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Megan Williams & @Aiden Turner - 2020, 22 ans  

Ce soir, c’est le genre de soirée où je suis venue à reculons. Lorsque je l’ai interrogée, Maisie qui, je cite ”n’a pas envie d’être impliquée dans cette rupture”, m’a affirmé qu’Aiden n’était pas en ville pendant plusieurs semaines à cause d’un tournage et, naïvement, j’en ai déduis qu’il n’y avait pas la moindre chance que je le crois ce soir. Armée de mon téléphone - on m’a fait laisser mon appareil photo à l’entrée -  je me suis introduite dans une soirée ultra sélect organisée par un influenceur quelconque pour le lancement de son livre à l’aide de mon sourire charmeur et de mes grands yeux bleus, et j'espère y dénicher un cliché inédit qui fera scandale et, surtout qui se vendra comme des petits pains.

Je n’ai pas peur de tomber sur mon ex, bien que je considère l’emploi du mot rupture comme abusif, et qualifie plutôt la chose en  “fuite résolument lâche. Je n’étais pas amoureuse d’Aiden et il n’était pas plus épris de moi, je crois que nous en étions tous les deux conscients. Nous tentions tous les deux de forcer quelque chose qui ne venait pas, de son côté pour des raisons mystérieuses et du mien à cause de ma volonté de prouver au monde - et surtout à moi même - que je pouvais être autre chose que la maîtresse, le plan cul régulier, ou le coup d’un soir. Animée par l’envie de croire qu’un homme pouvait me regarder autrement, je suis tombée sur le charme de l’acteur qui, les premiers jours, m’a vendu la lune. Il n’avait pas besoin de grand chose pour ça : il était gentil et me regardait comme la huitième merveille du monde et, très honnêtement, c’était largement assez pour moi. Bien sûr, pendant les quelques mois qu’a duré notre notre relation, j’ai fauté à quelques reprises. J’ai cédé à Scott qui n’a cessé de m’appeler pour comprendre ce qu’il se passait et mon éloignement. Je ne lui ai pas dit la vérité mais, pour le rassurer et qu’il ne reste qu’à moi - sa femme ne compte pas - je l’ai rejoint deux ou trois nuits dans des hôtels hors de prix de la ville. Mais ça n’avait pas d’importance. C’était une transition, voilà ce que je me répétais en essayant de me forcer à tomber amoureuse de mon petit ami qui, je l’avais décrété, était parfait.

Sauf qu’il ne l’est pas, Aiden. Il avait des habitudes agaçantes et un tempérament lunatique que j’ai passé sous silence pour m’enfoncer dans le déni. J’y suis restée jusqu’à ce que, il y a presque deux mois, il ne décide de m’envoyer un SMS pour me dire qu’il préférait que je ne le rejoigne pas le soir même - nous avions prévu de nous voir - et que tout était fini. Mon cœur ne s’est pas brisé : je n’ai pas réussi à le faire battre pour lui, malgré mes efforts acharnés. En revanche, mon égo est tombé en miettes à mes pieds. Mon amour propre a hurlé de douleur et j’ai eu envie de lui arracher les yeux. En guise de réponse, j’ai pianoté un ”connard” qui reste à date notre dernier échange. Aiden m’a rappelé pourquoi il est communément admis que les hommes sont lâches. Et alors que je prétends être absorbée par ma discussion avec une instagrameuse égocentrée et en mal d’attention, mon regard croise le sien. Il se durcit instantanément et, au bout d’un moment, je crois que mon interlocutrice comprend que je ne suis plus attentive à elle : elle s’éloigne sans même que je le remarque. Mon regard à moi reste braqué dans celui de mon ex et, s’il pouvait tuer, nul doute qu’un fait divers en parlerait dès demain matin. Lorsque mes jambes se mettent en marche dans sa direction, je les hais de toute mon âme. Je préfèrerais rester fière, lever le menton, rejeter mes cheveux en arrière et lui offrir mon dos à contempler. Sauf que je m’arrête devant lui et lui jette au visage une remarque acerbe sans me soucier qu’il soit en discussion. « T’as retrouvé ta langue à ce que je vois. » Pourquoi faut-il que les blessures d’égo nous rendent si vindicatifs ? « C’est bien pour toi. Je suis pas certaine que t’aies tes chances dans le cinéma muet. » Il est bien trop inexpressif pour ça.

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Aiden Turner & @Megan Williams

Plus tôt dans la journée il avait pu cocher une case de cette grande liste des choses qu'il n'avait jamais fait auparavant. Une liste gardée secrète, bien à l'abris dans un recoin du vieux portefeuille ayant appartenu à son grand-père, là où personne ne viendrait vraiment fouiller sauf si il se faisait racketter dans la rue. "Avoir son propre costume", écris de la main tremblante d'un gamin, une rature au milieu de costume parce qu'il avait trop longtemps hésité avant de l'écrire, partagé entre l'idée de l'écrire avec un k ou avec un c. Dans son trois pièces parfaitement taillé pour ses larges épaules, un noeud papillon remplaçant plus modernement une cravate, Aiden avait serré quelques mains au hasard pour faire bonne figure. Les murmures se faisaient maintenant plus insistants sur son passage, témoins du succès que l'acteur semblait avoir acquis récemment. On se retourne maintenant sur son passage plutôt que de le pointer du doigt en fronçant les sourcils, persuadé de l'avoir déjà vu quelque part. Ce quelque part c'est matérialisé en affiches grandes natures, peinturées dans toute la ville et sur laquelle on pouvait y voir son visage, tous les défauts de sa peau y compris. Aiden avait fait gonflé son égo dans les quelques sourires que les producteurs lui avaient adressés, profitant de l'instant pour savourer tous les conseilleurs d'orientation qui lui avaient prédis un avenir grotesque, loin de toute reconnaissance. Non, il était reconnu, Aiden Turner l'acteur qui décrochait de plus en plus de rôles loin de tout ce qu'il avait eu jusqu'à présent. D'un revers revanchard de la main il avait mis de côté les petites lignes dans les sitcom pour le cinéma sur écran géant, profitant de chaque miettes de petit fours, de chaque gouttes de champagne pour s'enivrer un peu plus dans une petite gloire.

Alors dans son propre costume trois pièces parfaitement taillé, Aiden s'était vu invité à la soirée de lancement d'un livre, rédigé par un quelconque, un normale qui essayait de gravir les échelons de la société. De son oeil nouveau l'acteur avait dévisagé les personnes présentes, s'octroyant le droit de juger comme d'autres l'avaient fait avec lui durant ses tout premiers événements. Une grande brune toute mince par-ci, une petite rouquine rondouillarde par-là, quelques véreux aux mains moites cherchant à révéler au monde la prochaine starlette, à condition qu'elle accepte de passer entre leurs doigts pour espérer décrocher un rôle. Et au milieu, Megan. Megan qui lui accorde un regard glacé, la bouche entrouverte de ceux qui se coupent en pleine discussion pour laisser défiler des images de meurtres dans leurs esprits. Le sourire narquois de l'acteur s'éteint lentement, comme la fumée d'une bougie qui s'évanouit, incapable de savoir si il préfère se cacher ou fuir, comme il l'avait fait deux mois en arrière. Pendant des semaines il avait prétendu vivre le grand amour dans les bras de la blonde, profitant de sa compagnie pour se valoriser, acceptant qu'elle disparaisse au milieu de la semaine en échange d'un peu de chaleur dans le fond de ses draps.

Un simple message qu'il avait pianoté pendant de longues minutes avant de se donner le courage de l'envoyer, puis des heures passées à faire disparaître toutes les images d'elle sur les réseaux, dans la mémoire de son téléphone, dans son esprit. Ils n'avaient jamais trouvés le temps de tomber amoureux l'un de l'autre, en avaient ils vraiment envie seulement ? On le pousse d'un coup d'épaule, son regard ne décroche pas celui de la blonde alors qu'elle prend les devants pour s'approcher de lui avec toute la rage dont elle est capable, mais toujours aussi élégante. « T’as retrouvé ta langue à ce que je vois. » L'interlocuteur de l'acteur s'excuse avant de s'éclipser, peu désireux d'être le témoin de la dispute qui se profilait entre Aiden et son ex, si on pouvait la qualifier ainsi vu le peu de temps qu'ils avaient passés à se persuader de s'aimer. « C’est bien pour toi. Je suis pas certaine que t’aies tes chances dans le cinéma muet. » Megan commençait doucement, incapable de garder sa langue dans sa poche, assez courageuse pour prendre le taureau par les cornes alors que lui n'avait fait que la fuir pendant deux mois. « Megan… la soirée ne fait que commencer et je n'ai pas envie de rentrer chez moi alors on pourrait se jeter nos défauts à la gueule un autre jour ? » Imbu de lui-même, dans un costume trois pièces certes, mais rendu aigri par un monde qui lui offrait tout sans qu'il n'ait à le demander. « Je suis quand même surpris de ne pas voir ton amant à ton bras, il n'était pas disponible ? » Lâche peut-être, mais complètement aveugle non plus. Elle avait disparu de nombreuses soirées durant leurs relations, et Aiden avait assez pris de refus dans son adolescence pour savoir que le soucis venait de lui plutôt que de leur relation enfantine. « Si tu pouvais éviter de m'envoyer un verre en plein visage, mon costume sort du pressing. » Elle était capable de tout, autant en bien qu'en mal, il ne le savait que trop.

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Megan Williams & @Aiden Turner - 2020, 22 ans  

En quelques semaines de relation, le comportant d’Aiden a drastiquement changé, au point que je me demande si je ne l’avais pas idéalisé dans un premier temps. Sauf que si je suis dans le déni pour beaucoup de choses, je refuse en revanche de croire que je manque d’affection au point de m’inventer le partenaire parfait. Je ne souffre pas assez de la solitude au point de me bercer d’illusions et d’avoir mis le jeune homme sur un piédestal alors qu’il était au fond parfaitement détestable : je n’ai pas rêver le merveilleux jeune homme qu’il m’a présenté lors de notre rencontre. Ce soir-là et pendant toute la période des débuts, il m’a portée aux nues et dépeinte comme la huitième merveille du monde. Il a répété bon nombre de fois que tout homme m’ayant un jour abandonné n’est qu’un pauvre idiot, et m’a glissé à quel point je suis belle à l’oreille à plus de reprises que je ne peux les compter. Alors, qu’est ce qui a changé ? Jouait-il un rôle, pendant tout ce temps ? A-t-il feint d’être différent de sa vraie nature, d’être plus aimant et plus gentil, pour ne révéler son vrai visage qu’une fois que la routine a commencé à s’installer ? Est-ce cette dernière la grande coupable ? J’ai du mal à l’envisager : nous ne sommes pas restés ensemble assez longtemps pour lui en laisser le temps. Nous sommes loin d’avoir eu le temps de tester tous les restaurants et bar du quartier, comme nous nous l’étions promis. La célébrité lui est-elle montée à la tête ? Pendant notre relation, son dernier film est sorti et l’a fait passer du statut de personnalité de seconde zone à celui de premier rôle. Le jeune homme qui voyait l’acting comme un job alimentaire et qui rêvait d’être conducteur de train, a-t-il disparu ? Souffre-t-il d’un mal malheureusement très commun, la grosse tête ? J’ai du mal à croire que cela justifie qu’il m’ait jetée comme une malpropre : ne suis-je pas une femme au bras de laquelle on est fier de s’afficher ? N’est-ce pas ce qu’il prétendait, en tout cas ? S’est-il rendu compte qu’il pouvait avoir plus belle encore et surtout plus intéressante que moi ?

Je l’ignore. Ce que je sais, c’est que même si j’aimerais lui montrer mon dos plutôt que de lui faire le plaisir de sortir de mes gonds, je fais tout le contraire. J’avance d’un pas décidé dans sa direction pour lui faire regretter non pas l’issue de notre relation, mais la forme qu’il y a mise. « Megan… la soirée ne fait que commencer et je n'ai pas envie de rentrer chez moi alors on pourrait se jeter nos défauts à la gueule un autre jour ? » - « Par texto tu veux dire ou cette fois t’as l’intention d’être un adulte ? » Je me moque que son interlocuteur s’éloigne. Je me moque des quelques regards curieux qui se tournent dans notre direction : je ne suis personne pour ces gens-là. Je n’ai pas de réputation à préserver. L’occasion est simplement trop belle : je peux enfin lui dire ce que je pense de sa lâcheté. « Je suis quand même surpris de ne pas voir ton amant à ton bras, il n'était pas disponible ? » Je fronce les sourcils, un peu surprise. Bien sûr, je me suis égarée à deux ou trois reprises, pendant que nous étions ensemble. Mais c’était sans importance et sans conséquence, non ? Scott et moi n’avons jamais été surpris ensemble : pas parce que j’y tiens, mais parce que lui a un mariage à protéger. J’ignore si Aiden interprète mon silence comme un aveu ou une invitation à poursuivre, mais il le fait. « Si tu pouvais éviter de m'envoyer un verre en plein visage, mon costume sort du pressing. » Il ne mériterait que ça. Je le regarde de bas en haut, passablement dégoûté. « Il est loin l’idiot qui se moquait de la tâche de mayonnaise sur sa chemise. » Je l’ai certainement pensé trop fort. Mais le contraste entre la suffisance qu’il dégage aujourd’hui et sa maladresse d’hier est saisissant. Si je n’étais pas si hors de moi, j’aurais même dit impressionnant. « Alors c’est ça ton angle d’attaque ? Prétendre que je te trompais ? » Je suis douée pour mentir, à moi-même autant qu’aux autres. La plupart du temps, j’arrive même à me convaincre que je suis dans mon bon droit quand je sais que je n’ai rien d’une blanche colombe. Scott c’est différent. Scott fait partie de ma vie d’adulte mais cela ne m’engage à rien. « C’est ridicule. J’ai rien à me reprocher. » Je garde le menton bien droit puisqu’au moins, moi, je n’ai jamais eu peur de l’affronter.

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Aiden Turner & @Megan Williams

Ils n'avaient partagé que quelques semaines de relation, pas assez pour tomber amoureux, suffisant pour que le cœur de l'acteur ne s'attache à Megan comme on le ferait d'un premier amour inaccessible. Aiden avait cumulé des défauts, la blonde avait additionné les petites bourdes, à eux deux ils avaient décoloré cette relation sans jamais prendre le temps de se regarder dans les yeux pour discuter. Dans son costume taillé parfaitement pour lui Aiden avait laissé passer deux ou trois anges devant ses yeux alors que la jeune femme lui apparaissait dans le fond de la pièce bondée. Malgré tout le monde autour elle avait réussi à lui imposer une solitude folle dont elle seule avait le secret, cette solitude qui avait pesée sur les épaules du jeune homme pendant les quelques instants qu'ils avaient passés tout les deux, lui présent, elle absente alors qu'à côté de lui. C'était le genre de relation dont on se sert pour regonfler un égo trop souvent bafoué, dans le cas de l'acteur, ou pour se donner l'impression de ne pas être qu'un jouet, dans le cas de la photographe. Mais rien ne sonnait vrai, ni les murmures entre les draps, ni les œillades insistantes échangées pendant les soirées mondaines, il n'y avait rien eu qu'une brise rafraichissante entre Aiden et Megan, alors qu'elle attendait sûrement la tempête. Pris dans l'engrenage d'un monde qui lui offrait monts et merveilles sur un plateau, Turner s'était réjouis de ne plus être le second rôle que l'on prend à défaut, parce que personne d'autre ne veut remplir cette case. Le bruit de sa nouvelle gourmette en or froissant des vêtements de qualités était maintenant monnaie courante, tout comme les conversations dont il était le centre. Cette conversation n'aurait rien de distrayante, il pouvait le sentir à mesure que Megan s'approchait de lui, n'offrant rien d'autre en échange qu'un regard froid qui n'était destiné qu'à celui qui avait brisé son cœur par texto. Dans le fond de sa poitrine il pouvait sentir tous les reproches et toutes les fautes qu'elle lui balancerait au visage dans une poignée de secondes, incapable de savoir si il trouverait le courage de lui répondre ce qu'il avait toujours pensé durant leur relation, ou bien si il fuirait de nouveau sans prendre le temps de regarder dans les yeux celle qu'il avait un jour pensé aimer. « Par texto tu veux dire ou cette fois t’as l’intention d’être un adulte ? » L'homme, à qui l'acteur faisait la conversation juste avant de se prendre un coup de poignard dans la trachée, avait profité de cet instant pour retourner au bar non sans jeter à Aiden un regard perplexe. « Appelle ça comme tu le souhaites, mais ne fais pas de scandale pour une relation dont personne ne voulait. »

Enhardi par l'alcool que l'ont trouvait de plus en plus facilement dans son appartement, mesure de l'ampleur que le Turner prenait dans le milieu, l'acteur n'avait pesé aucun de ses mots, affichant le même profil vengeur que Megan tenait devant lui. Elle aussi avait eu ses défauts durant leur relation, souvent absente, un mot glissé tendrement à son oreille pour qu'il oublie les longues heures sans nouvelles qu'il mettait sur le dos du travail, et des remises en questions dont Aiden se serait bien passé. « Il est loin l’idiot qui se moquait de la tâche de mayonnaise sur sa chemise. » Il avait baissé le regard en direction du veston, assorti à sa chemise, impeccablement repassé, faisant douter qu'il était un jour ce garçon dont les tâches de mayonnaise de l'avait pas fait fuir. « Pourtant tu m'as demandé d'être plus mature, c'est pas ce que tu voulais ? Un gars qui te manque de respect en te faisant passer après toutes les autres ? » Les coups trop bas ne venaient pas de celui qu'elle avait connu, loin du jeune homme timide et mal dans sa peau qui avait réussi à la séduire sans même essayer. Aiden avait pris le plis de ce qu'on lui demandait d'être, sans réfléchir à celui qu'il perdait alors que les rôles s'empilaient dans son appartement. Un autre que lui, un autre que celui que Megan avait séduit par son naturel, une relation vouée à l'échec qu'ils avaient laissée filer, préoccupés par d'autres choses. « Alors c’est ça ton angle d’attaque ? Prétendre que je te trompais ? » Prétendre, comme si il s'imaginait qu'elle avait disparu pendant de longues heures au milieu de la nuit, injoignable, le laissant dans l'incertitude alors qu'il se pressait de ne pas agir comme le cliché du petit ami trop inquiet qui interdit tout. Aiden avait mis des œillères pour ne rien voir ce qui se tramait pourtant sous son nez, plongeant dans le travail pour remplacer les absences de la photographe, s'accrochant aux autres plutôt qu'à elle. « C’est ridicule. J’ai rien à me reprocher. » Elle pointait fièrement le bout de son menton pour s'agrandir alors que lui avait envie de se terrer sur place, de prendre encore une fois la fuite plutôt que de l'affronter, sachant pertinemment que la discussion n'aurait pas de fin. « D'accord, je vais faire semblant de te croire Megan, comme j'ai fais semblant de ne pas comprendre ce qu'il se passait parce que j'étais attaché à toi. » L'alcool devenait un reflexe, une façon d'échapper aux conversations et de se mêler aux autres pour se donner une impression d'importance, le genre que l'on apprend quand les rôles s'enchainent. « Un petit gars docile qui se tait quand tu disparais pendant des heures, qui te glorifie aux yeux des autres, qui répond oui quand tu demandes. » Le rôle qu'il avait tenté de tenir pendant des semaines avant de se rendre compte qu'il n'était pas fait pour elle, incapable de tenir plus longtemps le gouvernail menant tout droit dans la tempête. « Ce gars là il aurait du se rendre compte avant que tu le menais en bateau. » Aiden avait beaucoup à se reprocher, mais compte tenu du fait que la photographe avait décidé de régler cette histoire en publique, il n'hésiterait pas à lui dire le fond de sa pensée.

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Megan Williams & @Aiden Turner - 2020, 22 ans  

« Appelle ça comme tu le souhaites, mais ne fais pas de scandale pour une relation dont personne ne voulait. » Je déteste son hypocrisie quand ce que je ne lui reproches pas sa décision, mais la façon dont il m’en a fait part avant de m’éviter pour ce qui semblait être pour toujours pour lui. Tous les hommes ne sont-ils que des lâches et des menteurs ? Est-ce qu’il s’est passé entre ma mère et mon père, a-t-il fui quand elle lui a annoncé être tombée enceinte ou bien avant ? Scott trompe-t-il sa femme avec une fille de plus de dix ans sa cadette parce qu’il n’a pas le courage de la quitter ? Ai-je été idiote de croire que je pouvais trouver un homme différent ? Que je pouvais trouver quelqu’un qui m’aurait respectée et qui aurait été d’une honnêteté sans faille ? Il n’est pas parti au petit matin après avoir eu ce qu’il voulait, Aiden. Il a attendu que je m’attache - un peu, ça compte non ? - à lui pour se tirer comme la pire des ordures. « T’aurais peut-être mieux fait de rentrer chez toi après avoir tiré ton coup, si c’est ce que tu penses. » Moi j’en voulais de cette relation, peut-être pas pour les bonnes raisons, peut-être était-ce à propos de moi et pas de lui, mais je suis loin d’être prête à l’admettre.

« Pourtant tu m'as demandé d'être plus mature, c'est pas ce que tu voulais ? Un gars qui te manque de respect en te faisant passer après toutes les autres ? » Ma lèvre tremble mais je ne le quitte pas des yeux. Ma fierté et mon égo tremblent, eux aussi. « T’as vraiment bien caché ton jeu. » Sale petit con. Ce qui m’a attirée chez Aiden, c’est sa gentillesse et sa douceur. Ou plutôt, c’est ce qui m’a donné envie d’être attirée. Moi aussi je peux aimer un gentil garçon pour changer. J’ai essayé, pour de vrai, au moins quelques semaines. « D'accord, je vais faire semblant de te croire Megan, comme j'ai fais semblant de ne pas comprendre ce qu'il se passait parce que j'étais attaché à toi. » - « T’étais tellement attaché à moi que t’as pas pu me regarder dans les yeux pour me dire que tu me quittais ? C’est ça qu’il s’est passé ? » Oh, je n’y crois pas une seule seconde et toute l’ironie que je mets dans mon ton est là pour le faire comprendre. C’était de la lâcheté. Parce qu’Aiden a obtenu un rôle où il a enfin pu éclipser le reste du casting et que ça lui a plu, d’éclipser les gens, au point de changer sa personnalité ou de réveiller celui qu’il a peut-être toujours été. « Un petit gars docile qui se tait quand tu disparais pendant des heures, qui te glorifie aux yeux des autres, qui répond oui quand tu demandes. Ce gars là il aurait du se rendre compte avant que tu le menais en bateau. » - « Je suis supposée te remercier ? On sait tous les deux que t’étais avec moi parce que je te donnais l’impression d’être quelqu’un d’autre. » Un homme capable de séduire une fille comme moi. Un homme qui peut montrer le profil instagram de sa copine à ses potes et rire avec eux d’un rire gras en disant que oui, c’est un avion de chasse. « Tu sais ce que moi je crois ? » Je n’étais pas amoureuse de lui, mais ça ne veut pas dire que je n’ai pas eu le temps de ressasser depuis son choix regrettable de me quitter en quelques mots pianotés sur le clavier de son téléphone. « Je crois que ton film a eu du succès et que ta carrière a décollé alors que personne aurait misé une pièce sur toi. » Ma poitrine se lève et s’abaisse bien trop rapidement pour que ma fureur ne soit pas perceptible. « Je crois que t’es devenu un putain de stéréotype : le connard suffisant d’Hollywood. Sauf que t’as pas encore été casté pour le prochain Spielberg. » Redescends. C’est ce que disent mes mots méprisants. « Je crois que pour la première fois de ta vie, t’as eu l’impression que les filles se jetaient à tes pieds et que tu voulais être libre de pouvoir les baiser sans que personne puisse te reprocher quoi que ce soit. » Je recule d’un pas avant de le toiser de haut en bas. « Profites-en. Ça durera pas, les responsables de casting se rendront vite compte que t’as deux expressions faciales. » Je ne sais même pas si je le pense, ce que je sais, c’est que je veux juste lui faire mal et porter un coup à son égo, à mon tour.

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Aiden Turner & @Megan Williams

Il déteste sa nouvelle hypocrise, ce nouveau sens de sa justice qui ne fait foi que dans ses yeux sans s'arrêter sur ceux qu'il peut blesser dans ses paroles. Non, Aiden n'était pas fou amoureux de la blonde, mais sa langue fourchait au moment de mentir en disant qu'il n'avait jamais voulu de cette relation. Megan avait été le point d'ancrage d'un jeune homme perdu dans une nouvelle vie, elle l'avait poussé à garder les pieds au sol pour ne pas se faire happer par les méandres d'une vie inconnue, et pour la remercie le Turner avait laissé un message trop court sur son téléphone pour lui dire qu'il préférait s'arrêter là. Alors il était hypocrite, mais plutôt mourir que de l'avouer à la photographe dont les yeux perçant le déstabilisait à en faire suer son front à grosse gouttes. « T’aurais peut-être mieux fait de rentrer chez toi après avoir tiré ton coup, si c’est ce que tu penses. » Comme elle l'avait parfaitement souligné pendant leur première nuit passée ensemble, essayant de voir au-delà de tout ce qu'elle avait connu pour lui laisser une chance de faire parti de sa vie. Les mains trempées de sueur de l'acteur avaient trouvées refuge dans les poches de sa veste, alors que sa gorge s'asséchait à mesure que Megan lui démontrait toutes ses erreurs.  « Dis la femme qui ne voulait de moi que pour se sentir mieux dans sa peau. » Il aurait presque eu l'insolence de lui lever son verre avant de tourner les talons, prouvant une nouvelle fois sa lâcheté aussi bien dans les paroles que dans les actes, mais une partie sordide de lui avait envie de rester pour prouver à Megan qu'il n'avait pas eu besoin d'elle pour y arriver. Une attitude de connard qui ne faisait que de prendre de l'ampleur, abreuvé par les paroles de ses nouveaux amis que les individus lambdas faisaient rire, loin - bien de loin - du jeune homme timide qu'il était à leur rencontre.

« T’as vraiment bien caché ton jeu. »  L'avait-il vraiment fait ? Les derniers jours avaient poussés Aiden à se demande si il avait toujours été ce jeune homme méprisable ou bien si la gloire lui avait subitement montée à la tête ? Maintenant que les affiches s'arrachaient son visage, que les contrats tombaient de plus en plus vite sur le coin de la table, le gars dans le miroir - lui - n'avait plus rien à voir avec celui d'il y un an. « J'ai toujours été honnête avoir toi, apparemment on avait pas la même définition de la confiance. » Encore une fois Aiden glissait dans la conversation les doutes qu'il avait toujours eu pendant leur relation, et si Megan avait toujours ni en bloc une histoire de tromperie (si tenté d'appeler ça comme ça), l'acteur s'obstinait à croire qu'elle l'avait laissé tomber bien plus tôt que lui ne l'avait fait. « T’étais tellement attaché à moi que t’as pas pu me regarder dans les yeux pour me dire que tu me quittais ? C’est ça qu’il s’est passé ? » Dans un regard il avait cherché à fuir la situation, et ça aurait été le bon moment pour qu'on le prenne par l'épaule pour le présenter à quelqu'un, tout plutôt que de se mordre les lèvres en attendant que la jeune femme en finisse avec sa tirade. Mais si il était autant piqué par les mots c'était sans doute pour la part de vérité qu'ils renfermaient, Megan n'étais pas toute rose, mais lui avait accumulé tous les défauts dans cette relation. Il le savait, ne l'avouerait jamais au nom d'une dignité nouvelle. « Oh oui Megan, j'aurai tellement mieux fait d'attendre que tu rentres au milieu de la nuit, mort d'inquiétude, pour t'annoncer que ça n'allait plus entre nous. » Aiden était glorifié par sa nouvelle vie, jouant le coq de basse-cour, levant la main en guise de salutations avant de froncer les sourcils, en rien ressemblant à ce qu'elle avait connu de lui. Megan avait eu envie de se plaire à elle-même dans les yeux du Turner, et ça il l'avait compris trop vite, laissant un trou dans sa poitrine. « Je suis supposée te remercier ? On sait tous les deux que t’étais avec moi parce que je te donnais l’impression d’être quelqu’un d’autre. » Une nouvelle fois, il avait froncé les sourcils. Attrapant au passage un nouveau verre dont le liquide avait dévalé sa gorge avant qu'il ne puisse déglutir, Aiden aurait voulu la prendre par le bras pour l'entraîner loin du reste. Parce que Megan ne resterait pas aussi silencieuse qu'elle l'était jusqu'à présent, parce qu'elle n'hésiterait pas à hausser le ton pour le démonter publiquement.

« On pourrait aller en parler ailleurs ? » Les regards avaient commencés à se dévier vers eux, plongeant l'acteur dans l'embarras soudain de cette nouvelle vie qui imposait d'être le coeur des polémiques. « Tu sais ce que moi je crois ? » Elle n'en avait pas terminé, et le spectacle allait bientôt devenir gratuit pour tout le monde. « Je crois que ton film a eu du succès et que ta carrière a décollé alors que personne aurait misé une pièce sur toi. » Ils le faisaient de plus en plus, pourtant. « Je crois que t’es devenu un putain de stéréotype : le connard suffisant d’Hollywood. Sauf que t’as pas encore été casté pour le prochain Spielberg. » Aiden avait tenté d'approcher son bras de celui de la blonde, désemparé.  « Je crois que pour la première fois de ta vie, t’as eu l’impression que les filles se jetaient à tes pieds et que tu voulais être libre de pouvoir les baiser sans que personne puisse te reprocher quoi que ce soit. » Il n'avait eu personne depuis elle, se contentant de lire des scripts pour se donner de l'importance. « Profites-en. Ça durera pas, les responsables de casting se rendront vite compte que t’as deux expressions faciales. » Celle de l'idiot et celle du connard. Megan avait réussi à briser la confiance nouvellement bâtie, déposant aux pieds du Turner un calumet de la paix brisé tout autant qu'elle l'avait été pendant leur relation. Les lèvres pincées, le regard plongé sur ses chaussures vernies, Aiden avait vidé un nouveau verre d'une seule traite. « D'accord Megan. » Parce qu'il n'y avait rien de plus horrible pour elle que le manque d'intérêt, que cette façade froide qu'il offrait en réponse alors qu'ils auraient pu enchérir encore et encore sans se soucier des curieux. « Juste une chose, le mec que tu as entouré de tes bras sur son scooter pour aller manger des tacos, il serait peut-être rester si tu en avais vraiment eu envie. » Il ne passait plus devant ce restaurant, préférant faire un détour que de s'imposer la vision de leur banquette. « On sait tout les deux que t'avais pas que moi dans la tête, alors peut-être que je suis devenu un connard, peut-être que je l'ai toujours été. » Aiden refusait de croire à cette affirmation, il était le gentil de l'histoire, il menait simplement sa vie, non ? « Mais si j'étais pas comme ça quand on s'est rencontré et que je le suis devenu après toi, y'a rien qui fait sens à tes yeux ? » Ses jambes lui hurlaient de prendre la fuite, son coeur tambourinait dans sa poitrine pour qu'il s'excuse, et encore tout ça Aiden avait choisi de parfaire le portrait qu'elle avait dépeint, celui du lâche.

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Megan Williams & @Aiden Turner - 2020, 22 ans

« Dis la femme qui ne voulait de moi que pour se sentir mieux dans sa peau. » - « T’es vraiment qu’une merde, Aiden. » Ma répartie ne se fait pas attendre, elle claque dans l’air et elle claquerait sa joue si nous n’étions pas en public, parce qu’il ne l’aurait pas volé sa gifle, l’acteur. Je ne dois ma maîtrise de moi-même qu’à mes entrées dans ce genre de soirée que je n’ai pas envie de perdre, et le désir de ne pas m'abaisser à ce genre de spectacle public pour un type dont je n’étais pas amoureuse. Pourtant, ça fait mal, de voir ses quatres vérités jetées à sa figure. C’est encore plus douloureux parce que je suis consciente qu’il utilise des failles qu’il a perçues en mois à nos débuts, lorsque nous n’étions qu’un jeune couple et que, moi, je n’avais qu’une peur : qu’il se lasse et me laisse après s’être amusé quelques jours. La preuve en est, je l’ai autorisé à partir, après notre première étreinte, parce que c’est ainsi que j’avais été habituée à être traitée. C’était un mécanisme de défense : je trouvais moins douloureux d’être celle qui propose plutôt que de me faire jeter la chose au visage. Mais il n’est pas parti, il est resté et si, lorsque notre couple en était à ses balbutiements, j’ai vécu chaque jour en me disant qu’il allait passer à autre chose, il ne l’a pas fait et cela m’a mise en confiance. Assez pour que je me sente valorisée et appréciée pour autre chose que mes courbes. Assez pour que j’ai la sensation que qui j’étais l’intéressait, et pas uniquement ce à quoi je ressemblais. Assez pour que ce soit moi qui me lasse ou, en tout cas, pour que je cède à l’appel de ma liaison sulfureuse avec l’ancien réalisateur et désormais agent de star. Je ne l’ai pas fait souvent. Quelques fois de trop, certainement. Mais à mes yeux ça n’avait pas la moindre importance, puisque je me répétais que c’était juste pour ne pas arracher le pansement d’un coup : on ne se débarrasse pas d’une addiction si violemment. On réduit doucement, jusqu’à ce qu’elle finisse par disparaître et ne meurt de sa belle mort. « T’as l’impression d’être un homme là, c’est ça ? Parce que t’utilise comme ça des failles à moi que t’as relevées ? » Je ne l’utilisais pas, l’acteur. Ou en tout cas je m’en suis convaincue. C’était ma façon à moi de trouver mon équilibre dans cette relation puisqu’avant elle, je n’avais jamais été regardée comme une potentielle partenaire, et pas juste une jolie plante. J’ai apprécié ça, le temps que ça a duré.

« J'ai toujours été honnête avoir toi, apparemment on avait pas la même définition de la confiance. » - « La confiance ? Arrête tes conneries, j’ai jamais été le genre de meuf à fouiller ton téléphone ou à te fliquer. » Je n’étais pas jalouse. Cela aurait été le summum de l’hypocrisie, non ? « Peut-être que j’aurais dû ? » C’est bas, de sous-entendre qu’il a pu aller voir ailleurs avant de me quitter. « C’est quoi, t’étais déjà à poil devant une autre meuf et tu t’es dis ”merde, j’ai une copine, faut que je la largue avant pour avoir l’esprit tranquille”. » C’est l’impression que ça donne, un simple texto. Le sentiment d’urgence et de n’être qu’un détail, une poussière à balayer. « Oh oui Megan, j'aurai tellement mieux fait d'attendre que tu rentres au milieu de la nuit, mort d'inquiétude, pour t'annoncer que ça n'allait plus entre nous. » - « Fais pas comme si j’étais la coupable. » Parce que je ne l’ai pas fait, le rejoindre en pleine nuit. Ou peut-être une fois ou deux, certainement les rares fois où je buvais assez d’alcool pour être légèrement ivre, mais jamais après avoir eu Scott. J’avais un peu plus de respect pour lui qu’il ne semble le croire.

« On pourrait aller en parler ailleurs ? » - « Et pourquoi ? Parce que t’as honte ? » Qu’il assume, qu’il n’est qu’un pauvre type. Qu’il arrête de vouloir jouer le blondinet aux airs innocents et propre sur lui. Qu’il arrête de vouloir faire croire qu’il est le gendre idéal. « T’oublie que je suis personne ici. J’ai pas de réputation à perdre. » Je ne suis personne. Est-ce pour ça qu’il m’a mise à la porte comme une malpropre, sans considération et sans respect ? Réalisant que je n’ai pas l’intention de m’arrêter, pas tant qu’il n’aura pas fait preuve d’un minimum de culpabilité ou formulé un semblant d’excuse - il me les doit - il se résigne. « D'accord Megan. Juste une chose, le mec que tu as entouré de tes bras sur son scooter pour aller manger des tacos, il serait peut-être resté si tu en avais vraiment eu envie. » Il semble las, distant. Il me manque de respect avec indifférence, maintenant. Mes yeux s’écarquillent, surprise qu’il ose prétendre que je suis la coupable. Il n’était pas macho avant, Aiden. Le succès lui est monté à la tête et je suis réellement déçue puisque, si je ne l’ai pas aimé, je l’ai respecté à ma façon. Je n’en ai pensé que du bien, en tout cas. « On sait tous les deux que t'avais pas que moi dans la tête, alors peut-être que je suis devenu un connard, peut-être que je l'ai toujours été. Mais si j'étais pas comme ça quand on s'est rencontré et que je le suis devenu après toi, y'a rien qui fait sens à tes yeux ? » Je recule d’un pas en l’observant, les yeux ronds. Finalement, je finis par l’applaudir deux fois, sèchement, mon dégoût inscrit dans mon regard. « Bravo. T’es devenu le genre de connard qui rejette la faute sur la fille. » Parce que je ne suis pas toute blanche, mais rien ne justifie la façon dont il s’est conduit quand il a été question de mettre fin à notre courte relation. « Il serait fier de toi, le garçon qui voulait devenir conducteur de train, tu crois ? » S’il utilise mes confidences contre moi, alors je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit d’en faire de même. « C’est ça que tu rêvais d’être ? » Je le regarde de la tête aux pieds, me retenant de cracher sur ses chaussures cirées. « Tu m’as rendu un service alors. T’es aussi vide que ta section awards et nomination de ta page wikipédia. » Je ne lui jetterai pas de verre à la figure. Je ne le giflerai pas en public non plus parce qu’il ne le mérite pas. « Tu dégages tout le monde autour de toi. Tu finiras tout seul et tu l’auras entièrement mérité. » Même Maisie, si je lis entre les lignes de ce qu’elle veut bien me confier, a de plus en plus de mal à avoir la moindre nouvelle.

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Aiden Turner & @Megan Williams

« T’es vraiment qu’une merde, Aiden. » Celle-là était méritée, sans doute comme toutes les autres insultes qu'elle avait pu le sortir ou bien qu'elle gardait en réserve pour d'autres occasions, mais elles n'en étaient pas moins toutes méritées. Le regard plongé dans celui de la blonde qui avait un jour partagé sa vie, conditionné son cœur, Aiden l'avait supplié ne pas se donner en spectacle pour sa satisfaction personnelle, quand bien même il méritait chaque mots, chaque œillades noires. Mais Megan n'écoutait que son égo blessé, que les petits fragments de ce passé partagé où l'acteur était le méchant de l'histoire. De chaque côté il y avait une version de cette relation, des moments d'incertitudes qu'ils ne s'étaient pas partagés, des absences qui avaient jouées un rôle crucial pour leur sentiments. Aiden était complètement démuni, incapable d'aligner d'autres mots que les supplications silencieuses prenant place dans ses yeux, et le plus dur était d'accepter la véracité des propres de la blonde, de s'avouer le méchant de l'histoire. « T’as l’impression d’être un homme là, c’est ça ? Parce que t’utilise comme ça des failles à moi que t’as relevées ? » De toutes les impressions qu'il avait, celle d'être un "homme" ne lui avait pas sauté aux yeux, au contraire, il montrait de lui une version lâche, rendue aigri par un monde dans lequel il avait plongé sans en connaître les facettes et les vices. « Ecoutes Megan, on à tous les deux des tords, tous les deux nos raisons d'avoir agit de la sorte. Si tu veux des excuses pour t'avoir quitté par message alors tu en as, mais ne rends pas cette situation encore plus grotesque en jouant la victime alors que c'est du 50/50. » Il y avait meilleur moyen de s'excuser d'avoir été un connard, et sûrement l'aurait elle laissé tranquille si il avait joué les chérubins en lui demandant pardon, mais la nouvelle hypocrisie de l'acteur l'empêchait de considérer les autres ainsi que leurs sentiments.

« La confiance ? Arrête tes conneries, j’ai jamais été le genre de meuf à fouiller ton téléphone ou à te fliquer. Peut-être que j’aurais dû ? » La respiration saccadée de ceux qui ne trouvent pas leur mots, échappant du regard la situation en espérant trouver un autre point d'ancrage que la photographe, le Turner avait mordu ses joues pour ne pas hurler toute la certitude qui faisait foi dans son cœur, celle de n'avoir été qu'un passe temps dans le quotidien de Megan, là où un autre avait déjà fait sa place. Mais, sans pourtant mettre ça sur le dos de l'amour, Aiden s'était retenu au nom de l'affection qu'il lui avait prêté, un jour. « C'est pas de ce genre de confiance dont je parle et tu le sais, ne joue pas les idiotes. » Parce qu'elle ne l'était pas, au contraire elle s'était montrée bien plus intelligente et adulte que lui, essayant de faire lever le voile sur l'entourage de l'acteur qu'elle considérait néfaste, se prêtant au jeu des conseils pour le faire évoluer. Megan avait eu un autre homme dans sa vie, et quand bien même il aurait préféré être le seul, Aiden se serait lui-même défendu de penser qu'elle ne l'avait pas aidé. « C’est quoi, t’étais déjà à poil devant une autre meuf et tu t’es dis ”merde, j’ai une copine, faut que je la largue avant pour avoir l’esprit tranquille”. » Jamais ses yeux ne s'étaient posés sur une autre qu'elle, profitant de chaque rayon de soleil pour l'admirer, elle qui dévorait les rayons sans s'en apercevoir, ne laissant aux autres que des bouchées de pain. « Arrête un peu tes conneries, tout ne se résume pas au sexe ou a l'envie de plaire. » Le mensonge avait un goût d'inédit sans sa bouche, un goût appréciable auquel il se familiarisait de plus en plus, jouant les ingénus devant le regard médusé de la blonde. De toutes les réponses qu'il aurait pu sortir pour la rassurer, des regards qu'il aurait pu lui accorder pour lui demander pardon, Aiden avait choisi une confrontation nouvelle pour se donner de la présence. « Fais pas comme si j’étais la coupable. » Les yeux auraient roulés aussi profond que leurs orbites si les regards n'étaient pas tournés vers eux, rajoutant au costume de petit con qu'Aiden était en train de se forger pour affronter un monde de requin. Si aucun des deux ne voulaient endosser le rôle du bourreau, alors ils étaient des victimes d'un amour devenu las trop vite et d'un monde qui ne les avaient pas épargnés. « Alors personne ne l'est, on s'arrête là et on se dis bonne continuation. » A deux doigts de lui adresser un sourire malsain avant de tourner les talons, le Turner avait subitement été pris d'une bouffée de chaleur, cherchant à se cacher des yeux des autres. « Et pourquoi ? Parce que t’as honte ? »

Comment lui dire que tout cette pression était en train de se faufiler dans ses veines ? Comment affronter le regard de la photographe, elle qui criait aux explications, alors que d'autres se réjouissaient d'assister à ce spectacle ? Aiden avait presque envie de se réfugier dans un taxi et de tout arrêter là. On lui vantait les mérites d'une vie extraordinaire, accompagnée par la présence d'une équipe aux petits soins, et il se retrouvait à suer au milieu de la foule sans personne pour l'aider.  « T’oublie que je suis personne ici. J’ai pas de réputation à perdre. » Mais lui oui. Aiden était devenu un petit poisson pour les photographes, un sourire aimable pour les producteurs, il risquait gros de se voir ainsi tourné en ridicule alors que toute cette histoire aurait pu se régler à l'abris des regards. « Et qu'est-ce que tu as à gagner, au contraire ? M'en foutre plein la gueule parce que j'ai touché ton égo, ça justifie de me fusiller en place publique ? » Encore une fois c'était lui, la victime, ne cherchant même plus à entendre ce qu'elle avait à dire, se justifiant d'un haussement d'épaule à chaque œillades appuyées. Megan applaudit la pauvreté de la discussion, l'absence de compassion de la part de l'acteur qui ne cherche même pas à l'arrêter, mais aussi le ridicule de cette situation qui les plombe tous les deux. « Bravo. T’es devenu le genre de connard qui rejette la faute sur la fille. » Le genre de connard que l'on lui a imposé d'être, mais qui n'a pas refusé de jouer ce rôle pour faire plaisir aux autres. « Il serait fier de toi, le garçon qui voulait devenir conducteur de train, tu crois ? C’est ça que tu rêvais d’être ? » Il ne lui accorde même plus un regard, se contente de fixer l'espace derrière Megan, incapable de refreiner un clignotement dans ses paupières qui battent en retrait. « Il serait content d'avoir à manger dans son assiette, des gens qui s'intéressent à lui et une opportunité de carrière plutôt que de quémander pour qu'on le regarde enfin. » Au grand damne de son envie de se glisser dans la masse, d'être insignifiant mais heureux, rien de tout ce qu'il était devenu. « Tu m’as rendu un service alors. T’es aussi vide que ta section awards et nomination de ta page wikipédia. » Turner aurait mérité d'en prendre une bonne dans la gueule, par elle comme par les autres, de ses parents qu'il n'appelaient plus à Maisie qu'il avait évité depuis des mois. « C'est tout ce que tu as trouvé ? Je t'ai connu en meilleure forme Megan. » L'huile sur le feu, la goutte de trop qui s'ajoutaient aux autres - de trop elles aussi - et plus aucun bruit dans la salle pour laisser place à la divine comédie. « Tu dégages tout le monde autour de toi. Tu finiras tout seul et tu l’auras entièrement mérité. » C'était devenu trop, du un parce qu'elle avait raison, de deux parce qu'il ne voulait pas l'entendre, cette vérité cinglante. « Je l'ai toujours été. » Pauvre petit Aiden, le poids du monde sur ses épaules. « Avec comme sans toi, et simplement parce que tu m'as donné de l'attention, parce que tu m'as associé à une forme de liberté que tu cherchais, j'aurai du rester ? » Si il ne voulait pas attirer la pitié il n'en restait pas moins que le ton de sa voix était maintenant brisé. « Je suis désolé de t'avoir quitté par message Megan, tu méritais mieux que ça. » Il fallait que cette conversation cesse, qu'il s'extirpe de l'insistance qu'on lui prêtait, et si il fallait s'avouer vaincu alors Aiden était prêt à déposer les armes.

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Megan Williams & @Aiden Turner - 2020, 22 ans  

« C'est pas de ce genre de confiance dont je parle et tu le sais, ne joue pas les idiotes. » - « Éclaire-moi Aiden, si je suis idiote. » Continuer à débattre ne servirait de toute façon pas à grand-chose : même s’il m’accusait de le tromper en me regardant droit dans les yeux, je nierais et jurerais sur tout ce que je possède qu’il n’en est rien. Je ne suis pas superstitieuse. Je n’ai pas non plus pour habitude de me montrer d’une honnêteté sans faille lorsque j’ai tout à perdre et rien à gagner. Je me convaincs presque moi-même que je n’ai pas fauté, que je n’ai pas même une nuit ou deux à me reprocher. « Arrête un peu tes conneries, tout ne se résume pas au sexe ou a l'envie de plaire. » - « Après une idiote, je suis une trainée, c’est ça que tu sous-entends ? » Une femme dont les centre d’intérêts se résument au sexe ou à la séduction ? Pourquoi a-t-il donné suite après m’avoir mise dans son lit la première fois, si c’est ainsi qu’il me voit. « Tu sais quoi, je t’avais donné l’autorisation de partir sans prendre mon numéro de téléphone. Fallait pas te sentir obligé de rester pour te donner bonne conscience. Je suis pas une œuvre de charité. » C’est peut-être ça, la racine du problème. Ce n’est pas tant mon égo froissé - bien qu’il le soit - que le fait qu’il m’ait fait miroiter que je pouvais être digne d’un intérêt plus que temporaire, que je pouvais être davantage qu’une tocade de quelques nuits pour ensuite me jeter comme si je n’étais rien de plus qu’un coup d’un soir. Il s’est foutu de ma gueule, voilà ce qu’il m’a fait. Il m’a fait miroiter monts et merveilles pour que je me sente aujourd’hui comme je me suis toujours sentie : dispensable.

« Alors personne ne l'est, on s'arrête là et on se dit bonne continuation » Oh, sauf que non, nous n’allons pas nous arrêter là puisqu’il n’a pas reconnu quoi que ce soit et n’a pas présenté la moindre excuse. Dire ”si tu veux des excuses tu en as, ce n’est pas faire son mea culpa. Ce n’est pas reconnaître qu’il m’a traitée comme une malpropre et que je méritais mieux, quelles que soient ses insécurités de petit garçon. « Et qu'est-ce que tu as à gagner, au contraire ? M'en foutre plein la gueule parce que j'ai touché ton égo, ça justifie de me fusiller en place publique ? » - « C’est un bon début en tout cas. » Parce que c’est jouissif, de voir qu’il transpire et qu’il est mal à l’aise d’être ainsi affiché en présence de ses pairs. C’est jouissif de le voir jeter des coups d'œil aux convives qui se sont tus pour observer la scène qui se déroule entre l’acteur et moi. C’est délicieux de voir ces derniers échanger à voix basse, commentant certainement le vaudeville que nous donnons en spectacle. Je me moque bien qu’ils puissent me juger et me comparer à une hystérique. Mon nom sera oublié demain : c’est Aiden qui a gros à perdre dans l’histoire. C’est un bon début parce que la question n’est pas de savoir ce que j’ai à gagner mais ce qu’Aiden a à perdre. Je suis rancunière. Assez pour avoir envie de lui rendre la monnaie de sa pièce pour ce que je considère comme une humiliation.  C’est un bon début signifie aussi que je n’ai pas l'intention de m’arrêter là.

« Il serait content d'avoir à manger dans son assiette, des gens qui s'intéressent à lui et une opportunité de carrière plutôt que de quémander pour qu'on le regarde enfin. » - « Essaie pas de faire en sorte que je te prenne en pitié. Ça prend pas. » Il faut dégager de la sympathie pour ça, mais Aiden ne m’inspire en cet instant que tout son contraire. « Y’a pleins de boulots qui mettent à manger sur la table. Toi, t’as choisi de devenir exactement le genre personnage que tu méprisais quand tu faisais encore des putains de tâches sur ta chemise. » Le genre qui est là pour se montrer et qui se soucie de ce que les tabloïds écriront à son sujet demain matin. Sauf que la presse à scandale c’est moi. Je le décrirai comme un porc, un Don Juan de pacotille qui utilise les femmes et qui les jette. La voilà ma vraie vengeance, celle qu’il ne soupçonne pas puisqu’il m’a toujours connue comme la gentille photographe de plateau. Je n’ai jamais fait la lumière sur mon métier de paparazzi et, aujourd’hui, je me bénis de ne pas lui avoir fait confiance à ce point. « C'est tout ce que tu as trouvé ? Je t'ai connue en meilleure forme Megan. » - « C’est pas un jeu Aiden. » Personne n’a envie de rire, sauf peut-être lui. Pense-t-il que j’aime ça, jouer le rôle de la ménagère hystérique ? Croit-il que j’ai toujours rêvé de me donner en public devant le pseudo gratin de cette ville ?

«  Je l'ai toujours été. » Pauvre chou. « Avec comme sans toi, et simplement parce que tu m'as donné de l'attention, parce que tu m'as associé à une forme de liberté que tu cherchais, j'aurai du rester ? » Est-ce que je dis ? Qu’il était enchaîné à moi et que je n’attendais plus qu’une chose : qu’il mette un genou à terre et me demande en mariage ? Je ne suis pas idiote : nous ne sommes pas faits l’un pour l’autre, lui et moi. Nous ne l’avons jamais été et s’il ne m’avait pas quitté, j’aurais peut-être fini par être la première à le faire. Sauf que je l’aurais fait dans les règles de l’art prouvant que j’en ai bien plus dans le pantalon que lui. Je n’ai jamais avoué que je n’avais pas complètement cessé de voir d’autres hommes parce que cela ne m'arrangeait d’aucune sorte. Lui s’est contenté d’un message parce qu’il est lâche, la voilà la vérité à laquelle je choisis d’adhérer. « Je suis désolé de t'avoir quitté par message Megan, tu méritais mieux que ça. » Je les attendais ces mots. Je les mérite, quelles que soient les choses qu’il me reproche. Et j’aurais pu être heureuse d’entendre ce que je suis venue chercher, sauf qu’après la conversation que nous venons d’avoir, ils me semblent bien hypocrites. Je cligne des yeux une fois, puis deux, et je semble prendre conscience que nous sommes entourés, que les regards sont braqués sur nous et mon masque de froideur et de colère se fissure. Je jette quelques coups d'œil à droite et à gauche, ma poitrine se soulevant à un rythme erratique, mon visage qui laisse à présent transparaître un peu de ma détresse et toute ma sensibilité, celle que je cache la plupart du temps. « Ça aurait été génial si tu le pensais vraiment. » Je recule d’un pas, mon assurance en morceaux à mes pieds, avant d’ajouter. « Mais on aurait pu se contenter de ça. » Si t’avais pas été aussi con. « C'est tout ce que je voulais. Au revoir Aiden. » Déstabilisée, je fais volte-face, mes bras à présent enroulés sous ma poitrine et je jette des coups d'œil désespérés autour de moi, à la recherche de la sortie.

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Aiden Turner & @Megan Williams

« Éclaire-moi Aiden, si je suis idiote. » En plus de jouer avec ses nerfs comme avec une harpe, Megan démontrait toute sa détermination à lui faire plier l'échine en touchant les points sensibles, elle avait les bons mots pour le faire et n'hésitait pas une seule seconde pour faire de cette conversation privée un spectacle commun. Loin de la prendre pour une idiote, Aiden avait tout de même haussé un maigre rictus sur ses lèvres pour parfaire l'image du connard prétentieux qu'il avait tenu toute la soirée. « Ton but c'est d'interpréter toutes mes phrases Megan ? Tu veux pas acheter ma biographie comme tout le monde ? » Personne n'était venu vers lui pour lui offrir le droit de confier toute sa vie dans un bouquin qui ne se vendrait jamais tant qu'il n'aura pas le nom pour aller avec, mais les paires d'yeux fixés sur eux suffisaient pour lui faire perdre pieds, s'enfonçant petit à petit dans le meilleur rôle de sa vie qui lui vaudrait certainement le prix de l'homme le plus pitoyable du monde. « Après une idiote, je suis une trainée, c’est ça que tu sous-entends ? » La cravate qu'elle avait nouée métaphoriquement autours de sa gorge venait de se resserrer, ne laissant à Aiden que très peu d'espace pour reprendre sa respiration alors que la blonde enfonçait le clou phrase après phrase. Non, il ne l'avait jamais prise pour une traînée, elle avait même la seule femme à lui faire prendre confiance dans ce domaine, mais rien de ce qu'il dirait ne suffirait à calmer la rage de Megan, quand bien même il avouerait avoir eu tous les tords dans cette relation. « Alors que j'étais le seul à te voir pour ce que tu étais vraiment ? » Aux grandes questions qu'elle lui posait pour tirer au clair cette histoire, Aiden répondait avec tout autant d'interrogations pour ne pas se laisser tirer vers le bas et admettre qu'elle avait lu en lui depuis le premier jour. En plus d'être un imbécile Aiden Turner était un couard, incapable d'admettre qu'il avait préféré sortir de cette relation par peur de se faire briser le cœur, ou de se voir utilisé. « Tu sais quoi, je t’avais donné l’autorisation de partir sans prendre mon numéro de téléphone. Fallait pas te sentir obligé de rester pour te donner bonne conscience. Je suis pas une œuvre de charité. »

Et lui n'était pas un moyen pour elle d'expier ses pêchés, pourtant ils se retrouvaient tous les deux en tête d'affiche de cette soirée, attirant le regard de la foule et les murmures de plus en plus présents, et si Megan se fichait pas de se voir ainsi dépeinte dans les yeux des autres, Aiden - lui - se retenait de ne pas foutre le camp. « Peut-être que c'est ce que j'aurai du faire, ça nous aurait évité ce genre de scène. » D'un geste de la main il avait commandé un nouveau verre, de un parce que toute cette situation le rendait tendu, de deux parce qu'il espérait trouver une porte de sortie quand le serveur viendrait vers lui. « Mais, arrête moi si je me trompe, le fait d'être un couple ça suppose que les deux parties s'impliquent, non ? » Elle pouvait lui reprocher d'avoir agis comme un connard lorsqu'il avait préféré rompre par message plutôt que de lui dire en face, mais Aiden avait aussi son lot de comportement vexant que Megan avait eu à son égard, pour autant il ne profitait pas de la situation pour la fusiller comme elle le faisait avec lui. « C’est un bon début en tout cas. » La mâchoire serrée, les poings tout autant, l'acteur avait tourné la tête pour trouver une porte de sortie mais ne c'était confronté qu'à des regards fuyants. Megan le tenait dans le creux de sa main, elle seule prendrait la décision de mettre fin à cette mascarade, comme elle pouvait très bien décidé de l'afficher encore plus. Aiden ne décidait plus de rien. « Essaie pas de faire en sorte que je te prenne en pitié. Ça prend pas. » A deux doigts de la laisser planter là où elle pourrait lui vociférer toujours plus de reproches, Aiden avait fixé son regard sur le cuir de ses chaussures qui, bien que très chères, ne suffiraient jamais à lui donner assez de confiance en lui pour aborder le monde. Le pire c'est qu'elle avait raison, la blonde, et qu'elle jouissait de ce fait en appuyant sur toutes les petits blessures qu'il s'était lui-même imposé. « J'en veux pas de ta pitié Megan, comme t'as jamais voulu de moi pour essayer d'avoir confiance en toi. » Parce que c'était de ça qu'il était question, non ? Si Megan avait eu suffisamment confiance en lui, en ce qu'il aurait pu devenir, alors elle n'aurait pas choisi de le quitter trois nuits sur sept en prétextant avoir autre chose à faire. « Y’a pleins de boulots qui mettent à manger sur la table. Toi, t’as choisi de devenir exactement le genre personnage que tu méprisais quand tu faisais encore des putains de tâches sur ta chemise. » Sur celle-ci il ne pouvait pas se le permettre, ça lui reviendrait trop cher en pressing de la faire nettoyer, mais ça il se gardait bien de le dire à la photographe pour ne pas rajouter de l'huile sur le feu. « Pas des boulots comme celui-là, tu le sais aussi bien que moi. Et ne me fais pas croire que t'échangerai tout ce que tu as maintenant contre ton ancienne vie, là c'est toi que je prendrais en pitié. » Tout ce qu'il demandait Aiden l'obtenait d'un claquement de doigt, d'une simple tirade adressée par texto à son agent, et ça avait complétement changé sa vision du monde, des autres aussi.

« C’est pas un jeu Aiden. »  Cette vie l'était, jouissive, exubérante, le genre qui propulse les inconnus sur le devant de la scène, même des inconnus aussi timide et paumé que le Turner. Tout ça était un jeu, même cette discussion qui avait maintenant apportée avec elle son lot d'œillades intéressées. « Tout est un jeu Megan, et j'ai décidé de le jouer comme les autres. » Le serveur avait tendu le verre avec un sursaut d'hésitation, et si l'acteur avait voulu profité de ce moment pour mettre fin à la discussion, il ne l'avait pas fait sans comprendre pourquoi. Peut-être que c'était le regard de la blonde, ou bien encore les souvenirs, qui l'avaient empêchés de fuir à cet instant. Il était désolé, pour tout, mais ne trouvait aucune manière de lui dire sans trahir la promesse qu'il s'était faite, celle de ne penser qu'à lui. Alors les excuses étaient mal formulées, presque secrètes, quasiment inaudible pour le reste du monde, mais elles étaient là. « Ça aurait été génial si tu le pensais vraiment. » Elle avait reculé d'un pas, libérant l'atmosphère chargée mais n'apaisant pas pour autant le coeur tambourinant du Turner qui menaçait de se déverser sur le plancher. « Mais on aurait pu se contenter de ça. C'est tout ce que je voulais. Au revoir Aiden. » Elle avait pris la direction de la sortie et la petite voix dans le cerveau en ébullition de l'acteur lui avait crié de la rattraper pour lui offrir bien plus que ce genre d'excuse à la con. Alors ça n'avait pris que trois secondes pour qu'il se décide à faire un pas vers, éloignant d'un regard noir les œillades sur son passage. « Laisse moi te raccompagner, s'il te plait ? » Le ton presque suppliant impliquait qu'il se sentait coupable de la voir ainsi, mais elle était la seule à décider si elle voulait ou non voir on visage plus longtemps que nécessaire.

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Megan Williams & @Aiden Turner - 2020, 22 ans  

« Personne n'a envie de lire une daube ou le personnage principal chiale tout du long parce que personne l’aime et que personne veut lui faire jouer un vrai premier rôle. » Et j’y connais un rayon, en tant que grand consommatrice de livres - bien plus fantasy qu’autobiographie, certes - en navet. Le jeune homme se donne bien trop d’importance alors qu’il n’en est qu’au début d’une carrière qui l’avalera, le mâchera pour le recracher dans quelques années, en pièces et malheureux. Tant pis pour lui : il aura bien cherché ce qui lui arrive. « Alors que j'étais le seul à te voir pour ce que tu étais vraiment ? » - « Vas-y Aiden, éclaire-moi. Je suis qu’une pauvre gonzesse, j’ai besoin de tes lumières pour savoir ce que je suis réellement. » Ma réponse contient tout le dédain du monde, et mon regard n’est pas en reste. Nous sommes sortis ensemble quelques semaines, une poignée de mois à peine et maintenant, quoi ? Il me connaît mieux que moi-même ? Il a percé le mystère Megan comme personne avant lui ? Ce genre d’attitude me semble typiquement masculine en plus d’être parfaitement toxique.

« Peut-être que c'est ce que j'aurai du faire, ça nous aurait évité ce genre de scène. » Il commande à boire d’un geste de la main, sans un mot et avec à peine un regard pour le personnel et je me fais la remarque que son attitude le rend plus détestable encore. Comme toutes les personnes présentes à cette soirée, il est persuadé de valoir mieux que le reste du monde et dieu que c’est pathétique. « Mais, arrête moi si je me trompe, le fait d'être un couple ça suppose que les deux parties s'impliquent, non ? » - « Qui est-ce qui se donne en spectacle maintenant ? » J’ai fait de mon mieux. J’ai passé du temps avec lui, peut-être pas tous les jours, mais toutes les semaines. J’ai été tendre, je lui ai donné ce que je pouvais donner alors, non, nous n’étions pas fusionnels. Notre relation n’a jamais été passionnée, pas plus qu’évidente. Nous étions même plutôt mal assortis lui et moi. Mais je n’ai pas mérité la façon dont les choses se sont terminées, tout comme je ne mérite pas de l’entendre dire que tout était entièrement de ma faute. Si Aiden voulait vivre un putain de conte de fée, il fallait qu’il s’en tienne à sa main droite. « J'en veux pas de ta pitié Megan, comme t'as jamais voulu de moi pour essayer d'avoir confiance en toi. » Je me contente de le fusiller du regard. A quoi bon continuer à me disputer avec lui puisqu’il n’admettra jamais qu’il a eu tort ? Nous sommes deux êtres butés ? Au mieux, nous allons nous séparer avec l’amertume de ne pas avoir réussi à faire entendre raison à l’autre. Au pire, nous nous étriperons comme des sauvages. Pourquoi suis-je encore ici ?

« Pas des boulots comme celui-là, tu le sais aussi bien que moi. Et ne me fais pas croire que t'échangerai tout ce que tu as maintenant contre ton ancienne vie, là c'est toi que je prendrais en pitié. » Aiden ne le sait pas, mais il vient de prononcer la phrase trop. Un soubresaut agite ma lèvre, un nuage noir traverse mon regard et je dois me retenir de lui sauter à la gorge. « Tu sais rien de mon ancienne vie. » Pauvre con. Je ne sais pas grand-chose non plus. Nous sommes loin d’être allés jusqu’à la présentation à ses parents, mais ils existent, ils l’aiment, il l’ont élevé et c’est bien plus que je ne peux en dire moi-même. De mon passé de l’environnement dans lequel j’ai grandi, Aiden ne sait rien. « Pauvre type. » Je le crache avec agressivité, avec aigreur puisqu’il m’a, sans le savoir, frappée là où ça fait mal. Peut-être s’attendait-il à ce que je le supplie de me reprendre, de nous donner une seconde chance. Peut-être que c’était exactement ce qu’il voulait, ce qu’il a cherché à provoquer comme réaction pour se sentir plus noble, plus grand et plus désirable. Sauf que dès que l’on commence à jouer avec mon cœur, je retire tous mes pions pour me sauvegarder. Lorsqu’il commet l’erreur de faire appel à ce passé dont il ne sait rien, je suis déjà prête à tourner les talons. Il entérine le sort de cette discussion en ajoutant une réplique qui pue l’assurance et l’amour propre. « Tout est un jeu Megan, et j'ai décidé de le jouer comme les autres. » - « J’espère que t’es habitué à jouer seul alors. » Je ne l’observe pas une dernière fois de bas en haut pour graver son image dans ma mémoire, pour me souvenir des meilleurs moments lorsque ma rage se sera adoucie et que j’en aurais besoin. Je n’ai qu’une seule envie : partir d’ici. Je n’aurais pas dû lui sauter à la gorge. Je n’ai écouté que mon impulsivité et j’ai récolté un nouveau mal au cœur. A défaut d’avoir une veste dans laquelle m’emmitoufler - il fait presque quarante degrés - je m’enroule dans ma fierté qu’il a mise à mal. Je tente de lever le menton et de le garder bien haut alors que je parcours en sens inverse les quelques mètres que j’avais fait pour venir lui parler, et que j'emprunte la direction de la sortie des jardins dans lesquels nous nous trouvons. Bande de célébrités à la con. « Laisse moi te raccompagner, s'il te plait ? » La voix de Aiden me rattrape alors que j’ai à peine eu le temps de m’éloigner de l’agitation de la soirée et, furibonde, je me retourne et lui réponds sans délicatesse. « Pourquoi ? T’as envie de me baiser une dernière fois avant que je me tire ? Fallait y penser avant ça Aiden. » Parce que t’as envie de me présenter des excuses sincères ? Suis-je encore capable d’y croire ?

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Aiden Turner & @Megan Williams

Quelle idée stupide pour un homme stupide dans une situation qui l'était encore plus, que de s'attirer les foudres d'une personne censée compter, de près ou de loin, dans le passé ou dans le présent. Et il était encore plus stupide que ça, Aiden, offrant toute l'espace à la blonde pour démolir - phrases par phrases - les espoirs qu'il bâtissait pour sa propre vie. C'était facile d'être un connard fini, ça l'était moins d'affronter les paroles acerbes de ceux qui réussissaient à le percer à jour malgré les efforts de l'acteur pour se placer au-dessus des autres. « Personne n'a envie de lire une daube ou le personnage principal chiale tout du long parce que personne l’aime et que personne veut lui faire jouer un vrai premier rôle. » Il y avait une part de vérité dans les yeux de Megan, sous sa langue qui roulait pour fouetter un peu plus fort le visage rougit du Turner, incapable de stabiliser ses mains tremblantes, encore moins de répondre aux interrogations des badauds uniquement que par un sourire gêné. « Peu importe que ça se lisent bien ou non, personne te demande de donner ton opinion de critique littéraire du dimanche. » Parce que rien que son nom ferait vendre n'importe quoi à n'importe quoi, c'était l'avantage de se faire une réputation dans un monde aussi fermé que celui du cinéma, les gens avaient tendances à croire tout et n'importe quoi sur les stars du moments qu'elles se montrent un tant soit peu accessibles.  « Vas-y Aiden, éclaire-moi. Je suis qu’une pauvre gonzesse, j’ai besoin de tes lumières pour savoir ce que je suis réellement. » Le roulement de ses yeux dans ses orbites auraient sûrement mérité une bonne claque dans la gueule, parce que la blonde se pavanait dans le rôle de la victime alors qu'elle avait aussi été le bourreau, du moins c'était sa façon de penser à lui, le petit con stupide qui avait joué avec son cœur pour un aperçu de la grande vie. « Arrête de déformer toutes mes phrases dans ton propre intérêt Megan, personne à dis que t'avais besoin de qui que ce soit dans ta vie, simplement que je voyais la vraie toi et pas celle qui se donne en spectacle aujourd'hui. » Leur histoire avait forcément comptée, non ? Dans toute cette débâcle il y avait forcément une partie de lui qui avait plu à la photographe ? Son air idiot s'était éteint alors que les yeux rivés sur eux murmuraient maintenant des cantiques lointaines, scellant cette soirée par des rumeurs qui ne mèneraient pas la carrière du Turner sur la bonne voie.

Le bras levé en guise d'appel sans même dédaigner offrir un regard en compensation, c'est le genre de personne qu'il devient, le mythe qu'il entretient et qu'il pioche dans les grandes figures historiques mais détestables d'acteur machos qu'offrent les grands films. Même lui ça le dégoûte, dans le fond, d'en être arrivé jusque là, pourtant il s'évertue à plonger dans le cliché quand bien même la blonde le dévisage avec dédain. « Qui est-ce qui se donne en spectacle maintenant ? » Il n'y a rien dans la voix de la photographe qui indique le chemin du pardon, ou bien même de l'ignorance pour seule réponse, tout hurle le combat et cette détermination qu'elle mets à avoir le dessus sur lui pour ouvrir dans son esprit une porte qu'il viens tout juste de condamner, celle de son ancienne vie. « Un spectacle que tu as commencée, mais peu importe, on est plongés dedans maintenant. » En témoigne les regards qui se jettent sur eux, les murmures qui se répercutent comme des échos, maintenant impossibles à taire. Loin d'avoir été un modèle de perfection durant leur relation, plutôt absent, plutôt distant, un brin trop paranoïaque dès qu'ils mettaient un pieds en dehors de leur cocon, persuadé qu'elle finirait par le quitter pour quelqu'un de plus adulte et de plus stable. Ironie du sort, l'acteur avait été le bourreau mettant fin à cette relation par peur de la voir grandir, oppressant son confort et cette volonté de se faire un nom. La vérité tenait dans le fait qu'il n'aurait pas changée cette vie pour l'ancienne, pour les fonds de frigo, les poches trouées et le regard vide de son père. Aiden était devenu le genre de personne qu'il détestait, avant. « Tu sais rien de mon ancienne vie. » Megan ne lui avait laissé aucune opportunité de s'introduire aussi loin dans sa vie, et lui avait accepté de jouer le rôle de petit-ami vitrine pour se redonner confiance, pour se sentir capable, un chemin qui les avait menés tout droit à aujourd'hui. « Tu ne m'en à jamais laissé la chance Megan. » Ce n'était pas plus un reproche qu'un aveu, coupable, de ne pas avoir réussi à lui donner assez confiance pour s'ouvrir, même si rien ne dit qu'il aurait été capable de l'aider. « Pauvre type. » Un venin au parfum enivrant, la conclusion de toutes les atrocités qu'ils s'étaient échangés sans prendre le temps de souffler, de penser à la douleur de l'autre ou bien même de s'excuser. Les fracas de cette relation timide avaient tout détruit sur son passage, le regard doux de l'acteur devenu noir comme la douceur de la blonde maintenant épineuse. Ils pourraient rire de la situation dans une situation tout autre, sans doute s'esclaffer autour d'un verre pour oublier le passé, mais rien de tout ça n'avait de sens maintenant qu'elle tournais les talons pour fuir ce qu'il était devenu. « J’espère que t’es habitué à jouer seul alors. »

De plus en plus, comme un malheur qui ne viens jamais seul, Aiden avait forgé autours de lui la carapace des ignorants, des bêtes qui ne cherchent pas plus loin que les plateaux d'argents qu'on leur tends en échange du silence. Un silence qui claque lorsque Megan s'échappe pour le laisser en tête à tête avec la culpabilité, et lui voudrait crier à tous les yeux d'aller se faire foutre, au lieu de ça il bondit pour la rattraper en sachant pertinemment qu'il ne récoltera que son poing au milieu de la figure. La voix du Turner est suppliante, enfantine, comme si lui - le bourreau - se plaçait en victime, et pour seule réponse il n'a que de cette même langue qui claque aussi froidement que le silence. « Pourquoi ? T’as envie de me baiser une dernière fois avant que je me tire ? Fallait y penser avant ça Aiden. » Si seulement elle pouvait voir, cette abnégation qui défile dans les yeux du brun, à défaut de ne voir en lui que le monstre qu'il a choisi de devenir. « Parce que tu ne mérites rien de tout ce que je t'ai offert, aujourd'hui comme dans le passé. Le problème n'est jamais venu de toi, et je suis désolé. » Pour la première fois depuis le début de cette conversation Aiden avait laissé transpiré le caractère sincère de sa personne, et alors qu'il s'éloignait d'elle pour lui laisser le champ libre d'agir selon sa volonté, il avait - une dernière fois - haussé un sourire coupable en direction de la blonde.

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Megan Williams & @Aiden Turner - 2020, 22 ans  

« Peu importe que ça se lise bien ou non, personne te demande de donner ton opinion de critique littéraire du dimanche. » Je lève un sourcil, piquée dans ce que je suis et ce que j’aime, avant qu’un air mauvais ne se peigne sur mon visage. « Peut-être que je devrais le donner. » Si cela sonne comme une menace, c’est parce que c’est exactement ça. C’est peut-être mesquin, mais je m’en moque. Aiden m’a fait mal au cœur, Aiden m’a surtout touchée dans mon ego et lui pourrir la vie devient soudain une idée intéressante. « Tu crois que ça intéresserait les tabloïds la façon dont tu traites les femmes ? » Oh, je sais bien que oui. Nous savons tous les deux que j’ai les contacts pour devenir une vraie épine dans son pied si je le décidais, même s’il ignore à quel point. Je suis le contact. Je sais à qui m’adresser pour que cette histoire sorte dans la presse à scandale et il est évident que je n’aurais aucun scrupule à exagérer ou mentir pour lui donner le mauvais rôle. « Ça ferait du bien à ta côte de popularité ça tu crois ? » Il fallait y penser avant de laisser tomber une femme comme moi, Aiden. Oh oui, j’imagine déjà comment transformer la vérité pour qu’il apparaisse comme le pire des goujats misogynes. « Ouais. Je crois que ça va beaucoup m’amuser de leur expliquer à quel point t’es le dernier des connards. » Ce n’est pas vraiment du chantage puisque je n’attends rien en retour. Je veux juste lui faire payer la façon dont j’ai été traitée.

« Arrête de déformer toutes mes phrases dans ton propre intérêt Megan, personne à dis que t'avais besoin de qui que ce soit dans ta vie, simplement que je voyais la vraie toi et pas celle qui se donne en spectacle aujourd'hui. » - « T’as quitté cette pauvre conne comme une merde. » Alors elle n’est plus là aujourd’hui. Il a titillé les pires aspects de ma personnalité, pas en me brisant le cœur, mais en m’humiliant et en me donnant l’impression que je ne méritais même pas qu’il me regarde droit dans les yeux en me quittant. Oh Aiden, t’es loin de savoir qui je suis vraiment. L’hystérique qu’il a en face de lui, c’est aussi moi. C’est la part prédominante de ma personnalité quand je suis blessée. « J’ai pas besoin d’un type comme toi pour voir la vraie moi. » L’homme que j’ai face à moi ne la méritais pas, la moi sensible, aimante et affectueuse. Il ne mérite que cette qui se donne en spectacle aujourd’hui. Ce qu’il s’est passé était peut-être pour le mieux. Il a changé, Aiden, depuis que nous nous sommes rencontrés. Le succès lui est monté à la tête. « Un spectacle que tu as commencée, mais peu importe, on est plongés dedans maintenant. » - « De rien. » Parce que moi, je m’en moque. Peut-être me suis-je assez donnée en spectacle pour que les convives se souviennent de mon visage quelques jours, mais je ne suis qu’une inconnue. Il s’estompera de leurs souvenirs, sans nom à mettre dessus. « Tu ne m'en a jamais laissé la chance Megan. » - « J’ai bien fait, de toute évidence. » Je hausse les épaules, tourne les talons et me dirige vers la sortie, décidée à ne pas rester une seconde de plus près de lui, à cette foutue soirée organisée par un type que je ne connais même pas et où le seul scandale à couvrir m’implique désormais. Je n’ai plus rien à tirer de cette soirée de lancement. Je n’ai plus rien à tirer d’Aiden puisqu’il m’a refusé les excuses sincères auxquelles j’avais droit.

Lorsqu’il m’interpelle et que je réalise qu’il m’a suivie, je vois rouge. Je suis trop montée en pression pour que la colère ne m’aveugle pas. J’ai dépassé le stade où il est possible de me faire revenir à la raison, où il est possible de me calmer. Avant d’être rattrapée, je m’apprêtais à sortir mon téléphone de ma poche pour contacter Scott, certaine que canaliser ma rage en passion me sera bien plus profitable, même si cela ne me lavera pas de cette désagréable impression que tous les hommes sont les mêmes, et que tous me considèreront toujours comme un jouet. « Parce que tu ne mérites rien de tout ce que je t'ai offert, aujourd'hui comme dans le passé. Le problème n'est jamais venu de toi, et je suis désolé. » J’ai envie de lui arracher son sourire idiot. Pourtant, i il semble réellement sincère, cette fois. Il me dit réellement ce qu’une pauvre fille dans mon genre – en manque d’affection et d’attention réelle – a besoin d’entendre. « C’est pas un peu facile, de s’en tirer avec un c’est pas toi c’est moi ? » Parce que pour être honnête, ça y ressemble. « Tu sais Aiden, t’as raison au fond. J’étais pas amoureuse de toi, t’étais pas amoureux de moi, mais j’avais quand même le droit d’attendre un peu de respect de ta part. » Même si nous sommes tous les deux "coupables" du fait que notre couple n’ait jamais réellement fonctionné.

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Aiden Turner & @Megan Williams

Elle arque légèrement un sourcil, comme pour lui faire comprendre qu'en plus d'être un connard égocentrique il est aussi le genre d'homme à se justifier en rabaissant les femmes. Sur cette toile vierge qu'était redevenue sa vie il n'avait apparemment envie de n'y peindre que des clichés, Aiden, dont les regards se font plus insistants sur les membres de l'assemblée qui s'empressera d'aller raconter à qui veut l'entendre le déroulé de ce spectacle. Le raclement de gorge ne changera rien au fait qu'il ne sait plus quoi faire de ses mains, que ses jambes battent un rythme saccadé, mais au moins sa répartie continue de l'enfoncer plus bas que terre. « Peut-être que je devrais le donner. » La blonde anticipe la moindre des actions de l'acteur, se parfait dans un rôle taillé pour elle et elle seule, cherchant le moindre petit éclat dans la voix du Turner pour s'introduire dans ce qui pourrait être la fin d'une carrière à peine démarrée. « Tu crois que ça intéresserait les tabloïds la façon dont tu traites les femmes ? » Il manque de s'étouffer dans le fond de son verre, conscient qu'elle pourrait très bien faire son pain quotidien en murmurant tous les travers du jeune premier, mais il n'est encore qu'un inconnu dont le nom est écrit tout bas dans les génériques. « La façon dont je traite les femmes ? Tu rigoles j'espère…» Certes, il n'avait pas été un modèle de galanterie durant leur relation mais jamais il n'avait cherché à lui faire du mal intentionnellement, jamais il n'avait dénigré qui elle était ou ce qu'elle cherchais à devenir, et même si c'était sûrement lui le plus en tord des deux, Megan avait touché un point sensible du petit garçon en manque d'affection. « J'étais loin d'être le petit ami parfait, mais jamais je ne t'ai traité comme tu le prétends, ni toi ni une autre. » Megan était l'étincelle qui viendrait mettre le feu à la poudre, cette rancœur qu'elle gardait bien au chaud dans le fond de son égo suffirait à foutre le bordel, et ça il était loin de l'accepter. « Ça ferait du bien à ta côte de popularité ça tu crois ? » Il faisait de son mieux, Aiden, pour ne pas craquer sous la pression et lui donner la chance tant attendue pour faire de lui le mauvais, pourtant tout son corps semblait dire le contraire. « T'as zéro preuves de ce que tu avances Megan, rien du tout si ce n'est un texto dans lequel j'annonce que je te quitte. » Et ça suffirait pas à faire de lui le mauvais, pas vrai ?

« Ouais. Je crois que ça va beaucoup m’amuser de leur expliquer à quel point t’es le dernier des connards. » Soit. Megan n'avait visiblement pas envie d'enterrer la hache de guerre, plutôt déterminé à soulever tous les petits détails qui n'avaient pas été à sa convenance durant cette relation éphémère. C'était au tour de l'acteur d'arquait un sourcil alors que sa langue se faisait pâteuse contre son palais, témoin de toutes les phrases qu'il avait prononcé sans se faire entendre par la photographe. « Alors fait Megan, vraiment. Je suis fatigué de ce petit jeu, fatigué de penser à tout le mal que je t'ai fais quand t'as pas été un exemple non plus. » Le corps de l'acteur le poussait à prendre la fuite, rendant ses mains distraites alors qu'il pianotait sur son verre vide, faisant descendre le sang jusque dans ses jambes là où il se trouvait avant sur ses joues rosies par la honte, Aiden n'avait plus qu'une idée en tête et c'était celle de la faire gagner pour ce soir  et de rentrer chez lui. « T’as quitté cette pauvre conne comme une merde. » Mais il l'avait vu. Pendant un court instant, incertain quand à savoir si cette facette était pour lui pou bien pour le reste du monde, mais il avait pu toucher du bout des doigts les aspects fragiles de la Monroe, cette beauté qu'on ne croise que rarement. « Et je m'en excuses si c'est ce que tu veux. » Megan finirait par lui répondre qu'elle n'attends plus rien de lui, que tout ce qu'elle a vu ce soir viens parfaire la vision déjà présenté dans son esprit, celle justifiée par un égo touché. Mais ça aussi il était prêt à l'affronter, quitte à faire tourner les regards de tous les membres de l'assemblée qui chuchotaient maintenant entre eux. « J’ai pas besoin d’un type comme toi pour voir la vraie moi. » Aiden avait roulé des yeux, conscient qu'il enfonçait lui-même les clous dans son cercueil mais incapable de se retenir devant la folie, passagère, de la jeune femme. Qu'importe les mots, les excuses, les yeux brillants, Megan voulait avoir le dernier mot de cette conversation publique. « T'as jamais eu besoin de personne, tout le monde l'a compris. » L'acteur avait levé son verre en direction des badauds qui détournaient maintenant les yeux, faussement intéressés par une conversation que celle des anciens amants. Cette vision lui avait donné la nausée. « J’ai bien fait, de toute évidence. » Elle profite d'un mot plus haut pour tirer sa révérence, faisant claquer ses talons contre le sol, attirant les regards des vautours, comme la détresse du brun.

Elle le pousse, involontairement, à faire le pas de plus - sans doute celui de trop - pour rattraper au vol les éclats d'une relation brisée qui s'éparpille en blessant, morceaux de phrases coincées comme du verre dans la peau. En dépit de son envie de foutre le camp loin du tumulte, Aiden s'empourpre à la suivre pour distribuer des mots trop longtemps attendus, la première once de vérité, méritée.  « C’est pas un peu facile, de s’en tirer avec un c’est pas toi c’est moi ? » Oh oui ça l'était, sûrement, mais il n'avait plus que ses yeux pour pleurer et ce sourire à la con coincé sur les lèvres. Dans quelques jours le jeune premier aurait la réponse aux menaces que Megan a fait volé au-dessus de sa tête, quelques jours pour savoir si elle mettrait à exécution une rancœur tenace qui le briserait à coups sûrs. Alors il n'y avait que les excuses pour essayer de cacher l'histoire sous le tapis, que les yeux brillants pour sauver une nouvelle vie. « Tu sais Aiden, t’as raison au fond. J’étais pas amoureuse de toi, t’étais pas amoureux de moi, mais j’avais quand même le droit d’attendre un peu de respect de ta part. » Coupable et bourreau, cette victime silencieuse qui ne la lâche pas du regard alors que la colère se dissipe pour laisser place à la honte, colorant ses joues d'un rose enfantin et faisant tressaillir ses lèvres. « Je me suis comporté comme un connard avec toi, pas parce que tu me faisait du mal mais parce que j'avais aucune confiance en moi. » Ce qui était toujours le cas, malgré les costumes et les belles montres. « On était pas amoureux mais on peut pas nier l'affection qu'on se portait Megan, malgré tout, et j'espère que tu trouveras un homme capable de voir la vraie toi… parce que c'est quelqu'un de bien. »  Il n'y avait plus aucunes raisons pour qu'il se tienne ici, retenant la jeune femme contre son grès alors que l'envie de lui foutre son poing dans la gueule était plus forte que celle de partir sans se retourner. Déçu d'avoir été mis en face de la réalité, déçu de devenir ce qu'il s'était promis de ne jamais être, Aiden avait tourné les talons, lui-aussi.