Heureusement que la musique est forte. Elle a enterré les cris venant d'une porte close. Elle a aussi enterré l'écho du son de la paume de ta main qui claque contre la joue de James. C'est bouillante de colère que tu as quitté la soirée bien plus tôt que prévu. James t'excusera sans doute auprès des autres. Une urgence à l'hôtel. C'est tellement facile de trouver une raison passe-partout pour les absences soudaines de l'un et de l'autre. La vérité est tout autre lorsque ton excès de bonne humeur à surtout trahi le nombre de coupes que tu as avalé tout au long de la soirée. Personne n'a rien remarqué. Tu n'as pas fait honte à personne. Tu n'as certainement pas sali ton nom et encore moins celui de James. Parce que James est là justement. Et il sait te renvoyer au bon moment. Se faire renvoyer chez soi en plein milieu d'une soirée, ce n'est certainement pas plaisant. Voilà la raison des cris de tout à l'heure. Voilà la raison des insultes complètement injustes qui ont commencé de ta bouche et qui ont rapidement suivi dans celle de ton époux - c'est ce que ça semble très contagieux ces gentils mots d'amour entre vous deux. Puis la gifle est partie et toi aussi. Tu comprendras demain matin qu'il a agit pour ton intérêt avant tout. Peut-être que tu ne feras pas brûler son petit-déjeuner en guise de remerciement. Mais pour l'instant, tu n'es habité que par la haine contre ton époux. Viendra ensuite le chagrin et la déprime lors de la descente des effets de ton cher ami l'alcool. Oh oui, une très belle soirée en vue. Et c'est Millie qui a tiré la mauvaise paille pour devoir surveiller la femme incontrôlable de James. Ce qu'il est agaçant à ne pas te faire confiance à ce point. « Je n'ai pas besoin d'une babysitter. » Et elle n'a sûrement pas plus envie de jouer à la babysitter avec une femme plus âgée qu'elle. Tu ne feras pas de scandale, mais sans doute que ton comportement des dernières semaines laisse James perplexe. Assise à même le bord du trottoir légèrement humide dans l'attente du chauffeur qui te ramènera jusqu'à chez toi, cette robe de quelques milliers de dollars est sûrement bien fichue. Heureusement qu'elle ne porte pas l'étiquette Weatherton, James t'aurait sans doute accusé de l'avoir bousillé exprès. « Tu l'enverras chez le nettoyeur. » Les esclaves de James sont tes esclaves, évidemment. Avec un peu de chance, le nettoyeur sera remettre cette robe comme une neuve - quand bien même la mettre aux ordures en arrivant chez toi ne te ferait ni chaud, ni froid. Les phares d'une voiture illuminent la route jusqu'à ce qu'elle s'arrête devant toi. Tu te redresses bien lentement, et bien maladroitement. Un coup sur tes deux pieds, tu dois même prendre appuie contre l'épaule de Millie pour ne pas retrouver ta position initiale : sur le cul. Du grand Cristina à son meilleur. « La porte ne va pas s'ouvrir toute seule. » Parce que tu n'as pas de main et est incapable de le faire toi-même, évidemment. Pauvre Millie, comme si son patron n'était pas déjà assez intolérable, elle doit aussi endurer son hystérique de femme. Malheureusement, le respect que James lui porte n'est pas arrivé jusqu'à toi. Pas encore. Les assistantes de James défilent l'une après l'autre. Tu ne te donnes même plus la peine de les connaître. Juste savoir leur prénom, c'est trop te demander.

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Elle n’avait pas posé de question - de toutes façons, là n’était pas située sa place. James était venue la voir, avec le regard bien plus noir que d’ordinaire, demandant à Millie de raccompagner Cristina chez eux. Elle savait que les choses n’étaient pas nécessairement toujours roses entre les deux époux: elle avait déjà entendu certaines de leurs conversations et avait vu d’autres discussions entre eux. James l’avait contacté, lui avait envoyé l’adresse où ils se trouvaient et à son arrivée, Weatherton s’était contenté de lui demander de repartir dans l’autre direction mais  dans le taxi de sa femme. Alors, cédant à sa demande sans même prendre un instant supplémentaire de réflexion, elle avait hoché la tête et avait souhaité à son patron une bonne fin de soirée; elle ne le croiserait pas avant au moins le lendemain matin. La personne sur qui son attention se porterait, pour les prochaines heures au moins, serait la femme assise sur le bord du trottoir, à même le sol.

Les pas de Millie se firent un peu plus secs sur le pavé, afin que Cristina puisse entre qu’elle arrivait dans son dos. « Je n'ai pas besoin d'une babysitter. » Retenant le petit sourire qu’elle aurait en temps normal laissé échapper, elle pinça ses lèvres un instant avant de baisser la tête en direction de la femme de James. « Je sais. » Si le sol n’avait pas été humide, elle se serait assise aux côtés de la jeune femme. « Mais vous savez aussi très bien que c’est pas moi qui décide. » Là était souvent la réponse de Millie - et pour cause. Lorsqu’elle avait signé son contrat, la précision n’avait pas laissé place à une mauvaise interprétation: elle serait disponible jour, nuit, à tout temps où James aurait besoin d’elle et qu’importe la raison. Elle n’y avait pas réfléchi à deux fois, et aujourd’hui ferait partie de ces moments où elle ne posait pas de question et où elle respecterait ce dit-contrat. « Vous voulez pas vous remettre debout Cristina ? Vous allez abimer votre robe, là. » - « Tu l'enverras chez le nettoyeur. » Ca aurait été James devant elle, Millie ne se serait pas privée de faire un petit commentaire. Avec sa femme, les choses étaient différentes: cette dernière ne semblait pas avoir envie de faire des efforts à son contact; il n’était donc pas nécessaire de formuler ce qu’elle en pensait. « Je passerai la prendre demain matin avec le reste des costumes de James alors. » De ceux qui nécessitait un traitement particulier et qu’il ne savait déposer lui-même au pressing. Ce ne serait pas la première fois non plus que quelques affaires de Cristina se glissaient parmi celles du jeune homme, alors que cette partie là n’était pas précisée dans ses tâches.

Les phares de la voiture venant les chercher se firent voir à travers la nuit, et instinctivement la brune tendit une main en direction de Cristina. Cette dernière semblait pourtant décidée à s’en sortir toute seule - au moins pour cette partie là, et ce fut de toutes façons peine perdue puisqu’elle dut se rattraper à l’épaule de Millie pour ne pas retourner le postérieur sur le pavé. « La porte ne va pas s'ouvrir toute seule. » Avec un petit sourire étriqué, elle se pencha pour attraper la portière et l’ouvrir afin que Cristina puisse se glisser à l’arrière de la voiture. « Je pensais que vous n’aviez pas besoin d’une babysitter ? » Oh, James entendrait peut-être parler des commentaires qu’elle n’aurait finalement pas su retenir, mais tant pis: elle était douce, Millie, mais elle n’avait jamais appris à complètement se laisser marcher sur les pieds si c’était gratuit. Lorsqu’elle fut à son tour assise à l’arrière du véhicule, elle donna l’adresse au chauffeur et il se mit en route. A portée de main se tenait plusieurs petites bouteilles d’eau; Millie en attrapa une alors qu’elle sortait un Aspirine de son sac à main - et tendit le tout en direction de Cristina. « Le temps qu’on arrive chez vous, il aura peut-être eu le temps d’agir comme ça. » La nuit était tombée depuis bien longtemps déjà, mais la soirée était agitée sur la ville. Elles avaient un bout de trajet à faire avant d’arriver.

« Je sais. » Elle sait, mais elle est quand même là comme le parfait petit chien docile qu'elle est censé être. Franchement agaçant - c'est pas ce que tu te dis quand elle fait ce que toi tu décides hm. « Mais vous savez aussi très bien que c’est pas moi qui décide. » Tu roules exagérément des yeux en toute impolitesse, mais bon, toujours à l'arrière de toi, ce n'est pas comme si elle pouvait vraiment le voir - et encore plus comme si elle en avait simplement quelque chose à faire. Ton opinion lui importe sans doute très peu et c'est tout à fait partager. « Il déteste les femmes dociles. » La femme qui partage sa vie, oui. Celle qui l'assiste dans son boulot, non, absolument pas. Elle perdrait son emploi assez rapidement si elle oserait défier son autorité, ou ne pas faire ce qu'il attend d'elle plutôt. Ce n'est pas d'une partie de chat et de la souris dont il a besoin avec elle. Il en a déjà bien assez sur les épaules avec toi - le pauvre. « Vous voulez pas vous remettre debout Cristina ? Vous allez abimer votre robe, là. » Bonne à mettre au ordures sans doute. Le cerne sera difficile à faire partie sur un tel tissu. Elle n'aura qu'à l'envoyer chez le nettoyeur, et ensuite qu'à la jeter si eux ne peuvent pas la sauver. Tu ne te rendras même pas compte s'il manque une robe à ton dressing. C'est pas comme si tu manquais de choix. C'est plutôt rare que tu portes la même plus d'une fois. Finalement, les robes ne font office que d'accessoires chez toi. Elles ne servent qu'à être regardées sans être portées. « Je passerai la prendre demain matin avec le reste des costumes de James alors. » Qu'elle fasse donc. Pour le moment, la voiture qui s'arrête devant vous t'oblige à te redresser sur tes deux pieds. Heureusement que Millie est là, sans quoi tu serais rapidement retourner à ta position initiale… sans aucune délicatesse. Tu ne comptes certainement pas lui donner le moindre mérite puisque sa présence t'horripile. Pourtant, elle t'es bien utile lorsqu'elle t'ouvre la porte comme si tu étais (feu) la Reine de l'Angleterre. « Je pensais que vous n’aviez pas besoin d’une babysitter ? » Ta langue claque sur ton palais à son commentaire. « Tiens donc, elle sait parlé. » Elle sait même réfléchir et se faire respecter. Peut-être bien que c'est un point en sa faveur. Tu as horreur de ces pauvres femmes qui se laissent marcher sur les pieds sans rien dire. Elles font honte au genre féminin. Ce sont a cause d'elle qu'on dit que l'homme est supérieur. Baliverne, les femmes contrôlent les hommes depuis des lustres. Ce sont eux les plus idiots à croire ce mensonge.

Sans plus attendre, tu files à l'intérieur de la voiture, suivit de Millie qui prend bien à coeur son rôle puisqu'elle te suit encore. Te mettre dans une voiture n'est visiblement pas assez. De quoi elle a peur ? De quoi James a peur pour demander à quelqu'un de te surveiller ? Tu ne comptes pas aller t'humilier dans le prochain bar en chemin. Tu ne comptes pas non plus aller imposer ta présence là où il ne la désire plus. « Le temps qu’on arrive chez vous, il aura peut-être eu le temps d’agir comme ça. » qu'elle dit alors qu'elle tend sa paume avec une aspirine dessus. Ton regard rempli de jugement non-fondé se pose quelques instants sur Millie avant de finalement accepter son offre. Tu viens prendre l'aspirine dans sa main que tu glisses sur ta langue. Ton toi qui décuve demain la remercie. En silence évidemment. Tu viens ensuite retirer tes escarpins de tes pieds douloureux. Puis, ta tête qui pèse deux tonnes vient lourdement tomber dans la paume de ta main. « Tu sais quelle date nous sommes Emily ? » Qui est Emily ? Heureusement que tu ne lui laisses pas le temps de placer un mot avant de reprendre la parole. « James non plus, il ne le sait pas. Parce qu'il est idiot et sans coeur. » Ah bon, voilà qui a le mérite d'être honnête. Parfois, c'est bien aussi de se vider le coeur sur quelqu'un d'autre que le principal concerné. « J'espère qu'il est mort. » que tu marmonnes alors que l'alcool te fait cligner des yeux bien trop lentement. Le bébé. Pas James. Dure de suivre sans mise en contexte. Et c'est James le sans coeur hm ?

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« Il déteste les femmes dociles. » Le petit sourire qui échappa et s’appliqua sur les lèves de la jeune femme pendant l’espace d’un instant ne fut pas perceptible par Cristina - et c’était surement mieux comme cela. Peut-être effectivement que James détestait les femmes dociles, les vraies en tous cas; ce n’était pas réellement le cas de Millie, se contentant de savoir hocher la tête et obéir aux ordres lorsque ces derniers étaient légitimes. Ou tout du moins, ce qui se rapprochait le plus de cet adjectif avec Weatherton en guise de patron. Alors peut-être qu’il détestait effectivement les femmes dociles dans sa vie privée, peut-être était-ce la raison pour laquelle la brune aux côtés de Millie et James s’entendaient aussi bien et depuis tant de temps; elle n’était personne pour émettre un réel jugement.

Cependant, ce n’était pas un point qui avait besoin d’être discuté à ses yeux, et surtout pas avec Cristina. Elle pourrait répliquer ce que bon lui semblait, Millie savait où elle se tenait et où étaient tracées les limites de toutes choses entre le couple Weatherton et elle. Elle pouvait par exemple se permettre de faire remarquer à James qu’il n’était pas spécialement de bonne humeur lorsqu’il sonnait chez elle à cinq heures du matin, mais elle se retenait d’agir de la sorte avec sa femme alors que cette dernière était assisse sur le trottoir, après s’être fait renvoyée à la maison par son époux. Pourtant, ce n’était pas l’envie qui manquait à la jeune femme - et peut-être qu’une remarque, gentillette en réalité, fut plus rapide que son instinct de survie. « Tiens donc, elle sait parlé. » Elle savait aussi parfaitement comprendre lorsque le sarcasme était de mise, et ne loupa pas l’occasion de percevoir ce dernier présentement dans les paroles de la brune. Elle n’était pas téméraire au point de rajouter une autre remarque ici, alors elle se contenta d’ouvrir la porte à Cristina, la laissant monter à l’arrière du taxi - banquette sur laquelle elle se glissa à sa suite. James lui avait expressément demandé de raccompagner Cristina jusque chez eux, et elle ne comptait pas déroger aux paroles de son patron. Même si elle pouvait sentir que sa présence n’était guère très appréciée. Peut-être pour se faire pardonner, elle anticipa alors le mal de tête que pourrait avoir madame Weatherton le lendemain matin en lui tendant un aspirine ainsi qu’une petite bouteille d’eau. Contre toute attente, cette dernière avala la pilule sans broncher. Ou en tous cas, pas par rapport au geste de Millie - ce qui était déjà un bon début.

« Tu sais quelle date nous sommes Emily ? » L’apparemment dénommée Emily pinça les lèvres mais n’eut guère le temps d’ajouter le moindre commentaire que Cristina renchérissait déjà. « James non plus, il ne le sait pas. Parce qu'il est idiot et sans coeur. » A ces mots, Butcher eut un petit froncement de sourcils. Il y avait beaucoup d’adjectifs qui pourraient parfaitement correspondre à James - sans coeur pouvait faire partie de la panoplie, par exemple -, mais idiot ne lui allait en rien au teint. Et ça lui brulait les lèvres, à Millie, de demander pourquoi il semblait mériter d’être appelé de la sorte; elle se retenait très honnêtement car elle ne souhaitait pas forcément se mêler de ce qui ne la regardait pas. Les histoires entre Cristina et James, elle en avait un aperçu au quotidien et elle savait pertinemment que tout n’était pas rose; mais c’était le cas de toute relation et tout mariage, jusque là rien de nouveau sous le soleil. Elle aurait juste voulu pouvoir seule mettre le doigt sur la raison exacte de ce comportement, surtout lorsque la jeune femme à ses côtés ajouta les mots suivants: « J'espère qu'il est mort. » Alors, elle tourna son regard vers Cristina, qui semblait ne même plus faire attention à Millie à ses côtés. Une partie d’elle eut le coeur qui se serra, en la regardant. C’était peut-être un brin de pitié, il était vrai. « Vous parlez encore de James ? » Elle espérait que ce n’était pas le cas, car même si elle ne désirait pas s’immiscer dans des histoires qui ne la regardaient pas, elle ne pourrait la laisser parler de la sorte de James. Comme ça avait été dit: il était beaucoup de choses, mais si elle souhaitait le voir mort, Millie allait commencer à vérifier le contenu de tous ses colis livrés et des plats ingérés. « Je sais qu’il a un caractère difficile, mais de là à le souhaiter mort, il y a un pas quand même. » Elle tentait, hasardait; elle savait parfaitement que d’ici à ce que Cristina lui réponde, elle n’allait plus désirer la voir à ses côtés. Elle marchait sur des plates-bandes qui ne lui appartenaient pas, et promis ce n’était pas parce qu’elle ne savait agir autrement. Elle tentait d’être du côté de James, même s’il n’était pas là: c’était à lui qu’allait sa loyauté.

Tu déparles depuis plusieurs minutes déjà. Tu réfléchis à voix haute plutôt. Ou à moitié à voix haute. Tout ce qui fait du sens pour toi, n'en fait pas forcément pour Millie en face de toi. De toute façon, ce n'est pas comme si tu cherchais vraiment à ce qu'elle réponde à ton délire. Tu as juste besoin de te vider le cœur, et Millie à l'heureux malheur d'être désigné pour accomplir cette tâche. Elle n'a rien à dire. Elle n'a rien à comprendre - ton toi sobre serait bien heureuse qu'elle n'y comprenne rien d'ailleurs. Elle a juste à écouter - ou même faire semblant, ça le fait aussi - et se taire. C'est tout. C'est facile comme tâche, non ? Il faut croire que non, parce que, même si elle est restée silencieuse pendant longtemps - sans doute parce que tu la laisses pas rien dire non plus - ta dernière phrase réussit toutefois de la sortir de son mutisme. « Vous parlez encore de James ? » - « Hm ? » Sa voix te fait un peu sortir de ta bulle. Quoi James ? Te demander de suivre ta propre conversation, c'est visiblement trop te demander. Tu parles que Millie n'y comprend absolument rien. « Je sais qu’il a un caractère difficile, mais de là à le souhaiter mort, il y a un pas quand même. » Un pas, un pas. Pas tant que ça. Si elle savait le nombre de menaces de mort qui a plu entre lui et toi au cours de ses septs dernières années. Il est aussi coupable que tu l'es, donc… tu n'as rien à te reprocher. C'est de bonnes guerres. Vous l'avez sûrement même vraiment pensé à plusieurs reprises, mais aucun de vous deux n'aurait jamais mis vos menaces à exécution. Enfin, tu peux parler pour toi, mais pas pour lui. Comme tu n'es pas encore morte d'empoisonnement alimentaire, c'est sûrement bon signe, n'est-ce pas ? « Quoi ? Noooonnn, pas James. » que tu réponds, te rappelant soudainement à quoi elle fait allusion. Dans ta tête, tu l'a trouve idiote de ne pas comprendre cette conversation qui a à moitié lieu dans ta tête, mais bon, gardons cette information pour toi. C'est toi qui aurait l'air idiote de le dire à voix haute. « Notre bébé. » que tu précises par la suite. Est-ce vraiment mieux de souhaiter la mort d'un bébé que celle de son époux ? Un peu… ou pas vraiment. Ce n'est plus le votre, mais c'est encore et toujours celui de James, et c'est la raison pourquoi tu le souhaites mort. C'est bien la pire chose au monde qu'une autre femme que toi sera la mère de son enfant. C'est tout simplement inimaginable pour toi. Ce serait bien étonnant que la fibre paternelle ne touche James au point de vouloir aller récupérer ses droits sur ce bâtard. Surprenant, mais pas impossible. « J'aimerais mieux qu'il soit mort qu'élever par… elle. » Une mine de dégoût passe rapidement sur ton visage au souvenir d'elle, cette traîtresse qui a détruit tous vos rêves du jour au lendemain en claquant la porte. Voilà qui a au moins le mérite d'être claire sur tes paroles.

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« Hm ? » Bien sur que Cristina ne l’écoutait plus parler depuis bien des minutes déjà, trop plongée dans ses propres pensées. Cependant, c’était à propos de ces dernières que Millie s’inquiétait, et était désireuse d’avoir un légère précision. Car elle ne souhaitait pas retrouver James mort étendu sur le lit conjugal d’ici à quelques jours parce-qu’elle aurait loupé un signe ou un autre de la part de la femme du jeune homme - elle savait que tout n’était pas rose entre eux, elle espérait peut-être naïvement que ce n’en était pas à ce point là. « Quoi ? Noooonnn, pas James. » Sans s’en rendre compte, Millie avait en réalité quelque peu retenu sa respiration; si bien qu’elle laissa échapper un maigre soupire en entendant les mots de la brune à ses côtés. C’était ridicule: elle n’avait pas été embauchée par Weatherton pour s’immiscer de la sorte dans ses histoires qui ne la regardaient même pas de loin. En espérant juste que Cristina ait assez bu pour la soirée et qu’elle ne se souvienne pas assez de cette partie là de la soirée pour en faire un compte-rendu détaillé à son mari - ou alors, qu’elle décrète tout simplement que la Butcher avait été de bonne composition à ses cotés et qu’elle ne méritait pas qu’elle fasse un rapport à son supérieur. « Notre bébé. » - « Oh. » L’interjection lui avait échappé.

Rien dans son contrat initial ne l’avait préparé à ce type de moment. Certes, elle savait parfaitement qu’elle pouvait être amené à être au coeur de situations relevant un brin davantage de la vie personnelle de James que du côté professionnel de son quotidien. Millie ne s’était pas attendue en revanche à discuter de l’enfant qu’ils n’avaient pu avoir avec la femme de ce dernier, à l’arrière d’un taxi, alors qu’elle raccompagnait Cristina après une soirée trop arrosée et bien mouvementée. « J'aimerais mieux qu'il soit mort qu'élever par… elle. » Elle ne pouvait ni blâmer, ni condamner les mots de la jeune femme à ses côtés. D’une part, parce-que ce n’était pas sa place d’agir de la sorte, mais d’autre part parce-qu’elle ne peut pas se mettre à la place de Cristina. Ou plutôt, pas totalement. Cette sensation de voir son enfant être arraché à soi, Millie la connaissait - de près, de loin, d’une certaine façon en tous cas. Lorsque son petit frère avait été arraché à son quotidien, qu’il avait disparu des radars, elle avait connu cette sensation de se faire arracher le coeur à même la poitrine. Reggie n’était pas son enfant; mais elle avait perdu l’être qui lui était le plus cher sur cette terre. L’enfant dont Cristina parlait, c’était le sien; contrairement à l’assistante de son mari en revanche, elle ne l’avait jamais connu. « Je suis désolée Cristina. » Ses mots avaient été prononcés avec bien moins d’assurance, alors qu’elle sentait son coeur s’entourer d’une couche de nostalgie et de tristesse - comme à chaque fois qu’elle avait une pensée pour son frère. En revanche, tout comme elle ne cautionnait pas réellement les menaces de mort déguisées, sans subtilités, que Cristina proférait à l’égard de James, celles dirigées contre cet enfant qui n’avait rien demandé n’étaient pas forcément accueillis avec le sourire côté Butcher. « C’est quand même violent de souhaiter la mort d’un enfant, qui n’est même pas encore né, non ? » Peut-être une nuance différence se ferait voir à travers son regard en cet instant, lorsqu’elle releva ce dernier en direction de Cristina - Millie n’en avait que peu à faire. « Il aurait peut-être une toute aussi bonne vie que celle que James et vous auriez pu lui offrir, vous pouvez pas le savoir à l’avance. » Elle ne mentionnait pas l’autre femme de l’équation dans ses phrases: elle devinait d’avance que c’était un sujet bien hors de contrôle.

« Oh. » Oui, oh. Millie faisait partie de ce très maigre cercle de personnes à savoir que James et toi aviez eu recours par la gestation par autrui. Elle a été au première loge pour voir que du jour au lendemain, cette femme ne vivait plus sous votre toit. Elle a peut-être même été la première à le comprendre. Elle l'a sûrement compris avant même que toi tu n'acceptes la réalité en face. C'était bien plus facile de vivre dans le déni, de vivre avec l'espoir qu'elle changerait d'idée, qu'elle finirait par revenir, parce que c'était carrément inhumain d'arracher un enfant à ses parents. « Je suis désolée Cristina. » Ton regard se pose sur l'assistante de ton époux quelques secondes. Quelques secondes seulement avant qu'il ne se détourne par la fenêtre. Tes yeux se mettent à cligner de manière bien exagérer. Les larmes ne sont pas si loin, mais Millie n'aura jamais le loisir d'en voir la couleur. Pas elle, ni personne d'autre. Toutefois, c'est sans doute la première fois que quelqu'un énonce ces quelques mots suite au tragique événement. Et il faut que ça vienne d'une femme dont tu ignores tout. C'est presque tentant, de vider ton sac devant elle. Justement parce que tu ne la connais pas. Ça rend les choses plus faciles. « C’est quand même violent de souhaiter la mort d’un enfant, qui n’est même pas encore né, non ? » Justement, il n'est pas encore né. Il n'est pas vivant. Il n'est rien. Ce qui sera violent, c'est de souhaiter sa mort après qu'il a poussé ses premiers cris. Après que cette garce a ressenti pour la première fois cet amour maternelle qu'elle t'a arraché. C'est elle qui a agit de manière violente. Elle n'a qu'à s'en faire un autre si elle désire tant être une mère. C'est facile pour elle de porter la vie, c'est impossible pour toi. « Il aurait peut-être une toute aussi bonne vie que celle que James et vous auriez pu lui offrir, vous pouvez pas le savoir à l’avance. » Oh, bien sûr, si tu mets ta rage de côté, tu pourrais confirmer les paroles de Millie. Ce bébé ne manquera pas d'amour. Il aura une bonne vie. Tu le sais au fond de toi. Il ne sera pas malheureux, mais le bonheur de cet enfant t'importe peu. Tu ne vois qu'une épreuve dont tu te sens pour le moment incapable de surmonter. « Elle n'avait qu'à baiser un pauvre type dans un bar si elle voulait désespérément un enfant. » que tu lui réponds plutôt les dents serrées. Oh non, ce n'est pas elle qui était désespérée. C'est plutôt l'inverse. C'est toi qui est désespérée et qui a offert son intimité et sa confiance à la mauvaise personne. Tu ne peux pas t'empêcher de te demander si c'était prémédité depuis le jour un. Si tu as été aveugle à ce point. « Je te conseille fortement de ne jamais nous faire un coup pareil. » Sans quoi, elle connaît déjà ta manière de penser. Bien sûr, tu parles de profiter de la confiance absolue que James a pour elle et non de se tirer avec votre enfant dans son utérus. Quoi que chaque utérus fertile est à prendre en considération. « Tu le ferais ? » La question porte à confusion. Et il vaut sûrement mieux pour le toi sobre qu'elle n'en comprenne pas le véritable sens. Ça te donnerait l'air bien trop désespérée.

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Ce n’était pas la partie sur cet enfant que Cristina et James n’auraient pas, qui prenait quelque peu Millie de cours. Elle était déjà au courant de cette histoire, avait même été aux premières loges de certaines choses qu’elle avait su taire à peine ses yeux avaient enregistré ce qui se passait sous son nez. Elle n’était pas aux côtés du couple de façon quotidienne pour attraper des informations intéressantes, loin de là; elle comprenait ô combien la vie privée devait justement le rester, privée, et elle ne s’aventurerait jamais sur un tel terrain. Pas avec James, pas avec Cristina qui s’évertuait à la détester sans aucune raison, pas avec personne. Elle avait connu cette humiliation là, Millie, et son coeur en était meurtri depuis. Elle n’aurait jamais à l’idée de faire subir ça même à son pire ennemi. Tout ce qu’elle avait pu apprendre sur la situation conjugale des Weatherton restait un secret bien gardé, mais était un secret connu de la jeune femme. Evoquer cette partie là de l’intimité de Cristina avec elle était une première; les deux femmes étaient loin d’en être à échanger des confidences - Millie savait également où se situait la ligne des choses qu’elle pouvait dire et celles qu’elle devait taire, et tout ce qui concernait le sujet du bébé était à garder pour elle. Cependant, entendre que la brune à ses côtés pouvait souhaiter la mort de cet enfant qui n’avait donc pu être le sien, elle jugeait qu’elle pouvait se permettre d’émettre un commentaire à haute voix. De toutes façons, il y avait fort à parier que ses pensées pouvaient être visibles sur son visage - si Cristina était apte à les remarquer, car elle avait clairement trop bu ce soir.

« Elle n'avait qu'à baiser un pauvre type dans un bar si elle voulait désespérément un enfant. » Millie pinça les lèvres, se retint d’écarquiller les yeux au passage. Le raisonnement de Cristina n’était pas si faux que ça, en réalité, et c’était surement de le réaliser qui laissa Butcher quelques instants muette. Si le plan de la jeune femme avait été ce dernier depuis le début, elle aurait effectivement pu coincer n’importe quel homme un peu trop éméché et ce dernier aurait pu lui faire un enfant sans même sans apercevoir. Mais cela se devait d’être plus compliqué que cela, forcément. Là, la jeune femme en question avait déjà l’enfant dans son ventre, grandissant en parfaite santé; elle pouvait également connaître de qui venait ce futur bambin et il était vrai qu’avoir un minimum d’histoire concernant son enfant devait forcément importer. La raison la plus probable, qui l’ait fait garder cet enfant pour elle et non mener la grossesse à terme pour le couple Weatherton comme convenu, était surement qu’elle avait du tomber en amour de l’idée de garder l’enfant pour elle; ce n’était malheureusement pas quelque-chose de rare, dans ce type de situations. « Je te conseille fortement de ne jamais nous faire un coup pareil. » - « Pardon ? » - « Tu le ferais ? » Les mots prononcés par Cristina sortirent Millie de ses pensées. Ses sourcils se froncèrent sur son visage, alors qu’un lampadaire de la rue apportait une lumière sur le visage de la femme de James. Elle avait l’impression de ne pas saisir tous les sous-entendus de cette question, mais elle pouvait être certaine de la réponse qu’elle souhaitait donner au mois au sens qui lui semblait le plus évident. « J’ai pas l’intention de profiter de James ou de vous, Cristina, si c’est ce que vous voulez savoir. J’ai pas demandé à être engagée pour ça. » Les choses dont elle souhaitait pouvoir profiter se rattachaient uniquement au côté professionnel et aux enseignements que pouvait lui fournir James. Il était un grand nom dans la mode, il savait travailler d’arrache pied quand le bison était nécessaire et avait des idées géniales à ne plus en voir la fin. C’était pour tout ce côté là que le poste d’assistante auprès de Weatherton avait été intéressant pour la jeune femme. En aucun cas pour profiter de quoi que ce soit de leur vie de couple à eux. « J’espère que c’est l'alcool qui vous fait parler, Cristina. Je sais que ma présence vous dérange, mais je pensais au moins que vous aviez un minimum confiance en James et en sa décision de me garder si proche de vous, de votre quotidien. » Parce-que même si elle trouvait son égo quelque peu froissé à l’idée que la brune ne puisse vraiment pas lui faire confiance, la réelle question ne résidait pas ici. C’était James qui employait Millie, et c’était le jugement de ce dernier qui était engagé. Si Cristina n’arrivait pas à faire confiance au minimum à son mari pour son choix de recrutement de ses employés, il y avait surement plus d’une chose sur lesquelles sa confiance devait être friable également. Et c’était plus pour ça qu’elle émettait une réserve, Millie: elle n’avait pas son mot à dire dans l’affaire, mais elle était du côté de James et le défendrait s’il le fallait. En première intention, tout du moins.

Le taxi arrivait en fin de course, enfin pensait silencieusement Millie. Lorsqu’il se stoppa devant la propriété des Weatherton, la jeune femme sortit la première du véhicule pour aller ouvrir la porte de l’autre côté à Cristina. Elle n’était pas à son service, mais elle était à peu près sûre que la marche de la jeune femme n’allait pas être exemplaire et qu’elle allait devoir la soutenir une partie du trajet. Ou tout du moins, si cela arrivait, elle souhaitait être prête et en rien prise au dépourvu. De plus, elle ne savait pas si Cristina était partie avec un trousseau de clefs et elle avait toujours le sien dans son sac, à portée de main. « Promis, une fois que vous serez en sécurité à l’intérieur de chez vous, j’arrêterais de jouer au baby-sitter. Et je déguerpirai, je sais que vous attendez que ça. » Il n’y avait même pas le moindre reproche dans la voix de la demoiselle, c’était là simplement une constatation: si James lui avait demandé d’agir pour lui alors qu’il ne désirait pas être aux côtés de sa femme, cette dernière aurait surement préféré qu’on la laisse tranquille pour le reste de la soirée.

« Pardon ? » Le commentaire semble la surprendre. Ça ne devrait pas. Tu traverses une ligne où tu n'arrives plus à discerner à qui accorder ta confiance et à qui ne pas faire confiance. Tu as toujours cru pourtant avoir un flair incroyable dans le domaine. Mais il faut croire que lorsque les émotions et l'espoir se retrouvent mêlés à tout ceci, les cartes deviennent rapidement embrouillées. Et puis, on se réveille un matin et on a tout perdu. Tu aimerais pouvoir comprendre ce qui s'est passé, ce qu'il l'a fait changer d'idée. Tu te demandes souvent ce que tu as fait pour que les choses se terminent de la sorte - parce que c'est forcément ta faute. Tu t'es brûlé les ailes en étant trop proche de cette femme. Mais même si elle se trouverait devant toi avec des explications, tu serais incapable de vraiment l'écouter. « J’ai pas l’intention de profiter de James ou de vous, Cristina, si c’est ce que vous voulez savoir. J’ai pas demandé à être engagée pour ça. » Tu souffles un coup. D'exaspération, pas de soulagement. Ton dos vient se caler dans le dossier de la voiture alors que ta main vient se porter contre ton front, comme si ça pouvait t'aider à mieux suivre le déroulement de la soirée. « Elle non plus. » Elle, jamais plus son prénom ne franchira tes lèvres de nouveau. Elle non plus, elle n'avait pas l'intention de profiter de vous. Même si tu en doutes plus souvent que l'inverse, c'est la vérité. Pourtant, ça ne l'a pas empêché de venir vous poignarder dans le dos. « J’espère que c’est l'alcool qui vous fait parler, Cristina. Je sais que ma présence vous dérange, mais je pensais au moins que vous aviez un minimum confiance en James et en sa décision de me garder si proche de vous, de votre quotidien. » S'il y a bien quelqu'un dans ce bas monde a avoir ta confiance absolue, c'est bien James. Ça ne veut pas dire pour autant que tu approuves tous ses choix - ça ne veut surtout pas dire ça. Mais s'il y a quelqu'un à qui tu oserais mettre ta vie entre ses mains, c'est lui. Et personne d'autre. Il n'aurait jamais des parts dans l'hôtel si ce n'était pas le cas. Pas même un pourcentage ridicule. L'héritage de ton père t'est extrêmement précieux. Tu ne le partagerais pas avec n'importe qui. « La confiance, ça se gagne Amélie. Avoir confiance en James ne suffit pas à accorder la mienne à n'importe qui. » C'est ce qu'elle est : n'importe qui. Son assistante jusqu'à ce que la prochaine ne fasse son entrée. Il faut avouer qu'elle est persistante, qu'elle est là depuis plus longtemps que les dernières. Tu as tout de même encore du mal à croire qu'elle sera encore là le mois prochain.

Le taxi s'arrête finalement devant votre maison. Tu es presque tenté pendant quelques secondes de faire demi-tour pour emprunter plutôt le chemin vers Bayside. Tu n'as pas envie de passer la nuit ici. Tu serais mieux dans les draps de satin de l'hôtel que ceux glacial du lit conjugal. Heureusement pour Millie, l'envie d'aller dormir est plus grande que n'importe quel autre caprice. La porte s'ouvre à ta droite. Tu sors de la voiture maladroitement. Il te suffit que de deux pas pour prendre l'initiative de retirer tes escarpins avec lequel tu ne sais soudainement plus marcher. « Promis, une fois que vous serez en sécurité à l’intérieur de chez vous, j’arrêterais de jouer au baby-sitter. Et je déguerpirai, je sais que vous attendez que ça. » - « Je doute de me faire attaquer entre ici et la porte d'entrée. » Ce n'était absolument pas nécessaire de te raccompagner jusqu'à la porte. Elle le fait quand même, sans doute pour t'assurer que tu arrives vraiment à destination comme promis à son patron. Elle ne pourra quand même pas s'assurer que tu passes vraiment l'entièreté de la nuit ici. À moins qu'elle passe la nuit sur le perron de ta porte pour te surveiller jusqu'à ce que James entre à son tour. Non, elle n'est quand même pas si dévouée à son travail. Arrivée devant la porte, tu fouilles quelques instants dans ton sac à main pour retrouver ton trousseau de clé. Tu réussis à ouvrir la porte après seulement deux tentatives - tout un exploit. Tu fais quelques pas à l'intérieur en laissant tomber ton sac, puis tes escarpins au sol sans aucune délicatesse. Si Millie pensait en avoir enfin terminé avec tes idées non-réfléchies, elle se trompe. Ta robe qui te coll(ait) à la peau se retrouve rapidement au sol alors que tu la repousses vers Millie d'un pied. Aucune pudeur. Tu portes des sous-vêtements aujourd'hui, au moins ça. « Tiens, ça t'évitera de revenir demain. » Quelle gentillesse hm. Finalement, c'est peut-être toi et non James qui fait fuir toutes ses assistantes. Tu fais quelques pas vers l'arrière avant de disparaître au coin d'un couloir qui mène jusqu'au marche pour monter à l'étage.

the world doesn't turn around you

@cristina weatherton

Le soupire d’exaspération ne passa inaperçu, dans l’habitacle de la voiture où un silence tout relatif régnait. Rien ne pouvait passer à la trappe, en réalité, tant le regard de Millie était porté sur la jeune femme à ses côtés et ne comptait pas lâcher sa silhouette d’une semelle tant qu’elle ne la saurait pas chez elle, à l’abris, rentrée à bon port comme demandé par James. « Elle non plus. » La mère porteuse qui leur avait fait faux-bond, dans cette conversation, le elle qu’elle mentionnait. Elle n’avait pas été embauchée pour les lâcher en cours de route, sinon elle n’aurait pas franchi la barrière de confiance des Weatherton c’était sur; mais peut-être qu’elle avait prévu depuis bien longtemps son plan, et qu’elle avait attendu le dernier moment pour le mettre à exécution. C’était malheureusement une situation tout à fait probable, plausible; pas le scénario que Millie souhaitait pour le couple, mais il fallait avouer que c’était une possibilité à ne pas mettre totalement de côté. Jamais elle n’agirait de la sorte, elle. La jeune Butcher était bien trop au courant du rôle qu’elle avait à jouer dans leur quotidien, et ne comptait pas en déroger. « La confiance, ça se gagne Amélie. Avoir confiance en James ne suffit pas à accorder la mienne à n'importe qui. » Quoi que, à  entendre Cristina l’appeler par tous les prénoms qui pouvaient exister mais qui n’étaient en rien le sien, peut-être qu’elle songerait avec un peu plus d’application à revoir la confiance qu’elle portrait au couple. Peut-être que la brune n’accordait pas sa confiance à l’aveugle, même si celle de James était déjà acquise, mais Mills avait à coeur dans cette situation à ce que l’inverse soit vrai: son patron faisait confiance à sa femme, qu’importe le contexte complexe de leur relation, alors cette dernière s’étendait de son côté jusque madame Weatherton également. Elle n’irait pas jusqu’à lui confier sa vie, bien sur, mais elle était assez conséquente pour que cela puisse un minimum fonctionner entre elles. Cristina n’y mettait pas du sien, mais Millie oui. Au moins, une partie du pont était construite.

Finalement, le taxi arriva enfin à destination - le trajet avait paru durer une éternité. La mauvaise foi de Cristina sembla descendre en même temps qu’elles du véhicule, alors qu’elle ne souhaitait aucune aide de la part de Millie pour se rendre jusque l’intérieur de sa maison. « Je doute de me faire attaquer entre ici et la porte d’entrée. » - « Vous pourriez tomber, y’a pas besoin de vous faire attaquer pour que vous sécurité soit en danger. » Parce-que c’était en réalité plus à ça que la jeune femme avait songé, en lui disant qu’elle attendrait qu’elle soit bien rentrée à l’intérieur, plutôt qu’à une attaque. Parce-que même en ayant retiré ses chaussures, Cristina n’était toujours pas très table sur ses jambes. Combien de verres avait-elle bien pu boire ce soir ? Arrivées devant la porte, Millie dut se retenir de donner un coup de main à la brune afin d’ouvrir la porte: dans un premier temps en sortant son propre trousseau de clefs, comme elle peinait à trouver le sien, puis en s’occupant de mettre la clef dans la serrure. Deux essais plus tard, et cette dernière s’ouvrait; ce n’était pas plus mal, au moins elle n’avait pas eu à s’interposer, à s’imposer plus que nécessaire. Sac, escarpins, la totalité des choses que Cristina avait entre les mains atterrirent plus rapidement que prévu sur le sol - et Butcher eut à peine le temps de fermer la porte derrière elles que la robe de madame Weatherton rejoignit la collection au sol. « Tiens, ça t'évitera de revenir demain. » Haussant un sourcil, plus amusé qu’intrigué en réalité car ce n’était pas là un comportement très étonnant de sa part, Millie attendit que Cristina ait le dos tourné pour secouer légèrement la tête, et échapper un fin rire qui ne fit audible que par elle-seule. C’était presque gentil de sa part, de s’inquiéter à ce qu’elle n’ait pas besoin de revenir le lendemain; elle savait pourtant que c’était là une façon de pointer à la jeune femme sa place dans cet équilibre précaire de la maisonnée Weatherton - la vraie, celle dans laquelle James et Cristina évoluaient en toute intimité, pas celle représentée par les bâtiments avec leur nom associé. « Faites pas attention à moi hein, je fais comme d’habitude, je sais où se trouvent les housses et les costumes de James ! » Elle ne savait même pas si Cristina pouvait l’entendre, et si elle avait envie de l’entendre de toutes façons. Se baissant pour ramasser la robe, elle déposa au passage son propre sac sur la console de l’entrée avant de parcourir le rez-de-chaussée jusque la lingerie pour attraper une housse de protection, ainsi que celles qui contenaient les affaires déjà prêtes de James. Dans les plans originaux, elle ne s’encombrait pas de tout ça ce soir - mais dans ces mêmes prévisions, elle ne passait pas par cette adresse là avant demain matin. Ce ne fut que lorsqu’elle fut de retour dans le hall d’entrée de la maison que Millie hésita encore un instant. Pinçant ses lèvres, se balançant d’avant en arrière sur ses pieds, elle se maudissait déjà d’avance - mais elle ne savait partir comme une voleuse. Passant par la cuisine, elle attrapa dans la voiture une boisson d’électrolytes et rempli à côté un verre d’eau. Les deux posés sur un plateau, elle avala les marches de l’escaliers pour monter jusque la chambre du couple. En frappant des petits coups sur le bois de la porte en guise d’annonce de son arrivée, Millie finit par entrer dans la chambre et par déposer sur la table de nuit de Cristina le plateau. « Appelez moi si jamais y’a quelque-chose qui va pas. » Parce-que même si elle était que l’assistante de James et non le bouche-trou pour Cristina, elle voyait bien qu’une certaine détresse était contenue dans le fond du regard de la jeune femme. Elle ne connaissait que trop bien ce sentiment d’impuissance qui pouvait aller de paire avec des situations de ce type; elle ne souhaitait ça à personne. « Bonne nuit Cristina. » Elle s’éclipsa à la suite avec autant de discrétion que possible de la chambre.