Il n’a pas l’impression de perdre son temps, ici. Il n’a pas l’impression de perdre du temps tout court, en réalité. Parce qu’il apporte son aide à James, parce qu’il représente une personne de plus qui admire son travail, parce que cela lui permet aussi de passer un peu de temps avec Flora, temps qu’il aurait proposé à Millie de passer à ses côtés si sa soeur ne s’était pas montrée disponible. C’est un temps qu’il prend aussi pour reprendre du poil de la bête, plus secoué et meurtri qu’il ne voudrait l’avouer de sa dernière confrontation avec le vieil italien, laquelle date de quelques maigres jours. Il a chamboulé les plans d’une vie toute entière, lui et son petit ego, et autant dire que ce n’était pas ce que Constantine avait prévu de vivre lors de cette soirée de gala comme il en existe tant d’autres encore. Son dos lui fait mal, parfois, quand la douleur se réveille de façon hasardeuse à cause d’un mouvement inopiné, quand il en vient à oublier la façon dont s’est déroulé leur échange. Tout aurait dû être prévisible, pourtant: il n’est pas un homme sur lequel Rose peut compter. Sa jeunesse et son inexpérience l’ont aveuglé. Désormais, ce sont ses pensées qui le font, maintenant qu’il n’a plus le bras de sa soeur autour du sien mais qu’il refuse de déjà quitter le lieu des festivités. Il a beau évoluer dans le monde de Weatherton depuis toujours, lui aussi, jamais il ne se lassera du travail orchestré par son oncle et son cousin, sans doute le premier admirateur des deux hommes.

En quête de nouveauté et de découverte, ses pas se perdent donc jusqu’à l’exposition de l’événement. Maigre admirateur de musées, il doit pourtant prétendre le contraire, parce qu’une culture en toutes choses est nécessaire pour le monde dans lequel il veut évoluer. Alors, il s’y rend en se promettant de faire un effort et de ne pas admirer uniquement les œuvres de la maison de couture dont il porte presque le nom. Ainsi, c’est plus amusé que jamais, et surtout moqueur, qu’il laisse un sourire naître sur son visage lorsqu’il aperçoit la silhouette de Murphy, reconnaissable entre mille. “Si tu me dis que tu viens pour admirer tout le travail des équipes, je ne te croirais pas.” Elle a des grandes choses à accomplir, elle aussi. Cependant, c’est dans un domaine bien loin de celui de la politique, bien loin de celui de la musique aussi. Un domaine qui n’a rien à voir avec Weatherton, faisant de James leur seul point commun et, sûrement, la raison de sa visite aussi. “Tu cherchais mon frère ?” Il insiste, Rose. A l’appeler frère alors qu’il sait pertinemment qu’il n’est que son cousin. Peu importe. A ses yeux, il est bien plus proche de lui que ça, et ça a bien sûr tout à voir avec le fait qu’ils ont grandi ensemble, à chaque jour de son existence.

Observer Carl avait quelque chose d'apaisant. Le savoir en train de se battre avec ses béquilles avait quelque chose de touchant, d'attendrissant. Le pauvre n'avait pourtant rien demandé et côté blessures, Murphy et lui n'étaient clairement pas au même niveau. Son front ne gardera qu'une petite cicatrice et la blonde a depuis un moment ôté son bandage. Les points qu'on avait fait sur son visage avait bien cicatrisés et elle ne gardait plus qu'un léger trou dans le sourcil, sur lequel une cicatrice rose pointe le bout de son nez. Personne ne saura jamais rien à propos des violences de Seth, excepté Carl. Voilà qui ravit la jeune australienne.

C'est du côté de l'exposition qu'elle s'est à nouveau perdue, drôlement attirée par la perspective de faire des rencontres. Croiser Cesar a été absolument instructif et il faut dire que si la blonde peut se targuer d'attirer les regards, ce n'est pas forcément pour le bon motif. Cette fois-ci, elle porte une robe fleurie et James serait presque fier d'elle. Elle a troqué son petit ensemble copiant Chanel contre une petite pièce de tissus légère, franchement réchauffée pour les températures des galeries. Peu importe. C'est d'un bout à l'autre qu'elle évolue, tranquille, à la recherche d'elle ne sait quoi. Ses yeux se posent alors sur l'une des clefs de voûte de l'évènement. Constantine, le petit prince aux cheveux bruns, dont elle s'approche d'un pas guilleret. “Si tu me dis que tu viens pour admirer tout le travail des équipes, je ne te croirais pas.” « T'aimerais bien que je le dise juste parce que ça flatterait ton ego. » Un sourire amusé se glisse sur le visage de la jeune femme alors qu'elle croise les bras dans son dos, exposant un bustier couvert de papillons.

“Tu cherchais mon frère ?” « Non, je cherchais un riche héritier à épouser, ton frère est déjà pris. » Murphy chasse l'air devant elle d'un geste désinvolte, préférant s'amuser de tout ce que tout le monde pense déjà d'elle chez Weatherton - enfin, pour les rares qui ont déjà entendu son nom. « Si t'es partant pour un mariage blanc, hein... J'ai toujours rêvé d'épouser un futur Premier Ministre. » Elle flirte éhontément, sachant pertinemment combien Ambrose n'a pas le temps pour le badinage. Entre l'aide qu'il fournit à son frère et la politique, ce n'est pas lui que Murphy traînera dans les clubs les plus craignos de la ville. Enfin, après tout, même James s'y est un jour risqué. Tout peut arriver.

« T'aimerais bien que je le dise juste parce que ça flatterait ton ego. »
“J’aimerais bien, mais j’ai rien à voir avec tout ça.”

Il aimerait savoir jouer de ses doigts autour des fils et des tissus, mais il n’est bon qu’à écrire et enrouler sa main autour des micros des différents bars, moites et collants parce qu’ils ont connu bien trop d’autres chanteurs de pacotille avec lui. Son sourire est poli, amusé. Il a toujours aimé le franc parler de Murphy et il aurait eu le même, s’il ne nourrissait pas des rêves qui demandent une éternelle censure. A ses yeux, c’est un sacrifice nécessaire qui en vaut la peine. “Tu es très belle. Aujourd’hui particulièrement.” Il souligne en observant son bustier et ses finitions, surtout, se demandant un instant s’il est de ceux qu’on trouve en grande distribution ou s’il a été fait pour elle - Ambrose n’a pas l’oeil pour tout ceci. Il sait aussi qu’elle est de ceux qui apprécient les compliments, alors il ne se prive pas pour dire tout haut ce qu’il pense tout bas, sans jamais penser à quoi que ce soit de plus.

Alors, il ne tarde pas davantage avant de poser la seule véritable question qui lui brûle la langue, celle qui prend bien sûr en compte son frère, comme toujours, comme s’il n’avait que son prénom à la bouche quel que soit le contexte. « Non, je cherchais un riche héritier à épouser, ton frère est déjà pris. » Égale à elle-même, oui, bien sûr. “Tente directement le coin vip pour ça.” Ambrose rétorque, presque réellement sérieux, balayant d’un silence le sous-entendu qui empli ses mots. Il n’est pas riche, il n’est même pas réellement un héritier non plus: tout l’empire ira à James le moment venu, sans que rien d’autre ne fasse de sens. Il le mérite, et ce n’est pas seulement parce que c’est son père à lui et à lui seul qui a tout bâti de ses mains. “Je conseille pas de directement vouloir pousser Cristina du haut d’une falaise.” Il ajoute, plus bas, un sourire entendu en coin. Après tout, elle est le seul obstacle à son mariage avec James, ou presque.

« Si t'es partant pour un mariage blanc, hein... J'ai toujours rêvé d'épouser un futur Premier Ministre. » Et lui, il sait quel genre de femme il épousera un jour, de bonne famille et parfaite sous tous rapports. Bien qu’il apprécie la compagnie de Murphy, personne ne pourrait dire sérieusement qu’elle correspond à la description, de près ou de loin par ailleurs. “T’es sûre que tu rêvais pas plutôt d’épouser un roi ? Ça sonne mieux, quand même.” Et connaissant Murphy, elle aurait voulu épouser le roi du monde et rien de moins, cela va de soi. Lui, il souhaite déjà terminer ses études. Le reste, il ne peut que l’espérer et tenter de le toucher du bout du doigt, à l’image de Dieu créant Adam. “Même marié, James aurait pu te dessiner une couronne.” Même marié, il continue de toute façon de passer beaucoup de son temps avec elle. "Je suis certain d'en avoir vu une, dans l'exposition." A-t-elle même fait semblant de jeter un coup d'oeil aux tenues et accessoires ?

“J’aimerais bien, mais j’ai rien à voir avec tout ça.”
« T'es là, ça prouve que si. »

Il ne se flatte pas assez, le jeune politique. Murphy hausse les épaules et jette un regard sur une robe magnifique filée d'or qu'elle a déjà observé trente minutes durant. Oh, qu'elle se voit porter un tissus si lourd. Ce n'est assurément pas dans ses possibilités, mais est-il interdit de rêver ? “Tu es très belle. Aujourd’hui particulièrement.” Le sourire de la blonde illumine son visage fardé. Elle fait mine de recevoir le compliment avec beaucoup de dédain, mais Ambrose saura démêler le vrai du faux. Des mots comme les siens créent toujours chez Murphy une impression d'être sur un piédestal. « Je suis belle tout le temps, ton frère s'en assure. » Quand il dessine des modèles auxquels elle donne vie pour que ses méninges s'activent encore plus. Quand elle ose frôler un tissu des doigts et que James s'assure qu'elle puisse l'avoir sur les épaules dans la journée. Elle est gâtée et pour une fois, elle ne demande rien, s'arme de patience et ne fait - presque - pas les yeux doux au créateur dans l'objectif d'avoir ce qu'elle veut. Elle mérite le salaire de son travail et cela se voit certainement sur son visage. Ses abus de substances sont encore visibles pour tout œil aguerri; qu'importe.

“Tente directement le coin vip pour ça.” Murphy braque ses yeux sur l'enchevêtrement de couloirs qui mène au coin le plus en vogue. Elle ne se risquera pas à parader sous des yeux qui sauront clairement dire que ses bijoux sont volés sur le marché et que ses chaussures sont achetées sur un site de fast fashion. Un jour, elle pourra parader sans honte et sans avoir non plus à crier le nom de James sur tous les toits. Mais ce jour n'est pas venu. “Je conseille pas de directement vouloir pousser Cristina du haut d’une falaise.” L'ennuyeuse et ambitieuse petite femme de James ennuie Murphy et cette dernière lève d'ailleurs les yeux au ciel. De toute façon, la blonde est d'accord avec elle-même pour dire que personne ne mérite le couturier. « James finira par la pousser lui-même. Elle a l'air exaspérante. »

C'est mieux si Ambrose et elle se contentent de flirter et d'entretenir la conversation de badinages qui n'engagent personne. “T’es sûre que tu rêvais pas plutôt d’épouser un roi ? Ça sonne mieux, quand même.” « T'as un titre royal à me proposer ? Allez, dans tes contacts, 'doit bien y avoir quelqu'un. » Elle minaude, les yeux brillants à l'idée de rencontrer un prince. “Même marié, James aurait pu te dessiner une couronne.” L'idée la fait rêver et Murphy ne peut réprimer un éclat de rire. « Demande lui pour moi, il dira oui si ça vient de toi. Moi, j'aurai le roulement d'yeux. » Mais le "oui", peut-être, en sous-texte. "Je suis certain d'en avoir vu une, dans l'exposition." Ce ne sont pas les couronnes qui intéressent Murphy. Elle désigne la grande robe brodée d'or d'un air amoureux. « C'est ça que je veux porter. Pour être là haut. » D'un autre mouvement, elle désigne une grande affiche sur laquelle pose un modèle diaphane au regard mélancolique. « Mais je crois pas avoir l'allure pour les photos. Toi, ouais. C'est pour ta gueule que les gens voteront un jour. » Elle l'a toujours trouvé très beau. Ambrose a un visage de statue grecque. On a déjà dû le lui dire. « James vend sa créativité, toi tu vends du rêve. » qu'elle lâche sur un ton mielleux, fière de sa disquette.

« T'es là, ça prouve que si. » Elle sait flatter, Murphy, quand elle n’est pas occupée à descendre autrui plus bas que Terre. Son caractère tout en paradoxe a le don de fasciner Ambrose, bien qu’il ne prendrait pas les mêmes risques que son cousin à trop vouloir s’approcher d’elle. Elle est une rose aux innombrables épines, c’est évident. Le temps d’une exposition, le temps d’une après-midi, il est pourtant certain de pouvoir y réchapper. De sa hauteur, il l’observe avec un sourire en coin.

« Je suis belle tout le temps, ton frère s'en assure. »
“C’est pour ça que j’ai souligné qu’aujourd’hui tu l’étais un peu plus encore.”

Parce qu’il ne doute pas de sa beauté naturelle, tout comme il ne remet pas en cause la capacité de James à rendre n’importe quelle personne plus belle encore. Avec elle, cela semble chose aisée, à tel point qu’on pourrait croire que n’importe qui saurait la mettre en valeur. Pourtant, il n’y a que James pour le faire aussi bien, chose que tout le monde dans leur entourage sait pertinemment, tout comme tout le monde sait qu’il n’existe pas que Murphy, dans son petit monde. Il a aussi, et surtout, une femme sur laquelle compter et avec qui partager une alliance. Un jour, Ambrose aussi en aura une. De femme et d’alliance. « James finira par la pousser lui-même. Elle a l'air exaspérante. » Son sourire, figé, ne grandit pas davantage face à cette remarque. “Cristina est une bonne chose pour lui. Ils s’entendent bien.” Ils ne s’aiment pas comme les contes de fées en parlent, mais peu importe. Ambrose commence peu à peu à passer l’âge de croire que tous les mariages se font dans l’amour. D’autres se font dans l’intérêt de chacun, et ce n’est finalement pas une mauvaise chose. Sûrement. Il essaye encore de s’en convaincre, tout comme il essaye de se dire qu’il serait prêt à sacrifier une vie auprès de la personne qu’il aime sincèrement contre une autre avec quelqu’un qui peut lui apporter quelque chose, sur le plan politique. Un allié. Un allié dont les liens du mariage seraient l’assurance de l’absence de toute trahison possible.

« T'as un titre royal à me proposer ? Allez, dans tes contacts, 'doit bien y avoir quelqu'un. » - “Je connais un prince très mignon, sache le.” Et il a son numéro de téléphone dans son répertoire, effectivement, bien que ce ne soit pas vraiment celui à qui il envoie le plus de messages ou d’appels. Une fois de temps à autres, cependant, cela reste tout de même mieux que rien et ça intéresserait sans doute beaucoup la jeune femme, elle qui aime les choses qui brillent. “Si j’oublie de verrouiller mon téléphone, il est noté à Nikolai. Juste au cas où.” Il hausse les épaules, lui sourit une fois de plus, fait un pas en avant et admire la tenue suivante, comme si de rien n’était. Déjà, Murphy peut occuper ses pensées à se demander à quoi pourrait ressembler sa future couronne de future Reine du Danemark, non ? « Demande lui pour moi, il dira oui si ça vient de toi. Moi, j'aurai le roulement d'yeux. » Il rigole en silence, ne doutant pas un seul instant qu’elle ait elle aussi ce qu’elle désire face à James. Qui plus est, il ne pense pas avoir le moindre statut à part: il s’entend simplement bien avec son cousin, sans que cela n’ait quoi que ce soit d’étonnant pour toujours l’avoir connu et vécu sous son toit. “Et juste après ça, il vérifiera les mesures de ton crâne et choisira la pierre que tu préfères.” Peu importe la pierre en question: c’en est sans doute une qui coûte très cher, la connaissant. « C'est ça que je veux porter. Pour être là haut. » Le regard de l’australien se lève pour rencontrer la robe, dont il admire la couleur autant que le soin apporté aux détails. « Mais je crois pas avoir l'allure pour les photos. Toi, ouais. C'est pour ta gueule que les gens voteront un jour. » - “Tu es magnétique Murphy, bien sûr que tu as l’allure pour les photos. T’as jamais essayé, tu vas me dire ?” Ce n’est pas un concours de compliments, il dit ce qu’il pense, tout comme il s’étonne qu’il n’existe pas un bon millier de photos d’elle. Ça, il ne veut pas le croire.

« James vend sa créativité, toi tu vends du rêve. » James vend sa créativité, Ambrose vendra du rêve. Tout du moins, il l’espère. “Et toi, qu’est-ce tu vends ?” Il demande finalement, curieux, tournant sa tête en direction de la jeune femme, pour mieux ancrer son regard dans le sien.

« C’est pour ça que j’ai souligné qu’aujourd’hui tu l’étais un peu plus encore. » Si elle voulait faire croire que le compliment ne la touche pas du tout, Murphy aurait pu essayer de contrôler le rougissement qui s'empare de ses joues. Malheureusement, la jeune femme n'est tout simplement pas capable d'une telle prouesse. Elle envoie une légère bourrade dans l'épaule d'Ambrose, sourire aux lèvres. Le brun sait y faire avec les compliments et peut-être est-ce un truc de politicien.

Le sujet vire facilement vers James et son exaspérante épouse, laquelle n'a jamais eu de contact avec Murphy - et c'est tant mieux. « Cristina est une bonne chose pour lui. Ils s’entendent bien. » La blonde lève les yeux au ciel et soupire bruyamment. Ils s'entendent bien parce qu'ils ont l'air d'un couple parfait. C'est un tandem merveilleux pour affronter les affres de la vie publique. Soyons honnêtes, Murphy en est tout simplement jalouse. Pas de Cristina en particulier, non. Plutôt de son statut et de sa place. Elle est aimée, peu importe comment. Elle est puissante, n'a pas besoin d'être protégée. Toutes les portes de la vie lui sont ouvertes. Franchement, n'importe qui rêverait d'être à sa place - surtout Murphy. « Je connais un prince très mignon, sache le. » Et à ces mots, les yeux de l'intéressée se mettent à briller. Un sourire vient rallumer ses traits. « Sérieux ? » Il en faut peu pour la contenter, la blonde. La vie qu'elle s'imagine aux côtés d'un prince est certainement très éloignée de la réalité. Dans sa tête, elle passe en revue tous les princes qu'elle connaît et le compte s'élève vaguement à... zéro. Enfin, si, d'accord, le Prince William compte pour zéro virgule cinq. « Si j’oublie de verrouiller mon téléphone, il est noté à Nikolai. Juste au cas où. » Nikolai. Aussitôt qu'elle aura quitté le jeune homme, Murphy ira faire ses petites recherches. Il ne doit pas y avoir soixante princes portant le prénom de Nikolai. « La prochaine fois que je te vois, j'espère qu'il t'accompagnera. » Avec peu de grâce, elle remet en place sa poitrine. Après tout, il faut savoir se servir de ses atouts.

Revenons à James et à ses capacités à dessiner des couronnes. Oui, peut-être que Murphy finira par lui demander une telle faveur. Juste pour imaginer ce dont elle aura l'air au bras du merveilleux Nikolai, ce prince mignon dont elle rêve déjà. « Et juste après ça, il vérifiera les mesures de ton crâne et choisira la pierre que tu préfères. » Oh, c'est certain. Murphy rêve d'une pierre chère. Si elle s'écoutait, elle demanderait certainement des rubis ou des saphirs, pour aller avec ses yeux. Ambrose porterait magnifiquement bien les diamants. Un jour, peut-être. « Tu es magnétique Murphy, bien sûr que tu as l’allure pour les photos. T’as jamais essayé, tu vas me dire ? » « Oh arrête. » Nouvelle bourrade, plus sérieuse cette fois-ci. Elle n'est prise en photo que pour les idées. Ce n'est pas elle qui finit en couverture. Murphy rêve de son portrait dans Vogue. Elle découpera les visages des mannequins pour les replacer par des photos d'elle la prochaine fois qu'elle aura un magazine entre les mains, c'est sûr.

« Et toi, qu’est-ce tu vends ? » Les yeux d'Ambrose ont quelque chose de déstabilisant. Murphy est franchement désarçonnée par la question et l'espace d'un instant, elle botte en touche. Que vend-elle ? Une idée qu'elle se fait d'elle-même, sans doute. Des choses que les gens croient voir d'elle. Une image à laquelle elle voudrait coller, scandaleuse. Sulfureuse. Avec certains, elle n'a rien besoin de vendre. Ils se comptent franchement sur les doigts d'une seule main. Non : ils ne se comptent même pas. Murphy n'a qu'un prénom en tête. Plutôt que de partir dans de grandes réflexions qu'elle n'est pas capable de soutenir, la blonde attrape à nouveau sa poitrine à pleines mains et l'agite sans beaucoup de classe sous le nez du politicien. Sourire aux lèvres, elle s'éloigne déjà de lui. Il a eu sa réponse. Elle n'a rien à vendre, rien qu'elle ne juge comme valant la peine, sinon des charmes que tout le monde peut se payer en l'approchant un peu - ou en la regardant de loin. « Dis à Nikolai que je l'attends dans un club et pas dans une tour en haut d'un château. » Les visiteurs se retournent pour la réprimander du regard. N'est-on pas supposés se taire, à une exposition ? A l'évidence, pas quand on s'appelle Murphy Rowe.