| why don’t you be you, and I’ll be me (connor & claire) |
| | (#)Dim 11 Sep 2022 - 8:06 | |
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I CAN’T BELIEVE YOU’VE LET ME DOWN BUT THE PROOF’S IN THE WAY IT HURST. with Connor Myers
Claire jette un regard rapide à sa montre avant de reporter son attention sur l'homme en face d’elle. Encore dix minutes avant la fin de cette rencontre, pour autant il semble que tout soit déjà dit. Autour d’eux, derrière les grandes vitre de la salle, l’après midi est déjà avancée. Cela fait déjà quelques heures que Claire est là et elle devrait certainement retourner rapidement au cabinet. Assis à côté d'elle, son client affiche un visage exagérément serein et détendu. Et Claire trouve cela absurde car il a toute les raisons du monde d'être inquiet. Les paroles du représentant du procureur assis de l'autre côté de la table annoncent clairement la couleur: une information judiciaire sera formellement ouverte, et si raison il y a, l'affaire sera renvoyée devant le tribunal. L'avocate ne se méprend pas ; elle savait d'avance, lorsque le dossier lui a été confié, que cette affaire ne serait pas simple. Mais c'est également ce genre de dossier qui fait connaître, qui accorde un peu plus de reconnaissance auprès de ses pairs. Cela ne lui ressemblerait pas de tourner le dos à une telle opportunité ; s’agissant de sa carrière, Claire ne rechigne jamais. Plus n’est jamais assez. Elle sait déjà que de longues heures de travail l’attendent, mais elle ne s’en plaint pas. Ça n’est pas la première affaire de blanchiment d'argent et de fraude fiscale qui lui est confiée. Rien de très original certes, toutefois, son client est le directeur d’une grande entreprise de la place et une telle affaire pourrait facilement entacher son image. Là est toute la différence. L’affaire trouve son origine dans des sommes d'argent non déclarées entre 2010 et 2015 alors que l'entreprise travaillait sur plusieurs chantiers miniers de la région. Le bureau du procureur a récemment commencé à s'intéresser à l'entreprise pour des soupçons de blanchiment de cette fraude fiscale. Pour son client, l'enjeu est de taille. Pour Claire, le challenge la motive plus que jamais. Pour autant, elle a eu quelques hésitations au fur et à mesure qu'elle s’est entretenue avec son client, et qu'elle s'est arrêtée sur quelques mots en feuilletant le dossier "Myers Prospecting ". Elle a d’abord pensé qu’il s’agissait peut être d’une blague. Mais non, il n’en était rien. Le sort a tout simplement décidé de se jouer d’elle. Une très mauvaise coïncidence. L’entreprise de son client est sous traitée par Myers Prospecting. Ironie. Un an plus tôt, Claire aurait simplement refusé le dossier, pour que rien ne lui rappelle ou la rapproche de Connor, voir de son simple souvenir. Cette fois-ci, elle a décidé de faire fi de ses émotions qui autrement finiraient par affecter ses choix de carrière. Et lorsque le bureau du procureur a demandé de s’entretenir avec un représentant du groupe Myers, elle a pris soin de mandater la secrétaire du cabinet de le faire et de s’assurer de la personne qui participerait à cette rencontre. L’avocat du groupe, qu’elle avait confirmé. Et Claire, un peu plus tranquille alors, s’est promis de prendre sur elle. Il ne s’agit après tout que d’une réunion, qui ne concerne pas Connor directement. Elle se l’est répétée plusieurs fois la veille.
Claire écoute à présent à moitié ce que son interlocuteur lui dit, se projetant déjà à l'étape suivante. « Nous avons pris note des documents additionnels à ajouter au dossier. Nous vous les ferons parvenir dans les jours à venir » qu’elle finit par dire. « Si besoin il y a, nous pourrons certainement convenir d’une dernière réunion » Elle n’est pas convaincue que cela se produise mais il n y a pas de mal à essayer et peut être retarder l’information judiciaire, un peu. Alors qu’ils s’accordent sur les documents à envoyer, la porte de la salle de réunion grince et s’ouvre. Claire lève les yeux dans la direction du nouvel arrivant. Son coeur rate un battement. Non. Comment est-ce possible? Ce ne peut pas être lui. Pourtant, ces yeux qui la fixent, la toisent, la dévisagent avec cette lueur de surprise non-feinte lui sont familiers. Trop familiers. L’avocate cligne plusieurs fois des yeux comme pour s'assurer qu'il ne s'agit du fruit de son imagination. Et à cet instant, elle aurait aimé qu'il en soit autrement. Que ce quelqu'un soit un autre. L’avocat, comme il était prévu initialement. Elle aurait aimé que ce soit quelqu’un d’autre, après tous les efforts qu’elle a consenti jusqu’ici pour ne jamais le croiser en deux ans. Connor… C’est le client qui brise le silence. « M. Myers, nous ne vous attendions pas… Nous avons pratiquement terminé » qu’il dit tout en se levant et en serrant la main de Connor debout de l’autre côté de la table. Lui aussi paraît surpris, bien que ce soit pour des raisons très différentes de la jeune femme. Et lorsque Claire entend la voix familière répondre, cela lui fait l'effet d'une claque. Peut-être parce qu'elle ne s'y attendait, d'entendre à nouveau cette voix. Pas de si tôt du moins. La même voix qui lui avait demandé de l’épouser, parce que l’idée d’une vie sans l’autre à ce moment là paraissait inimaginable. La même voix qui l’avait tout bonne rejeté et brisé, comme un vulgaire chiffon usagé… Claire est bien trop choquée. Elle bredouille un simple « bonjour » lorsque leurs regards se croisent à nouveau, presque inaudible. Parce qu’elle ne peut faire autrement en présence des deux autres. Et claire entreprend d’organiser ses documents, pour pouvoir les ranger assez rapidement et s’en aller. « Nous avons terminé ici, mais nous vous enverrons un résumé de cette rencontre et la liste des documents dont nous aurons besoin de votre part. Pour le moment, cette réunion est terminée » qu’elle finit par dire, sans le regarder, les yeux toujours rivés sur sa paperasse. Pour qu’il comprenne qu’il n’y avait rien d’autre à dire. Pour qu’il comprenne que ceci ne serait pas une occasion pour eux d’échanger davantage de mots. Elle a la gorge sèche, Claire. Elle redoute tant ce qui va suivre. Pourtant, elle risque à nouveau un regard dans sa direction. Elle parcoure ses traits qu'elle connaît par coeur pour les avoir dessinés du bout des lèvres maintes fois… Claire a une boule au ventre.
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| | | | (#)Lun 12 Sep 2022 - 16:00 | |
| Connor regardait par la fenêtre de sa voiture tandis que les immeubles de la ville y défilaient lentement. Son esprit s’était envolé ailleurs. Il songeait au dossier qu’il avait délaissé ce matin avant de commencer son marathon de réunions au siège du groupe. Il n’avait plus aucun contrôle sur son emploi du temps depuis quelques semaines. Les réunions et entrevues s’enchainaient tandis qu’il devait prendre de plus en plus de décisions, étudier de plus en plus de situations, et surtout régler de plus en plus de problèmes. Remonter la barre n’était finalement pas si simple que ça. Son père lui avait laissé beaucoup trop d’ennuis sur les bras. Il aurait été si facile de continuer à agir comme il l’avait toujours fait… Le flux de ses pensées commença une nouvelle fois à s’emballer. Il se redressa machinalement en se rendant compte qu’il ne se souvenait même plus de la raison pour laquelle il était actuellement en route pour aller chercher son adjoint.
« Ah oui… » James l’avait appelé la veille, aux alentours de 23h, pour le prévenir qu’il avait ajouté une dernière réunion à leur emploi du temps. Connor étudiait un dossier sensible que lui avait remis l’un de ses directeurs quand l’appel était survenu et n’avait pratiquement pas prêté attention à ce que son interlocuteur lui disait. Se rendant compte de l’état de concentration de Connor, James avait éludé la conversation en lui indiquant qu’il lui exposerait le dossier sur le chemin, le lendemain.
Son chauffeur arrêta la voiture le long d’un trottoir et un homme rondouillet ouvrit la portière fébrilement. Ses lunettes avaient glissé le long de son nez et lui donnait un air un peu idiot le temps qu’il vienne les réajuster. James était ainsi, très peu soucieux de l’image qu’il pouvait renvoyer. Il donnait l’impression de ne jamais savoir quoi faire de ses quatre membres. Mais c’était aussi, et surtout, un esprit brillant. Connor et lui travaillaient ensemble depuis quelques années, bien avant qu’il n’accède au poste de CEO du groupe. Et c’était certainement sa plus grande qualité, celle qui le qualifiait le mieux pour ce poste.
Connor sourit en le voyant se glisser tant bien que mal dans la voiture. Il était conscient qu’ils avaient pris du retard sur leur planning mais était de toute évidence bien moins inquiet que son collègue. James sortit rapidement de son attaché-case un dossier papier sur lequel figurait le nom d’un sous-traitant de Myers Prospecting et le lui tendit. Connor fronça les sourcils en apercevant ce nom et ouvrit le dossier, sans se départir de sa mine circonspecte. James enchaina. - C’est un gros sous-traitant du groupe. On m’a informé il y a quelques jours que le bureau du procureur avait constitué un dossier sur des sommes qui n’auraient pas été déclarées au fisc. Aucune information n’a été ouverte pour le moment, et on aimerait gagner du temps. Ils ont d’ores et déjà engagé un avocat du- - Et ils l’ont fait ? le coupa Connor, absorbé par la lecture du dossier. Ils ont vraiment blanchi cet argent ?
Connor leva les yeux vers son collaborateur en constatant son absence de réponse et remarqua son regard passant du chauffeur à lui. Il comprit rapidement son erreur et appuya sur un bouton sous son coude afin qu’une vitre sans teint remonte dans l’interstice entre eux et le conducteur. Rassuré, James lui exposa le plus exhaustivement possible les informations qu’il avait récolté. Oui, de l’argent avait été blanchi. Le problème venait du fait que l’argent en question provenait de diverses sources, dont une partie pouvait être reliée d’une manière ou d’une autre au groupe Myers. James n’avait pas encore pu creuser la question. Le but du jour était donc de gagner du temps.
Connor ne put que parcourir sommairement le dossier durant le reste du trajet. Malheureusement pour lui, celui-ci ne contenait de toute manière que trop peu d’informations qui pourraient l’aider à argumenter face aux services du procureur. Il allait devoir improviser. Une fois arrivés, ils furent rapidement accueillis dans le hall de l’immeuble et n’eurent pas à attendre bien plus pour qu’une secrétaire les escorte jusqu’à la salle de réunion. Celle-ci ne put d’ailleurs pas s’empêcher de jeter de furtifs regards en direction de Connor, ce qui lui fit comprendre que sa réputation le précédait, même ici. Il profita de ce temps pour réajuster sa mise en tirant sur ses manches afin rendre visible ses boutons de manchettes, et de resserrer sa cravate. Ils se postèrent devant une porte et attendirent que la secrétaire toque puis leur ouvre avant de rentrer.
Jamais il n’aurait pu se douter de ce qui se trouvait derrière la porte au moment où celle-ci s’ouvrit. Il s’en voulu amèrement plus tard de ne pas avoir porté une attention plus particulière à la mention de la défense dans le dossier qu’il venait de consulter.
Il la vit presque instantanément. Parmi toutes les personnes présentes dans la pièce, son regard avait été automatiquement attiré par elle. C’était le souvenir d’un visage qu’il connaissait très bien. Ce n’était pas la première fois que cette impression lui parvenait. Vous savez, ce phénomène quand une personne vous manque et que vous avez l’impression de la reconnaitre à tous les coins de rues. Cependant, dans le cas présent, il ne s’agissait pas d’une autre qu’il prenait pour elle. C’était bien elle : Claire. Le moment passa sans qu’il ne s’en rende compte. Son cerveau ne sembla plus vouloir émettre d’autres informations l’espace de quelques secondes. Ses grands yeux, ses pommettes saillantes, sa bouche pleine et charnue, tous ces traits qui lui semblaient familiers et en même temps chimériques. « Oh non, pas toi Claire… » ne peut-il s’empêcher de penser. Connor n’avait aucun courage. Il ne l’avait jamais trouvé pour affronter tout ce qu’elle aurait pu vouloir lui dire et lui reprocher. Il ne l’avait pas plus à présent qu’il devait soutenir le regard qu’elle lui réservait.
Son souffle s’était coupé. Il s’en rendit compte lorsque le dénommé Arwin Wilson l’interpella et que l’air entra de nouveau dans ses poumons. Il espéra que son trouble fut discret. En tout cas, James le remarqua et lui prodigua un rapide coup de coude contre les côtes afin qu’il se ressaisisse. Il se composa un sourire de façade et tenta tant bien que mal d’empêcher toutes ses pensées parasites de l’assaillir. Il s’approcha de son interlocuteur afin de lui serrer la main, maintenant sa cravate contre sa poitrine de l’autre et fit de même avec le représentant du procureur, le saluant par son nom. Ça au moins, c’était une information qu’il n’avait pas éludé au cours de sa lecture du dossier. Il se tourna vers l’avocate par automatisme et compris à sa voix que ce n’était même pas la peine qu’il tente de la saluer plus que de loin. Il baissa les yeux l’espace d’une seconde, prenant note. - Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de vous prévenir de ce changement, notre avocat n’a pas pu se libérer.
Il reprit une certaine contenance et s’installa sur une chaise libre en bout de table. Il évita consciemment le sujet de la réunion se terminant, sûr de lui. Croisant les mains devant lui, il regarda chacune des personnes en présence, demandant ainsi silencieusement et sans équivoque qu’on le mette au parfum sur ce qu’il s’était dit durant cette entrevue. Son attitude avait pour but de leur faire comprendre que la temporalité de cette réunion n’était pas son problème.
Connor n’était absolument pas mal à l’aise vis-à-vis de ce type d’entrée en matière. Sa présence, et surtout ses fonctions, exigeaient bien souvent une certaine déférence de ses interlocuteurs. Il n’était pas idiot pour autant et savait pertinemment que ce type de posture pouvait, à contrario, les mettre dans l’embarras. L’individu se demandera s’il peut réellement contrarier les plans d’une personne aussi haut placé et influente que Connor. Une réflexion sur la hiérarchie, basique. Est-ce que sa position le lui permettait vraiment ? Est-ce que cela ne serait pas dommageable plus tard, pour lui ou pour sa structure ? Au fond, est-ce qu’il pourrait se le mettre à dos s’il venait à le contredire ? Tout un tas de questions qui poussaient bien souvent les gens à utiliser beaucoup trop de pincettes pour s’adresser à lui. Ceci avait tendance à exaspérer Connor en temps normal, mais il avait appris à l’utiliser à son avantage comme dans le cas présent.
Il s’agissait désormais de mettre en place le plan qu’ils avaient échafaudé avec James plus tôt dans la voiture. Sans se laisser déconcentrer par la présence de Claire. Ce qui était de loin l’objectif le plus compliqué de cette réunion. Il espérait intérieurement que James veillerait là-dessus.
Il arqua un sourcil, surpris, en remarquant que Claire, contrairement aux autres, ne le regardait pas du tout. La tête rivée sur ses documents, elle se contenta de déclarer plus fermement la fin de la réunion. Il ne put s’empêcher de serrer les mâchoires de frustration. Contrairement à ce que cela pouvait laisser penser, ce n’était pas de colère. Il se trouvait coincé. Il ne pouvait que comprendre qu’elle ne souhaite pas rester plus longtemps dans la même pièce que lui, bien que cela lui faisait plus de peine qu’il n’osait se l’avouer. Cependant il ne pouvait pas se permettre de repartir comme ça. Est-ce qu’au fond elle en avait conscience ? Son regard croisa le sien et ses propres traits s’adoucirent à sa vue. Incapable de soutenir ce contact, il détourna tout de même bien vite le regard. - Je suis navré maître mais je souhaiterais disposer d’encore un peu de votre temps, dit-il d’un ton qui se voulait neutre. Il pensa intérieurement que cette phrase sonnait horriblement mal à ses oreilles. Est-ce que vous pourriez nous exposer en détails la situation, et surtout ce qui vous fait penser que vous obtiendrez une ouverture d’information dans cette affaire ?
Il s’était cette fois-ci tourné vers le représentant du procureur à sa gauche. La question était pour lui. Ne lui laissant pas le temps de répondre, il surenchérit : - Je me permets, avant que vous ne commenciez, de vous rappeler qu’il s’agit d’une entreprise sous-traitante de Myers Prospecting comme vous le savez. Toute procédure qui sera ouverte à l’encontre de cette société sera prise comme une accusation à l’encontre de la mienne. C’est pour cette raison que je souhaiterais que cette précision soit communiquée à votre employeur. Mes services se rapprocheront des vôtres le cas échéant.
Il regarda longuement son interlocuteur, s’assurant qu’il avait bien comprit où il voulait en venir, puis tendit la main vers lui pour lui donner la parole : « à présent, je vous écoute. » Son regard dévia une fois de plus rapidement vers Claire, comme s’il était incapable de tenir plus de quelques secondes sans vérifier qu’elle était toujours là. |
| | | | (#)Sam 24 Sep 2022 - 8:49 | |
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I CAN’T BELIEVE YOU’VE LET ME DOWN BUT THE PROOF’S IN THE WAY IT HURST. with Connor Myers
Claire se le demande à cet instant, si ce n’est qu’un mauvais cauchemar duquel elle se réveillerait dans quelques secondes. Etait-elle si fatiguée pour que son subconscient aille chercher loin dans son esprit, le souvenir de son ex-fiancé qu’elle avait pourtant pris soin de fermer à double tour, pour ainsi le faire ressurgir sans prévenir? Ses dents se refermant douloureusement sur sa langue lui rappellent qu’il ne s’agit pas d’un cauchemar. Elle est bien éveillée. Et ce moment a presque quelque chose d’ironique, digne d’un roman voire d’un film. Ce moment où l’héroïne au coeur brisé croise son ex amant au beau milieu de la foule, après de longs moments à avoir pleurer l’absence l’un de l’autre. Et oubliant ainsi le passé, mettant un trait sur leurs différends, les deux se retrouvent finalement au beau milieu de la foule, pour échanger un baiser fougueux annonçant le doux goût des retrouvailles. En effet, ce moment pourrait presque ressembler à un film. Presque. Parce que Claire et Connor n’ont rien de personnages parfaits. La jeune femme, pleine d’orgueil et un tantinet rancunière, ne lui accorderait pas un seul regard au milieu de la foule. Parce que Connor ne mériterait une telle attention. Parce qu’à chaque fois que son esprit s’est laissé envahir par son image durant les deux dernières années, c’est la colère qui risquait à chaque fois de la consumer. Et petit à petit la colère s’est transformée en rancoeur. Leur film n’aurait certainement pas, voire jamais, de happy ending.
Claire serre un peu plus les dents lorsqu’il s’adresse directement à elle. Disposer de son temps… Est-ce là un jeu de mot qu’elle n’aurait pas saisi? Tente-t-il de se jouer d’elle après tout ce temps? Claire en a la nausée. Elle ne le regarde toujours pas, et pourtant elle a du mal à trouver l’air. Elle a l’impression d’étouffer un peu, lentement et ça la gêne. Non, elle ne peut pas se laisser déstabilisée. Pas ici, pas maintenant. Essayant vainement de cacher son malaise, elle passe une mèche de cheveux derrière son oreille tout en levant les yeux vers James. Son visage lui est tout aussi familier. Elle se rappelle de lui pour l’avoir croisé à quelques reprises en compagnie de Connor ou de son père. L’a-t-il reconnue? Elle se le demande. Connor fit comprendre aux personnes présentes qu’il n’avait pas l’intention de partir immédiatement bien que la réunion soit terminée et qu’il soit arrivé en retard. Et cela agace Claire. Elle se contente de lever les yeux vers lui avant de les détourner bien vite, irritée. Il ne lui a pas donné l’occasion de répondre. Il ne lui donne pas le choix. Et Claire se dit que ça ne serait pas la première fois… Elle l’écoute, les yeux toujours rivés sur des papiers. Elle finit par légèrement lever la tête non sans froncer les sourcils, un peu surprise par son ton, et encore plus par son audace. Et elle se demande s’il le réalise, que cette tentative d’intimidation pourrait jouer en leur défaveur. « Arrête de parler » qu’elle pense intérieurement. À cet instant, Connor lui rappelle un peu le patriarche Myers. Toujours trop sûr de lui, avec une autorité non feinte. Claire se rappelle très bien de lui, un homme très intelligent mais tout aussi peu chaleureux. Du moins à l’égard de l’avocate, cela a toujours été le cas… Connor semble confiant. Tant mieux pour lui. Mais dans la situation actuelle, Claire n’approuve pas et elle compte le faire savoir. Le représentant du procureur la coupe dans son élan. « Merci monsieur Myers pour ses précisions… Nous en sommes parfaitement conscients, néanmoins il s’agit de notre travail, et il est de notre responsabilité d’étudier ce dossier comme tout autre... » Claire soupire imperceptiblement alors que l’homme poursuit son explication de la procédure et des prochaines étapes. Il est vrai que Myers Prospecting n'est plus à présenter. L'entreprise est tout aussi influente que puissante. Cela pourrait d'entrée faire fuir bon nombre de personnes mais pour avoir passer les dernières heures avec le représentant du procureur, Claire sait que ça ne serait pas le cas pour cet homme. Lorsqu'il finit enfin, elle lui adresse un sourire poli. « Je pense que c’est assez clair pour tout le monde maintenant. » Bien entendu, par tout le monde, elle fait référence à Connor. « Nous n'allons pas vous retenir plus longtemps que nécessaire. Nous allons à nouveau nous concerter avant de vous soumettre toute la documentation requise afin de compléter le dossier » Claire le remercie une dernière fois en prenant soin de l'accompagner vers la sortie et ne laissant pratiquement pas le temps aux trois autres hommes présents de dire mot. L'avocate est décidée à ne pas rester plus longtemps dans cette salle immense qui paradoxalement lui parait étouffante depuis quelques minutes. Alors qu'elle referme la porte, elle remarque que Connor l'observe, encore. Claire ne se dérobe pas cette fois-ci, elle le soutient du regard. Dur. Froid. Distant. Mais plus il la dévisage, plus l'envie de craquer est insoutenable. Son coeur est lourd et elle manque toujours autant d'air. Parce que Claire le sent, qu'elle n'était pas prête pour tout ça. Même après deux ans. Pas prête à revoir ce visage. Pas prête à l'affronter. Prendre la fuite serait plus simple, comme elle l'avait fait à ce moment là, lorsqu'il avait mis fin à l'heure histoire l'instant d'un diner. Elle était partie, le coeur au bord des lèvres mais pourtant les questions plein la tête. Mais prendre la fuite était beaucoup plus simple. Et au fond, Claire en est peu fier de cet acte, finalement lâche. Elle n'est triomphante d'aucune bataille. Victorieuse d'aucune guerre. Ses questions n'ont trouvé de réponse à ce jour. Pendant deux ans, elle s'est convaincue que Connor n'est plus rien, à ses yeux. Que sa vie est bien mieux sans lui et que les choses ne sont finalement pas plus mal ainsi. Mais aujourd'hui, la jeune femme se prend une vague en pleine face. Une vague d'émotions qui menace de la couler et l'emmener vers les bas-fonds. Elle n'avait jamais y osé imaginer le jour où elle le croiserait à nouveau mais elle n'aurait pensé au malaise profond qui l'assaille à cet instant. Pas après deux ans. Colère, angoisse, tristesse, impuissance, peur, rancune... elle ne saurait mettre un seul mot sur ce qu'elle ressent. Claire soupire doucement avant de détourner le regard et enfin rejoindre le groupe autour de la table. « Voici une liste à transmettre à votre avocat. Nous aurons besoin de ces quelques documents, de préférence la version originale » qu'elle dit en glissant une liste détaillée devant Jamais sans toutefois lever la tête de ses documents. « Nous ne sommes pas forcément en posture favorable. Il y a de forte chance qu'ils aillent de l'avant avec l'ouverture, néanmoins je souhaite tout de même convenir d'une nouvelle réunion au bureau du procureur cette fois-ci afin de voir si d'autres options sont envisageables... Il serait préférable que votre avocat soit présent à cette réunion... Sa présence seule devrait suffire. » Cette fois-ci, elle regarde James d'un air entendu espérant que son message soit clairement compris. Elle se garde bien de tourner les yeux vers son ex fiancé, mais devine que le message ne lui échapperait pas. « Voici ma carte... Si vous n'avez pas davantage de questions pour l'instant, nous pouvons considérer cette rencontre comme terminée » Claire a l'impression de se répéter. Peut-être qu'ils ont certainement tous perçus voire compris qu'elle souhaite s'en aller au plus vite. Mais cela lui importe peu à cet instant. Claire a chaud. Elle a la gorge sèche. Le ventre qui se tord. Elle a besoin d'air.
@Connor Myers
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| | | | (#)Lun 26 Sep 2022 - 11:01 | |
| Connor écoutait. Tout du moins essayait-il d’écouter. Il avait joint ses mains sur la table devant lui, tentant de garder une certaine assurance. Sa jambe droite sous la table ne semblait pas du même avis. Il ne contrôlait pas ses mouvements, il avait un besoin pressant et irrésistible de la bouger. Heureusement pour lui, il semblait que personne ne pouvait le déceler. Il fronçait les sourcils, tous ses efforts concentrés sur le fait d’assimiler les paroles du représentant du procureur. Il devait se concentrer. Il hochait la tête pour faire comprendre à son interlocuteur qu’il avait toute son attention. Puis, son regard se porta sur la cravate de l’homme un instant. Elle était de couleur marron, avec des motifs qu’il n’arrivait pas à percevoir de son point de vue. Une cravate en soie, très certainement. Sans grande originalité. Est-ce qu’un homme travaillant pour le cabinet du procureur pouvait se payer une telle cravate ? Certainement. Après tout, il était important qu’il représente correctement l’institution. Sans trop d’originalité non plus, la souplesse n’était pas une idée mise en avant dans ce type de professions. Son regard remonta pour se fixer de nouveau dans les yeux de son interlocuteur. Il fallait qu’il se concentre. Et cette jambe qui ne voulait pas s’arrêter de bouger.
Il la sentait. Il faisait tout son possible pour ne porter son attention que sur ce que l’homme était en train de lui dire mais il ne pouvait pas s’empêcher de la sentir. Elle était à sa droite, il le savait. Peut-être qu’elle le regardait. Il tourna son regard un instant dans sa direction. Non, elle ne le regardait pas. Bien, il reporta son attention sur l’homme. Est-ce qu’elle avait toujours eu cette petite ride d’expression sur le front ? Non, il était persuadé que non. « Mince », y penser lui donna soudain envie de reporter à nouveau son regard sur elle. Il détourna ses yeux vers l’objet de ses pensées. Non, cette ride d’expression n’était pas là avant. Mais c’était peut-être la seule chose qui avait changé. Elle avait toujours ces grands yeux vifs et doux à la fois. Toujours ces mêmes pommettes saillantes, peut-être un peu plus creusées, ce qui ne gâchait en rien l’harmonie de son visage. Son nez était toujours adorable, court et légèrement épaté, il ombrageait ce grain de beauté qui rendait ses lettres de noblesses à cet attribut. Et puis il y avait sa bouche, rebondie et sensuelle. Tous ces traits, il les avait certainement parcourus cent fois et pourtant il ne se lasserait pas de le faire encore une dernière. Il avait envie de la contempler encore plus près, c’était plus fort que lui. A cette pensée, il ne put que constater que ce pouvoir d’attraction qu’elle avait sur lui était inchangé.
Deux secondes ? Peut-être cinq secondes. C’est le temps qu’il lui fallut pour se rendre compte de son absence. Il pouvait sentir que les battements de son cœur avaient commencé à s’accélérer. Le moment était affreusement mal choisi. Les enjeux étaient trop importants pour qu’il se laisse dissiper maintenant. Il devait réfléchir, et vite, à ce qu’impliquait la poursuite du dossier ainsi qu’aux ressources qu’ils avaient à disposition pour garder une longueur d’avance. Il repensa à sa discussion avec James dans la voiture.
Trois quart d’heures plus tôt. Le regard de l’adjoint faisait des allers retours entre sa montre et le paysage défilant par la vitre de la voiture. Avec la rapidité qui lui était coutumière, il expliquait à Connor la manière dont il avait découvert ce rendez-vous entre le bureau du procureur et le sous-traitant de Myers prospecting :
- Tu sais Antuan, le secrétaire que j’ai mis dans les pattes de Hurley. Y a deux jours de ça, il a trouvé étrange qu’on ne soit pas en copie d’un certain nombre d’échanges entre ton père et son directeur. Je lui ai demandé de me les envoyer et c’est là que j’ai pu lire la référence à ce sous-traitant et à des transactions qui semblaient poser problèmes ou en tout cas qu’ils voulaient apparemment vérifier. Ils restaient très flous dans leurs mails. Du coup j’ai demandé à notre avocat, Smith, de regarder s’il n’avait pas plus d’informations à me donner sur ce groupe. C’est comme ça que j’ai appris pour le rendez-vous d’aujourd’hui. - Mais attends, pourquoi tu les as pas tout simplement laissés s’occuper du dossier ? Je vois toujours pas l’intérêt d’arriver comme des fleurs alors qu- - J’ai pas fini. Figures-toi que ce connard de Smith s’est empressé d’envoyer un mail à Hurley pour lui dire que j’avais demandé des informations sur le dossier. Il s’est même permis de lui conseiller de s’assurer qu’on fouine pas trop loin. - Comment t’es au courant ? - Antuan, again. Je pense que c’est l’une de mes meilleures idées de placer un mec de chez nous comme secrétaire d’Hurley. - Si Smith continue de travailler pour mon père, je vois pas comment on va pouvoir avancer.. - T’en fais pas, on trouvera bien.
Maintenant Ils étaient cuits.
Ce fut la voix de Claire qui le sorti de ses pensées tandis qu’elle remerciait le représentant pour ses explications. Il ne pourrait pas aller contre l’avocate cette fois-ci, si tant est qu’elle leur ait laissé le temps de le faire. Il n’avait bel et bien rien à apporter de plus à cet échange. Il remercia à son tour l’homme pour ces précisions et les couva du regard tandis qu’elle le raccompagnait vers la porte. Son cœur battait toujours à un rythme anormal et il pouvait sentir les paumes de ses mains devenir moites. De nouveau, il la détailla de manière insistante, inconscient de son attitude. C’était plus fort que lui. Il n’était pas préparé à la revoir et avait bien tout fait pour que cela ne se produise jamais. Ses idées n’étaient pas claires en sa présence. Bien que deux ans se fussent passées depuis leur dernière entrevue, son effet sur lui semblait intacte. Pire encore, le manque produit par son absence l’avait rendu plus fort, presque douloureux. Ce ne fut pourtant presque rien comparé au retentissement qu’eut sur lui le regard qu’elle lui lança. Un regard à lui retourner les tripes, le même que celui qu’elle lui réservait dans ses cauchemars. Il n’avait pourtant jamais vu cette expression sur son visage, ou tout du moins celle-ci ne lui avait jamais été réservée. Il ne put que détourner les yeux, une fois de plus, incapable de soutenir tout ce qu’il pouvait y lire. Il se contenta d’imiter James et de se rasseoir, pour de nouveau, essayer de se concentrer. Il ne l’écoutait que d’une oreille, ses mots, leurs sens, ne parvenant à son esprit que de manière parcellaire. Ses pensées s’étaient accélérées dès l’instant où elle avait planté son regard froid dans le sien. Une spirale infernale dans laquelle toute ses idées se mélangeaient et se superposaient sans aucune hiérarchie, de manière incontrôlable. Il pensa tout d’abord à l’ouverture de l’enquête. Puis à l’importance pour lui d’apprendre rapidement ce qu’il s’était réellement passé et surtout d’où venait l’argent. Ils n’avaient malheureusement pas d’avocats de leur côté qui pourrait l’aider dans ces recherches. Cette idée l’angoissa. Est-ce qu’elle le haïssait ? Il ne devait pas penser à cela, ça ne faisait que renforcer son angoisse. Le simple fait de comprendre que sa vieille amie l’anxiété était en train de pointer son nez, accéléra le cercle vicieux. Il entendit Claire indiquer que d’autres options étaient envisageables. Elle ne semblait pas optimiste, ils ne pouvaient pas se reposer sur ça. Est-ce qu’il allait la revoir ? Il avait envie de la revoir. Pourtant, il n’avait pas le droit d’avoir envie de la revoir. Ça n’arrivera plus jamais de toute façon. Ça n’avait pas de sens, il était à l’origine de tout ça...
- A ce propos, Maitre Henderson, est-ce que nous pourrions nous entretenir avec vous, seuls à seuls ? Je ferais de mon mieux pour être le plus concis possible.
James le sorti du piège qu’avait engendré son esprit. Il le dévisagea, étonné. Puis il cru comprendre. Il savait. Depuis le début James se souvenait très bien de qui était Claire, et ce dès lors qu’il avait pris connaissance du dossier. Pourtant ça ne l’aidait pas à mieux comprendre ce qu’il avait derrière la tête, tout du moins pour le moment. Claire voulait s’en aller et ne plus jamais les revoir, c’était pourtant assez limpide. Qu’est-ce qu’il pensait pouvoir obtenir de plus de cette entrevue ? Le chef d’entreprise lui fit tout de même une confiance aveugle et se contenta de tourner la tête vers le gérant pour lui signifier de sortir de la pièce d’un hochement : « Monsieur, si vous voulez bien nous attendre dehors, nous ne serons pas long. »
Connor se reposa contre l’assise de son siège, croisant les bras sur son torse dans l’attente de la suite. Il n’aimait pas ça mais tentait de ne rien laisser transparaître. Il connaissait assez bien son ancienne compagne pour savoir qu’elle ne laisserait pas passer une seule faille. Si elle percevait un moyen de s’en aller sans demander son reste, elle le ferait. James avait intérêt à susciter son attention rapidement. Et c’était justement ce qui inquiétait Connor. Il ne voyait pas le rapport entre son problème d’insubordination interne et l’intérêt pour Claire de les écouter. S’il y avait bien une personne qui avait des raisons de ne pas l’aider, voir pire, de se venger de lui, c’était bien elle. James ne laissa pas plus de suspens et enchaina dès que la porte se fut refermée.
- Pour être totalement transparent avec vous, nous n’avons pas d’avocat à mettre sur cette affaire. J’entends par là des avocats de confiance, qui ne soient pas encore liés de près ou de loin à la… situation et à l’ancien président. Nous souhaiterions pouvoir en discuter avec vous. En échange, je pense que nous pourrions vous aider dans votre avancement de carrière. Ainsi que pécuniairement bien entendu. Vos conditions seront les nôtres.
Connor tomba des nues, fronçant les sourcils d’incompréhension. Au fond, cette option lui avait aussi effleuré l’esprit durant l’entretien. Mais sans jamais l’envisager comme quelque chose de réalisable, et encore moins au point de le proposer à l’avocate. Leur passif était trop lourd, et contrairement à son adjoint, lui ne comprenait pas l’avantage que cela pouvait représenter dans la situation actuelle. C’était un refus assuré. En plus de cela il avait donné plus d’informations qu’il n’en fallait pour se faire battre. Qu’est ce qui lui passait par la tête ? Il se tourna vers Claire, prêt à s’excuser pour ce que James venait de lui proposer et surtout pour l’inviter à s’en aller si elle le souhaitait. Mais rien ne sortit de sa bouche. Au dernier moment, de manière totalement absurde, Connor envisagea que s’il réussissait à la convaincre de travailler avec eux… Cela impliquerait qu’il serait amené à la revoir. Alors il se tût, la détaillant de nouveau, au supplice. @Claire Henderson |
| | | | (#)Ven 30 Sep 2022 - 11:25 | |
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I CAN’T BELIEVE YOU’VE LET ME DOWN BUT THE PROOF’S IN THE WAY IT HURST. with Connor Myers
Claire n’a jamais été de ceux acceptant de se faire dicter quoi faire. Ou même à prêter une oreille attentive à quiconque serait pris d’une envie de lui faire la morale, ou même lui prodiguer de simples conseils. Elle est un tantinet têtue, ce qui ne lui réussit pas forcément toujours mais elle l’assume pleinement. Pour autant, à cet instant, les paroles de sa mère ne cessent d'aller et venir dans son esprit. Son visage lui apparait clairement. “Tu ne peux pas éternellement faire semblant. A un moment, il faut accepter et faire face” qu’elle lui avait dit alors que la jeune femme lui avait annoncé que c'était fini avec Connor. Parce que Claire comme à son habitude a prétendu que tout allait bien. Qu’elle avait laissé leur histoire derrière elle et qu’elle n’avait pas besoin d’en savoir plus. Naturellement, sa mère a voulu savoir ce qu'il s'était passé entre les deux ex-fiancés. Mais à cela, Claire n'a su quoi répondre. Et aujourd'hui encore, elle n'en est pas encore certaine du pourquoi. Elle a alors prétexté qu'ils en avaient décidé ainsi ensemble... Ce n'est pas vrai, mais ça lui a au moins permis de mettre fin à la conversation. Sa mère n'y a jamais cru, elle en est certaine. Mais elle n'aurait certainement osé lui porter un jugement. Après tout, elle aussi a préféré fuir lorsque la vie auprès de son ex-époux lui était devenu invivable. Peut-être même que Claire ne fait que suivre les pas de sa mère. Elle ne regrette pas d'être parti sans demandé son reste et d'avoir tout bonnement tourner le dos à son histoire avec Connor sans chercher à comprendre, à en savoir plus. Ce n'est pas l'envie de savoir le pourquoi de ce revirement de situation qui lui avait manqué à ce moment là. Loin de là. Claire se l'est d'ailleurs demandée à mainte reprises, plus à elle même. Mais elle a toujours su qu'au final, cela ne changerait rien à la situation sauf peut-être à lui apporter un peu plus de peine qu'elle n'en avait déjà. Connor a souhaité mettre un terme à leur histoire - ce simple fait lui était suffisant. Claire a alors pris soin d'effacer toute trace de son ex dans sa vie. Du moins, elle a essayé. Parce qu'elle réalise à cet instant, alors que Connor est installé de l'autre côté de la table, que sa naïveté l'a encore dupée. Elle a encore étendu ce voile opaque devant ses yeux, lui faisant croire que sa stratégie pouvait fonctionner. Elle a encore joué des tours à son esprit. Sa naïveté, lui avait fait croire, que tout était en effet fini. Qu'elle n'en viendrait plus à le croiser. Que le temps aurait fini par avoir raison d'eux. Raison de leur passé. Sa naïveté, elle lui a fait croire que tourner le dos au passé était le remède au problème. Mais un problème, reste un problème si l'on en trouve pas la solution finale. Claire aurait dû le savoir. Qu'accepter la situation sans vraiment la comprendre, sans rien dire, n'était pas une fin convenable. Encore moins pour elle. Mais Claire, ce que sa naïveté ne lui a pas dit, c'est que tout finit par se payer. Qu'une histoire est condamnée à se répéter sans cesse si elle ne trouve pas la fin adéquate.
La jeune avocate sort de sa rêverie lorsque James s'adresse enfin à elle. Elle ne sait pas s'ils ont remarqué son absence ou même combien de temps est-elle restée ainsi dans ses pensées. Elle l'écoute mais ne répond rien - lui laisse-t-il même l'opportunité de dire non. La question de James n'en est pas réellement une. Claire se demande bien de quoi il aurait envie de parler avec elle, seuls à seuls. Elle ose jeter un regard en coin à son ex, se demandant s'il ne serait pas à l'origine de cette requête. Toutefois son expression laisse deviner qu'il en sait tout aussi peu qu'elle. Cela ne l'empêche cependant pas de demander à M. Wilson de quitter la pièce afin de leur permettre de discuter. Claire écarquille les yeux, choquée une fois de plus par l'audace de Connor. Il s'agit après tout de son client, de ses locaux ; sous-traitant de Myers Prospecting ou non, cela n'a que peu d'importance pour elle. Elle ferme les yeux un court instant se jurant intérieurement de ne rien dire de plus. Plus vite elle aura fini, plus vite elle pourra partir. Mains jointes devant elle et coudes posés sur la table, elle pose son regard sur James, attentive. Au fur et à mesure qu'elle l'écoute, Claire sait déjà où il veut en venir. Pendant un court instant, elle se demande s'il s'agit d'une caméra cachée. D'une mauvaise blague qu'on essaye de lui tendre. Lorsqu'il finit, Claire reste silencieuse, attendant la chute. Mais aucun des deux hommes ne semble amusé de la situation. Ce n'est donc pas une blague. “James...” Elle s'arrête un court instant, comme cherchant ses mots. “Je ne crois pas qu'il soit nécessaire que cette discussion se poursuive plus longtemps... Je ne souhaite pas travailler pour votre entreprise” Elle le dit calmement, soutenant toujours le regard de l'homme devant lui. “Je vous remercie toutefois pour cette offre bien que je me demande si vous vous êtes réellement concertés avant de me faire cette proposition” qu'elle répond d'un ton détaché. Mais ils n'ont pas besoin d'être de fin perspicaces pour sentir cette once d'ironie qui ponctue ses mots... Elle ne lui laisse toutefois pas le temps de répondre qu'elle enchaine, tout en s'adossant un peu plus à son siège. “Je peux toutefois vous rediriger vers un collègue qui saura mieux vous aider. Il y a de très bons avocats à Brisbane... Je ne souhaite pas être liée à Myers Prospecting pour des raisons personnelles... Soyons réaliste, c'est mieux ainsi pour vous comme pour moi, n'est-ce pas..” Cette fois-ci Claire se tourne vers Connor. S'adressant plus à lui qu'à James. Elle le regarde sans expression particulière, si ce n'est le même regard toujours froid et distant. Elle la sent au fond d'elle, sa vieille amie la colère, qui manque de la consumer. Elle se demande s'il est en réalité à l'origine de cette proposition. Cela n'a pas de sens. Elle soutient toujours son regard. “Si vous avez quelque chose à ajouter, sur un quelconque point, ne vous gênez surtout pas. Autrement s'il n'y a plus rien d'autre à dire, je dois m'en aller” Elle l'ajoute. Juste au cas où. Parce qu'à cet instant Claire en a un peu marre de tourner autour du pot. Elle aurait voulu sourire pour mieux lui faire comprendre qu'elle est indifférente. Que cette situation ne l'affecte en rien. Mais Claire ne peut pas. Parce que cette situation, elle, Connor, assis dans la même pièce, lui embrouille les idées et la rend plus vulnérable. Elle ne sait pas ce qui se trame entre les deux hommes et ne veut pas en entendre plus. Elle aurait espéré pouvoir l'éviter. Ne pas avoir à lui parler. A peine leurs regards se sont-ils croisés que l'engrenage de cette machine s'est remis en route. Celle de la douleur. Celle qui se trouve là, dans son coeur. Celle qui s'est logée définitivement dans leur histoire... Claire l'observe toujours, attendant une réponse qui n'arrive pas. Ce silence oppressant la met mal à l'aise. Le sent-il aussi? "
@Connor Myers
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| | | | (#)Dim 2 Oct 2022 - 13:05 | |
| Connor se sentait perdu, comme s’il manquait une pièce du puzzle. La voir devant lui, à l’instant même, était presque dérangeant. Une manière de lui rappeler que quelque chose clochait. Sa psyché semblait s’être mise encore plus intensément en position défensive, comme si elle souhaitait lui cacher quelque chose, le protéger de ce qu’il ne pouvait pas gérer. Connor avait, lui aussi, fui la confrontation. Il fut même certainement le premier à la fuir. Un véritable choix cornélien, dans son sens le plus tragique, s’était imposé à lui deux ans auparavant. Choisir son histoire d’amour avec Claire et devoir supporter toute sa vie la culpabilité d’être le bourreau de sa mère, ou choisir sa famille et subir le regret perpétuel d’avoir perdu son âme-sœur, celle qui aurait pu le rendre heureux. Tel Rodrigue exposant son dilemme « L’un m’anime le cœur, l’autre retient mon bras. Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme, ou de vivre en infâme ». Mais Connor n’était pas un héros tragique. Aucun roi ne viendra lui donner la main de Claire à la fin de cette pièce ridicule. Il était parfaitement humain. Il choisit le devoir filiale, inconscient de la manière dont il allait devoir assumer cette décision. C’est contraint qu’il s’était donné corps et âmes dans ce qu’on avait toujours attendu de lui, vendant une partie de son libre arbitre pour enfin entrer dans le costume qu’on lui avait taillé. Il n’a jamais fait face à sa tristesse, complètement terrorisé par le manque de contrôle qu’il avait sur elle. Pourtant elle était bien là, sans qu’il ne s’en aperçoive et elle se transformait. Elle était sous-jacente, prête à bondir. Alors il avait développé des stratégies d’évitement, afin de supporter l’irréconciliable, se persuadant que le travail l’aiderait à apaiser ses états d’âmes et que le devoir donnerait un sens à sa vie. Pourtant la douleur était bien toujours là, même s’il l’ignorait, et elle le rongeait à petit feu.
Depuis le départ de Wilson, il devenait mal aisé de garder son masque habituel d’homme d’affaires. Ils restaient pourtant dans un contexte professionnel, mais les enjeux pour lui semblaient avoir pris une autre dimension. Il avait le regard fixé sur la gorge de l’avocate, vide et cette fois-ci parfaitement concentré sur ce qu’elle allait répondre. Ses pensées parasites se turent l’espace d’un instant, laissant seulement entendre les tonitruants battements de son cœur.
Et puis elle refusa. Il ne réussit pas à empêcher un sourire ironique de se dessiner sur ses lèvres. Il ne se moquait pourtant pas d’elle. C’était de lui-même dont il se moquait. Comment avait-il pu espérer une autre issu ? Il se sentit bien ridicule quand il se rendit compte de sa déception. Il se pensait pourtant résigner. Jamais l’espoir, ce sentiment perfide, ne l’avait traversé jusqu’à présent. Il lève tout de même les yeux vers elle et perd bien vite son semblant de sourire en tombant sur les siens et en l’entendant. « Je ne souhaite pas être liée à Myers Prospecting pour des raisons personnelles... Soyons réaliste, c'est mieux ainsi pour vous comme pour moi, n'est-ce pas.. ». Bien sûr, que s’était-il imaginé ? Son désir et son affection ravivés l’aveuglaient. Cette situation ne serait pas enviable, même pour lui. Il était incapable de penser correctement en sa présence, comme actuellement, et elle lui donnerait inévitablement envie de plus. Or, la situation n’avait pas changé et il se trouvait en face d’une femme qui ne devait plus ressentir pour lui qu’horreur et répugnance. Il ne savait pas s’il serait prêt à le constater de nouveau.
Il n’avait plus envie d’être ici. Il ne pouvait pourtant pas détourner le regard et le gardait planté dans le sien, bien qu’il n’eût toujours rien à ajouter. Son cœur et son ventre se serraient. Le rapport de force s’était inversé. Plus la détermination de Claire semblait grandir et plus celle de Connor tombait. Il ne bougea pas pour autant. Partir signifiait dire au revoir pour de bon. Quel paradoxe.
C’est ce moment que choisi James pour se râcler la gorge. La tension dans la pièce était palpable et lui s’y trouvait mêlé presque malgré lui, ayant préféré garder le silence. Il remonta ses lunettes sur son nez, visiblement très gêné de se retrouver entre les deux ex-amants. Il ouvrit l’un des dossier devant lui et regarda un instant la feuille devant ses yeux. James semblait avoir prévu ce cas de figure, pourtant tout semblait laisser penser qu’il hésitait à présent à aller jusqu’au bout de sa démarche. Il regarda en coin Connor à plusieurs reprises, puis l’avocate. Il se lança finalement et glissa la feuille qu’il regardait vers cette dernière.
- J’ai juste une chose à ajouter. Je pense que ceci pourrait vous intéresser. Monsieur Logan Myers a constitué un dossier sur vous il y a de ça au moins quatre ans, et ça n’a apparemment pas de rapport évident avec Connor. Les fichiers sont malheureusement cryptés pour la plupart mais vous pouvez voir la liste et une partie de leur nom sur la feuille que je viens de vous passer. Je vous laisse y réfléchir et revenir vers moi si vous voulez en savoir plus, tenez ma carte.
L’homme se pencha comme il put sur la table pour tendre sa carte à l’avocate malgré ses petits bras. La liste qu’il venait de lui donner contenait surtout des noms de fichiers, notamment de deux clients pour lesquels l’avocate avait plaidé entre 2017 et 2019. Le nom des images était également bien souvent de simples dates ainsi que des horaires. L’un des derniers fichiers était un enregistrement pesant assez lourd et dont le nom n’apparaissait pas. James se tourna par la suite vers son patron, visiblement désolé et le suppliant du regard de ne pas réagir impulsivement.
Connor resta le regard planté à l’endroit où la feuille se trouvait quelques secondes plus tôt, les sourcils froncés. Il se sentit trahis. Il savait que beaucoup de gens de son entourage cherchaient à le manipuler mais il n’aurait jamais pensé son adjoint capable de ça. La raison de leur présence ici et de cette proposition était donc ce fameux dossier. Qu’est-ce que ça signifiait ? Il ne se serait jamais déplacé s’il savait les réelles motivations derrière toute cette mascarade. Et pourquoi son père avait enquêté sur Claire ? Est-ce que tout ça avait un rapport avec la réunion d’aujourd’hui ? Pire, est-ce que ce dossier avait un rapport avec son opposition à leur union ? Il avait envie de vomir. Il ne savait plus quoi croire, se sentait comme un simple pion. Ses mâchoires se contractèrent et il se leva brutalement de sa chaise. Il contourna la table pour se rapprocher de l’avocate, la surplombant de son mètre quatre-vingt-dix, puis se pencha pour reprendre la feuille que James avait glissé vers elle. Il la déchira à plusieurs reprises nerveusement et la lança retombée sur la table. Il était absolument hors de question pour Connor qu’elle soit mêlée plus qu’elle ne l’était déjà aux machinations de sa famille. Il baissa son regard vers elle, qui n’était maintenant plus qu’à moins d’un mètre de lui, et dit :
- Je suis désolé Claire. Il n’y plus rien à dire, on ne t’embêtera pas plus.
Il appuya son regard sur elle, prêt à ajouter quelque chose mais se ravisa et ferma les mâchoires rageusement. James derrière lui s’était contenté de soupirer et de baisser la tête. Il ne lança même pas un regard à son collègue et prit la porte de la salle de réunion, comme si le diable était à ses trousses. @Claire Henderson |
| | | | (#)Lun 10 Oct 2022 - 12:17 | |
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I CAN’T BELIEVE YOU’VE LET ME DOWN BUT THE PROOF’S IN THE WAY IT HURST. with Connor Myers
Et si tout ceci n'était qu'un stratagème de plus ? Une ruse bien pensée, bien réfléchie d’avance. Cette question trotte dans l’esprit de Claire depuis le moment où James lui a présenté cette proposition qu’elle a encore du mal à croire. En effet, il serait tellement plus facile de penser qu’il s’agit en d’un coup monté par son ex fiancé. Autrement, Claire a du mal à réellement comprendre la démarche du chef d'entreprise. Mais à quoi bon? À quelle fin Connor lui tendrait-il un tel piège? L’avocate ne saurait trouver la réponse à cette question. Quelle raison aurait-il au final de lui faire une telle proposition? Travailler ensemble est une mauvaise idée autant pour lui que pour elle. Ce n'est un secret pour personne, pas même pour James. Claire ne le montre pas mais elle est à la fois perplexe et confuse. La jeune femme reste toutefois sur ses gardes, prête à encaisser tous les coups. Après tout, Connor pourrait la surprendre une fois de plus, peut-être pour le pire. Mais cette fois, elle serait prête à faire face.
Son refus ne devrait pas être une surprise, pour aucun des deux. Qu’auraient-ils pu bien espérer? Qu’elle accepterait leur proposition? Qu’ils se rencontreraient par la suite autour d’un café afin de discuter des dossiers en cours? Qu’ils iraient prendre ensemble l’apéro après une longue journée de travail? Claire sourit imperceptiblement à cette pensée, un sourire qui cependant n’atteint pas ses yeux. Connor pense-t-il réellement qu'elle ferait comme si de rien était, comme si l'ombre de leur histoire passée n'est pas là, derrière eux, les surplombant sans cesse? Impossible. Claire le connait - du moins connaissait - suffisamment bien pour savoir que cela ne lui ressemble pas. Il est plutôt réaliste dans son genre. Il doit certainement avoir d'autres raisons, qu'elle espère découvrir bien vite. À cet instant, l’avocate a retrouvé un peu de son assurance. Le regard toujours porté sur Connor, elle ne lâche pas. D’une part pour lui montrer qu’elle n’a pas l’intention de céder. D’autre part pour tenter d’y trouver une réponse, une explication a tout ceci. Mais jusqu'ici en vain. C'est James qui finalement brise le silence. Claire aurait pensé qu'ils en resteraient là après son refus. Qu'ils n'insisteraient pas. Qu'ils comprendraient qu'elle n'a nullement l'intention de négocier plus que nécessaire. Mais James ne semble pas disposé à lâcher l'affaire de si tôt. "...Monsieur Logan Myers a constitué un dossier sur vous il y a de ça au moins quatre ans…" Claire fronce les sourcils. Un dossier sur moi pour quoi faire, qu’elle pense. Elle n’a pas le temps de poser sa question que James fait glisser une feuille devant elle. La jeune femme baisse le regard sur le morceau de papier sans pour autant le toucher. Des noms, des dates. Elle n'y comprend rien. Son regard s’arrête brièvement sur quelques noms familiers mais elle a du mal à se rappeler clairement où est-ce qu'elle les a vu auparavant. D'anciens dossiers? Elle est surprise, un peu déstabilisée en réalité. Elle se demande pour quelle raison le père de Connor aurait-il constituer un dossier sur elle. Elle n’a jamais travaillé pour ou avec lui, ni de près ni de loin. Elle n'a d'ailleurs jamais été réellement proche de lui. Claire a toujours su qu'il ne la portait pas vraiment dans son coeur et pour cette raison elle a toujours maintenu ses distances et s'en tenait au strict nécessaire. Connor a toujours été leur unique lien. Elle ne comprend donc pas d'où sort tout ceci mais réalise petit à petit que cette réunion est en réalité bien pire que ce qu’elle imaginait initialement. Elle accuse le coup. Son regard se porte tour à tour sur Connor puis sur James, trahissant toujours sa surprise. Peut être ne connaît-elle pas son ex aussi bien qu’elle le pensait finalement. James glisse en même temps sa carte de visite à côté de la feuille. Claire lève les yeux vers l'homme, le regard plein d'incompréhension. Essaye-t-il donc de la faire chanter? Elle a à peine le temps de poser sa question que Connor se lève brusquement de sa chaise, ce qui la fait sursauter imperceptiblement. Et Claire se tend malgré elle, lorsqu'elle le voit s'approcher. Elle se garde de le regarder mais elle n'a pas besoin de le voir pour sentir sa présence lorsqu'enfin il s'arrête juste à côté d'elle. Il ne dit rien et se contente de déchirer la feuille que Claire n'avait pas encore terminer de parcourir. Elle lève les yeux vers lui. Cette fois-ci, son coeur rate un battement. Parce qu'elle n'était pas prête à le voir si près d'elle. Ses muscles se tendent un peu plus. "Je suis désolé Claire. Il n’y plus rien à dire, on ne t’embêtera pas plus." Tout d'abord, c'est la confusion. Puis Claire écarquille les yeux à mesure que les mots prennent sens. A nouveau, son regard se porte tour à tour sur James puis sur Connor. Elle comprend enfin. James a agi de son propre chef. Quelque soit leur entente initiale avant d'entrer dans cette salle, la dernière démarche de James concernant le patriarche Myers ne faisait pas partie de leur accord. Et Claire parvient à lire les traits de Connor et y voit sa frustration, peut-être même sa colère. Elle détourne le regard, gênée et un peu perdue. Elle ne sait ni quoi répondre, ni quoi tirer de la situation présente. Et Connor s'éloigne finalement sans un mot de plus. La situation ne pourrait être on ne peut plus étrange. Ce n'est peut-être pas plus mal que cette discussion soit enfin terminée. Et pourtant sans prévenir, Claire se lève de sa chaise, prenant à son tour la porte de la salle. Pourquoi marches-tu dans sa direction alors? Pourquoi ne fais-tu pas demi-tour pour l'éviter? que lui demande son subconscient, et à juste titre. Après tout ce qu'il s'est passé entre eux. Après ce qui vient de se passer aussi, peut-être est-ce la solution la plus sage. Mais Claire ne réfléchit pas trop au pourquoi ou au comment. Ses jambes la guident et semblent être maitresses d'elles-même. D'un pas décidé, elle traverse le long corridor et avance vers lui alors qu'il entre dans l'ascenseur. L'a-t-il seulement vue arriver? Les portes sont sur le point de se refermer. Prêtes à se refermer sur cette vision tout droit venue du passé. Et peut-être qu'il devrait en être ainsi. Mais Claire passe la main dans l'ouverture. Les portes s'ouvrent. Elle se tient alors debout devant lui, ne sachant pas par où commencer. Elle le regarde longuement mais ne parle pas. Peut-être parce que l'écho de la conversation passée est encore bien trop distinct. Après quelques secondes, elle sort enfin de son mutisme. "C'est donc de cela qu'il s'agissait depuis le temps? ...des histoires de ton père?" qu'elle demande simplement. Peut-être qu'il ne comprendrait pas tout de suite sa question. Mais elle ne sent pas le besoin de s'expliquer davantage. Car au final, elle se dit qu'il doit comprendre sans qu'elle ait besoin d'en dire plus. A son regard. A ses silences. Parce qu'après tout ce temps, c'est finalement la seule chose qu'elle réclame de lui. Une explication. Une raison. De la lumière sur toute cette histoire. Logan Myers avait-il finalement joué un rôle dans leur histoire? Ce dossier secret est-il à l'origine de tout. "Je ne comprends pas" qu'elle ajoute, finalement plus pour elle-même, l'air un peu plus perdu. Elle n'a jamais compris. Mais aujourd'hui, passé le choc d'avoir vu à nouveau Connor après deux ans, elle demande enfin son dû. Elle s’était pourtant jurée de ne jamais revenir dessus, de laisser passer tout simplement. A croire que le simple fait d’être en face de lui, a balayé en quelques instants toutes ses bonne résolutions. C’est une bataille intérieure à laquelle se livre l’avocate. Taking the high road... Plus facile à dire... Elle finit par soupirer, fermant les yeux un court instant comme pour tenter de retrouver ses esprits. Le bip sonore provenant de l’ascenseur vient finalement la sortir de ses pensées, lui rappelant que l’appareil est retenu plus longtemps que nécessaire. Claire secoue imperceptible la tête avant de poser sa main sur son front, les yeux fermés. A nouveau, elle soupire longuement avant d'ouvrir les yeux. "M’enfin, peu importe… je ne sais pas à quoi rime ce de dossier que ton père aurait sur moi... si quelque chose se prépare contre moi, j'espère que tu pourras m'en aviser à l'avance" Elle ponctue sa phrase par un long regard, avant de faire un pas en arrière laissant enfin le champ libre aux portes de se refermer, enfin. Elle semble avoir retrouver sa sérénité. Sérénité de façade. La carte de James toujours dans la main, elle se promet d'en rester là, pour l’instant.
@Connor Myers
END.
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| | | | | | | | why don’t you be you, and I’ll be me (connor & claire) |
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