son point en partager une réponse positive à son invitation. Là, il s’agissait de s’assurer qu’Ambrose aussi serait à l’aise avec l’idée qu’il avait partagé. Il n’aurait pas osé faire une telle proposition si c’était pas réellement le cas, mais parfois les sous-entendus n’étaient là que pour combler les silences et ne portaient pas leurs fruits de façon assez efficace. Au moins, à demander à haute voix, elle serait certaine de son côté également. « Je suis sûr de moi, Mills » Elle appréciait particulièrement lorsqu’il l’appelais Mills comme ça. « Y’a aucune raison que ça se passe mal, ok ? C’est un simple mariage et toi, tu es mon invitée. Le reste n’a pas d’importance. » Tout le reste avait énormément d’importance, au contraire; mais elle ne saurait nier qu’elle aimait l’idée que ce ne soit pas le cas pour une fois. Tout avait trop d’importance, tout le temps; se glisser dans un moment d’innocence leur ferait du bien - et ce à tous les deux, Ambrose jouant bien trop souvent aux hommes d’affaires trop occupés alors qu’il entrait à peine dans l’âge adulte. « J’espère que y’aura du champagne. » Sa façon à elle de signifier que le côté compliqué de l’histoire était désormais derrière elle, qu’elle faisait confiance au jugement du brun face à elle et qu’elle se laissait glisser vers cette aventure sans trop regarder en arrière. Après tout, elle n’avait à perdre qu’un travail qui représentait l’opportunité d’une vie; elle n’aurait qu’à répliquer que ce n’était pas de sa faute si James avait un frère avec un sourire comme ça, aussi. « Je peux t’embrasser sans me faire gronder, maintenant ? » A ces quelques mots, Millie ne sut retenir un petit rire, alors qu’elle réduit à zéro la distance les séparant ces dernières minutes. « T’as même plutôt intérêt à au moins m’embrasser, oui. » Promis, elle ne le gronderait pas de nouveau pour le reste de la soirée. La seule chose qui pourrait être dérangeante désormais, c’était qu’elle n’avait plus tant envie finalement que leur soirée s’écourte à cause de leurs emplois du temps respectifs du lendemain. Elle l’aurait volontiers gardé rien que pour elle le reste de la soirée, de la nuit et jusqu’aux lueurs de l’aube si tel aurait pu être le cas.

« Ca t’irait pas au teint mon chou. »
“T’en sais rien, j’ai jamais essayé.”

Il rétorque avec un sourire, preuve qu’il n’en a pas vraiment quelque chose à faire. Preuve aussi qu’il ne fait que s’amuser avec Millie, n’ayant aucune raison de se montrer jaloux, tant parce que ce ne serait pas dans son caractère que parce qu’il a assez confiance en elle et en eux, peu importe à quoi le eux se référe réellement. « J’espère que y’aura du champagne. » Ces mots semblent confirmer qu’elle accepte l’invitation au mariage, chose que Rose accueille avec un sourire un peu plus grand encore, aussi heureux qu’il est sans doute soulagé de pouvoir la compter à ses côtés lors de cet événement. Peut-être, aussi, que cela permettrait de rendre les choses un peu plus officielles et un peu moins floues entre eux, quand bien même la situation actuelle lui convient parfaitement. Ils n’auront qu’à aviser, sûrement. Rien ne presse.

Après avoir abordé un sujet aussi sérieux, qui commençait à lui peser peu à peu sur la conscience, Ambrose laisse la pression redescendre en s’amusant à nouveau d’un rien, notamment son droit d’embrasser la jeune femme sans que celle-ci ne le réprimande en retour. La réponse est déjà évidente, mais il aime l’idée de le lui demander les yeux dans les yeux. Ce qu’il aime encore plus, c’est dé’entendre le rire de la jeune femme. « T’as même plutôt intérêt à au moins m’embrasser, oui. » Et cette fois-ci, c’est à son tour à lui de rire simplement, ne tardant pas davantage avant de retrouver ses lèvres le temps d’un baiser bien plus affirmé, bien plus passionnel aussi. Le temps avant que ses lèvres ne dérivent contre sa nuque et sa clavicule dans les secondes qui suivent. “Elle rentre jamais avant onze heures, pas vrai ?” Il demande, commençant déjà la réponse à sa question, un sourire mutin imprimé sur le visage. Après tout, il ne fait que répondre à la demande de Mills, lui qui délaisse plutôt volontiers les restes de leur repas pour se concentrer sur un sujet bien plus urgent, bien plus intéressant aussi.