James n'est pas là ce soir. L'un des plus gros défilés de l'année se passe dans quelques jours et il en a plein les bras. Ça ne fait rien. Ce n'est ni la première ni la dernière fois que tu te retrouves à gérer un aussi gros événement toute seule. Gérer, c'est vite dit. Tu délègues la plupart des tâches et tu ne fais que t'assurer que tout se déroule comme prévu. Même si James à son nom sur la propriété, c'est bien plus ton hôtel que le sien. C'est ton héritage familial et non le sien, donc ça reste logique qu'il ne soit pas toujours présent. De toute façon, vu la tension électrique entre vous deux depuis le départ abrupte de la mère porteuse, tu préfères le savoir ailleurs qu'à te mettre des bâtons dans les roues - ah non, ça, c'est toi et non l'inverse. Tu pavanes dans la salle, recueille les félicitations pour la soirée alors que tu n'as pratiquement rien fait de tes dix doigts - mais c'est sûrement parce que tes employés ont peur de toi que c'est si parfait. Tu peux au moins t'attribuer ce mérite là. Coupe de champagne à la main, ton regard balaie la salle jusqu'à ce qu'une silhouette familière attire ton regard. Malgré qu'il soit dos à toi, en pleine discussion enflammée avec quelqu'un d'autre, ça ne change absolument rien. Tu pourrais reconnaître ce fessier parmi tant d'autres. C'est Matthew Danes, et tu ne l'as pas vu physiquement depuis maintenant quatre longues années. Tu n'hésites pas une seule seconde pour franchir les derniers pas qui te séparent de lui. « Matthew ? » que tu interroges en posant ta main contre son bras pour attirer son attention. Et lorsqu'il se retourne vers toi, il confirme ton intuition. C'est bel et bien Matthew. Ton visage s'illumine d'un sourire dans la seconde. Cette soirée venait de prendre une toute nouvelle tournure. « Tu viens chez moi sans me prévenir maintenant, hm ? » que tu lui demandes en venant poser chastement un baiser sur chacune de ses joues. Espérait-il te faire une surprise ? Si c'est le cas, c'est bien réussi. Espérait-il que la foule dense lui permettrait de ne jamais croiser ton chemin ? Il t'a sous-estimé si c'est le cas. Rien ne t'échappe jamais. Encore moins quand ça se déroule sous tes murs. « Où est… » Tu fais mine de chercher un petit prénom dans ta tête. « Comment s'appelle t-il déjà ? » que tu demandes dans toute la naïveté que personne ne te connaît. Tu n'es pas crédible pour deux cents. Noah. Il s'appelle Noah l'homme qui t'a privé de Matthew pendant ces quatres dernières années. Tu n'as pas besoin de chercher bien loin. Tu connaissais déjà la réponse avant même de poser la question. Tu sais qui il est. Tu sais de quoi il a l'air - merci les réseaux sociaux. Tu sais tout. Tu sais surtout qu'il n'est pas présent ce soir, et tu sais aussi que c'est bien la seule raison pour que Matthew ose mettre les pieds ici ce soir. Si, lui, a pu faire partie de ta vie ainsi que de celle de James, l'inverse était faux. Il a disparu dans la brousse lorsqu'il s'est casé. Vexée ? Peut-être bien. Disons que tu l'es un peu moins maintenant qu'il se trouve ici en face. L'oiseau revient toujours au bercail à ce qu'on dit.

@matthew danes

Je ne perds pas mes habitudes et il aura suffi de quelques semaines pour que je fasse marcher mon réseau australien et que je me retrouve invité à une soirée mondaine où je sais que la crème des avocats de Brisbane sera présente. J’aurais aimé pourtant, que le lieu soit différent. Car je connais bien trop cet hôtel. Surtout, je sais sur qui je risque de tomber ce soir. Pourtant je choisis de rester aveugle à cette possibilité, papillonnant dans la foule, développant mes relations et mon réseau.

Je suis en pleine discussion avec un avocat dans le même domaine que le mien qui me parle d’un de ses clients lorsqu’une main se pose sur son bras, attirant mon attention alors que je ne défais pas de mon sourire. « Matthew ? » Cette voix je la connais et la reconnais. Bien sûr qu’elle est ici.  Je m’attendais à la voir, je savais pertinemment que la maîtresse de maison ferait son apparition à un moment ou à un autre, que je risquais de la croiser dans la foule. Je n’ai pas cherché à la trouver mais je n’ai pas cherché à l’éviter non plus. Un autre temps, quelques années plus tôt, elle aurait été la première que j’aurais cherché dans ces lieux, un visage connu dans la foule,  la promesse d’une soirée intéressante qui se serait terminée que d’une seule façon. Dans son lit ou dans le mien.  Non il y a une raison pour laquelle je ne l’ai pas cherchée ce soir, pourquoi cela fait quatre ans que je rentre régulièrement en Australie et que je n’ai pas cherché à la voir, prenant des nouvelles de temps à autre par amitié malgré tout. « Cristina. » Les syllabes de son prénom roulent sur ma langue, alors que j’observe le visage de celle qui vient d’attirer mon attention.  Elle n’a pas changé, à croire que le temps n’a pas eu d ‘emprises sur elle, son visage a à peine les marques des quatre années qui ont passé.  « Tu viens chez moi sans me prévenir maintenant, hm ? »  Bien sûr que je souris, éternel papillon des foules, je veille à rester en bon termes avec tout le monde. Et elle, qui plus est, n’a jamais été tout le monde. « J’ai voulu te faire la surprise. » Car si je n’ai pas cherché à la prévenir, je n'ai pas cherché à l’éviter non plus, tout à fait conscient que mon chemin dans cet hôtel me mènerait inévitablement vers elle.  Pas de surprise ici, juste un jeu de hasard ou un jeu dangereux alors que je continue de prétendre qu’après tout cela fait longtemps que nous ne sommes pas vus et qu’il est donc tout à fait normal que je prenne de ses nouvelles.  C’est un baiser chaste qu’elle dépose sur ma joue alors que je pose une main délicate dans son dos.  Elle dégage le même parfum qu’il y a quatre ans, les notes subtiles me ramenant à des souvenirs plus qu’agréables que je chasse aussitôt. Le temps où je partageais de temps à autre la nuit de Cristina est depuis longtemps terminé. « Où est… Comment s’appelle t-il déjà ? » demande-t-elle avec un air naïf et interrogateur auquel personne ne croirait. Encore moins moi qui devine la malice derrière ce regard innocent, qui sait pertinemment qu’elle se souvient de son nom comme je me souviens du nom de son mari. A la différence que son mari n’a jamais eu un problème avec nos petites aventures et que mon…fiancé lui ne l’aurait jamais accepté. Un léger rire secoue mes épaules, Cristina n’a pas changé et cela a quelque chose d’aussi intéressant que d’irritant. J’aurais préféré qu’elle ait perdu de son charme, cela m’aurait facilité la tâche. « Noah, il s’appelle Noah. Il est resté à LA malheureusement.» A des milliers de lieux d’ici. Je le rejoindrai bien assez tôt, je ne cesse de me le répéter. « Ca fait longtemps. » je constate avec un petit sourire. Dire qu’elle ne m’a pas manqué serait faux, Cristina fait partie de ces personnes qui attirent l’attention et ne la lâchent plus, qui rayonnent de culture et de charme. Plus que tout, elle était devenue une amie au fil des années et c’était presque ça qui me manquait le plus. « J’ai appris pour ton père. Je suis désolé. » Le milieu dans lequel j’évolue fait que j’ai très vite appris son décès. La politesse l’impose, mais je suis d’autant plus désolé que je sais qu’ils étaient proches. J’attrape deux coupes de champagne au passage d’un serveur et je lui en tend une avec un sourire faussement innocent. « Je t’offre une coupe pour me faire pardonner de mon absence ? » Offrir, un bien grand mot quand nous sommes ici chez elle. Nous sommes deux vieux amis qui se connaissent depuis trop longtemps pour s’ignorer à une soirée comme celle-ci non ? C’est sans doute ce que j’aurais dit si j’avais dû raconter cette soirée à Noah.

@Cristina Weatherton

« J’ai voulu te faire la surprise. » Autant une partie de toi a envie de lui dire que la surprise est belle et bien réussi, autant tu as envie de lui rappeler à quel point tu as horreur des surprises. Tu préfères de loin avoir le contrôle sur tout que de le laisser à quelqu'un d'autre. Oh non, ce n'est sûrement pas grand chose la présence inattendue d'un vieil ami à une soirée. Ce l'est pour toi qui pense simplement à la tenue différente que tu aurais porté si tu avais su que Matthew serait présent. Un pouvoir qu'il avait entre les mains, mais toi non. Ce n'est que partie remise. Il a pour habitude de rester quelques semaines habituellement. À moins que tu n'aies la malchance de tomber sur la fin de son séjour ? Ce n'est pas impossible. D'ailleurs, est-il venu seul ou vous serez dérangé dans les prochaines minutes par cet homme qui le monopolise ? Oh bien sûr que tu as toujours préféré que ce soit toi qui monopolise tout son temps - ou ces soirées plutôt. « Noah, il s’appelle Noah. Il est resté à LA malheureusement.» - « Comme c'est dommage. J'aurais aimé le rencontrer. » enfin, que tu gardes en bouche. Depuis le temps qu'ils sont ensemble, c'est presque insensé que ce ne soit jamais arrivé. Mais tu n'es pas dupe, tu comprends pourquoi et c'est tant pis pour lui s'il a des secrets pour son cher et tendre. Tes paroles sont lancées de manière totalement hypocrite. En partie au moins. Il est vrai que tu aurais aimé le rencontrer, mais tu n'es pas assez bête pour regretter sa présence. Tu apprécies son absence plutôt. « Ca fait longtemps. » La faute à qui ? Ce serait sûrement idiot de lui faire des reproches puisque tu n'as fait aucun effort de ton côté non plus. Bien plus habitué que ce soit toujours lui qui vienne à toi et non l'inverse. « J’ai appris pour ton père. Je suis désolé. » Un désolé qui arrive un an trop tard hm. Un simple appel n'aurait pas été de trop. Il aurait même été très apprécié. Un serveur passe à vos côtés, et Matthew en profite pour y prendre deux coupes au passage. Il en glisse une entre tes doigts. « Je t’offre une coupe pour me faire pardonner de mon absence ? » C'est sans doute un bon début, oui. « On trinque en sa mémoire ? » Encore un an trop tard, c'est important de le rappeler. Mais comme tu veux bien être de bonne foi, tu as envie de te dire: mieux vaut tard que jamais. Tu viens cogner ta coupe contre la sienne avant de glisser ta coupe à tes lèvres. À aucun moment, ton regard ne dévie de sur lui. « Tu tombes très bien. J'ai besoin de l'avis d'un expert. » que tu reprends en glissant ta main autour de son bras pour l'amener avec toi à l'extérieur de la salle, loin de tous les regards indiscrets, loin des langues sales qui ne s'occupent jamais de ce qui les regarde. C'est important de rendre l'utile à l'agréable non ? Matthew a toujours été de très bons conseils en plus de tout le reste. Son opinion a toujours été importante à tes yeux. Tu traverses une nouvelle porte et ouvre l'interrupteur en y pénétrant. La lumière laisse voir une pièce avec des centaines de bouteilles de vin alignées au mur. Tu glisses une carte entre ses mains. « J'ai retravaillé la carte des vins. Qu'en penses-tu ? » que tu demandes en lui laissant quelques minutes pour regarder la carte. Tu fais quelques pas dans la pièce avant de faire demi-tour pour faire de nouveau face à Matthew. « Il y en a une que tu veux essayer ? » Parce qu'elles sont toutes à sa disposition.

Est-ce-que je voulais la croiser ? Une part de moi, lorsque j’avais appris que cette soirée était dans son hôtel, l’avait voulue. Je n’avais pas vu Cristina en quatre ans, l’avait suivie de loin sur les réseaux sociaux, je m’étais forcé à ne pas la contacter toutes les fois où j’étais rentré ces dernières années. Bien qu’elle était loin d’être une simple amante et qu’elle et moi étions depuis longtemps devenus des bons amis, je savais très bien comment nos soirées finissaient. Les habits éparpillés et les mains curieuses, la nuit le témoin de nos aventures.

« Comme c’est dommage. J’aurais aimé le rencontrer. » Elle ment bien sûr. J’ai envie de lui dire que cela serait réciproque. Ca ne serait qu’un mensonge de plus. Noah aurait sûrement aimé rencontrer Cristina, s’il n’avait rien su de ma relation avec elle. Noah tout comme moi aurait trouvé Cristina belle et rayonnante de charme. Mais il n’aurait sans doute pas apprécié de savoir que nous avions partagé un lit et de nombreuses nuits à chacun de ses retours à Brisbane. Un léger rire secoue mes épaules, je porte ma coupe à mes lèvres. « Pourquoi je ne te crois pas une seule seconde ? » je lance avec un sourire.

Ces quatre années me paraissent longues soudain, alors que je regarde son visage. J’aurais pu l’appeler. On aurait pu se parler de nos vies respectives. Je ne l’ai pas fait et elle non plus. Il n’y a pas de reproches à faire, nous ne nous devons rien. Et pourtant, la culpabilité s’empare de moi, surtout en pensant à son père décédé un an plus tôt. « On trinque en sa mémoire ? » Un an trop tard, mais nos coupes trinquent à la mémoire de l’homme qu’il était. Je la porte à mes lèvres et sens le regard de Cristina qui ne me quitte pas.

« Tu tombes très bien. J'ai besoin de l'avis d'un expert. » C’est là que le piège se referme sur moi. Je ne cherche pas à trouver une excuse quelconque alors qu’elle passe sa main autour de mon bras pour m’emmener à l’extérieur de cette salle bondée vers je le sais un endroit plus discret. Je devrais l’arrêter là. J’aurais dû l’inciter à rester à la vue de tous, où je sais que ma relation est en sécurité, où je ne risque pas de retomber dans mes vieilles habitudes. Mais je n’y arrive pas, tout simplement parce que mon amie m’a manquée et que je souhaite malgré tout avoir de ses nouvelles. Il n’en faut pas beaucoup pour que je sois convaincu que c’était la meilleure des idées sur terre. A vrai dire il suffit d’une pièce remplie de centaines de bouteilles de vin. En quelques secondes mes yeux s’agrandissent de surprise et de plaisir. « Que tu ne m’ais pas amené ici à chaque fois que je suis revenu à Brisbane est un CRIME Tina. » Le ton est faussement dramatique, le surnom habituel revient avec facilité, mon sourire celui d’un gamin devant la plus belle des surprises. Je m’attèle déjà à regarder les bouteilles alors qu’elle me glisse une carte entre les mains. « J'ai retravaillé la carte des vins. Qu'en penses-tu ? » Mon regard curieux parcoure la carte avec attention. Je siffle de plaisir. « Ca ce sont des bons choix. Avec des vignobles australiens de qualité. Je reconnais ton bon goût. » Je note, réellement intéressé par chacun des vins proposés. J’en note un, particulièrement difficile à obtenir au vu de la faible quantité produite. « Il y en a une que tu veux essayer ? » Elle a toujours su comment m’amadouer ça ne devrait pas me surprendre et un sourire étire mes lèvres. « Toutes ? » je lance par provocation et par demi-vérité, si je pouvais tous les goûter je le ferais. « Non, allez, je vais me contenter de la pièce maîtresse de cette carte. » Selon moi en tous cas, mais mon opinion est marqué par ma préférence pour les vins blancs aussi c’est ce vin blanc d’un petit vignoble australien, plutôt difficile à obtenir que je choisis avec malice, le pointant du doigt sur la carte en m’avançant vers elle. Comme il est facile de retrouver une certaine complicité. C’est cette pensée qui me fait reprendre un peu de distance, qui me fait me concentrer sur les bouteilles alors que j’en attrape une avec délicatesse pour l’observer plutôt que de parcourir le visage de Cristina. « Comment va ton mari ? Il n’est pas là ce soir ? » Elle a mentionné Noah, il semble logique que je mentionne James, comme un rappel que nous sommes pris, même si contrairement au mien, son couple a toujours été bien plus ouvert. Chose que je n’ai jamais compris, marqué par une loyauté prononcée. Pas que ça m’ait empêché de me glisser dans ses draps par le passé. Mais ça ,c’était avant.

@Cristina Weatherton

« Pourquoi je ne te crois pas une seule seconde ? » Des amis, tu n'en comptes pas des tonnes. Si l'amitié est souvent caractérisée comme précieuse, elle a certain désavantage. Comme dans ce cas-ci, alors que Matthew ne tombe plus dans le panneau de tes hypocrisies. Ça ne t'empêche tout de même pas de garder cet air innocent que tu portes - même s'il sait pertinemment que tu n'as rien d'une innocente. C'est par un haussement d'épaule que tu réponds à sa question. Tu n'approuves certainement pas ses paroles, mais tu n'es pas assez arrogante pour les démentir. Tu es parfaitement heureuse de ne pas avoir Noah dans les jambes. Tu ne le connais même pas, mais tu restes convaincu qu'il aurait brisé l'ambiance. Ce soir, tu veux Matthew pour toi toute seule. C'est sans doute pour cette raison que, à peine les politesses usuelles faites, tu l'attrapes par le bras pour l'amener plus loin. À l'écart des autres. Juste pour toi, on a dit. La cave à vin à son effet, même plus que tu ne l'aurais espéré. C'est un sourire victorieux qui prend place sur ton visage alors que Matt fait le tour de la pièce avec les yeux d'un enfant de trois ans dans une boutique de jouets. « Que tu ne m’ais pas amené ici à chaque fois que je suis revenu à Brisbane est un CRIME Tina. » En moins de cinq minutes, c'est comme s'il n'était jamais parti. Les bonnes vieilles habitudes reviennent rapidement au galop. « Je dois bien garder quelques atouts dans ma manche. » que tu lui réponds alors qu'un sourire malicieux se glisse contre tes lèvres. Oh des atouts dans ta manche, tu n'en manque pas. Et tu es prête à tous les sortir un après l'autre jusqu'à ce que ce soit vraiment comme s'il n'était jamais parti. Tu fais quelques pas dans la pièce alors que tu lui laisses le temps de contempler la carte des vins revisitée. Parce que même si l'endroit est présenté comme un appât, son opinion compte réellement. S'il te conseillerait de faire des modifications, tu les ferais sans même te poser de question. Tu as une totale confiance en son jugement. « Ca ce sont des bons choix. Avec des vignobles australiens de qualité. Je reconnais ton bon goût. » Mais il approuve ton choix, que tu as fait avec aide pour être honnête, mais ça te fait quand même plaisir de l'entendre de sa bouche. Pour le moment, tu lui proposes plutôt d'en ouvrir une. Celle de son choix. Qu'il en profite pendant que tu te sens généreuse. « Toutes ? » - « Faudra revenir pour ça. » Et ne pas disparaître pendant quatre ans supplémentaires surtout. Ce ne sera pas possible en une seule soirée. Tu le laisses regarder quelques instant la carte qu'il tient entre ses mains. « Non, allez, je vais me contenter de la pièce maîtresse de cette carte. » Qui ça, toi ? Ah non. Il pointe une bouteille de blanc du bout du doigt. Et c'est effectivement la pièce maîtresse de la carte, vu comment tu t'es battu pour avoir l'exclusivité en restaurant. La rareté de la bouteille, et la faible quantité développée, fait que la personne qui emporte le contrat obtient l'exclusivité de la bouteille. En dehors du vignoble évidemment. « Excellent choix. » que tu réponds en fouillant sur les différents murs à la recherche du Saint Graal. C'est sûrement évident que tu n'as pas l'habitude de chercher les bouteilles toi-même vu le nombre de minutes que tu mets à la trouver. Hors de question que tu demandes à quelqu'un de le faire à ta place ce soir. Hors de question que qui que ce soit ne viennent vous déranger. « Comment va ton mari ? Il n’est pas là ce soir ? » Tu te retournes vers lui avec la bouteille en main alors qu'il est lui aussi en train d'en admirer une autre - il va finir par te vexer à force d'admirer autre chose que cette robe qui moule parfaitement tes courbes. « Il est occupé. Tu as sans doute entendu parler du défilé qui aura lieu dans les jardins ce week-end ? » que tu lui demandes avec l'ouvre-bouteille en main. Tout le monde a entendu parlé de l'immense défilé de la maison Weatherton. C'est l'événement à ne pas manquer. À moins que Matthew ne vienne juste d'arriver en ville. « Tu viendras ? Ça lui fera plaisir. » Que quelqu'un vienne distraire sa femme pour qu'elle arrête de lui poser problème pendant un tel événement ? Tu parles que ça ferait plaisir à James. Il serait sans doute même prêt à payer pour qu'il s'occupe de toi et que tu le laisses tranquille. Les temps sont durs entre vous deux ces dernières semaines. La bouteille désormais ouverte, les deux coupes raisonnables remplies. Tu franchis les quelques mètres qui vous séparent pour venir lui tendre une coupe. « J'aime cette couleur sur toi. » que tu ajoutes alors que le tissu de sa cravate vient délicatement glisser entre tes doigts, du nœud jusqu'à la pointe. « Tu aimes ? » Le vin, bien sûr. Quoi d'autre ?

Quatre ans, cela aurait pu être une éternité. De quoi nous rendre à l’image de deux inconnus, peu à l’aise l’un avec l’autre, ayant oubliés tout ce qu’ils avaient vécus. Mais il faut croire qu’il aura fallu quelques minutes pour que nous retrouvions notre complicité, pour que les quatre années soient effacées. Son surnom revient avec plaisir sur mes lèvres. « Je dois bien garder quelques atouts dans ma manche. »  Nos sourires électrisés de malice sont à l’image l’un de l’autre. Elle aurait dû cesser de faire son effet sur moi depuis longtemps, je ne comprends que trop bien en cet instant pourquoi je l’ai fui dès le moment où ma relation est devenue sérieuse avec Noah.  Car il est clair que son charme me plait toujours autant. Encore plus quand elle m’amène dans ce lieu qui est un paradis. J’aimerais goûter toutes les bouteilles mais je ne peux pas être trop glouton. « Faudra revenir pour ça. » Une pente glissante c’est ce qu’elle propose. « Peut être. » Je me contente de répondre avec un sourire, un pas en avant deux pas en arrière. « Quand tu seras de passage à LA il faudra que je te montre ma cave. » J’annonce comme si j’allais repartir, j’annonce surtout comme si j’allais l’emmener dans la villa que j’habite avec Noah depuis quelques années.  N’est-elle pas mon amie avant d’être mon ancienne amante ? Ou est-elle mon ancienne amante avant d’être mon amie ? Je n’en sais rien et me retrouve faire ce genre de proposition sans réellement penser aux conséquences des mots.  Je me contente de la pièce maîtresse de la carte, celle que j’ai tout de suite repéré, le vignoble d’exception.

« Excellent choix. »  Bien sûr qu’il l’est. S’il y a bien une chose pour laquelle j’ai toujours été doué, hormis mon métier, c’est bien sûr le choix des vins.  Appuyé sur le mur je la regarde chercher la bouteille, pouvant m’empêcher de rire légèrement amusé au temps qu’elle met pour trouver. « Bah alors la gérante ne sait plus où sont les bouteilles ? » je provoque bien sûr. Pendant qu’elle cherche, je me suis tourné vers une caisse en particulier, pour éviter de parcourir ses courbes.

« Il est occupé. Tu as sans doute entendu parler du défilé qui aura lieu dans les jardins ce week-end ? » Bien sûr que j’en ai entendu parler. Malgré mes vacances forcées, je suis bien incapable de rester loin de mon réseau et je profite de ce retour en Australie pour renouer avec la plupart de mes contacts.  « Tu viendras ? Ça lui fera plaisir. » Cette question m’arrache un sourire, alors que je l’observe ouvrir la bouteille. « C’est pas vraiment à lui à qui j’aurais spécialement envie de faire plaisir. » Mais à elle peut être. « J’ai hâte de voir ça. » j’assure, car je sais que les collections de James sont toujours exceptionnelles. Elle s’avance de nouveau, me tendant une coupe que j’attrape entre mes doigts. J’aurais peut-être dû lui laisser car à peine lâcher, elle enroule ses doigts sur le tissu de ma cravate. « J’aime cette couleur sur toi. » Elle est trop proche et je force mon regard à rester fixer dans le sien alors que le souvenir de nos baisers me revient en mémoire.  « Tina. » je souffle un brin réprobateur. Le problème est que j’ai déjà hésité trop longtemps pour prétendre être complètement indifférent. « Merci. » J’accepte le compliment, malgré tout.  Je porte le vin à mes lèvres pour en boire une gorgée, appréciant sur mes papilles le goût si unique. « Tu aimes ? » demande-elle à propos du vin. Et pourtant ce n’est pas au vin que je pense. « Il est parfait. Un peu trop de charme même. »  je murmure avec un demi sourire avant d’en reboire une gorgée. Je ne suis pas vraiment sûr de parler du vin.

Je recule malgré tout d’un pas, pour remettre de la distance, ramène le souvenir de Noah à mon esprit, me souvient qu’il m’attend à l’autre bout du monde. « Cette robe est magnifique. James l’a faite ? » Comme ci rappeler son nom changerait quoique ce soit. Je ne sais pas pourquoi je continue à l’espérer alors que je me refuse à observer à quel point la robe épouse ses formes. Je m’adosse contre le mur, faisant tourner ma coupe entre mes doigts. « Qu’est ce que tu deviens ? Qu’est ce que j’ai loupé ? » Quatre ans d’absence, une éternité, et si je ne peux plus avoir l’amante, si elle est devenue un interdit, j’espère encore avoir l’amie.

@Cristina Weatherton  

« Peut être. » Peut-être qu'il reviendra. Peut-être qu'il disparaîtra de nouveau. Tu es tenté de demander une précision, de demander la prochaine date de ce peut-être. Tu es même prête à l'ajouter à ton agenda pour être certaine de ne pas le manquer. « Quand tu seras de passage à LA il faudra que je te montre ma cave. » Le regard que tu lui lances à la suite de cette phrase parle de lui-même. Sweet littles lies. Il n'est pas le seul à mentir finalement. Il joue dans l'hypocrisie comme tout le monde. Il ne t'invitera jamais chez lui à "visiter" sa cave à vin. Il ne t'invitera jamais à faire partie de sa vraie vie. Tu restes dans sa deuxième vie, celle qu'il a choisis d'enterrer, mais qu'il ne peut visiblement pas s'empêcher d'aller vérifier s'il a bien fait de le faire. « Tu n'en a pas réellement envie. » Pourquoi tu te gênerais pour révéler ses mensonges quand il n'a aucun mal à relever les tiens ? « Je viendrais si tu me le proposais vraiment. » Autrement dit, qu'il se taise s'il ne veut pas avoir la mauvaise surprise de ta visite dans sa maison parfaite avec son petit-ami tout aussi parfait. Le sujet se tourne finalement sur la carte des vins. C'est sûrement mieux ainsi. Matthew fait son choix parmis les bouteilles et tu te promènes dans la pièce pour la (re)trouver. C'est pas comme si tu avais l'habitude de te servir toi-même hm. « Bah alors la gérante ne sait plus où sont les bouteilles ? » Son rire t'arrache un sourire en coin. « Cesse de te moquer ! » que tu répliques en fronçant doucement le nez. Ah, la voilà. Tu te retournes vers lui avec la bouteille en main et un air victorieux sur le visage. Elle sait retrouver une bouteille, la gérante. Elle sait faire bien des choses quand elle ne veut pas être dérangée.

« C’est pas vraiment à lui à qui j’aurais spécialement envie de faire plaisir. » C'est là qu'il se trahit, bien malgré lui sans doute. Il flirt et tu prédis déjà sa tentative de fuite au tout dernier moment. Ce n'est qu'un flirt ce dit-il sans doute. Mais un flirt, c'est déjà trop pour un couple conventionnel. « J’ai hâte de voir ça. » Alors ça veut dire que tu pourras compter sur sa présence. L'événement te paraît déjà moins ennuyeux avec la présence de Matthew. « Tu ne seras pas déçu. » Officiellement par la nouvelle collection de James et par l'événement grandiose qui aura lieu. Officieusement, tu te chargeras personnellement qu'il ne soit pas déçu par sa présence. Tu viens finalement glisser une coupe entre ses mains. Dès qu'une des tiennes se libère, elle vient s'enrouler autour de la cravate de l'avocat. Ce serait si facile de juste la tirer pour faire rencontrer vos lèvres. « Tina. » « Matty » À son ton réprobateur, tu réponds du tien bien plus espiègle. Ta tête se penche légèrement sur le côté pour simuler l'innocence que tu n'as absolument pas. « Merci. » qu'il ajoute alors que le bout du tissu se libère de ton emprise. Merci, comme s'il était surpris alors que tu le soupçonne plutôt d'avoir déjà tout prémédité - possiblement inconsciemment, mais quand même. « Il est parfait. Un peu trop de charme même. » - « Il n'y a jamais trop de charme. » Certainement pas. Toi qui aime beaucoup trop charmé et être charmé en retour. Sans doute que la proximité devient trop perturbante pour Matthew qui t'échappe déjà en faisant quelques pas pour s'éloigner jusqu'à venir prendre appuie contre le mur. Bien trop loin. Tu n'as pas encore dit ton dernier mot, malheureusement pour lui. « Cette robe est magnifique. James l’a faite ? » Donc, tu ne peux pas lui faire un compliment, mais lui peut t'en faire ? À moins que le compliment s'adresse surtout au talent de ton cher et tendre ? Il a mal visé cette fois-ci. Tu lui fait alors signe de tête de droite à gauche. « C'est une Louis Vuitton. » que tu précises en lui laissant le loisir de vraiment la voir sous toutes ses formes. Tu te retournes sur toi-même pour qu'il puisse voir l'endos avant de te retourner face à lui.

« Qu’est ce que tu deviens ? Qu’est ce que j’ai loupé ? » Déjà les sujets bien trop sérieux. Déjà les sujets fâcheux qui n'amèneront rien de bon à la dynamique. Les dernières années n'ont pas été particulièrement joyeuses. Elles ont été parsemées d'embûches. Tu ne serais pas contre te confier à lui un coup la tête sur l'oreiller, mais pas maintenant. « Disons que j'ai été pas mal occupé avec la succession. Je commence à peine à en voir le bout. » Si tu croyais qu'hériter de quelque chose que tu gérais déjà allait être un jeu d'enfant, tu t'es complètement trompé. Disons que tu t'es beaucoup surestimé. Ça va déjà mieux. Tu apprends tous les jours et tu es bien entourée. Mais bon, trêve de plaisanterie. Tu déposes ta coupe sur un des meubles de la pièce avant de réduire de nouveau la distance entre vous deux. C'était pas sa meilleure idée de se planquer contre le mur. Le voilà désormais pris au piège. « Tu m'as manqué. » que tu ajoutes, attendant déjà les faux reproches qu'il compte te faire. « Je t'ai manqué ? » Tu lui retournes la question. Bien plus important que l'inverse à tes yeux. Ton regard se balade sans aucune discrétion sur ses lèvres avant de se lever vers le sien. Le tissu de son veston se retrouvant rapidement coincé entre tes doigts.

« Tu n'en a pas réellement envie. »  Je n’essaye pas de protester, mon regard parcourant son visage, son regard qui m’a toujours séduit.  Le silence l’emporte, à quoi bon mentir quand ma vie à LA n’est pas ma vie à Brisbane, que j’ai toujours cherché à séparer les deux et ce depuis longtemps. Ma vie à LA est celle que je partage avec Noah, elle est celle de mon travail, et c’est une vie que je n’ai jamais su vraiment partager. « Je viendrais si tu me le proposais vraiment. » Un léger sourire étire mes lèvres. Elle comme moi savons que je ne le ferais pas, cela restera une proposition dans l’air qui ne se concrétisera jamais.  Heureusement les bouteilles de vin sont une distraction qui nous permet de passer à autre chose. « Cesse de te moquer. »  Cristina fonce du nez, ce qui ne me fait que rire un peu plus, mais bien sûr, comme toujours elle sort victorieuse, la bouteille désirée à la main.

Flirter est déjà de trop. Je ne devrais pas dire que je serai à ce défilé. Encore moins que j’aurais plus envie de lui faire plaisir à elle qu’à James. Pourtant James est bon ami depuis longtemps, et je serais bien sûr heureux de le voir lui aussi. J’ai après tout gardé contact avec lui contrairement à avec Cristina ces dernières années. « Tu ne seras pas déçu. »  Je me répète qu’après tout c’est normal que je m’y rende, que la Maison Weatherton est un des mes clients, James un de mes amis, Cristina aussi.

« Matty. » Elle a toujours été douée pour jouer et par le passé je lui répondais avec plaisir. Il faudrait bien peu pour qu’elle me tire vers elle et que nos lèvres se rencontrent. La scène est facilement imaginée et je me force à chasser les pensées. « Il n’y a jamais trop de charme. » Je suis bien d’accord avec elle et c’est bien ça le problème. J’ai toujours été de ceux qui charmaient, aimant me faire des amis partout où j’allais, aimant séduire quand j’étais célibataire. Et Cristina déborde d’un charme jamais égalé, dans cette robe qui épouse ses courbes qui attirent mon regard. « C’est une Louis Vuitton. » Ce n’est pas James qui l’a faite et bien sûr mentionner son époux ne semble pas lui faire réaliser que nous ne pouvons pas aller plus loin cette fois.  Cela n’a jamais été un bon argument pour elle. Je tente de changer le sujet, de parler de ces quatre dernières années et de ce que j’ai manqué.

« Disons que j'ai été pas mal occupé avec la succession. Je commence à peine à en voir le bout. » Elle ne veut pas parler. Je le sens à son ton, elle ne veut pas s’étendre sur le sujet et trouve la première distraction possible.  Moi.  La distance est réduite en quelques secondes et je réalise mon erreur de stratégie. Prisonnier du mur derrière moi, je ne peux plus reculer. « Tu m’as manqué. » Moi aussi elle m’a manqué, mais pendant des années, cela n’avait pas suffit pour que je la vois, bien trop amoureux de Noah pour envisager de la voir. « Je t’ai manqué ? » Son regard ne cache pas ses envies et pendant un court instant je m’imagine craquer, l’embrasser là maintenant quand je n’ai pas embrasser d’autres personnes que Noah depuis quatre ans. Sa main s’accroche à mon veston et la tension semble monter d’un cran alors que je laisse le silence s’installer. Je ne devrais même pas hésiter.

Mais le souvenir de mon amour pour Noah, ma loyauté,  tout ça m’en empêche alors que j’attrape sa main pour la repousser doucement. « Je suis fiancé Cristina. » je lâche soudainement, me surprenant moi-même. Est-ce que je viens officiellement d’accepter cette demande en mariage à des milliers de kilomètres de lui ? Alors que tout va mal ? Que je ne suis même plus sûr d’être encore amoureux de lui ? Apparemment. « Je ne peux pas. »  je n’ai pas répondu à sa première question. Bien sûr qu’elle m’a manqué. Il y a quelque chose de rassurant à la retrouver à chaque fois que je retourne à Brisbane, comme la promesse que quelque chose ne changera jamais. Que je continuerai inévitablement à me glisser dans ses draps, que pendant quelques nuits ça sera la seule chose qui comptera dans cet instant parallèle à nos vies bien réelles. Mais ce n’est plus le cas depuis longtemps et j’appartiens à quelqu’un d’autre,  et j’ai toujours été bien trop loyal pour trahir quelqu’un que j’aime de la sorte. « Je ne peux plus. » Nos nuits partagées appartiennent au passé. « Tu sais très bien pourquoi on ne s’est pas vu depuis quatre ans. » Je souffle en plantant mon regard dans le sien. Je me dois de résister. Pour Noah, pour Noah et cette bague que je ne porte pas, ces fiançailles que je viens seulement d’accepter alors qu’il ne le sait même pas.

@Cristina Weatherton  

Il y a un silence et la tension monte en flèche. Ça bouille à l'intérieur de toi alors que tes mains s'agrippent à son veston bien solidement. Tes mains tirent vers toi, forçant Matthieu à se rapprocher de toi. Tu es même à deux doigts de tendre les lèvres ou, encore mieux, d'aller les plaquer contre les siennes. Mais non, la douche froide est subite. « Je suis fiancé Cristina. » Il te repousse verbalement, mais aussi physiquement alors qu'il vient défaire ton emprise. C'est légèrement prévisible puisqu'il évite le contact depuis le tout début. Mais son semi-flirt semblait vouloir dire fais-moi changer d'avis. Avais-tu échoué à cette mission ou avais-tu simplement mal interprété ses paroles ? Qu'importe la raison, ça ne t'en prenait pas plus pour te vexer. Il n'a certainement pas le droit de te repousser. Encore moins aujourd'hui où tu avais l'impression que ses caresses auraient pu te faire oublier tous tes maux le temps d'un instant. Pas alors que tu avais besoin de tendresse sans être capable d'aller la chercher au bon endroit - celle de ton époux. Visiblement, même avec Matthew tu ne cherches pas au bon endroit. « Je ne peux pas. » Ton regard qui se plante dans le sien n'a soudainement plus rien de joueur et de séducteur. Il est déjà bien plus sérieux. Tu aimerais lui dire que tu acceptes son choix, mais tu es égoïste et tu n'as pas envie de l'accepter. « Je ne peux plus. » qu'il précise, qu'il répète. Des mots toujours aussi insupportables à entendre. « Voilà qui est bien décevant. » que tu lances d'un ton bien trop détaché à la situation. Quelque chose te dit que cette déception est tout de même partagée. Ou c'est seulement ce que tu espères. Tu préfères encore qu'il ne peut plus plutôt qu'il ne veut plus. La nuance n'est pas la même. Tu sais bien que la plupart des couples vivent dans la fidélité. Ce qui est complètement hypocrite. Tout le monde regarde ailleurs. Tout le monde a des désirs en dehors de son partenaire. Pourquoi ne pas simplement se laisser porter par ses envies ? Ce n'est que du sexe. Ça n'a aucun lien avec l'amour - même si tu apprécies réellement Matthew. Ça ne change rien au fait que ta loyauté revient entièrement à James. « Tu sais très bien pourquoi on ne s’est pas vu depuis quatre ans. » Voilà qui est encore plus ironique. « Que fais-tu ici alors ? » Voilà une question à laquelle il n'a sûrement pas envie de répondre. Il est là parce qu'il avait envie de te voir, parce qu'il avait envie d'être désiré tout en restant raisonnable. Il ne l'est pas. Tu doutes fortement que son Noa aurait apprécié chaque mot sorti de sa bouche ce soir. Il est déjà allé trop loin. Et il le sait parfaitement. Pourquoi se priver de la suite ? Ce sera votre petit secret, c'est tout.

« Termine ta coupe avant de partir. Tu vas faire des jaloux sinon. » Ah, il vient soudainement de perdre ton intérêt pour la soirée dis donc. Oh non, tu ne comptes pas insister davantage. Pas ce soir du moins. Ton égo a bien assez souffert pour aujourd'hui. Tu changeras d'approche une prochaine fois. Si prochaine fois, il y a lieu. Après tout, tu n'as même pas pris le temps de lui demander combien de jours s'offraient à vous. Quelques jours ? Quelques semaines ? Aucune espèce d'idée. Il risque sans doute de t'éviter pendant le reste de ton séjour. Ou alors il tournera se scénario vingt fois dans sa tête avant de venir se jeter lui-même dans tes bras. Ce serait bien trop beau pour être vrai. « Rendez-vous dans tes rêves mi guapo. » que tu ajoutes avant de poser un baiser contre sa joue quitte à ne pas pouvoir les poser ailleurs. « Écris-moi si tu as besoin d'un… rafraîchissement. » Ce sera avec grand plaisir pour lui envoyer une photo qui nourrira ses fantasmes. Ou s'il préfère du réel, c'est encore mieux.

La tension est montée, transformant l’instant, lui donnant un goût amer. Je vois à son regard qu’elle se vexe, qu’elle est déçue. Je m’accroche à ma loyauté, à ce qui reste de mon amour pour Noah pour ne pas craquer, pour ne pas chercher une consolation dans ses bras quand je n’ai jamais été de ceux qui trompaient leur partenaire.  « Voilà qui est bien décevant. » « Tina… » je tente de plaider, de lui faire comprendre tout en ne disant rien. Dire que je n’en ai aucune envie serait un mensonge mais je ne suis pas sûr d’être capable de me le pardonner encore moins capable de regarder Noah dans les yeux. Car malgré tout, je ne suis pas encore prêt à tirer une croix sur ma relation avec l’américain.

« Que fais-tu ici alors ? »  Je détourne le regard, bien incapable d’affronter son regard. Elle a raison bien sûr. Je n’ai rien à faire dans cette cave à vin. Rien à faire dans cet endroit à siroter son vin, à flirter ouvertement avec elle. Je suis allé trop loin et nous le savons tous les deux. Noah n’aurait pas bien pris ce petit jeu et c’était exactement pour cette raison que j’avais fui Cristina ces dernières années. Parce que Cristina avait toujours su me séduire et qu’il était bien trop simple de tomber dans son jeu. En temps normal pourtant je n’aurais jamais ne serait-ce qu’envisager la possibilité de craquer. Qu’est-ce que j’étais en train de faire ?

« Termine ta coupe avant de partir. Tu vas faire des jaloux sinon. » Ca y est, le jeu est terminé, elle me congédie. Ma coupe elle ne m’intéresse plus, j’ai comme l’impression que la finir me laisserait un goût âpre dans la bouche. Je la pose sur la table la plus proche.

« Come on, Cristina. » J’agrippe son poignet avec douceur. « On est amis aussi non ? Quoi la soirée se termine parce que je n’ai pas l’intention de finir dans ton lit ? » Je n’ai aucun droit de m’offusquer. Aucun droit de prononcer ces paroles. Pas quand j’ai été absent ces dernières années, que je n’ai pas été son ami tout simplement parce que je n’ai pas été son amant. Mais je plaide ce soir, parce que je réalise seulement maintenant que je n’ai pas envie d’être seul, que je préférerais sa compagnie, qu’à la solitude de la foule. Mais toutes ces raisons ne semblent pas suffisantes pourtant.

« Rendez-vous dans tes rêves mi guapo. » Elle dépose un baiser sur ma joue et pendant un court instant j’hésite presque à la retenir, à lui donner ce qu’elle veut.  Peut-être parce qu’au fond j’en ai envie ? J’étouffe cette pensée et tente d’effacer le souvenir de ses lèvres sur ma joue. « Écris-moi si tu as besoin d'un… rafraîchissement. » Je suis perdu, incapable de savoir de quoi j’ai envie, de quoi j’ai besoin. J’ai envie de la retenir tout comme je sais que je dois la laisser partir. Et pourtant la revoir m’a rappelé que mon amie autant que mon amante me manque. « Et si j’ai besoin de mon amie ? » je lance en la défiant du regard une dernière fois. Est-ce que je pourrais l’appeler ? Est-ce que je pourrais la voir ?

@Cristina Weatherton

« Come on, Cristina. » C'est dans une douceur qui pourrait se vouloir délicieuse dans un tout autre contexte que Matthew vient prendre ton poignet entre ses mains. Dans cette situation-là, le geste te dérange plus qu'autre chose. À peine la chaleur de ses doigts rencontre ton poignet que tu te défais déjà de sa prise. C'est lui qui est soudainement vexé que tu fuis sa présence après qu'il t'ait rejeté. Sans doute vexé que son amitié ne soit pas suffisante. Non, elle ne l'est pas. Pas ce soir du moins. « On est amis aussi non ? Quoi la soirée se termine parce que je n’ai pas l’intention de finir dans ton lit ? »  Et le simple regard que tu lui lances répond pour toi-même. Pour être parfaitement honnête, oui, vous êtes également amis, mais l'un ne vient pas sans l'autre. L'amant tient ce rôle depuis longtemps parce que l'ami existe. Mais l'ami existe aussi par la complicité que vous partagez un coup la nuit tombée. « Si ce n'est pas toi, ce sera quelqu'un d'autre. » Autrement dit, tu ne passeras pas ta soirée à perdre ton temps avec lui, si tu as besoin de trouver quelqu'un d'autre pour t'accompagner sous les draps. Sans quoi, c'est une solitude bien trop lourde qui t'attends ce soir quand tu rentreras ce soir - ou une querelle dépendant de la présence ou l'absence de ton époux dans votre demeure. Loin de toi l'idée de prétendre que lui ou un autre, c'est du pareil au même. Non, absolument pas. La preuve reste que c'est vers lui que tu t'es tourné en premier. Ce n'est pas pour rien.

Mais alors qu'il ne semble ni changer d'avis sur cette pseudo-fidélité qu'il veut conserver, qu'il ne semble pas avoir l'intention de te retenir davantage, tu allais partir, jusqu'à ce que sa voix s'élèvent de nouveau. « Et si j’ai besoin de mon amie ? » Donc, c'est mort pour un petit rafraîchissement de mémoire ? Il faut croire que oui. Tes talons font demi-tour alors que tu refais quelques pas vers lui. « Tu as du culot Matthew. » Ce n'est sûrement pas la réponse à laquelle il s'attendait. « Où étais-tu quand mon père est décédé ? » Il n'était pas là, ni à ce moment-là, ni à toutes les autres épreuves un peu plus difficiles des quatre dernières années. Tu peux lui pardonner de ne pas avoir été présent pour ce qu'il ne sait pas, un peu moins pour ce qui est visiblement aller jusqu'à ses oreilles. Enfin, encore ça tu pouvais l'encaisser jusqu'à ses dernières paroles. « Tu n'étais pas là quand j'avais besoin d'un ami. » Et Dieu seul sait à quel point les amis se comptent sur les doigts d'une main dans ta vie. Peu de personnes savent gérer le feu qui t'habite. « Je ne serais pas là pour toi non plus. » Qui aurait crû que la discussion finirait par prendre une telle tournure ? Certainement pas toi et encore moins lui. « Profites bien des festivités. » que tu conclues en tournant de nouveau les talons pour reprendre ton chemin vers la sortie.

Sympa les retrouvailles hm.