Things We'd Rather Forget
@Hugo Blanchard @Kai Luz

C’était une soirée comme les autres qui se profilait. Jiyeon était une fois de plus sortie en ville pour passer la soirée à boire un peu trop et à s’amuser. Après quelques verres dans un bar en centre ville, elle traînait ses baskets jusque’à Fortitude Valley, bien décidé à prendre une dernière bière au Saucibar avant de rentrer. Il devait être près de minuit lorsqu’elle poussait les portes du bar, venant s’accouder nonchalamment au bar, un peu fatiguée d’avoir autant marché pour arriver jusqu’ici. Mais bon, avec le train de vie qu’elle menait, il n’y avait pas de petites économies. Puis elle préférait dépenser ses sous dans des vêtements et de l’alcool plutôt que dans un taxi. « Oppa, tu me sers une bière, please ? » Demandait-elle a Hugo qui se trouvait de l’autre côté du bar et qui n’avait, pour une fois, pas l’air débordé. Il fallait dire qu’il était déjà tard et qu’on était en pleine semaine donc beaucoup étaient déjà rentrés chez eux, puis le bar allait fermer dans quoi …. une ou deux heures ? Donc il y avait peu de monde au comptoir, ce n’était plus vraiment le moment de commander. « Oh mon Cailloux ! » Lâchait-elle en français, avec un accent horrible, alors qu’elle remarquait enfin Kai, qui se trouvait en fait juste à côté d’elle, lui aussi accoudé au bar. Elle venait le prendre dans ses bras, le serrant fermement avant de se reculer, un peu titubante. « Qu’est ce que tu fais là? » Elle attrapait une pistache qui trainait dans un petit ramequin, et la décortiquait avant de la manger. Elle avait un petit gout de rance mais bon, Jiyeon la mâchouillait quand même en silence, perdu dans ses pensés, le regard dans le vide. Elle avait déjà un peu trop bu et savait d’avance que le réveil pour aller travailler demain serait difficile. Non pas à cause de la gueule de bois, de ce côté là elle avait plutôt de la chance (pour le moment) mais surtout l’idée de passer sa journée avec peu d’heure de sommeil au compteur ne l’enchantait guère. « J’en bois juste une, après je rentre. » Ajoutait-elle enfin à l’attention de Hugo, alors que ce dernier venait déjà de déposer une pinte devant la coréenne. Ji passait une main dans sa tignasse sombre, avant de venir poser son petit sac à main Prada sur le comptoir et se mettre à fouiller dedans. « J’ai plus que quelques pièces. Je te les donne t’en fait ce que t’en veux. » Expliquait-elle en sortant quelque pièces de son sac. Une pièce de deux dollar et quelques pauvres centimes, donc quelques pièces coréennes qui trainaient là. Pas de quoi payer une pinte, mais elle s’en souciait peu, surtout avec Hugo en face d’elle. Puis à la limite Kai complèterait, il avait de l’argent lui. « Désolée de venir interrompre votre soirée entre garçon du coup. »

La semaine de travail s'était avérée des plus monotones. J'avais certes assuré toutes mes tâches mais le goût manquait et plus le temps passait, plus je me disais qu'il devenait urgent que j'ose prendre les choses en main pour effectuer quelques changements dans ma vie. Il fallait réellement que j'apprenne à vivre pour moi-même, que je prenne des décisions pour moi, plutôt que de tenter d'obéir aux attentes de ma famille. Après tout, en bout de ligne, il s'agissait de mon histoire et quand bien même je craignais être considéré comme un fils ingrat et déraisonnable, j'avais de plus en plus envie de faire les choses par moi-même. Puis comme Noor me l'avait justement indiqué, si je me trompais, je pouvais toujours faire marche arrière, retomber sur mes pattes, surtout qu'à Brisbane, j'avais la chance de pouvoir compter sur mes quatre meilleurs amis.

Alors que ma dernière heure de travail s'amorçait, j'envoyais un SMS à Hugo pour lui demander si ça l'intéressait qu'on boit un coup entre mecs ce soir. Le français me répondit qu'il était de service au Saucibar mais que je pouvais très bien passer. Ainsi, j'optais pour lui tenir compagnie, passant directement du centre hospitalier au quartier de Fortitude Valley. Lorsque j'entrais dans le bar, vers les 17h00, je remarquais mon bro et m'installais au bar tout en le saluant. Les bières et les heures se succédèrent, entrecoupées de quelques pauses cigarettes que je m'autorisais quand Hugo était mobilisés par des arrivées de clients. Je faisais également la rencontre de quelques individus qui me tenaient compagnie lorsque le Blanchard épatait de ses prouesses mixologiques.

Minuit était largement passé lorsqu'une Jiyeon titubante nous rejoint. « Oppa, tu me sers une bière, please ? » J'échangeais un regard complice avec Hugo. Je souris, attendri, et tirais un tabouret pour aider la Park à prendre place. « Oh mon Cailloux ! » Jiji m'enlaça avec force et je déposais un baiser sur sa joue en frottant son dos. « Qu’est ce que tu fais là? » « Petite soirée tranquille, » je décrivais, jouant avec mon paquet de cigarettes. Le qualificatif n'était pas des plus corrects considérant que j'avais passé plus de sept heures au bar. « J’en bois juste une, après je rentre. » Je n'y croyais pas un traître mot et je regardais le contenu métallique du sac de la coréenne se déverser sur le comptoir. « J’ai plus que quelques pièces. Je te les donne t’en fait ce que t’en veux. » Mes doigts se posèrent sur une pièce de monnaie coréenne, intrigué. « Désolée de venir interrompre votre soirée entre garçons du coup. » « T'inquiètes, » je rassurais. « Tu viens d'où comme ça ? » Je demandais, curieux. « Hugo me disait que les nanas là-bas sont françaises et qu'elles lui disent quelque chose. Genre si ça se trouve ils sont allés au lycée ensemble, voir il s'en est peut-être tapé une. » Je lançais avec taquinerie.

Il a pas l'air d'être vraiment dans son assiette en ce moment, Luz. Alors quand il m'a proposé une soirée entre couilles mais que je ne pouvais pas me libérer parce que Reese est de repos et que Greg est occupé avec sa gamine (pour changer), j'étais un peu dégouté. Le seul moyen pour qu'on se voit quand même, c'était qu'il vienne au bar pendant mon service. Je suis pas mal pris par les clients, mais entre deux boissons, j'ai bien le temps pour lui. Puis, ça a l'air de lui faire du bien de faire de nouvelles rencontres aussi. P'tetre même qu'il trouvera l'amour de sa vie ce soir. Hm, peu convaincu, mais sait-on jamais ! La soirée reste quand même calme, pas d'étudiants ce soir, juste des gars en afterwork qui vont pas tarder à rentrer retrouver leur lit puisqu'ils bosseront tous le lendemain.

Jiji débarque, elle a l'air bien éméchée, m'enfin, c'est habituel. Je trouve qu'elle boit beaucoup quand même. J'espère que c'est vraiment juste en soirée, comme elle aime nous le répéter, et qu'il n'y a pas de problème sous jacent... Elle s'asseoit, commande une bière. " À vos ordres m'dame", je réponds, embrassant affectueusement sa joue pour la saluer. Habituellement, c'est une pinte que je lui aurai servi mais vu son état, je préfère rester sur un petit demi de blanche pour la demoiselle, même si elle affirme n'en boire qu'une seule ce soir ici. "T'inquiète pas va, je te l'offre celle-là." Faudrait que je perde ces habitudes de rincer chaque tournée avec eux. Greg va finir par s'en apercevoir et ça va me revenir cher tout ça. Vraiment très cher, vu les quantités qu'ils ingurgitent tous.

« Désolée de venir interrompre votre soirée entre garçons du coup. » Je hausse les épaules. Moi, j'm'en fous qu'elle soit là. C'est même carrément cool qu'elle le soit, elles sont toujours les funs les soirées avec elle. Puis, ça a pas l'air de déranger Kai non plus. A part des conversations débiles que j'amorce pour lui changer les idées, on est pas sur le partage d'un moment absolu entre bro, là. Non, nos sujets tournent surtout autour des filles que j'ai l'impression d'avoir déjà croisées en France. "Kai est persuadé que la blonde avec la chemise à carreaux est tout à fait mon type, mais toi tu penses que j'me suis faite laquelle ?", je demande à la brune. Parce que c'est sûr que je m'en suis au moins tapé une vu comment elles me regardent. C'est juste que j'en ai pas grand souvenir. Comme beaucoup de mes coucheries, hm. M'enfin, on va pas revenir sur ce sujet, Ji et moi c'est de l'histoire ancienne. Si histoire il y a d'ailleurs ! Parce que c'est même pas sûr qu'il se soit vraiment passé quelque chose entre nous. Hummmm.

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«  À vos ordres m'dame » Hugo déposait bien vite une pinte… enfin ce qui ressemblait à une petite  pinte, devant Jiyeon. La coréenne ne notait même pas la différence à ce stade de la soirée. Elle sortait tout de même une poignet de pièce en tout genre de son sac à main, les déposant sur le comptoir avant que Hugo ne précise: « T'inquiète pas va, je te l'offre celle-là. » « Trop tard. » notait-elle, ne comptant pas récupérer le bordel qu’elle venait de mettre sur le comptoir. « Tu viens d'où comme ça ? » Elle reportait son attention sur Kai, sentant la pièce tournée en même temps qu’elle reposait ses prunelles sur le beau brésilien. « Euh… J’étais en centre ville. » répondait-elle, ignorant totalement le nom du bar dans lequel elle avait passé sa première partie de soirée.« Hugo me disait que les nanas là-bas sont françaises et qu'elles lui disent quelque chose. Genre si ça se trouve ils sont allés au lycée ensemble, voir il s'en est peut-être tapé une. » Jiyeon tournait sur son tabouret pour observer, sans aucune discrétion, le groupe de fille dont les garçons parlaient, celles ci regardaient toutes dans leur direction et remarquait sans mal la coréenne qui les fixait. « Kai est persuadé que la blonde avec la chemise à carreaux est tout à fait mon type, mais toi tu penses que j'me suis faite laquelle ? » Elle plissait des yeux, étudiant le look de chacun. La blonde était très mignonne, mais ça c’était parce que Jiyeon avait un faible pour les blondes, donc elle n’était pas très objective. A côté de la blonde, une belle métisse sirotait un verre de vin blanc, et à la gauche de celle ci se trouvait une brune, pas trop mal mais sans grand intérêt selon la coréenne. « La blonde est canon, mais cette chemise à carreaux fait très gay je trouve, donc j’ai des doutes. » notait-elle, en se retournant vers les garçons, attrapant sa ‘pinte’ pour en prendre une bonne gorgée. « Après j’ai peut-être trop bu pour que mon gaydar fonctionne vraiment…. » Puis tout naturellement ses yeux se posaient sur Kai. « T’en penses quoi toi? C’est très gay cette chemise non?  » Puis sans attendre de réponse elle ajoutait à l’attention de Hugo : « Tu t’es certainement fait la brune, t’as une faible pour les brunes j’ai l’impression. » Elle pensait très fort à Dani en disant ça, évidemment. Elle prenait une nouvelle gorgée de sa bière, avant de la reposer bruyamment sur le comptoir et d’attraper, une nouvelle fois, une vieille pistache pour la manger. « J’peux aller leur demander si vous voulez. » lâchait-elle très sérieusement en m'astiquant sa pistache. Puis elle ajoutait en français avec un accent presque incompréhensible : « Je parle très bien la française. »

Au moment où Jiyeon extrait de sa poche le butin rescapé de ses précédentes consommations, je me plais à examiner l'ensemble les quelques pièces de monnaie, dont certaines ne permettent pas d'achat en Australie. Pendant ce temps, Hugo sert un demi de blanche à Jiyeon, avec raison vu son état d'ébriété. Curieux, je questionne mon amie coréenne sur les précédents points de son itinéraire de cette soirée manifestement arrosée tout en faisant valser nerveusement les pièces entre mes doigts. « Euh… J’étais en centre ville. » Je ris légèrement, comprenant que je n'aurais pas plus de détail dans l'heure.

Avec complicité, je révèle à la Park l'énigme sur laquelle Hugo et moi planchons. A quelques mètres, un groupe de femmes décrit à intervalles réguliers la silhouette du barman français et je suis intimement convaincu que le campagnard a attiré, dans le passé, entre ses draps, l'une d'entre elles, surtout depuis qu'il m'a confessé que leur portrait lui étaient possiblement familiers. L'avis de Jiyeon est sollicité sur cette question et sans discrétion aucune, la brune tourne sur son tabouret pour scruter les demoiselles. Je retiens doucement par le bras mon amie, de peur qu'elle glisse au sol vu son équilibre précaire. « La blonde est canon, mais cette chemise à carreaux fait très gay je trouve, donc j’ai des doutes. » Elle révèle en se tournant de nouveau vers nous et je lâche ma délicate emprise sur son bras tout en ouvrant la bouche, heurté par le fait que les chemise à carreaux puissent faire gay et ayant comme première intention de défendre cette affirmation par le fait que j'en avais quelques unes dans ma garde-robe - sans commentaire. « Après j’ai peut-être trop bu pour que mon gaydar fonctionne vraiment... » Je lorgne vers la vingtenaire puis noie mon regard dans le contenu de ma bière. « T’en penses quoi toi? C’est très gay cette chemise non? » Pas de réponse, je lève les yeux et remarque que Jiji s'adresse à moi et non à Hugo. « Euh... » Je commence, n'étant pas certain de disposer de la bonne réponse à apporter à cette question. Je me sens presque pâlir sur place et je hausse les épaules avec désinvolture. « Peut-être, chaispastrop, » je fais en étouffant mes derniers mots en buvant une gorgée d'alcool. « Tu t’es certainement fait la brune, t’as une faible pour les brunes j’ai l’impression. » Je repose mon verre, observant avec malice mes amis, reprenant contenance. « C'est vrai ça, Ji' a raison ! Tu fréquentes en majorité des brunes. Presque tout le temps, en fait, » je remarque enfin, passant mes pupilles du français à la coréenne avec un air entendu. « Si ça se trouve, t'aurais même p't-être pu aller avec mama si vous aviez pas cette amitié-là entre vous, » je songe tout haut en croisant le regard de Hugo. « Ca t'aurait fait un autre beau palmarès, t'aurais complété au niveau des nanas de la bande » je valorise avec admiration, posant ma joue contre ma paume, bien que ce premier soit déjà très complet et impressionnant. Et voilà que je m'imagine Noor et Hugo en couple. Ils auraient été assurément adorables mais en réalité, ils sont sans doute mieux en amis. Puis Lyb et moi shipons Blang ardemment. « J’peux aller leur demander si vous voulez. » Tentant, j'avoue. « Je parle très bien la française. » « Chiche, » j'encourage avec jeu la brune. « Elle te plaît pas, celle qui a une chemise à carreaux ? » Je poursuis à l'attention de l'influenceuse, désirant avoir le cœur net sur cette association vestimentaire à une orientation sexuelle qui me tracasse plus que de raison, en poussant subliminalement Jiji à flirter avec cette inconnue.

Celle à la chemise à carreaux est gay ? Ça va devenir récurrent chez moi dis donc. Bane, Ethel... Est-ce qu'il faut que je me pose des questions ? C'est quand même pas à cause de moi qu'elles se tournent vers les filles, si ? Wah, Hugo, le monde ne tourne pas autour de toi, redescend mon gars, t'as rien à voir avec leur orientation. Même Kai sait pas trop si elle est gay. Bon, en vrai, même si elle l'est, ça n'empêche pas qu'elle finisse dans mon lit. Oh mon dieu, Blanchard, enlève toi ça de la tête une bonne fois pour tout, s'il-te-plaît.

« C'est vrai ça, Ji' a raison ! Tu fréquentes en majorité avec des brunes. Presque tout le temps, en fait. » "C'est pas vrai, franchement je fais pas de discrimination. J'aime toutes les couleurs de cheveux, moi." Ouais, même le rose, même le violet, même le vert. Même toutes les couleurs du monde tant que c'est Dani qui les porte. Hum, je m'égare carrément beaucoup trop loin là. Elle est bien finie cette époque. Puis du coup, ça voudrait dire qu'ils ont raison quand même : mes meufs sont quasi toutes brunes, sauf si coloration. Merde, je pensais pas faire de discrimination, je suis choqué.

Kai me ramène bien vite à la conversation en me mettant une image d'horreur en tête. "Non mais t'es pas bien toi, hein ! Je fais pas dans l'inceste moi, t'es fouuuu !" Lyb et moi, non, non, inenvisageable ! Je l'aime à en crever ma Nono, mais jamais, oh grand jamais je ne pourrais imaginer quelque chose de sexuel avec elle. Ce n'est pas de l'amitié qu'on partage, c'est bien plus que ça. Ce n'est pas un lien du sang, mais c'est tout comme. Notre amour est pur et puissant, mais il ne s'approche et ne s'approchera jamais de ce que j'ai pu ressentir pour Dani. Ou Jiyeon. Enfin, Jiyeon c'était différent. On était déchirés et on a fini par coucher ensemble. UNE FOIS. Une seule fois. Puis, c'était purement physique. Je suis sûr qu'elle s'en souvient aussi nettement que moi d'ailleurs (non), huh. Vu la quantité d'alcool qu'on avait ingéré, je suis même surpris me souvenir avoir partagé ce moment avec elle. « Ca t'aurait fait un autre beau palmarès, t'aurais complété au niveau des nanas de la bande » "Hein ?" Quoi ???? Mais qu'est-ce qu'il me raconte là ??? Il n'est au courant que pour Dani et moi, hein ??? Personne d'autre, hein ??? Ji, tu lui as rien dit, hein ??? On s'était promis que ça resterait entre nous et que ça ne reviendrait JAMAIS sur le tapis ! Mon regard inquisiteur se fait insistant auprès de la brune, j'attends une réponse, une mimique, un truc, juste un truc qui me permette de savoir si c'est elle qui a vendu la mèche ou si toute la bande est au courant.

Je préfère largement voir jiyeon se lancer le défi d'aller draguer la blonde plutôt que d'épiloguer sur nos erreurs de jeunesse, mais j'avoue que ça me pose franchement question. "Vas-y", je dis à Ji en montrant du menton la fille en question, "ce serait pas la première fois qu'on pécho la même personne", je balance en riant. C'etait drôle tous ces défis qu'on se lançait quand on était de sortie tous les deux, pour savoir qui allait réussir à choper en premier telle ou telle fille. "Tu penses qu'elle repart avec elle ce soir ?", je demande à Luz alors que Park avance nonchalamment vers la blonde.

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@Hugo Blanchard @Kai Luz

« Euh... Peut-être, chaispastrop, » bon, elle l’aurait un jour, mais ce serait pas ce soir. Kai restait encore sagement dans son placard alors que Jiyeon notait que Hugo avait un faible pour les brunes. « C'est vrai ça, Ji' a raison ! Tu fréquentes en majorité avec des brunes. Presque tout le temps, en fait, » « C'est pas vrai, franchement je fais pas de discrimination. J'aime toutes les couleurs de cheveux, moi. » Jiyeon grimaçait, pas du tout convaincue par ce que racontait le français alors qu’elle prenait une nouvelle gorgée de bière. « Si ça se trouve, t'aurais même p't-être pu aller avec mama si vous aviez pas cette amitié-là entre vous, » Jiyeon manquait de s’étouffer avec sa mousse. Noor et Hugo ? Beurk, ça lui retournait presque l’estomac d’imaginer ça. Non c’était même pire que d’imaginer ses parents en plein acte. « Non mais t'es pas bien toi, hein ! Je fais pas dans l'inceste moi, t'es fouuuu ! » ça la rassurait un peu d’entendre que Hugo était du même avis qu’elle sur le sujet et elle hochait vivement la tête, sentant son cerveau gigoter dans son crâne et sa vision se brouiller. « Ça t'aurait fait un autre beau palmarès, t'aurais complété au niveau des nanas de la bande » Jiyeon s’arrêtait net, confuse. « Hein ? » Elle reportait son attention sur Hugo qui semblait lui demander quelque chose du regard. Elle devait comprendre un truc là ? Elle regardait Kai, puis Hugo, puis de nouveau Kai. Son cerveau lui rappelait gentiment qu’elle c’était en effet réveillée près de Hugo, un matin à Paris et qu’il lui avait fait promettre de ne rien dire, mais elle n’avait aucun souvenir de cette soirée. Elle avait accepté de garder le silence, pour faire plaisir à Hugo mais sans savoir vraiment ce qu’elle devait garder secret. « Me regarde pas comme ça. J’sais pas de quoi il parle. » assurait-elle à Hugo, préférant proposer d’aller demander à la blonde si elle connaissait le français ou non, ne comprenant pas du tout la conversation actuelle. « Chiche, » Il n’en fallait pas plus pour que Jiyeon se tire de son tabouret. « Elle te plaît pas, celle qui a une chemise à carreaux ? » La coréenne haussait les épaules. « Vas-y ce serait pas la première fois qu'on pécho la même personne » « C’est vrai ça. » concluait-elle simplement avant de partir en direction de la blonde, un peu titubante. Elle lui sortait des phrases totalement bancales en français, dans un accent presque incompréhensible, qui faisait beaucoup rire la blonde et ses copines, mais sans trop savoir comment, elle revenait tout de même vers Kai et Hugo avec le numéro de téléphone de la blonde. Jiyeon brandissait fièrement son téléphone vers les garçons pour leur montrer le numéro de l’inconnue. « Biiiiien gay ! » lâchait-elle en se réinstallant fièrement sur son tabouret. « Bon, on parlait de quoi du coup ? De Hugo qui se tape tout le monde ? » ajoutait-elle en posant son smartphone sur le comptoir avant de reprendre une gorgée de bière.

Un fin sourire narquois investit le coin de ma bouche lorsque Hugo se défend n'entretenir aucune préférence en ce qui concerne la couleur des cheveux des femmes qu'il fréquente. Néanmoins, Jiji comme moi savons pertinemment qu'il gravite majoritairement vers des brunes, coup du hasard ou pas. Dans tous les cas, ça m'amuse autant que m'attendrit que le français déclare aimer toutes les femmes de la sorte : il est un vrai gentil.

Je fais mouche lorsque j'avance que si Hugo avait été intime avec Lyb, il aurait partagé ses draps avec toutes les filles de notre bande. Jiyeon s'étouffe, je frotte doucement son dos alors que le brun s'esclaffe : "Non mais t'es pas bien toi, hein ! Je fais pas dans l'inceste moi, t'es fouuuu !" Je ne peux m'empêcher de rire. Parfois, je me rends compte avoir des réflexions réellement loufoques ou déplacées ; peut-être que c'est le revers de la médaille de ceux qui sont le plus sages ? A défaut d'agir, ils ont des idées bizarres qui leur traversent le cerveau ? Puisque je semble être sur une belle lancée, je poursuis en ressassant un vieux squelette parisien : la scène d'amour que j'avais surprise entre le français et la coréenne il y a de cela plus de dix ans. « Hein ? » Je suis rude avec les nerfs de mon bro ce soir et sa réaction spontanée me fait rire. Jiji, de son côté, s'est figée net sur place. Une sorte de joute visuelle démarre entre les deux amis. Je conserve un sourire à la fois moqueur et satisfait, à l'image d'un enfant de cinq ans qui observe ses victimes entrer dans un guet-apens de sa production. « Me regarde pas comme ça. J’sais pas de quoi il parle. » Je laissais échapper un rire. « Genre vous savez pas ! » Je protestais en levant les yeux au Ciel.

Retour sur le groupuscule féminin et les conjectures sur l'orientation sexuelle de celle arborant une chemise à carreaux. Franchement, cette association vestimentaire m'inquiète et j'en viens à espérer que Jiyeon ne parvienne pas à décrocher le numéro de cette nana juste pour me rassurer sur le fait qu'un vêtement ne puisse pas vendre si facilement l'attirance de quelqu'un. Cette idée me donne des frissons dans le dos. Et si c'était écrit sur mon front que j'étais gay et que je m'en rendais même pas compte ? Comme j'avais manifestement loupé le mémo des chemises à carreaux ? « Biiiiien gay ! » Jiyeon revient triomphante et il me faut toutes les cellules sobres de mon organisme pour ne pas exhiber mon appréhension. « Y'en a beaucoup comme ça des règles qui te font dire que des gens sont gays ? » Je m'entends demander d'une petite voix, avant de noyer mes cordes vocales dans le reste de ma bière, n'assumant déjà plus cette interrogation. « Bon, on parlait de quoi du coup ? De Hugo qui se tape tout le monde ? » Je me redresse, reprends contenance. Drôlement, parler des coups de Blanchard me met moins mal à l'aise. « Et du fait que vous ayez tous les deux décroché le badge "j'ai couché avec l'un des five" simultanément à Paris, » je lance avec jeu.

J'aurais jamais cru que ce sujet ressortirait un jour, et surtout pas de la bouche de Luz. Comment est-ce qu'il sait ? Parce qu'il sait, right ? Pourquoi Ji le lui a dit ? Je sais qu'ils sont proches, mais elle avait promis qu'on laisserait cette soirée aux oubliettes. « Me regarde pas comme ça. J’sais pas de quoi il parle. » Pourtant, il a l'air plutôt sûr de lui. Il se fout de nous, et confirme à nouveau. Oh, bordel. "Ouais, non, franchement, on sait pas de quoi tu parles." C'est bien ça, Hugo, c'est encore plus suspect de parler à la place de Ji aussi, huh.

Ça me chiffonne cette affaire, mais je rejoins plus que facilement le changement de sujet quand Ji se donne le défi d'aller voir la blonde du bar. Et comme presque toujours, elle revient avec la confirmation qu'elle avait raison sur ce point. Je me retiens de leur demander s'ils pensent qu'elle est devenue gay après avoir couché avec moi, parce que mon ego en prendrait un sacré coup. Trois nana sur mon palmarès, c'est pas grand chose, mais ça commence déjà à faire, huh. Y'a quand même suffisamment d'hétéros sur Terre pour que j'évite de coucher avec des filles qui aiment les filles, non ?
Au final, j'aurais peut-être dû, parce que le sujet qui revient sur le tapis est pas du tout agréable. « Bon, on parlait de quoi du coup ? De Hugo qui se tape tout le monde ? » P'tain mais pourquoi tu relances, Ji ??? Abort the mission, abort the mission ! Je lui fais les gros yeux, mais Kai s'engouffre dans cette faille. « Et du fait que vous ayez tous les deux décroché le badge "j'ai couché avec l'un des five" simultanément à Paris, » Oh bordel. Je pourrais faire comme si j'étais choqué d'apprendre que Ji ait couché avec un des five, mais je sais très bien que ça ne servirait plus à rien. Luz est au courant, il nous le fait savoir, à quoi bon continuer de se cacher ?

"Bon, tu sais quoi concrètement ?" je lui demande, d'un air presque exaspéré. Et moi qui croyais que ce secret resterait bien enterré. Et d'ailleurs, si lui est au courant, est-ce que les autres le sont ? "T'en as parlé aux autres ? Parce que franchement, c'était vraiment rien. Ya pas grand chose à savoir, hein Ji ?" J'ai besoin de l'aide de la coréenne sur ce point, je voudrais pas qu'on croit que je passe de filles en filles sur ce groupe, car c'est complètement faux. Surtout, je voudrais pas que Dani pense qu'elle ait été une fille comme les autres non plus.

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« Et du fait que vous ayez tous les deux décroché le badge "j'ai couché avec l'un des five" simultanément à Paris, » « J’ai couché avec l’un des five? » répétait-elle, totalement confuse, pas certaine de comprendre. Est ce que son niveau d’anglais était trop mauvais pour comprendre une sorte de second degré qui se cachait derrière la remarque de Kai, où est ce qu’elle était totalement à côté de la plaque? « Bon, tu sais quoi concrètement ? » Jiyeon reportait son attention sur Hugo qui avait l’air des plus sérieux. « Wait what? » soufflait-elle, vraiment perdue. Elle avait dû rater un épisode là. « T'en as parlé aux autres ? Parce que franchement, c'était vraiment rien. Ya pas grand chose à savoir, hein Ji ? » Le regard ignorant de Jiyeon croisait celui du Blanchard et elle haussait ses sourcils, un sourire gênée collé aux lèvres. « Tu parles de ce matin où tu m’as dis de ‘ne pas en parler’, sans que je sache de quoi tu parlais ? » lâchait-elle, elle même pas certaine que ce qu’elle disait avait du sens. Elle gardait un vague souvenir d’une matinée, dans sa chambre de bonne, avec Hugo qui lui disait de ne jamais parler de ça avant de partir rapidement de chez elle. C’était lointain et flou, mais c’était le seul ‘secret’ quelle pensait partagé avec Hugo. Et quel secret d’ailleurs ? Elle n’était pas certaine. Est ce que boire rien que tout les deux étaient leur secret ? Dormir dans le même lit ? Non. Tout ça c’était déjà reproduit, sans que Hugo ne lui dise rien. « Attend…Tu veux dire qu’on a pas juste dormi ? » lâchait-elle enfin, décidément vraiment lente et trop bourrée pour faire la connexion. « Noooon. On a juste dormi. On a bu et dormi. » assurait-elle en se retournant vers Kai, vraiment sûr d’elle alors qu'elle balançait ses longues mèches brune dans son dos. « Arrête un peu de shipper tout le monde avec Huguette, toi ! » ajoutait-elle en donnant une petite tape sur le bras de Kai. « Trouve toi un autre passe temps. »

J'ai conscience qu'en ce moment-même, je peux paraître particulièrement relou et chiant à titiller mes deux meilleurs potes sur le fait qu'ils ont couché ensemble, plus d'une décennie plus tôt. Je ne sais pas vraiment pourquoi je m'acharne sur ce point, si ce n'est que l'alcool me rend parfois trop joueur et être témoin du duo qui s'échange des regards tantôt incrédules, tantôt méfiants est plutôt rigolo. J'agis ainsi réellement que pour leur donner un coup de pression et les taquiner parce qu'en soit, le fait qu'ils aient pu coucher ensemble m'est indifférent. Ils sont libres de faire ce qu'ils veulent, la seule chose qui me chagrinerait serait qu'ils se fassent du mal mais bien heureusement, ce n'est manifestement pas le cas.

Non sans avoir une pierre dans l'estomac face à la possibilité qu'une simple chemise à carreaux puisse révéler l'orientation sexuelle de quelqu'un, non sans être laissé sur ma terreur devant l'absence de réponse de Jiji que j'aurais particulièrement aimé entendre vanter les mérites de son gaydar au-delà des messages subliminaux qu'une garde-robe puisse pernicieusement lancer, j'entretiens mon qualificatif de plaisantin à rebondir sur les propos de la coréenne pour rappeler cette ancienne partie de jambes en l'air qu'elle a eue avec Hugo. « J’ai couché avec l’un des five? » Je lance un regard aussi confus à Ji' qu'elle, incertain si elle ne se rappelle plus de cette nuit parce qu'elle avait trop bu à l'époque ou parce qu'elle est trop ivre en ce moment. « Bon, tu sais quoi concrètement ? » Hugo appelle mon attention et j'ai à peine le temps d'entrouvrir mes lèvres que la Park s'étonne : « Wait what? » « T'en as parlé aux autres ? Parce que franchement, c'était vraiment rien. Ya pas grand chose à savoir, hein Ji ? » Finalement, le jeu prend une tournure qui m'impose un amer sentiment de culpabilité. Si je me plaisais à taquiner mes deux meilleurs amis, je vois que ça les perturbe tout de même que je ressasse cet épisode et ce n'était absolument pas mon intention. « Tu parles de ce matin où tu m’as dis de ‘ne pas en parler’, sans que je sache de quoi tu parlais ? » Je fronce les sourcils, mes pupilles passent de Hugo à Jiyeon, sautant de surprise en surprise avec ce que je pensais avait été qu'une coucherie de fin de soirée. Je me demande depuis quand Hugo en pince pour Dani, maintenant. Est-ce que son crush date de leur toute première rencontre ? « Attends… Tu veux dire qu’on a pas juste dormi ? Noooon. On a juste dormi. On a bu et dormi. » Je grimace, m'en voulant de plus en plus. « Arrête un peu de shipper tout le monde avec Huguette, toi ! » Elle me tapote le bras comme pour me gronder. « Trouve toi un autre passe temps. » « Qu'est-ce que tu veux, il est irrésistible notre français ! » Je lance avec entrain, comme pour essayer de gommer le malaise que j'ai créé très involontairement. Je me concentre ensuite sur Hugo et lui adresse avec sérieux : « J'en ai parlé à personne. Je vous ai surpris, j'ai refermé la porte, je suis parti et voilà, j'en ai rien fait. C'est pas mon histoire à raconter, j'aurais jamais osé. » Je hausse les épaules avec autant de franchise que de désinvolture. « J'ai juste gardé ça pour moi et j'suis passé à autre chose. C'était votre truc à vous, ça m'appartenait pas. » Si un autre des five avaient été présent au bar ce soir, jamais aurais-je osé en parler, et cela expliquait aussi pourquoi je ne l'évoquais que ce soir, ayant saisi une perche qui avait fait surgir ce souvenir dans ma mémoire. « J'suis désolé, je voulais pas foutre le malaise ou quoi, » j'admets honnêtement. Je trouvais plutôt la situation cocasse et voulais en jouer, sans penser qu'il s'agissait d'un secret bien gardé. « Je paie la tournée de shooters pour me faire pardonner ? » J'offre. Quitte à ce qu'il y en ait un sans alcool vu l'état de Jiji, d'ailleurs, mais ça, Hugo saura en juger et le faire de lui-même, il est pas el papa de la bande pour rien.

Ji fait comme si elle savait rien, p'tain, elle me laisse vraiment dans la merde. Et la solidarité dans tout ça ? Moi, j'ai bien compris que ça ne servait plus à rien de se cacher auprès de Luz. Il sait très clairement ce qu'il s'est passé entre nous, et il nous le fait bien savoir. S'il-te-plaît Ji, un peu de soutien ?
Mais non. Toujours pas. Et au final, je crois qu'elle ne s'en souvient réellement pas. Hum. Je me suis enfoncé tout seul.

Kai est aussi surpris que moi de voir que mademoiselle Park n'en garde pas un grand souvenir. Shit. J'ai l'air de quoi maintenant... "Non mais Jiiiii t'es sérieuse là ?" Je sais que c'était insignifiant, mais quand même ! C'est pas tous les jours qu'on se retrouve dans le même lit à poil avec une capote qui traine au sol. Ahum. "En vrai, on a joué au Scrabble, t'inquiète." Elle va comprendre quand même là, non ? "T'as entendu le brésilien ? Je suis un français irresistible, on ne peut que jouer au scrabble avec moi, hm?" En vrai, je blague, mais je suis pas du tout serein. Et si Dani était au courant ? Est-ce qu'elle l'est ? Si oui, pourquoi n'a-t-elle rien dit ?

Mes questions trouvent rapidement leurs réponses quand Kai tranche en affirmant avoir gardé ça pour lui. Ouf. Je soupire, soulagé. Heureusement que c'est lui qui nous a cramé. Luz, c'est clairement celui qui illustre l'expression "emporter le secret dans sa tombe". C'est un vrai, mon bro. Le vrai du vrai. Je m'empare de sa nuque et la tapote affectueusement. "Merci gros", je dis, avant de l'embrasser sur le front. Le malaise, il est là. À cause de lui, oui, mais ça va, ça aurait pu être bien pire. Ji, elle doit rien comprendre. En même temps, faut le dire, elle a sans doute un peu trop bu ce soir.
Et quand Kai propose une tournée de shooters, c'est bien évidemment de l'eau que je glisse dans le verre de la brune, et non de la vodka. Pour mon bro et moi, en revanche, pas de diluants, c'est de l'alcool pur qui remplit nos shooters. Je trinque, brûle mon gosier du liquide, puis secoue la tête. C'est pas terrible, la vodka seule.

"C'était le dernier verre toi pour toi, bébé Ji, 'kay ?" Elle a l'air bien bien éméchée, et je sais pas si c'est fréquent, mais c'est quand même souvent que je la retrouve complètement bourrée. A moins que je ne me fasse des idées ? J'espère qu'elle va bien. Hm. "Tu veux que je la ramène ce soir, ou tu t'en charges ? J'ai pas encore fini mon shift, je sais pas quand je pourrais quitter le bar", je dis à Kai, presque inquiet pour notre amie. Je voudrais pas qu'elle finisse sous les roues d'une voiture parce qu'elle arrivait plus à marcher droit.

Things We'd Rather Forget
@Hugo Blanchard @Kai Luz

« Non mais Jiiiii t'es sérieuse là ? » Elle hochait la tête, toujours aussi perdue. Pourtant elle essayait sérieusement de suivre ce qui se passait mais elle n’arrivait pas à savoir s’ils étaient entrain de se foutre de sa gueule ou si cette conversation était sérieuse. En plus elle gardait vraiment un très très vague souvenir de cette nuit là, elle avait trop bu ce soir là et en plus ça remontait a longtemps maintenant, donc difficile de se souvenir en détail. « En vrai, on a joué au Scrabble, t'inquiète. » « Sérieux ? Mais j’suis nulle au Scrabble. » lâchait-elle déjà, surprise et sérieuse. « T'as entendu le brésilien ? Je suis un français irresistible, on ne peut que jouer au scrabble avec moi, hm? » « Ah… »  reprenait-elle en comprenant alors que le Scrabble était une blague et que cette nuit avec Hugo était vraiment arrivée. « Et euh… C’était bien ? » demandait-elle alors à Hugo, très sérieusement. « Je suis presque déçue d’avoir oublié du coup… » soupirait-elle, elle aurait bien aimé se faire une idée du niveau de Hugo au lit. « J'en ai parlé à personne. Je vous ai surpris, j'ai refermé la porte, je suis parti et voilà, j'en ai rien fait. C'est pas mon histoire à raconter, j'aurais jamais osé. » Expliquait Kai, calmement alors que Jiyeon était perdue dans ses pensés, continuant à siroté sa bière dont le niveau baissait un peu trop rapidement. « J'ai juste gardé ça pour moi et j'suis passé à autre chose. C'était votre truc à vous, ça m'appartenait pas. » « AH! Attend si je crois que je me souviens un peu ! C’est ce soir là que … » Son regard se posait brièvement sur Kai et elle hésitait un peu, dire ça a voix haute, face aux oreilles innocentes de Kai…. Puis l’alcool faisait le travail et effaçait bien trop vite cette hésitation : « …Tu m’as chauffée en me disant que t’en avais une grosse et je t’ai pas cru alors tu m’as montré ? C’était ce soir là? » Parce que clairement c’était possible que ce soit un autre soir où l’un comme l’autre avait trop bu, rien n’était impossible avec ces deux idiots. « J'suis désolé, je voulais pas foutre le malaise ou quoi, » « Moi ça va je suis pas mal à l’aise, j'suis bourrée. » assurait-elle. Par contre demain elle en rigolerait certainement moins, c’était un fait, parce que Jiyeon sobre était bien plus pudique qu’il n’y paraissait. « Je paie la tournée de shooters pour me faire pardonner ? » « Attend j’ai pas finis ma bière ! » râlait-elle déjà, attrapant sa pinte pour boire tout ce qui restait cul-sec, manquant de s’étouffer. Elle reposait sa pinte, tournant rapidement le dos aux garçons, se couvrant la bouche pour lâcher un petit rot, avant de se remettre face au comptoir où un petit shooter d’un liquide transparent l’attendait. Elle attrapait déjà son verre pour suivre les deux autres et boire le sien, surprise de ne pas grimacer en avalant son contenu. « C’est normal que ça n'ai aucun gout ? » demandait-elle tout de même, déjà coupée par Hugo : « C'était le dernier verre toi pour toi, bébé Ji, 'kay ? » « Euh… ok daddy. » lâchait-elle, lui lançant un clin d’oeil voulu ravageur mais totalement raté à Hugo. « T’aime ça qu’on t’appelle daddy ? Que je sache pour la prochaine fois, sait-on jamais. » Lâchait-elle en pouffant de rire comme une idiote. Clairement ce secret était plus en sécurité avec une Jiyeon qui ne s'en souvenait pas. Là, elle allait charrier Hugo chaque fois qu'elle aurait trop bu... que Dani soit là ou non. « Tu veux que je la ramène ce soir, ou tu t'en charges ? J'ai pas encore fini mon shift, je sais pas quand je pourrais quitter le bar » « Non mais ça va, je suis en état de rentrée, arrêtez un peu de vous la jouer 'mecs protecteurs' là. » Ronchonnait-elle, se tirant de son tabouret, tenant à peine debout, récupérant son sac à main qui se trouvait sur le comptoir, avant de partir en arrière, s’agrippant à l’épaule de Ka pour éviter la chute. « Fuck… Bon ... ok » soufflait-elle en se rasseyant, une fesse sur son tabouret, l’autre dans le vide, laissant son sac Prada tomber par terre. « Faites les mecs protecteurs du coup... » concluait-elle forcée de constater qu’elle n’arriverait pas à rejoindre la porte de sortie du saucibar sans un peu d’aide.

A vouloir jouer aux détenteurs de secret, je découvre que la mémoire de Jiyeon semble avoir fait table rase de sa nuit d'amour avec Hugo. Nos trois mines surprises se considèrent l'une l'autre et si le malaise doublé de culpabilité ne me terrassait pas autant, j'aurais probablement ricané de cette situation atteignant des sommets en termes de cocasse. Je rassure rapidement mon meilleur pote sur le fait que je n'ai divulgué cet événement à personne, estimant que ce moment ne m'appartenait pas et si quelqu'un devait le raconter un jour, ce serait soit Hugo, soit Jiji, idéalement avec l'accord l'un de l'autre. « Merci gros, » fait Hugo avec affection et je réplique en lui pressant amicalement les épaules : « C'est normal. » Je me réinstalle plus confortablement sur le tabouret du bar et la Park se rappelle soudainement : « AH! Attends si je crois que je me souviens un peu ! C’est ce soir là que… Tu m’as chauffée en me disant que t’en avais une grosse et je t’ai pas cru alors tu m’as montré ? C’était ce soir-là ? » La surprise prend des proportions inimaginables tandis que je m'interdis d'imaginer cette scène pourtant assez graphique. « Tu lui as fait le coup de la French baguette ? » Je taquine. Je m'inquiète du fait que Jiyeon ne se rappelle pas avec qui elle a couché. Peut-être que j'exagère parce que cette aventure remonte à plus de dix ans et elle était possiblement une nuit parmi tant d'autres pour la Park qui a un beau palmarès de conquêtes. Néanmoins, je conserve mon idée d'investir en un AirTag pour veiller à ce que de sinistres personnages n'osent pas abuser de Jiji lorsqu'elle est ivre.

« Moi ça va je suis pas mal à l’aise, j'suis bourrée, » rassure la brune et elle me fait rire nerveusement avant que je ne dépose un baiser sur son front. Pour passer à autre chose, je propose une tournée, Hugo lit dans mes pensées en truquant un des shooters avec de l'eau pendant que Jiji termine sa bière cul sec. « T'inquiète bae, y'a le temps, » je lui précise calmement mais Ji ne ralentit par le rythme pour autant. Je pose une main dans son dos comme pour m'assurer qu'elle ne tombera pas à la renverse en terminant les dernières goutes de sa boisson puis l'observe boire tout aussi rapidement son shooter. Le regard que je dédie à Hugo est mêlé d'épatement et de soulagement quant au fait qu'il était rempli d'eau. « C’est normal que ça n'ai aucun gout ? » « C’est parce qu'elle sort du congélo, » j'invente spontanément pendant que Hugo prend son rôle d'el papa en annonçant qu'il s'agissait du dernier verre pour la petite. Je plisse les yeux devant les quelques allusions sexuelles prononcées, peu friand de ce genre de remarques, puis je porte mon attention sur le bro. « Tu veux que je la ramène ce soir, ou tu t'en charges ? J'ai pas encore fini mon shift, je sais pas quand je pourrais quitter le bar » « Je vais la ramener, » je m'engage. Ce sera sans doute plus pratique et vu son état, je me dis que ça ne fera pas de mal à Jiyeon de ne pas se coucher plus tard qu'il ne le faudrait. « Non mais ça va, je suis en état de rentrer, arrêtez un peu de vous la jouer 'mecs protecteurs' là, » râle la vingtenaire en réalisant toute une gymnastique pour tenir droit sur ses jambes. Je l'attrape par le bras alors qu'elle intercepte mon épaule et l'aide à s'asseoir sur le tabouret. « Fuck… Bon... Ok, » elle concède et je ne peux m'empêcher de lâcher un petit rire attendri. « Faites les mecs protecteurs du coup... » « Tu grognes mais t'aimes bien quand je te ramène ! » je fais, plaisantin. « En plus je suis immunisé des regards désapprobateurs du frangin, maintenant, et je sais où il planque le doliprane pour que je t'en prépare un avec un verre d'eau sur ta table de nuit pour demain matin, » je relate en ouvrant l'application Uber. C'était toujours le même rituel quand je raccompagnais Jiyeon : je m'assurais qu'elle arrive bien en un seul morceau dans sa chambre, pendant qu'elle se laissait tomber sur son matelas je lui préparais son remède pour sa migraine et sa bouche pâtueuse du lendemain, je restais quelques temps pour être certain qu'elle ne soit pas malade et une fois qu'elle me paraissait 100% safe, je mettais les voiles. « T'es prête ? » Je lance en attrapant son sac à main qui était tombé par terre. « Merci pour la soirée bro, » je salue mon ami en passant rapidement derrière le bar lui faire une accolade. « A demain, bonne fin de soirée, » je lui souhaite. Il était assez rare qu'un jour passe sans que je fasse un crochet au Saucibar ou à l'appart de Hugo.

Si au départ, je pensais qu’elle faisait exprès, je me rends de plus en plus compte que Ji, elle ne se souvient pas du tout de notre soirée dérapage. Au fond, c’est pas plus mal. Au moins, je suis sûr qu’elle ne l’a dit à personne non plus. Ouais, parce que ça aurait pu être son genre, de laisser échapper un “Eh les gars, vous savez que j’ai déjà couché avec Huguette?” avec six grammes d’alcool dans le sang. Mais pour le coup, le fait qu’on lui ait rappelé ce souvenir, c’est quand même franchement risqué. Bon, après… Y’a prescription, non ?
Comme elle ne capte toujours pas quand on le lui dit cash, je décide de jouer la carte du foutage de gueule. Bingo, elle réagit enfin. « Et euh… C’était bien ? » “Vu notre état, ça ne pouvait pas être bien, Ji”, j’affirme en pouffant. Puis, Ji et moi au lit, ça devait pas être franchement beau à voir non plus. A mon avis, soit on a dû se soulager tous les deux, mais du coup, pas vraiment partager de moment très intime, soit arrêter en plein milieu parce que ça collait pas.

Mais elle cherche encore et encore dans sa mémoire, Park, et elle finit même par trouver LE détail qui tue. “Euh…” Alors là pour le coup, ça me laisse sur le cul. “P’tain, je t’ai sorti le coup de la french baguette, c’est chauuuuud”, je rebondis, après l’intervention de Kai. Je suis pas fier de cette technique pour parvenir à mes fins. Je l’avais bien sûr vendue comme un lingot d’or à Luz quand je lui racontais mes déboires à l’époque, mais je pensais pas que ça marcherait avec Jiyeon. “Franchement, je suis choqué que tu sois tombée dans le truc, Ji.” Il lui en faut peu à la madame, j’espère qu’elle finit pas dans le lit de n’importe qui aussi facilement.

Si certains doutaient du pouvoir de l’alcool, on a la preuve que ce liquide délie les langues avec les révélations de ce soir. Et pour le coup, Ji en a trop bu, alors elle n’a le droit qu’à un shot d’eau pour la fin. Je pensais qu’elle ne verrait rien - à ce compte, l’alcool goûte comme de l’eau, non ? - mais elle m’incrimine déjà avec sa question accusatrice. Je la coupe sans lui répondre pour autant : ce verre sera le dernier. Et elle est vexée la petite, elle revient sur l’épisode gênant du soir en insistant davantage pour faire régner un malaise constant. “Euh, je préfère être celui qui me tape des mummies”, je rétorque, ajoutant un clin d’oeil. Le fait qu’on recouche ensemble n’arrivera pas de si tôt ma petite. Je pense d’ailleurs qu'elle en a autant envie que moi, c’est-à-dire : absolument pas.

Avec Luz, on se comprend en un regard quand on voit la petite tituber. Evidemment qu’elle ne rentrera pas seule, Ji, et évidemment qu’elle va être bordée par le best des five, jusqu’à s’endormir. Leur uber arrive alors que je suis en train de préparer un mètre de shots pour un groupe. “A demain mes chéris.” Je prends le temps d’interrompre ma tâche pour les embrasser tous les deux. “Envoie un message quand tout le monde est arrivé à bon port”, je glisse à l’oreille de Kai. C’est pas comme si j’allais vérifier mon téléphone, mais ça me rassure quand même.