C’était sa responsabilité. A Cristina. C’était sa putain de responsabilité de présenter une bonne personne à August, de laisser son frère tomber amoureux de cette femme, de les laisser vivre autant d’années ensemble, heureux et capables de prévoir des plans d’avenir ensemble. C’était sa responsabilité, ça l’a toujours été, parce qu’il n’y a qu’elle qui a engendré tout le reste: si elle n’avait pas laissé August rencontrer Yara, alors rien de tout ceci ne serait jamais arrivé et, surtout, personne ne lui aurait brisé le coeur en l’abandonnant devant l’autel, le jour même de son mariage. A-t-il au moins eu le droit à un message personnalisé, lui ? C’est la seule question qui tourne en boucle dans l’esprit d’Ambrose, encore et encore.

Aujourd’hui, c’est à jouer à cache cache que Constantine occupe son temps, bien malgré lui. On lui a dit que Cristina était dans les locaux de Weatherton, pour une raison ou pour une autre, et depuis il arpente les différentes salles à la recherche de la cubaine, pourtant incapable de croiser autre chose que des membres du personnel qui assurent l’avoir vu. Ambrose s’exaspère, lui qui n’a pas de temps à perdre mais qui souhaite plus que tout avoir cette discussion, bien trop certain qu’August n’osera jamais prendre les devants à ce sujet. Il aurait trop peur de tout, August, là où Ambrose sait qu’il ne craint rien à parler franchement avec les membres de sa propre famille, surtout alors qu’il n’a justement rien à se reprocher.

Alors, lorsque c’est au détour d’un ascenseur qu’elle croise enfin sa silhouette, Rose fait passer son bras pour bloquer la fermeture des portes et s’immisce rapidement à l’intérieur à l’habitacle, demandant sans délicatesse à l’inconnue de prendre les escaliers. C’est bon pour la santé qu’il ajoute, non pour se donner bonne conscience mais bien pour qu’elle fasse place plus rapidement. Lorsque c’est enfin le cas, c’est à Cristina qu’il dédie toute son attention et son regard avec, ancré dans le sien, sombre. “Tu savais qu’elle allait faire ça ?” Elle est sa première amie, la première personne qu’elle a connue dans tout ce monde de Weatherton et de Constantine, alors ça serait logique. Alors, ça voudrait aussi dire qu’elle a trahi sa famille puisque contrairement à Yara, Cristina est déjà mariée, elle. “Réponds pour oui ou par non.” Qu’elle n’essaye pas d’arrondir les angles, cela n’aurait aucune sorte d’intérêt. Rose peut encaisser, quoi qu’elle ait à dire.

Ce ne devait être qu'un saut rapide ici, qu'un léger ajustement à faire pour le défilé qui aura lieu dans les prochains jours. L'affaire d'une quinzaine de minutes et tu serais déjà repartie. James n'est pas là, donc aucune chance pour que ton délai ne soit pas allongé. C'est ce que tu croyais. Les portes de l'ascenseur sensé te mener au premier plancher vers la sortie s'ouvrent devant toi. Tu t'y engouffre, ne prends que très peu conscience de ce qui se passe autour de toi. Tes yeux sont bien rivés sur l'écran de ton téléphone dans tes mains. Ce n'est que lorsque le bruit sourd d'une main empêchant la fermeture des portes retentit que tu lèves enfin les yeux. Manquait plus que lui. Ambrose chasse avec aucune délicatesse la femme se trouvant déjà dans l'ascenseur avec toi. Ce n'est pas faux que de prendre les escaliers sera sans doute bon pour perdre son poids en trop. Sauf qu'on sait tous que Ambrose n'a que faire du surpoids de cette pauvre femme qui obéit - enfin, elle sort pour prendre le prochain, pas pour suivre son conseil et faire son cardio de la journée. Aussitôt seul à seul, le regard noire de Ambrose se pose sur toi. Dommage pour lui, tu n'as absolument aucune difficulté à le soutenir. “Tu savais qu’elle allait faire ça ?” Tu aurais mise ta main au feu que la raison de sa présence était en lien avec ton amie qui a brisé le coeur de ce pauvre Angust. Il va rester une chiffe molle si tout le monde continue de prendre sa défense à sa place. On se demande après pourquoi Yara s'est dégonflée hm. « Je suis sensée trembler de peur ? Parce que je suis bien mauvaise comédienne. » C'est bien essayé pour son regard intimidateur, mais better chance next time. De toute façon, tu n'as absolument rien à cacher. Tu ne comprends toujours pas pourquoi c'est toi qui récolte les reproches dans cette situation. Yara n'est pas une mauvaise personne même si elle prend des décisions idiotes. “Réponds pour oui ou par non.” - « Non. » Il souhaite aller directement au but ? Le voilà bien servi. Non, tu ne savais pas qu'elle allait lâchement changé d'avis à la dernière minute. Tu as côtoyé une femme très excitée et impliquée à la préparation de son mariage pendant les derniers mois. Ta mâchoire est tombée par terre au même titre que les autres invités à la lecture du message. « Tu crois que je me serais donné le mal de me présenter si j'avais su ? » Tu n'aurais certainement pas passé des heures chez le coiffeur. Tu n'aurais pas pris le temps d'enfiler cette jolie robe. Tu n'aurais certainement pas été t'humilier à cet événement où tous les regards se sont tournés vers toi. Ton amie, ton problème. Tu n'as d'ailleurs pas eu de ces nouvelles encore depuis le temps. Elle a sûrement honte de ce qu'elle a fait et avec raison. « Ne soit pas idiot, Ambrose. » Parce qu'il est loin de l'être. Il a un cerveau et l'use très bien habituellement. C'est le temps de s'en servir et de retirer ses propos offensants. Tu peux les accepter venant de James. Un peu moins venant de lui.

« Je suis sensée trembler de peur ? Parce que je suis bien mauvaise comédienne. »
“Tu sais très bien que c’est pas mon but.”

Il ne veut pas jouer à ce jeu là et aller vers un tel terrain. Il ne tentera pas d’intimider Cristina ou Dieu sait quoi encore, tant parce que cela ne lui ressemble tout simplement pas que parce que ce serait contre-productif. Ambrose veut ses réponses simples et franches, pas celles qu’elle pourrait croire qu’il veut entendre sous le coup de la panique, de la peur, ou de Dieu sait quoi encore. Ils ont beau ne pas être souvent du même avis, elle est de sa famille depuis de nombreuses années maintenant, et c’est quelque chose qu’il respectera toujours. « Non. » Non, alors. Tant mieux. C’est la seule réponse qu’il avait espéré entendre et tant pis si ce n’est pas celle qui donne une bonne image de Yara ou même d’August: au moins, celle de Cristina n’en est pas alterée. Non, elle ne savait donc pas que son amie allait décider de foutre en l’air des années de vie commune. Chouette. Bien malgré lui, Ambrose souffle doucement tout l’air qu’il avait jusque là gardé dans ses poumons bien malgré lui, bien plus intéressé par la réponse à sa question que par le simple processus de respiration.

Sans qu’il n’en soit surpris, le tour de Cristina vient rapidement dès lors qu’il s’agit de lui rendre la pareille des questions intrusives et mordantes. « Tu crois que je me serais donné le mal de me présenter si j'avais su ? » Honnêtement ? Oui. Parce qu’elle se serait amusée du carnage à venir, parce qu’elle aurait jubilé en observant sur le visage de chacun la surprise, l’étonnement, le désarroi. “Tu sais très bien jouer un rôle, Cristina, ça n’aurait pas été une surprise.” Qu’elle comprenne ce qu’elle veut de ce sous-entendu: Rose n’a jamais caché son manque de compréhension face au couple, et plus encore au mariage, qu’elle entretient avec son aîné. Ils sont heureux à leur façon, voilà ce qu’il se répète pour trouver une raison à tout cela, à cette union qui manque d’amour alors qu’il veut encore croire qu’il le connaîtra, lui, le jour venu. L’insouciance de la jeunesse veut qu’il ait encore de grands espoirs. « Ne soit pas idiot, Ambrose. » Il roule des yeux et de la tête en même temps, bien plus fatigué que piqué au vif par ces quelques mots. “T’as parlé à Yara depuis ? Je dis pas que j’ai le droit à un silence radio, mais ouais.” Et il préfère demander des nouvelles de Yara à sa belle-soeur plutôt qu’à son frère, parce qu’ainsi sont faits les liens familiaux impossibles à dénouer et plus encore à comprendre. L’ascenseur gardera leur secret sans mal, ils ont au moins ça pour eux.

“Tu sais très bien que c’est pas mon but.” Alors qu'elle est le but de son regard qui se veut si menaçant ? Un regard dont tu n'as d'ailleurs aucune difficulté à soutenir. Il veut une réponse claire à sa question. Il l'exige et tu la lui donne sans même essayer de gagner du temps. Ce n'est pas comme si tu avais quelque chose à cacher ou même à te reprocher. Ce n'est pas le cas. Non, tu ne savais pas que Yara allait mettre son projet mariage à l'eau d'une manière bien peu conventionnelle - disons cela ainsi. Ambrose expire bruyamment comme s'il était soulagé par ta réponse. Alors, il a vraiment cru que tu pouvais être complice de tout ça ? C'est totalement ridicule. Tu t'es sentie aussi humiliée que les autres invités - si ce n'est pas plus - lorsque tu as reçu le message de Yara en même temps que tout le monde. Oh oui la grande Cristina est offusquée d'avoir été traitée au même niveau que les autres. “Tu sais très bien jouer un rôle, Cristina, ça n’aurait pas été une surprise.” Pas faux, sauf que tu n'avais rien a y gagner si ce n'est qu'une nouvelle raison pour James de te prendre la tête. Tu n'avais toutefois pas prévu que le reste de la famille se rangerait derrière lui. Comme si tu avais tout calculé en présentant les deux individus six ans plus tôt que ça se terminerait ainsi. Tu aimerais bien être devin, mais ce n'est pas le cas. « Je n'aurais pas gâché la vie d'August. » Au même titre que tu ne gâcherais pas celle de Ambrose ou même de sa soeur. Tu peux pourrir un nombre incalculable de fois la vie de James, mais tu ne fais pas de dommage collatéral autour de vous deux. Pas intentionnellement du moins. En même temps, si Yara t'aurait effectivement parler de son plan en te priant de garder le secret. Tu n'es pas trop certaine du clan que tu aurais choisi. Tu n'aurais voulu être déloyale à aucun d'eux. “T’as parlé à Yara depuis ? Je dis pas que j’ai le droit à un silence radio, mais ouais.” - « Ça viendra. » Tu as droit à exactement au même traitement qu'à lui. Tu es sans doute bien trop lié au Constantine pour qu'elle puisse avoir envie de se confier à toi. Pour le moment du moins. Elle reviendra sans doute quand elle s'en sentira prête. « Je doute que ton frère apprécie que tu te mêles ainsi de sa vie privée. » Ce n'est certainement pas à Ambrose d'essayer d'aller parler à Yara ou d'arranger les choses entre eux - ou qu'importe ce qu'il tente de faire. Si August n'est pas capable de prendre son courage à deux bras pour aller régler ses problèmes avec Yara, c'est sans doute parce qu'il ne la mérite pas. « Je lui dirais d'aller voir August. C'est ce que tu es venu me demander ? » Maintenant qu'il te sais plus complice de cette comédie, c'est sûrement la deuxième raison qui l'a poussé à venir te voir à ce sujet ? Pour que tu secoues un peu la brune d'aller régler ses comptes avec son (ex) fiancé au lieu de fuir comme une lâche comme elle l'a fait.

« Je n'aurais pas gâché la vie d'August. » Finalement, la seule chose qui vient à l’esprit d’Ambrose en cet instant se résume à un pourquoi pas ? qu’il traduit par un regard sombre éternellement tourné en direction de la jeune femme. Elle n’aurait pas gâché la vie d’August, mais elle l’aurait pu, par ennui ou par esprit de vengeance contre James, pour une raison ou pour une autre: il y a bien longtemps qu’Ambrose ne suit plus exactement les raisons de leurs disputes, trop nombreuses, trop variées. Il y a bien longtemps aussi qu’il a arrêté de trouver une raison quant à leur union et à l’existence même de leur mariage et possible famille, un jour. Puisqu’il ne cherche pas la petite bête, pourtant, il choisit de la croire sur ces simples mots et de lui poser une autre question, tout aussi importante à ses yeux: a-t-elle eu des nouvelles de Yara ? « Ça viendra. » Doux euphémisme pour dire qu’ils sont tous traités à la même enseigne, donc, alors qu’elle est supposée être sa meilleure amie, sa confidente, et tout ce qui s’ensuit. Finalement, c’est une réponse qui soulève bien plus d’interrogations qu’autre chose chez le cadet Constantine.

« Je doute que ton frère apprécie que tu te mêles ainsi de sa vie privée. » En effet, August détesterait le savoir à interroger ses proches sans lui avoir demandé son avis avant, raison pour laquelle le coupable esquisse un sourire amusé tout en replaçant une mèche derrière son oreille, trop courte pour réellement y rester. “Je sais que ça ne serait pas le cas, mais ça fait longtemps que je ne demande plus son avis à August avant d’oser respirer.” En d’autres termes, il est un adulte majeur et vacciné et il fait ce qui lui chante, surtout alors que le moindre de ses gestes est régi par des critères très strictes, qui dépassent tout ce que son frère peut imaginer. « Je lui dirais d'aller voir August. C'est ce que tu es venu me demander ? » Un peu plus sérieux encore, et surtout bien moins amusé, Ambrose laisse son regard remonter dans celui de la jeune femme après avoir pris le temps d’analyser rapidement la question. “Non, pas vraiment.” Pas du tout, en réalité, mais il estime qu’elle l’aura deviné par elle-même sans trop de mal, les indices laissés par son ton de voix étant plutôt flagrants déjà. “C’est toi qui as amené Yara dans la famille.” Ce sont les faits, simplement. Elle a présenté la brune aux Constantine et a laissé August en tomber un peu plus amoureux chaque jour, ses sentiments étant évidents depuis le premier. “Donc c’est aussi ton devoir de gérer la situation et de faire en sorte que la famille évite ce genre de scandales à l’avenir. C’est bon pour personne.” Ni pour Weatherton, ni pour son hôtel, et toujours pas pour la (future) carrière politique d’Ambrose. En d’autres termes, elle a plutôt intérêt à se reprendre en main, elle et les personnes qu’elle fréquente, parce qu’elle est un pion qui peut aisément être supprimé du plateau de jeu.

“Je sais que ça ne serait pas le cas, mais ça fait longtemps que je ne demande plus son avis à August avant d’oser respirer.” De toute façon, s'il fallait attendre après lui pour un oui ou pour un non, il ne se passerait jamais rien. Quoi qu'il en soit, ta remarque visait plutôt à l'inviter à se mêler de ce qui le regarde et ainsi éviter une discussion que tu n'avais pas envie d'avoir plutôt que par réel intérêt pour les ressenti de son frère. August n'était pas celui pour lequel tu étais le plus concerné dans tout ce chaos, et c'est exactement pourquoi tu étais autant traiter en traîtresse : en choisissant ton amie plutôt que la famille. Il suffit de faire une petite immersion chez les Moreno pour comprendre que les valeurs familiales ne sont pas forcément ton fort, alors la famille de James… “Non, pas vraiment.” Alors, quoi ? Pourquoi est-ce qu'il veut savoir si tu as parlé avec Yara ? Ton regard se fixe sur lui, attend presque patiemment la suite de ses idées. “C’est toi qui as amené Yara dans la famille.” C'est pas vrai. Tu vois venir la suite noir sur blanc. Comme si tout ceci était de ta faute à toi. Tu n'as fait que présenter deux personnes. Ce n'est pas toi qui les a fait tomber amoureux l'un de l'autre. Et c'est encore moins toi qui a poussé Yara à se dégonfler - même si tout le monde semble s'être mis d'accord pour te pointer du doigt. “Donc c’est aussi ton devoir de gérer la situation et de faire en sorte que la famille évite ce genre de scandales à l’avenir. C’est bon pour personne.” - « De gérer la situation ? » que tu répètes après lui alors qu'un rire s'échappe d'entre tes lèvres. Ambrose ne manque pas de culot et c'est sans doute pourquoi tu le préfères à August. Dommage qu'il ne soit encore qu'un enfant, Yara n'aurait sûrement pas pris ses jambes à son cou si elle avait eu quelqu'un avec un peu plus de nerf comme lui. « Quand tu seras sortie de la jupe de ton oncle, peut-être que je consentirais à écouter tes conseils. D'ici là, je propose que chacun se mêle de ce qui le regarde. » Qu'il commence par grandir un peu et à prendre de l'expérience avant de dire aux autres quoi faire. Fauché et vivant toujours chez son oncle, il n'a pas le profil recherché lorsqu'on cherche des conseils. Il l'aura un jour. Tu n'en doute pas une seule seconde, mais pour l'instant, qu'il se contente de gérer ces petits problèmes de gosses et qu'il laisse les grandes personnes gérer le reste. « Pour le bien-être de la famille. » que tu précises par la suite. Éviter les scandales et tout ce qu'il vient de nommer mh. De donner son opinion à voix haute, ce n'est pas toujours une bonne chose. Et on sait tous à quel point Ambrose et toi n'êtes pas souvent sur la même longueur d'onde. C'est plus facile de ne pas parler de sujet qui fâche. Pour James. Sans lui, probablement que les relations ne seraient pas si cordiales entre vous deux. « August va survivre. Et plus personne ne se souvient de ce désastre. Je ne comprends pas pourquoi on en parle encore. » Ouais bon, pour la deuxième partie, c'est sûrement un bien gros mensonge. Peu importe, tant que tu peux t'en laver les mains.

« De gérer la situation ? » Elle rigole, et ça agace d’autant plus Ambrose qui prend de son temps pour s’occuper de cette histoire alors qu’il en manque cruellement. Il ne va pas directement voir son frère pour le soutenir, mais il l’aide tout de même à sa façon, en étant actif, en tentant de trouver des solutions et, surtout, de punir les coupables. Si Yara refuse toujours de donner signe de vie, alors ce n’est pas un problème: il a toujours Cristina non loin, à qui laisser toute la faute reposer sur le dos. Ce n’est pas parce qu’elle est sa belle-sœur qu’il frémit à l’idée de planter son regard dans le sien. « Quand tu seras sortie de la jupe de ton oncle, peut-être que je consentirais à écouter tes conseils. D'ici là, je propose que chacun se mêle de ce qui le regarde. » Il marque la négation de sa tête, trouvant sa remarque profondément injuste et, surtout inadaptée à la situation. Son âge n’est pas la question. Son âge est loin, bien loin d’être le sujet. Il est un frère avant d’être un tout jeune adulte, aujourd’hui. “Ce qui se passe dans cette famille nous regarde tous. Tu ne peux pas le nier.” Et c’est aussi pour cette raison qu’il prie toujours tous les Dieux que l’arrangement passé entre elle et James ne sorte jamais du cercle restreint de leur famille, entre autres secrets et problèmes gérés par les Constantine-Weatherton. La vie ne leur a pas fait de cadeaux, et il n’a pas attendu d’être dans les jupons de son oncle pour cela: pour ceux, ils sont les seuls qu’il a connus. Un scandale ne serait bon ni pour la maison Weatherton, ni pour le Emerald, ni pour la carrière d’Ambrose. Ils n’ont pas besoin de ça pour exister.

« Pour le bien-être de la famille. » Il marque un temps de faute suite aux mots qu’elle ajoute, ne pouvant s’empêcher d’y voir une certaine menace de sa part, quand bien même il se raisonne rapidement: ils ont beau avoir des différends, ils restent du même camp. « August va survivre. Et plus personne ne se souvient de ce désastre. Je ne comprends pas pourquoi on en parle encore. » Ambrose souffle à nouveau bruyamment, en venant sincèrement à douter de l’âge de chacun des protagonistes. Elle a tout l’air d’être celle sortant à peine de l’adolescence, occupée uniquement par sa seule et petite personne. “Comment t’aurais réagi, si c’est toi qu’on avait abandonnée au dernier moment ?” Il relève le menton, pose la question avec froideur. Elle n’aurait sûrement pas été aussi impassible et morne qu’August, c’est un fait, mais elle n’aurait pas pu lui dire les yeux dans les yeux ces mêmes mots, avec le même détachement. “Si James s’était finalement rendu compte au bon moment que c’est une connerie, votre arrangement et votre petit harem à chacun ?” Elle sait ce qu’il en pense, ses mots n’ont rien de nouveau et il jure qu’il ne les répète que pour le bien de ses questions - ou presque uniquement pour le bien de ses questions. Après tout, une piqûre de rappel sur les fondements de son mariage n’est jamais de trop.

“Ce qui se passe dans cette famille nous regarde tous. Tu ne peux pas le nier.” Dans un certain sens, oui. Tu es loyale à James et ça veut aussi dire l'être pour les personnes qui lui sont chères également. Pour avoir grandi dans une famille décousue, tu n'as jamais réellement eu la fibre familiale, chose qui contraste grandement avec la famille recomposée de James et leurs valeurs. Mais tu as appris à t'adapter à ce mode de vie et tu écraserais sans broncher ceux qui leur occasionnerait des problèmes. Sauf si la personne en question partage ta vie depuis plus longtemps que les Weatherton-Constantine. Tu ne dis pas que tu prends le partie de Yara, mais tu ne prends certainement pas le côté de la belle-famille. Surtout pas lorsque tous se mettent en tête de mettre l'épée de Damoclès au-dessus de ta tête. “Comment t’aurais réagi, si c’est toi qu’on avait abandonnée au dernier moment ?” Tu aurais mis le feu à la ville. Il en a d'autres des questions aussi faciles ? Sa tactique pour te rendre plus empathique à sa condition est bien mignonne, mais elle ne fonctionne pas du tout. Ça n'a pour résultat que de te faire lever les yeux au ciel. Ce n'est qu'un coeur brisé. Il s'en remettra, qu'importe la façon peu délicate dont il s'est fait larguer publiquement. Avec d'autres personnes comme personnages principaux, le spectacle aurait été hilarant. Bon, peut-être que tu comprends un peu pourquoi tout le monde t'accuse. “Si James s’était finalement rendu compte au bon moment que c’est une connerie, votre arrangement et votre petit harem à chacun ?” Au bon moment, quel humour ce Ambrose aujourd'hui. Vraiment, il se surpasse. Tu laisses un rire résonner dans l'ascenseur sous ses paroles. « Je peux déjà te jurer que personne ne viendrait accuser la mauvaise personne à ma place. » Tu t'innocente de nouveau sans manquer l'occasion de rappeler à quel point son frère se terre lamentablement sous le tapis. C'est pathétique de ne pas être capable de venir régler ses problèmes tout seul comme un grand. Oh tu te doutes bien qu'il n'a pas non plus demandé l'aide de son petit frère, sauf que Ambrose sait que s'il ne fait rien, et bien il se passera rien. And here we are. « Et ce n'est pas parce que toi tu penses que c'est une connerie que c'en est une. » Il n'est pas le seul à le penser. Ça surprend toujours les autres quand le "secret" est dévoilé. Parce que c'est non-conventionnel, parce que ce n'est pas ce que les personnes typiques recherche d'une relation amoureuse. Vos six années de mariage communes sont tout de même la preuve que ça fonctionne bien pour vous deux. Ce n'est pas parfait. Aucun mariage ne l'est. Mais ce contrat de mariage reste l'un de tes meilleurs engagements à vie, qu'importe le jugement des autres. « Mais je suppose que tu es blanc comme neige pour venir me faire des reproches sur la famille ? » Les scandales familiaux pour être plus précise. Tes paroles - et le sourire qui vient avec - puent le sarcasme. L'ambition qui habite Ambrose, tu la reconnais. Ce qu'on peut faire des trucs complètement idiot par simple ambition.

« Je peux déjà te jurer que personne ne viendrait accuser la mauvaise personne à ma place. » De ça, il n’en doute pas un seul instant. Il sait que le caractère de Cristina est bien loin de celui de son frère, aussi, et qu’elle n’aurait pas su accepter un tel affront sans se battre en retour. Parfois, il regrette qu’August n’ait pas cette hargne et cette colère en lui, tout comme il regrette qu’il puisse accepter de telles choses en se contentant de s’enfoncer au fond de sa coquille sans faire entendre parler de lui. Il le regrette, et, surtout, il en est désolé, parce qu’il ne sait pas comment aider un homme dans sa condition, alors qu’il aurait su comment sortir les armes à son tour pour partir en guerre. « Et ce n'est pas parce que toi tu penses que c'est une connerie que c'en est une. » - “A d’autres.” Il n’est pas le seul à le penser, seulement l’un des rares à oser le statuer aussi clairement, sans craindre les foudres d’un époux ou le second.

« Mais je suppose que tu es blanc comme neige pour venir me faire des reproches sur la famille ? » Le sourire d’Ambrose est amer tant la question lui semble incongrue et même malvenue, même pour une personne telle que Cristina. “Qu’est-ce que tu voudrais me reprocher ?” Il est blanc comme neige et le sait très bien. Il dépose des fleurs sur la tombe de sa mère au lendemain de l’anniversaire de sa mort (pour ne pas risquer de croiser qui que ce soit) chaque année depuis qu’il est en âge de le faire, il paie la foutue pension de son père à qui il n’a jamais parlé mais qu’il continue de visiter dans son centre, il soutient ses aînés jumeaux qui sont bien plus liés entre eux qu’avec lui, et il idolâtre un cousin qui ne sera jamais son frère, quand bien même il le voit ainsi. Elle pourrait lui tenir des reproches sur sa vie, oui, sans doute, mais certainement pas sur le rôle qu’il tient dans cette famille et tous les efforts qu’il fournit pour qu’elle reste un minimum soudée, au moins en apparences. Il a un sourire fier et arrogant, sans doute une marque de fabrique Weatherton-Constantine. “Tu fais ce que tu veux de ton mariage, tant que cela rend James heureux et que les nouvelles n’arrivent pas aux oreilles du grand public.” Il n’est pas son ennemi et il ne compte pas le devenir. Il est adepte de la maxime qui demande à rester proche de ces derniers, mais il n’a aucune envie de s’en créer artificiellement. Elle est une alliée au caractère difficile, voilà tout, et cela concerne bien plus son cousin que lui-même, en réalité.
Tant que la presse ne vient pas à l’apprendre, parce que l’Australie n’est certainement pas prête et assez ouverte d’esprit pour entendre de telles choses. Le nom d’Ambrose en serait entaché, et le mariage catastrophique d’August serait ressorti des archives par la même occasion. En somme, c’est ce que tout le monde voudrait éviter. “Dis moi juste si t’as des nouvelles de mon frère.” Par le biais de Yara, ou par la plus pure des coïncidences, peu importe. Ambrose veut juste s’assurer qu’il va aussi bien que la situation le permet.

“A d’autres.” Tu roules des yeux, comme si son opinion et celles des autres avaient le moindre impact sur comment tu comptes mener ta vie. James et toi aviez curieusement trouver une entente qui vous réussissait plutôt bien depuis les six dernières années. Oui, c'est difficile à comprendre pour le commun des mortels, mais ça vous est complètement égal autant à l'un qu'à l'autre. Le monde manque clairement d'ouverture d'esprit. Qu'est-ce que ça peut bien leur faire ce qui se passe dans la chambre à coucher ? “Qu’est-ce que tu voudrais me reprocher ?” qu'il demande d'un ton qui semble prouver qu'il était bel et bien irréprochable. À d'autres. Tout le monde a des squelettes dans le placard qu'on préfère garder secret. Enfin, de vous deux, c'est plus lui qui est friand des secrets que toi. Non, vous ne criez pas vos secrets sur tous les toits. Ça ne veut pas dire que vous n'allez pas les confronter s'il venait à vous éclater en plein visage. « Rien pour l'instant, mais je suis persuadé que je n'aurais pas besoin de creuser bien loin pour trouver. » C'est peine perdu de creuser du côté de James pour gratter quelques informations, mais ce ne serait sûrement pas difficile de trouver si tu t'en donnais réellement le mal. Chose que tu ne comptes même pas faire parce que ses problèmes et/ou secrets ne t'intéressent absolument pas. Mais s'il compte te remettre tes fautes au visage, tu ne vas certainement pas te gêner pour faire de même avec lui. “Tu fais ce que tu veux de ton mariage, tant que cela rend James heureux et que les nouvelles n’arrivent pas aux oreilles du grand public.” Heureux à temps partiel, ça compte ? « Tu n'as certainement pas de conseils à me donner sur la manière de gérer mon mariage. » Le contrat se passe entre ton époux et toi. Pas avec les autres membres de sa famille à lui. James n'a certainement pas besoin que quelqu'un vienne ajouter des mise en garde à votre couple ouvert.

“Dis moi juste si t’as des nouvelles de mon frère.” Et c'est à toi qui vient le demander ? Ou est-ce que personne ne lui a encore donné une réponse satisfaisante et que tu étais simplement la prochaine sur la liste ? « Il a perdu son téléphone ? » Ambrose est-il incapable de rejoindre son très cher frère ? Non, il est sûrement mal à l'aise pour gérer les émotions de ce dernier. Ah les hommes et les émotions, ça fait deux. « Ou tu es peut-être devenu amnésique et tu as oublié son adresse ? » Parce que si August ne répond pas au téléphone, il a juste à débarquer chez lui sans prévenir. C'est aussi une bonne solution quand on veut des nouvelles d'une personne. « Prends ton courage à deux mains pour aller le voir si tu tiens tant à avoir de ses nouvelles et arrête de m'emmerder avec ça. » Voilà qui a bien le mérite d'être claire.

« Rien pour l'instant, mais je suis persuadé que je n'aurais pas besoin de creuser bien loin pour trouver. » - “Fais donc.” Il répond avec défi, bien qu’il sache très bien que ce soit une mauvaise idée. Il ne devrait pas provoquer sa propre famille, il ne devrait pas se créer des ennemis avec un groupe aussi proche de lui ; et donc capable de déceler des failles que lui-même pourrait ignorer. Il ne devrait pas, mais il agit en tant qu’homme blessé bien plus que politicien, ce qui signifie qu’il ne prend pas la peine ni le temps de réfléchir à ses mots. Il n’ira pas plus loin pour autant, toujours égal à lui-même, au fond. « Tu n'as certainement pas de conseils à me donner sur la manière de gérer mon mariage. » Il lui a dit, pourtant: il se moque bien de la façon dont elle gère son mariage, tout comme il se moque de ce qu’ils font ou ne font pas une fois la porte de leur demeure fermée. Cela ne le regarde pas, cela l’intéresse encore. Tout ce qu’il souhaite et demande, c’est le bonheur de celui qu’il considère comme son frère, et c’est aussi et surtout le fait que leur arrangement reste un secret de polichinelle dans le milieu. Les mœurs australiennes ne sont certainement pas prêtes à entendre et comprendre la façon dont ils gèrent leur vœux faits devant Dieu.

Alors, Ambrose fait lui même marche arrière, rentre les crocs, et demande enfin si elle a des nouvelles de son frère, le vrai, celui avec qui il partage tout le sang de leurs parents. « Il a perdu son téléphone ? Ou tu es peut-être devenu amnésique et tu as oublié son adresse ? » - “Je te pose pas une question pour en recevoir deux en retour.” Et la voilà qui répond tout de travers, justement pour ne pas répondre. Si elle le fait, pourtant, il en vient à une conclusion plutôt évidente: non, elle non plus n’a pas la moindre nouvelle d’August, leur proche porté disparu ou presque. Il se contente de se terrer chez lui, en réalité, il n’a rien d’un disparu. « Prends ton courage à deux mains pour aller le voir si tu tiens tant à avoir de ses nouvelles et arrête de m'emmerder avec ça. » La discussion n’ira pas plus loin. Il est résilient et capable de prendre sur lui, certes, mais il sait aussi reconnaître un mur lorsqu’il en voit un: Cristina ne compte pas lui dire quoi que ce soit, sans nul doute parce qu’elle n’en sait justement rien. “Toujours d’une grande aide Cristina, merci.” Il finit par souffle, se promettant donc de continuer son enquête ailleurs. N’importe qui pourrait sans doute l’aiguiller davantage, en réalité, tant elle s’est muée en une véritable carpe. Dans un regard aussi noir qu’il se veut être de travers, Ambrose passe près d’elle uniquement pour s’éloigner, n’ayant aucune envie de continuer cette joute verbale digne des petites écoles. Il en a assez entendu pour l’heure.