L’absence de la moindre alarme perturba Halston, qui pensait avoir malencontreusement éteint celle-ci avant de se rendormir. Il n’y avait pourtant aucune inquiétude à avoir, puisqu’elle avait simplement oublié qu’il s’agissait d’une journée de repos, enfin. Elle avait décrété qu’elle ne la consacrerait qu’à elle-même et donc qu’elle ne répondrait pas au moindre appel concernant le travail, même si une de ses plus grandes célébrités la réclamait. La brune n’avait pas su s’y résoudre les jours précédents, elle oubliait constamment que sa liste de protégés s’était considérablement réduite avec ses nouvelles fonctions, certains acteurs n’hésitaient pas à en profiter en l’assommant avec leurs diverses requêtes. L’assistant de la directrice de l’agence avait décidé de lui coller un énorme post-it sur son bureau pour que cela ne se reproduise plus, afin qu’elle rentre bien dans sa tête qu’elle avait déjà pris le soin d’attribuer la moitié de ses acteurs à ses collègues. Halston n’avait pas manqué de remarquer l’agacement que cela pouvait provoquer chez son compagnon, qui devait être fatigué d’entendre sonner son portable à des heures tardives. Elle décida de le mettre en sourdine et d’effacer toutes ses notifications avant de chercher à rejoindre sa cuisine. La brune manqua une marche, elle attrapa la rembarde et plaça une main sur son front. « Qu’est-ce qu’il m’arrive ? »La facilité serait d’amputer cet excès de fatigue à son âge, elle avait gagné une année de plus une semaine plus tôt, ce qui lui avait rappelé qu’elle se rapprochait dangereusement de la quarantaine. Elle avait pourtant d’ores et déjà remarqué qu’elle n’avait plus autant d’énergie qu’auparavant, mais elle avait une autre excuse toute trouvée : sa promotion la mettait à rude épreuve. Halston décida d’oublier cet incident et de préparer son petit-déjeuner, qu’elle sera incapable de dévorer, ressentant rapidement un sentiment de dégoût dès les premières bouchées. Devait-elle voir un médecin ? Une application fit vibrer son téléphone et lui donna une tout autre piste en lui demandant si elle avait bien eu ses règles. Cette possibilité lui fit faire tomber sa cuillère, qu’elle abandonna avec le reste des couverts pour se réfugier dans la salle de bain. Elle tira plusieurs tiroirs avec empressement, avant de trouver celui qui abritait plusieurs tests de grossesse. Halston en sortit un et le regarda longuement. « Ne me déçois pas. » Dit-elle solennellement. Elle attendit une dizaine de minutes avant de pouvoir mettre à l’épreuve l’efficacité de ce petit bâtonnet, qui n’allait plus tarder à lui donner une réponse.
L’agente de stars souffla un bon coup avant de jeter un œil à son affichage, qui lui fit cligner des yeux plusieurs fois. Deux lignes ? Venait-elle de voir deux lignes ? Elle détourna sa tête afin d’observer son corps et de s’attarder sur ce ventre, qui l’avait empêché à plusieurs reprises de rentrer dans ses vêtements. Cette réflexion lui donna définitivement envie de croire en ce résultat, même si elle ferait mieux d’effectuer un second test par précaution. Elle déposa le bâtonnet à côté de l’évier et s’appuya contre celui-ci, elle joignit ses deux mains devant son visage. « Je suis enceinte. » Des larmes de bonheur s’écoulèrent sur son visage. Que devait-elle faire maintenant ? Comment allait-elle l’annoncer au futur père et à sa famille ? Elle n’aurait jamais imaginé qu’elle finirait par avoir une grossesse après seulement trois mois d’arrêt de contraception. Elle reprit la preuve en main et lui trouva une cachette dans son bureau, persuadée que le danseur ne mettrait jamais son nez là-dedans. Halston se posa sur son lit, elle demanderait bien l’avis de ses proches, mais elle savait qu’elle se sentirait mal de ne pas avertir le principal concerné en premier. Elle s’allongea et croisa ses mains sur son ventre, l’annonce se devait d’être inoubliable et surprenante. Une sonnerie la sortit de ses songes, elle regarda à travers sa fenêtre et vit une camionnette de livraison. Elle sauta du lit et saisit une robe, qu’elle enfila à toute allure avant de répondre au livreur. L’agente de stars lui donna sa signature et attrapa le colis, une autre personne apparut dans son champ de vision, une femme à qui elle donnerait une quarantaine d’années, l’observait avec scepticisme. Halston la regarda avec interrogation, ce visage ne lui semblait pas vraiment inconnu, mais elle n’arrivait pas à se souvenir du moindre nom. L’inquisitrice s’arrêta devant sa boîte aux lettres, elle lut les étiquettes d’une manière à peine audible avant de se tourner de nouveau vers elle, ses traits s’obscurcirent. L’incommensurable joie s’était évaporée pour laisser place à l’indisposition, elle comprit qu’elle devait être celle qui devrait faire le premier pas. « Bonjour, je peux vous aider ? » Elle aurait peut-être mieux fait de faire demi-tour, de prétendre qu’elle n’avait pas vu cette étrange visiteuse, malgré un mauvais pressentiment. Si sa bonne étoile voulait bien travailler encore un peu, la dame lui dirait peut-être qu’elle s’était trompée d’adresse.
Funny how all dreams come true, funny how I feel for you. It's going to be by your side and also my dreamy future. As if it's the first time I'm still just like that exciting moment, it's like we've promised. When we are looking at the same direction by then let me say, so I'm loving you more than last forever.
Eddie se serait encore bien passé d'un détour par l'hôpital mais cette fois il ne s'y rend pas à reculons, aussi pénible soit le souvenir laissé par son opération et sa dernière venue en ce lieu. Voilà un an que le danseur a subi sa méniscectomie, un an que sa blessure a été prise à temps avant que la fissure à son genou ne termine en déchirure. Un an, déjà. Il n'a jamais trouvé le temps aussi long que pendant sa convalescence mais depuis qu'il a repris la danse Eddie ne voit plus passer les mois, alors se dire qu'un an plus tôt sa santé lui jouait encore des tours lui laisse une drôle d'impression. Cette opération lui paraît aujourd'hui si lointaine, sa mise au repos forcée également alors qu'il avait bien cru à l'époque ne jamais en voir le bout. Eddie préfère ne pas repenser à la plaie qu'il a pu être pour ses proches quand son moral était au plus bas et que sa motivation s'écroulait à tous les niveaux, celle qui l'a d'ailleurs supporté dans sa plus petite forme est toujours à ses côtés douze mois plus tard et c'est sûrement l'une des plus belles preuves d'amour qu'Halston pouvait lui faire. Elle ne l'a jamais lâché, elle a décidé qu'il n'affronterait pas cette épreuve tout seul et il ne connait pas beaucoup de femmes qui auraient accepté de se coltiner un boulet comme lui, dès les débuts de leur relation. Eddie continue de penser qu'il n'aurait peut-être pas aussi bien récupéré si l'américaine ne l'avait pas tiré vers le haut dans une période de sa vie où il avait plutôt tendance à se laisser glisser vers le bas. C'est aussi pour elle que le danseur a pris sa rééducation au sérieux, pour lui montrer qu'elle ne gaspillait pas son temps et son énergie avec lui et qu'il restait quelqu'un de combatif, même privé de sa passion. Un an plus tard Eddie se trouve à des années lumière de la loque qu'il avait été, son genou ne montre plus le moindre signe de faiblesse mais le plus fou reste certainement qu'il se ménage beaucoup plus à présent. Il ne sera jamais le plus raisonnable des danseurs mais il y a un monde entre les risques qu'il faisait encourir à son corps l'année passée et les limites de celui-ci qu'Eddie accepte enfin d'écouter. Le rendez-vous post-opératoire du jour a justement pour but de vérifier que sa reprise de la danse à un très haut niveau n'affecte pas son ménisque restructuré, c'est ce dont le chirurgien tient à s'assurer car l'année écoulée leur permet de prendre du recul sur l'intervention et ses effets. Eddie veut croire qu'il l'aurait senti si la danse avait ravivé son ancienne blessure mais le Dr Fraser balaie ses doutes en lui confirmant que son genou s'est bien remis, sans pour autant l'encourager à retrouver ses mauvaises habitudes sur un parquet. Dire qu'autrefois il ne voulait entendre les recommandations de personne, pas même celles d'un professionnel, pour ça aussi Eddie a fait du chemin et progressé dans le bon sens. Ses excès de fierté ne sont pas enterrés pour autant mais il n'est plus cette tête brûlée qui allait au devant des risques sans se soucier de rien, une bonne chose compte tenu du grand tournage qui l'appellera bientôt à l'autre bout du monde et pour lequel un état de santé optimal sera requis. Il n'aurait peut-être pas pu conserver le rôle de Chongyun dans le cas contraire et perdre aussi bêtement cette opportunité aurait porté un coup à sa carrière d'acteur déjà peu reluisante. C'est donc avec le feu vert de son chirurgien qu'Eddie regagne sa moto pour s'empresser d'aller annoncer la nouvelle à Halston, celle-ci n'ayant probablement pas bougé de chez eux depuis son départ plus tôt dans la matinée. Il devra s'éclipser un peu plus tard pour honorer quelques cours à son studio mais d'ici là Eddie compte bien profiter de quelques heures avec sa compagne, sans rien ni personne pour leur voler ce précieux temps à deux.
C'est tout du moins ce qu'il croit en sillonnant la ville jusqu’au quartier de Spring Hill, impatient de rejoindre son domicile où Halston n'attend sûrement pas aussi vite son retour. Eddie pensait lui aussi mettre plus de temps mais ils ne s'en plaindront pas l'un comme l'autre, cette petite avance lui permettra même de lui faire la surprise en admettant qu'une autre surprise, bien moins agréable celle-ci, n'attende pas déjà l'américaine au niveau de leur cour. Eddie se trouve à quelques rues du 68 St Paul's Terrace quand une mystérieuse visiteuse attire l'attention de sa compagne, laquelle ne tarde pas à aller à sa rencontre pour connaître la raison de sa présence sur les lieux. La femme en question n'est pas bien grande ni bien épaisse et s'il est plutôt difficile de deviner à première vue ce qui peut bien l'amener, ses traits familiers sont pourtant un indice en possession d'Halston. La visiteuse fait alors entendre sa voix et c'est avec un accent typiquement coréen qu'elle formule ces prochains mots. « Bonjour oui, je crois bien. Mon fils habite ici mais j’ignorais qu’il avait de la visite. » Son fils dont le nom figure sur la boite aux lettres et qui a hérité de son regard, avec ces informations l'américaine fera sans doute plus facilement le rapprochement. Eddie n'attend en fait aucune visite mais Halston ne parait peut-être pas posséder la maison juste derrière, dont elle est pourtant sortie pour accueillir la matriarche Yang. « Vous êtes son amie avocate dont il m’avait parlé une fois ? Je reconnais votre accent américain, Gabrielle c’est bien ça ? » Elle n'a au moins pas tort sur le fait que toutes deux sont américaines mais pour le reste Sun-Hi a tout faux, à moins qu'elle refuse plutôt de voir la réalité en face. Sa mère ne peut apparemment pas croire que cette femme venue la saluer vit avec lui et aussi dérangeante puisse être cette vérité pour elle, Eddie n'a pas prévu de la conforter dans ses illusions. C'est le moment que le danseur choisit pour apparaître à son tour, garant sa moto à son emplacement habituel avant de remarquer la discussion qui se joue à quelques mètres de là. « Eomma mais.. qu’est-ce que tu fais là ? » Il n'a aucun mal à la reconnaître de dos, parée d'habits qui n'ont plus aucun secret pour son fils. Eddie dissimule comme il peut sa surprise, plus embarrassé qu'autre chose à l'idée qu'Halston rencontre sa mère dans ces conditions alors qu'il lui avait promis de faire les choses bien. Il devait décider du bon moment pour ça mais les Yang ne sont pas reconnus pour leur patience, pas plus qu'ils ne sont friands de cachotteries. « Mingi chéri, cache ta joie surtout. Je viens voir ton nouveau lieu de vie puisque j’attends toujours que tu daignes m’inviter. » C'est vrai, il était censé le faire une fois son déménagement effectué mais Eddie espérait encore gagner du temps, quitte à repousser indéfiniment le grand moment. « Je ne m’attendais pas à te voir, c’est tout. » il avoue simplement en tenant toujours son casque dans une main, la seconde glissant quant à elle dans le dos de l'américaine. « Tu as rencontré Halston du coup, tu sais c'est la femme qui partage ma vie depuis maintenant un an. Et donc Halston voici Sun-Hi, ma mère. » Les présentations étant faites Eddie ne perd pas une seconde pour embrasser sa compagne, offrant à sa mère une preuve qu'elle n'a pas demandé tandis que le visage de cette dernière se décompose. Le silence de plusieurs secondes qui s'installe ensuite en dit long, très long sur la déconvenue de Sun-Hi dont le regard dévisage aussitôt l'américaine. « Oh. Je comprends donc mieux tous ces mystères. » Et Eddie se rappelle pourquoi il n'avait pas vraiment hâte que cette rencontre ait lieu car il n'aime pas le ton employé par sa mère, ni la façon dont elle s'emploie à regarder Halston. Pourquoi fallait-il qu'elle s'invite d'elle-même, précisément aujourd'hui ? La bonne nouvelle concernant sa santé attendra, tout comme les moments à deux dont Eddie espérait profiter avant que cette arrivée ne compromette ses plans. « Enchantée dans ce cas, Halston. Vous me ferez bien visiter votre demeure ? » D'un regard il s'assure qu'Halston n'a rien contre même si Sun-Hi n'attend pas vraiment leur invitation, et décide de se faire à nouveau entendre à peine la porte d'entrée franchie. « Pardonnez ma surprise mais je ne vous imaginais pas.. ainsi. Quand Eddie m’a dit qu’il fréquentait quelqu’un je m’attendais à une jeune femme de son âge, comme sa dernière petite amie. » La voilà, la fameuse réplique qu'Eddie redoutait de sa part car bien sûr elle ne peut pas s'en empêcher, ce doit être bien trop tentant. Leur différence d'âge bloque mais il s'y attendait, il regrette juste que sa mère ne sache pas le faire remarquer autrement qu'en soulignant combien Halston diffère des attentes qu'elle pouvait avoir sur sa bien-aimée. Et ce n'est même pas le pire. « 진짜 장난이었으면 좋겠어요, 민기.* » Mentionner son ex-petite amie devant sa compagne était déjà un affront en soi mais ces mots balancés dans la langue maternelle du danseur le crispent plus encore, alors qu'Eddie se demande franchement ce qu'elle peut bien chercher. À le mettre hors de lui avant même d’avoir pu visiter cette maison ? C'est honnêtement bien parti. « Eomma s’il te plaît. Parle au moins anglais quand tu viens ici. » Il ne la ménage pas en le disant et Sun-Hi n'est pas censée ignorer que le ton peut rapidement monter quand ils entrent en désaccord, même s'il évitera de s'emporter trop vite et préfère lancer un regard désolé à Halston à laquelle il aurait tellement aimé épargner tout ça.
Avoir de la visite durant cette journée de repos n’était absolument pas prévu, ni de son côté ni de celui d’Eddie, elle était certaine de ne pas être victime d’un oubli. Le danseur n’aurait pas manqué de l’informer s’il avait décidé d’inviter quelqu’un, puisqu’il savait pertinemment qu’elle n’aimait pas du tout les visites surprises depuis la tragédie qu’elle avait vécu. Le doute s’était pourtant immiscé dans son esprit, cette inconnue ressemblait beaucoup trop à Eddie pour se retrouver devant chez elle par simple coïncidence. Elle lui fit entendre sa voix, marquée par un accent coréen qu’elle sut reconnaître immédiatement, puisqu’elle s’intéressait à cette langue depuis de nombreux mois à présent. Elle lui donna la raison de sa présence, qui n’était nul autre que son fils, tout en s’imaginait qu’elle n’était qu’une invitée alors que le carton se trouvant dans ses bras, aurait pu lui faire comprendre que ce n’était pas le cas. Les sourcils de la brune se déformèrent lorsqu’un prénom qui lui était méconnu lui fut associé. Depuis quand Eddie possédait-il une amie américaine ? Cette interrogation avait une importance bien vaine sur l’instant, elle décida donc d’éclaircir la situation au plus vite. « Non pas du tout, je suis... » Visiblement pas assez rapide puisqu’elle fut subitement coupée par la question d’un nouvel arrivant. Elle ne pensait pas qu’Eddie rentrerait aussi tôt, elle n’avait même pas prêté attention au bruit que produisait sa moto. Il était tout autant dans l’incompréhension qu’elle, mais elle était rassurée de voir qu’elle n’aurait pas à affronter sa belle-mère pour la première fois seule. Elle n’hésitait pas à lui faire comprendre qu’elle était impatiente de découvrir sa maison, chose qu’elle pouvait comprendre puisqu’ils l’occupaient depuis déjà cinq mois. Étaient-ils en tort de mettre autant de temps à inviter les Yang ? L’agente de stars pouvait y apporter deux réponses : oui parce qu’ils se trouvaient à proximité et que la famille était toujours la première à être conviée, non parce que les Hargreeves avaient aussi été mis de côté, à l’exception d’Hartley mais aussi de Callie, qui était familiarisé avec leur couple depuis assez longtemps. Néanmoins, l’américaine savait que c’était avant tout à Eddie d’apporter des explications, des explications qui seraient de toute façon promptement devinées par la coréenne dont elle connaissait déjà les opinions tranchées. Le danseur se rapprocha d’elle avant de la présenter officiellement comme sa compagne, il s’empara de ses lèvres avant qu’elle ne puisse les ouvrir, cette démonstration d’affection démontrait qu’il assumait pleinement cette union. Halston en était presque chamboulée, il était bien confiant pour un homme qui savait que son choix ne serait pas accepté par celle qui l’avait mis au monde. Les joues de l’américaine s’étaient légèrement teintées. « Enchantée, Sun-Hi. » Un plaisir - certes hypocrite - qui ne fut pas partagé par son interlocutrice, du moins pas de façon immédiate, celle-ci préférant d’abord affiché sa contrariété. Tous ces « mystères » n’existaient pas pour des raisons positives à ses yeux, mais la brune n’en était pas déçue pour autant, puisqu’elle ne s’attendait pas à une autre réaction de sa part. Elle lui demanda la permission de découvrir leur logement, une requête qu’elle ne pouvait pas refuser. « Bien sûr. »
Sun-Hi s’était déjà avancée jusqu’au palier, elle n’avait même pas encore fait un seul pas à l’intérieur qu’elle décida de se jeter à pieds joints dans le plat. Halston n’en revenait pas d’assister à autant d’indélicatesse, certes personne n’aurait pu deviné qu’Eddie finirait dans les bras d’une femme plus âgée, mais avait-elle besoin de mentionner son ex petite amie comme exemple ? Qui plus est une femme qu’il avait revue en cachette une fois ? Lui donnait-elle envie de la regretter comme belle-fille juste à cause de son apparence ? « La vie est pleine de surprises, ce n’est pas à vous que je vais l’apprendre. » Essayer de souligner qu’elle restait bien plus âgée qu’elle, avait pour but de la rassurer sur leur différence d’âge, mais aussi de lui rappeler qu’elle devait être celle faisant le plus preuve de sagesse. Une fois la porte d’entrée fermée, l’invitée impromptue se mit à marmonner des mots étrangers qu’elle peinait à comprendre, elle crut saisir le mot espoir, mais elle savait que celui-ci n’avait pas de connotation positive dans ce contexte. Eddie n’hésitera pas à la reprendre, exigeant que celle-ci s’exprime en anglais. L’américaine fit un bref geste de la main, pour lui faire comprendre qu’il n’avait pas à se sentir responsable du comportement de sa génitrice. Un petit curieux à quatre pattes s’avança vers eux et se frotta contre les jambes de l’agente de stars. Elle se baissa et l’attrapa, heureuse que le chat lui apporte un semblant de réconfort. « Je n’ai pas mis assez de croquettes, Poby ? »Il venait de lui donner l’excuse idéale pour s’absenter quelques minutes, en se dirigeant directement vers la cuisine. Elle le déposa près de sa gamelle, posa ses mains sur ses hanches et soupira. Pourquoi fallait-il que cette journée exceptionnelle ne soit gâchée par cette femme ? Avait-elle un sixième sens dont elle se serait bien passée ? Halston baissa sa tête et passa une main sur son ventre. Elle se répéta que seul l’être grandissant en elle avait de l’importance, elle releva son visage et déversa de la nourriture, avant de quitter la pièce. L’américaine retrouva la mère et son fils en plein milieu du salon, elle décida d’enclencher un nouveau sujet de conversation. « Comment trouvez-vous le séjour ? » Critiquerait-elle sans le savoir les goûts de sa fille, qui avait amplement aidé le couple à décorer leur demeure ? L’agente de stars devrait probablement se retenir de lui partager cette information, mais il se pourrait bien qu’elle l’utilise si jamais cette belle-mère s’avérait trop désagréable, cela l’aiderait probablement à calmer le jeu.
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Il a imaginé un nombre incalculable de fois la façon dont Halston rencontrerait ses parents, et jamais le moindre scénario n'incluait une venue surprise de Sun-Hi dans leur nouvelle maison. Elle en possède l'adresse depuis des mois mais Eddie se pensait à l'abri d'une visite dont elle aurait délibérément choisi de ne pas l'informer, car ce n'était après tout pas à elle de décider du moment où les choses devraient se faire. Elle n'aurait pas dû s'inviter et même si elle a au moins eu la décence d'attendre cinq mois pour le faire, Eddie n'est pas moins vexé que sa mère en ait pris l'initiative à sa place. Il a certes repoussé le moment autant qu'il l'a pu mais il avait ses raisons, la première ayant été de ne pas imposer trop tôt à Halston une rencontre dont elle garderait à coup sûr un souvenir amer ou tout du moins mitigé. Car il redoute depuis longtemps qu'un premier échange entre sa mère et sa compagne s'engage sous de mauvais auspices, connaissant suffisamment Sun-Hi pour savoir qu'aucune femme ne peut réellement lui convenir dès qu'elle partage la vie de son fils. À moins bien sûr d'être une jeune et jolie coréenne gagnant correctement sa vie, ce qu'elle n'a jamais pu voir dans les fréquentations d'Eddie et ce qu'elle ne verra encore pas aujourd'hui. Il se fiche alors bien de la choquer en s'emparant des lèvres d'Halston sous son nez, dissipant ainsi tout malentendu et officialisant dans un même temps une relation autour de laquelle Eddie avait maintenu tout un mystère. Non pas parce qu'il n'assumait pas de fréquenter une femme plus âgée, mais bien parce qu'il ne souhaitait pas offrir à sa mère l'occasion de s'y immiscer. Il se féliciterait presque d'être parvenu à préserver sa vie privée pendant un an et d'avoir même pu concrétiser un déménagement avant que Sun-Hi ne vienne finalement s'en mêler, même si son intrusion du jour lui rappelle que tout secret finit par être connu. Sa mère n'essaie même pas de cacher que l'âge d'Halston la déconcerte et s’il se demandait encore de qui il peut bien tenir son légendaire manque de tact, la réponse se trouve à présent sous ses yeux. Il fallait bien s'attendre après ça à ce que Sun-Hi désire découvrir leur nouveau lieu de vie, Eddie ne s'étant pas empressé de lui en faire la visite et c'est peut-être bien son tort, quoi qu’on en dise. Laisser passer plusieurs mois avant d'ouvrir les portes de sa nouvelle vie à sa famille n'est pas une chose dont le danseur se trouve être particulièrement fier, c'est simplement le meilleur compromis qu'il ait trouvé pour protéger son couple et il ne demande pas à sa mère de le comprendre, encore moins de l'accepter. Ce qu'il pourrait exiger, en revanche, c'est que Sun-Hi s'adresse à eux dans la langue de naissance du danseur car le coréen n'a pas sa place entre ces murs à partir du moment où Halston ne peut pas le comprendre. Quand il est en famille le danseur le parle sans problème mais ici il n’y voit que la volonté d'exclure sa compagne, ce qu'il ne peut décemment pas tolérer. Il admire cependant le calme dont l'américaine parvient à faire preuve et adresse un sourire à celle-ci lorsqu'elle mentionne les surprises dont la vie peut être faite. « Des bonnes et des moins bonnes, oui. » confirme la matriarche Yang tout en arrachant à son fils un soupir, rangeant certainement sa découverte du jour dans la seconde catégorie. Leur différence d'âge dérange mais il ne jouera pas les étonnés, sa mère n'étant pas connue pour sa très grande ouverture d'esprit et Halston ne rentrant dans aucune des cases exigées par la génitrice du danseur. Son bonheur n’a une fois de plus aucune importance, tout ne fait que reposer sur les apparences et sur ces attentes qu'Eddie n'aura jamais en tête de combler, quitte à décevoir un peu plus des parents qui ne l'ont jamais soutenu dans le moindre de ses choix. Professionnels comme amoureux, rien n’était jamais assez convenable à leurs yeux et force est de constater qu’avec le temps, rien n’est en passe de changer.
Eddie profite du fait que l'américaine se retire quelques instants en cuisine pour faire à nouveau savoir à sa mère que la langue de Shakespeare est plus que jamais de mise tant qu'elle se trouve chez lui. C'est une question de respect envers Halston dont il saisit aussitôt la main au retour de celle-ci, comme pour lui assurer qu’il ne la laissera pas seule face à la tornade Sun-Hi, avant que le trio ne prenne finalement place sur leurs canapés flambant neufs. L'agente prend sans doute un risque en cherchant à recueillir l'avis de la mère du danseur sur leur séjour mais Eddie apprécie qu'elle fasse la conversation, et guette au même instant la moindre réaction chez Sun-Hi dont il espère bien récolter autre chose que les critiques. Elle ignore après tout que la jeune sœur du danseur a œuvré à leurs côtés pour l'aménagement de cette maison et c'est une chose qu'Eddie ne compte pas lui apprendre d'emblée, des fois qu'une telle information ne puisse influencer ses dires. Sun-Hi scrute alors la pièce et les éléments composant celle-ci, avant que son regard ne revienne se poser sur le couple. « Cette pièce manque de couleur et de vie Halston et ça m’inquiète assez, quand on sait qu’un séjour est bien souvent le cœur d’une maison. » Certains diront que la cuisine en est plutôt le cœur mais les coréens ne l'ont jamais perçu ainsi, puisque c'est bien dans le séjour que se constituent la majorité des souvenirs au travers des immanquables réunions de famille. Les commentaires de Sun-Hi ne tombent en tout cas pas dans l'oreille d'un sourd, comme le répondant d'Eddie le montre bien vite. « Notre emménagement est encore récent eomma, laisse-nous le temps d'investir vraiment les lieux. » Cinq mois ce n'est en réalité pas si récent mais il faut bien du temps pour s'approprier réellement une maison et pour la rendre aussi vivante que sa mère ne l'exige, les remarques acerbes de cette dernière ne tardant pas à retentir à nouveau après ça. « Et je ne retrouve rien de tes origines Mingi, tout comme je constate un cruel manque de photographies aux murs. À quoi bon m’avoir emprunté un album si tu n’en as rien fait ? » Un album qu'Eddie n'a, c'est vrai, pas pensé à lui restituer depuis la fois où il s'est mis en tête de dévoiler les photos de son enfance à Halston. Il n'a jamais été question d'en faire un autre usage que celui-ci et il ne saisit pas vraiment en quoi des photos de lui petit ou des Yang auraient leur place ici, quant à ses origines il ne s'imagine pas afficher un drapeau de la Corée du Sud dans le simple but de rassurer sa mère. « Il va falloir habiller tout ça car je refuse de te voir renier tes racines au nom de je ne sais quel délire américain. » Et ce que lui refuse c'est qu'elle décide à sa place de la façon dont il est censé agrémenter sa maison, comme si Sun-Hi avait véritablement son mot à dire sur le moindre aspect de la vie de son fils. « Je ne renie rien du tout, comme d'habitude tu vois le mal partout. » il énonce d'une voix soupirante, se gardant bien d’ajouter qu'elle lui fait le même cinéma dès qu'il a le malheur de toucher à ses cheveux. Il fallait voir sa réaction le jour où Eddie a opté pour une coloration violet vif, seul point sur lequel sa mère et sa compagne auraient eu une chance de s'entendre. « Pardon, il est vrai que tu dois grandement assumer notre famille pour nous tenir à l’écart de ton couple depuis de longs mois. Halston sait-elle que tu as une sœur, au moins ? » Elle croit sans doute le piéger là-dessus mais Eddie ne met pas plus d'une seconde à réagir, non sans un brin de provocation dans la voix. « Elle l’a même rencontrée. » Dans des circonstances qui n'étaient certes pas les meilleures, mais ça Sun-Hi n'a pas à le savoir. Aujourd'hui les choses vont un peu mieux entre Callie et Halston et il devine l'agacement de sa mère vis-à-vis d'un avantage que sa fille aurait eu bien avant elle, dont la benjamine Yang ne s'était jusque là pas vantée. « Je vois. » Sa mère en est certainement offensée mais Eddie ne s'en soucie pas vraiment, car que pourrait-il dire de ses commentaires depuis son arrivée ? Un partout, la balle au centre. « Qu’attendez-vous pour m’offrir à boire ? » Sun-Hi se montre impatiente et dévie un regard vers Halston dont elle espère sans doute mettre l'hospitalité à l'épreuve, mais c’est sans compter la main que son fils maintient sur celle de l'américaine pour qu'elle ne se sente surtout pas obligée de bouger. Ici on ne claque pas des doigts pour obtenir quelque chose, y compris lorsqu'on est la mère de l'occupant des lieux. « J’aimerais aussi que vous me parliez de votre rencontre Halston car sans surprise, mon fils est resté très mystérieux autour de celle-ci. » Il sent pour le coup un intérêt sincère à travers cette demande même s'il se méfie des intentions cachées de Sun-Hi, ne sachant jamais ce qu'une question de sa part peut véritablement dissimuler. « Je suis même assez curieuse de savoir ce qu'une américaine comme vous fait en Australie, vous n'y avez pas toujours vécu je me trompe ? » Sentant que les deux femmes ont des choses à s'apprendre et désirant aussi leur offrir l'occasion de briser la glace, Eddie fait le choix de s'absenter et de laisser la pleine parole à Halston en espérant que sa mère ne le lui fera pas regretter. « Tu te charges de répondre, jagi ? Je m’occupe des boissons. » C'est avec douceur qu'il passe une main dans son dos avant de déserter le canapé pour rejoindre la cuisine, laissant Halston et Sun-Hi discuter le temps de ramener à chacune de quoi se désaltérer. Et Eddie est à peine sorti que sa mère s'empresse déjà de rebondir sur ses dernières paroles. « Jagi ? Je n’ai pas le souvenir de l’avoir déjà entendu appeler sa première petite amie ainsi. » Si ce n’est pas un comble, tout de même, qu'elle ramène aujourd'hui tout à cette ex qu'elle n'a jamais acceptée alors qu'elle avait été la première à saluer leur séparation quatre ans plus tôt. Eddie n'aimerait pas l'entendre et ça Sun-Hi le sait bien, comme s'il ne risquait pas d'apprendre qu'elle a profité qu'il ait le dos tourné pour remettre Alexis sur la table. Les murs de cette maison ont des oreilles, sa mère ne le sait simplement pas encore.
Remplir les conditions idéales pour une rencontre avec la belle-famille ne suffisait pas pour assurer que celle-ci se passe sans encombres, Halston le savait bien. Elle avait vécu ce moment spécial plusieurs fois dans sa vie, seule la première s’était déroulée de façon positive, probablement parce que les amourettes de jeunesse n’étaient pas prises au sérieux, comme s’il était inéluctable que celles-ci se termineraient dès l’apparition des premiers problèmes. L’américaine ne pouvait pas en dire autant de ses histoires de l’âge adulte, elle s’était démenée pour impressionner sa première belle-mère, en vain. La brune n’avait jamais compris le dédain de celle-ci, elle avait jugé qu’elle était ce qu’il y avait de mieux pour Nolan, puisqu’elle baignait dans le même milieu que lui et veillait à ce que sa carrière de celui-ci rayonne. La situation actuelle était complètement différente, elle savait depuis bien trop longtemps que la génitrice d’Eddie ne l’accepterait pas, qu’elle ne cochait pas une seule de ses cases. Elle devrait s’en outrer, mais elle n’en fit rien, ne pas correspondre aux attentes des Yang ne l’avait pas empêché de combler le danseur, alors pourquoi s’en inquiéterait-elle ? Le jeunisme ne l’atteignait plus autant qu’avant, l’étiquette de mauvaise surprise qu’elle lui accolait ne lui faisait donc ni chaud ni froid. Eddie soupirait tandis qu’elle restait silencieuse, non pas pour exprimer un quelconque mépris, mais pour lui montrer son indifférence. Le désir d’entrer de sa belle-mère ne lui inspirait aucune crainte, sa maison était toujours très ordonnée, elle ne pourrait pas la juger sur un quelconque désordre, qu’elle aurait certainement imputé à sa personne au vu de sa mentalité arriérée. Elle avait pourtant l’air de fuir, à profiter de la première occasion pour s’éloigner d’eux, mais elle savait que cela ne l’épargnerait pas de futurs commentaires pour autant. Il n’était pas plus mal de laisser la mère et son fils seuls l’espace d’un instant, ils avaient très certainement des choses à se dire, des échanges qui ne représentaient rien face à la nouvelle qu’elle gardait précieusement pour elle. Elle les retrouva la tête haute, prête à affronter cette femme qui n’arrivera pas à la faire déraper, elle s’en faisait la promesse. Elle n’hésitera pas à lui demander son opinion, qui ne se fera pas attendre. Eddie fut le premier à réagir avec un argument qui tenait la route, même s’il pouvait lui paraître ridicule puisqu’ils étaient là depuis plusieurs mois. Halston n’avait pas voulu imposer toutes ses affaires, donner l’impression qu’ils étaient plus chez elle que chez lui, c’était pourtant ce que sous-entendait Sun-Hi en pointant un gros manque de références à la Corée. Elle n’avait jamais empêché le danseur d’en faire, mais elle se fit rapidement accusée d’un ridicule impérialisme américain. « Il n’y a aucun délire américain comme vous le dites, je ne suis pas chauvine. » Des propos qui pouvaient facilement être vérifiées, le drapeau de son pays d’origine et ses couleurs étaient aux abonnés absents, ainsi que ses paysages, à l’exception d’une photographie d’Hollywood qui trônait au-dessus de ses nombreuses photographies avec des stars. Elle était fière de travailler dans cette industrie et ne le renierait pour rien au monde, malgré toutes les épreuves que celle-ci lui avait fait traverser. Le danseur avait également été sur la défensive, il tint un discours que sa mère n’avalera pas, elle lui tendit une perche sans le savoir, qu’il saisit rapidement. Sun-Hi était à présent au courant qu’Halston et Callie se connaissaient déjà, même si leur première rencontre était loin d’avoir été préméditée, une information qu’elle se gardera bien de lui partager.
L’invitée imposée semblait avoir subitement perdu de son répondant, jusqu’à ce qu’elle n’exige qu’ils fassent preuve d’hospitalité ou plutôt qu’elle n’en fasse. Elle n’était pas vraiment d’humeur à se plier en quatre pour elle, mais l’éducation qu’elle avait reçue pourrait facilement la pousser à se lever, un comportement qu’Eddie anticipa en lui faisant comprendre qu’il se chargerait d’accéder à sa requête. Elle n’insistera pas pour le faire, sa belle-mère n’attendra même pas que son fils ne s’éclipse pour l’interroger. Elle répondit à la question de son compagnon en hochant de la tête et se tourna pleinement vers son interlocutrice, qui s’étonna du surnom qu’elle venait d’entendre. Lassée d’entendre parler de cette Alexis, la brune décida de remettre celle-ci à sa place légitime. « Si elle n’a pas eu le droit à cette appellation et que cette histoire est terminée, c’est pour de bonnes raisons. » Dit-elle d’une voix étonnamment posée, sans le vouloir elle avait réussi à la flatter en lui apprenant qu’elle avait été la seule à avoir été nommée jagi. Cette demoiselle étant à présent reléguée au passé par ses soins, elle décida de remettre son couple au centre de la conversation. « Nous nous sommes rencontrés au théâtre, après l’une de ses représentations. » Ce lieu dont elle ne voulait sûrement pas entendre parler, était à l’origine de tout, Halston ne pouvait que le chérir. « L’un de mes clients avait d’un danseur, je lui ai proposé de participer au tournage d’un film. » Une œuvre qu’elle connaissait probablement, si elle s’intéressait un minimum à la vie professionnelle de son fils. « Je suis devenue son agente par la suite. » Elle n’avait aucunement envie de mentionner qu’Eddie avait été réticent et qu’elle lui avait couru après, elle ne voulait pas lui donner une occasion en or de la traiter de cougar. Sun-Hi lui avait posé une seconde question plus délicate, qui figurait parmi celles qui l’agaçaient le plus au quotidien, mais elle savait que l’esquiver ne ferait que de la rendre louche. « Je suis à Brisbane depuis trois ans. » Cela lui paraissait être un bon début de réponse, car elle lui montrait qu’elle n’avait pas vadrouillé à travers le pays, qu’elle avait décidé de s’ancrer ici. « J’avais besoin de changement et une belle opportunité professionnelle s’offrait à moi dans cette ville, j’ai donc décidé de quitter Los Angeles pour débuter une nouvelle vie. Un choix qui m’a réussi, puisqu’il m’a permis de devenir directrice d’une agence de stars et de rencontrer votre fils. » Souligner sa réussite et oublier tout le reste lui semblait être une bonne stratégie, même si elle pouvait accéder à son passé en quelques clics, il y avait peut-être une chance qu’elle ne soit pas familière avec les recherches internet. « Eddie est un véritable trésor, je me sens chanceuse de l’avoir à mes côtés, vous avez élevé un homme bon. » Il n’était probablement pas devenu ce qu’il était sans l’aide de ses parents, ils n’étaient pas complètement défaillants malgré leur refus de le voir briller sur les planches. Halston aimerait qu’elle s’en rende compte, que si une femme plus mûre que lui l’avait choisi, ce n’était pas par hasard, mais après une mûre réflexion. Cette flatterie n’allait peut-être pas l’adoucir, mais elle lui avait confié le fond de sa pensée alors elle ne pouvait pas la regretter.
Funny how all dreams come true, funny how I feel for you. It's going to be by your side and also my dreamy future. As if it's the first time I'm still just like that exciting moment, it's like we've promised. When we are looking at the same direction by then let me say, so I'm loving you more than last forever.
Il n'est pas le plus serein en laissant sa compagne et sa mère poursuivre cette discussion sans lui mais Eddie ne tient pas à ce que leur invitée surprise puisse remettre en question leur façon de la recevoir, quand bien même cette intrusion n'est pas à son goût. C'est techniquement à lui de répondre aux besoins de la matriarche Yang, à lui de faire en sorte qu'elle ne manque de rien même s'il l'accuserait volontiers d'avoir exagéré sa soif pour prendre Halston de court et tester celle-ci. Elle en serait bien capable et plus rien ne peut à vrai dire le surprendre venant d'elle, Eddie laisse d'ailleurs trainer ses oreilles du côté du salon tout en s'affairant en cuisine parce qu'il ne lui fait pas grandement confiance et la croit bien capable de profiter de son absence pour dire ses quatre vérités à l'américaine – sans se douter toutefois des limites que sa mère se montre déjà prête à franchir. Le nom d'Alexis ne tarde pas à retentir de nouveau dans cette pièce que le danseur vient à peine de quitter et l’intérêt de Sun-Hi pour son ex-petite amie ne laisse pas Halston sans réaction, celle-ci n'hésitant pas à rappeler que cette histoire appartient au passé et cela pour de bonnes raisons. Si Eddie avait été présent à ce moment de la conversation sa mère n'aurait jamais eu l'occasion de rebondir sur les mots de l'agente et c'est bien parce que son fils s'occupe de leurs boissons à quelques portes de là que Sun-Hi ne se fait pas prier pour rétorquer à son tour. « J’imagine qu’il ne s’est pas vanté du fait qu’elle l’ait quitté. » Non, il n'a c'est vrai jamais détaillé ces fameuses raisons qui ont causé la fin abrupte de leur couple et a encore moins insisté sur le départ d'Alexis, un certain soir de décembre 2017. Le sujet demeure sensible même près de cinq ans plus tard, Eddie n'a jamais vraiment digéré cette rupture ni accepté les torts qui lui revenaient, et sa mère n'a tout simplement pas le droit de remuer cette histoire dans son dos pour en informer Halston à sa place. Ce n'est pas son rôle et pourtant, non contente d'intervenir sur ce qui ne la regarde pas elle semble aussi tenir à ce que l'américaine ne parte pas trop confiante. « Si j’étais vous je ne sous-estimerais pas cette histoire Halston, vous ne soupçonnez pas à quel point elle a pu compter pour lui. » Ce n'est là encore pas à elle de mettre des mots dessus si Eddie ne l'a jamais fait, cette énième intrusion dans sa vie privée risquant en plus de parvenir jusqu'à lui et d'agrandir le fossé déjà conséquent entre eux. « Je n’ai jamais compris ce qu’il trouvait à cette fille mais trois ans dans une vie, surtout dans celle de mon fils, ce n’est pas rien. » Sun-Hi sous-entend sans doute qu'il n'était pas destiné à se poser en vivant sa vie avec une telle intensité et c'est bien ce dont il était incapable à l'époque d'Alexis, et ce qu'il s'emploie à rectifier depuis en donnant enfin à sa vie amoureuse l'importance qu'elle mérite. Sa rencontre avec Halston est un autre point sur lequel le danseur a maintenu tout un mystère et connaissant la mentalité des Yang, il n'est pas mécontent que l'américaine se charge d'en parler à sa place. Sun-Hi se montre attentive avant d'afficher bien vite une expression de surprise, qui n'est jamais annonciatrice de très bonnes choses lorsqu'on la connait. « Vous fricotez donc avec vos jeunes recrues ? Ce n’est pas très professionnel de votre part. » Et elle n'imaginait sûrement pas non plus que son fils pouvait lui-même l'être si peu, parfois. Eddie a longtemps affirmé à qui voulait bien l'entendre qu'il ne mélangerait jamais son travail et sa vie personnelle mais les sentiments s’en sont mêlés malgré lui, il n'avait pas prévu de tomber sous le charme de son agente tout comme Halston n'avait pas en tête de vivre la moindre histoire avec l'un de ses protégés. Mais à quoi bon l'expliquer à Sun-Hi, dont la vision des choses est bien trop étriquée. Elle reste d'abord impassible lorsque l'américaine se confie sur son arrivée dans le pays mais ce sont ses derniers mots qui arrachent finalement un rire crispé à la mère du danseur. « Un trésor qui n’en finit pourtant pas de me décevoir. » L'encensement de sa bonne éducation semble lui passer au-dessus alors que la matriarche Yang se redresse pour croiser le regard de son hôte. « Ne le prenez pas mal Halston mais j’ai certaines ambitions pour mon fils, et le voir s'acoquiner à une femme beaucoup plus âgée et probablement mère de famille n’en faisait pas partie. » Mère de famille, voilà autre chose. Les raccourcis sont faciles et Sun-Hi ne se donne décidément pas la peine de voir plus loin que les apparences, dérapant sur le sujet des enfants sans la moindre délicatesse et sans penser, non plus, qu'à deux pas de là Eddie n'en perd pas une miette.
C’est muni d'un plateau contenant leurs trois thés que le danseur effectue son retour dans la pièce et il suffirait presque de croiser son regard pour comprendre que l'échange des dernières minutes ne lui a en partie pas échappé. Eddie dépose le plateau sur la table basse et place des dessous de verre avant que Sun-Hi ne puisse aussi lui faire la morale là-dessus puis il remet à chacune la tasse qui lui revient, précisant au passage la variété de thé pour laquelle il a opté. « Jejudo Imperial. » Les traits du danseur sont fermés, revenir sur les dernières paroles de sa mère s'avère bien trop tentant et il ne lui faut pas plus de quelques secondes pour plonger la tête la première dans cette conversation qui ne l'incluait à l'origine pas. « Au fait eomma, Halston n'a pas d'enfants alors évite peut-être de supposer ce genre de choses. » Pas encore est une précision qu'Eddie pourrait apporter si Sun-Hi méritait de savoir qu'ils sont en pleine conception, mais il se gardera bien de l’en informer. Cette dernière ne semble pas particulièrement surprise par cette intervention et c'est à se demander si quelque part, elle n'espérait pas un peu que l'ainé Yang en intercepte des bribes en laissant volontairement porter sa voix d'une pièce à l’autre. « Je vois que tu écoutes toujours aux portes Mingi, comme quand tu étais petit. » Certaines choses ne changeront jamais et cette vieille habitude avait déjà porté ses fruits chez les parents d'Halston, quand il n'avait pas hésité à écouter ce qui se disait en cuisine pour mieux découvrir tout le mal que la mère de l'américaine pensait de leur histoire. Un schéma qui semble tristement se répéter aujourd'hui et face auquel Eddie ne fera pas l'étonné, lui qui avait prédit que les choses se dérouleraient ainsi et redouté cette autre rencontre pour de bonnes raisons. « Allons bon. Je me doute en tout cas que ce n’est pas à son âge qu’elle en aura, tu sembles vraiment décidé à me priver de petits-enfants. » Cet énième commentaire vaut à Eddie d'expulser un très long soupir car comme toujours sa mère lui refile le rôle du fils indigne enchainant les provocations dans l'unique but de la contrarier. Bientôt elle l'accusera aussi de s'être entiché d'une femme plus âgée uniquement pour défier ses attentes et c'est à se demander comment elle peut se donner autant d'importance, parfois. « Je ne te prive de rien du tout, arrête de croire que tout ce que je fais est forcément contre toi. » Eddie repose sa tasse de thé sans même y avoir trempé ses lèvres. Ces remarques que Sun-Hi ne cesse de leur adresser depuis son entrée dans cette maison ont déjà raison de sa patience et à ce rythme, il ne sait même pas s'il tolèrera qu'elle y reste beaucoup plus. « Mais au risque de répéter ce que je t'ai déjà dit un millier de fois, je ne deviendrai pas père pour te faire plaisir. Si j’ai des enfants un jour ce sera avec la femme que j’aime et parce que je l’aurai décidé. » il clarifie alors et ce projet est nettement plus d'actualité que sa mère ne peut le penser, elle ne l'apprendra simplement pas de sa bouche aujourd'hui car il n'est pas question de lui offrir la moindre opportunité là-dessus. Halston reste libre d'en parler, il ne l'en empêchera pas mais préfèrerait que la matriarche Yang ne puisse au moins pas leur voler ça. Pas en débarquant chez eux de cette façon pour juger tout ce qui s'y passe, cette attitude ne le motive vraiment pas à briser cet autre secret bien gardé. « Et j’espère bien que ce choix-là tu le respecteras. » Même s'il en doute fort en vérité, elle n'est déjà pas capable de le respecter chez lui et trouve constamment à redire sur les décisions qu'il peut prendre, même si ce rôle de grand-mère est une attente de longue date qu'Eddie pourrait enfin combler. « J’en serais très heureuse, tu le sais. Mais Halston n’est plus de première fraîcheur, il fallait y penser avant de jeter ton dévolu sur ton agente. » Il se raidit sur son siège tout en questionnant la réalité d'un tel moment, ne parvenant pas à croire qu'elle puisse aller aussi loin et c'est certainement une chance qu'à cet instant Eddie ait les mains vides. Son regard dévie vers Halston qu'il aimerait défendre de toutes ses forces mais les mots qui aimeraient tant sortir sont gardés prisonniers dans le fond de sa gorge, une sidération que les prochaines paroles de leur invitée ne risquent pas d'arranger. « Si ton père savait que tu t’adonnes à ce genre de promotion canapé, seigneur qu’est-ce qu’il penserait de toi. » Cette fois Eddie est blessé et sa répartie n'en est que davantage affectée. Cette maison symbolise à elle seule le fait que leur relation a depuis longtemps dépassé le stade de l’aventure extra-professionnelle mais Sun-Hi s'obstine à le voir comme un jeune premier sous la coupe de son agente, à deux doigts elle aussi de le traiter comme un vulgaire gigolo.
Le passé doit rester au passé dans certaines circonstances, celle-ci en faisait clairement partie et pourtant sa belle-mère semblait prendre un malin plaisir à remettre cette histoire sur le tapis. Elle était d’une indélicatesse qui était peu croyable, comment pouvait-il parler aussi sereinement d’une femme qui avait fait souffrir son fils dans la maison de celui-ci ? S’il ne lui en avait jamais parlé de lui-même cela voulait dire qu’il n’était pas encore prêt, mais elle ne le respectait pas. Halston pensait comprendre que son premier but n’était pas de blesser Eddie, mais de minimiser son importance dans sa vie. Elle savait que les premiers amours laissaient toujours des traces indélébiles, la prenait-elle pour une enfant de croire le contraire ? Cette femme était grotesque de lui tenir ce genre de discours tout en connaissant son âge. L’interlocutrice de la brune pouvait s’estimer heureuse qu’elle soit passée à autre chose, si cette conversation avait eu lieu en début d’année, elle aurait pu avoir un effet dévastateur. « Je peux l’imaginer. » Répondit-elle avec un calme olympien. Les désillusions et déceptions causées par des histoires d’amour qui finissent mal, elle en connaissait un rayon à ce sujet, certainement plus que le danseur et même qu’elle, qui n’avait probablement connu que le père de ses enfants. « Eddie est heureux maintenant et c’est tout ce qui compte, ce n’est pas très malin de votre part de chercher à rouvrir d’anciennes plaies. » Elle pouvait aisément se mettre à sa place, elle détesterait que l’on mentionne son ex-mari dans un tel contexte, elle espérait que ce chapitre était désormais clos. L’américaine allait peut-être paraître prétentieuse à ses yeux, de sous-entendre que s’il était épanoui à l’heure actuelle c’était grâce à elle, mais elle savait qu’elle n’était pas dans l’exagération. La brune lui avait apporté une stabilité dont n’importe quelle mère pourrait se réjouir, mais sa belle-mère préférait jouer à l’aveugle. L’invitée imposée cherchait à lui trouver d’autres défauts, elle n’hésitait pas à s’en imaginer en s’inventant des films à la vitesse de la lumière. Toute personne la connaissant un minimum savait qu’il serait ridicule de faire la supposition que son agence était son terrain de chasse. « Ce qui n’est pas correct c’est d’avoir la calomnie si facile. Je ne drague pas mes clients et Eddie est le seul homme plus jeune que j’ai connu. » Elle n’ira pas lui raconter qu’il existait une histoire plus ancienne avec un autre protégé, qui avait donné naissance à un mariage, puisqu’elle ne retiendrait seulement qu’il s’agissait d’une récidive et qu’elle avait un divorce à son actif. « Les sentiments ne se contrôlent pas. » C’était pourtant ce qu’elle avait essayé de faire pendant des mois, réduire au silence cette attirance qui n’avait pas lieu d’être, mais elle ne sera pas contente de l’entendre, parce qu’au final elle avait cédé à la tentation, elle serait donc perçue comme faible par la génitrice de son compagnon. La réussite professionnelle de l’agente de stars la laissa de marbre, son domaine ne devait pas suffisamment lui plaire, elle en soupirait intérieurement puisque cela lui rappelait le dédain de ses propres parents. Elle ne pensait pas obtenir un rire avec une flatterie, ce qui prouvait qu’elle était totalement tombée à l’eau. Sun-Hi ne cessa de démontrer à quel point elle pouvait ressembler aux Hargreeves, en évoquant des ambitions desquelles elle ne voulait pas voir son fils s’éloigner. Halston était perçue comme beaucoup plus âgée, l’alignement de ces trois mots lui donnaient la désagréable sensation d’avoir le double de son âge. La nouvelle supposition eut le mérite de l’achever, lui jetant en pleine face l’un de ses plus grands échecs, elle n’avait pas un seul enfant à son âge avancé.
Pourquoi se sentait-elle aussi mal ? Pourquoi son bonheur avait été annihilé en un claquement de doigts ? Elle en avait momentanément oublié qu’un être grandissait en elle. Eddie n’avait été absent que quelques minutes, mais ces minutes lui avaient paru être une éternité, ne me laisse plus seule avec elle qu’elle lui lança à travers ses prunelles qui avaient retrouvé un semblant d’éclat depuis son retour. Elle remercia la danseur de lui avoir rapporté du thé, même si celui-ci ne la tentait pas la moins du monde. Halston pensa quelques secondes que de l’alcool lui aurait fait beaucoup plus de bien, avant de se souvenir qu’elle ne pourra plus en boire une seule goutte avant de nombreux mois. Alors qu’elle regardait dans le vide, un bref sourire en coin se dessina sur ses lèvres, elle ne prêtait même plus attention à la discussion des Yang. Elle s’envenimait toujours plus, certaines paroles atteignirent les oreilles de la directrice de la Shining Stars Agency, qui aurait pu rire à son tour, si seulement elle savait. Halston n’interviendra pas une seule seconde dans l’échange entre la mère et son fils, qui se défendait plutôt bien pour le moment. Elle décida finalement de saisir sa tasse, de boire tout en paraissant impassible, ne souhaitant pas que Sun-Hi ne puisse deviner un seul instant que faire un enfant était un projet qui était déjà en route. La mère du danseur ne l’avait pas interrompu une seule fois, elle en avait presque cru qu’il avait fini par lui faire entendre raison, elle se disait même très heureuse à l’idée qu’il devienne père un jour jusqu’à ce qu’elle ne dérape. La brune manqua de s’étouffer avec son thé, comment pouvait-elle avoir l’audace de parler d’elle en des termes aussi rabaissants en sa présence ? Elle se sépara de sa tasse et foudroya du regard la mère d’Eddie. L’agente de stars entrouvrit la bouche mais n’aura pas le temps d’en placer une, son interlocutrice ayant décidé de s’en prendre au père de son futur enfant. La propriétaire des lieux se leva d’un seul coup et se mit face à cette femme, qui avait dépassé les bornes. « Que la solidarité féminine vous soit inconnue est une chose, mais insulter votre fils sous son propre toit est tout bonnement inacceptable. » Les sourcils de l’américaine étaient horriblement froncés, elle n’avait jamais imaginé que la mère d’Eddie puisse être encore pire que la sienne, qui avait au moins eut la décence de dire du mal de son gendre en secret. « Eddie est un bourru de travail qui n’a pas besoin de ce genre de procédé pour réussir. Il n’est pas mon amant, il est homme avec lequel j’ai décidé de vivre de nombreuses années, que cela vous plaise ou non. » Elle ne lui donnait qu’une seule envie ; celle de rendre leur relation plus publique qu’elle ne l’avait jamais été, un désir qui se faisait déjà de plus en plus vif depuis qu’elle avait obtenu sa promotion. « Si votre fermeture d’esprit nuit à son épanouissement, vous ne serez plus jamais la bienvenue ici. » Elle aimerait pouvoir la mettre à la porte dès maintenant, mais Halston avait le sentiment qu’Eddie était plus en droit de le faire. Il ne l’avait peut-être jamais fait, ce qui pourrait être considérablement libérateur pour lui, elle ne lui volerait donc pas ce moment maintenant qu’elle lui avait suffisamment préparé la voie.
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Le manque de finesse de Sun-Hi n'est plus à prouver depuis longtemps tout comme l'habitude qu'elle a de s'immiscer dans la vie amoureuse de son fils, dont ce dernier ne l'a certainement pas évincée sans raison ces derniers mois. Eddie ne sait que trop bien à quel point sa mère a à cœur d'y mettre son grain de sel et sa venue dans cette maison ne fait que le montrer une fois de plus, alors qu'elle n'aura finalement pas attendu que le danseur soit prêt à lui parler de son couple pour venir elle-même constater celui-ci de ses propres yeux. Chaque minute écoulée depuis qu'Eddie a quitté ce salon est une minute dont Sun-Hi profite pour profaner toujours plus sa vie privée, glissant aussitôt sur le sujet de sa première relation et entrainant sa compagne sur ce terrain tortueux bien malgré elle. Eddie n'est pas encore pleinement à l'écoute et c'est tant mieux, car il ne supporterait pas d'entendre sa mère remuer ainsi le passé et évoquer le nom de son premier amour avec si peu de tact et de respect pour Halston. Peut-être l'apprendra-t-il par la suite ou peut-être l'américaine choisira-t-elle à l'inverse de l'en protéger, toujours est-il que Sun-Hi s'aventure une nouvelle fois là où il ne faut pas avec bien peu de considération pour les peines passées de son fils. Et elle n'arrange pas son cas en reprochant ensuite à l'américaine de déraper avec ses protégés comme s'il s'agissait d'une habitude chez elle, et que le danseur appartenait à une longue liste de recrues conviées à rejoindre ses draps avant lui. La vérité Eddie la connait et il ne fait aucun doute qu'il l'aurait fermement laissée entendre s'il s'était trouvé dans la pièce à ce moment-là, car c'est vraiment mal connaître Halston que de s’imaginer qu'elle fait son marché parmi les jeunes acteurs de son agence. Sun-Hi la juge sans la connaître comme elle le fait finalement avec chaque femme entrant dans sa vie, préférant les diaboliser et leur trouver tous les défauts plutôt que de faire l'effort de réellement les découvrir. La tendance à la calomnie dont l'américaine l'accuse ne la fait d'ailleurs pas revoir ses positions, comme en témoigne l'air convaincu qu'elle affiche toujours. « Vous avez pourtant très largement dépassé votre rôle d’agente avec lui, n’étiez-vous pas censée vous contenter d’intervenir dans sa carrière ? » C'était effectivement l'idée au départ mais comme Halston le précise ensuite, ces choses-là ne se contrôlent tout simplement pas. Eddie aurait de quoi sourire amèrement face à la réplique de sa mère car depuis quand se soucie-t-elle un tant soit peu de sa carrière ou du moindre de ses accomplissements ? Il y a bien longtemps qu'elle ne vient plus assister à ses spectacles et ce film qui a permis sa rencontre avec l'américaine, Sun-Hi n'a jamais exprimé l'envie de le voir ni même d'en connaître le nom. C'est drôle comme tout d'un coup ce domaine l'intéresse, elle qui ne serait même pas capable de dire quand est sorti ce film ni s'il en a fait d'autres depuis. « N'importe qui peut accéder à un rang de directrice de nos jours, visiblement. » reprend-t-elle en roulant des yeux, sans imaginer tous les sacrifices et le travail qu'il aura fallu à Halston pour décrocher ce titre. Elle ne fait une fois de plus que juger sans savoir, comme si le fait d'être tombée sous le charme d'un protégé redéfinissait tout ce qu'elle a pu accomplir au sein de son agence. « Ce n’est pas plutôt une seconde jeunesse que vous désiriez connaître ? J’espère au moins que mon fils n’a pas brisé un mariage pour quelques parties de jambes en l'air, c’est un péché de courtiser une femme déjà prise. » Si elle le connaissait vraiment elle saurait que ce genre de choses ne lui ressemble pas, car jamais Eddie n'aurait pu tenter quoi que ce soit en sachant Halston prise ou bien mariée – ce dont il s’était d’ailleurs assuré le soir où tout a basculé. Malgré leur très forte attirance il a des principes et bien trop de fierté pour convoiter la femme d'un autre, et c'est assez blessant de savoir que Sun-Hi le croit capable de ruiner un ménage dans le simple but d'assouvir ses pulsions. Leur relation n'a d'ailleurs jamais reposé exclusivement sur le sexe mais sa mère semble décidée à réduire leur couple à une passade, en plus de considérer qu'une femme de l'âge d'Halston ne peut qu'être mariée avec des enfants. Deux sujets sensibles pour le prix d'un, Sun-Hi n'en finit décidément pas de mettre les pieds dans le plat.
Le regard que l’américaine lui adresse à sa réapparition dans le salon en dit certainement long sur les minutes que celle-ci a passé avec la mère du danseur, alors qu'aucune des deux femmes ne peut encore se douter qu'il est resté à l'affût des dernières paroles échangées. Eddie n'a officiellement plus soif et la tension monte vivement en lui lorsque Sun-Hi l'accuse une fois de plus d'entreprendre des choses contre elle comme le fait de fréquenter une femme qui ne pourra pas lui donner d’enfant. Non seulement son projet n'est pas de tout faire pour s'assurer qu'elle ne devienne jamais grand-mère, mais il trouve en plus très insultant de sa part de considérer qu'Halston n'a déjà plus l'âge pour enfanter. Ce n'est pourtant pas surprenant quand on connait Sun-Hi et ses idées très arrêtées sur la question, elle qui agiterait volontiers un compte à rebours au-dessus de la tête de son fils si elle le pouvait afin qu'il n'oublie pas les attentes qu'il lui faudra combler avec ses trente ans. Un mariage et des enfants, c'est ni plus ni moins ce que sa mère attend de lui comme si elle ne lui rabâchait pas assez souvent son regret qu'il ne soit pas né en Corée du Sud, où il aurait également dû accomplir son devoir militaire comme son père. Eddie n'a plus d'énergie à dépenser dans ce débat stérile puisque sa mère ne veut pas entendre que la question des enfants se posera quand le moment sera le bon pour ça, et sûrement pas quand elle le décidera. Le projet est en fait déjà amorcé depuis plusieurs mois sans que Sun-Hi n'en sache rien et c'est une victoire qu'Eddie ne lui accordera pas aujourd'hui, car elle serait bien trop contente d'entendre qu'un petit Yang verra le jour plus tôt qu'elle l’imagine. Il ne s'inclinera pas devant elle en lui donnant ce qu'elle réclame depuis toujours, pas alors que ses remarques envers Halston sont de plus en plus offensantes au point de tomber dans le manque de respect pur et simple. Elle ne recule devant rien pour insinuer que sa compagne est trop âgée pour lui et même s'il s'attendait à ce que cette différence puisse déranger, il ne croyait quand même pas Sun-Hi capable de tant de bassesse. Eddie n'est d'ailleurs pas épargné alors que sa mère s’emploie à le faire passer pour un jeune homme aux mœurs légères n'hésitant pas à passer sous le bureau de son agente pour s'ouvrir plus de portes. Il reste plusieurs secondes hébété et s'en voudra par la suite, car c'est Halston qui prend sa défense en reprochant à Sun-Hi une attitude intolérable sous leur toit avant d'affirmer qu'il n'a jamais eu besoin de séduire qui que ce soit pour se faire une place et un nom dans son milieu. C'est honorable de sa part de le faire entendre et il pourrait être sincèrement touché qu'elle précise vouloir passer de nombreuses années avec lui si la présence de sa mère n'assombrissait pas cette pièce, ainsi que ses pensées. « Laisse Halston, ça ne sert à rien. » il reprend d'une voix soupirante avant que l'américaine n'avertisse leur invitée en lui ôtant littéralement les mots de la bouche. Si Sun-Hi est disposée à cracher sur leur bonheur elle ferait tout aussi bien de partir, voilà plusieurs minutes déjà qu'Eddie est tenté de lui montrer la porte car sa patience ne tient plus à rien après cet échange. Elle a été bien trop loin dans ses propos et jusqu'au bout, la matriarche Yang semble bien décidée à se faire passer pour la grande indésirable de ces lieux. « Gardez donc vos grands discours, j’ai bien senti dès le départ que je n’étais pas la bienvenue dans cette maison. » Le sang du danseur ne fait qu'un tour en la voyant se victimiser car elle leur aura vraiment tout fait, jusqu'à inverser les rôles quand l'intégralité des torts lui revient pourtant. « Non mais tu t’entends parler, sérieusement ? » Il se hisse à son tour sur ses deux jambes et la toise comme il ne l'a sûrement jamais fait, son regard sombre se heurtant à celui de Sun-Hi pendant qu'il serre durement les poings. « Tu vois c’est pour ça, exactement pour ça que je ne vous ai rien dit à appa et à toi. Vous êtes incapables de vous réjouir pour moi, incapables de voir que je suis enfin heureux parce que pour ça, il aurait déjà fallu voir tous les moments où je ne l’étais pas ces quatre dernières années. » Il a connu un long passage à vide à la suite de sa première rupture mais l'a-t-elle seulement remarqué à l'époque ? Eddie en doute fort, elle devait être trop occupée à se réjouir de la disparition d'Alexis pour se rendre compte qu'il n'allait pas bien et que la danse était devenue un refuge pour ne pas sombrer. Quatre ans, c'est le temps qu'il lui a fallu pour s'en relever et s'il y est parvenu ce n'est clairement pas grâce à elle, son soutien ayant toujours été aux abonnés absents quand il pouvait en avoir besoin. « J’ai une compagne formidable aujourd’hui, une maison et un métier que j’adore mais tout ce que tu vois, toi, c’est notre différence d’âge. Dix ans, ça te choque vraiment tant que ça ? Ce n’est pourtant que quatre ans de plus qu’appa et toi. » Ce ne sont surtout que des chiffres, Eddie a grandi avec l'idée que ce genre de différence dans un couple n'avait rien d'anormal puisque ses parents eux-mêmes en avaient fait une normalité. Alors pourquoi tout serait différent dans son cas, pourquoi dix ans devraient choquer alors que six sont acceptables ? Il ne tente même plus de comprendre, à ce stade. « De toute façon si ce n’est pas ça alors c’est autre chose, quoi que je fasse tu n’es jamais contente. Je n’ai pas le droit d’être amoureux, pas le droit de gagner ma vie en tant que danseur, pas le droit de faire de la moto ni même de colorer mes cheveux sans que tu en penses automatiquement du mal. C'est épuisant, si tu savais. » Des reproches, encore et toujours, Sun-Hi n'a vraiment que ça en stock dès qu'il devient question de lui. « J’en ai ma claque de tes critiques, de tes allusions et de tes foutues traditions. » Après vingt-six ans la coupe est pleine, Eddie se trouve même prêt à couper les ponts pour de bon s'il le faut car il ne laissera pas la négativité de sa mère déteindre sur son bonheur, pas une fois de plus. « Mingi, ton langage ! » Sun-Hi s'offusque et il n'en attendait pas moins de sa part, alors qu'il reste relativement poli et maître de ses mots compte tenu du ras-le-bol grouillant en lui. « Et le tien alors, est-ce qu’on peut en parler ? Tu t’invites chez moi pour insulter Halston, m’insulter moi et critiquer tout ce qui t’entoure mais je n’ai pas le droit de trouver ça insupportable ? » Elle n'a pas eu un seul bon mot à leur égard depuis son arrivée, c'est la triste réalité des faits et c'est bien ce qui prouve qu'elle n'a plus rien à faire ici. « Tu n’aurais jamais fait la même chose à Eunbi. Elle tu la respectes et tu acceptes aussi ses choix, elle est parfaite après tout. » Cet autre constat fait mal alors que Callie a toujours rempli les exigences de leurs parents à la perfection contrairement à lui. Si Eddie avait emprunté la même voie que son père tout aurait été différent il le sait, et il regrette d'avoir vu le jour dans une famille aux yeux de laquelle être un artiste ne vaut rien. Ses rêves n'ont jamais fait le poids face aux attentes qu'il lui fallait combler et c'est peut-être bien la dernière fois qu'Eddie se laisse écraser de la sorte, cette discussion menaçant déjà de marquer un tournant dans la relation entre la mère et le fils. « Tiens reprends ton album photos, reprends même tout ce que tu veux mais ne t’avises plus de t’inviter ici. » Il remet l'album aux mains de Sun-Hi sans la moindre délicatesse avant de se tourner vers sa porte d'entrée, jetant à sa mère un regard des plus explicites. « Je voudrais que tu sortes de chez moi maintenant. » C'est la première fois qu'Eddie la congédie, jamais auparavant un échange n'avait connu une telle issue entre eux et il n'est pas vraiment fier d'en arriver là, malgré la détermination dans son regard comme dans sa voix. « 민기 너 진심 아니야..* » Elle n'a pas intérêt à opposer de résistance car après le mal qu'elle leur a fait, la moindre des choses est à présent de les laisser. « S’il te plaît eomma. » il insiste et ne pliera pas, ses pieds resteront même ancrés face à cette porte jusqu'à ce qu'elle daigne l'emprunter. Eddie croise les bras tout en gardant ses yeux plantés dans les siens, de longues secondes s'écoulent durant lesquelles Sun-Hi semble attendre de lui qu'il se ravise mais rien, le message ne pourrait pas être plus clair. « Tu as gagné, je m’en vais. » Et c'est sans un mot ni un regard en arrière que la matriarche Yang consent finalement à les laisser, quittant les lieux d'un pas résigné sous le regard impassible de son fils. Il ne s'autorise à bouger qu'une fois que le véhicule de Sun-Hi s'est éloigné, supposant au bruit qu'elle est déjà loin et qu'elle ne risque surtout plus de revenir s'imposer par ici. « Je.. j’ai besoin d’être un peu seul. » il souffle à l'attention d'Halston vers qui il se tourne sans toutefois parvenir à la regarder dans les yeux. Eddie a besoin de digérer l'ultime affront de sa mère et s'isoler lui permettra aussi d'affronter l'échec de cette rencontre à défaut d'en être encore capable face à l'américaine. La honte s'empare de lui et se mêle à l'affliction de n'avoir rien pu faire pour épargner la femme qu'il aime, il ne veut simplement pas montrer à quel point tout ça l'affecte même s’il doit pour ça se refermer comme une huître. Ils auront certainement l’occasion d’en reparler mais pas maintenant, il ne s'en sent pas le courage. « Je suis désolé ma chérie. Vraiment désolé. » Il pourrait même s'excuser des heures durant mais ça ne changerait rien à l'issue des choses, pas plus que ça n'allègerait son cœur considérablement alourdi.
Son rôle d’agente, elle le connaissait sur le bout des doigts, elle n’avait pas besoin qu’une femme acariâtre ne lui en rappelle les bases. Cependant, que pouvait elle attendre d’une personne qui n’avait probablement connu qu’un seul homme dans sa vie ? Halston n’avait pas eu cette chance, qui n’en était pas forcément une d’ailleurs, si elle était restée avec son premier amour, elle ne serait peut-être pas aussi épanouie à l’heure actuelle. Avoir connu plusieurs relations avec des hommes aussi divers que variés, lui avait permis de mieux se connaître, de savoir ce qu’elle attendait vraiment de son couple. Le bonheur ne se trouvait pas forcément dans les conventions, elle en avait la certitude depuis qu’elle avait croisé le chemin d’Eddie. « Oui et alors ? Cela ne m’a pas empêché d’être une bonne agente pour lui. » Sun-Hi ne pourrait jamais prendre cette phrase au sérieux, une publicité pour une célèbre marque de glace devait sembler risible pour elle, le petit film indépendant dans lequel il avait tourné encore plus. Elle aimerait pouvoir lui faire fermer son clapet en lui parlant du rôle qu’il avait décroché dans une grosse production de Netflix grâce à elle, mais elle était tenue de ne pas ébruiter cette information en dehors de l’agence. L’américaine ne pensait pas qu’elle serait considérée aussi indigne d’être avec Eddie qu’à son poste de directrice, sa belle-mère ne se privait décidément de rien, jusqu’où ira-t-elle ? Finirait elle par lui demander son nombre de partenaires sexuels et son CV ? Elle se demanda quel métier elle avait pu exercer pour se montrer aussi hautaine, mais elle doutait que celui-ci ne soit prestigieux au point d’en prendre le melon. « Vous ne savez pas de quoi vous parlez. » Assura-t-elle sans la moindre hésitation, elle n’avait pas la moindre idée de tout ce qu’elle avait pu traverser avant d’en arriver là. La directrice de l’agence de stars ne pensait pas qu’un jour, une femme qui ne connaissait même pas son affiliation avec Henry Hargreeves, se permettait de douter de ses qualifications et cela lui donnait l’envie de soupirer fortement. Néanmoins, Halston arrivait mieux à cerner la mère d’Eddie que celle de son ex époux, elle pouvait aisément deviner que celle-ci cherchait des défauts à tout prix, quitte à en inventer pour se donner raison. L’invitée imposée ne fera pas preuve de beaucoup d’originalité, en lui disant que le danseur ne représentait qu’un bain de jouvence pour elle. « Je ne cours pas après la jeunesse. » Répondit elle rapidement. Si cela avait été le cas elle aurait cherché à effacer ses rides, à paraître plus jeune avec d’autres habits et un maquillage plus poussé, elle aurait démultiplié les sorties comme si elle n’avait aucune responsabilité. « Et je cours encore moins après les amants, j’ai des valeurs que vous le croyiez ou non. » Elle ne voulait pas être réduite aux clichés associés à sa nationalité, qui semblait dépourvue de qualités auprès du reste du monde ; ultra conservateur ou débauché, superficiel à outrance ou négligé, nombriliste ou pro de l’ingérence... Les Américains étaient rarement perçus comme des êtres nuancés à son plus grand désarroi. Halston avait comprit que s’étancher plus que cela serait inutile, toutes ses prises de paroles seraient déformées, mal interprétées de manière à dénigrer son existence toute entière. Si elle se comportait ainsi avec son fils, elle se demandait sérieusement comment il avait pu faire pour conserver une telle confiance en lui, ses propres parents lui paraissaient bien angéliques à côté d’elle.
Les questions ne cessaient de se bousculer dans son esprit, quel plaisir pouvait-elle prendre dans ces échanges ? Préférait-elle encore que son enfant ne finisse seul plutôt qu’avec une femme qui n’atteindra jamais sa vision de la perfection ? Comment pouvait-elle avoir le culot de lui dire ne pas le prendre, mal, personnellement alors qu’elle ne faisait que de l’attaquer ? Le retour d’Eddie l’avait empêché de répondre à ses dernières suppositions, qui étaient tout aussi erronées que toutes les autres. Elle ne pouvait pas l’étiqueter de mère célibataire, mais est-ce que cela changeait quelque chose dans le fond ? Si l’inverse avait été vrai, elle aurait au moins été capable de prouver qu’elle était fertile. Normalement elle l’était encore, normalement ce résultat ne devait être erroné, normalement les centimètres qu’elle avait gagnés et qui l’empêchaient de rentrer dans l’intégralité de ses vêtements venaient de là. Dieu qu’elle détestait cette femme de la faire douter de son corps, qui l’avait accompagné jusque là et qui allait enfin lui offrir ce qu’elle attendait. L’aimer un minimum avait été un véritable parcours du combattant, croire en lui l’avait été plus encore, elle ne pouvait pas balayer tous ces efforts en un revers de main. L’agente de stars avait énormément encaissé, mais sa patience avait des limites que sa belle-mère parvint à rencontrer. Elle ne pouvait plus garder ses pensées pour elle alors qu’elle était en train de détruire sa progéniture telle une boule de démolition, qui faisait plusieurs allers-retours jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des décombres. Il était trop douloureux d’assister à cela, elle avait donc décidé de lui faire comprendre qu’elle allait bientôt être mise à la porte. Eddie sortit de son mutisme, pour lui dire que cela ne servait à rien, mais aurait-il eut le courage de lui indiquer la sortie, si elle n’était pas intervenue en ce sens ? Elle n’en était pas si sûre. Sun-Hi inversa les rôles, essayant pitoyablement de se faire passer pour une victime, elle n’avait donc aucune dignité. Le regard du danseur s’assombrit considérablement, elle ne l’avait jamais vu devenir aussi noir. Le danseur se lança dans un grand déballage, il lui reprocha de ne pas partager son bonheur, mais aussi d’avoir été aveugle lorsqu’il était malheureux. Apprendre qu’il avait été autant délaissé par sa famille la chagrinait, à quel point s’était-il retrouvé seul ? Elle n’avait pas oublié que nombre de ses amis lui avaient tourné le dos, sans qu’elle ne sache jamais pourquoi. Être mis de côté par l’entourage que l’on avait choisi était une chose, l’être par ceux avec qui on partageait le lien du sang en était une autre, bien moins pardonnable. Eddie n’avait rien fait d’inexcusable, il avait juste voulu être lui-même, vivre comme il l’entendait sans tomber dans la criminalité ou dans une quelconque sombre addiction. Il ne méritait pas d’être traité de cette façon, même s’il avait commit des erreurs dont elle ne connaissait pas l’existence. Halston n’avait jamais été aussi peu épanouie que lorsqu’elle avait suivi la voie tracée par ses parents, elle ne pouvait que le soutenir. Le danseur mit en avant tout ce qui était positif dans son quotidien en la citant en premier, ce qui aurait pu lui décrocher un sourire dans un autre contexte. Il compara leur différence d’âge avec celle de leurs parents, qui était assez proche de la leur, mais qui ne sera hélas jamais un argument recevable, puisqu’ils resteront encore et toujours dans les mauvais genres pour que cela ne le soit. Cette règle s’appliquait partout à travers le monde, si ce n’était sur la majorité du globe depuis une éternité, que pouvaient-ils faire face à cela ? Mis à part vivre cachés, la brune n’avait pas eu beaucoup d’idées, mais cette façon de vivre ne pouvait pas être tenue sur du long terme. Eddie le refuserait et elle-même l’acceptait de moins en moins, lassée de continuer de suivre en partie ce qui lui était dicté par la société. Dévoiler leur relation au grand jour à Sun-Hi était un grand pas, certes forcé mais une avancée non négligeable qui ne pourrait que la pousser à faire suivre le reste. Il était évident qu’elle ne pourrait pas se rendre avec un ventre fortement arrondi à son travail, tout en laissant planer le doute sur celui qui en était à l’origine, mais le jour où elle annoncerait à tout le monde le nom de celui qui partageait sa vie n’était pas encore venu.
Elle se recentra sur la conversation des deux Yang lorsqu’Eddie commença à devenir vulgaire, ce qui fut le seul élément que sa mère retiendra de ses nombreuses paroles. Il lui demanda de se regarder dans un miroir, avant d’énoncer un constat qu’elle avait également fait sur sa propre fratrie. Ils étaient tous les deux considérés comme des imparfaits, ils ne jouissaient pas du même respect que les autres, Halston avait toujours eu la sensation que son parcours avait été le moins bon. L’américaine ne savait pas que sa soeur lui était considérée comme supérieure, celle-ci se comportant plus humblement que ses aînés aux côtés de son frère, encore une fois l’assurance qui caractérisait le danseur avait plongé dans l’ombre les mauvais côtés. Il rendit les affaires de sa mère, avant de lui demander de partir. Elle lui opposa une vaine résistance, avant de baisser les bras et de disparaître de leur champ de vision. Halston soupira, soulagée de pouvoir verrouiller cette porte qu’elle n’ouvrira plus de la journée, comme si cela suffirait à éviter d’autres mauvaises surprises. Elle se rapprocha de nouveau de son compagnon, qui manifesta son envie d’être seul ne serait-ce qu’une courte durée. Une courte durée à laquelle elle ne croyait pas, elle était d’ores et déjà prête à parier que cela s’étendrait dans le temps, sa fierté avait été trop durement touchée pour qu’il ne s’en remette facilement. Il s’excusa à deux reprises, la seconde était plus appuyée comme si la première n’était pas suffisante. « Ce n’est pas à toi de t’excuser. » Il n’était aucunement responsable des faits et gestes de sa mère et elle espérait qu’il en prendrait conscience. « Je sais à quel point il est dur d’affronter sa propre mère. » Il n’était pas seul dans ce combat, il pouvait compter sur son soutien, mais elle accepta son envie de s’isoler, en s’éclipsant la première. Elle monta les escaliers, rejoignit la salle de bain, qu’elle ferma avant de se laisser glisser contre la porte de celle-ci. Halston déposa ses mains sur son front et soupira. « Pourquoi rien ne se passe jamais comme prévu ? » Elle regarda le plafond, comme si une force supérieure allait répondre à sa question. Halston espéra profondément que la suite serait plus simple, ils n’avaient pas besoin de la moindre complication supplémentaire. Elle mourrait d’envie d’appeler son petit frère pour tout lui confier, mais il ne pouvait pas être le premier à être mis au courant pour sa grossesse. La directrice se mordit la lèvre inférieure et maudit sa belle-mère. L’enfant qu’elle portait n’aurait-il donc pas le droit d’avoir une grand-mère digne de ce nom ? Quel gâchis de ne pas pouvoir profiter d’avoir une belle-famille si proche. Elle qui avait toujours rêvé d’avoir un grand foyer bien entouré et uni, allait une nouvelle fois devoir faire une croix sur l’un de ses désirs...