Bellamy frétillait comme un gosse, sa grand-mère lui mit une tape sur l’épaule pour qu’il cesse de bouger alors qu'elle appliquait les dernières retouches costume - cela fonctionna une poignée de minutes. Jimin finit par soupirer et annoncer qu’elle avait terminé, aelors Bellamy entreprit de se regarder sous tous les angles, grand sourire étirant ses lippes avec ravissement alors que la lumière du plafonnier faisait étinceler le tissu. “Mamie, t’as géré, déclara-t-il avec un hochement de tête admiratif. Il croisa le regard de sa grand-mère dans le miroir et lui sourit. Ça va être le plus beau costume de la soirée,” ajouta-t-il en claquant un bisou sur la joue de la dame. Elle protesta pour la forme et réajusta le col de la veste de son petit-fils. “Oui oui, ben va pas me l’abimer non plus.” Bellamy tritura les lacets qui pendaient de son corset, grand sourire aux lèvres. “Mais non, tu me connais.” Il abandonna les lacets pour triturer le col de la veste tout juste remis en place. “C’est bien le problème,” Bellamy lui coula un (faux) torve et jeta un œil à son téléphone. “Ok c’est l’heure j’y vais,” annonça-t-il non sans s’arrêter pour prendre un selfie devant le miroir. Mamie secoua la tête en maugréant au sujet de ces jeunes, Bellamy l’ignora royalement et fila enfiler ses chaussures ; il n’eut pas le temps de mettre un pied dehors que sa grand-mère claquait la langue. “T’oublierais pas quelque chose ?” Son téléphone ? Ses clés ? Sa carte d’identité ? Son masque ? Son - “Oh ma petite mamie !” s’exclama-t-il en s’apercevant de l’erreur. Il revint sur ses pas, embrassa sa grand-mère qui lui souhaita une bonne soirée, et il partit.
Dans le bus, Bellamy regarda les photos qu’il venait de prendre, zooma autant que le téléphone le permettait pour voir comment le costume lui allait : franchement bien si on voulait son avis, un peu moins si l’on en croyait les regards des gens. Cela venait du corset, ou des cheveux roses attachés en queue de cheval, ou du bleu-vert iridescent de la tenue - costume de grandes occasions récupéré dans l’armoire de son grand-père que mamie avait eu la gentillesse de retoucher aux mesures de Bellamy. Il posterait peut-être une photo plus tard.
Arrivé devant les lieux, Bellamy retrouva deux de ses collègues préférées avec qui il avait prévu de passer la soirée ; il enfila son masque (vénitien, ne cachant que la moitié du visage - pas que cela était vraiment nécessaire quand on avait des cheveux aussi reconnaissables que les siens) et le petit groupe s’engouffra à l’intérieur du bar privatisé.
Ce n’était pas vraiment le genre d’évènements auxquels Bellamy avait l’habitude de se rendre : c’était grand, c’était beau, tout le monde était bien habillé et sur le bar, les alcools n’étaient certainement pas la vodka cheap qu’il avait l’habitude d’acheter. Pour un peu, il ne se serait pas senti à sa place entre ces murs, mais lui aussi était bien habillé, il se fondrait très bien dans le décor.
Ses collègues et lui eurent tôt fait d'aller se chercher un verre, Bellamy constatant avec plaisir que pour une fois, l'alcool était vraiment bon. Ils restèrent à discuter sur une banquette, la conversation étant à un grand blond masqué que tous trois étaient certains d'avoir déjà vu mais qu'aucun n'arrivait à replacer (Henry du service marketing ? Paul de la com ? Gunter des ateliers ?) Bellamy avait été trop occupé à fixer l'individu pour se souvenir qu'il avait un verre à boire, ses amies en revanche avaient déjà descendu les leurs et Bella se proposa d'aller leur en chercher de nouveaux. C'est que ça l'arrangeait, il avait vu plein de cocktails qu'il voulait tester et plein de personnes qu'il voulait saluer.
Il se fraya donc un passage jusqu'au bar, retardé un nombre incalculable de fois par la nécessité de s'arrêter pour parler à ses collègues qu'il reconnaissait même masqués à force de les croiser sans cesse dans les couloirs des bureaux. Lorsqu'enfin il arriva, Bella récupéra trois verres et se retrouva embêté parce qu'il n'avait pas assez de mains. Les boissons furent tenues en équilibre précaire sur le chemin du retour, Bellamy distribuant des "attention !" à qui reculait sans regarder et menaçait de lui foncer dedans. Son attention fut attirée par quelqu'un qui lui faisait signe, Bella en perdit sa concentration et oublia qu'il n'était pas seul, manqua de foncer dans quelqu'un et l'évita de justesse sans pouvoir éviter que le contenu des verres ne lui trempe les mains. Au moins, aucune goutte n'était à déplorer sur les fringues de l'obstacle sur son chemin, ni sur son propre costume (mamie ne le tuerait pas de sitôt.) "Oups pardon, glissa-t-il sans oublier l'irrésistible sourire d'excuse qui allait avec. Il croisa le regard de l'autre homme, eut un moment de latence où les yeux lui dirent quelque chose sans qu'il ne sache trop quoi, et puis - oh. Ça c'est le destin," déclara-t-il avec un grand sourire. Le destin était cool, Bellamy s'était toujours bien entendu avec.
Il ne ferait pas plus d’efforts que nécessaire. Les couleurs et les paillettes, ce n’était pas sa tasse de thé. À plusieurs reprises, Madison avait insisté à la boutique de costumes pour que son frère essaye un habit extravagant et hors de sa zone de confort mais il avait à chaque fois refusé en ridiculisant tout ce qu’elle lui tendait. « On aurait dit une corneille malade. » Il avait marmonné quand elle lui avait présenté un masque ceinturé de plumes noires. « Berk, tu me vois vraiment me trimbaler avec un costume de lapin ? » ll avait grimacé quand elle lui avait pointé un costume blanc décoré de fausse fourrure aux extrémités. Son choix s’était arrêté sur un masque vénitien noir et doré et un costume partiellement décoré d’or, lui aussi. « Tu es un cliché, Archie. » Avait marmonné sa sœur en le voyant sortir fièrement en compagnie de son sac rempli de ses récents achats exorbitant. « Et j’assume totalement, petite souris. »
De toute façon, quand il avait appris le thème de la soirée, il avait presque décidé de changer de plan. Mais la possibilité de rencontrer de nouveaux clients fortunés l’avait encouragé à se rendre à cet événement masqué même s’il ne se sentait pas totalement dans son élément, ainsi accoutré. À l’école, Archie était celui qui ne se costumait pas par esprit rebelle. Il lui arrivait parfois de se parer de cornes de diable ou d’un peu de maquillage horrifique dans le visage mais il ne faisait pas plus d’efforts. De toute façon, jeune, il se rendait aux soirées d’Halloween dans le simple but de profiter de l’alcool gratuit et des jolies filles déguisées en pompière sexy ou en innocente petite chatte (pas si innocente que ça).
Arrivé sur les lieux, il jette un coup d’œil dans le rétroviseur de sa Tesla noire afin de s’assurer que son masque est bien placé. Il gémit une sorte de plainte en le soulevant pour venir gratter son front qui le démange, puis il finit par abandonner la lutte qu’il ne pourra de toute façon pas gagner. Pour la première fois de sa vie, il n’attire aucunement les regards quand il pénètre dans l’établissement où se déroule la soirée masquée et c’est tant mieux : il préfère que les yeux se tournent vers ceux qui arborent de géantes plumes néon. Il donne son nom à la réception, se fait accueillir par un chaleureux sourire qu’il rend à moitié, puis entre dans la salle principale. Ainsi, plus discret qu’à l’habitude, il se dirige automatiquement vers le bar pour se commander une première consommation gratuite. Son regard de faucon ne cesse pas de sculpter les alentours à la recherche de visages connus mais il se voit confronté à un problème plutôt important : il ne reconnait presque personne derrière tous ces masques. Grrrr. Il va devoir approcher les groupes pour entendre les noms et croiser les doigts pour reconnaître ceux d’importants chefs d’entreprise.
Sirotant son gin tonic, il remarque un petit groupe d’hommes habillés plus formellement, eux aussi. Leurs costumes ne détonnent pas et leurs masques sont aussi discrets que celui d’Archie qui, naturellement, s’approche d’eux comme un requin ayant flairé une proie en détresse. Son cœur fait un bond dans sa poitrine quand il reconnait le puissant CEO d’une compagnie d’appareils électroménagers ventant des produits révolutionnaires. Il sent discrètement son haleine (ouais ça sent le gin et la lime) avant de faire un pas en sa direction mais est aussitôt intercepté par un lunatique qui ne regarde pas où il met les pieds. Archie lâche une insulte en soulevant les mains pour éviter de tacher son costume neuf et ses yeux noirs et importunés se posent sur le responsable de cette collision.
Le problème, c’est qu’il reconnait aussitôt sa chevelure rose bonbon ainsi que le sourire désolé qu’il lui offre derrière sa moitié de masque. « Ça c'est le destin. » Lance l’autre, ayant visiblement reconnu Archie qui, pourtant, ne pensait pas se démarquer aussi facilement. « Yep. Mais le destin avait prévu quelque chose d’autre. » Il fredonne en serrant les dents avant de jeter un coup d’œil en direction du CEO qu’il voulait intercepter. Il réalise bien rapidement que ce dernier s’est envolé sans laisser de traces. Super. « Urgh. » Il soupire ensuite, visiblement contrarié d’avoir loupé sa chance de faire une première impression à un homme qu’il admire considérablement. Seulement, il se rappelle bien assez tôt que Bellamy ne connait pas son travail et qu’il préférerait que cela reste ainsi. C’est pour cette raison qu’il pousse la conversation en son sens à lui, insistant pour que ce soit l’autre garçon qui explique la raison de sa présence à cet événement. « S’il y avait un endroit où je n’aurais jamais pensé te croiser, c’est bien ici. » Il marque une pause, esquisse un faux sourire puis ironise, déjà effrayé à l'idée de le revoir : « Quelle surprise. »
Bellamy n’était pas physionomiste - enfin, il ne l’était pas moins que n’importe qui, sa capacité à se concentrer suffisamment sur quelqu’un pour mémoriser son visage et s’en souvenir plus tard était seulement très limitée. Quand il avait passé un bon moment à fixer son attention sur quelqu’un cependant, aucune chance que les traits de son interlocuteur lui échappent, comme maintenant alors que malgré la lumière fluctuante et le masque, il eut d’abord le sentiment qu’il connaissait le type en face de lui, puis après une poignée de secondes, son cerveau reconnecta ses synapses et remit une identité sur l’inconnu.
C’était A, qui avait foutu un vent monumental à Bellamy qui n’y avait plus repensé depuis, mais maintenant qu’il l’avait devant lui, dans une soirée où il n’aurait jamais cru le croiser par hasard, Bella était certain que ce n'était pas une coïncidence. Quelles étaient les chances de le revoir ? De le revoir ici ? Est-ce qu’il avait trouvé le job de A ?
“Yep. Mais le destin avait prévu quelque chose d’autre. Bellamy ne savait pas trop ce qu’il voulait dire, il suivit son regard, ne vit rien que les autres invités costumés alors ses iris revinrent se poser sur A. S’il y avait un endroit où je n’aurais jamais pensé te croiser, c’est bien ici. Quelle surprise.”
Etait-ce une moquerie ? Une insulte ? Un constat ? C’était débattable d’après Bellamy, mais il avait l’habitude des remarques de cet acabit - sa vie académique et professionnelle semblait être un sujet hilarant pour tous ceux qui en entendaient parler. Il ne voulait jamais trop s'y attarder, cela le rendait self-conscious et triste, alors il fit ce qu'il faisait de mieux, il ignora.
“Je sais, jsuis surprenant, he preened with a shrug. Ses iris balayèrent la silhouette d’A, il esquissa un sourire narquois. T’as pas fait d’effort,commenta-t-il d’un air détaché. Pas qu’il trouvait que ça ne lui allait pas, au contraire - Alors monsieur le mafieux, t’es venu repérer les prochaines personnes que tu vas extorquer ?” demanda-t-il ensuite, risette taquine au coin des lèvres alors qu’il entendait du coin de l’oreille une discussion stérile sur les meilleurs moyens d’accroître ses profits. Définitivement, Bellamy préférait traîner du côté du petit personnel qui avait reçu une invitation, au moins, on y parlait de sujets attractifs et pas du cours de la bourse.
Ce n’est pas Bellamy qu’il déteste : c’est les émotions que le jeune homme lui fait ressentir. Il l’a complimenté sans savoir qu’il avait beaucoup de matériel à offrir. Sans le savoir, il a réussi à creuser dans un cœur pétrifié pour y planter une petite graine de reconnaissance. Depuis, cette dernière fleurit, hantant le jeune homme qui ne pensait pas pouvoir être ébranlé ainsi par une stupide fleur au fond de sa poitrine. Il le connait à peine, B, mais il a l’impression d’être complètement nu devant lui. Ses sourires l’intimident, son assurance naïve aussi, parce qu’il semble tellement plus heureux que lui. Il déteste les gens qui sont plus heureux que lui alors qu’ils ne font même pas l’effort de cacher certaines parts d’eux.
« Je sais, jsuis surprenant. » Et, s’il n’arrive pas à lui fermer la porte au nez comme il l’a fait virtuellement, c’est parce qu’il apprécie au fond de lui de revoir cette boule d’énergie rose à laquelle il a un peu trop pensé depuis cette parenthèse au bar le mois dernier. Plusieurs fois, il s’était imaginé une soirée durant laquelle il n’avait pas gerbé sur le mur juste avant de l’embrasser et, plusieurs fois, il s’était puni d’y penser en se pinçant. « T’as pas fait d’effort. » Son regard qui le balaie comme s’il était une toile au musée, ça lui plaît tout comme ça lui file la nausée. Et, cette fois, il n’a pas encore assez bu pour mettre la faute sur sa consommation excessive. « Et toi tu en as fait trop. » Il répond du tac au tac sans prendre la peine d’analyser son accoutrement. Il ne se permettrait pas de le regarder plus que nécessaire mais il remarque facilement ses manches amples et son costume épais. Il doit bien flotter dans plusieurs kilogrammes de tissu. « Tu vas choper un coup de chaleur là-dessous. » Il commente d’une voix taquine tout en laissant ses yeux balayer les alentours, toujours à la recherche du CEO qu’il voulait aborder quelques instants plutôt. Il essaye de se convaincre que rien ni personne ne l’empêchera de mener à terme son expédition mais il faut dire que Rose Bonbon prend beaucoup de place dans son champ de vision. « Alors monsieur le mafieux, t’es venu repérer les prochaines personnes que tu vas extorquer ? » Oh, c’est vrai, il avait presque oublié cette histoire de boulot illégal. Il vaut mieux pour Archie de se laisser emporter dans la danse pour éviter de révéler sa véritable occupation de millionnaire. « On ne peut rien te cacher. Mais je te demanderais d’en parler un peu moins fort s’il-te-plaît, j’ai vu un mec de la sécurité passer par ici il y a de cela cinq minutes, pas plus. » Il désigne du menton les nombreux verres posés en équilibre dans les mains de Bellamy : « Encore tes copines qui préfèrent les copines ? » Il demande innocemment juste avant de se racler la gorge ; pouah, qu’est-ce que c’est difficile d’aborder ce sujet sans frôler le coma éthylique.
“Et toi tu en as fait trop. Tu vas choper un coup de chaleur là-dessous.”
Bellamy scoffed - il était bien trop content de son costume sur-mesures pour considérer que ça puisse être autre chose qu’à la limite, de la jalousie.
“Tu dis ça parce que t’as pas pu en avoir un aussi bien, rétorqua-t-il avec son sourire narquois toujours en place. Ca c’est un fashion statement tu vois, le style avant la chaleur.”
A ne le regardait même pas et la pointe de frustration qui avait disparu depuis leur dernière rencontre se fraya un nouveau chemin jusqu’à sa poitrine. Bellamy n’aimait pas qu’on ne le regarde pas, il avait besoin d’avoir l’attention sur lui et peut-être qu’il craignait un peu qu’A trouve quelqu’un de plus intéressant à rejoindre en scannant la foule comme ça. Il reprit aussitôt la parole, des fois que le silence ne précipite ses risques d’être laissé pour compte.
“On ne peut rien te cacher. Mais je te demanderais d’en parler un peu moins fort s’il-te-plaît, j’ai vu un mec de la sécurité passer par ici il y a de cela cinq minutes, pas plus.”
Ca fit rire Bellamy ; il saisit l’opportunité pour se rapprocher légèrement, suffisamment pour pouvoir baisser le ton et être entendu de son interlocuteur.
“Tu me fais un peu trop confiance, je pourrais te dénoncer,” taquina-t-il.
“Encore tes copines qui préfèrent les copines ?”
Bellamy baissa les yeux sur ses trois verres, son corps choisit ce moment pour lui signaler qu’il avait les doigts engourdis et que sa prise était précaire.
“Non c’est des collègues, expliqua-t-il avant qu’une idée ne lui passe par la tête et qu’il ne pousse un de ses verres dans les mains d’A. Tiens, débarrasse-moi, dit-il, tout sourire mais ton sans appel. Techniquement, ses collègues n’attendaient pas sa tournée donc il pouvait la détourner et offrir un nouveau verre à A, tout comme il pouvait s’enfiler les deux cocktails restants sans qu’on ne lui en tienne rigueur. Dans son costume qui semblait tout sauf cheap, A n’avait vraiment pas l’air d’avoir besoin qu’on lui paye ses verres, mais Bellamy ne comptait pas son argent tant qu’il n’était pas saisi de panique à l’idée de ne pas finir le mois, ce qui n’arrivait absolument jamais au moment où il dépensait. T'as trouvé personne pour t'accompagner cette fois ?" A shame, Bellamy, lui, le suivrait bien partout si on lui demandait.
« Tu dis ça parce que t’as pas pu en avoir un aussi bien. » Oh, Bellamy, il aurait pu dénicher une perle rare de designer s’il avait voulu mettre plus d’effort dans ce costume. Seulement, il n’est pas venu à cet évènement pour faire des jaloux, plutôt pour engorger son compte en banque qui l’est déjà bien assez. Mais, ça, c’est un détail qu’il ne prendra pas la peine de partager avec le jeune homme. « Tu lis dans mes pensées. » Il dit d’une voix sarcastique, très peu enclin à lancer un débat de ce genre. « Ca c’est un fashion statement tu vois, le style avant la chaleur. » Il repose enfin ses perles bleues sur lui, observe enfin sa parure avec un peu plus d’insistance, puis acquiesce enfin en se cachant derrière son verre de gin. « Si tu le dis, Bellamy. » Ça rime. « Mais je ne me poserai pas de questions si jamais je vois les pompiers arriver en fin de soirée. »
Plutôt inventer des histoires insensées que de dire la vérité et complètement ruiner la façon dont Bellamy perçoit l’homme devant lui. Ce dernier s’approche, comme pour lui murmurer un secret. Leur proximité le fait ravaler sa salive. « Tu me fais un peu trop confiance, je pourrais te dénoncer. » Il a vu quelques films de mafieux dans sa vie, pas assez pour bien connaître le sujet, mais il arrive à improviser assez facilement : « Oui, mais tu sais bien que si tu me dénonces, j’enverrai mes hommes te jeter dans la fosse avant qu’on me jette en prison. » Il lui glisse un clin d’œil qu’il regrettera après : « C’est pas que je te fais confiance, c’est que je suis certain que tu tiens à ta vie, Rose Bonbon. » Si ce n’était pas le cas, il n’arborerait pas ce sourire sans jamais le lâcher, comme s’il était né avec.
Il remarque les trois verres dans ses mains et se doute bien qu’ils ne sont pas tous pour lui. Naturellement, Archie se demande s’il est encore avec les mêmes copines qui l’accompagnaient la dernière fois. L’une d’elles l’avait d’ailleurs épargné un sempiternel mal de cœur qui s’était finalement éteint une trentaine de minutes plus tard. Il apprend que l’alcool était réservé pour des collègues (collègues de quoi, il ne le sait toujours pas) mais Bellamy change d’avis et lui tend l’un des verres qu’il attrape avec sa main libre, se retrouvant lui aussi coincé avec deux consommations qu’il devra avaler. Heureusement, il lui en faut plus pour perdre la tête. « Quelle charmante attention. » Il dit, n’ayant pas l’habitude de se faire payer des verres. C’est lui qui sort son portefeuille habituellement afin de bien montrer sa carte de crédit diamant. « T'as trouvé personne pour t'accompagner cette fois ? » Il secoue la tête à la négative, plongeant ses lips dans son alcool pour se donner le courage de répondre. « Nope. Mais je ne suis pas venu pour chasser ces demoiselles, aujourd’hui. De toute façon, avec tous ces masques, je ne pourrais pas dénicher les plus belles. Je pourrais me faire surprendre demain matin. » Macho. Idiot. Il mourra écrasé par un van rempli de femmes, celui-là. Et il l’aura mérité. « C’est pas le genre de surprise que j’apprécie, tu vois ? »
“Tu lis dans mes pensées.” Et oui, Bellamy était trop fort - les gens n’avaient aucun secret pour lui. Il sourit avec tout le ravissement du monde, fut encore plus content lorsqu’il put enfin accrocher les iris d’A. Il ne voyait peut-être pas tout son visage mais le souvenir qu’il en avait était assez vif pour lui permettre de le reconstituer, et c’était peut-être une impression mais ses yeux n’en avaient l’air que plus perçants lorsqu'ils étaient cerclés d'or.
“Si tu le dis, Bellamy.”
“Tu te souviens de mon prénom,” nota-t-il avec une fierté à peine dissimulée par le ton taquin. Ce n’était pourtant pas un exploit, Bellamy aussi se souvenait très bien de comment son interlocuteur s’était présenté - il n’avait qu’une lettre à se rappeler, certes.
“Mais je ne me poserai pas de questions si jamais je vois les pompiers arriver en fin de soirée.”
Le grotesque de l’image arracha un petit ricanement à Bellamy, “peut-être que je t’appellerais toi, tu pourrais être utile même si t’es pas pompier, innuendo intended - puis il n’en savait rien de si A était un soldat du feu ou pas. Gangster, pompier, Bella ne savait même plus ce qui était le plus attrayant.
“Oui, mais tu sais bien que si tu me dénonces, j’enverrai mes hommes te jeter dans la fosse avant qu’on me jette en prison. Bellamy savait maintenant : mafieux gagnait le duel. C’est pas que je te fais confiance, c’est que je suis certain que tu tiens à ta vie, Rose Bonbon.”
“T’es de plus en plus menaçant, commenta-t-il avec un sourire en coin. Brève pause, son regard s'attarda un seconde de trop sur A, il secoua la tête : Jsuis toujours pas impressionné, désolé.”
Et quand Bellamy en eut marre de se demander ce que A pouvait bien faire dans la vie, il lui refourgua un de ses verres, souriant au commentaire qui sonnait comme du sarcasme - pas que Bella y prêtait grande attention, il s’assurait toujours d’y être hermétique.
“Nope. Mais je ne suis pas venu pour chasser ces demoiselles, aujourd’hui. De toute façon, avec tous ces masques, je ne pourrais pas dénicher les plus belles. Je pourrais me faire surprendre demain matin.”
Bellamy examina A un instant, se demandant quelles étaient les chances qu'il soit bisexuel et celles qu'il soit seulement empêtré dans son placard au point d’y être coincé. “Hmm,” dit-il avec scepticisme.
“C’est pas le genre de surprise que j’apprécie, tu vois ?”
“Non mais je comprends, pas trop non, mais il faisait bien semblant. Mais ya une solution facile à ça, commença-t-il avant de laisser planer une seconde de suspens. Son sourire qui se voulait mystérieux laissait présager de la suite. Si tu chasses après quelqu’un que tu connais, y’a pas de surprise le lendemain,” haussement de sourcils suggestif pour appuyer le propos ; lui se portait volontaire - pour la beauté du geste bien entendu.
« Tu te souviens de mon prénom. » Il n’aurait pas pu l’oublier. Il se souvient ses cours de français au collège. Bel ami. Dès l’instant où je jeune homme s’était présenté, il n’avait su se séparer de cette idée qu’il s’était aussitôt faite de lui : beautiful friend. Et, le problème dans tout ça, c’est qu’il le trouvait réellement joli, cet homme qui se faisait passer pour son ami. « Tu sais ce qu’il veut dire en français ? » Il tente en esquissant un rictus malicieux, conscient qu’il se vante par le fait même de connaître un peu de français. Il a toujours été excellent élève, Archie, contrairement aux apparences.
Loin de réellement se soucier de la température corporelle de Bellamy, il joue la carte de la comédie simplement parce qu’il n’oserait pas repousser l’autre garçon en public. Le monde ne partage plus ses mêmes valeurs ; il évolue, se transforme, tolère. Archie est resté coincé en l’année de sa naissance et Jo lui a bien fait comprendre que son comportement à l’égard des communautés différentes était déplacé, même puni. Elle ne l’avait toujours pas recontacté, son amie, d’ailleurs. Elle avait préféré le rayer de sa vie plutôt que de sacrifier son honneur en lui pardonnant une énième connerie. Au fond, et il détestait le penser ; il comprenait pourquoi elle avait pris cette décision. « Peut-être que je t’appellerais toi, tu pourrais être utile même si t’es pas pompier. » Il grince des dents, s’empêcher de répondre, parce que sa répartie ne serait pas délicate. Il lui demanderait d’aller voir ailleurs, de cesser de faire de telles allusions sexuelles à son égard, lui qui essaye de se convaincre de ne pas être intéressé par son manège. C’est difficile, de se concentrer, dans une telle situation.
« T’es de plus en plus menaçant. » Il accroche ses yeux aux siens afin de lire dans ses pensées. Il n’y arrive pas. Tous les deux ont des cerveaux bien trop différents. « Jsuis toujours pas impressionné, désolé. » Oh, mais il serait impressionné s’il savait qui se trouvait réellement devant ses yeux… pas vrai ? Il deviendrait comme tous les autres qui glissent leurs mains dans ses poches afin d’y dénicher un bijou, un lingot, un chèque. Il deviendrait comme tous les autres qui ne le voient plus comme un être humain. « De toute façon, je suis certain que tu es le premier mec qui meurt dans un film d’horreur. J’arriverai jamais à t’impressionner. » Il n’est pas seulement certain, il est sûr à cent pour cent. Tous les deux ne viennent pas du même monde.
« Hmm. » L’autre bredouille en le regardant d’un air incrédule. « Non mais je comprends. Mais ya une solution facile à ça » Il le voit venir à des kilomètres à la ronde avec ses ridicules techniques pour le mettre dans sa poche. C’est sans surprise qu’il écoute sa solution qui lui arrache un rire forcé. Innocent, il jette un regard autour d’eux. « Le problème, c’est que je ne connais personne, ici. » Il dit derrière une moue faussement désolante. Il le coupe avant même qu’il ne lui dise qu’il le connait, lui : « Non, je ne te connais pas. Et tu ne me connais pas. Enfin, si ; tu connais mon surnom et le sport que je pratique. Rien de plus. » Puis il ajoute, d’une voix plus basse afin que personne ne les entende : « Je ne suis pas ouvert comme toi, Rose Bonbon. Je n’ai pas accepté cette part de moi, et je ne veux pas l’accepter. » Il aura le mérite d’être honnête. De toute façon, il ne pourrait pas mentir au jeune homme puisque ce dernier a vu son regard sur ses lèvres puis cette poussée qu’il a faite en sa direction dans le but de les rencontrer. « Je ne veux pas bousiller mon image. » Mais il ne se rend pas compte qu’en disant cela, il prétend que l’image de Bellamy a été ruinée, elle. Pour se punir d’en avoir dit autant, il finit son verre d’un coup.
Bellamy, c’était le prénom que sa mère avait insisté pour lui donner, or on ne choisissait pas les prénoms au hasard en Corée. Le concerné n’avait pas beaucoup de souvenirs de sa mère et encore moins d’une discussion sur le sujet mais sa grand-mère et internet avaient fait le travail.
“Tu parles français ? on arrêtait plus les qualités d’A. Vas-y dis moi, tu vas peut-être m’apprendre quelque chose.” Probablement pas, mais il aimait bien écouter A parler.
C’était pour ça qu’il restait, au milieu de la salle et des invités masqués, trois verres encombrants à la main alors qu’il était attendu. Ce n’est pas comme s’il y pensait beaucoup, à ses collègues qui bavardaient entre elles un peu plus loin - Bellamy n’était pas doué en multi-tasking, du moins pas efficacement.
Ses allusions ne prenaient pas, il était un peu déçu, notamment parce que la dernière fois avait beaucoup mieux fonctionné et qu’il n’aimait pas beaucoup le changement. Ca le rendait nerveux, il ne savait plus sur quel pied danser et pourtant, il n’en laissa rien paraître.
“De toute façon, je suis certain que tu es le premier mec qui meurt dans un film d’horreur. J’arriverai jamais à t’impressionner.”
Bellamy souffla une expiration amusée ; c’était bien la première fois qu’on lui disait ça, il y réfléchit brièvement et ne trouva pas de raison de nier. “Possible, admit-il. Mais ya plein de façon de m’impressionner,” seulement elles ne regroupaient pas les menaces de mort sans fondement, même de la part d’un boxer qui ne devait pas mourir le premier dans les films.
Et c’était soudain comme un retour en arrière à la première soirée où ils s’étaient rencontrés, avec une discussion dégradante sur les femmes présentes qui venaient en un mot d’être reléguées au rang de proies. Des années de féminisme en prenaient un coup et Bellamy ne dit rien du tout parce qu’il n’avait pas envie de s’empêtrer dans un débat qui ruinerait la soirée (et puis avec un peu de chance, A n’y pensait pas vraiment.)
“Le problème, c’est que je ne connais personne, ici. Bellamy allait presque se vexer, il ouvrit la bouche, n’eut pas le temps de dire quoique ce soit, la referma. Non, je ne te connais pas. Et tu ne me connais pas. Enfin, si ; tu connais mon surnom et le sport que je pratique. Rien de plus. Rectification : il était vexé. Pourtant A n’avait pas tort. Je ne suis pas ouvert comme toi, Rose Bonbon. Je n’ai pas accepté cette part de moi, et je ne veux pas l’accepter.”
There we go, pensa Bellamy, c’était donc là le coeur du problème. Personne n'était surpris.
“T’avais pas l’air loin de l’accepter la dernière fois,” commenta-t-il platement, sourire taquin venant faiblement danser au coin de ses lèvres pour détendre l'atmosphère qui venait de s'épaissir 'une manière qui ne plaisait pas du tout à Bellamy.
“Je ne veux pas bousiller mon image.”
Fair enough, ce n’était pas agréable à entendre mais Bellamy pouvait comprendre.
“Les gens sont pas obligés de savoir,” rétorqua-t-il avec un haussement d’épaules. Il n’était pas sûr d’avoir envie d’insister cela dit, A avait été parfaitement clair et Bellamy n’avait pas été élevé à insister jusqu’à obtenir ce qu’il voulait en rongeant les nerfs de qui lui refusait ce qu’il voulait. La dernière fois, il avait eu de la chance et A l’avait retenu de ses propres mots, il n’avait pas l’air dans le même état d’esprit ce soir - peut-être que ça changerait quand même, cela n’avait pas été évident non plus la dernière fois.
« Tu parles français ? » L’égo caressé d’Archie le fit sourire. Oui, il est un homme intelligent qui, toutefois, n’utilise pas toujours son intelligence de la bonne façon. « Un peu. » Il serait presque humble en disant ça, mais c’est tout simplement la vérité. Il connait quelques mots par ici, par-là, et il s’avère qu’il connait les deux mots français qui, ensemble, composent le prénom de Bellamy. « Ça veut dire bel ami. » Il marmonne sans le regarder, parce que de lui dire en le regardant, ça ferait trembler ses jambes. Il ne dirait jamais qu’un homme est beau même s’il le pense honteusement.
« Possible. Mais ya plein de façon de m’impressionner. » Et il entendait encore l’étincelle de provocation dans le ton de la voix du plus jeune, ce qui ne lui plut toujours pas. Du moins, pas en public, avec des yeux ou des oreilles qui peuvent se poser sur eux à tout instant. Il ne répond pas, comme à chaque fois, dans l’espoir que Bellamy comprenne le message qu’il lui envoie. S’il s’empêche d’avoir recourt à la violence comme il l’a fait dans le passé, il n’a quand même pas l’intention d’entrer dans son petit jeu de drague.
Mais, cette manière pacifique qu’il emprunte pour parler du sujet qui tue l’oblige à être un peu plus honnête. Il aurait pu cracher au visage de l’homme et lui faire savoir qu’il peut aller se jeter devant un train pour le bien de tous (oui, bon, radical vous direz, mais il aurait dit ces mots tels quels s’il avait encore seize ans) mais il est obligé de faire preuve d’un peu de bonne foi ce qui… ne l’ébranle pas autant qu’il aurait pensé. Il n’est pas ouvert. Il n’a pas envie de jouer avec Bellamy ici. Il n’est pas aussi libéré que lui et sa tignasse rose. Toutes des façons de dire qu’il est coincé dans un placard dont il a perdu la clef depuis longtemps. Bellamy semble comprendre, du moins il ne rit pas à son visage, et c’est déjà une bonne chose.
« T’avais pas l’air loin de l’accepter la dernière fois. » Il ne faut toutefois pas trop tendre le morceau de viande au lion qui, inévitablement, finira par mordre. « J’étais bourré. Un homme bourré pourrait se jeter nu dans un lac glacé. » Il grommelle derrière sa barbe, se cherchant des excuses là où il en a tout simplement pas. Oui, il était bourré, mais il n’a pas besoin de consommer pour avoir envie de jeter des regards interdits sur les personnes du même sexe que lui. Ça fait partie de lui depuis toujours, qu’il le veuille ou non. La guerre ne se terminera jamais tant qu’il ne brandit pas le drapeau blanc. « Les gens sont pas obligés de savoir. » Que Bellamy prétend, alors qu’Archie repose des yeux incertains sur lui. Il l’observe en silence quelques secondes, entrouvre les lèvres puis les referme pour prolonger son mutisme. Des gens passent près de lui, près de l’autre, les costumes et les robes se frôlent, puis seulement lorsque la circulation ralentit, Archie approche sa bouche de l’oreille du plus jeune pour lui murmurer : « Pas ici, Bellamy. » Ça rime encore, et ça ressemble à une supplication. Il se décolle ensuite de lui, se racle la gorge, termine d’une gorgée le verre que lui avait donné le jeune homme puis s’excuse en le contournant : « Je te contacterai si je change d’avis. » Qu’il chuchote, encore, dans son élan, frôlant le bras de Bellamy, humant presque le parfum de ses cheveux qui est resté le même, et disparait dans la foulée comme s’ils ne s’étaient jamais revus ce soir.
A parlait français, Bellamy nota l’info dans sa liste de savoirs à oublier aussitôt qu’A sortirait de son champs de vision, mais en attendant, il trouvait ça très cool. “Ça veut dire bel ami.” Il n’avait pas menti, il avait bien des notions de français. Bellamy sourit.
“Tu sais pas comme tu ferais plaisir à ma mère,” pour une fois que quelqu’un appréciait sa fantaisie, elle devait autant sourire depuis les tréfonds du paradis que Bellamy en cet instant.
Mais son sourire perdit de son éclat à mesure qu’il voyait où la conversation les menaient, soit nulle part. A s’esquivait, Bellamy prenait des airs de chien battu. “J’étais bourré. Un homme bourré pourrait se jeter nu dans un lac glacé.” Belle tentative mais excuse nulle et non avenue : celle-ci avait été élimée jusqu’à la maille tant on l’avait utilisée et personne n’y croyait plus, certainement pas Bellamy qui avait aussi mis sur le dos de l’alcool les premiers baisers échangés pour rigoler avec des amis. En 2022, plus personne n’était dupe.
“Mais un mec bourré hétéro embrasserait pas un autre mec,” jugea-t-il bon de préciser au cas où ce ne serait pas clair. Il était bien désolé de briser l’argument choc d’A, ils ne s'étaient peut-être pas embrassés à proprement parlé, mais les preuves étaient accablantes.
Bella pensait quand même avoir trouvé la clé qui résoudrait tout ; son estomac se noua sous les effets combinés de la déception, de la frustration et du sentiment plus pernicieux d’être rejeté. Pas ici, où alors ? Bellamy ouvrit la bouche pour protester, la referma lorsqu’A reprit la parole. Il était bizarrement très conscient de sa soudaine proximité. “Je te contacterai si je change d’avis.”
Bellamy fut traversé d’une vague d’indignation - c’était quoi, un open bar ? Il était devenu le mec qu’on appelle dès que l’envie prend et à qui on claque la porte au nez ensuite ?
La réponse était oui alors il chassa tout outrage parce qu’après tout, ça ne le dérangeait pas tant que les gens ne viennent le voir qu’une fois tous les 36 du mois quand ils avaient besoin de lui - l’important était qu’ils pensent à lui à un moment donné. Le danseur lâcha donc un “okay,” dépourvu de tout ressentiment, suivit des yeux la silhouette d’A qui se mêlait à la foule, et il repartit en direction de sa table, récupérant son sourire entre temps et tendant gracieusement ses deux verres restants à ses collègues.
Il espérait qu'A changerait d'avis, peut-être qu'il surveillerait ses notifications le lendemain, peut-être le jour d'après, et puis il n'y penserait plus parce qu'il était comme ça : il ne s'attardait pas sur les choses, encore moins quand elles n'étaient pas agréables, et surtout, il vivait dans le présent. Son expérience du monde ne laissait pas la place aux regrets.
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plot twist il va le contacter