Pas de défilé prévu pour lui cette année, Cole n’avait donc pas intérêt à être sérieux quand il prétendait l’inscrire en douce. Ce n’est pas que ça ne l’intéresse pas, c’est plutôt qu’il a déjà donné et qu’il laisse ça à celles et ceux pour qui l’expérience sera inédite. Eddie a déjà foulé un podium au bras d’une certaine avocate un an plus tôt et les choses étant drôlement faites, c’est pour le même créateur que celui mis à l’honneur aujourd’hui que le duo s’était improvisé mannequins le temps d’une journée. Ce même jour où Eddie n’avait pas hésité à vendre son projet de spectacle à James Weatherton, décrochant par la suite une collaboration qui lui tenait particulièrement à cœur et qui n’a finalement jamais abouti, par pure inconscience de sa part. S’il n’avait pas bousillé son genou l’an passé le danseur n’aurait pas eu à subir cette opération qui l’a tenu éloigné des parquets pendant des mois, son projet n’aurait alors pas été reporté et James aurait pu concevoir les costumes de son spectacle comme c’était initialement prévu. Une occasion manquée, oui, mais qu’Eddie compte bien honorer tôt ou tard en espérant que le couturier sera encore disposé à lui laisser sa chance. Il va le reprendre ce spectacle, le monter de ses propres mains même si ça doit prendre du temps. Ce projet Eddie n’a jamais pu y renoncer et il entend bien le mener à son terme cette fois, sans laisser une seule occasion à sa santé de le freiner à nouveau. Il n’a jamais été aussi sûr de vouloir relancer la machine, le moment n’est pas forcément bien choisi avec la famille qu’il s’apprête à fonder avec Halston mais ses projets de couple ne seront jamais incompatibles avec ses projets au théâtre, Eddie y met un point d’honneur. Ce spectacle est aussi son bébé d’une certaine façon, il a attendu de longs mois avant de pouvoir lui redonner vie et si ces derniers temps le danseur n’était pas certain d’en avoir les ressources, à présent il n'a plus de doutes. L’argent il le trouvera, la main-d'œuvre il l’engagera, à partir du moment où Eddie sait ce qu’il veut les obstacles n’en sont plus vraiment ou disons plutôt qu’il les minimise comme une certaine blessure autrefois, convaincu comme toujours d’avoir le contrôle et de savoir ce qu’il fait.

Mais que James se rassure, ce n’est pas pour le supplier de reprendre leur collaboration avortée qu’Eddie fait une apparition au Brisbane Fashion Show aujourd’hui. Il n’espère même pas y croiser le créateur, probablement sollicité de toutes parts et accaparé par l’organisation de l’événement qu’il devine être de grande ampleur. Le défilé en est sans conteste l’attraction majeure mais ce qui intéresse Eddie se trouve plutôt du côté du vide-dressing, là où le danseur va pouvoir se délester de vêtements qu’il ne porte plus de la même façon qu’il avait fait don de ses jouets d’enfant lors de la grande collecte de Noël. Son récent déménagement lui a fait prendre conscience de tout ce qu’il avait pu amasser au fil des années et des trop nombreux vêtements qui dormaient dans le fond de son armoire, le déclic a eu lieu au bout du troisième carton rempli et à présent il en est sûr : ces vêtements seront bien plus utiles à d’autres qu’à lui. Mais les bénéfices seront moindres de son côté s’il doit repartir presque aussi chargé qu’à son arrivée alors Eddie s’est donné pour objectif de garder ses mains dans ses poches pour ne pas être tenté de chiner. Il n’a besoin de rien de toute façon, c’est bien ce que l’on dit avant de ramener avec soi beaucoup trop de choses, n’est-ce pas ? Eddie ne niera pas que cette veste en jean sur un portant lui fait de l’œil, les vêtements qui l’entourent appartenaient de toute évidence à une personne de goût et ce n’est pas la demoiselle à ses côtés qui devrait le contredire, une rousse bien connue du danseur qu’il ne s’attendait pas à rencontrer ici. « Diana. » il énonce sobrement en réalisant que cette ville n’est toujours pas assez grande pour leur permettre de s’éviter très longtemps. Ils ne se sont pas revus depuis la soirée à l’agence et même si leur échange n’y avait pas été désagréable, Eddie reste avant tout marqué par l’épisode de l’hôpital dont ils n’ont jamais eu l’occasion de vraiment reparler. « Ou devrais-je dire mademoiselle la nouvelle égérie Weatherton ? » il reprend en croisant ses bras, laissant au passage un mince sourire animer ses lèvres. « J’ai vu passer l’annonce sur les réseaux sociaux, on peut dire que tu sais t’entourer. » James n’est pas n’importe qui et les contrats de ce genre ne sont sans doute pas à la portée de tout le monde, non plus. Quant à savoir si Halston a joué un rôle dans la mise en contact entre l’actrice et le couturier il n’est pas sûr que ça l’intéresse, même s’il ne peut que fortement s’en douter. « Tu as l’air de reprendre du poil de la bête, je me réjouis de voir que tout va mieux pour toi. » Eddie conserve une certaine retenue en le disant mais ses mots n’en sont pas moins sincères, il n’a jamais souhaité autre chose que le bon rétablissement de l’actrice et ce malgré le fait qu’il n’ait pas été tendre à son réveil à l’hôpital, bien des mois auparavant. « Félicitations, du coup. » Étrangement ça ne lui écorche pas la bouche de le dire, son sourire tend même à s’élargir avant qu’Eddie ne reporte brièvement son attention sur les rayonnages autour d’eux. « Tu viens donner quelques vêtements toi aussi ? » Ça l’étonnerait assez de sa part puisqu’il l’imaginerait plutôt du genre à chercher de quoi enrichir sa garde-robe mais qui sait, il ne la connait peut-être pas aussi bien qu’il le pense.

C’est l’un de ces moments où Eddie ne saurait pas dire si les choses sont bien ou mal faites. Quand ses yeux se posent sur la chevelure rousse de Diana puis sur le minois de celle-ci le sentiment de surprise qui s’empare de lui n’est pas aussi désagréable que ce qu’il aurait été quelques mois plus tôt, mais il ne dirait pas pour autant que croiser l’actrice est un plaisir. Elle reste rattachée à des images que le danseur a bien du mal à laisser derrière lui, des images qui reviennent même parfois le hanter en pleine nuit mais dont il n’a jamais véritablement parlé, autour de lui. Eddie aimerait que ce terrible jour ne soit pas la première chose lui venant à l’esprit quand il se retrouve face à elle mais Diana reste associée, encore aujourd’hui, à ce qui doit être la plus grande frayeur de sa vie. Il n’en montre rien pourtant, préférant orienter la discussion sur la récente annonce faite par la maison Weatherton plutôt que de revenir sur cet épisode qui ne ferait de bien à personne. Le lieu serait de toute façon très mal choisi pour ça alors Eddie s’évertue à la voir comme la nouvelle égérie qu’elle est, et sûrement pas comme une actrice en détresse dont il a interrompu le projet funeste. « Les nouvelles vont vite et oui, j'ai toujours su plaire aux bonnes personnes. » Un léger rictus étire les lèvres du danseur alors qu’il se retient de dire qu’elle sait aussi déplaire aux gens sans trop de difficulté. Il se permet d’en sourire aujourd’hui mais ça n’a pas toujours été le cas. Leur relation a longtemps été teintée d’une animosité que Diana a délibérément initiée en le prenant en grippe et même si Eddie lui a souvent rendu ses piques et ses provocations, il n’a jamais réussi à la détester autant qu’elle pouvait le détester de son côté. Pourquoi il l’ignore encore, car il en aurait eu toutes les raisons. « Je m’attends à te voir prochainement sur des campagnes d’affichage en ville, du coup. Ça me donnera l’impression que tu me nargues chaque fois que je passerai à moto. » Et l’idée l’amuse assez en vérité, comme s’il ne trouvait pas plus déplaisant que ça d’être bientôt poursuivi par l’image de l’actrice aux quatre coins de la ville. Il préfère la voir sur une multitude d’affiches que sur un lit d’hôpital, c’est un fait. « Et puis avec les événements de ce mois-ci j’imagine que l’annonce ne pouvait pas mieux tomber pour toi. » C’est ce qu’il suppose puisque tout s’est enchaîné très vite entre ce post sur les réseaux sociaux la présentant comme la nouvelle égérie et le Brisbane Fashion Show mettant à l’honneur le couturier. Tous les yeux vont être rivés sur James dans les prochains jours mais aussi sur ses équipes et ses modèles, et c’est sûrement une publicité bienvenue pour l’actrice. « Merci, je vais beaucoup mieux oui. » S’en douter est une chose mais rien ne vaut le fait de l’entendre, alors qu’Eddie n’aurait vraiment pas cru être un jour aussi soucieux de l’état de Diana. Elle va mieux, elle va bien. Ses yeux comme ses oreilles en ont la confirmation et même s’il ne l’avouera pas, c’est soulagé qu’il aborde la suite de leur échange. « Merci beaucoup. » La féliciter lui semble bien normal et Eddie n’a même pas à se forcer. Il s’étonne peut-être un peu de la retenue dont l’actrice peut elle aussi faire preuve car il l’a connue nettement plus bavarde, mais force est de constater qu’ils ont tous deux rangé leurs provocations au placard.

Ce vide-dressing n’est définitivement pas l’endroit où il se serait attendu à la rencontrer mais il faut croire que c’est une même cause qui les réunit aujourd’hui, et qu’ils ont aussi plus en commun que ce qu’ils ont jusqu’ici bien voulu penser. « Oui, le déménagement m'a permis de faire du tri dans ma garde-robe. C'est une bonne occasion pour en fait don. Et accessoirement faire une tour des stands. » Il ne la contredira pas sur ce point, ces vêtements qui ne leur servent plus feront forcément des heureux et c’est avec ce genre d’actions qu’Eddie s’emploie à s’améliorer en tant que personne, en s’ouvrant et en se dévouant plus aux autres. Une démarche s’inscrivant dans la continuité de ce qu’il avait commencé à entreprendre pendant sa convalescence et lui réussissant jusqu’ici plutôt bien, son karma semble même meilleur que jamais depuis quelques temps comme si le fait de se regarder un peu moins le nombril n’avait pas échappé à l’univers. Il retient en tout cas que Diana a récemment connu les joies d’un déménagement, elle aussi. « Alors ça y est, la maison de Logan City est vendue. Tu vis où maintenant ? » Il reste convaincu que quitter cette maison était la meilleure chose à faire pour laisser derrière elle les souvenirs du cambriolage, c’est d’ailleurs ce qu’il lui avait conseillé la dernière fois qu’il y a mis les pieds. Halston se porte bien mieux elle aussi depuis qu’elle n’y vit plus même s’il a conscience que les deux femmes doivent à présent apprendre à vivre l’une sans l’autre, en partie à cause de lui. « Toi aussi, j'imagine… tu es venu apporter des affaires ? » Eddie hoche la tête tout en désignant un large carton près de lui, contenant tout ce dont il vient de faire don et qui ne devrait pas tarder à être placé sur des portants. « Oui, pour la même raison que toi. C’est fou le tri qu’on peut faire pendant un déménagement, j’avais hâte de donner une seconde vie à toutes ces fringues. » Le fait qu’il ait troqué son petit dressing contre une penderie digne de ce nom est finalement assez ironique, car c’est maintenant qu’il a nettement plus de place pour ranger ses vêtements qu’Eddie se sépare d’un grand nombre d’entre eux. Mais il le fallait, ce tri aurait même dû être fait bien plus tôt. « J’avoue que je regarderai le défilé de loin si je reste jusque là. C’est une bonne initiative mais je passerai mon tour. » Il ne s’imagine pas monter sur un podium aujourd’hui, ce n’est pas ce qui l’amène et il n’aura en principe personne à encourager non plus, à moins que la rousse à ses côtés n’ait d’autres plans que les siens. « Et toi tu ne défiles pas en tant qu’égérie ? » Eddie ne sait pas si ça peut faire partie de ses nouvelles obligations mais Diana ne lui donne pas l’impression de prévoir le moindre défilé, à première vue. Il ne doute pourtant pas du fait qu’elle y aurait sa place et pas seulement parce qu’elle représente désormais la maison Weatherton, ce qu’il n’admettra pas face à l’intéressée. « J’ai aperçu James tout à l’heure, il avait l’air débordé mais même en courant dans tous les sens cet homme reste infiniment classe. » Désigner le styliste par son prénom est un petit luxe qu’Eddie s’octroie depuis qu’il peut compter le britannique parmi ses collaborateurs mais aussi et surtout parmi les amis de sa compagne. Quant au fait que James ne sache plus où donner de la tête ça n’a rien d’étonnant vu l’ampleur de l’événement, et les grands moyens vraisemblablement investis pour qu’il puisse voir le jour.

Le visage de Diana a donc toutes les chances d’être placardé aux quatre coins de la ville dans les prochaines semaines, de quoi rendre impossible le fait de l’éviter même avec la meilleure volonté du monde. S’il y a encore quelques mois l’idée d’être poursuivi par l’image de l’actrice dans le moindre de ses déplacements aurait eu de quoi hérisser les poils du danseur, désormais Eddie y est bien moins allergique comme la légèreté de sa voix le montre bien. « Oui, déjà que cette ville ne semble pas assez grande pour nous deux, tu risques de me voir à chaque coin de rues maintenant. Ou que tu ailles, je serai là ! » « Quelle torture ! » il rétorque en portant une main à son front dans un geste exagéré. Les provocations de Diana n’ont elles aussi plus vraiment le même impact, elle reste cette jeune femme hyper fière qu’Eddie avait appris à connaître et surtout à exécrer mais ses remarques n’ont plus le don de l’agacer comme ce fut trop longtemps le cas. Il ne sait pas si c’est le fait de l’avoir vue au plus bas ces derniers mois qui la rend nettement plus supportable à ses yeux aujourd’hui mais elle lui parait en tout cas bien plus humaine depuis cet épisode, et ce n’était pas tellement du luxe. Il faudra encore du temps et du chemin pour pardonner ses affronts passés mais il y parviendra sans doute un jour, si Diana ne profite pas de cette seconde chance offerte par la vie pour pourrir à nouveau la sienne. « C'est une excellente opportunité et un honneur. Je ne pouvais pas espérer mieux, c'est sûr ! » Et c’est certainement le meilleur tremplin que l’on pouvait souhaiter à l’actrice, Eddie espérait secrètement la voir retomber sur ses pattes mais il n’avait pas osé croire que les choses se feraient si vite. Si Halston a eu vent de cette collaboration entre la rousse et son ami couturier elle ne lui a en tout cas rien dit, le laissant tout découvrir comme de nombreux autres utilisateurs du réseau social qu’on ne présente plus. « Je t’avoue que ça m’a fait bizarre de voir ton nom et ton visage sur instagram l’autre jour, mais la surprise n’a pas été aussi désagréable que je l’aurais pensé. » Pourvu qu’elle ne lui fasse pas regretter cet aveu dont Eddie s’étonne un peu lui-même d’être capable, même s’il ne cache plus vraiment avoir mis son animosité de côté envers l’actrice. Son approche se veut pacifique depuis le début de cet échange et il n’a aucune envie que cela change. « Halston ne devrait pas tarder à te féliciter, si elle ne l’a pas déjà fait. » Il n’a pour le coup aucune idée des contacts que les deux femmes ont encore mais il suppose que le lien est maintenu, l’inverse le surprendrait autant que ça l’ennuierait. « Et j’imagine qu’Heather doit être fière de toi aussi. » il reprend alors, se permettant une allusion à la jeune femme que Diana fréquente et qui était encore à ses côtés lors de la soirée à l’agence. Une histoire qui semble durer et c’est là encore tout le bien qu’il peut lui souhaiter.

Il ne manquerait plus qu’un déménagement pour que Diana prenne un vrai nouveau départ et d’après ce qu’il comprend c’est bel et bien d’actualité, ce que la rousse ne tarde pas à lui confirmer. « Oui, cette maudite maison a trouvé un nouvel acquéreur et je crois que j'aurais dû m'en débarrasser bien avant. » Il aurait tendance à approuver ce qu’il entend car il n’avait lui-même pas hésité à lui conseiller d’en partir, sans imaginer qu’il découvrirait peu de temps après l’actrice inconsciente dans cette même maison. Maudite, c’est bien le mot. « C’est une page qui se tourne et pas la meilleure, je le sais bien. Mais je suis content pour toi, je crois que tu avais vraiment besoin de ça. » On déménage bien souvent pour du mieux et Eddie est convaincu que ce changement de décor sera bénéfique à Diana. Les mauvaises ondes de Logan City sont désormais derrière elle tout comme elles le sont pour Halston, qui ne risque pas non plus de regretter cette maison. « J'ai acheté un appartement en ville, je dois y emménager prochainement. » De nouvelles félicitations s’imposent sans doute mais Eddie se contente d’un franc sourire, se réjouissant d’entendre que les choses avancent véritablement pour elle. « C’est super ça, dans quel quartier ? » Peut-être bien qu’il cherche à évaluer la distance entre le nouveau lieu de vie de l’actrice et le centre ville, où il vit désormais au côté de son américaine et leurs trois chats. « Le dressing est nettement moins grand que celui de la maison alors… j'ai dû faire du tri et c'est déchirant de devoir me débarrasser de mes affaires. » Un sourire moqueur glisse sur les lèvres du danseur alors qu’il reconnaît bien le côté drama queen de son interlocutrice. Elle survivra avec moins d’affaires, que Diana ne s’en fasse surtout pas. « Il faut croire que c’est le prix à payer pour repartir sur des bases saines, tu verras tu t’habitueras. » Cette place de perdue sera forcément regagnée ailleurs car à côté, le fait de se reconstruire dans un endroit où elle ne sera pas quotidiennement entourée de sombres souvenirs n’a probablement pas de prix. Et puis ses vêtements auront droit à une deuxième vie ailleurs tout comme ceux du danseur. « Oui, ils feront certainement le bonheur de quelqu'un d'autre. » Ce qui représente pour Eddie une très bonne motivation, bien avant le fait d’avoir désencombré ses placards car c’est aux autres qu’il pense, de plus en plus après avoir passé bien trop d’années à se regarder le nombril. Il est quand même curieux de savoir si Diana a prévu de prendre part au défilé dont tout le monde parle, et en vue duquel pas mal de gens semblent déjà s’agiter en coulisses. « Pas aujourd'hui non, mais je ferais signe à Halston dès que ce sera le cas. Je compte bien vous en mettre à tous pleins les yeux, je suis la reine des podiums. » Il n’est pas vraiment déçu de l’apprendre car d’autres occasions se présenteront sans doute pour la toute nouvelle égérie qu’est Diana, comptant bien évidemment sur la future invitation de celle-ci.  « J’en doute pas une seconde et je ne raterais ça pour rien au monde. » Eddie ne demande qu’à ce qu’on lui en mette plein les yeux, il sera même le premier à applaudir l’actrice car sur un podium, il n’a aucun mal à croire que Diana sera dans son élément. Elle est faite pour la lumière et possède une prestance qu’on ne pourra pas lui enlever, James Weatherton n’a assurément pas misé sur elle par hasard. « Je n'ai pas encore eu l'occasion de le croiser, je dois aller le saluer, mais oui il est débordé et ça se comprend ! » Le couturier n’est pas l’homme le plus accessible du coin mais il l’est sûrement un peu plus pour ses égéries, même si le terme muse a certainement tout autant de sens dans ce milieu. « Cet homme est un véritable artiste ! » Et même un génie comme on en trouve peu, ce n’est pas Eddie qui risque d’affirmer le contraire alors qu’il espère toujours renouer avec James pour la confection des costumes de son spectacle. Quel honneur ce serait d’y apporter la griffe et le savoir-faire Weatherton, il ne pourrait pas rêver mieux.

L’actrice et le danseur échangent depuis maintenant plusieurs minutes sans que personne n’ait eu de mot plus haut que l’autre ou de remarque désobligeante, un calme qui ne laisse rien paraître des anciennes tensions les ayant opposés. « Et toi ? Ce déménagement avec Halston ? Ça ce passe bien ? Maintenant qu'elle est la digne héritière de l'agence, elle ne doit plus savoir où donner de la tête ! » À son tour Diana vient aux nouvelles et c’est en toute transparence qu’Eddie s’emploie à lui répondre, n’ayant rien à cacher des récents bouleversements survenus dans sa vie. Tous plus positifs les uns que les autres, marquant un net contraste avec ce qu’était encore son quotidien un an plus tôt. « Tout se passe bien pour nous, on prend doucement nos marques dans notre nouveau quartier et je crois pouvoir dire qu’il en va de même pour elle, à l’agence. » Halston en parlerait mieux que lui mais elle semble s’épanouir dans ses nouvelles fonctions, quand bien même ces dernières ont tendance à la retenir un peu trop souvent à son bureau mais il fallait s’y attendre, un tel passage de flambeau ne pouvait s’accompagner que de lourdes responsabilités. « Elle est pas mal occupée c’est vrai et j’avoue que certains jours ça ne me rassure pas vraiment, car j’imagine qu’elle t’a parlé de notre.. projet de famille. » Diana doit savoir qu’ils essaient d’avoir un enfant depuis le début d’année, ce n’est pas une chose que l’américaine doit pouvoir lui cacher et pas non plus une chose qu’Eddie rechigne à officialiser. S’il cache sa joie aujourd’hui c’est simplement parce que le nouveau rythme d’Halston l’inquiète, la possibilité d’une grossesse lui semblant assez peu compatible avec la direction d’une agence mais il n’est pas censé dire à sa compagne comment elle devrait gérer sa carrière. « Parfois je me dis que ce nouveau rôle n’est pas tout à fait tombé au bon moment mais c’est ce qu’elle désirait par-dessus tout, un autre de ses rêves qui se réalise. » Il ne sait que trop bien à quel point Halston comptait sur l’obtention d’un tel rôle et il ne peut qu’être infiniment fier d’elle, malgré les craintes qu’un possible surmenage peuvent éveiller en lui. L’américaine n’est même pas encore enceinte qu’Eddie balise déjà, de quoi promettre pour les prochains mois. Son regard se reporte sur Diana alors qu’il songe à leur nouvel habitat qu’elle n’a pas encore eu l’occasion de visiter. « Tu sais que tu peux passer à la maison si t’en as envie un de ces quatre, c’est pas moi qui te fermerai la porte. » il propose avec toute la bienséance dont il peut faire preuve. Si Halston ne l’a pas encore conviée c’est sûrement vis-à-vis de lui mais il n’a pas prévu de les empêcher de se voir, ses plans n’ont même jamais été ceux-là et s’il osait, il pourrait presque ajouter que Diana y sera la bienvenue.

Il survivra à la vue de l’actrice pendant ses trajets à moto car le temps où le moindre rappel de l'existence de Diana pouvait lui hérisser les poils est aujourd’hui derrière lui. Un changement qu'Eddie ne s'explique pas vraiment ou disons plutôt qu'il n'en cherche pas les raisons, préférant prendre les choses comme elles viennent et reconnaître simplement qu'avec le temps, l'image de peste qu'il avait tant associée à Diana s'est pas mal estompée. Il doute d'en faire un jour une bonne amie malgré des points communs évidents qu'ils n'ont jusqu'ici jamais voulu voir, mais le fait de pouvoir engager avec elle une discussion posée est déjà une avancée sur laquelle le danseur ne risque pas de cracher. Et c'est Halston qui devrait aussi se réjouir de voir ces deux-là capables de se parler normalement, il suppose d'ailleurs que l'américaine prendra soin de féliciter sa protégée et amie en admettant qu’elle ne s’en soit pas déjà chargée. « Elle est au courant, c'est grâce à elle si j'ai pu rencontrer James et lui faire bonne impression. » Ce qui ne l'étonne finalement pas, Halston s'est de toute évidence assurée que Diana puisse correctement rebondir après son passage à vide et ce n'est pas Eddie, qui a lui-même déjà profité des bons contacts de l'agente, qui risque de juger ça. James n'est de toute façon pas un homme corruptible alors si Diana n'avait pas correspondu à ses exigences, il ne lui aurait sûrement pas fait une fleur en lui offrant un contrat malgré tout. « Je m’en doutais. Halston connait du beau monde et c’est officiellement ton cas aussi, maintenant. » Ajouter un nom aussi illustre que Weatherton à son carnet d'adresses fait forcément son petit effet, n'importe qui se sentirait un minimum important en côtoyant le styliste de près et même s'il s'attend à voir le melon de l'actrice grossir avec ça, dans le fond il ne peut qu'être content pour elle. Une autre personne doit également se réjouir de cette opportunité offerte à la rousse, la fameuse Heather dont le danseur connait le véritable statut aux yeux de Diana. « Oui, elle l'est ! Elle est aussi heureuse pour moi. » Une confirmation qu'Eddie accueille avec un modeste sourire, ravi que de ce côté-là aussi les choses se passent bien après des derniers mois compliqués. « J’espère qu’elle n’est pas trop jalouse car tu vas sûrement faire tourner pas mal de têtes avec ces prochaines campagnes. » Il l'a après tout lui-même vécu lorsque son visage était affiché sur les abribus de la ville et que cette exposition avait tendance à rendre Halston (déjà) méfiante vis-à-vis d'autres femmes, quand rien ne le justifiait pourtant. « Tu ne le sais peut-être pas mais j'étais un peu à ta place l’année dernière. Enfin, j’étais seulement l’égérie d’une marque de glaces alors c’est pas non plus vraiment comparable. » Et il imagine bien que ça fait tout de suite nettement moins rêver, aussi respectable a pu être cette collaboration avec Häagen-Dazs. Ce contrat l'avait aidé à sortir la tête de l'eau quand il se trouvait financièrement dans le rouge alors avec pas mal de recul, Eddie n'a vraiment honte de rien.

Le déménagement de Diana est l'autre bonne nouvelle de cette fin d'année, un projet qui aura un peu plus tardé mais dont il était au fond de lui certain qu'il finirait par se concrétiser. « Oui, il faut croire que tu avais raison la dernière fois qu'on… en a parlé. J'aurais dû quitter cette maison bien avant. » Ses conseils ne sont donc pas tombés dans l'oreille d'une sourde ce jour-là et c'est une chose sur laquelle Eddie n'osait pas trop compter. « Eh ben, j’aurais jamais cru t’entendre me donner raison un jour. » il remarque sobrement avant qu'un léger sourire ne vienne teinter ses propos. Pourvu que ça ne lui écorche pas trop la bouche, c'est après tout la première fois que Diana ne lui donne pas tort par principe et par pur esprit de contradiction. Le plus important reste ce renouveau dont elle peut désormais profiter même si elle n'est pour l'heure pas encore installée dans son nouveau domicile, un appartement dont Eddie questionne aussitôt l'emplacement sans même savoir si l'actrice lui accordera une telle information. « En centre ville. Mais pour le moment, je suis encore chez Heather. » C'est aussi en centre-ville que se trouve la maison du danseur mais Eddie ne juge pas utile de le préciser ici, n'étant pas certain que la distance entre leurs deux logements revête une quelconque importance. Ce n'est surtout pas ce qu'il choisit de retenir des derniers mots de l'actrice, préférant s'attarder sur le fait que la petite amie de celle-ci l'héberge en attendant qu'elle soit installée. « C’est une histoire qui dure alors, vous deux. » Tant mieux qu'il pourrait ajouter même si son sourire paraît silencieusement s'en charger. Il n'aurait pas forcément cru au départ que Diana serait du genre à se poser mais Eddie n'était pas censé être de ce genre-là lui non plus, et on voit bien ce que ça a donné. « Du peu que j’ai pu en voir l’autre soir à l’agence, Heather a l’air d'être une chouette fille. Je vous ai même trouvé bien assorties. » C'était la première fois qu'il avait l'occasion de les voir ensemble, lui qui n'était pas resté assez longtemps à l'hôpital pour assister à l'arrivée d'Heather mais il doit bien l'avouer, ces deux-là semblent s'être plutôt bien trouvées. Les choses se profilent bien elles aussi pour le couple du danseur, d'ores et déjà épanoui dans leur maison récemment acquise alors qu'à côté, Halston ne peut qu'être également comblée par ses nouvelles fonctions de directrice. Il ne manquerait plus qu’un rôle de maman pour parfaire le tableau et comme Diana ne l'ignore sans doute pas, cet autre projet devrait aussi sous peu voir le jour. « Je suis au courant, oui. Et elle ne renoncera pas. J'en suis certaine. J'imagine qu'elle a juste besoin d'un peu de temps pour gérer son nouveau travail, mais ça viendra. Elle souhaite tellement fonder une famille que je doute qu'elle change d'avis. » Il n'a aucun doute lui non plus, connaissant trop bien l'importance que l'américaine accorde au fait de fonder une famille. Elle en rêvait déjà bien avant de le rencontrer et n'imagine pas un futur dans lequel elle n'aurait pas donné la vie, Eddie n'a donc aucune crainte quant au fait qu'elle puisse y renoncer. « Je sais qu’elle tient plus que tout à avoir cet enfant, c'est le rêve ultime de sa vie. Rien ne pourrait la rendre plus heureuse alors elle préférera sûrement déléguer du travail à quelqu’un plutôt que de prendre des risques durant sa grossesse. » C’est en tout cas ce qu’il espère parce qu'il ne tient pas à voir Halston se dédoubler dans un état qui ne le lui permettra en principe pas. « D'abord le déménagement, son travail et le reste suivra…j'en suis certaine. » Diana chercherait-elle à le rassurer ? C'est l'impression que tout cela lui donne et Eddie apprécie cette étonnante prévenance, même s'il ne le montre pas vraiment. « C’est à moi d’assurer maintenant, j'ai pas mal de pression sur les épaules. » Il est le seul à pouvoir donner à l'américaine la famille dont elle rêve puisqu'elle ne veut aucun autre père pour ses enfants et cet engagement qu'il a pris, Eddie le considère déjà avec beaucoup de sérieux.

Quant à son offre il ne la retirera pas non plus, laissant entendre à Diana qu'elle n'aura qu'à passer au nouveau domicile du couple quand l'envie lui prendra. Il comprendrait qu'elle veuille se faire une idée de l'endroit où Halston vit à présent et si quelqu'un doit se mettre entre elles, Eddie a décidé que ce ne serait pas lui. Ce n'est pas l'environnement qu'il souhaite offrir à sa compagne ni les rapports qu'il désire encore entretenir avec l'actrice, il n'aurait c'est vrai jamais toléré que Diana puisse mettre les pieds chez lui en sa présence comme en son absence il y a encore quelques mois mais cette idée ne le dérange officiellement plus – sans quoi il ne glisserait pas cette invitation déguisée. « C'est… gentil Eddie. Je… je passerais, quand vous serez définitivement bien installés. » Il en prend note dans un hochement de tête, laissant à Halston le soin de lui communiquer leur nouvelle adresse ainsi que le meilleur moment où Diana pourra les honorer de leur visite. Eddie considère que le plus gros de l'aménagement de leur maison est fait mais il reste bien quelques cartons ici et là, preuve que leur demeure prend peu à peu vie mais qu'un emménagement ne se fait pas en un jour. « Tu sais, je vais bien maintenant… tu n'es pas obligé d'être aussi… sympathique avec moi. Après ce que j'ai fait et mon comportement envers toi. » Sympathique, Eddie n'a même pas la prétention ou l'ambition de l'être. Il veut bien croire que le ton donné aujourd'hui la change complètement de leurs précédents échanges mais des efforts ont lieu des deux côtés, la rousse n'étant elle-même plus dans la moindre provocation à son égard. « Je me sens pas obligé Diana, avec le temps tu deviens juste un peu plus supportable. » Il n'a pas d'intérêt à s'en cacher, la présence de l'actrice lui est nettement plus tolérable aujourd'hui et c'est une vérité dont elle est libre de faire ce qu’elle veut. L'avoir vue au plus mal a sûrement joué dans sa nouvelle perception de l’actrice mais comme elle le dit si bien elle va mieux désormais, et son comportement continue pourtant de s’améliorer. « On aurait jamais pu avoir une discussion comme celle-là il y a quelques mois, faut croire qu’on est tout simplement pas faits pour se détester toi et moi. » Elle aurait pu redevenir cette peste qu'il a connue à sa sortie de l'hôpital mais à l’inverse, c'est comme si une nouvelle Diana était née ce jour-là. « Comment tu fais pour rester aussi calme ? » La question l'amuserait presque car calme, Eddie s'est toujours efforcé de le rester même quand ils tiraient l'un sur l'autre à balle réelle. « J’ai jamais voulu alimenter cette guerre entre nous, ça m’intéressait pas et ça risque pas de changer. Tu sais un jour je serai papa et quand ce sera le cas, j’aurai plus le temps de m’embrouiller avec les trois quarts de cette ville. » Une façon de dire qu'il aura bientôt assez à faire avec son nouveau rôle de père pour entretenir la moindre inimitié avec qui que ce soit. Diana n'est pas forcée de l'apprécier, elle peut même continuer de le mépriser si ça lui chante mais il est important qu'elle sache que dorénavant, Eddie ne rentrera plus dans son jeu. Il ne l'a d'ailleurs jamais proprement détestée mais là-dessus, elle est libre de le croire ou non. « Si je suis calme c’est aussi parce que j’ai plus aucune envie de me prendre la tête avec la plus proche amie d’Halston. J’ai compris qu’elle tenait à toi et qu’on allait devoir cohabiter autour d’elle pendant très longtemps alors voilà, j’ai accepté l’idée. » Tout comme il espère que Diana pourra l'accepter, elle aussi. Rien ne les oblige à copiner tous les deux tant qu'ils peuvent se respecter mutuellement et agir en adultes, aussi bien pour Halston que pour leur futur enfant auquel Eddie se soucierait presque déjà de donner le bon exemple. « Et toi, t’as toujours envie de m’écraser avec ta voiture ou ça t’est passé ? » il finit par questionner alors que ses lèvres se fendent en un sourire amusé. Il n'oublie pas cette bonne vieille menace proférée par l'actrice à l'occasion du marché de Noël et qu'il n'a pour ainsi dire jamais vraiment pris au sérieux.

La jalousie est un sentiment que le danseur connait bien pour avoir vu son propre couple rongé par celle-ci en début d'année, ainsi qu'à quelques autres reprises par le passé. Il estime avoir fait du chemin depuis et avancer aujourd'hui sur une base nettement plus solide auprès de son américaine, mais Eddie est bien placé pour savoir que cette jalousie peut gangréner une relation quand on la laisse s'installer. La sienne s'est manifestée chaque fois qu'un homme s'est un peu trop rapproché d'Halston et il n'est pas fier d'avoir été ce compagnon possessif qui voyait une menace en chaque type doté d’atouts que lui n’avait pas, ou chez un certain médecin que la propre mère de l'américaine avait eu le malheur d’encenser. Sa jeunesse lui a été présentée plus d'une fois comme un avantage mais Eddie ne considère pas pour autant n'avoir rien à craindre des autres hommes, il serait même encore moins serein si Halston exerçait un métier l'amenant à être exposée et donc convoitée et pour cela, au moins, le danseur dort sur ses deux oreilles. Il ne fréquente pas une actrice comme c'est le cas de Diana et la chose est d'ailleurs tout aussi vraie dans l'autre sens pour la petite amie de celle-ci, ces deux-là évoluant dans le même milieu à la différence que désormais, la rousse est également l'égérie d'une maison de haute couture. Il espère pour Diana que la blonde partageant sa vie n'est pas du genre à mal vivre le fait de la voir soudainement si demandée et admirée mais à en juger la réaction de l'actrice, il n'est vraiment pas question de ça. « Non ! Et puis, elle sait ce que c'est ! Elle n'a pas de raison d'être jalouse. » Il veut bien la croire là-dessus même s'il devine aussi que leur relation n'en est pas encore là, tout en leur souhaitant bien sûr de ne jamais tomber dans l'enfer des crises de jalousie pour ce motif ou bien un autre. Eddie a conscience que sa propre expérience avec la publicité ne vend pas vraiment du rêve à côté des nouveaux engagements de Diana mais il assume d'avoir lui aussi joué les égéries, même s'il y a évidemment un monde entre prêter son image à des glaces et représenter une marque comme Weatherton. « Ce n'est pas comparable effectivement, mais nous ne sommes pas toi et Halston, on connait toutes les deux ce milieu, on a l'habitude. » Ses lèvres s'étirent en un sourire tranquille alors qu'il décèle un soupçon de prétention chez l'actrice, sans pour autant que celle-ci en profite pour le descendre – ce qu'elle se serait à coup sûr empressée de faire bien des mois en arrière, quand elle n'avait encore aucun respect pour lui ou pour ses accomplissements. « Grand bien vous fasse. » il glisse alors d'une voix paisible, restant ainsi à la place qui est la sienne et invitant silencieusement la rousse à en faire tout autant.

Cette journée est en tout cas à marquer d'une pierre blanche pour le simple fait que Diana soit enfin disposée à lui donner raison, elle qui a pendant longtemps saisi la moindre occasion de s'opposer à tout ce qu'il pouvait dire par pure animosité à son égard. C'est certainement la première fois qu'elle met vraiment sa fierté de côté et qu'il peut en être témoin, et même s'il la taquine volontiers sur le sujet Eddie se réjouit avant tout des efforts dont elle fait preuve et des progrès indéniables dont Diana se montre finalement capable. « Oui et bien n'en prend pas l'habitude ! » Promis, il va tâcher de ne pas l'attendre au tournant chaque fois qu'elle sera tentée d'aller dans son sens même si le contraste entre leur échange du jour et leurs discussions passées le fait à présent bien sourire. C'est assez fou de se dire que cette fille face à lui l'a profondément détesté et s'était aussi jurée de faire de sa vie un enfer, alors que plus rien ne le laisse aujourd'hui supposer. Peut-être qu'Heather l'apaise à sa façon tout comme Halston est venue il y a un an apporter une vraie stabilité à la vie du danseur, il ne sait pas si cette fille a le pouvoir de changer une peste en quelqu'un de nettement plus appréciable mais il constate que Diana semble bien plus épanouie à ses côtés. « C'est quelqu'un de bien, oui. Disons qu'on se complète assez bien. Mais rien n'est encore officiel alors, je préfère qu'on évite d'en parler, s'il te plait. » La retenue de la rousse ne le surprend pas, leur histoire est après tout récente et il n'aurait pas forcément aimé lui non plus être interrogé sur sa relation avec l'américaine lorsque celle-ci débutait à peine et que les choses peinaient à s'officialiser. C'est aussi un moyen de protéger son couple des intrusions extérieures, une chose qu'Eddie a lui-même beaucoup fait l'année passée et qu'il ne peut que conseiller à ceux désirant conserver un semblant de vie privée. « Très bien, je te laisse tranquille là-dessus. » Il respecte sa volonté et consent à mettre le sujet de côté puisque Diana n'est pas à l'aise à l'idée de l'évoquer, gratifiant même celle-ci d'un humble sourire au passage. « Et si jamais t'avais encore besoin de l'entendre, sois rassurée sur le fait que votre secret est bien gardé. » Diana n'est pas censée pouvoir en douter mais ça ne coûte rien de le rappeler. Il ne trahira jamais ce qu'il sait, si leur couple doit un jour s'ébruiter ce sera parce qu'elles l'auront elles-mêmes décidé mais en ce qui le concerne Eddie sera une tombe. Cette discrétion il l'a lui aussi attendu de Diana lorsque son histoire avec leur agente n'avait pas intérêt à se répandre dans les couloirs de la Shining Stars Agency mais entre le nouveau rang d'Halston et leur famille sur le point d'être fondée, Eddie veut croire qu'ils pourront bientôt vivre leur amour au grand jour. « Je ne doute pas que vous finirez par trouver l'équilibre pour associer vos projets. » C'est étonnamment optimiste de sa part, il n'en attendait pas tant venant d'elle même si Eddie aspire lui aussi volontiers à cet équilibre dont elle parle. Ils sont en bonne voie pour le trouver, c'est aussi ce qu'il pense car les choses s'orientent joliment dans ce sens depuis déjà plusieurs mois au point que l'avenir ne lui a jamais semblé aussi clair et dégagé. « Attention Diana, je pourrais presque penser que tu souhaites le meilleur à mon couple. » Eddie la taquine dès qu'il le peut car c'est plus facile que d'admettre que le discours de la rousse a changé et qu'il en est presque touché. Elle désapprouvait fermement leur couple autrefois et maintenant ses mots sonneraient presque comme des encouragements, qui l'eut cru ? « Mais merci, ça fait plaisir d'entendre que quelqu'un croit en nous. » Plaisir oui, surtout quand ce genre de soutien provient de là où on ne l'attendait pas.

L'actrice et le danseur n'en sont pas non plus à signer une clause de réconciliation et à se prendre dans les bras pour enterrer la hache de guerre mais il y a du mieux, quiconque les aurait connu à l'époque où le torchon brûlait continuellement entre eux pourrait en attester. Eddie est le premier à reconnaître avoir pris pas mal de recul sur leurs désaccords passés, ça ne signifie pas qu'il oublie et pardonne tout mais il désire avancer avec l'idée que Diana n'est plus une ennemie et il espère bien que la réciproque est vraie. C'est la première fois qu'ils sont capables de communiquer sans qu'à aucun moment le ton ne soit amené à monter et c'est à ses yeux bien la preuve qu'une entente est possible, et qu'ils ne sont pas forcés de se détester pour le principe. Lui ne veut plus contribuer à cette guerre qui ne l'a jamais intéressé, Diana n'est pas une fille qu'il avait initialement prévu d'avoir contre lui et il n'a pas jamais choisi l'évolution que prendraient les choses, ce qui l'amène désormais à vouloir reprendre le contrôle. Il ne peut pas la forcer à l'apprécier si elle ne le souhaite pas mais il peut par contre choisir de conjuguer ces tensions au passé, comme il aurait même dû le faire avant que les choses n'aillent aussi loin. « C'est vrai qu'il y a du mieux. On ne peut pas dire qu'on ai eu un début de relation très simple. » La faute à qui ? Il est tenté de lui envoyer cette question en pleine figure mais il s'abstient, convenant avec lui-même que chercher un coupable à ce stade ne servirait à rien. Ils savent bien l'un et l'autre que Diana a lancé les hostilités, ce n'est un secret pour personne mais si la rousse a prouvé quelque chose dernièrement c'est bien qu'elle n'a pas foncièrement mauvais fond. Eddie a toujours pensé qu'elle l'avait pris en grippe pour de mauvaises raisons et on ne lui enlèvera pas cette idée de la tête, la crainte de voir Halston s'éloigner et le fait qu'un homme aurait pu à nouveau la faire souffrir ont certainement beaucoup joué. « C'est évident, oui, on ne sera jamais les meilleurs amis du monde, mais on tient à Halston et il va falloir qu'on cohabite ensemble pour… elle. » Ils y arriveront s'ils s'en donnent les moyens ensemble, en maintenant leurs efforts dans ce sens et en mettant leur rancœur de côté. Eddie n'estime pas avoir besoin de lui rappeler qu'il aime Halston plus que tout, c'est une évidence pour toute personne suivant leur couple de près alors c'est une chose dont Diana ne peut en principe plus douter. Il se risque quand même à revenir sur l'ancienne menace de l'actrice, prouvant bien à elle seule que les choses se sont considérablement apaisées. « Halston ne me pardonnerait jamais un tel acte. Mais… non, je dois dire que tu n'es plus ma cible numéro un sauf si tu décides un jour de lui briser le cœur. Mais tant que ce n'est pas le cas, tu ne risques rien venant de moi. » Il n'a donc pas à craindre de finir un jour aplati sous ses roues, voilà de quoi égayer un peu plus sa journée. Eddie n'a bien sûr jamais cru qu'elle mettrait ce plan à exécution mais c'est toujours bien d'entendre qu'elle n'en pense plus un mot. « Son cœur est en sécurité avec moi, je te fais la promesse d'en prendre soin. » il assure posément et il pourrait ajouter qu'il s'y emploie sérieusement depuis un an. Eddie n'a rien d'un briseur de cœur et s'il a malgré tout pu faire du mal à l'américaine, il faut le croire quant au fait que ça n'a jamais été intentionnel. « Je sais que je ne suis pas parfait et que je commets même des erreurs, mais je fais vraiment de mon mieux pour être l'homme qu'elle mérite. » Pour s'améliorer et grandir toujours plus à ses côtés afin de devenir la meilleure version de lui-même, ainsi que le père dont elle rêve pour ses enfants.

« Et bien, Eddie ... ce fut un plaisir de te croiser, mais je dois retourner à mes occupations. » Diana lui ôte presque les mots de la bouche alors qu'il commençait lui aussi à se dire que l'heure est venue de rentrer, en admettant qu'il ne soit pas d'abord amené à traîner autour du défilé. Il se doute bien que la rousse doit être occupée entre son nouveau rôle d'égérie et le reste, qu'elle n'a à vrai dire même pas besoin de lui détailler. Il approuve alors d'un hochement de tête, rendant à l'actrice son sourire tandis que celle-ci est déjà sur le départ. « Je te souhaite… une bonne journée. Et… je passerai. Je compte bien honorer l'invitation. » Il y compte bien lui aussi car ce sera un pas de plus vers leur bonne entente, ainsi qu'un effort supplémentaire qui devrait en toute logique rassurer Halston. « Quand tu veux, tu sais que la porte n'est pas fermée. » Elle peut même considérer qu'elle y sera la bienvenue bien qu’Eddie ne l'ait pas signifié dans ce sens, ce qui ne l'empêchera pas d'attendre sa venue avec une certaine impatience car il serait temps que la rousse donne son avis sur leur nouvelle demeure. « Bonne journée à toi aussi Diana. » il reprend et la regarde calmement s'éloigner, reprenant lui aussi le cours de sa journée sans être encore certain de ce dont elle sera composée.


sujet terminé