“Je me doutais que tu serais ici.” Swann avance avec un sourire, son propre verre à la main (Saint Laurent ?), commandé après avoir aperçu la silhouette d’Arthur dans la foule. Rory est rentré, ils ont tous deux convenu d’un regard entendu qu’il ne serait pas une bonne idée qu’il soit au milieu de cette discussion. S’il sait que son fiancé n’aurait eu aucun mal à agir avec toute la politesse, diplomatie et bienséance qui soit, il ne peut pas en dire autant pour Arthur, simplement parce qu’il n’en aurait sans doute eu aucune envie et qu’il agit à l’instinct. Ce n’est pas un sentiment qu’il lui reproche, simplement ce n’est pas celui qu’il a envie de gérer en ce moment, en la présence de Rory, surtout alors qu’il commence à peine à oser sortir de son terrier pour la première fois depuis des semaines. “Pas que la mode t’intéresse, je te connais au moins un minimum.” Il reprend avec un sourire, à peu près certain que son ami n’a pas fait le chemin jusqu’ici pour repérer les artistes de demain: il voulait un bain de foule, il voulait toucher du bout des doigts la gloire d’autres, lui l’ange déchu.

Leur dernière discussion n’est pas oubliée, elle est encore moins pardonnée, mais Swann veut tenter d’aller de l’avant, la simple idée de perdre un ami aussi précieux qu’Arthur suffisant à le rendre profondément triste. “T’es avec quelqu’un ? T’as cinq minutes ? Je voudrais te parler d’un truc.” De plusieurs, en réalité, mais puisque tous les sujets sont liés alors cela ne devrait compter que pour un. Arthur a sûrement vu ou lu l’annonce de ses fiançailles avec Rory dans la presse, et quand bien même le mince espoir que ce ne soit pas le cas demeure, il doit tout de même lui préciser que pour l’heure son invitation ne s’est pas perdue en route: il le veut présent le jour de son mariage, vraiment, mais il souhaite encore plus que tout se passe bien, et cela ne pourrait pas être le cas s’il s’entête à autant trouver des moyens de se disputer avec Rory. Le sourire de Swann est déjà triste, lui qui ne fait qu’anticiper que la discussion risque d’être difficile, pour lui autant que pour Arthur. Simplement, il espère que ses mots lui donneront tort et qu’il sera présent lors de ce jour si important, où tout se passera parfaitement bien parce qu’il aura su prendre sur lui-même, si ce n’est pour sa propre personne alors pour Swann et l’amitié qui les unit depuis toujours. "C'est important." Il précise, la gorge déjà serrée.

« Je me doutais que tu serais ici. » J’aurais probablement dû m’en douter également, mais la surprise est de taille lorsque je me trouve seulement face à Swann, pas de grand asperge qui l’accompagne ou le surveillant au loin. L’approche se veut timide, mais son sourire reste inchangé, d’une sincérité qui a trop souvent eu le don de me déstabiliser. « Pas que la mode t’intéresse, je te connais au moins un minimum. » Un léger rire m’échappe. Il est bien le seul à pouvoir se narguer de me connaître jusque dans les moindres failles. « Ne va pas répandre de mensonge à mon sujet. » Je ne suis pas là pour la mode, il le sait parfaitement. Je me fiche bien du prochain tissu qui sera tendance, du créateur que tout le monde veut connaître et des petits gens à qui on souhaite offrir une chance. Mais l'événement agit comme la distraction du weekend, une parenthèse en dehors d’un quotidien devenu monotone au rythme imposé par les obligations que je me dois de respecter un minimum. Rien d’intéressant, rien que je ne partagerais avec Swann, qu’importe combien de temps, il passera à me sonder de son regard impassible.

Notre dernière conversation avait jeté un froid, de ceux que l’on ne sait jamais trop comment détourner, et qui m’a tenu loin de son appartement durant tout ce temps. « T’es avec quelqu’un ? T’as cinq minutes ? » - « J’étais. » Avec une compagnie éphémère, cela s’entend. « Je ne sais pas où elle a filé. » Murphy à trouver meilleur endroit pour papillonner quand je me suis laissé distraire par une blonde au charme slave. « Je voudrais te parler d’un truc. » Il gagne toute mon attention lorsque sa voix semble faiblir dans son inflexion sans que jamais son visage ne vienne le trahir. Il n’est pas venu pour le hasard de la rencontre. « C'est important. » Et déjà, il se balance sur la pointe de ses pieds, anxieux du temps que je pourrais lui refuser. Pour un autre, n’importe qui en dehors de Swann réellement, je n’aurais pas pris le temps de quoi que ce soit. La conversation aurait eu lieu au milieu de la foule, sans véritable intérêt, abréger par la première excuse qui me serait venu sur l’instant. Mais Swann n’est pas qu’une simple connaissance, il n’est pas de ces gens dont je m’entoure, mais à qui je n’ai jamais porté aucun intérêt. Pendant longtemps, et aujourd’hui encore, il a été le seul que j’ai pu considérer comme un ami. Alors, d’un signe de tête, je lui demande de me suivre. Loin de l’attroupement qui se trouve autour de nous, un peu en retrait de toute l’agitation, parce qu’il a qualifié la conversation d’importante, parce que je me demande ce qui le rend aussi nerveux. « Qu’est-ce qui se passe ? » Est-ce que l’asperge a rompu avec lui ? Ou bien y’a-t-il un nouveau rebondissement dans sa telenovela familiale ? « Va pas me faire un malaise Swann. » C’est moi où il paraît plus pâle qu’à l’ordinaire ?

« Ne va pas répandre de mensonge à mon sujet. » Non, bien sûr. Swann sourit. Il est celui qui minimise toujours les défauts de son ami de toujours, mais il ne ment pas à son propos. Il ne l’enjolive pas, il ne lui invente pas non plus des hobbies qui ne sont pas les siens. Il a toujours apprécié Arthur pour la personne qu’il est, dans ses meilleurs aspects autant que les autres. « J’étais. » Le regard de Swann reste posé sur lui, sans qu’il n’ajoute un mot, sans que ses yeux ne laissent sous-entendre le moindre jugement de sa part non plus. Il attend de savoir s’il lui en dira plus de lui-même, conscient que les questions ne viendront pas de sa part, simplement parce qu’il le jugerait malvenu. « Je ne sais pas où elle a filé. » Il tourne son regard autour d’eux, comme s’il allait trouver une personne dont il ne connaît pas même la description. Puisqu’Arthur ne semble pas vouloir retrouver l’inconnu sur le champ, Swann en profite égoïstement pour imposer une discussion dans son emploi du temps. Ils ont terriblement besoin de parler seul à seul.

Arthur accepte et le marque d’un signe de la tête, lui qui prend même le temps de les amener quelque peu à l’écart de la foule, geste que le blond apprécie sincèrement. En effet, ce n’est pas le genre de discussion qu’il aurait voulu tenir au milieu des oreilles indiscrètes - quand bien même il se rappelle amèrement que les journaux ont tout dévoilé de sa vie privée, il y a de ça quelques semaines. « Qu’est-ce qui se passe ? » Il ouvre la bouche pour lui expliquer la situation, la referme alors que la remarque d’Arthur fuse plus rapidement. « Va pas me faire un malaise Swann. » Swann rigole tout bas, son regard retrouvant leurs pieds alors qu’il sourit avec un certain amusement. C’est la façon qu’a Arthur de lui prouver qu’il tient à lui et tente de faire de son mieux, il le sait. “Non, t’en fais pas.” Mais rapidement, alors qu’il retrouve le fil de ses pensées, son sourire meurt et se ternit. “Non, c’est… C’est une bonne nouvelle, à vrai dire.” Le pouce de sa main couronnée de l’alliance joue avec cette dernière. Parfois, lui-même oublie qu’il est fiancé à l’homme de sa vie et que leurs rêves se concrétisent peu à peu, à leur rythme. Ses yeux sombres trouvent les siens, sa mâchoire quelque peu crispée. Cela a beau être une bonne nouvelle, il craint pourtant la réaction qu’aura Arthur. “Je me suis fiancé. J’ai fait ma demande à Rory et…” Et il a dit oui, de toute évidence, en témoigne l’alliance que Swann lui présente désormais, un demi-sourire sur le visage, sa main levée entre eux. “La presse a fait fuiter l’info et j’ai eu besoin de temps pour digérer, alors je sais pas vraiment si je te l’apprends ou non.” Il ne cherche pas à lui cacher quoi que ce soit: Arthur n’est pas le premier à qui il le dit, loin de là, et il joue cartes sur table, comme à son habitude. Il ne précise pas à quel point il l’a mal pris, cependant, sa transparence ayant comme limites le besoin de préserver Arthur de ses propres problèmes: il a les siens à gérer, et c’est déjà bien assez. “C’est pas vraiment la finalité de mon point, en fait. On a pas encore de date pour le mariage mais… écoute, je sais que t’as eu des discussions animées avec Rory et je sais ce que tu penses de lui, alors pour le moment… Pour le moment, je sais pas si je t’inviterai, Arthur.” Il insiste sur ses pour le moment, parce que la raison première pour laquelle il lui en parle c’est son espoir que les choses changent pour le mieux, qu’il puisse accepter l’omniprésence de Rory dans sa vie, qu’il puisse le supporter sans nécessairement l’aimer comme Swann le fait. Ce n’est pas ce qu’il lui demande, loin de là, et tout ce qu’il souhaite c’est que ses proches puissent coexister dans un même endroit sans se battre, ce qui ne semble pas être le cas pour l’heure. Et de façon assez évidente, c’est Arthur qui se veut pour l’heure évincé de la fête, la présence de son fiancé et futur mari étant nécessaire, pour un bon millier de raisons différentes.

« Non t’en fais pas. » Comme s’il avait le temps de s’attarder sur le moindre état d’âme provenant de Swann. Il a accepté cette petite conversation face au regard troublé de celui qui reste, malgré tout, son plus vieil ami, mais ce n’est pas pour s’épancher durant des heures. « Non c’est… C’est une bonne nouvelle, à vrai dire. » Vraiment ? Il en doute fortement le Coventry quand l’anglais paraît incapable de sourire et que sa nervosité se traduit au travers de ses doigts qu’il n’a de cesse de tourner dans tous les sens. Il n’a jamais été véritablement complexe de lire au travers de Swann, lui qui porte constamment ses émotions sur son visage. Son plus grand défaut, d’ailleurs, au regard d’Arthur. Mais sa curiosité se retrouve piquée quand la bonne nouvelle ne semble pas réellement se traduire par une réelle excitation de la part de celui qui trépigne de l’annoncer malgré tout. « Je t’écoute. » Rapidement, ce serait encore la meilleure façon de traiter la chose. « Je me suis fiancé. » Oh. « J’ai fait ma demande à Rory et… » Visiblement, la grande asperge a dit oui. L’idée se confirme lorsque Swann agite sa main sous son nez tel le cliché de la blonde qui désire éblouir le monde avec son nouveau caillou. L’objet est fin, en parfaite adéquation avec Swann, mais le symbole vient faire frissonner Arthur. Ce n’est guère étonnant de la part de son ami, il est bien du genre à vouloir s’engager avec des promesses creuses et vide de sens qui lui donneront l’impression d’avoir quelque chose auquel se raccrocher. Pathétique, certes, mais tellement prévisible. « La presse a fait fuiter l’info et j’ai eu besoin de temps pour digérer, alors je sais pas vraiment si je te l’apprends ou non. » - « Je ne lis pas les tabloïds. » Une véritable perte de temps que de se renseigner sur les vies ennuyantes des autres, il a bien plus important à faire de ses journées. « Je suppose que les félicitations sont de rigueur. » Il ne sautera pas de joie pour quelque chose qui lui paraît si futile et sans intérêt. « Mais ce n’est pas vraiment cela que tu cherches à m’annoncer, je me trompe ? » Swann paraît encore bien trop tendu, pour que son désir de conversation s’arrête à l’annonce de ses fiançailles. Quelque chose se trame sous son sourire de circonstances.

« C’est pas vraiment la finalité de mon point, en fait. » Il aurait pu le parier, en effet. « On a pas encore de date pour le mariage, mais… Ecoute, je sais que t’as eu des discussions animées avec Rory. » C’est le moins que l’on puisse dire, mais il considère Cela que comme des broutilles, quelques phrases piquantes échangées, tout au plus. « Et je sais ce que tu penses de lui, alors pour le moment… Pour le moment, je sais pas si je t’inviterai, Arthur. » Il n’entend rien de l’insistance de la voix de Swann sur le conditionnel. Tout ce qu’il perçoit, c’est le rejet que son ami lui présente englober dans une pseudo-douceur qui lui est si caractéristique. Il se prend le coup en plein dans le plexus, à lui en couper le sifflet. « Je vois. » Jamais il ne laisse entrevoir le moindre déséquilibre, mais l’annonce de Swann résonne avec beaucoup trop de familiarité. On ne veut pas s’embêter avec lui, alors il se retrouve relégué en arrière-plan, loin des autres et cela réveille une douleur ancrée. Il ne sait comment analyser cette sensation de picotement désagréable. Il avait ressenti la même lorsqu’on lui a ordonné de partir pour Brisbane. Pour la contenance, parce qu’il ne souhaite pas perdre la face bien plus longtemps, un rire nerveux lui échappe. « C’est comme cela que tu traites ton vieil ami ? » Il n'a jamais été des plus exemplaires auprès de l’anglais, mais dans son esprit, au fin fond de sa logique, il avait agit ainsi auprès de Rory comme simple gage d’amitié envers Swann. Une loyauté incomprise qu’on lui renvoi avec violence. « Je parie que c’est lui qui t’envoie ?! » Il n’a plus vraiment envie de rire, en réalité, il souhaiterait plutôt fuir, mais Arthur n’a jamais su s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard. « Tu vas devenir son pantin maintenant ? » La parfaite épouse dans l'ombre de son mari, comme sa mère pouvait l'être, comme Greta se destinait à l'être avant qu'il ne mette fin à tout ce cinéma.

L’annonce enfin faite à son ami, Swann ne se sent pourtant libéré que de la moitié du poids qui pesait sur son cœur. Il a encore quelque chose à lui dire, et pas des moindres. Pour l’heure encore, il avance pas à pas et retrace la chronologie des faits, pour qu’Arthur puisse en comprendre l’ensemble. « Je ne lis pas les tabloïds. » Il ne savait pas, donc, et c’est un certain soulagement en soi: Swann lui a effectivement appris la nouvelle. Ce n’est pas exactement la façon dont il aurait voulu le faire, mais au moins les mots autant que la nouvelle sont venus de lui. « Je suppose que les félicitations sont de rigueur. » - “Cache ta joie.” L’anglais rétorque avec un sourire, lui qui savait de toute façon déjà qu’Arthur n’allait pas lui sauter dans les bras en pleurant et expliquant encore et encore à quel point il est heureux pour lui, pour eux. Cela ne lui ressemblerait bien sûr pas, et le blond l’apprécie pour d’autres qualités. « Mais ce n’est pas vraiment cela que tu cherches à m’annoncer, je me trompe ? » Et en effet, Swann hoche la tête. Il n’a pas tenté de cacher à un seul instant ses sentiments mitigés et il est évident qu’il a encore quelque chose sur le bout de la langue ; quelque chose qui lui interdit de lui-même se réjouir pour l’heure.

Alors, sans plus tourner autour du pot, Swann lui annonce la chose par des mots qu’il estime lui-même être douloureux: pour l’heure actuelle, son ami de toujours n’est pas convié à son mariage, et le fait que cela puisse changer ne dépend que de lui et de son comportement. « Je vois. » Il répond donc, plus froid que la glace. Swann ferme les yeux un instant, désolé de revenir vers lui uniquement pour le blesser. Ce n’est pas ce qu’il désire, bien sûr. Tout le monde le sait, mais Arthur ne l’entend sûrement pas de cette oreille, lui qui est impliqué différemment dans cette histoire. « C’est comme cela que tu traites ton vieil ami ? » - “Tu sais que je ne te dis pas ça par plaisir.” Mais Arthur est trop manichéen, et il ne veut pas prendre le moindre risque d’un possible dérapage lors du plus beau jour de sa vie. C’est un excès qu’il ne saurait pas lui reprocher, cette fois, et qu’il ne veut surtout pas imposer à son futur mari. « Je parie que c’est lui qui t’envoie ?! Tu vas devenir son pantin maintenant ? » Il souffle doucement, l’anglais, n’ayant pu qu’anticiper la tournure de cette discussion. “Ecoute, Arthur. C’est mon mariage mais pas uniquement. Je peux pas t’inviter si tu risques de lui sauter à la gorge à tout instant.” Ses mots sont bas, il ne veut pas partir en guerre et s’il fait tous les efforts du monde pour que cela se fasse entendre dans le son de sa voix, il sait pertinemment qu’Arthur n’en retiendra que les mots. “Il veut t’inviter. Parce qu’il sait que tu es important pour moi.” Parce qu’il est bon, parce qu’il est avenant, parce qu’il fait toujours passer le bonheur de Swann avant le sien propre ; et encore un bon millier d’autres raisons encore.

“J’ai toujours imaginé que tu serais mon témoin. Il finit par avouer, tentant à sa façon de dévier la conversation pour lui faire passer sa rancœur, le temps de quelques secondes au moins. “Et que tu ferais plus de compliments à ma femme que moi-même, ouais.” Le blond ajoute un rire simple face à cet aveu, n’ayant aucun mal à imaginer Arthur draguer ouvertement sa future femme, laquelle n’a pourtant pas le moindre visage, ni le moindre avenir. “J’ai vraiment envie que mon avis sur la question change. Tu l’as dit toi-même, t’es mon vieil ami, et j’ai aucune envie de te traiter comme ça, mais tu me laisses pas vraiment le choix.” Il a choisi d’être son ami il y a longtemps, mais il est aussi et surtout tombé amoureux de Rory au point d’en faire son mari, pour l’avenir. Les deux devraient pourtant se concilier. Il l'aurait espéré.

« Cache ta joie. » Arthur se demande bien ce que Swann semble attendre de sa part. S’il s’attendait à des confettis, des pleurs de joie et une demande, entrecoupée de cri strident, pour voir sa merveilleuse blague de plus près. Cela s’apparente bien plus au scénario d’une mauvaise comédie romantique qu’à la réalité. Arthur n’allait pas s’adonner à ce type de comportement qu’importe la relation qu’il a toujours entretenue avec Swann. Oh, mais c’est que l’anglais doit penser que son ami est révulsé à l’idée de le voir épouser un homme. S’il avait su faire ses remarques les premières fois, désormais Arthur se fiche bien de connaître les préférences de Swann. Il a son avis, bien entendu comme sur toutes les choses de la vie, mais il n’aurait pour autant pas sauté de joie avec plus d’entrain si l’heureux élu s’était avéré être une demoiselle. « Félicitations Swann. » Il insiste un peu, y ajoute un sourire pour la forme, ou pour rassurer le blond. Bravo, il a atteint le dernier palier de l’ennui, il ne manque plus que la maison aux piquets blancs, ils ont déjà le chien et bientôt le marmot qui fera de tout cela la parfaite image de l’enfer aux yeux du Coventry.

« Tu sais que je ne te dis pas ça par plaisir. » Oh vraiment ? Il ne semble pourtant pas réellement désolé, Swann, plutôt satisfait d’avoir enfin pu déposer sa nouvelle, comme libérer d’un poids. Arthur échappe un soupir qui démontre à quel point il se lasse déjà de cette conversation. Jamais il n’avouera que tout n’est que façade et que son ego se trouve tirailler face aux propos du Buchanan. D’ailleurs, il reste persuadé qu’un certain Rory est venu lui souffler la marche à suivre. Qui d’autre après tout ? « Écoute, Arthur. C’est mon mariage mais pas uniquement. Je peux pas t’inviter si tu risques de lui sauter à la gorge à tout instant. » Arthur se lasse déjà de cette conversation et il l’exprime par un roulement des yeux exagéré suivi d’un énième soupir. « Je ne suis pas un animal Swann. » Il s’y prend complètement de travers, s’il avait demandé à Arthur de simplement bien se tenir, probablement que ce dernier aurait daigner faire un effort, au nom de leur amitié. Désormais, face aux différentes accusations sous-entendues par Swann, Arthur ne désire rien de tout cela. Son sale esprit de vengeance lui souffle même de trouver un moyen de s’incruster à la cérémonie malgré tout, pour que Swann n’oublie jamais qu’un Coventry à toujours une mesure d’avance. « Il veut t’inviter. Parce qu’il sait que tu es important pour moi. » - « Brave homme. » Arthur a parfaitement conscience que son petit manège ne viendra pas apaiser les tensions, mais c’est avant tout l’homme vexé qui s’exprime.

« J’ai toujours imaginé que tu serais mon témoin. » Voilà que Swann pars dans une complète contradiction et il insiste auprès d’Arthur pour défendre le fait même que son idée de non-invitation ne lui a pas été soufflé par un autre ? Il a bien du mal à le croire, Swann n’a jamais été de ce genre-là, il a toujours accepté les conneries de son camarade, il avait son opinion, mais il était présent pour Arthur. Après tout, il lui a bien ouvert les portes de sa maison, sans jamais poser de questions, et la conversation qu’ils se devaient tant d’avoir n’a d’ailleurs jamais eu lieu. Mais cela fonctionnait, cela a toujours été ainsi entre eux. Et si Arthur, c’est permis des remarques sur le compagnon de son vieil ami, il en avait toutes ses raisons. « Et que tu ferais plus de compliments à ma femme que moi-même, ouais. » Il ne peut qu’approuver cette affirmation par un léger éclat de rire. « On complimente toujours la mariée Swann, tu devrais le savoir. » Ce ne devrait être que cela, un échange innocent entre deux amis, des plaisanteries qui ne font pas vraiment de sens, mais qui ne sont pas là pour cacher une triste vérité. Arthur aimerait prétendre que Swann n’est pas en train de le rayer de sa vie, mais l’exercice s’avère complexe même pour quelqu’un qui jure sur tous les toits qu’il se fiche des autres. Swann a toujours été l’exception à tout. « J’ai vraiment envie que mon avis sur la question change. Tu l’as dit toi-même, t’es mon vieil ami, et j’ai aucune envie de te traiter comme ça, mais tu me laisses pas vraiment le choix. » Une nouvelle fois, Arthur ricane, mais de mauvaise foi. « Donc… » Il prend une gorgée de son verre pour tenter, malgré tout, d’atténuer ses propos. « Parce que j’ai exprimé mon avis après que tu sois rentré avec le nez de travers et une main ouverte, je ne suis plus digne d’être présent à tes côtés. » C’est comme si Swann oubliait la véritable origine de cette confrontation avec Rory. « Dis-moi si je me trompe Swann, mais t’es pas le gars le plus chanceux que je connaisse quand il s’agit de donner ta confiance à quelqu’un. » Arthur se retire de l’équation d’office, mais il prend en compte tout le reste, la famille de Swann, les quelques filles qui se sont moqué de lui, dont la dernière en date et puis maintenant ce Rory qui semble vouloir faire le ménage dans le passé de son fiancé. Arthur ne se soucie jamais des autres, c’est une règle immuable et pourtant, il avait simplement voulu rappeler à Rory que quelqu’un veillait sur les arrières de Swann. Il y a mille et une raison qui diront que cela ne colle pas, que ça ne pouvait pas fonctionner ainsi, mais Arthur est persuadé de n’avoir rien fait de mal. « Donc je suppose qu’il y a des conditions ? » En temps normal, Arthur aurait déjà fui cette conversation, il ne se serait jamais abaissé à attendre des explications, mais il s’agit de Swann. Alors sa patience s’étire, juste un peu.

« Félicitations Swann. » Les mots d’Arthur sont artificiels, chose que n’importe qui pourrait voir autant que deviner tant le ton qu’il emploie n’a rien d’heureux, ni pour lui, ni pour son ami. L’anglais n’enfonce pas davantage le couteau dans la plaie pour ce sujet en particulier, son absence de réponse étant une tentative pour lui de passer à autre chose, au cœur du véritable problème. Ce n’est pas comme s’il attendait à ce que son ami soit heureux pour lui, ni même à ce qui comprenne l’idée même de ce mariage, quand bien même ils partagent la vie l’un de l’autre depuis plusieurs années maintenant.

Après avoir pris une maigre inspiration, il lui annonce finalement que cette annonce ne vient pas de pair avec l’invitation d’Arthur à son mariage, qui n’est pas à l’ordre du jour pour le moment. Leur dernière discussion était déjà mouvementée et il ne peut pas imaginer à quel point elle a dû l’être bien plus encore entre Arthur et Rory. Alors non, il ne veut pas de lui à son mariage pour le moment, parce qu’il n’a aucune confiance en sa capacité à bien se tenir et c’est une idée qui le brise de l’intérieur. « Je ne suis pas un animal Swann. » - “Alors arrête de te comporter comme tel.” Il mord tout le monde, attaque tous ceux qui osent bouger. Il n’est pas un animal et Swann le sait très bien, mais il craint que d’autres ne le savent pas encore. Alex est invitée, Greta l’est tout autant, mais lui comme sa mère sont encore sur la sellette, pour une infinité de raisons différentes et aucune qui rend Swann heureux, lui qui aimerait réunir tous ses proches pour un jour aussi important de sa vie. Lorsqu’il prend le temps de rétablir la vérité et souligner que son fiancé souhaite lui aussi qu’Arthur soit présent au mariage, ce n’est qu’un moyen de plus pour ce dernier d’user d’ironie, laquelle n’aide bien sûr pas leur discussion. « Brave homme. » Swann lui décoche un regard noir, acceptant bien plus mal ses remarques à l’égard de Rory qu’envers lui-même. Son fiancé ne mérite pas de se retrouver mêlé à une histoire qui ne le regarde initialement pas.

« Donc… Parce que j’ai exprimé mon avis après que tu sois rentré avec le nez de travers et une main ouverte, je ne suis plus digne d’être présent à tes côtés. » Le visage de l’anglais se balance de droite à gauche pour marquer la négation. Apparemment, non, Arthur ne comprend pas la situation, il se contente de couper la partie qui l’intéresse et l’arrange le plus, celle où effectivement Swann est venu le demander en étant plus bas que jamais, la main en sang et certainement une partie de son cœur brisé par la même occasion. Ironiquement, il a su atterrir plus bas encore entre temps, mais rien dont son ami ne soit au courant, rien qu’il ne doive savoir non plus. “Non, je parle du moment où t’es allé voir mon fiancé pour le menacer. Ce qui se passe entre lui et moi, ça ne te regarde pas.” Il n’a pas à savoir quand les choses vont pour le mieux, il n’a pas à savoir quand il leur arrive d’avoir des désaccords - parce qu’on ne peut pas réellement parler de dispute entre eux. “J’apprécie ce que tu as fait pour moi ce soir-là, mais je n’ai pas besoin que tu filtres mes relations.” Parce que beaucoup diraient que son amitié avec Arthur est purement toxique et qu’il devrait se tenir loin de lui ; voilà pourquoi il n’accepte pas que qui que ce soit lui dise à qui parler ou non, parce qu’il ne serait pas heureux du tri que cela engendrerait.

« Dis-moi si je me trompe Swann, mais t’es pas le gars le plus chanceux que je connaisse quand il s’agit de donner ta confiance à quelqu’un. » Venant de lui, il ne peut que trouver la remarque ironique, mais encore une fois il se retient de donner le moindre commentaire en étant à vif. Cela ne mènerait à rien de bon. “Rory n’a pas que ma confiance. Tu sais très bien qu’il a une place à part.” Tout comme il devrait savoir qu’il a sa confiance et bien plus encore, depuis de nombreuses années déjà, et qu’à aucun instant Swann n’a regretté de lui avoir confié autant de choses à son sujet, d’avoir partagé avec lui tous ses rêves non plus. Il n’est pas n’importe qui, il ne fait pas partie de toutes ces personnes à qui, effectivement, Swann a accordé sa confiance bien trop tôt, en en payant le prix fort ensuite. “Tu m’as jamais vraiment vu heureux Arthur. Est-ce que t’as déjà pensé à ça, tout simplement ?” Ce n’est pas qu’une question de confiance, c’est un véritable tout et une alchimie qu’il partage pleinement avec son fiancé, laquelle il n’arrive pas à comprendre qu’Arthur puisse continuer de nier à ce point. Tout pourrait être simple avec un effort infime de sa part, mais il le lui refuse, encore et toujours. « Donc je suppose qu’il y a des conditions ? » L’anglais repose ses mains dans ses poches, n’ayant pas pensé à cette partie de la discussion. “J’en sais rien. T’es pas un enfant, je veux pas t’imposer ça.” Il ne veut pas le forcer à aller dans un sens uniquement pour la carotte au bout: Arthur n’a plus l’âge pour ce genre de choses. “J’ai juste envie d’avoir mon meilleur ami pour mon mariage, mais pour ça tu dois te mettre du putain de plomb dans la tête.” Et à défaut d’être énervé, Swann est plus attristé que jamais à l’idée de lui parler ainsi et de lui demander une telle chose, laquelle lui semble pourtant couler de source de son côté. “Je te demande pas de me souhaiter tout le bonheur du monde et de devenir le meilleur ami de Rory. Je te demande juste de prendre sur toi, puisque t’as l’air de vouloir lui reprocher tous les maux du monde.” Et que de tels reproches n’ont pas leur place un jour de mariage.

La dynamique entre les deux garçons s’était toujours tenue de manière étrange. Trop différents pour pleinement se comprendre, ils avaient tout de même su tirer un maigre fil conducteur qui avait su faire émerger une certaine complicité entre eux. Rien qui ne faisait pleinement sens, mais quelque chose qui avait su perdurer au travers des années qu’importe le fossé qui semblait de plus en plus se creuser entre eux. Aujourd’hui Swann et Arthur se tenait à un carrefour de leur vie diamétralement opposé qui venait brouiller leur dernier canal de communication. « Non, je parle du moment où t’es allé voir mon fiancé pour le menacer. Ce qui se passe entre lui et moi, ça ne te regarde pas. » Arthur échappe un rire narquois, conscient que les faits pouvaient être conté de manière bien différente. « C’est lui qui est venu et qui a engagé la conversation en premier. » Mais tout ce que Swann continuera à lui reprocher, c’est l’avis qu’il avait osé émettre sur leur situation. Arthur n’en démordra pas, il s’était contenté d’exposer son point de vue sur une scène qu’il avait vécu, Swann avec la main en sang et une volonté de ne pas lui rapporter tous les événements. Il avait pensé bien faire, mais n’en ressort que des reproches qui commence à l’agacer de plus en plus. « J’apprécie ce que tu as fait pour moi ce soir-là, mais je n’ai pas besoin que tu filtres mes relations. » - « J’ai compris, tu es un grand garçon. » qu’il souffle sans relever les yeux vers son camarade. C’est que la conversation commençait à devenir redondante, et cela, l’ennui désormais.

« Rory n’a pas que ma confiance. Tu sais très bien qu’il a une place à part. » Il pourrait presque en sortir les violons pour tendre à l’émotion insufflée par Swann. Oh, il avait bien compris toute l’histoire. Rory avait sauvé la vie de son ami, il était le meilleur, le plus beau et le plus fort. Il avait toutes les qualités du monde quand Arthur était devenu un poids pour l’anglais. Le résumé était on ne peut plus parfait, réciter à de trop nombreuses reprises désormais. « Tu m’as jamais vraiment vu heureux Arthur. Est-ce que t’as déjà pensé à ça, tout simplement ? » Égoïstement, Arthur n’avait pas réellement envie de voir Swann parfaitement heureux, pas quand il l’avait toujours vu comme son égal. Ils venaient de deux mondes différents, c’est certain, mais sur bien des aspects Arthur s’efforçait à une véritable compétition avec le Buchanan. Il se devait d’avoir toujours un temps d’avance, mais il est évident désormais que Swann l’avait doublé sans le moindre effort, lui qui désormais s’apprêtait à convoler en justes noces quand Arthur restait éternellement coincé dans sa période de relation sans le moindre attachement. Un jour, sa mère lui avait dit de suivre l’exemple de Swann et aujourd’hui, il en était persuadé, sa mère serait si fier de son ami, mais pas vraiment de lui et le sentiment généra une boule dans la gorge du Coventry sans qu’il ne puisse y apposer la moindre conclusion. « Je ne dirais plus rien. » Est-ce que cela l’empêchera réellement d’avoir un avis ? Probablement que non, mais Swann n’est pas un idiot et il l’avait deviné avant même qu’Arthur n’ouvre la bouche. « J’en sais rien. T’es pas un enfant, je veux pas t’imposer ça. » - « Parfait. » Il aurait bien détesté que l’on lui impose des règles quand il a passé sa vie à vouloir rester le maître du jeu. « J’ai juste envie d’avoir mon meilleur ami pour mon mariage, mais pour ça tu dois te mettre du putain de plomb dans la tête. » Dans d’autres circonstances, il aurait encensé la petite rébellion de Swann, mais Arthur n’apprécie guère que le jeune homme prenne de l’aplomb avec lui. « Je te demande pas de me souhaiter tout le bonheur du monde et de devenir le meilleur ami de Rory. Je te demande juste de prendre sur toi, puisque t’as l’air de vouloir lui reprocher tous les maux du monde. » - « J’avais compris Swann. » Arthur observe son ami du coin de l’œil, convaincu qu’il lui a fallu une certaine détermination pour arriver à cette conversation. Il devrait se montrer compréhensif, faire son mea culpa, prouver qu’il en serait capable, mais Arthur déteste que l’on lui impose la marche à suivre. Son paternel se charge déjà amplement de cela pour la moitié de sa vie, il ne compte pas laisser Swann lui dicter l’autre partie. Une fois encore, on venait de lui dire qu’il n’était qu’un boulet que les autres se traîne sans cesse et désormais, il n’a plus envie de faire part de cette conversation. Le message est passé et il voudrait s’en aller, parce qu’il n’est pas en capacité d’affronter tout ce que cela révèle à propos de lui, parce qu’il s’entête à penser qu’il ne cherchait qu’à protéger Swann et qu’il n’avait pas vraiment de tort dans tout cela. Le silence s’éternisait pendant qu’il scannait la salle de ses yeux fous, jusqu’à ce que son échappée se matérialise en la silhouette de Murphy qui semblait le fixer depuis l’autre bout de la pièce. « Tu m’excuseras, mais on m’attend. » D’un signe de tête, il désigne la jeune femme avant de se tourner à nouveau vers Swann et de l’observer intensément. « Tu feras un excellent mari Swann. » Il aurait pu y ajouter tout son dénigrement pour le rôle imposé pour la société, mais son sarcasme était resté au placard pour laisser place à toute l’honnêteté dont il était capable. « A la prochaine. » Juste ainsi, il ne fermait pas complètement la porte entre eux, c’était sa manière à lui de laisser une main tendue à Swann tout en lui disant qu’il essayera.