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 cold heart || crimes #2

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Message(#)cold heart || crimes #2 EmptyMar 4 Oct - 16:24

Dix-neuf septembre. Ta santé mentale dégringole. C'est la chute libre. Ton bébé est à trente-sept semaines de gestation. Il est dorénavant considéré à terme. Il pourrait naître d'une journée à l'autre sans n'avoir aucune séquelle. Normalement. Il n'attendra jamais trois semaines supplémentaires avant de sortir. Il est aussi impatient que son père. C'est évident. Cet enfant sera insupportable - moins que si l'autre moitié de sa génétique était vraiment la tienne. Ce sera la personne que tu aimeras le plus sur cette Terre. Elle ne le mérite pas. Ce qui est aussi impensable, c'est qu'une autre femme élévera l'enfant de James. Ça te donne de l'urticaire juste à y penser. Tu n'es pas jalouse, encore moins possessive. Tu veux bien lui laisser la liberté d'aller là où le porte le vent. Tu veux bien le partager avec d'autres. Mais tu refuses catégoriquement de partager sa génétique. Encore moins avec cette traîtresse. Plus les journées défilent, plus tu deviens de plus en plus ingrate, inconsciemment. Tu ignores comment jongler avec cette douleur qui te bouffe de l'intérieur. Tu cherches la mauvaise attention. Tu joues la gamine capricieuse. Tu t'emportes pour un rien. Puis, vient le défilé, vient les mots sadiques de ton époux qui auront au moins pour effet de te faire taire. Oh non, vous n'avez rien réglé. Vous ne le ferez pas avant des semaines sans doute. Possiblement jamais. Vous avez simplement fait comme si cette soirée n'avait jamais existé et cela a suffit pour avoir une accalmie de quelques jours. L'air parisien y est sans doute pour quelque chose, mais les démons ne sont jamais bien loin.

Dix octobre. Ce n'est qu'une date. Les chances qu'un bébé naisse exactement à la date prévue d'accouchement est très très faible. Ce n'est sûrement pas aujourd'hui qu'il a vu la lumière du jour pour la première fois. Peut-être ne l'a-t-il pas encore vue. Peut-être est-il encore bien au chaud dans le ventre de sa mère - la vraie au yeux de la loi, la voleuse à tes yeux. Tu ne sais pas combien de temps tu es restée assise là, le regard perdu vers la baie vitrée qui laisse apercevoir la grandiosité de votre cours arrière. Une beauté que tu ne remarques même pas pour l'heure tant c'est un tourbillon d'émotions qui prend toute la place dans ta tête. Tu n'as pas envie de te battre aujourd'hui. Tu n'as pas envie de crier et encore moins d'être le centre de l'attention. Tu veux être toute petite. Tu veux être vulnérable, mais tu veux surtout être comprise. C'est dans ce (lamentable) état d'esprit que tu pousses la porte de l'atelier de James, qui est enfermé ici depuis bien avant que tu ne te lèves. Tu te demandes même s'il n'y a pas passé la nuit. Les hommes sont toujours moins interpellés par la grossesse. Encore moins quand celle-ci est vécu par le biais d'une autre femme que la leur. Mais James n'en était pas assez détaché pour oublier cette date qui devait faire de vous deux (trois), une famille. Tu en es convaincu. Tu ne pourrais pas supporter le contraire.

Les quelques pas que tu fais dans l'atelier suffisent à avertir James de ta présence dans son lieu sacré. La mélancolie est toujours une excellence source d'inspiration. Dommage qu'elle ne te sert à rien d'autre que tout détruire sur ton passage. Ce sont deux âmes glaciales qui se retrouvent l'une face à l'autre. Deux personnes aussi peu à l'aise dans leurs émotions - celle-là en particulier. Tu aimerais qu'il comprenne sans rien dire, parce que simplement lui dire comme une femme normal le ferait devant son mari… ouf, non. « Embrasse-moi. » que tu lui demandes en restant planté debout au beau milieu de la salle - à lui de faire le reste du chemin. C'est bien trop doux pour sonner comme un ordre, mais ça reste une exigence quand même. Embrasse-moi, c'est mieux que de lui demander de te prendre dans ses bras. L'un viendra inévitablement avec l'autre de toute manière. Ce n'est pas spécialement un baiser que tu es venu chercher ici. C'est un réconfort. C'est une promesse que vous affronterez vent et marée ensemble. C'est d'avoir la certitude que même si la bataille est perdue aujourd'hui, la guerre n'est pas encore terminée. Vous en sortirez victorieux. Encore et toujours.

@james weatherton cold heart || crimes #2 4014933344
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Message(#)cold heart || crimes #2 EmptyLun 24 Oct - 19:22


cold heart.

Il ne saurait pas dire combien d'heures il avait bien pu passer ici, enfermé dans cette pièce qui depuis des années lui servait d'atelier de substitution. La seule chose dont il soit capable de se rappeler, c'est qu'il y avait fait un saut la veille au soir en pensant n'y rester que quelques minutes, le temps d'améliorer le patron d'une nouvelle blouse ou de parfaire les traits d'un dessin. Ce n'était qu'un détail, si les minutes étaient aussitôt devenues des heures et s'il n'avait pas quitté cet endroit avant que la pièce ne soit baignée par les premières lueurs du jour. Personne ne s'étonnerait de le voir tromper ses insomnies avec une soif toujours plus grande de travail. Personne, et surtout pas son épouse. Surtout pas un jour comme celui-ci.

Il s'était promis d'en faire une date anodine, de ne pas laisser la situation l'atteindre et le ronger de l'intérieur. Tout comme il s'était promis que son humeur resterait inchangée, peu importe que l'enfant que Cristina et lui s'étaient préparés à accueillir pendant des mois se trouve en ce moment-même loin d'eux, auprès d'une femme qui avait abusé de leur confiance et réduit leurs espoirs à néant. Parce que ça semblait si simple, en théorie, de se blinder comme il l'avait fait au décès d'Alessandro. D'enterrer sa peine sous plusieurs couches de froideur et de condescendance. De détourner la conversation chaque fois que le sujet était mis sur la table, simplement pour ne pas avoir à admettre qu'il n'était plus tout à fait le même, lui non plus, depuis le départ de leur mère porteuse. Que s'il portait le deuil de sa paternité avec l’insolence qui le caractérisait toujours, il n'en était pas moins marqué dans les tréfonds de son être et dans sa fierté d'homme. Parce qu'il n'aurait pas du la laisser faire, parce qu'elle n'aurait pas du l'emporter au paradis après leur avoir arraché un bout d'eux-mêmes – le seul être qui soit de son sang et qu'il n'aurait pas l'occasion d'élever. Sa peine, sa fureur, James avait simplement sa propre manière de les exprimer, à l'abri des regards et sans prendre le reste du monde à témoin. Comme dix ans plus tôt, à son retour d'Europe, il les mettait simplement dans son art en caressant l'espoir que ça le rendrait plus percutant encore, unique en tous points. Ça n'avait rien de sain, c'était même éreintant que de s'enfermer dans une souffrance qu'il n'autorisait personne à entrevoir, mais c'était la seule chose qu'il avait appris à faire.

Penché au-dessus d'un établi recouvert de croquis, James entendit la porte s'ouvrir comme dans un lointain écho. S'il doutait encore de l'heure qu'il pouvait être, l'arrivée de Cristina balaya ses derniers doutes. Les pas de sa femme, bien moins assurés qu'à leur habitude, valurent au créateur de relever lentement la tête jusqu'à croiser son regard. Ils restèrent ainsi à se jauger en silence plusieurs secondes, comme si aucun d'eux ne savait quoi dire ou comment le dire. Comme s'il était plus simple pour eux de se comprendre sans user d'aucun mot, la peine vibrant dans leur regard exprimant tout ce qu'ils n'osaient dire. « Embrasse-moi. » Cette demande, James ne l'avait pas anticipé. Pourtant il l'accueillit sans surprise ni interrogation. Leur couple avait ses défauts, mais ces moments où Cristina et lui se sentaient vides et vulnérables étaient aussi ceux où ils s'autorisaient à être les plus proches. Loin des disputes, de ces affrontements perpétuels qui consistaient de plus en plus à se pousser à bout. Le regard infiniment tendre et protecteur qu'il reposa sur elle était la preuve qu'ils savaient aussi prendre soin l'un de l'autre et se protéger du monde extérieur. Sa femme ne réclamait pas seulement un baiser, elle réclamait aussi une preuve qu'ils pouvaient à nouveau se reposer l'un sur l'autre, à cet instant où la colère et le sentiment de trahison pesaient lourd sur leur cœur, il le savait. « Cristina. » Il souffla son nom sans animosité, sans qu'il soit pour une fois suivi d'un reproche ou d'une quelconque envie de voir les murs trembler sous le coup d'une énième querelle. Et alors qu'il aligna quelques pas jusqu'à elle, ses pieds battant le sol avec lenteur, c'est avec une infinité douceur qu'il passa un bras autour de sa taille, écartant une mèche de cheveux de son visage avant d'imprimer ses lèvres sur les siennes dans un baiser tendre et rassurant. « Ça fait longtemps que tu es debout ? » Il demanda, ses bras se resserrant autour d'elle dans une étreinte réconfortante. Il ne l'avait pas entendu quitter leur chambre ni traverser le couloir jusqu'à rejoindre son atelier, pas plus qu'il n'était en vérité capable d'estimer l'heure à laquelle elle avait rejoint leur lit hier soir. Il aurait du être à ses cotés, sachant que le matin apporterait de nombreuses souffrances, mais il lui avait paru plus prudent de passer la nuit seul. Peut être de peur d'avoir un énième mot maladroit, ou de lui donner une énième raison de lui reprocher son attitude. « Je sais que tu penses à lui. » Lui, l'enfant à naître dont ils avaient commencé à aménager la chambre, quelques mois plus tôt, lorsque le ventre arrondi de leur mère-porteuse était encore synonyme d'espoir. La chambre n'était pas terminée, l'enfant lui ne vivrait jamais sous ce toit. « J'y pense, moi aussi. » Il bataillait avec les mots, elle le savait. Exprimer ses ressentis n'avait jamais été inné chez lui, mais ce matin la mélancolie ambiante et le manque de sommeil rendaient paradoxalement tout ça un peu plus facile. Un peu moins calculé. « Je me demande s'il est né, s'il va bien. Je me demande... » Il étouffa un soupire contre la peau de son épouse. « quel prénom elle lui a peut être donné. » Il détestait se poser toutes ces questions, presque autant qu'il détestait ne pas en connaître les réponses. « On n'a jamais parlé de celui qu'on lui aurait choisi, nous. » Parce qu'ils pensaient avoir le temps. Parce que les sujets d'appréhensions étaient aussi nombreux que les sujets de disputes. Et parce qu'ils connaissaient le risque depuis le départ, aussi convaincus avaient-ils été que tout se passerait comme ils l'avaient prévu : ce risque faisait aussi partie du marché.
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Message(#)cold heart || crimes #2 EmptyDim 6 Nov - 23:23

« Cristina. » Ton prénom qu'il échappe dans un souffle que tu ne sais pas encore comment interpréter. Ton mécanisme de défense voit toujours le mauvais avant même de simplement envisager que c'est bien loin d'être un reproche. Ton estomac se noue alors que ton regard se tourne automatiquement. N'importe où dans cette pièce. N'importe où sauf sur lui. Lui qui succombe tout de même à ta demande en franchissant lentement les derniers pas qui te sépare de lui. L'horrible silence de la maison fait résonner ses pas dans la pièce. Tu as l'impression de prendre ta première bouffée d'air de la journée lorsque le bras de James enroule ta taille. Ses lèvres se posent délicatement contre les tiennes, mais ce n'est malheureusement pas suffisant pour chasser la douleur qui t'habite aujourd'hui. Sans plus attendre, tes bras viennent s'enrouler autour de ses épaules alors que le bout de ton nez vient retrouver refuge au creux de son cou. James est à la fois la personne dont tu as le plus horreur de mettre ta vulnérabilité entre ses mains que la seule personne en qui tu as assez confiance pour le faire. C'est horrible de laisser tes faiblesses dans ses cartes, parce que ces fameuses cartes sont celles qui sont souvent utilisées dans les moments les plus sombres de votre couple. Mais ces cartes-ci sont injouables. C'est bien la seule raison pour laquelle tu arrives à caler ta respiration avec la sienne et à presque trouver un certain réconfort. Presque. « Ça fait longtemps que tu es debout ? » Il brise un silence que tu préférais à la discussion qui se lèvera dans les prochaines minutes. Il y a fort longtemps que vous auriez dû avoir cette conversation au lieu d'aligner les défaites une après l'autre pour la repousser à plus tard. Tu lui en as même voulu de l'éviter en cumulant les heures dans son atelier. Pourtant, maintenant que tu sens la confrontation venir, tu as presque envie de te dégonfler comme une lâche. « Une heure. Peut-être deux. » Trois, voire quatre. Tu ne saurais dire. Incapable de répondre à une question aussi facile. Ça commence très bien. Tu as perdu la notion du temps à la seconde où tu as posé un pied hors du lit. Cette journée sera infernale et interminable surtout.

« Je sais que tu penses à lui. » La phrase te donne automatiquement la nausée. Comment penser à autre chose qu'à lui en une journée comme aujourd'hui ? La seule chose dans laquelle tu arrives à te consoler, c'est que James aussi avait la date imprégnée dans son cerveau. « J'y pense, moi aussi. » qu'il confirme l'instant d'après. Bien sûr qu'il y pense. Tu te sens presque coupable d'en avoir douté dans les jours qui ont précédé. Ceux dans laquelle tu te sentais perpétuellement en chute libre, alors qu'il a toujours eu l'air en parfait contrôle de la situation. Si tu avais mis ton égocentrisme de côté, sans doute que tu aurais compris que ce n'est qu'un masque qu'il porte depuis des semaines. À chacun sa manière de pallier au chagrin. La méthode de James est bien meilleure que la tienne, mais aucune des deux ne règle quoique ce soit. Le trou noir ne fait que s'aggrandir un peu plus chaque jour jusqu'à ce qu'il devienne ingérable. Quoi faire avant d'en arriver là ? « Je me demande s'il est né, s'il va bien. Je me demande... quel prénom elle lui a peut être donné. » Et c'est suite à ses paroles que tu te défais de l'étreinte pour pouvoir poser ton regard dans celui de son époux. Est-il vraiment sérieux ? Les traits d'incompréhension se mélangent avec ceux de la tristesse sur ton visage, passant très très légèrement par une colère qui n'a pas sa place, tu en as bien conscience, mais tu ne peux pas t'empêcher de te sentir autrement. James est peut-être passé à une autre étape du deuil, alors que tu es encore et toujours bloqué à celui de la colère. « On n'a jamais parlé de celui qu'on lui aurait choisi, nous. » - « Comment peux-tu te poser de telles questions ? » que tu retorques aussitôt. De ton côté, tu espères surtout que ce bébé lui fait vivre un véritable enfer, qu'il pleure H24, qu'elle n'a pas dormi depuis des jours, qu'elle est bien punie pour sa trahison. On ne trahit pas Cristina Weatherton. Jamais. Ce serait inquiétant de mettre un chiffre sur le nombre de fois où tu as simplement pensé à mettre un prix sur sa tête à elle. « Tu as des droits sur cet enfant. C'est ce que tu souhaites ? » Tu pourrais possiblement l'accepter après avoir mis le feu à son atelier. Est-ce là la différence pour laquelle il se fait du souci pour cet enfant alors que tu ne lui souhaite que du malheur ? Parce qu'il reste la chair de sa chair, alors qu'il n'est aucunement lié de sang avec toi. Ce ne serait pas compliqué pour lui de forcer la mère à lui autoriser la garde de cet enfant qui est sien. Vu vos moyens, ce ne serait même pas compliqué de l'arracher complètement à sa mère, mais dans tous ces scénarios, ce n'est jamais toi la mère de cet enfant.
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Message(#)cold heart || crimes #2 EmptyVen 18 Nov - 20:30


cold heart.

Il était tôt, ou tard selon le point de vue. En réalité James n'avait même aucune idée de l'heure qu'il pouvait bien être, simplement conscient qu'il avait passé bien plus de temps enfermé dans cet atelier qu'il ne l'avait prévu au départ. Il n'était pas rare qu'un tourbillon d'inspiration le garde éveillé des heures durant et le tienne éloigné de son lit, mais cette fois tout était encore un peu plus particulier. Parce que cette fois il voulait plus que tout garder l'esprit habité, éviter d'avoir à penser un seul instant à ce que cette journée signifiait et à ce qu'elle aurait du être, surtout. Alors cette fois encore plus que d'habitude, il s'était enfermé dans une bulle imperméable qui ne se fissura finalement qu'avec l'arrivée de Cristina. Sa femme avait dormi seule mais il n'avait pas la bêtise de croire que sa nuit avait été beaucoup plus reposante que la sienne, quand il ne pouvait qu'imaginer à quel point tout ça l'avait tourmenté elle aussi. Cristina semblait éteinte, ce matin, et le baiser qu'elle réclama à peine entrée dans la pièce semblait prouver qu'elle se sentait tout aussi seule que lui. Alors même s'ils ne croyaient pas plus l'un que l'autre que cette étreinte suffirait à tout arranger, ils avaient au moins l'espoir que ça adoucisse un peu leur chute. Les journées qui ne commençaient pas par une énième dispute étaient rares, ces temps-ci, et James se surprenait à trouver ça réconfortant. Parce qu'en dépit de tout ce qui pouvait souvent les opposer, la voir souffrir était toujours le dernier de ses souhaits. « Une heure. Peut-être deux. » Ils avaient perdu la notion du temps l'un comme l'autre, ce matin, sans que ça n'ait rien d'une surprise. « Tu dormais déjà, quand je suis rentré hier soir. J'avais pas sommeil alors j'ai préféré venir ici. » Elle savait déjà tout ça mais une fois n'est pas coutume, il estimait lui devoir une explication. Parce que la logique aurait peut être voulu qu'ils passent la nuit ensemble, pour se préparer à cet inévitable réveil, mais qu'il avait opté pour sa propre échappatoire. « Après ça, j'ai pas vraiment vu le temps passer. » Les minutes, puis les heures. Il avait perdu le compte.

Il n'ouvrait pas souvent son cœur, James. Il ne mettait pas souvent des mots sur ce qu'il ressentait, convaincu que ce serait se rendre trop vulnérable et donc une erreur qu'il ne pouvait se permettre, alors qu'il avait passé les dix dernières années à prétendre que rien ne l'atteignait jamais réellement et à se blinder contre tout ce qui pourrait menacer ses fondations. Alors ça lui coûtait, bien sûr, de confier à son épouse que le départ de cet enfant le rongeait, bien plus en tout cas qu'il ne l'avait jamais montré jusqu'à lors. Ça lui coûtait, oui, de confesser les doutes qui l'habitaient lorsqu'il pensait à lui, qu'il l'imaginait voir le jour loin d'ici, auprès d'une femme qui quelques mois plus tôt se disait prête à renoncer à l'idée de l'élever. A l'idée même de faire un jour partie de sa vie. Mais une part de lui en éprouvait aujourd'hui le besoin, peut être justement parce que ces choses n'avaient de cesse de le ronger et que lui, dans son état de fatigue, était las de faire semblant. Peut être aussi parce qu'il avait le pressentiment que ça pourrait aider, non pas à arranger la situation ou à gommer la détresse et la colère de Cristina, mais au moins à faire un pas l'un vers l'autre et affronter les choses ensemble. Aussi vrai qu'ils avaient leurs différents et savaient toujours se compliquer la vie mieux que personne, ils n'en étaient pas moins liés dans cette souffrance que le reste du monde ne pouvait pas comprendre. Ils n'en étaient pas moins seuls avec ce qu'ils éprouvaient, incapables la plupart du temps de se confier et d'évacuer ce qui leur pesait sur le cœur. Pour une fois, James avait choisi les mots plutôt que les insultes, les cris et les scandales. Pour une fois, il était prêt à baisser sa garde devant elle. « Comment peux-tu te poser de telles questions ? » Mais dans les yeux de Cristina, tout ce qui régnait était une profonde incompréhension, celle d'une femme qui tout à coup semblait se demander ce qu'elle avait bien pu rater pour que subitement, il en vienne à se demander autant de choses. Lui qui jusque là faisait surtout passer sa détresse par le silence. « Tu te les poses pas, toi ? » Son regard interrogea le sien sans que pour une fois la contrariété n'habite ses traits. Elle semblait lui reprocher d'avoir fait assez de chemin depuis le départ de leur mère-porteuse pour que ce genre de questions s'infiltrent dans son esprit, mais ça n'avait rien à voir avec une quelconque résiliation. Il n'avait pas baissé les bras. « Qu'est-ce que tu préférerais ? Que j'y pense pas du tout ? » Est-ce que ce serait plus simple, de faire comme il faisait d'habitude, de balayer les sujets sensibles d'un revers de la main et de faire comme si rien n'avait changé ? Comme s'ils n'avaient pas offert leur confiance et leur amitié à quelqu'un qui n'y avait répondu que par la pire trahison qui soit ? Comme si se jeter à corps perdu dans le boulot pouvait une nouvelle fois tout régler, quand c'était déjà devenu leur spécialité pour un million d'autres choses ?

« Tu as des droits sur cet enfant. C'est ce que tu souhaites ? » Enfin, il comprit ce qui posait réellement problème et ce que lui reprochait véritablement sa femme. Non pas le fait de se poser toutes ces questions ou de regarder la réalité suffisamment en face pour reconnaître que la situation était sans issue, peu importe ce qu'ils pourraient tenter. Non, Cristina lui reprochait de ne pas se battre quand il en aurait pourtant l'occasion, et alors qu'il n'avait jamais été autre chose qu'un combatif, James. Il le voyait dans son regard, il l'entendait au son de sa voix : elle ne comprenait pas ce qu'il lui prenait, ni pourquoi il n'avait pas déjà ratissé tout le pays à la recherche de cette femme et de son enfant à naître. Elle ne comprenait pas qu'il puisse rester sans rien faire, sans rien tenter, comme si tout était joué d'avance. « Lui faire payer, c'est ça que je souhaite. » Et elle comprendrait sans mal qu'il ne parlait pas du bébé, mais bien de celle qui avait fui sans même un regard ou un adieu. Oh, elle savait bien quelle haine lui inspirait cette femme et que l'envie de faire de son existence un champ de ruines le titillait depuis l'instant où elle avait mis les voiles. Peu importe qu'elle soit dans son bon droit aux yeux de la loi. Peu importe qu'aucun contrat n'ait jamais été signé. Il ne se serait encombré d'aucun scrupule, James, dès l'instant où elle s'était jouée d'eux. « Mais peu importe à quel point j'en ai envie, je suis encore assez conscient pour savoir que ça se finirait mal. Pour tout le monde. » Et aussi fou que ça puisse être pour quelqu'un qui semblait toujours s'épanouir dans un certain chaos intérieur, ce n'était pas ce qu'il souhaitait. « Si on retrouvait sa trace et que je clamais que cet enfant est le mien, on sait tous les deux de quoi ça aurait l'air. Et même si on parvenait à prouver qu'un arrangement nous liait à cette femme et que cet enfant n'a pas été conçu naturellement, tu sais pertinemment qu'elle renoncera jamais à ses droits. » Si elle avait pris le risque de tout quitter pour partir élever cet enfant seule, si elle avait renoncé à tout le confort qu'ils étaient prêts à lui offrir et à la sécurité financière et matérielle que ça représentait, James avait toutes les raisons de croire qu'elle ne changerait plus d'avis. Que sa décision était prise le jour où elle était partie sans une explication, ce qu'il ne cesserait jamais de lui reprocher. Et face à une femme probablement déterminée à élever l'enfant qu'elle portait et qui aux yeux de tous serait bel et bien le sien, toute la persévérance et toutes les manœuvres du monde suffiraient difficilement à faire pencher la balance en leur faveur. Ou s'ils y arrivaient, rien ne serait alors tel qu'ils l'avaient imaginé. « Je pourrais entrer en guerre avec elle, tout entreprendre pour ruiner sa vie et tu sais pertinemment que ça me poserait aucun souci de conscience. Parce qu'elle est morte à mes yeux le jour où elle a foutu le camp. » Il était profondément rancunier, James, lorsqu'on trahissait la confiance qu'il avait si durement accordée au préalable. Dès lors, il ne faisait pas de cadeaux et faisait de vous l'ennemi à mettre hors course, ce qui aurait déjà été le cas depuis bien longtemps si cette femme n'était pas enceinte et si les perspectives qui s'offraient à eux ne lui semblaient pas pires que la situation actuelle. « Mais quoi que je fasse, ça ressemblera jamais à ce qu'on avait imaginé. Même si je faisais valoir mes droits, même si j'obtenais une garde partagée. Ce serait jamais ton enfant, et je sais que ça te serait insupportable. » Ils le savaient l'un comme l'autre, que toutes les démarches du monde n'y changeraient rien. Que ce bébé ne porterait pas une once de son ADN, parce que le choix qui avait été fait pour faciliter les choses pouvait aussi se retourner contre eux à tout instant. Ce serait le cas s'ils entreprenaient quoi que ce soit contre cette femme et ils en étaient conscients. « C'est ce que tu veux, Cristina ? Que je me batte pour un enfant qu'une partie de toi pourra pas s'empêcher de détester ? » Est-ce que ça en vaudrait la peine, si elle se retrouvait confrontée à l'enfant d'une autre et si tous leurs efforts finissaient par faire revenir cette femme dans leur vie ? Est-ce qu'elle pourrait supporter d'être face à celle qui l'avait trahi dans ce qu'elle avait de plus cher, et alors que dans ce semblant de famille sa place resterait éternellement indéterminée ?
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Message(#)cold heart || crimes #2 EmptyMar 22 Nov - 23:30

« Tu dormais déjà, quand je suis rentré hier soir. J'avais pas sommeil alors j'ai préféré venir ici. » C'est l'explication bien trop facile, alors qu'il ne lui aurait suffit que de se glisser à tes côtés pour réaliser que tu ne dormais pas vraiment. Il s'est sans doute contenté de simplement regarder par la porte entrouverte et l'absence de mouvement lui a suffit à choisir l'option fuite. C'est l'option qu'il choisit depuis le jour un du départ de la mère porteuse. « Après ça, j'ai pas vraiment vu le temps passer. » - « Tu n'as pas à te justifier. » que tu le coupes dans ses excuses. À quoi bon ? Tu n'as pas envie de te disputer avec lui. Pas aujourd'hui. Aujourd'hui, c'est jour de trêve. Et pour les fois que ça arrive, c'est à ne pas négliger. Mais à peine James se confie t-il de manière bien intime sur ses sentiments, tu t'offusques en un quart de tour. Incapable d'accepter qu'il ne vit pas la détresse de la même manière que toi, incapable d'accepter qu'il arrive quand même à se poser des questions sur cet enfant que tu voudrais mort et enterrée avec la femme qui le porte. « Tu te les poses pas, toi ? » Jamais de la vie. Tu te balances de l'information concernant son prénom. Tu préfères savoir s'il n'est pas né avec la lèpre pour punir sa traîtresse de mère. Tu veux savoir s'il pleure sans arrêt et qu'elle trouve la situation insupportable. « Sauf si elle a déchiré jusqu'au milieu du dos pendant l'accouchement, je ne suis pas intéressé à connaître un seul détail. » Tu veux pas savoir c'est quoi la suite pour le bébé bâtard de James. Ce ne serait pas différent qu'il soit mort. Dans ta tête, les choses sont ainsi : le bébé est mort après six mois de grossesse, parce qu'il ne sera jamais dans vos bras, alors il ne peut exister. Ça t'est insupportable de penser le contraire. « Qu'est-ce que tu préférerais ? Que j'y pense pas du tout ? » Tu roules des yeux, serre des dents agacés par son commentaire. Pour une journée de trêve, la tournure prend une toute autre allure. Comme quoi que même dans les sentiments les plus tristes, vous êtes incapable d'agir comme un couple normal qui surmonte un épreuve difficile. « Si tu es pour te préoccuper de son sort, alors oui. » S'il n'est pas pour aller dans le même sens que toi, alors tu préfères qu'il ne fasse rien, qu'il ne pense rien, qu'il continue de ne pas voir le temps passé comme il le dit si bien.

« Lui faire payer, c'est ça que je souhaite. » Où ? Quand ? Comment ? Le voilà qui t'intéresse quand il parle de détruire la vie de quelqu'un. Tu es déjà prête à dégainer ton agenda pour déplacer ta réunion d'une journée. James n'est jamais aussi séduisant que lorsqu'il parle de dominer le monde à tes côtés. « Mais peu importe à quel point j'en ai envie, je suis encore assez conscient pour savoir que ça se finirait mal. Pour tout le monde. » Voilà que ton intérêt est perdu aussi rapidement qu'il était gagné. Il a raison. Bien sûr qu'il a raison, mais c'est encore difficile à encaisser pour la Cristina blessé que tu es. Tu ne veux pas accepter que tu ne pourrais pas ressortir gagnante de tout ça. Tu gagnes à chaque fois. Tu peux pas avoir perdu cette partie-là. Tu ne peux pas avoir été aussi bête pour placer ta confiance en la mauvaise personne. « Si on retrouvait sa trace et que je clamais que cet enfant est le mien, on sait tous les deux de quoi ça aurait l'air. Et même si on parvenait à prouver qu'un arrangement nous liait à cette femme et que cet enfant n'a pas été conçu naturellement, tu sais pertinemment qu'elle renoncera jamais à ses droits. » Tes mains se posent contre tes hanches alors que les mots se rendent tranquillement, mais sûrement jusqu'à ton cerveau. Pour la première fois depuis près de trois mois, tu écoutes ce qu'il a à dire. Tu écoutes sa version des choses, même si c'est une version des choses ne te plaît pas. « Je refuse que ça se termine ainsi James. » Tu refuses de perdre. Tu refuses qu'elle gagne. Tu refuses que les chances d'avoir un enfant avec lui diminuent de jour en jour. Tu refuses d'accepter la fatalité de ce projet malgré tous les signaux d'alerte. « Je pourrais entrer en guerre avec elle, tout entreprendre pour ruiner sa vie et tu sais pertinemment que ça me poserait aucun souci de conscience. Parce qu'elle est morte à mes yeux le jour où elle a foutu le camp. » Voilà au moins une chose sur laquelle vous êtes d'accord. La rancune est sûrement bien plus présente de son côté parce que vous aviez un attachement particulier entre vous deux. Oh non, ce n'était pas de l'amour, loin de là. L'amour n'était dirigé qu'envers l'être qui poussait sous son nombril. Mais elle avait ta confiance et une certaine forme d'affection malgré tout. La trahison est difficile à digérer. « Mais quoi que je fasse, ça ressemblera jamais à ce qu'on avait imaginé. Même si je faisais valoir mes droits, même si j'obtenais une garde partagée. Ce serait jamais ton enfant, et je sais que ça te serait insupportable. » Oui, en effet, ce le serait. C'est fascinant de voir à quel point il peut te connaître mieux que tu le peux toi-même. Il faut tout de même dire que ton jugement est altéré par bien des émotions en ce moment. James est plus terre à terre et c'est ce dont tu as besoin même si c'est horrible de l'admettre. « C'est ce que tu veux, Cristina ? Que je me batte pour un enfant qu'une partie de toi pourra pas s'empêcher de détester ? » Demander comme ça… non, ce n'est pas ce que tu veux. Ton regard se détache du sien alors que ta tête se tourne vers la gauche pour masquer un chagrin que tu ne devrais pourtant pas avoir honte de ressentir. « Non. » que tu avoues dans un souffle. Tu prends quelques instants pour tenter de mieux réfléchir alors que ta tête se retourne de nouveau vers ton époux. « Je veux un enfant à nous. Avec ta tête de mule et mon sourire que tu détestes. » Vous savez ? Ce sourire que tu as lorsque tu regardes (pas) innocemment James croquer dans la pomme empoisonnée que tu lui a tendu ? Oh oui l'enfant qui aura la moitié de ta génétique et de la sienne sera terrible aux yeux des autres, parfait au tien. « J'arriverais pas à refaire confiance à quelqu'un. » C'est le cas maintenant. Ce ne le sera peut-être plus plus tard, mais tu te sens incapable de remettre ta confiance entre les mains d'une inconnue. « J'arrive pas à… » Tu débutes en te désignant toi-même d'un geste circulaire. Un geste qui veut imager la tempête d'émotion qui t'habite depuis la perte de votre enfant. Tu n'arrives même pas à finir ta propre phrase, parce que tu es incapable de décrire vraiment comment tu te sens. Tu ne vas pas bien. Et tu ne sais pas comment faire pour retrouver le bon chemin. « J'ai besoin que tu sois là. » que tu lui dis en franchissant de nouveau les quelques pas qui vous séparent. Tes mains se posent de chaque côté de sa nuque, comme si ce contact était nécessaire pour qu'il te regarde et comprenne l'information. « Ensemble, tout est possible. » Il n'existe aucun autre chemin que la victoire lorsque vous mettez tous les deux les efforts pour l'obtenir. « J'ai confiance en nous. » kit à ne plus avoir confiance en personne d'autre. Ta confiance en James est absolue et rien ne pourra changer ça. Pas même tous les coups bas.
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Message(#)cold heart || crimes #2 EmptyMer 7 Déc - 19:00


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« Sauf si elle a déchiré jusqu'au milieu du dos pendant l'accouchement, je ne suis pas intéressé à connaître un seul détail. » James reconnaissait bien là le coté impitoyable de sa femme, qui n'était que l'une des nombreuses raisons pour lesquelles il avait trouvé en elle une alter-ego autant qu'une adversaire à sa hauteur. Lui aussi voulait que ceux qui leur causaient du tort en subissent les conséquences, et dieu sait qu'il lui était facile de se détourner de quelqu'un lorsqu'une trahison aussi impardonnable était commise. James avait bien plus de principes qu'il ne l'avouerait jamais, et sa loyauté pouvait être autant un cadeau que sa rancune pouvait être une malédiction. On apprenait généralement à ses dépends qu'il valait mieux acquérir l'une plutôt que l'autre. « J'espère qu'elle regrette d'avoir renoncé au confort et à la sécurité qu'on était prêts à lui offrir. J'espère même qu'elle s'en mordra les doigts pour le restant de ses jours. » Tout ce qu'il espérait, c'est qu'elle ne trouverait jamais plus personne pour lui tendre la main comme ils l'avaient fait, souhaitant plus que n'importe quoi d'autre qu'elle mesure l'étendue de l'erreur qu'elle avait commise en disparaissant sans même un au revoir.

Il détestait cette situation tout autant qu'elle, James. Il détestait surtout cette femme qui s'en était allée avec leur espoir et toute l'énergie que Cristina et lui avaient placé dans cette bataille contre une fatalité que sa femme n'avait jamais accepté et que James, lui, avait accepté de combattre à ses cotés. Pour autant et aussi écœuré qu'il soit, il ne pouvait pas ignorer que toute cette situation n'était pas vraiment à leur avantage, et ce quoi qu'ils décident de tenter pour faire payer à cette femme. Ils avaient pris des risques en se lançant dans cette histoire, c'était une réalité qu'ils n'avaient pas regardé en face avant d'y être contraints, lorsque tout ce qu'ils croyaient acquis s'était effondré entre leurs mains. Aujourd'hui encore, rien n'était plus difficile que d'admettre qu'ils n'avaient jamais eu la moindre garantie que tout se déroulerait bel et bien comme ils l'avaient espéré, peu importe à quel point ils avaient fait en sorte que cette femme se sente en confiance avec eux. En y repensant, James avait envie de frapper du poing contre le mur le plus proche, incapable de supporter d'avoir été trompé à ce point. « Je refuse que ça se termine ainsi James. » - « Je sais. » Ça lui était insupportable à lui aussi, d'imaginer leur mère porteuse poursuivre le cours de sa vie comme si elle n'avait pas emporté un bout de la leur avec elle. Aussi matérialiste qu'il soit parfois, il se fichait bien des cadeaux et de tout l'argent dépensé pour que cette femme qu'ils pensaient leur amie ne manque jamais de rien. Ce qui lui laissait l'arrière-goût le plus amer, c'était d'avoir offert sa confiance à quelqu'un qui n'avait pas hésité à la retourner contre lui. Parce qu'il ne la donnait pas facilement, James. Ça lui demandait chaque fois de se rendre bien plus vulnérable qu'il n'était prêt à l'être, habitué depuis son plus jeune âge à faire que ses failles et ses faiblesses soient hors de portée du premier venu. « Je te demande pas d'abandonner. Je sais que ce serait inutile. » Parce qu'il la connaissait suffisamment pour savoir qu'une fois ces désillusions chassées, sa femme retrouverait sa détermination habituelle, prête à mener à bien ce projet et à le mener pour deux, même, s'il fallait. C'est pour ça qu'ils n'auraient aucun intérêt à pourchasser celle qui leur avait déjà fait perdre plusieurs mois de leur vie, quand rien ne leur garantissait d'obtenir un jour réparation. Aussi tenace et rancunier soit l'anglais, il y avait à ses yeux des combats qui ne méritaient pas qu'on s'y lance corps et âme, au risque sinon d'y perdre beaucoup plus que ce qu'on avait au départ mis dans la balance. « Non. Je veux un enfant à nous. Avec ta tête de mule et mon sourire que tu détestes. » C'est justement un sourire en coin que le créateur étira en entendant ces mots, alors que même dans ces circonstances il ne put résister à l'envie de rouler des yeux de manière quasi théâtrale. « Je le déteste seulement quand tu gagnes contre moi et que tu t'en sers pour me narguer. » Autrement dit ça arrivait bien trop souvent à son goût, personne n'ayant jamais fait une concurrente plus coriace que sa propre femme. « Avec un tel mélange, cet enfant hériterait pas seulement d'un foutu caractère. On sait tous les deux qu'il serait aussi une véritable menace. » Et la vérité, c'est qu'il ne voulait rien de moins pour lui, s'étant aussi laissé convaincre de mener ce projet à terme parce qu'il nourrissait à présent l'espoir de mettre un jour Weatherton et l'ensemble de son héritage entre les mains de sa descendance. Il faudrait rien de moins qu'une poigne de fer et un tempérament de feu pour lui succéder.

« J'arriverais pas à refaire confiance à quelqu'un. » Et ces mots-là résonnaient en lui bien plus profondément qu'il ne le voudrait, en partie parce que c'était déjà un exercice loin d'être naturel pour lui au départ. « Je me sens pas prêt non plus. Pas pour le moment. » Pour l'heure trop de sentiments diffus l'empêchaient de se projeter dans une nouvelle tentative, et le travail était comme bien souvent devenu un exutoire dans lequel il plongeait deux fois plus qu'avant. Ça l'aidait tout autant que ça aidait aussi Cristina, ils étaient tous les deux assez conscients pour le savoir. « C'est trop tôt pour faire à nouveau une telle place à quelqu'un dans nos vies. Et je crois que la colère et la déception doivent d'abord disparaître. » Il pourrait s'en servir et y puiser sa force lorsqu'ils recommenceraient leur projet de zéro, mais même quelqu'un comme lui était capable de voir que ce serait la pire chose à faire que de ne pas d'abord digérer ce qui leur était arrivé. Il n'était pas question qu'une telle déception se reproduise, raison pour laquelle ils ne laisseraient plus rien au hasard. « J'arrive pas à… J'ai besoin que tu sois là. » - « Je suis là. » Il souffla d'une voix plus basse, plus douce, sans plus brandir le moindre masque et sans plus chercher à se cacher de sa propre épouse. Il l'avait fait durant de longues heures, cette nuit, parce que ça paraissait sur le moment plus simple. A présent, c'était sa manière de lui prouver qu'elle pouvait compter sur lui. « Je suis pas toujours un cadeau, je le sais. Mais je suis là. » Et déposant ses mains sur celles de la brune, il s'assura que son regard refléterait toute la sincérité derrière ses paroles. Cristina pouvait douter de beaucoup de choses, mais sûrement pas de la loyauté absolue qu'il lui avait offert le jour où il avait passé cette alliance à son doigt. Beaucoup diraient que ça ne valait pas grand chose, si leur mariage était aussi peu traditionnel et eux capables de se déchirer bien plus souvent qu'ils ne se comblaient de bonheur, mais ils avaient tous les deux signé en connaissance de cause. Ce n'était pas parfait, mais aucun mariage ne l'était. « Ensemble, tout est possible. J'ai confiance en nous. » Et lui aussi avait confiance en eux, ce qu'il lui confirma sans avoir besoin de mots, simplement en laissant son front retomber un instant contre le sien. Le genre de démonstrations simples qui se chargeaient de leur rappeler qu'ils pouvaient se reposer l'un sur l'autre, à tout instant. « Personne ne nous dupera plus comme elle l'a fait. Je te le promets. » Il lui promettait de faire ce qu'il faudrait pour dissuader le prochain qui y songera, quitte à ce que ce soit à nouveau eux contre le reste du monde. Et Cristina le savait, il avait toujours été un homme de parole. « Peu importe ce qui peut parfois nous opposer, je sais qu'on sera toujours d'accord sur ça. » Et c'était l'une des forces de leur union, avec tout ce qu'elle avait d'imparfaite mais d'inébranlable. Ils feraient front ensemble contre les futures difficultés qu'ils pourraient rencontrer sur leur route, c'était là encore une promesse déjà actée. « Mais je dois te prévenir. Je serai extrêmement méfiant, le jour où on se sentira prêts à recommencer. » Elle le connaissait et verrait qu'il ne prononçait pas de tels mots à la légère. « Je sais que tu trouvais déjà que je voulais tout contrôler, que j'en faisais trop. Mais ce sera pire si on réessaie. » Ses yeux, plongés dans les siens, lui posaient déjà la question qui n'avait pas encore franchi la barrière de ses lèvres. Est-ce que c'était toujours ce qu'elle voulait ? Pas forcément demain, pas forcément la semaine prochaine, mais le jour où tout ça ferait un peu moins mal.
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Message(#)cold heart || crimes #2 EmptyVen 16 Déc - 22:27

« J'espère qu'elle regrette d'avoir renoncé au confort et à la sécurité qu'on était prêts à lui offrir. J'espère même qu'elle s'en mordra les doigts pour le restant de ses jours. » Ton regard jusque-là fixé dans celui de James se détourne sous ses paroles. Est-ce qu'elle le regrette ? Est-ce qu'elle s'en mord les doigts ? Non, sans doute pas. Elle serait revenue sinon. Elle n'aurait pas été très bien accueillie si elle l'avait fait, mais elle aurait quand même été de nouveau accueillie et c'est bien là l'essentiel. Sauf qu'elle n'est jamais revenue et n'a même jamais donné aucune nouvelle, ni même une minuscule explication. C'est de ta faute si elle est partie. Tu ne saurais dire à quel moment est-ce que tu as tout gâché au point de la faire fuire. Mais avoir une vie intime avec la mère porteuse a été la première erreur. À ne plus refaire. « Je sais. » Tu ne veux pas qu'il sache. Tu veux qu'il trouve une solution, qu'il te l'offre sur un plateau d'argent. Tu veux faire quelque chose, n'importe quoi. Tu vas devenir folle à force de juste vivre (maladroitement) ta détresse sans ne rien faire pour y remédier. La patience n'est pas ta vertue. Tu veux déjà brûler toutes les étapes du deuil et te concentrer sur une nouvelle méthode pour arriver à ton but. « Je te demande pas d'abandonner. Je sais que ce serait inutile. » En effet, ce serait totalement inutile. Tu refuses d'avoir mis autant d'efforts sur un projet pour en ressortir avec un échec lamentable. Tomber pour mieux se relever. Commettre des faux pas pour ne plus jamais les refaire. Apprendre de ses erreurs. Tu y comptes bien. Et tu sais également que c'est un sentiment partagé par ton époux. « Je le déteste seulement quand tu gagnes contre moi et que tu t'en sers pour me narguer. » Voilà le premier sourire de la journée de James. Le tien s'étire assez rapidement, miroir à celui de l'anglais. Alors, il le déteste tout le temps. C'est évident. Tu ne retiens que tes victoires et oublie bien rapidement tes défaites qui sont tout de même aussi nombreuses que les autres. Un joli tableau (presque) à égalité pour vous deux. « Avec un tel mélange, cet enfant hériterait pas seulement d'un foutu caractère. On sait tous les deux qu'il serait aussi une véritable menace. » - « Je n'en attends pas moins. » Ce qu'il te fait plaisir à décrire aussi parfaitement l'enfant idéal. Une véritable mélodie à tes oreilles. La génétique de la mère porteuse aurait gâché cet enfant - le même pour qui tu éprouvais un amour inconditionnel et qui ne récolte que ta haine depuis des semaines. « Je me sens pas prêt non plus. Pas pour le moment. » Ce n'est pas forcément ce que tu avais envie d'entendre, même si la porte ne semble pas complètement fermée pour un nouvel essai plus tard. Ce n'est pas comme s'il avait véritablement le choix de toute manière. Avec ou sans lui, tu mettras ce projet à terme. Ça n'a jamais été un secret. Mais comment arriver à retrouver une personne à qui mettre une telle responsabilité entre les mains après le précédent désastre ? La confiance est si facile à perdre, mais ô combien difficile à trouver. « C'est trop tôt pour faire à nouveau une telle place à quelqu'un dans nos vies. Et je crois que la colère et la déception doivent d'abord disparaître. » - « On peut réessayer. Juste nous deux. » Parce que tu préfères encore être déçu par une énième fausse couche plutôt que par une garce qui se sauvera avec le mince espoir qu'il vous reste. « Peut-être que cette fois sera la bonne. » Non, sûrement pas, mais l'espoir fait vivre, que voulez-vous.

« Je suis là. Je suis pas toujours un cadeau, je le sais. Mais je suis là. » Comme si tu étais un cadeau. Vous vous valez bien. Les mains de James viennent se poser contre les tiennes qui, elles, ont trouvé refuge contre sa nuque. Ta tête se tourne alors de gauche à droite. « Tu n'es pas là. » Ça sonne sans doute comme un reproche - et peut-être que c'en est un peu un - mais il n'est pas dit dans le but de l'attaquer, et ça, ça fait changement. Tu sais et tu comprends qu'il a une méthode bien différente de la tienne de vivre tout ceci. Sa méthode est d'ailleurs bien moins toxique que la tienne. Mais elle ne te convient pas. « Être dans ton atelier 24/7, ce n'est pas ce que j'appelle être là. » Votre couple n'a jamais vraiment été réputé pour sa proximité, mais disons que l'éloignement est à son meilleur (pire?). Le travail a toujours occupé une grande place autant dans la vie de James que dans la sienne. Tu ne lui ferais jamais de reproche à ce sujet s'il s'y enfermait pour de bonnes raisons et non pour fuir. « Personne ne nous dupera plus comme elle l'a fait. Je te le promets. » Tes yeux se referment à la seconde où James vient appuyer son front contre le tien. Ils se ferment autant pour savourer le moment que ses paroles. Non, plus personne n'osera jamais. Tu y croyais dur comme fer, parce que tu en avais besoin. « Peu importe ce qui peut parfois nous opposer, je sais qu'on sera toujours d'accord sur ça. » Sans défaire la proximité entre vous deux, tu acquiesces d'un hochement de tête. « Mais je dois te prévenir. Je serai extrêmement méfiant, le jour où on se sentira prêts à recommencer. » Tu le sera également. Au tout début du moins. Tu trouveras des défauts à chacune des femmes potentielles, mais tu risques tout de même de baisser la garde bien plus facilement que James. Tu risques de te laisser emporter par l'euphorie du projet. « Je sais que tu trouvais déjà que je voulais tout contrôler, que j'en faisais trop. Mais ce sera pire si on réessaie. » À aucun moment tu as signé pour vivre un long fleuve tranquille aux côtés de ton époux. Que vous vous prenez la tête sur ça ou sur autre chose, quelle est la différence ? Au moins le résultat en vaut véritablement la peine. « Tu ne seras jamais assez détestable pour me faire revenir sur ma décision. » que tu lui réponds alors qu'un sourire en coin vient appuyer tes propos. Ça veut dire oui à sa question silencieuse. Ça veut dire que tu es toujours partante pour poursuivre ce projet avec lui. Tu ne le ferais avec personne d'autre que lui d'ailleurs. Tes doigts viennent s'accrocher contre le tissu de sa chemise. « Mais tu peux toujours continuer d'essayer. » Ta tête se penche légèrement sur le côté de manière parfaitement innocente. L'innocente te va si bien au teint (non). Tu tires sur le tissu pour ramener James vers toi. Il peut toujours essayer d'être détestable à souhait. Il sait si bien le faire. Il peut aussi se taire et t'embrasser plutôt.
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Message(#)cold heart || crimes #2 EmptyLun 9 Jan - 18:42


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« Je n'en attends pas moins. » Et il en allait naturellement de même pour James, qui s'était toujours imaginé cet enfant comme une authentique menace, parfait mélange des tempéraments de ceux qui avaient passé des mois à se déchirer au sujet de cette hypothétique vie de famille, à laquelle James s'était d'abord opposé avec vigueur. Il ne voulait pas de ce qu'impliquait un enfant, pas alors qu'il n'avait jamais considéré avoir la fibre paternelle ou une quelconque propension à aimer autrui autant qu'il pouvait s'aimer lui-même. Mais les choses avaient changé, évolué pour le meilleur sans doute, quand bien même ses doutes restaient persistants et ses craintes de ne pas être à la hauteur, elles, habilement dissimulées sous la surface. Avoir été aussi profondément atteint par la trahison de leur mère porteuse avait fini par lui prouver une chose : il y croyait sans doute depuis bien plus longtemps qu'il n'avait voulu se l'avouer, par orgueil sans doute. « On peut réessayer. Juste nous deux. » Il voyait où elle voulait en venir, Cristina, lorsqu'elle excluait toute intervention d'un tiers dans la réalisation de leur projet. Il le voyait et ça ne lui disait pas grand chose qui vaille. « Au risque de repasser par les mêmes épreuves ? » Les fausses couches à répétition, les ascenseurs émotionnels et les multiples disputes qui suivaient inévitablement. C'est vrai qu'ils n'avaient jamais eu besoin de ça pour se déchirer, mais leur mariage n'avait sans doute jamais autant été mis à l'épreuve que durant ces temps compliqués. « Je suis pas sûr d'avoir envie que tu t'infliges tout ça. » Son regard replongea dans le sien, cherchant à y lire qu'elle ne s'obstinerait pas dans cette voie, pas alors que c'était susceptible de lui causer autant de nouvelles souffrances. Elle le savait, James n'avait jamais été particulièrement optimiste, mais cette fois il était convaincu de laisser parler son bon sens. « Peut-être que cette fois sera la bonne. » - « C'est moi ou toi que tu essaies de convaincre, Cristina ? » Les deux, sans doute, et James était forcé de reconnaître que sa volonté avait déjà failli une fois face à la persévérance de celle qui lui avait déjà fait revoir sa position sur un sujet qu'il pensait acté depuis de nombreuses années. Et c'est précisément pour ça qu'il y voyait une idée aussi risquée.

Le moment était étonnement tendre, les contacts moins maladroits que lorsque les insultes pleuvaient et que la tension redescendait ensuite lentement. Même avec bien peu d'heures de sommeil au compteur, James pouvait voir toute la vulnérabilité de son épouse, et pour une fois il n'avait pas la moindre envie de provoquer une quelconque dispute. A l'inverse, il tâchait d'être présent pour la première fois depuis bien trop longtemps, c'est vrai, tel que Cristina ne manqua justement pas de le lui faire remarquer. « Tu n'es pas là. » Il savait que c'était vrai, James, pourtant son premier réflexe fut de secouer la tête et de froncer les sourcils. Pas de colère, pas parce que l'idée qu'elle pointe du doigt ses absences lui déplaisait. Mais parce qu'il n'en était peut être pas fier lui-même, à vrai dire, et que c'était plus difficile à admettre qu'il ne le voudrait. « Être dans ton atelier 24/7, ce n'est pas ce que j'appelle être là. » - « J'y reste pas pour me tourner les pouces. On est noyés sous le boulot et je peux pas juste disparaître et espérer que tout le monde s'en sortira en mon absence. » Une excuse qu'il aurait pu sortir à n'importe qui mais qui ne prendrait sûrement pas avec sa femme, qui le connaissait trop bien pour savoir que la masse de travail n'était pas le problème, pas alors qu'il n'avait jamais compté ses heures et presque jamais pris un seul jour de congé depuis qu'ils se connaissaient. Il n'y avait rien de nouveau là-dedans, en réalité. « T'as sûrement pas besoin que je te rappelle que t'as épousé un bourreau de travail. » Il se voilait la face parce que c'était plus simple que d'admettre qu'il trouvait bien souvent du réconfort dans le fait de s'isoler dans son atelier, là où ses problèmes étaient toujours relégués au second plan. Lorsqu'il dédiait toute son attention au travail, la peine n'importait subitement plus. Et c'était précisément ce qu'il venait y trouver. « Qu'est-ce que ça changerait, si j'étais plus souvent là ? T'aurais quelqu'un à qui reprocher la situation, j'aurais quelqu'un sur qui passer mes nerfs, mais qu'est-ce que ça changerait ? » Sans doute pas grand chose, parce qu'ils avaient simplement chacun leur manière de gérer la situation. Chacun leur façon d'aller de l'avant, de prétexter que la situation ne les atteignait pas autant que c'était réellement le cas.

S'il prévenait sa femme, s'il tenait à le faire avant qu'ils ne se relancent dans ce projet qui avait déjà représenté plusieurs mois de leur vie mais auquel ils n'étaient pour autant pas prêts à renoncer, c'est parce qu'il savait combien sa méfiance serait exacerbée s'ils devaient de nouveau se fier à quelqu'un. Combien il serait intraitable, combien il voudrait constamment s'assurer qu'on ne les roulerait pas une deuxième fois. Si Cristina était la première impactée par les conséquences que la décision de leur mère porteuse avaient eu sur leur vie, James aussi l'avait vécu comme un véritable coup de poignard dans le dos. S'ils devaient recommencer, il veillerait à ce que sa femme et lui ne soient plus jamais aussi vulnérables face à quelqu'un qui avait le pouvoir changer leur vie, pour le meilleur comme pour le pire. « Tu ne seras jamais assez détestable pour me faire revenir sur ma décision. » Un sourire perça subtilement le coin de ses lèvres, l'espace d'un instant où toutes les barrières semblaient subitement ne plus exister. La défiance d'hier laissait ce matin la place à une douceur et une complicité qui n'était pas monnaie courante au sein du couple, et moins encore depuis quelques mois. Un changement quelque peu désarçonnant lorsqu'on les avait déjà vu s'affronter avec une hargne inégalable mais que James appréciait tout au fond de lui davantage qu'il ne saurait l'admettre. « C'est pourtant pas faute d'avoir placé la barre très haute dans ce domaine. » Bien sûr qu'il savait se montrer détestable et qu'elle avait même déjà eu un aperçu des pires facettes de sa personnalité. Mais ça n'était pas contre elle qu'il avait la moindre envie de se battre, cette fois. Sa colère, il comptait la diriger contre quiconque aurait de nouveau l'intention de les trahir. « Mais tu peux toujours continuer d'essayer. » - « A quoi bon, tu es la personne la plus bornée que je connaisse. » Une lueur malicieuse au fond du regard, James céda finalement à l'envie de retrouver ses lèvres le temps d'un baiser qui ne connaissait ni retenue ni rancune, qui pour un instant leur donnerait presque l'impression que le tableau n'avait rien d'anormal et leur couple, lui, rien d'inconventionnel. « Ce sera différent, cette fois. » Il souffla plus bas, comme une manière de réitérer une promesse qu'il avait déjà formulé tout haut : ce sera différent, lorsqu'ils se sentiront prêts à se réengager dans cette voie. « Je vais prendre ma matinée. Je dirai que j'ai du gérer une urgence, peu importe, je trouverai quelque chose. » Et peut être qu'il rebondissait par là sur les paroles de Cristina, qu'il lui montrait ainsi qu'il n'était pas toujours celui qui se dérobait pour ne pas affronter la réalité. Il s'était trouvé beaucoup d'excuses, James, mais il lui suffisait de poser les yeux sur le visage de la brune pour y lire qu'elle avait besoin de lui. Qu'une fois n'est pas coutume, ils pouvaient déposer les armes sans qu'il n'y ait de blessé. « Je sais où sont mes priorités. » Ce qui, murmuré entre deux baisers apposés contre la peau de son épouse, voulait simplement dire Je reste.
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Message(#)cold heart || crimes #2 EmptyJeu 9 Fév - 19:32

« Au risque de repasser par les mêmes épreuves ? » L'idée ne l'enchante absolument pas. C'est évident par le simple ton de sa voix, par tout son non-verbal. Rien qui ne fasse vraiment changement quand vient le temps d'aborder le sujet d'une éventuelle famille ensemble. Aucune de tes idées ne l'enchantent, il n'en voit aucune sous un bon oeil, mais il finit toujours par se ranger de ton côté. Sans doute parce qu'il préfère être complice que d'être mis de côté. Tu n'as jamais eu besoin de son accord et ce n'est pas différent cette fois-ci. « Ça ne t'a jamais fait peur de prendre un risque. » Dans la vie en général. Chacune des possibilités qui s'offrent à vous vient avec un risque. Il y a le risque que la prochaine mère porteuse change d'idée elle aussi. Elle peut aussi faire une fausse couche. Est-ce vraiment plus risqué que de refaire une tentative à deux ? Est-ce que la déception sera pire que celle que vous venez de vivre ? Honnêtement ? Ça te semble peu probable. « Je suis pas sûr d'avoir envie que tu t'infliges tout ça. » Tu préfères encore perdre un nouvel enfant naturellement plutôt que de te le faire arracher de nouveau de la sorte. « Envie ou pas, ce n'est pas à toi de choisir à ma place. » Mon corps, mon choix, en quelque sorte. Ça lui donne tout de même la note sur les prochaines semaines à venir, sur le possible cocktail de traitement hormonaux que tu devras reprendre - celui qui te rend particulièrement éreintante (plus que d'habitude, oui, c'est encore possible), sur le violent dérèglement hormonal qui vient avec la grossesse, puis avec la fin. Des semaines bien calme, hen. Mais si cette fois-ci, c'était la bonne ? « C'est moi ou toi que tu essaies de convaincre, Cristina ? » Ce n'est pas une pique, mais ça sonne tout comme. Ça fait le même effet. Le regard que tu poses sur lui est glacial. Tu ne veux pas qu'il vienne te remettre les pieds sur terre. Tu veux qu'il nourrisse ton espoir. C'est tout ce qu'il vous reste de toute façon : l'espoir d'y arriver un jour, peu importe par quel moyen. « Tu as une putain de boule de cristal peut-être ??? Tu connais déjà la solution ? Je t'en prie, éclaire-moi qu'on puisse arrêter de jouer à essaie-erreur. » Non, il ne lit pas l'avenir. Il ne connaît aucune solution qui ne vienne pas avec un risque. Chaque essai vient avec ses échecs et une seule réussite. Il suffit maintenant de trouver lequel est gagnant dans le lot. Par contre, un coup les reproches amorcés, c'est difficile de ne pas poursuivre dans cette voie. Il n'est jamais là, ça aussi, c'est un problème. C'en est un aujourd'hui. Ce ne le sera sûrement plus demain avant de le redevenir cinq jours plus tard. « J'y reste pas pour me tourner les pouces. On est noyés sous le boulot et je peux pas juste disparaître et espérer que tout le monde s'en sortira en mon absence. » Cette fois-ci, c'est plus fort que toi. Tu lèves les yeux au ciel. Bien sûr, il croule tellement sous le boulot qu'il doit travailler jour et nuit sans arrêt. « Oh pitié James, à d'autres. » Il n'a pas pour habitude de manquer d'imagination, qu'il trouve une meilleure défaite que celle-ci s'il tient absolument à se trouver une défaite débile. « T'as sûrement pas besoin que je te rappelle que t'as épousé un bourreau de travail. » Non, effectivement, tu n'en a pas besoin. Tu sais comment il est et tu ne peux pas le blâmer quand tu es bien investi dans l'hôtel toi aussi. Il y a toutefois des limites à ne pas franchir, ou à ne pas franchir sur une période aussi longue. « Qu'est-ce que ça changerait, si j'étais plus souvent là ? T'aurais quelqu'un à qui reprocher la situation, j'aurais quelqu'un sur qui passer mes nerfs, mais qu'est-ce que ça changerait ? » Ton regard se pose dans le sien quelques secondes avant de l'éviter, un peu contrarié qu'il ait raison. Ça ne changerait rien. Tu trouverais le moyen de trouver une autre raison pour que ce soit encore de sa faute. Tu trouverais autre chose à lui reprocher. Peu importe ce qu'il ferait, tu ne seras jamais contente. Tout comme tu n'es pas contente qu'il t'ait cloué le bec aussi facilement.

L'ambiance électrique semble tout de même redescendre doucement. Tranquillement, mais sûrement comme on dit. Ton sourire s'élargit lorsque celui de James apparaît sur son visage, puis tes bras s'enroulent autour de sa taille. « C'est pourtant pas faute d'avoir placé la barre très haute dans ce domaine. » - « C'est vrai que tu es particulièrement doué. » Toujours prêt à placer le bon mot au bon moment. Tu serais sûrement parti depuis bien longtemps s'il ne serait pas si doué justement. Tu te complaît dans le conflit, dans sa facilité à te tenir tête, dans son caractère aussi fort que le tien. Tu aimerais pouvoir tout contrôler, mais tu apprécies de ne pas en être capable - compliqué ? à peine. Il n'existe pas plus compliqué que la relation qui t'unit à James de toute manière. « A quoi bon, tu es la personne la plus bornée que je connaisse. » Comme s'il allait vraiment arrêter. « Ce sera différent, cette fois. » qu'il souffle tout bas, dans une promesse qui vous unit tous les deux. Est-ce que ce sera vraiment différent ? Peut-être, peut-être pas, mais tu sais que James déploiera tout ce qui est en son pouvoir pour tenir parole. « Je vais prendre ma matinée. Je dirai que j'ai du gérer une urgence, peu importe, je trouverai quelque chose. » Ce n'est pas comme s'il avait vraiment besoin de justifier ses faits et gestes de toute manière. Il n'est pas propriétaire, mais c'est tout comme. Et puis, tout le monde a bien trop peur de lui pour lui demander de rendre des comptes. « Je sais où sont mes priorités. » Les bons mots au bon moment, on disait. C'est un sourire victorieux qui prône sur tes lèvres à cet instant où les siennes couvrent ton épiderme. « Vas-y. Appelle. » Ça sonne presque comme un défi sorti d'entre tes lèvres. Tu repères facilement son portable délaissé sur le plan de travail qui passe de tes mains aux siennes. Des promesses comme celles-ci, vaut mieux les mettre immédiatement à exécution avant qu'il ne change d'avis. Tu contournes sa silhouette, écoute d'un oreille distraite la conversation entre ton époux et une personne quelconque. Tes doigts glissent dans les tissus sur la table, puis tu fais un demi-tour simplement pour venir t'asseoir sur celle-ci les jambes croisées. « Éteins-le maintenant. » que tu lui demandes dès qu'il raccroche. Éteindre son portable. Sûrement la partie la plus difficile du marché. S'il le fait pas, tu sais déjà qu'il sonnera dans moins de quinze minutes.
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Message(#)cold heart || crimes #2 EmptyVen 24 Fév - 19:34


cold heart.

« Ça ne t'a jamais fait peur de prendre un risque. » Elle avait raison, Cristina, il n'avait jamais été le genre d'homme que les difficultés effrayaient et bien au contraire, James avait toujours été particulièrement stimulé par ces dernières. Seulement tout était différent lorsqu'il était question des siens, et de cette hypothétique vie de famille qui certains jours lui paraissait des plus inatteignable, malgré toute la volonté et la persévérance de son épouse. Cristina avait besoin qu'il la soutienne, besoin qu'il entretienne ses espoirs et se batte à ses cotés, et il en aurait probablement envie si ça ne voulait pas aussi dire la voir replonger dans de nouveaux tourments. Parce qu'ils le savaient l'un comme l'autre : pour elle, tout ça s'apparentait depuis le départ à un véritable parcours du combattant. « Envie ou pas, ce n'est pas à toi de choisir à ma place. » Un soupire s'échappa d'entre ses lèvres. « Arrête, me sors pas ton couplet féministe, tu sais très bien que ça n'a rien à voir avec ça. » Que si elle pouvait lui reprocher un paquet de choses, il n'avait en revanche jamais endossé la casquette du mari territorial et autoritaire qui entendait l'empêcher de prendre ses propres décisions et cherchait à bafouer ses libertés. Il avait tenté d'être un soutien pour elle même lorsqu'il n'était pas certain lui-même de son envie d'aller au bout du processus, et c'est elle qui avait fini par le convaincre de laisser une chance à ce projet en lequel l'anglais ne croyait pas au départ. « C'était très éprouvant la dernière fois, et à tous les niveaux. Et contrairement à ce que tu sembles croire, c'est pas un plaisir pour moi de te regarder souffrir. » Ils avaient leur propre manière de se faire du tort et n'étaient jamais les derniers pour se provoquer, mais tout était bien différent quand la santé et le bien-être de sa femme étaient sur la sellette. Cristina devrait le savoir, depuis le temps, il était capable de l'impensable pour protéger ses proches et quels que soient leurs différends et leurs désaccords, il ne cesserait jamais de vouloir la préserver du pire.

Mais ça n'était pas ce qu'elle voulait entendre et les réserves de son mari semblaient de plus en plus agacer la jeune femme, qui avait déjà probablement passé une nuit longue et éprouvante à attendre une compagnie qui n'était jamais venue. Il savait qu'il aurait du la rejoindre, aujourd'hui plus que n'importe quel autre jour, mais il avait eu besoin d'exorciser sa propre peine de son coté. C'est comme ça qu'il avait toujours fonctionné, quand bien même il savait qu'il méritait au moins une partie de la contrariété de la brune. « Tu as une putain de boule de cristal peut-être ??? Tu connais déjà la solution ? Je t'en prie, éclaire-moi qu'on puisse arrêter de jouer à essaie-erreur. » - « Qu'est-ce que tu crois ? Que si c'était si facile, on serait dans cette situation aujourd'hui ? » Pour eux, tout était sensiblement plus difficile que pour la plupart des autres couples, et c'est pour ça qu'ils avaient toujours été forcés d'envisager des solutions extrêmes, des solutions qui à terme n'étaient bonnes ni pour le bien-être de Cristina, ni pour leur mariage et cette relation de confiance qu'ils avaient pourtant toujours partagé. L'épisode de la mère porteuse n'était qu'une épreuve parmi beaucoup d'autres qu'il leur avait fallu surmonter, mais probablement celle qui leur avait causé le plus de tort. « J'aurais jamais placé toute ma confiance en une parfaite inconnue si j'avais pu faire autrement, et tu le sais. Tout comme je sais que tu aurais préféré qu'on n'ait jamais à en arriver là. » Cristina savait combien ça lui avait été difficile de s'en remettre à cette femme, lui dont la méfiance était toujours exacerbée et qui avait généralement besoin de temps avant de laisser véritablement quelqu'un entrer dans sa vie. Il avait abaissé ses barrières pour permettre à Cristina de toucher son rêve du doigt, et à l'arrivée ils l'avaient regretté l'un comme l'autre. Alors oui, ses piques étaient injustes, parce qu'elle réagissait comme s'il n'était pas directement concerné et comme si ça ne lui faisait strictement rien, à lui, d'y avoir cru en vain. « Alors non, je lis pas dans l'avenir, tout ce que je peux faire c'est faire en sorte que cette situation te détruise pas davantage. » Qu'elle ne les détruise pas davantage, alors que les derniers mois avaient considérablement affecté l'entente déjà fragile qui existait entre les deux époux. Ils pouvaient se voiler la face autant qu'ils le voulaient, prétendre que ça avait toujours été dans leur manière de fonctionner : la communication n'avait jamais été plus difficile que ces derniers temps, et Cristina agissait encore bien trop souvent comme s'il était son ennemi et non son allié.

« Oh pitié James, à d'autres. » Personne ne savait mieux que sa femme à quel point il se trouvait des excuses, à cet instant précis, pour expliquer qu'il ne se soit jamais autant plongé dans le travail que ces derniers mois. Si la collection qu'Auden et lui avaient mis sur pied lui avait dans le même temps servi d'excuse, ils savaient que la véritable explication était bien plus profonde que ça. Et que le boulot l'aidait à évacuer ce qu'il ne savait pas extérioriser autrement. « C'est vrai que tu es particulièrement doué. » Au moins étaient-ils encore capables de se rapprocher dans des moments pareils, où chacun se montrait subitement bien plus vulnérable sous le regard de l'autre. Brusquement, c'était comme s'ils n'avaient plus peur de se montrer tels qu'ils étaient vraiment, comme si leurs affrontements étaient relégués au second plan et qu'ils redécouvraient les époux attentifs et dévoués qu'ils savaient parfois être, lorsqu'ils s'en donnaient les moyens. James était conscient d'avoir manqué à la plupart de ses devoirs, ces derniers temps, faute d'avoir été capable de se confier sur ses ressentis et de lui avoir fait une place à ses cotés lorsqu'il en aurait pourtant eu besoin. Alors aujourd'hui, il se le promettait, les choses allaient changer. Il allait faire des efforts, il allait tenter d'être un mari plus présent et un partenaire sur qui elle puisse compter. C'est ce qu'il lui avait promis, le jour de leur mariage, et c'est une promesse qu'il était toujours déterminé à tenir. « Vas-y. Appelle. » Son visage encore tout proche du sien, son regard plongea plusieurs secondes dans le sien et un fin rictus étira finalement la ligne de ses lèvres. « Je vois que la confiance règne. » Il ne pouvait pas lui reprocher de douter, surtout lorsqu'il était question de son travail et de la place prépondérante que celui-ci avait toujours tenu dans sa vie. Elle le connaissait par cœur, et savait qu'il aurait tôt fait d'y replonger. « Très bien. » Il capitula, conscient qu'il le lui devait bien et qu'il ne pouvait pas se permettre de laisser la situation les éloigner davantage, surtout alors qu'ils étaient encore capables de mettre leur fierté de coté de temps à autres. Saisissant son téléphone dans la poche arrière de son pantalon, il dégaina celui-ci et composa le numéro de son assistante. « Millie ? J'aurais besoin que tu fasses passer le mot à tout le monde que je serai absent toute la matinée. Une affaire importante qui peut pas attendre. » Son regard soutenait toujours celui de son épouse, qui semblait observer la scène avec un certain contentement. « Dis-leur que je veux pas être dérangé. Et que s'ils me cherchent, je suis là pour personne. » Le message pourrait difficilement être plus clair, ainsi c'est après avoir transmis ses directives à la jeune femme qu'il raccrocha. « Éteins-le maintenant. » Elle n'en démordait pas, Cristina, fidèle à la détermination qu'il lui avait toujours connu. « Contente ? » Il demanda, un sourcil arqué dans un air de défi, au moment d'éteindre son téléphone et de le reposer dans un coin. Il n'y toucherait plus pendant les prochaines heures, ainsi tout ce qui pourrait arriver à l'atelier ou ailleurs n'était plus son problème. « Ce que tu me fais pas faire... » Il souffla, la malice au coin des lèvres, avant de s'approcher de quelques pas pour tendre une main dans sa direction et l'inviter à le suivre, implicitement. « Je vais aller faire du café, je crois qu'on en a bien besoin. Ensuite, tu décideras de ce que tu veux faire. » De ces quelques heures qu'il comptait lui consacrer, de cette matinée où rien ni personne ne viendrait pour une fois se placer entre eux. « J'ai promis. » Que ses priorités étaient là, au moins pour les prochaines heures, et que rien n'importerait en dehors de ces murs. Il n'était certes pas un mari irréprochable et Cristina aurait bien des reproches à lui faire, mais James n'avait toujours eu qu'une parole. Il était là, ici et maintenant, et il n'irait nulle part.
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