-E- Ce soir, tu devais devais terminer tôt, n’être que d’astreinte à partir de seize heures. Tu aurais laissé ton téléphone sous ton oreiller, comme toutes les nuits, vigilant à la moindre vibration de ce qui devenait aussi un outil de travail. Tu te languissais déjà de récupérer quelques heures de sommeil, la semaine précédentes ayant été trop chargée en heures supplémentaires. Tu passais ta vie entre les murs de l’hôpital, et un jour, t’arriverais à un point de saturation qui te fera craquer. Mais t’en as pas conscience. Plus tu passes d’heures ici, moins tu en passes à jouer. Et depuis quelques mois, ça te réussissait plutôt bien. Tu stagnais, finissant souvent dans le rouge mais d’une somme dérisoire en comparaison avec l’année dernière. Alors tu continuais avec ce train de vie qui n’était en rien une solution à ta situation ou ton addiction. Sauf que visiblement, Caitriona n’avait pas prévu de te laisser ta fin de journée de repos. Pourtant, tu ne l’avais pas vu de la journée. Et tu ne pensais la retrouver qu’au plus tôt demain. Tu ne t’attendais pas à ce qu’un interne t’interpelle pour te parler d’elle, l’air plutôt catastrophé. « Caitriona est aux urgences. » Tu arques un sourcil, très peu concerné par cette information. Un long silence inconfortable s’installe, alors que l’interne semble attendre une réponse. Tu ne lui avais pourtant pas demandé si elle travaillait ce soir ni si elle était de garde. « D’accord… Et donc? » Que tu souffles, perplexe. Il semble lui aussi, plongé dans la même incompréhension que toi, certain que ses mots étaient pourtant clairs. « Elle a une luxation de l’épaule, une suspicion de côte fracturée… » Il continue une liste de termes médicaux que tu n’écoutes presque plus. Tes sourcils se froncent alors que tu comprends lentement qu’elle n’était pas aux urgences en tant que médecin mais en tant que patiente. « Quoi? » C’est la meilleure réponse qui te vient. Alors l’interne se met à répéter les mêmes constats, sans broncher. « Qu’est ce qu’il lui est arrivé? » Que tu demandes en pressant le pas vers les urgences. Il t’explique l’AVP, son état stable, les premiers examens réalisés avec beaucoup moins d’assurance qu’habituellement. Soigner une collègue, c’est effrayant. Les conséquences d’une simple erreur de diagnostique ou d’un acte mal réalisé font d’autant plus frémir que le patient est une personne que l’on côtoie quotidiennement et qui connait parfaitement le métier. Alors pour s’assurer que rien n’ait échappé à l’interne, il vient te demander un second avis. T’es presque certain qu’il te refilera entièrement le cas pour éviter cette pression.
Tu l’aperçois allongé dans un brancard, les infirmières terminant d’installer des lunettes à oxygène. « Je te manquais Caitriona? » Que tu soupires, presque las de la voir sur un lit d’hôpital. Mais tu préférais toujours opter pour minimiser les choses dans un premier face à des patients, histoire de ne pas les faire paniquer. Tu attrapes sa feuille d’examen, jetant un œil à toutes les annotations laissées par ses collègues de promotion. Elle avait déjà reçu des injections antibiotique, antidouleur, mannitol, entre autre. « Tu sais que tu les fais paniquer, tes camarades? » Que tu ajoutes, presque comme un reproche. C’était très indélicat de ta part, tu le sais. Mais tu ne pouvais décidément pas lui faire une fleur si rapidement. Il fallait crois qu'elle n’était visiblement pas assez proche de la mort pour ça. « On va passer au scan un peu après, ok? Tu tiens le choc? » Tu finis par lui demander. Il était temps. Parce que mine de rien, tu sais la douleur que représente une côte brisée, tu l’avais subi en fin d’année dernière. Sauf que t’étais resté chez toi. C’était Adriana qui s’était occupée de te suturer l’arcade, et t’avais simplement pris des antalgiques pour gérer le tout. T’étais revenu travailler comme si rien ne s’était passé le lendemain, avec un œil au beurre noir et quelques points. Tout ça pour ne pas à avoir à confronter tes collègues comme elle le faisait. Sauf qu’elle, vu son état, n’avait pas le choix. Tu jettes un coup d’oeil à son épaule, dont l’évidence de la luxation ne t’échappe pas. L’épaule gonflée et anormalement placée est largement évocatrice. « Tu sais ce qu’il t’est arrivé? » Tu demandes, cherchant à la faire parler un peu plus longtemps. Tu jettes un coup d’oeil à ses constantes, surveillant que la saturation en oxygène augmente correctement.
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Tout s'était passé étonnamment vite. La voiture arrivant de nulle part, elle s'était retrouvée projetée violemment contre le sol, passant à deux doigts d'emporter Charlie dans sa chute. Elle n'avait pas eu mal tout de suite, en réalité. Après avoir roulé sur le bitume, abîmant autant ses fringues que sa peau, son corps s'était immobilisé sur le dos. La respiration coupée, elle n'avait pas entendu la voiture qui s'éloignait dans un crissement de pneus, ni les cris paniqués de Charlie qui s'était agenouillée à côté d'elle. Elle voyait à travers un voile blanc, et avait toutes les peines du monde à penser. Petit à petit, des fourmillements avaient envahi son corps, la souffrance commençant à ramper sur sa peau. Elle avait du mal à respirer, chaque inspiration lui coûtait, chacune plus douloureuse que la première. C'était la seule chose qu'elle avait pu souffler à son amie blonde, penchée sur elle. Qu'elle avait mal. C'était la seule chose dont elle avait encore conscience. La seule chose qui parvenait à atteindre son esprit embrumé. Elle n'avait pas eu conscience de l'appel que Charlie avait passé aux secours, pas plus des chuchotements rassurants qu'elle lui avait adressé tout en surveillant qu'elle continuait de respirer, en attendant l'ambulance. Cette dernière aurait pu arriver rapidement que beaucoup plus tard que la rousse n'aurait pas pu saisir la nuance. Elle avait commencé à sortir de la brune que lorsque, une fois chargée dans l'ambulance, les soins avaient commencé. La morphine qu'on avait injecté dans ses veines avait apaisé sa souffrance, mais d'un autre côté, elle n'avait pas retrouvé ses esprits totalement. Ses inspirations étaient passées de difficilement supportables à vaguement désagréables, et bientôt, plus que détendue, elle avait commencé à se sentir euphorique. Une sensation étrange, qui l'avait déstabilisée autant qu'elle l'avait ravie. Jake, l'ambulancier qui était en train de lui poser une perfusion dans le véhicule, un jeune homme qu'elle connaissait vaguement, lui avait lancé un regard soulagé alors que le visage de la rousse ne se tordait plus sous la brûlure de son corps. Peu de temps après, tout s'était immobilisé, et la seconde d'après, on la sortait, elle et son brancard, de l'ambulance pour l'engouffrer par la porte des urgences. Immédiatement, du monde s'était agité autour d'elle, tandis que la jeune femme, les yeux rivés sur les néons du plafond, avait commencé à réaliser où elle se trouvait. « Eh mais je connais cet endroit... » Elle ne faisait pas que le connaître d'ailleurs, elle y travaillait. Ils étaient au St Vincent, et ces visages inquiets qui tournoyaient autour d'elle appartenaient pour la plupart à ses collègues. Il y avait trop de monde, trop de monde autour d'elle pour que le travail soit efficace, et rapidement, on l'avait dirigée vers une des salles d'examens pour qu'elle y soit plus tranquille. Là, seulement deux infirmières étaient restées pour tenter de lui imposer l'oxygène, tandis que son collègue ambulancier terminait de fixer le cathéter qu'il avait posé dans le véhicule. Deux internes de sa promotion, Phoebe et Oliver, si sa vision était fiable - pas sûr -, avaient commencé les examens, auxquels elle s'était pliée sans broncher. Une grande première pour elle, qui d'ordinaire se serait escrimée à leur rendre la tâche difficile. Et juste après, une autre tête connue était apparue dans son champ de vision réduit. « Je te manquais Caitriona? » Oh, tiens, son collègue résident, celui qu'elle ne pouvait d'ordinaire pas piffrer, et inversement. « Winstoooon... » Un cri du coeur, joyeux, accompagné d'un grand sourire, un combo qui n'avait même pas réussi à dérider un peu le brun. Décevant. Elle l'avait suivi du regard tandis qu'il parcourait son dossier des yeux. « Tu sais que tu les fais paniquer, tes camarades? » Fronçant les sourcils, elle avait prit un air boudeur, vexée qu'il l'accuse de cette façon. Toujours aussi aimable qu'une porte de prison, d'ailleurs. « C'pas ma faute. » C'était vrai, mais elle aurait volontiers parié que Winston allait rapidement remettre ce point en question. « On va passer au scan un peu après, ok? Tu tiens le choc? » Elle avait eu un petit rire, qui l'avait fait tousser, lui faisant monter par la même occasion les larmes aux yeux. Puis, elle avait adressé un nouveau sourire à Winston. Puisque son bras gauche ne voulait plus répondre, elle avait utilisé sa main droite pour lui adresser un pouce en l'air, presque radieuse. « Ouaip, ça roule... » Ça roulait même un peu trop, d'ailleurs, et elle risquait de le regretter plus tard, mais pour le moment, le sentiment d'euphorie qui l'avait envahie toujours bien présent. Le brun, lui, restait beaucoup trop sérieux pour elle. Il regardait ses constantes, relisait le dossier, lui jetait de temps en temps un regard, sans croiser le sien pour autant. En restant à bonne distance pour le moment. « Tu sais ce qu’il t’est arrivé? » Son sourire s'était effacé d'un seul coup, et son visage s'était assombri. Elle avait beau planer légèrement, elle se souvenait bien du pourquoi du comment. Même si ça restait un peu flou dans son esprit. « On m'a roulé dessus. Je crois. » Elle avait été plus percutée qu'écrasée, mais faire la différence entre les deux aurait été trop compliqué pour elle. De toute façon, le brun comprendrait bien ce qu'elle était en train de lui dire, ses blessures auraient été toutes autres si on lui avait réellement roulé dessus. Il paraissait pleinement concentré, et avait fini par se rapprocher d'elle, une occasion qu'elle avait saisi sans réfléchir en lui agrippant le poignet de sa main valide. « Tu restes avec moi, hein? » Elle voulait pas qu'il parte. Il avait beau être odieux en temps normal, sous morphine il semblait supportable, et il était surtout bien plus compétent, en tant que résident, que ses collègues les internes. Elle ne l'admettrait pas à voix haute, elle était pas assez shootée pour ça, mais quand même.
-T- u ne t’attendais pas à un si bon accueil lorsque tu entres dans la pièce où Caitriona était allongée. Tes yeux s’attardent sur toutes les anomalies marquant son épiderme, témoins de la violence du choc. « Winstoooon... » Et bien. La morphine, c’était efficace chez elle. Elle planait complètement. Anormalement heureuse de remarquer ta présence, tu arques un sourcil, étonné de sa réaction. Au vu de son air niais -qui ne lui allait pas du tout, on avait du bien la charger en opiacés. Tu supposes au vu de son état que c’était largement justifié, entre sa peau brulée et salie par le bitume, sa cote brisée et son épaule luxée. Elle aura au moins un petit moment de répit. Elle n’a plus qu’à profiter de cette drogue légale durant ses quelques heures d’action. « C'pas ma faute. » Il était vrai qu’un piéton était rarement en tord, mais tu restais méfiant avec Cait. Non pas que tu la connaisses suicidaire mais ce serait jouissif qu’elle ait tord. T’es sacrément tordu comme mec. « Hm. » Que tu réponds évasivement. Tu n’avais aucune idée des circonstances de l’accident, de ce que tu as pu lire et d’après une de ses amies qui l'accompagnait, c’est en traversant la route qu’elle s’était faite renversée. Comprendre les circonstances de l’accident, ça ne faisait pas parti de ton boulot, ça relevait plus de celui d’Adriana. Mais ta curiosité reste insatisfaite, et tu brules de lui demander comment elle en était arrivé là. Sauf qu’au vu de son état, tu n’espères même pas une réponse claire. Lorsque tu lui demandes si elle tenait le choc, elle adopte un comportement que tu peines à comprendre. D’abord elle rit, puis elle tousse, ses yeux se remplissent de larmes pour finalement sourire. Tu inclines légèrement la tête, l’air interrogateur. Elle t’offre un joli pouce en l’air, amplifiant son sourire. « Ouaip, ça roule... » Elle était même en roue libre. C’est presque si son état pourrait te décrocher un rire. « Profite. » Que tu lui conseilles, certain qu’elle ne devait pas vivre ce genre d’expérience très souvent. Tu te concentres de nouveau sur le dossier, attentif à ses constantes. « On m'a roulé dessus. Je crois. » Tiens, elle ne souriait plus. Ça n’avait rien d’étonnant, vu le traumatisme qu’elle venait de subir. Elle devra surement prendre du temps pour elle pour soigner autant son physique que son psychique. Et lorsque tu t’approches d’elle, elle t'attrape le poignet. Tu stoppes un mouvement de recul que tu aurais pu avoir en temps habituel, conscient qu’elle n’avait pas besoin de ça en plus. « Tu restes avec moi, hein? » Tu acquiesces après quelques secondes d’attente. T’as l’impression d’avoir un enfant et plus vraiment une collègue face à toi. « Tu sais que tu m’en devras une? » Ce sera pour la prochaine fois que tu te feras casser la gueule. Tu ne lui feras pas de cadeau gratuitement. Si tu voulais bien faire un effort au vu de son état, ce ne sera pas dénué d’intérêt. Tu ne sais pas encore comment ni à propos de quoi elle devra te rendre la pareille. Mais un jour ou l’autre, tu viendras le lui demander. « On va attendre deux minutes que tes constantes soient parfaitement stabilisées. » Elles étaient d’ailleurs rassurantes. Le plus important restait son taux d’oxygène qui saturait correctement petit à petit. « Alors, t’as un truc à me raconter pour faire passer le temps? » Et si la morphine pouvait la détendre assez pour qu’elle te lâche des informations qu’elle n’aurait jamais balancé en temps normal, c’était encore mieux. Une fois le temps écoulé, tu jettes un dernier coup d’oeil à ses constantes avant de poser tes mains sur le brancard. « T’as déjà passé un scanner? » Parce que réaliser des scanners sur des patients, ça vous l’aviez fait de nombreuses fois. Mais le subir était encore autre chose. Tu commences à faire rouler le lit dans les couloirs, te dirigeant vers la salle d’imageries. Une fois là bas, tu l'installes sur le lit de la machine à l’aide de l’interne. « Je vais t’injecter le produit de contraste. C’est normal si t’as chaud. » Elle connaissait, les effets secondaires du produit. Mais tu préférais le lui rappeler par acquis de conscience. Tu injectes ensuite la substance par voie veineuse et jettes la seringue dans la poubelle prévue à cet effet. « On va passer de l’autre coté. » Dans la pièce adjacente, que l’on devinait à travers la vitre, là où se trouvait déjà le radiologue.
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Trop euphorique, l'irlandaise n'avait pas du tout remarqué l'étonnement de Winston. Elle-même était juste trop contente, soulagée même, d'avoir une tête vraiment connue à ses côtés. Et peu importe si cette tête en question était un vrai connard le reste du temps. Là, il était supportable, et c'était tout ce dont elle avait besoin. Maintenant, elle n'avait plus qu'une peur: qu'il la laisse toute seule avec des internes pour aller vaquer à d'autres occupations. C'était pour cette raison que lorsqu'il s'était trouvé à sa portée, elle lui avait attrapé le poignet sans ménagement de sa main valide, s'attirant un regard surpris de sa part. Quelques longues secondes s'étaient égrainées. « Tu sais que tu m’en devras une? » La rousse s'était laissée retomber pleinement sur les coussins avec un sourire décalé, avant d'exhaler un soupire résigné. « Tout ce que tu veux. » Elle s'en voudrait plus tard, lorsqu'elle aurait retrouvé un semblant de sérieux une fois la morphine en partie dissipée. On avait pas idée de promettre autant à son rival le plus féroce. Pour autant, dans l'état où elle était, elle lui aurait promis n'importe quoi sans avoir besoin d'y réfléchir. « On va attendre deux minutes que tes constantes soient parfaitement stabilisées. » « Oui chef. » La jeune femme avait simplement fermé les yeux une seconde, pour se reposer rien qu'un instant. Ses émotions faisant les montagnes russes toutes les demi-secondes, ça ne pouvait être qu'une bonne idée. « Alors, t’as un truc à me raconter pour faire passer le temps? » La voix de Winston avait mis quelques secondes de plus que la normale pour arriver jusqu'au cerveau de la rousse. Elle avait mis un instant de plus avant de trouver quelque chose à répondre, le premier truc qui lui était passé par la tête. « J'vais adopter un chiot. » C'était pas le truc le plus intéressant du monde, surtout qu'elle ne savait pas le moins du monde si Winston avait un intérêt quelconque pour les animaux. Mais dans son esprit c'était la seule chose qui faisait encore sens, puisque le dernier événement qu'elle avait vécu avant de se faire renverser. « J'sais pas si c'est tellement une bonne idée, ces chiens là aiment bien l'eau non? » Quel rapport, devait se demander Winston. Le fait était qu'il y en avait bien un, mais que s'il ne la cuisinait pas, il n'en saurait pas plus. Sauf s'il attendait encore un peu. Après tout, elle planait encore suffisamment pour se mettre à table toute seule au bout d'un moment. Peu de temps après, avec un dernier coup d'oeil à ses constantes, le brun s'était penché sur son brancard. « T’as déjà passé un scanner? » Nouveau sourire de la part de la rousse. Il n'imaginait pas à quel point elle avait de l'expérience dans le passage d'examens médicaux divers. « Plusieurs fois. Une, peut-être deux. Quatre. » Et aujourd'hui serait sa cinquième expérience du genre. Ayant toujours été une tête brûlée depuis petite, elle avait eu son lot de chutes et d'incidents en tout genre. Le fait était qu'elle s'était un peu calmée avec l'âge, mais qu'elle n'en avait décidément pas fini avec les accidents. « Faut que je compte les radios et les IRM aussi? » S'il voulait son dossier médical au grand complet, elle pouvait faire un effort pour le lui réciter, mais ça irait plus vite de le demander à la direction de l'hôpital, peut-être qu'ils l'avaient. La jeune femme s'était laissée conduire calmement jusqu'à une salle d'imagerie dédiée au scanner, se surprenant elle-même à scruter le visage du brun pendant les moments de silence. Quand ils étaient finalement arrivés, elle s'était laissée porter par lui et un interne arrivé en renforts, pour finalement se retrouver allongée sur le matelas rigide de la machine. La jeune femme avait grimacé de douleur le temps de l'opération, retenant de justesse un soupir de soulagement lorsque tout s'était terminé. « Je vais t’injecter le produit de contraste. C’est normal si t’as chaud. » L'irlandaise avait hoché la tête. Ça lui faisait bizarre de se retrouver à cette place, puisque d'ordinaire, c'était elle qui prononçait cette phrase. Elle avait senti le produit se diffuser dans ses veines, une chaleur timide prenant peu à peu de l'ampleur jusqu'à devenir intense. Oui, elle avait chaud, d'un coup. « On va passer de l’autre coté. » « Ok. » Ce ne serait pas long. Quinze minutes tout au plus, ce serait donc une formalité. Pourtant, au bout de cinq minutes à peine, la jeune femme avait commencé à se sentir moins bien. Pourquoi? Ça elle n'en savait foutrement rien. Pourtant, Cait commençait à lutter pour rester immobile, quand rien n'aurait dû être plus simple. « Eh Winston? » Pas de réponse. Pourtant, elle savait très bien qu'en appuyant sur un simple bouton, il pouvait interagir avec elle grâce à un micro. Il avait juste choisi de l'ignorer. « J'ai la nausée. » Pas au point de vomir, certes, mais pas loin, et ce n'était définitivement pas une sensation qu'elle pouvait ignorer. Quand elle avait été certaine qu'il était attentif, et que la menace qu'elle finisse par vider le contenu de son estomac dans la machine en était une véritable, de menace, elle avait repris la parole. « À ton tour de me raconter quelque chose pour passer le temps. Faut que je pense à autre chose. »
-L- a rousse était dans son monde, heureuse, comme si l’accident ne s’était jamais produit. La réalité ne l’avait pas encore frappée, et il fallait espérer que le choc ne sera pas aussi violent que celui avec la voiture. « Tout ce que tu veux. » Et tu lui offres ton plus beau sourire, l’air malicieux. « Ok. » Tu ne l’oublieras pas cette promesse, même si Caitriona n’était clairement pas en pleine possession de ses moyens. Ce n’était visiblement pas un détail que tu prenais en compte, trop tenté de profiter de cet instant de faiblesse. « J'vais adopter un chiot. » Tu lui lances un regard curieux, observant ses traits pour voir à quel point son cerveau était encore connecté à la réalité. « Oh. » Que tu réponds en prenant un air faussement intéressé, hochant de la tête d'une mine approbatrice. Toi même tu avais un jeune chien, d’à présent deux ans. Tu préférais bien plus les animaux aux personnes, ça sautait aux yeux dès que tu croisais un mammifère. Ça n’avait rien de logique, pour un chirurgien, mais c’est justement suite à l’affection particulière que tu portais pour les boules de poils que tu n’aurais jamais pu être vétérinaire. L’euthanasie te fait frémir et les propriétaires encore plus. « J'sais pas si c'est tellement une bonne idée, ces chiens là aiment bien l'eau non? » C’était incompréhensible. Déjà, tu n’avais aucune idée du chien qu’elle souhaitait adopter, peut être un golden puisqu’ils aiment visiblement l’eau. Mais pourquoi est ce qu’il devait absolument aimer l’eau, t’en sais rien. T’as beau tenter de tourner la phrase dans tous les sens, t’as du mal à la décrypter. « Si t’es plus clair je pourrais peut être répondre à la question. » Elle pourrait bien lâcher une information aussi futile qu’utile. Et tu penches plutôt pour la première option. Mais ne sait on jamais, tu cherches à éclaircir ce point, avec une certaine curiosité.
Alors que vous traversez les couloir et vous reprochez de la salle d’imageries, sa réponse t’étonne. « Plusieurs fois. Une, peut-être deux. Quatre. » Tu arques un sourcil surpris. Ça commençait à faire beaucoup de scanner à vingt sept ans. Tu ne sais néanmoins pas si elle était sérieuse, ou si elle inventait ses réponses, l’esprit embrumé. « J’peux savoir pourquoi t’en passes autant? » T’en viens à te demander si elle n’a pas une maladie chronique ou un cancer pour en avoir déjà fait quatre. Le problème avec ton métier, c’était que tu imaginais souvent le pire au moindre indice qui pouvait t’évoquer une maladie grave. Tu ne l’as pourtant jamais vu trainer en service d'oncologie ou de médecine interne. « Faut que je compte les radios et les IRM aussi? » Tu arques un sourcil, un sourire en coin hésitant. « Non, j’crois que tu me bats. » T’avais pourtant subi de nombreuses radios avant et après ton amputation, mais ça s’était arrêté là, jusqu’à ce que tu te casse un orteil cette année. Mais vu l’assurance de Caitriona, étrangement, tu miserais plutôt sur elle.
Une fois dans la salle juxtaposée au scanner, tu t’assois sur l’une des deux chaises, à coté du radiologue. Vous vous échangez des banalités, habitués à vous côtoyer presque quotidiennement. Il y avait une bonne entente assez évidente pour que l’interne ne puisse plus en placer une. Tu lui exposes ensuite le peu de précisions que tu avais sur les circonstances de l’accident de Cait. Il fallait dire qu'au sein de l’hôpital, toutes les informations se propageaient à une vitesse incontrôlée, les rumeurs étant sur toutes les lèvres. Vous étiez pire que des collégiens, partageant la dernière nouvelle croustillante à tous les collègues avec qui vous travailliez. Les secrets et l’intimité étaient compliqués à conserver dans ce genre d’atmosphère. « Eh Winston? » La conversation avec ton collègue s’arrête suite à son intervention, alors qu’elle redevient le centre de votre attention. Tu lèves les yeux vers la vitre en fronçant tes sourcils sans pour autant répondre. T’attends la suite de sa phrase, qui ne vient pas tout de suite. Alors tu reportes ton regard sur l’écran qui affichait lentement les images. Cependant le silence ne dure pas longtemps. « J'ai la nausée. » Tu te penches et appuies sur le bouton, répondant dans le micro avec un certain réflexe. « Retiens toi. » T’as le droit à un regard de l’interne et du radiologue dont le jugement ne t’échappait pas. La compassion, ce n’était pas une de tes grandes qualité, et encore une fois aujourd’hui, c’était évident. Tu soupires, lèves les yeux au ciel et te lèves pour appuyer sur le bouton. « Préviens moi si t’as vraiment envie de vomir. Mais. » Tu retiens tes derniers mots en remarquant que de nouveaux les regards t’accablaient. Tu leur lances en retour une moue désapprobatrice, venant te rassoir à leur coté. Les minutes passent, vous discutez des images qui commencent à s’afficher alors que rien de particulièrement inquiétant n’est encore révélé. Tu te balances sur ta chaise, les minutes passant plus vite à tes yeux qu’à ceux de Caitriona qui semble finir par perdre patience. « À ton tour de me raconter quelque chose pour passer le temps. » Tu te contentes de continuer de fixer l’écran, pas forcément très motivé quant à l’idée de lui raconter ta vie. « Faut que je pense à autre chose. » Mais quelle chieuse celle là. Tu soupires une nouvelle fois, et te penches de nouveau pour lui répondre. « Hm. » Le micro est toujours activé, seulement tu cherches quelque chose que tu pourrais lui raconter. Parce que t’en as des choses à partager. Juste pas avec elle. T’as pas envie de lui parler des tes nombreux problèmes qui pesaient sur ton esprit autant que sur ta conscience. Alors tu optes pour le même sujet qu’elle avait relevé il y a quelques minutes. « Mon chien m’a fait la gueule toute la soirée hier parce que je l’ai amené chez le véto pour son vaccin. Il s’est posé face à la télé et a plus bougé. Il a même refusé de manger ce couillon. » Si t’avais un caractère de merde, ton chien pouvait parfois un peu trop te ressembler. Le problème c’est que t’as pas le même répondant avec ton shiba qu’avec tes patients. Alors t’avais tenté de lui donner quelques morceaux de saucisses et son refus t’avait brisé le coeur. « Mais tu sais, j’ai pas grand chose d’interessant à raconter. » Menteur. Tu les gardais juste jalousement pour toi, quand bien même tu laissais parfois des indices se dévoiler, comme un oeil au beurre noir de l’année dernière ou ta chaussure orthopédique en début d’année. Mais, comme suite à ton amputation, tu donnais des explications diverses et variées, souvent de plus en plus absurdes. Parce que ça t’amusait, tout simplement, de mener les autres en bateau, plutôt que d’affronter un sujet délicat.
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Il lui avait demandé de lui raconter quelque chose, une anecdote, n'importe quoi, et la jeune femme s'était exécutée sans réfléchir ne serait-ce qu'une seconde. Elle lui avait parlé de ce chiot, qu'elle allait peut-être adopter. Celui qu'elle était allée voir juste avant l'accident. Sur le coup, il avait simplement lâché un oh presque silencieux, comme si ce qu'elle venait de lui dire était très intéressant. Il s'en foutait probablement d'ailleurs, mais l'irlandaise, planant toujours, était bien loin de s'en douter, alors elle avait continué sur sa lancée comme si de rien était, abordant ses minuscules doutes, concernant l'attrait de cette race de chien pour l'eau. « Si t’es plus claire je pourrais peut être répondre à la question. » La rousse avait plissé les yeux, se concentrant autant que possible pour essayer de lui expliquer. « C'est un golden retriever. Ça aime l'eau? Je déteste l'eau... » Et bien sûr, elle avait ses raisons. Des raisons qui étaient venues l'assaillir en un instant, et immédiatement, elle s'était rembrunie. Le visage fermé, les yeux sombres, perdus dans le vague, perdue dans ses souvenirs traumatisants. Si Winston avait répliqué quelque chose à ça, elle était déjà trop loin pour l'entendre.
En bon professionnel qu'il était, bien que ça l'aurait fortement agacée de devoir l'admettre, il lui avait expliqué ce qu'ils allaient faire, ce qu'elle allait devoir subir dans les minutes qui allaient suivre, à savoir un scanner. Et, comme s'il parlait à une enfant, il lui avait demandé si elle avait déjà passé ce genre d'examens. Vu sa tête, il ne s'attendait certainement pas à ce qu'elle réponde un aussi gros chiffre. « J’peux savoir pourquoi t’en passes autant? » Elle avait haussé les épaules par habitude, le mouvement déclenchant une vague de douleur qui l'avait fait grimacer. Une fois le spasme disparu, elle avait répondu d'une voix égale. « J'étais une vrai casse-cou quand j'étais petite. » Et elle se garderait bien de dire qu'en grandissant, ce trait de caractère n'avait pas tout à fait disparu... En témoignaient son amour pour les sports de combat et les activités extrêmes. Fronçant les sourcils à nouveau, elle avait réfléchi un instant. Est-ce qu'il fallait qu'elle compte pour les radios en tout genre et les IRM aussi? À ce petit jeu là, elle atteignait un sacré score. « Non, j’crois que tu me bats. » Elle avait eu un immense sourire, l'irlandaise. C'était pas tout les jours qu'elle pouvait mettre la misère à Winston, et elle était ravie, même si cette victoire reposait sur le nombre d'os brisés qu'elle avait encaissé. « Ouaip, j'ai gagné, t'as perdu. » qu'elle avait confirmé. Parce que ça lui faisait beaucoup trop plaisir pour que ce ne soit pas souligné, encore un peu plus.
Elle n'avait passé que peu de temps dans la machine bruyante quand la nausée l'avait prise à la gorge, sournoise. C'était une sensation forte, désagréable, mais pour le moment, elle parvenait encore à penser à autre chose. Mais puisque ça n'irait probablement pas en s'arrangeant, elle s'était sentie obligée de prévenir Winston. La réaction ne s'était pas faite attendre. « Retiens toi. » Un brin paniqué, le petit. Il faut dire qu'on ne vomissait pas dans une machine à plusieurs millions de dollars sans qu'il y ait de répercussions. Et puisque Cait était sous morphine, le seul responsable ici, c'était Winston. C'est sur lui que ça retomberait, en cas de pépin. « Préviens moi si t’as vraiment envie de vomir. Mais. » Mais quoi? Il était bien gentil, mais elle ne pourrait pas tenir indéfiniment dans cet état. « Te prévenir? C'est ce que je viens de faire, idiot. » Mais il fallait croire qu'il avait pas entendu, pas compris. Elle en savait foutrement rien, la rousse. Peut-être qu'il n'accordait pas suffisamment de crédit à ce qu'elle lui disait. En attendant, s'il espérait qu'elle tienne jusqu'à la fin sans rendre le maigre contenu de son estomac, il faudrait qu'elle pense à autre chose. Alors elle lui avait demandé de lui raconter quelque chose, à son tour. D'où elle était, elle l'avait parfaitement entendu souffler dans le micro. « Hm. » S'en était suivi un court silence, alors que Caitriona attendait patiemment. « Mon chien m’a fait la gueule toute la soirée hier parce que je l’ai amené chez le véto pour son vaccin. Il s’est posé face à la télé et a plus bougé. Il a même refusé de manger ce couillon. » C'était elle qui avait réclamé un anecdote, et pourtant, entendre Winston parler de sa vie personnelle, ça lui faisait bizarre. Cependant, la rousse restait d'un naturel curieux, et à partir de là, avait crevé d'envie d'en savoir plus. Malheureusement, son collègue ne semblait pas décidé à continuer sur sa lancée. « Mais tu sais, j’ai pas grand chose d’intéressant à raconter. » « Menteur. » Elle avait répondu du tac au tac, leurs phrases se télescopant presque. Elle aurait voulu en savoir plus. Pourtant, ce n'était vraiment pas gagné. La jeune femme n'avait plus aucune notion du temps, pas moyen de savoir si l'examen était presque fini ou non. Et elle avait toujours la nausée. Il fallait qu'elle arrive à le convaincre d'en dire plus. Un potin croustillant l'aiderait peut-être à oublier son mal-être. « T'as une copine? Ou tu préfères les coups d'un soir peut-être? » C'était bien trop personnel comme question, mais puisque la retenue de la rousse vis à vis du brun s'était fait la malle, cette dernière ne s'était pas rendue compte qu'elle était peut-être allée un peu loin. Au final, elle n'attendait même pas une vrai réponse à cette question. Elle voulait qu'il lui parle, et c'est tout. De n'importe quoi. Sa seule échappatoire? Le temps qu'il restait à la machine pour accomplir sa mission.
-E- lle a du mal à réfléchir, ça se voit, dans ses temps de latence trop longs. Elle plisse ses yeux, alors que tu percevait comme elle peinait à mener ses pensées à bien. « C'est un golden retriever. Ça aime l'eau? Je déteste l'eau... » Tu arques tes sourcils, la dévisages un instant. Tiens donc. C’est dingue comme sa réponse résonne en toi. Frileux des océans, tu t’étais déjà dit plusieurs fois qu’il faudrait que tu règles ce problème un jour. Mais tu n’en avais jamais eu le courage, tu n’avais jamais su briser la distance que tu imposais entre l’eau salée et toi. Mais tu n’oses pas faire le parallélisme trop rapide entre ta phobie et simplement le fait qu’elle avoué ne pas apprécier l’eau. « Oui. Fallait prendre un chat. » Que tu ironises, alors qu’elle semble complètement ailleurs. La morphine, il n’y a pas à dire, ça lui fait de l’effet. « Tu ne t’es pas renseignée avant d’en prendre un? » Un certain jugement s’échappe de tes lèvres, lui reprochant indirectement de poser ce genre de question alors qu’elle s’apprêter à adopter un chiot. Mais de toute évidence, elle ne t’entend pas. Son regard se perd dans le vague, elle décroche complètement de la réalité et se renferme soudainement sur elle même. Et de nouveau, la similarité troublante avec ton expérience s’immisce dans ton esprit. « Pourquoi tu détestes l’eau? » Tu finis par tenter, peu convaincu qu’elle te réponde vu son décrochage.
Tu en apprends finalement beaucoup plus sur Caitriona en quelques minutes qu’en années de côtoiement dans le même hôpital. Vous aviez très peu échangé sur vos vies, préférant le silence et les remarques acerbes à un interêt pour autrui. Elle hausse les épaules en réponse à ta question, ce qu’elle n’aurait pas du faire. La douleur se lit sur ses traits pales, et tu lèves tes yeux au ciel en conséquence, exaspéré de son manque d’attention. « J'étais une vrai casse-cou quand j'étais petite. » C’était peu dire, il fallait croire. Alors tu abandonnes vite cette pseudo compétition aux examens médicaux. Tu détestais ça, même aujourd’hui. Tu rechignais à faire une radio, alors un scanner était une véritable épreuve à passer pour toi. Mais bien heureusement, aujourd’hui, c’était au tour de Caitriona de passer sous les rayons. « Ouaip, j'ai gagné, t'as perdu. » Tu soupires avec dédain. « Ouais c’est bien. » Que tu marmonnes, excédé de sa réaction puérile.
Une fois allongée dans la machine, elle avait la nausée, pour ne rien arranger. Et c’est fou ce qu’elle pouvait te faire chier même sans le vouloir, Caitriona. Alors tu le lui fais ressentir sans hésitation. Et lorsque tu tentes de tempérer tes propos, elle rétorque une nouvelle fois, ne faisant qu’accroitre ton agacement. « Te prévenir? C'est ce que je viens de faire, idiot. » Tu fixes le vitre, vérifiant qu’aucun spasme nauséeux ne prenait la rouquine. « Vraiment envie de vomir je t’ai dit, pas quand t’es juste une petite nausée. Tu sais, non, quand ça va pas tarder? » Que tu râles sans vergogne. T’es loin de te montrer souple avec elle, et c’était une attitude que tu adoptais bien trop souvent, et plus particulièrement avec elle. Et puis tu tentes de couper une discussion qui devenait plus gênante qu’autre chose. « Menteur. » Ce ne fut cependant pas de l’avis de l'interne. Tu arques tes sourcils, jettes un oeil à tes collègues de l’autre coté de la vitre qui avaient un regard bien intéressé figé sur toi. Ça y est, la curiosité des ragots était ravivée. « Quoi? » Que tu leur rétorques avec une pointe de reproche dans la voix, alors que le micro était toujours allumé. Tu détestais cette sensation des yeux attentifs braqués sur toi. Non pas qu’être le centre de l’attention te dérange, bien au contraire. Mais s’intéresser à ta vie personnelle, celle que tu gardais jalousement pour toi, ça, ça te mettait mal à l’aise. « T'as une copine? Ou tu préfères les coups d'un soir peut-être? » Et un long silence gênant se mettait en place dans la salle où tu trouvais alors que l’interne faisait comme s’il n’avait rien entendu pendant que le praticien camouflait tant bien que mal un rictus amusé. T’es pris de court, et ta répartie s’est subitement envolée. Parce qu’Albane, elle était toujours dans tes pensées. Et à peine elle aborde le sujet que ton ancienne relation discrète avec l’infirmière t’explose au visage. Tu n’en sais rien. Tu n’as de réponse à lui donner parce qu’avec Albane, ça a toujours été flou. Vous n’aviez jamais posé de mot sur votre relation, alors est ce qu’elle était plutôt dans la première ou la seconde catégorie? La douleur que tu avais ressenti lorsque votre histoire s’était terminée te murmurait pourtant la réponse. T’es déstabilisé, et ça se voit. L'avantage, c’est que la rousse ne pouvait pas admirer la scène. « Si tu veux qu’on sorte boire un verre tous les deux, y’a des façons plus subtiles de le proposer. » Que tu ironises alors dans un premier temps comme arme de défense. Tu ne seras pas le seul au centre des rumeurs ce soir. Tu te doutais qu’il s’agissait simplement d’un sujet croustillant qu’elle voulait aborder, désinhibée par la morphine, et qu’elle n'entamait aucunement le sujet dans ce sens là. Mais tu tournes ses mots, leur prête un sens qui n’existait pas, pas pure provocation. « Je savais pas que tu t’intéressais à ma vie sexuelle. » Que tu rajoutes, pour enfoncer un peu plus le clou et contourner la question. Tu n’avais en réalité aucune prédilection depuis longtemps. Tu te laissais porter par les rencontres, ne te fermais jamais à l’option du couple. Sauf depuis Albane. Et tu finis par saisir l’option qui te sortirait du sujet qui te malmène l’esprit. « C’est bon? » Que tu demandes au radiologue, le pressant sur l’interprétation des images. Il reporte alors son attention sur l’écran et tu te sens rapidement moins étouffer par la surveillance des spectateurs. Il t’explique alors qu’aucune lésion n’est bien inquiétante et que la poursuite du traitement médical ainsi la surveillance étaient suffisants. La machine finit alors par s’arrêter, et tu ouvres la porte pour rejoindre la rousse qui sort du scanner. De nouveau, vous la transférez sur le lit, et rebroussez chemin jusqu’à une chambre. « L’imagerie est ok. On va s’occuper de ton épaule. » Et ça n’allait pas être le moment le plus agréable pour Caitriona. « T’as toujours envie de vomir? » Si elle pouvait éviter de le faire sur ta blouse, ça t’arrangerait.
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Il lui avait demandé une information sur elle, et elle lui avait parlé de son envie d'adopter un chien. Un chien qui aimerait probablement les grandes étendues d'eau autant qu'elle-même les détestait. « Oui. Fallait prendre un chat. » La rousse avait froncé les sourcils. C'était stupide, comme raisonnement. Elle avait deux chats, et l'un des deux avait une passion irraisonné pour les baignoires et les lavabos en tout genre. Remplis, de préférence. Elle s'apprêtait à en faire la remarque à Winston, mais il lui avait coupé l'herbe sous le pied. « Tu ne t’es pas renseignée avant d’en prendre un? » Elle avait vivement la tête. Bien sûr que si qu'elle s'était renseignée, enfin. Elle avait même emmenée une copine qui était passée par le même chemin. Charlie... Son esprit avait recommencé à vagabonder avant qu'elle ait pu articuler la moindre réponse. Elle ne se souvenait même plus de la question. « Pourquoi tu détestes l’eau? » Elle avait relevé des yeux vides vers lui. Les frissons désagréables ramenés par des souvenirs traumatisants lui avaient noué la gorge, et elle n'avait pas répondu. Pour éviter de revivre, encore une fois, l'évènement qui lui avait gâché la vie, la jeune femme avait détourné les yeux, rompant le contact bancal qu'elle avait établi avec Winston, le temps d'une seconde. La morphine multipliait ses émotions puissance mille, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Renfermée sur elle-même, l'irlandaise s'était efforcée de penser à autre chose, rien de bien compliqué puisque rester concentrée trop longtemps sur la même chose lui était de toute façon bien trop difficile. Désolée, Winston, les confidences, ce serait pour plus tard.
Le trajet jusqu'au scanner ne s'était pas fait en silence, les deux reprenant brièvement leurs chamailleries, leur petit échange se soldant par le décompte de ses examens médicaux par la rousse et une grimace étonnée de la part du brun. De son côté, l'irlandaise n'avait pu réprimer un petit sourire satisfait. Enfin un domaine où elle pouvait battre son rival à plate couture, et qu'il l'admettait à contre coeur avec un « Ouais c’est bien. ». Il pouvait jouer les blasés, elle le savait bien au fond d'elle-même qu'il était vexé. Ou en tout cas, la morphine l'était, certaine.
Dans la salle du scanner, tout s'était enchaîné très vite, le professionnalisme de Winston s'accordant probablement avec son enfin de terminer ses soins pour pouvoir refiler son cas à quelqu'un d'autre. Malgré ça, et heureusement pour lui, il était resté irréprochable dans ses gestes, précis comme avec n'importe qui, lui réexpliquant tout avant d'aller se cacher derrière une vitre. Le bruit de la machine lui agressant les oreilles, la rousse s'était faite patiente, mais avait rapidement été prise d'une nausée. Rien de trop fort pour le moment, mais suffisamment pour être souligné, au cas où... Mais il ne voulait pas bouger, toujours dans une autre pièce où elle ne pouvait pas le voir. Cependant, elle l'imaginait sans mal fulminer, en l'entendant le traiter d'idiot, en plus du reste. Un petit grésillement provenant du micro de la salle, et finalement, il avait délaissé le silence. « Vraiment envie de vomir je t’ai dit, pas quand t’es juste une petite nausée. Tu sais, non, quand ça va pas tarder? » Elle avait lâché un soupir bruyant. Malgré son esprit embrumé, elle avait capté sans peine l'agacement qui pointait dans sa voix. Heureusement pour eux deux, elle n'en avait absolument rien à foutre. « Bien sûr que oui. Mais au cas où t'aurais pas remarqué, je contrôle pas grand chose là. J'te préviens, c'est tout. » Presque rien en réalité, à commencer par sa langue, qui confessait bien trop de choses à son goût, qu'elle regretterait certainement plus tard. Et puisqu'elle en avait déjà dit trop, elle espérait bien pouvoir arracher quelques informations à son collègue... Mais ce qu'il lui avait servi n'était pas bien croustillant. Il avait un chien, aussi. Bien. Et il prétendait ne rien avoir de croustillant à lui dire, une réponse qui n'était pas au goût de la rousse. Il faisait vraiment aucun effort, franchement. « Quoi? » Ah tiens, se faire traiter de menteur, ça lui avait pas vraiment fait plaisir. Mais bon, fallait pas abuser aussi, elle une disait que la vérité. « T'es sourd? » Evidemment que non, mais si elle pouvait le titiller encore un peu, elle ne s'en priverait pas. « T'es. Un. Menteur. » qu'elle avait répété, prenant garde à bien insister sur tous les mots. Il l'énervait, elle l'énervait, c'était donnant-donnant. Elle aurait le temps de s'en vouloir plus tard, quand elle serait redescendue sur terre. Pour le moment, elle avait encore des choses à demander. Pourquoi? Très bonne question. Mais elle avait d'en apprendre plus sur sa vie privée. Pour le plaisir de le voir mal à l'aise, probablement. La jeune femme avait tapé dans le mille, quand on considérait le long silence plein de malaise qui avait suivi. Elle qui n'avait plus aucune notion du temps n'aurait pas su dire combien de temps avait passé, mais finalement, il était sorti de sa torpeur. « Si tu veux qu’on sorte boire un verre tous les deux, y’a des façons plus subtiles de le proposer. » L'irlandaise avait senti le rouge lui monter aux joues. D'où est-ce qu'il sortait ça, encore? Au tour de la rousse de chercher quoi rétorquer, elle qui s'évertuait à trouver quelque chose de piquant à répondre pour ne pas perdre la face. Malheureusement, son cerveau n'avait pas été assez rapide pour aligner des mots avant qu'il ne décide de continuer. « Je savais pas que tu t’intéressais à ma vie sexuelle. » « J'en ai rien à faire de ta vie sexuelle, Ackerman. Je préfère même pas y penser, ma nausée pourrait revenir. » C'était sorti tout seul, et c'était de la pure défense. De toute façon, l'agacement permanent qu'elle ressentait à son égard empêchait son imagination de faire n'importe quoi. Et heureusement, puisque son cerveau était un peu trop inventif sous morphine... « Jamais je t'inviterai à quoique ce soit de ce genre, tu rêves là. » Est-ce qu'il fallait vraiment qu'elle lui rappelle qu'en temps normal, lui non plus n'aurait jamais formulé un truc du genre à voix haute? En tout cas, elle n'avait pas eu de réponse à sa question, pas le moindre petit indice. Mais maintenant que ça lui avait éclaté au visage, elle n'insisterait plus... Jusqu'à la prochaine occasion.
Mutique, l'irlandaise avait sagement attendu que tout se termine, et quand la machine avait finalement ralenti pour finir par s'arrêter, elle avait soupiré de soulagement. Et quand Winston avait passé la porte, elle avait immédiatement accroché son regard, s'efforçant à une attitude neutre. À deux, ils avaient aidé la jeune femme à revenir sur le brancard, et bientôt la jeune femme était prête pour la suite des hostilités. « L’imagerie est ok. On va s’occuper de ton épaule. » Inconsciemment, la rousse s'était mordu la lèvre inférieure. Elle avait remis suffisamment d'articulations dans leur axe pour savoir que ce ne serait pas agréable, même sous morphine. « T’as toujours envie de vomir? » Après un court moment de réflexion, Caitriona avait secoué la tête. « Ça va. » À croire que la répartie de Winston avait fini par tout faire passer. C'était pas ce à quoi elle s'attendait en lui demandant des infos divertissantes pour oublier la nausée, mais ça avait au moins eu le mérité de fonctionner. L'interne avait fini par leur lâcher les basques pour aller voler au secours de quelqu'un d'autre, si bien qu'il n'y avait plus que Winston et elle, l'un poussant le brancard de l'autre. Elle avait beau savoir ce qui allait suivre, elle ne devinait pas jusqu'où il l'emmenait, mais très étrangement, elle lui faisait confiance. Dans les couloirs, beaucoup de regards curieux rivés sur elle puis dérivant sur lui, et de chuchotements étouffés. Peu à peu, elle sentait le malaise glisser sur sa peau, de plus en plus. « Tu crois qu'ils disent quoi? » Tous. Tout ceux qu'ils croisaient et qui semblaient avoir quelque chose à murmurer à leur voisin de gauche ou de droite. Elle avait le sentiment d'être épiée, et c'était extrêmement désagréable. Un frisson parcourant son corps, la jeune femme avait serré les dents. « Tu m'emmènes où comme ça? » Pour l'instant, tout ce que l'irlandaise savait, c'était qu'elle était en train de redescendre, les effets de la morphine se faisant de plus en plus discrets. Il savait où il allait, c'était certain, mais à choisir, la jeune femme aurait été préféré être derrière un rideau que sous les regards de tout le monde. Finalement, il avait poussé une porte, puis le brancard à l'intérieur, refermant derrière eux.
-V- os chamailleries ne se calmaient que brièvement. Si parfois, vous trouvez un peu de calme dans les silences glaciales, ou dans des échanges anodins -ce qui était nouveau-, vos provocations reviennent toujours ternir le lien que vous tissiez difficilement. Tu ne la détestais pas, la rouquine. Elle te sortait simplement par les yeux. Tu ne sais plus quand tout ça avait commencé. Mais dès le premier jour, son petit air pincé t’avait marqué. Et les railleries avaient débuté sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Parce qu’elle était elle, tout simplement. C’était physique. « Bien sûr que oui. Mais au cas où t'aurais pas remarqué, je contrôle pas grand chose là. J'te préviens, c'est tout. » Tu arbores une moue agacée qu’elle ne peut pas voir, à travers la vitre tintée. « Mais si. » Que tu te contentes de rétorquer, comme un parent qui n’écoute pas les craintes d’un enfant. Tu es loin d’être souple et la rigidité dont tu fais preuve ne l’aide en rien. « T'es sourd? T'es. Un. Menteur. » Tu gardes la touche du micro allumé. Ton sang ne fait qu’un tour face à une provocation si puérile. C’est que c’était drôlement efficace avec toi. C’est pour ça que t’avait tant de mal avec les gosses. Parce que t’étais trop susceptible pour relativiser. Non, toi tu montais dans les tours, répondais parfois avec autant de maturité qu’eux, d’autres fois trop violemment. La pédiatrie, ce n’était définitivement pas pour toi. Et Cait avait pu en avoir la démonstration quand vous aviez travaillé dans cette spécialisation tous les deux. « Et toi t’es une emmerdeuse. » Que tu finis par répondre, comme un adolescent blessé dans son égo. Adolescent sur lequel pèse le regard lourd et désapprobateur de ses collègues. « Quoi? C’est elle qui cherche. » Que tu rétorques avec toujours très peu de maturité dans le choix de tes mots. Tu retires enfin ton doigt de ce bouton pour couper court à cette discussion stérile.
Mais elle avait enfoncé le clou du malaise en abordant un sujet épineux. Celui de ta vie privé. Et particulièrement, elle s’intéresse à ton coeur fragilisé depuis quelques mois. Alors tes réflexes prennent le pas sur ta raison, et tu uses de la provocation et l’ironie pour te défendre. Ou pour attaquer. Puisque tu renverses la tendance. Cette fois ci, c’est la rouquine, qui cherche ses mots, si bien qu’elle te laisse le temps de pousser un peu plus loin la réflexion. « J'en ai rien à faire de ta vie sexuelle, Ackerman. Je préfère même pas y penser, ma nausée pourrait revenir. » Et le malaise des autres fait ta sérénité. Tu ricanes, amusé par sa réaction. Oh tu avais trouvé un jeu dont tu ne te lasseras pas avant un moment. Tu t’en joueras, de cette curiosité mal interprétée. « Jamais je t'inviterai à quoique ce soit de ce genre, tu rêves là. » Un large sourire satisfait imprègne ton visage. « Hm hm. » Que tu réponds, prenant un ton de voix volontairement peu convaincu, comme si tu remettais en question sa phrase, par pure provocation. T’es satisfait de ta connerie, et c’est flagrant.
Une fois l’examen terminé, Caitriona est de nouveau installée dans un brancard pour terminer ses soins. Dans les couloirs, les yeux sont rivés sur vous. Surtout sur la rousse, en réalité. Entre l’inquiétude et l’étonnement, aucun membres du personnel ne se retient de poser ses opales sur elle. C’était rare, comme situation, de soigner un collègue. Alors, forcément, l’information avait fait le tour des employés à vitesse grand V. Toi, tu te contentes simplement de fixer ton axe de trajectoire, sans doute peu à l’aise avec la situation. « Tu crois qu'ils disent quoi? » Tu lui jettes un regard étonné, alors qu’elle semble de plus en plus inquiète, dans son brancard. « Que tu t’es pris une voiture et que tu t’en es bien sorti. » T’es trop franc, et la délicatesse t’avait encore une fois échappé. Mais t’as pas d’autres réponses à lui apporter. Parce que c’est certainement le résumé de tous ces murmures. « Mais je suis presque certain que la majorité chuchote à quel point je suis un médecin exceptionnel. » Que tu rectifies, un sourire amusé en coin. Tu lui fais une nouvelle fleur, change de sujet pour tenter d’alléger la situation et lui faire penser à autre chose. T’aurais pu continuer d'enfoncer le clou, pour la pourrir un peu plus. Mais finalement, tu tentes de l’apaiser. Un peu. Parce que t’as encore une petite réserve. « Tu m'emmènes où comme ça? » Un sourire railleur étire tes lippes. « Sur le toit, ce sera plus simple que de te balancer par la fenêtre. » Cette fois ci, tu aurais sans doute du opter pour un peu plus de sérieux. Mais ton humour bancal, tu ne le contrôles pas. Tu ne cherche pas non plus à le maitriser, trop habitué à ne pas songer aux conséquences. « On sera un peu plus au calme ici. » Que tu finis par répondre une fois entrés dans une salle de consultation. Tu fermes ensuite la porte derrière toi, avant de te poster à coté du brancard. « Essaye détendre ton bras au maximum. » Tu poses une main sur son poignet tendis que l’autre se place sur son coude. « J’ai cru comprendre que discuter ça te faisait penser à autre chose. » Tu commences, alors que lentement tu plies son bras avant de commencer lentement la rotation. « Faut pas être perturbé par le regard des autres hein. C’est simplement de l’inquiétude, y’a personne qui te juge. » Tu tentes de la rassurer face à l’inquiétude qu’elle avait manifesté dans le couloir. Tu arrêtes ton mouvement lorsque tu sens ses muscles se tendre sans doute suite à la douleur. « Détends toi. » Tu reprends ensuite la manipulation dès qu’elle parvient à se relaxer à nouveau. « Et t’as l’avantage que d’ici peu, on ne verra plus rien, et tout le monde sera passé à autre chose. » Et d’un coup tu sens son épaule se remettre en place dans un claquement. Par automatisme, tu plonges tes yeux dans les siens, presque compatissant face à la douleur engendrée. « Maintenant tu ne bouges plus ce bras. Ça va aller? » Tu lui demandes peut être trop souvent comment elle se sent. On pourrait presque croire que tu t’inquiètes pour elle.
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Une fois l'examen terminé, Winston était revenu dans son champ de vision, pour le plus grand soulagement d'une Caitriona encore vaseuse, et planant toujours beaucoup trop haut. Dans toute cette confusion, il était son seul repère, et elle se sentait d'humeur à s'accrocher de toutes ses forces à sa présence, chose qu'elle regretterait sûrement plus tard. C'était Ackerman, après tout. Le trajet dans le dédale de couloirs avait été un cauchemar pour la rousse, qui avait l'impression de revivre ses années d'adolescence, alors que tous les regards étaient rivés sur elle, sur le drôle de duo qu'ils formaient, chacun chuchotant à l'oreille du collègue à droite ou à gauche sans la lâcher des yeux. Nerveuse, soudainement bien moins à l'aise par rapport à tout ça et malgré les médicaments, la jeune femme avait fini par demander à son brancardier personnel ce que les gens pouvaient bien murmurer à leur sujet. Elle ne le regardait pas, trop occupée à scruter les alentours, mais quand il avait répondu, elle avait aisément capté l'étonnement dans sa voix. « Que tu t’es pris une voiture et que tu t’en es bien sorti. » Bah oui, voyons, quoi d'autre? Ces années de harcèlement avaient beau être derrière elle, elle avait beau avoir gagné en confiance en elle d'année en année, elle avait toujours cette crainte, irraisonnée, qu'on parlait d'elle en mal dès qu'elle avait le dos tournée. Ici, Winston avait probablement raison, on ne la toisait que parce qu'elle était blessée, mais en vie, et pas pour autre chose. Et pourtant, le malaise ne la lâchait pas. « Mais je suis presque certain que la majorité chuchote à quel point je suis un médecin exceptionnel. » Mais bien sûr. Qu'importe, Cait voulait absolument se soustraire à leurs regards appuyés, à tel point que pour une fois, elle n'avait pas envoyé de pique à Winston, qui avait pourtant fait un effort en changeant de sujet, percevant sans doute son malaise. Et comme s'il lisait dans ses pensées, il continuait de pousser le brancard, si bien que bientôt, ils n'étaient plus à la vue de tout le monde. Toujours un peu perdue, malgré les effets de moins en moins marqués de la morphine, l'irlandaise avait fini par demander au brun où il l'emmenait, au juste. Parce que quand il avait décidé de l'emmener passe un scan, il le lui avait dit. Mais là, plus rien. Ou... Avait-il parlé de remettre son épaule en place? « Sur le toit, ce sera plus simple que de te balancer par la fenêtre. » D'instinct, son bras sain était allé frapper Winston à l'aveugle, l'atteignant elle ne savait où, mais l'atteignant quand même. Le grognement de douleur qui lui avait échappé avait fait écho à celui de son affreux collègue. Elle n'avait pas frappé fort pourtant, avec ses muscles endoloris et ses côtes meurtries que le moindre mouvement vif mettait à mal un peu plus. « On sera un peu plus au calme ici. » Une salle de consultation. Où ils n'étaient que tous les deux, loin des regards insistants entretenant son malaise. Une fois la porte fermée sur eux, elle avait laissé échapper un soupir de soulagement. Un remerciement lui brûlait les lèvres, mais le laisser sortir n'offrirait à Winston qu'une occasion de poser des questions. Mais si son comportement l'avait intrigué, pour le moment, il n'avait rien dit. « Essaye détendre ton bras au maximum. » Et le voilà qui posait ses mains sur son poignet et son coude, sur son bras blessé. Le contact l'avait fait frissonner d'appréhension plus que de douleur. Mais ça viendrait. « Plus facile à dire qu'à faire. » En tant que médecin, elle savait mieux que personne ce qui allait suivre, et serrait déjà les dents. « J’ai cru comprendre que discuter ça te faisait penser à autre chose. » Il lui parlait, il essayait de détourner son attention de ce qu'il était sur le point de faire. C'était une bonne idée, mais malheureusement, ça n'avait que peu d'effet sur elle, à cet instant. Juste blablater ne l'aiderait pas à se détendre comme il le lui avait demandé. Il fallait un sujet avec un minimum d'intérêt... « Faut pas être perturbé par le regard des autres hein. C’est simplement de l’inquiétude, y’a personne qui te juge. » Et merde. Elle qui aurait préféré éviter le sujet, le voilà qui mettait les pieds en plein dans le plat. Fronçant les sourcils, la rouquine avait émis un grognement. Il n'était pas dans sa tête. Et voilà qu'au lieu de lui être reconnaissante alors qu'il essayait de la rassurer - incroyable! - voilà qu'elle préférait se braquer. En attendant, elle s'était raidie à nouveau. « Détends toi. » Face à son calme, l'exaspération avait pris le dessus. « Je suis détendue! » Nope, pas le moins du monde. Mais actuellement, la mauvaise foi était sa seule arme. Cependant, elle avait fait un effort, exhalant alors qu'elle tentait de faire le vide pour démobiliser son corps endolori. « Et t’as l’avantage que d’ici peu, on ne verra plus rien, et tout le monde sera passé à autre chose. » C'est ce qui se passait toujours à l'hôpital. Un patient arrivait, était soigné, rentrait chez lui. Et à moins qu'il ne fasse des visites régulières pour soins, on l'oubliait bien vite, trop occupé à prendre soin des nouveaux arrivants. « Ouais, t'as sans doute raison. » Ou pas. Après tout, la jeune femme passerait de nouveaux ses journées à l'hôpital dès qu'elle serait sur pieds. Difficile d'oublier un patient quand on l'a constamment sous les yeux... Et alors qu'elle était plongée dans ses pensées, cherchant quelque chose à lui répondre, il avait tiré. D'un claquement sec, l'articulation s'était remise en place, alors que la rousse avait laissé échappé une plainte sous la douleur et la surprise. Prise d'un coup de chaud, Caitriona avait senti la nausée revenir, heureusement aussi éphémère que violente. Winston s'était penché vers elle, suffisamment pour accrocher son regard. « Maintenant tu ne bouges plus ce bras. Ça va aller? » Oui. Bientôt. Dès que la douleur aurait baissé d'un cran. Elle commençait déjà à s'estomper, d'ailleurs, et ça continuerait certainement dans ce sens tant qu'elle ne mobiliserait pas l'articulation abîmée. « Oui, chef. » qu'elle avait sifflé entre ses dents serrées. Est-ce qu'elle avait déjà connu pire? Assurément. Ce n'était pas plus agréable pour autant, on ne s'habituait jamais à ce genre d'évènements. Heureusement, dans un sens, sinon les visiteurs aux urgences arriveraient en masse. « Il se passe quoi maintenant? » Elle allait rester là un moment, et elle imaginait bien qu'il y avait encore quelques examens à lui faire passer, avant qu'elle puisse regagner une chambre. Sûrement que son collègue ne pourrait pas rester à son chevet jusqu'à ce moment là, d'ailleurs... Belle coïncidence, son bipeur avait choisi ce moment précis pour se mettre à sonner. « J'imagine que le devoir t'appelle. » Elle ne le retiendrait pas, pourtant, son esprit lui hurlait de le retenir. Sa présence familière avait quelque chose d'apaisant, pourtant, elle arrivait difficilement à le supporter, d'habitude... Mais elle ne supplierait pas. Elle était pas assez désespérée pour ça, pitié. « J'ai pas besoin de toi. » Il devrait même pas hésiter. Si elle avait été à sa place, elle l'aurait probablement abandonné sans la moindre scrupule pour voler vers de nouveaux patients, moins horripilants.
-L- ’appréhension prend lentement place sur son visage crispé, alors que tu commences à manipuler lentement son épaule. « Plus facile à dire qu'à faire. » Tu ne peux camoufler un rire quelque peu moqueur. Oh tu ne le savais que trop bien. C’est pour ça que t’essayes d’occuper son esprit, de tenter de la rassurer, au passage. Mais au vu de sa moue contrariée, ça n’avait que peu d’effet. Pourtant ça ne t’étonne pas, cette réaction. Connaissant sa fierté mal placée, elle ne pourrait décemment pas s’ouvrir à toi. Pas si facilement. Ou peut être jamais. Ça ne t’importait pas vraiment de toute façon, t’avais juste ton boulot à faire. Et si elle n’acceptait pas le peu de sympathie que tu pouvais lui offrir, elle n’a qu’à rester muette. « Je suis détendue! » Tu lui lances un regard plein de sous entendus. Ce n’était pas vraiment ce que tu appelais être détendu quand tu ne parvenais même pas à mobiliser son bras comme tu le souhaiterais. Et plus tu forcerais, plus elle aurait mal. Alors malgré tout, dans un soupire, tu sens enfin ses muscles se relâcher. « Ouais, t'as sans doute raison. » Un soufflement de nez se mute en réponse, amusé d’entendre ces mots sortir de sa bouche. Elle avouait rarement ce genre de choses, si ce n’était jamais. Il fallait croire que la morphine lui faisait le plus grand bien. Peut être qu’elle devrait en prendre au boulot, au moins elle finirait par admettre que tu avais la plupart du temps raison.
Et d’un mouvement sec, tu replaces son épaule douloureuse. Tu ne peux qu’observer silencieusement la grimace qui résonne dans une plainte douloureuse. C’est furtif mais violent. Tu le sens dans ses traits contractés. Puis, quand tu la sens légèrement se décrisper, et qu’elle est en mesure de se concentrer sur ce que tu lui dis et pas sur la douleur, tu finis par briser le silence, en lui donnant quelques directives. « Oui, chef. » Une nouvelles fois, un sourire moqueur fend tes lèvres. Et ce petit air aussi satisfait que suffisant est assez évident pour qu’elle comprenne que tu te souviendras de chacun de ses mots, pour les lui rappeler quelques jours après. Et si elle ne t’appellera assurément plus chef, tu ne manqueras pas de lui réclamer. « Il se passe quoi maintenant? » Tu hausses tes épaules désinvoltes. La suite des examens. Tu as pris le dossier en cours, t’étais concentré sur l’orthopédie -même si tu t’étais accaparé un certain nombre de points de traumatologie-. Alors un collègue viendra prendre la suite. « Tu te reposes et tu continues de planer. » Que tu t’amuses à répondre, le sourire en coin. « Et M- » Tu te fais couper par ton bipeur, posant tes yeux dessus alors qu'une consultation était arrivée et t’était référée. Tes sourcils se froncent et machinalement, tu regardes l’heure affichée sur l’écran de ton téléphone. Les minutes avaient défilé si rapidement que tu n’avais pas remarqué que le peu de temps que tu as pu te dégager dans la journée, tu l’avais passé avec elle. Tu soupires, exaspéré par cette réalité: gaspiller ton temps libre pour la rouquine. « J'imagine que le devoir t'appelle. » Tu poses de nouveau tes opales sur ta collègue. « Et oui, le chef a du boulot… » Tu ne pensais pas lui ressortir cette appellation de si tôt. Mais tu trouvais que l’occasion y était propice. « J'ai pas besoin de toi. » Visiblement, tu traînais un peu trop dans la chambre à son goût. Ou tout du moins c’est ce que tu en conclues. Alors tu te contentes de lui hausser un sourcil réprobateur. « Ouais. Essaye de t’en convaincre. » Tu dis ça par pure esprit de contradiction et provocation. Pourtant tu ne doutais pas de la véracité de ses propos. Tu voulais juste l’emmerder. Par fierté. La même que celle qui l’avait muré dans le silence dès qu’un peu de sympathie, certes inhabituelle, était ressortie. Tu t’éloignes alors de son lit, rejoignant la porte. « Tu devrais essayer de dormir. » Sans doute qu’elle n’y arrivera pas. Mais si ça pouvait lui éviter de ressasser l’accident en boucle et de culpabiliser, ça valait le coup d’essayer. « Quelqu’un passera d’ici peu pour finaliser tes examens. Et te remettre un bolus de morphine pour que tu redeviennes plus agréable. » Sans doute que toi, tu ne repasseras pas. Ou si tu t’y risquais, tu viendrais sans doute vérifier qu’elle n’ait pas une trop mauvaise tête en lui faisait ton plus beau doigt d’honneur pour couvrir l’intérêt que tu portais à ta collègue.
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