| (rhessan #6) the gateway to the world |
| | (#)Ven 7 Oct - 19:33 | |
| “Entre, entre.” Les mots sont prononcés avant même qu’il n’ait un visuel sur la silhouette d’Hassan devant la porte de son appartement, mais force est d’avouer qu’il y aurait peu de chances pour que qui que ce soit d’autre se présente au lieu de rendez-vous et à l’heure du rendez-vous sans ressembler à son meilleur ami. Et puis, Rhett mentirait s’il disait ne pas avoir reconnu la cadence de son pas dans le couloir, détail anodin appris au fil des années, le genre dont il se moque lui-même tant cela pourrait les faire passer pour un vieux couple. A défaut, il lui offre un sourire et à peine la porte fermée, se concentre sur sa tâche de sortir une bière fraîche du frigo. Les mains tendues, chacune occupée par une bouteille, il le laisse faire son choix quant à la marque, les deux se voulant rescapées de leur espèce et sans alcool. Il prendra l’autre. Le service laisse sans doute à désirer en comparaison de ce qui aurait pu leur avoir été offert dans un bar, mais Rhett est du genre assez sentimental pour penser que c’est une discussion qui mérite d’être conduite chez lui et non dans un lieu public.
Il est généralement le premier à proposer à Evelyn de rester quelques heures de plus ou un soir tout entier, mais ils n’ont eu aucun mal à tomber d’accord sur le fait qu’elle ferait mieux de retourner tenir compagnie à Lara pour ce soir au moins. Elle n’est pas un problème, il ne la cache pas non plus ; simplement, il veut parler seul à seul à Hassan, lui qui n’a finalement jamais eu à lui annoncer une chose pourtant si simple. Il est en couple, et il savait bien avant qu’il arrive à ses fins les sentiments que Rhett nourrissait pour Jenna. Il est en couple, et il n’a jamais jugé bon de le tenir au courant pour Mabel à l’époque. “Je voulais attendre d’être sûr de moi pour t’en parler, tu sais.” Une part de lui est mal assurée, peut-être, mais cela ne se traduit pas dans son timbre de voix ni même dans son rythme, lent et posé. La bouteille Élue décapsulée et tendue vers son ami, il en fait de même avec la sienne, prenant le temps d’en boire une gorgée avant de continuer. “Mais ça sera publié dans la presse dans quelques jours, donc ça répond à la question.” Le rire de l’australien est amer mais pas désespéré. Après tout, son nom fera couler de l’encre, alors ce n’est pas si pire. “Je vois une fille depuis quelque temps.” Un an, en réalité, mais lui-même ne se rend pas compte de la temporalité des choses et de sa propension à faire traîner ses déclarations, alors que ce qu’il pense d’Evelyn reste inchangé. “J’suis désolé, je crois que je serai plus cet ami célibataire qui se permet de donner des conseils.” Bien sûr qu’il continuera à laisser planer des sous-entendus à propos de la jolie quoi qu’étrange voisine d’Hassan, simplement pas en tant qu’ami célibataire. “Moi-même je trouve que c’est un peu théâtral ce genre d’annonce, et pourtant je te jure que y’a des pages internet qui s’appelent “comment annoncer à mes amis que je suis en couple” et que je les ai lues avec attention.” Et cette fois-ci, son rire ressemble bien plus à celui dont tous ses proches ont l’habitude, simple et sincèrement amusé, sans aucune arrière pensée, quoique son regard clair se pose désormais sur la silhouette de son ami, dans l’attente de son approbation. |
| | | | (#)Mer 2 Nov - 18:33 | |
| His crown lit up the way as we moved slowly, past the wondering eyes of the ones that were left behind, though far away, though far away we're still the same, we're still the same. ☆☆L’enseignant n’avait paradoxalement jamais été aussi sollicité par ABC que depuis qu’il avait si peu de temps à leur accorder – et compte tenu de l’emploi du temps toujours débordant d’Hassan, ce n’était clairement pas peu dire. Parce qu’en fier possesseur de la double-nationalité le professeur Jaafari se devait forcément d’avoir un avis sur ce qui se passait actuellement dans le pays de ses origines. En tant qu’occupant régulier de l’hebdo du jeudi soir, il devait forcément avoir un commentaire à faire à ce sujet. En tant que fervent défenseur des libertés individuelles promues par Amnesty International, il devait forcément avoir envie de s’exprimer à ce sujet … Mais tout en ayant un peu honte, jamais Hassan n’avait-il aussi peu eu l’esprit à se soucier de ce qui se passait en dehors de sa bulle. La tête déjà pleine de ses propres soucis, où se croisaient pêle-mêle les dernières nouvelles de Leela, les partiels de fin de semestre à préparer, le déclin désormais inéluctable de Joanne, ou l’incertitude de ce qu’il adviendrait de Mo à la fin de l’été, lorsqu’expirerait le délai qu’il s’était fixé avant de devoir prendre une décision définitive. À l’écran ce soir-là, les spectateurs les plus habitués s’étonneraient peut-être d’avoir décelé chez le professeur Jaafari plus de lassitude que de ferveur à défendre ses points de vue, lui d’ordinaire si prompt à taper du poing sur la table pour s’offusquer de ce qu’il estimait être des injustices, mais l’esprit déjà parasité par ce que serait la suite de sa soirée, le brun n’était simplement pas capable de fournir plus que cela. Hassan n’était pourtant pas de nature angoissée, quand bien même l’insouciance qu’il cultivait durant sa vingtaine s’était estompée au fil du temps, et des désillusions. Mais s’il y avait bien une chose susceptible de rendre universellement anxieux, c’était le célèbre “il faut qu’on parle” ; Celui qui restait sur l’estomac tant que la conversation supposée suivre n’avait pas eu lieu, et laissait à l’esprit le soin d’élaborer tout un tas de scénarios catastrophes dans l’entre-deux. Mais que pourrait avoir Rhett à annoncer qui soit pire que Joanne annonçant qu’elle allait mourir ? Rien, répondait le pragmatisme d’Hassan, mais pour qu’aussitôt lui succède le pessimisme, prêt à susurrer à son oreille ce que disait l’adage : jamais deux sans trois. Largement de quoi rendre les mains du brun moites et un peu tremblantes, lorsqu’arrivé chez son ami directement depuis les studios de télévision, il avait attrapé la bière tendue dès qu’il avait passé la porte d’entrée. « Pour un peu j’penserais que tu m’attendais. » avait-il bien tenté de plaisanter, mais la gorge soudainement serrée il n’avait rien ajouté de plus et pris une gorgée de bière aussitôt décapsulée, dans l’espoir de faire passer cette sensation désagréable. « Je voulais attendre d’être sûr de moi pour t’en parler, tu sais. Mais ça sera publié dans la presse dans quelques jours, donc ça répond à la question. » Un rire avait échappé à Rhett, et l’espace d’une seconde Hassan s’était vu le secouer tel un prunier pour l'intimer de cesser le suspens et d’en venir au fait. Au lieu de cela, il s’était contenté de déglutir en silence et de le supplier du regard. « Je vois une fille depuis quelque temps. » Ce serait définitivement un sujet qui mériterait son propre développement – mais encore ? « J’suis désolé, je crois que je serai plus cet ami célibataire qui se permet de donner des conseils. » Et dans un autre espace-temps Hassan se serait peut-être permis de ricaner, mais de deux choses l’une : il était divorcé et donc absolument pas mieux loti, et surtout il n’avait présentement aucune envie de rire. La chute pourtant tardait à arriver, et face au silence de son ami Rhett avait fini par en rajouter une dernière couche, s’assurant ainsi de lui rendre limpide le fait qu’il n’y avait pas d’autre révélation que celle qu’il venait de faire. « Moi-même je trouve que c’est un peu théâtral ce genre d’annonce, et pourtant je te jure que y’a des pages internet qui s'appellent “comment annoncer à mes amis que je suis en couple” et que je les ai lues avec attention. » Très drôle. Ou peut-être pas, Hassan n’avait toujours pas envie de rire, et pourtant … pourtant c’était un ricanement nerveux qui avait fini par lui échapper, se muant en éclat de rire, et après quelques secondes de franche rigolade et une gorgée de bière pour faire passer le tout, le professeur avait répondu « Je pourrais te tuer, là tout de suite. Amicalement, hein, mais n’empêche. » Secouant la tête, le soulagement perceptible sur son visage mais également dans sa posture jusque-là plus tendue qu’une arbalète, il avait repris « T’as une idée du nombre de scénarios catastrophe que j’ai eu le temps d’élaborer depuis ce matin ? » Non, bien sûr, car Hassan n’avait aucun doute quant au fait que le sportif n’avait pas agi sciemment. « Tu m’as fait flipper, j’ai cru que … » Oh, ils savaient tous les deux très bien ce qu’Hassan avait cru : il n’y avait pas besoin d’aller chercher bien loin, juste à piocher dans leur entourage commun pour savoir où se situait la plus mauvaise nouvelle à envisager. Sa bière à la main, il s’était laissé tomber sur le canapé avec l’impression d’ôter au passage tout le poids du monde de ses épaules, suivant Rhett des yeux tandis qu’il s’installait à son tour. « J’espère que t’avais prévu de partager plus de détails que ça en me faisant venir, parce qu’avec les cheveux blancs que j’aurai gagné d’ici demain, j’vais pas me contenter de si peu. J’la connais ? » Ou bien le blond comptait-il aussi jouer aux devinettes à ce sujet pour continuer de tourmenter l’âme de son compère ?
Dernière édition par Hassan Jaafari le Mar 27 Déc - 22:25, édité 1 fois |
| | | | (#)Jeu 3 Nov - 15:34 | |
| « Pour un peu j’penserais que tu m’attendais. » “Quelle idée.”
Rhett a beau lui répondre aussitôt, et sur le même ton, cela ne change rien au fait qu’il se trouve être très peu crédible dans ce rôle de l’insouciant qui ne sait rien, qui ne connaît rien non plus: bien sûr qu’il attendait Hassan, non parce que le sujet est véritablement urgent, mais bien parce qu’il a cette capacité à avoir les mêmes craintes que les adolescents, parfois. Pour autant, il se rend bien compte que ses propres mots n’aident en rien à rassurer son ami dont il devine le stress évident, surtout alors qu’il s’empresse de se jeter sur une bière, comme si elle avait soudainement le pouvoir de régler tous les problèmes. Oh, si seulement. Ce qui pourrait réduire son anxiété serait d’avoir rapidement le fin mot de l’histoire, mais Rhett a cette capacité à vouloir faire les choses tellement bien qu’il se perd dans ses mots, dans des explications inutiles et dans des blagues qui le sont tout autant: il essaie d’aller à la conclusion rapidement, mais il n’a jamais été doué pour ça et les secondes s’écoulent avant qu’il lâche enfin les mots décisifs. Il est en couple ; et cela n’a pas l’effet de la moindre déflagration, à son plus grand étonnement. Après tout, il a oublié depuis longtemps ce que c’est que d’apprendre ce genre de nouvelle à ses proches. Et s’il devait être franchement honnête, il avouerait que le rire d’Hassan ne faisait pas partie des réponses attendues ou envisagées et qu’il se retrouve un peu comme un con face à lui, à répondre par le même éclat de rire sans trop savoir où il va, simplement pour ne pas laisser Hassan seul. « Je pourrais te tuer, là tout de suite. Amicalement, hein, mais n’empêche. » Oh, ça. Rhett esquisse un sourire en coin, de sa propre initiative cette fois-ci. Ce besoin viscéral, il n’a étrangement pas de mal à le comprendre. “L’amour vache, ouais, je vois bien.”
« T’as une idée du nombre de scénarios catastrophe que j’ai eu le temps d’élaborer depuis ce matin ? » “Attends, ça se compte sur les doigts des mains ? Dix ? Treize ? Je suis sérieux, je veux la réponse.”
Il se prend au jeu, il désamorce artificiellement la bombe qu’il a lui-même lancée, parce qu’il a l’impression que le pire est désormais passé. Il veut plus que jamais prouver à Hassan que tout va bien, qu’il n’a rien de plus à lui dire et que ce qu’il garde sur le bout de la langue depuis quelques jours se résume véritablement à si peu, à ces quelques mots qu’il aurait très clairement pu se contenter de lui annoncer par message, ou entre deux bières à n’importe quel moment. « Tu m’as fait flipper, j’ai cru que … » Mais les mots de son ami le font rapidement revenir sur terre et revoir à la baisse l’existence de son sourire, qui se ternit et meurt aussitôt, en même temps où il lève une main pour la poser contre l’épaule de son ancien coéquipier. “Non, rien de tout ça.” Il ne sait pas exactement si Hassan craignait qu’il lui annonce à son tour une maladie, ou bien que le pire était arrivé à Joanne, mais l’un comme l’autre, il veut au moins le rassurer par la négative: ce n’est pas le cas. Joanne est encore en vie. Il n’a pas de cancer - il n’est même pas malade.
Dans une ambiance bien plus détendue désormais, les deux hommes se laissent tomber tour à tour dans le canapé, chacun avec sa bière à la main - cliché dont ils seraient presque fiers, pour peu. « J’espère que t’avais prévu de partager plus de détails que ça en me faisant venir, parce qu’avec les cheveux blancs que j’aurai gagné d’ici demain, j’vais pas me contenter de si peu. J’la connais ? » - “C’est l’ex d’Owen.” En d’autres termes: oui. Il préserve leur discussion de son prénom, comme si cela allait suffire pour protéger Evelyn, comme s’il allait réellement passer une soirée entière sans la nommer. “Je le savais pas avant de la rencontrer, et jusqu’à très récemment.” Il se justifie, bien sûr, lui-même adepte de l’idée que les petites-amies des amis sont intouchables. Mais pour sa défense, il n’a jamais connu Owen avec Evelyn, il n’a rien vu ou entendu de leur histoire avant que tout n’explose non plus. “Pas cool, je sais. Je t’évite tout le discours à ce sujet. Tu me connais, tu sais que j’ai pas envie de foutre la merde.” Il en connait d’autres, qui auraient adoré s’immiscer au milieu de ce jeu malsain, mais pour une personne telle que Rhett qui trouve toujours les problèmes naturellement, il préfère largement s’en passer. “Je pense qu’on veut la même chose. On a pris notre temps et… ouais, j’aime bien l’idée d’être avec quelqu’un.” Après le fiasco Jenna, après le fiasco Mabel, juste avant tous les problèmes que la sortie de son livre causeront. Il aime bien l’idée de ne plus passer autant de soirées seul, tout simplement, et c’est une idée qui l’a rattrapée aussi rapidement que la peur de la mort. “Tu la connais ? Au-delà de ce qu’Owen a pu dire d’elle, je veux dire.” Ce qu’il veut véritablement connaître, c’est l’avis qu’a Hassan de sa petite-amie et le besoin de Rhett de rectifier le tir, au besoin, parce qu’il est plus que jamais partisan de l’idée d’une seconde chance, quand bien même elle n’a rien à prouver, ni même commis aucun tort. |
| | | | (#)Mar 27 Déc - 22:26 | |
| His crown lit up the way as we moved slowly, past the wondering eyes of the ones that were left behind, though far away, though far away we're still the same, we're still the same. ☆☆Elle n'était jamais aussi fertile, l'imagination d'Hassan, que lorsqu'il était question de s'inquiéter pour ses proches. Il y aurait eu des tas de choses à dire sur la question – le psy qui recueillait les pensées d'Hassan avait assurément un tas de choses à dire sur la question – mais le résultat quant à lui restait toujours le même : la majorité des cheveux blancs du brun lui venaient probablement de là. Et si Rhett s'en était d'abord amusé d'un « Attends, ça se compte sur les doigts des mains ? Dix ? Treize ? Je suis sérieux, je veux la réponse. » auquel Hassan avait répondu d'un levé de majeur après avoir attrapé sa bière, le fait que le brun exprime à demi-mot la teneur de ce qui avait eu le temps de lui traverser l’esprit de mille et une façons au cours des dernières heures avait suffit à faire reprendre au blond un semblant de sérieux, assurant « Non, rien de tout ça. » en posant sur l’épaule de son ami une main compatissante. Cesserait-elle un jour de leur manquer, l’insouciance dont ils débordaient tous les deux deux décennies en arrière, avant que la vie ne leur mette à l’un comme à l’autre une énorme claque derrière le crâne pour les ramener sur terre ? Sans doute que non. Mais maintenant que la messe était dite, et que le secret de Rhett n’en était plus un, c’était mal connaître Hassan que de s’imaginer qu’il allait se contenter de si peu. Et d’ailleurs si le rugbyman l’avait fait venir jusqu’à chez lui, ce n’était probablement pas pour jouer les avares en termes de détails … Non, Rhett avançait simplement ses pions l’un après l’autre, et le suivant avait assurément pris l’enseignant au dépourvu : « C’est l’ex d’Owen. » Ah. « Ah. » Si pour n’importe quel autre de leurs connaissances communes Hassan aurait probablement eu besoin de demander “laquelle ?” s’agissant d’Owen la question était (à priori) vite réglée, et avant qu’il ne se soit fendu d’un commentaire quel qu’il soit son ami avait ajouté « Je le savais pas avant de la rencontrer, et jusqu’à très récemment. » pour dissiper tout malentendu à ce sujet. « Pas cool, je sais. Je t’évite tout le discours à ce sujet. Tu me connais, tu sais que j’ai pas envie de foutre la merde. » Oh, ça Hassan n’en doutait pas un instant … Mais cela n’en rendait pas la situation moins délicate, et la tête se penchant légèrement sur le côté il avait répondu « Je sais. » Mais ? « Mais j’espère que tu ne comptais pas sur moi pour lui annoncer à ta place. » Parce qu’il allait bien falloir qu’Owen l’apprenne un jour ou l’autre, hm ? Difficile d’anticiper ce qu’il en aurait à dire, d’ailleurs, mais en sa qualité d’ami l’ayant ramassé à la petite cuillère après que son histoire avec Evelyn Pearson lui ait coûté son travail – sa vocation – il refuserait d’être l’oiseau de mauvais augure qui lui annoncerait que la concernée roucoulait désormais avec un autre de ses amis. Prenant le temps d’une gorgée de bière pour tourner sept fois sa langue dans sa bouche, il avait questionné « J’imagine que si tu m’en parles, c’est que c’est du sérieux ? » sur le ton de celui qui connaissait déjà la réponse à sa propre interrogation. « Je pense qu’on veut la même chose. On a pris notre temps et … ouais, j’aime bien l’idée d’être avec quelqu’un. » Avec quelqu’un. La formulation avait eu de quoi laisser Hassan songeur un instant, comme si dans le cœur d’artichaut de son ami toutes les femmes qui s’y succédaient remplissaient le même rôle sans jamais qu’il n’apprenne de ses erreurs. « Tu la connais ? Au-delà de ce qu’Owen a pu dire d’elle, je veux dire. » La tête dodelinant en guise de réponse, il s’était laissé retomber contre le dossier du canapé. « Non. Enfin, pas spécialement … Elle n’était pas hyper emballée par l’idée de rencontrer l’entourage d’Owen, la première fois. » Surtout ceux qui avaient le désagréable défaut de tâter du ballon ovale, hors à cette époque-là Hassan ne jurait que par cela, et pas uniquement parce que sa bourse d’études en dépendait. « Et quand ils se sont retrouvés … Bon, je te fais pas un dessin. Le souci c’était pas tant elle que sa conscience à lui. » Le brun quant à lui n’avait fait que prêter une oreille attentive aux doutes et aux questionnements de son ami, sans véritable avis ni sur la question, ni sur la personnalité de celle qui lui faisait (à nouveau) tourner la tête.
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| | | | (#)Lun 2 Jan - 17:53 | |
| « Ah. » Exactement. Sans doute qu’il n’y a tout simplement rien de plus à dire que ce simple ah. Ce n’est pas une situation enviable, mais ce n’est pas non plus le pire qui puisse lui arriver. Il dédie ses sentiments à une personne qui a déjà eu une histoire similaire avec un de ses amis, ce que personne n’a envie de vivre, mais ce qui est loin d’être une raison suffisante pour que Rhett veuille pour autant revenir en arrière et arrêter de la fréquenter. Il aurait peut-être davantage pesé le pour et le contre si la révélation était venu un an plus tôt, mais aujourd’hui il est bien trop têtu pour laisser quiconque supposer cette idée. Alors, Rhett fait les questions et les réponses en même temps, il se jette le blâme et se défend dans la même phrase, il joue tout et son contraire sans jamais cesser de monopoliser la discussion: s’il le fait, Hassan n’a plus tant son mot à dire, et le problème n’en est plus un. « Je sais. » Bien sûr qu’il sait. Il le connaît mieux que personne, avant même son propre frère. « Mais j’espère que tu ne comptais pas sur moi pour lui annoncer à ta place. » Cela ne faisait de toute façon pas partie des priorités de l’ancien rugbyman, à dire vrai. “Je suis un grand garçon.” Un grand garçon qui laissera peut-être Evelyn s’en charger, ceci dit. La question ne s’est pas posée ; il prendra ses responsabilités s’il le faut, ce n’est pas tant un problème. Il n’a pas honte de son histoire, à défaut d’avoir sans doute un peu honte d’avoir pioché dans le passé d’Owen. Ou disons simplement qu’il n’en est pas fier ; mais au-delà de ça, il ne cachera pas son histoire, c’est un fait. “Je dois juste réfléchir à comment lui dire.” Parce que si ça ne tenait qu’à lui, il lui aurait déjà proposé d’aller boire un verre dans le seul et unique but de trinquer au fait “qu’ils se tapent la même nana”. Charmant, subtil: du Rhett tout craché.
Fort heureusement, leur ami en commun n’est pas la seule préoccupation d’Hassan, qui passe déjà petit à petit à autre chose. « J’imagine que si tu m’en parles, c’est que c’est du sérieux ? » Rhett hoche la tête de la positive. Il ne sait pas à quoi du sérieux peut ressembler pour des adultes qui ne veulent ni enfants ni mariage (de son côté, du moins), mais il sait au moins qu’il répondra qu’il n’est plus un cœur à prendre si on lui pose la question. Alors oui, cela veut sûrement dire que c’est du sérieux. “Je voulais t’en parler en premier.” Parce que c’est Hassan, parce que c’est celui qui l’a supporté entendre parler de Jenna à tout va pendant des années, parce que c’est aussi celui qui a suivi à distance le désastre de sa relation avec Mabel. Il a toujours été là, pour approuver et désapprouver, et sa présence continue de compter aujourd’hui encore. « Non. Enfin, pas spécialement … Elle n’était pas hyper emballée par l’idée de rencontrer l’entourage d’Owen, la première fois. » - “Je me doute.” Il commente à son tour, sûrement pour faire comprendre à Hassan qu’il n’y a nullement besoin de plus amples explications: non, il ne la connaît pas. Point. De son côté, il n’a pas envie d’en entendre davantage sur son histoire passée, pas franchement capable d’agir en adulte mature lorsque le cœur s’en mêle. « Et quand ils se sont retrouvés … Bon, je te fais pas un dessin. Le souci c’était pas tant elle que sa conscience à lui. » Je me doute est la réponse qu’il n’a pas l’audace de prononcer une seconde fois, mais qu’il pense tout de même. “Je l’imposerai pas, tu sais. Dans nos discussions ou dans nos soirées. Je sais que t’as une position délicate.” Il ne cachera pas Evelyn, mais il ne sera pas ce petit-amie qui n’a que le prénom de sa moitié à la bouche et qui ne jure que par elle. Il ne jouera pas de l’inverse, il ne la cachera pas, mais il jure qu’il veut faire les choses comme il faut, cette fois-ci, et surtout la traiter avec la considération qu’elle mérite. “C’est juste… Je crois que les choses vont bien, maintenant. De façon générale.” C’est assez important pour être notifié, mais Rhett le souligne surtout parce que c’est un fait rare, les étoiles ayant bien du mal à s’aligner ensemble dans son existence. “Et elle y est pour quelque chose.” Il ne sous-entend pas que les choses vont bien uniquement parce qu’il est en couple, mais il n’est pas aveugle au point de nier que cela y est lié, d’une façon ou d’une autre. “C’est pas le moment pour faire des blagues sur Owen, je crois, mais dans la mesure où j’ai pas prévu de faire vœu de chasteté, je crois que ça veut quand même dire qu’on débute pas si mal.” C’est trop tôt pour faire des blagues mais il tente quand même le coup (vous l’avez ?), éternel incorrigible. |
| | | | (#)Mar 31 Jan - 2:24 | |
| His crown lit up the way as we moved slowly, past the wondering eyes of the ones that were left behind, though far away, though far away we're still the same, we're still the same. ☆☆Qu'Hassan ne soit pas enchanté de la situation ne signifiait pas pour autant qu'il n'était pas enchanté pour son ami – et c'était là toute la nuance de la situation. Il n’avait même pas tant d’avis à avoir sur la question, Rhett fréquentait bien qui il voulait, de la même manière que le brun n’avait jamais attendu après sa bénédiction pour gérer ses relations passées et présentes, mais le fait que la nouvelle flamme de l’ancien rugbyman soit aussi l’ancienne de l’un de leurs amis communs donnait à tout cela des airs de mauvais soap opera. Et tout bon public qu’il était, Hassan n’avait pas l’intention de devenir acteur de la situation d’une quelconque manière. « Je suis un grand garçon. » avait à ce sujet commenté Rhett, lorsque son ami avait refusé de se faire le messager de la situation auprès d’Owen. « Je dois juste réfléchir à comment lui dire. » Qu’il ne réfléchisse pas trop longtemps ; C’était tout ce qu’Hassan demandait. Les mensonges même par omission finissaient toujours par avoir des conséquences, et il en avait déjà trop souvent fait l’expérience. Cela étant dit, la révélation de Rhett amenait aussi un brin de curiosité, lui qui depuis le fiasco de sa rupture avec Mabel n’avait pas semblé faire beaucoup d’effort pour réitérer l’expérience d’une relation suivie. Il avait beau jouer les coeurs d’artichaut et se prétendre moins cynique d’Hassan à ce sujet, au fond ils étaient tous les deux faits du même bois, et il fallait bien que sa relation avec Evelyn soit un peu sérieuse pour qu’il se soit décidée à “l’officialiser” auprès de son acolyte. « Je voulais t’en parler en premier. » avait-il d’ailleurs répondu en guise de confirmation, et acquiesçant d’un signe de tête le brun avait assuré « Je suis content pour toi. » en étirant sur ses lèvres un sourire tranquille. Content qu’il ait trouvé quelqu’un avec qui être suffisamment à l’aise pour ne pas s’auto-saboter à la première occasion, aussi, car Rhett avait toujours mérité mieux que cela. Quant à savoir si la relation d’Evelyn avec Owen en faisait quelqu’un qu’Hassan connaissait de près ou de loin, la réponse était non. Et puisque vingt ans suffisaient amplement à ce que la jeune femme n’ait plus rien à voir avec celle qu’elle était lorsqu’elle avait fait la connaissance d’Owen, l’enseignant n’avait jugé pertinent ni de tenir rigueur du dédain dont elle avait fait preuve vis-à-vis des amis rugbymen du blond à l’époque, ni d’en faire la mention à Rhett aujourd’hui. « Je l’imposerai pas, tu sais. Dans nos discussions ou dans nos soirées. Je sais que t’as une position délicate. » Mais elle ne serait délicate que si elle s'éternisait, et Hassan s'était contenté de hausser les épaules. « Tarde juste pas à en parler à Owen, j'aime pas l'idée de devoir mentir. » Et encore plus lorsqu'il vivait sous le même toit que la personne à laquelle il mentait, en le regardant dans les yeux chaque jour. « C’est juste … Je crois que les choses vont bien, maintenant. De façon générale. Et elle y est pour quelque chose. » Un autre jour le brun se serait peut-être moqué gentiment, ou aurait pointé du doigt le romantisme de la confession d'un ton taquin, mais il était devenu tellement rare pour Rhett d'exprimer le (vrai) fond de sa pensée que tourner cela en dérision était bien là dernière chose à laquelle se serait risqué Hassan. « Ça fait au moins une bonne nouvelle au milieu de tout ça. » Sa bouteille était allée tinter contre celle de son ami, et il s'était autorisé un soupir songeur. "Tout ça" pour ne pas avoir à lister ce qui n'allait pas – Joanne, les cachetons que le sportif gobait comme des bonbons, et le problème qu'il n'ait avoir (mais qu'il n'avait pas moins). Si l'influence d'Evelyn pouvait résorber ne serait-ce qu'un quart de "tout ça", alors ce serait déjà une victoire. Et parce que l'ambiance entre les deux amis n'était que rarement aux conversations trop sérieuses, le Hartfield avait fini par ajouter d'un ton goguenard « C’est pas le moment pour faire des blagues sur Owen, je crois, mais dans la mesure où j’ai pas prévu de faire vœu de chasteté, je crois que ça veut quand même dire qu’on débute pas si mal. » et obtenu le ricanement attendu d'un Hassan toujours bon public, lorsqu'il était question des âneries de Rhett. « Au moins t'as choisi le seul de nos potes où j'ai pas eu besoin de demander quelle ex. Ça nous a fait gagner du temps. » Owen était aussi le seul parmi leurs connaissances dont l'ex en question avait été la cause d'une pareille remise en question personnelle, spirituelle et professionnelle … Mais il y avait des détails qu'il faisait moins bon effet de mentionner que d'autres. Et Hassan, pour sa part, entendait déjà bien assez des questionnements existentiels de l'ancien homme d'église pour ne pas revenir dessus lorsqu'il n'était pas présent. « J'ai le droit de demander comment vous vous êtes rencontrés ? » Avait-il finalement questionné en reprenant un brin de sérieux, réellement intéressé par le fait de savoir dans quelles circonstances le hasard avait fait que.
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| | | | (#)Jeu 2 Fév - 15:43 | |
| « Je suis content pour toi. » Malgré tout le reste, Rhett sait que c’est vrai, et le sourire de son ami le lui confirme. De son côté aussi, il le jure, il aurait aimé que les choses soient plus simples et que personne n’ait jamais entendu parler d’Evelyn en dehors de la Fondation ; mais les choses sont différentes, et il refuse de remettre en question son couple à cause d’une ancienne relation qui n’est finalement que celle de son ami. Ami d’ami, si on tient à relater les faits avec vigueur: il n’a jamais été proche d’Owen, en fin de compte. Il ne lui doit rien, même s’il lui parlera tout de même d’Evelyn avant que ce dernier l’apprenne de lui-même. « Tarde juste pas à en parler à Owen, j'aime pas l'idée de devoir mentir. » - “Je sais. T’auras pas à le faire.” Il lui en parlera rapidement, peu importe à quel point il n’est pas adepte de l’idée d’avoir cette foutue discussion avec Owen, comme s’il avait à s’expliquer sur la relation qu’il vit. Cela ne fait pas vraiment de sens. « Ça fait au moins une bonne nouvelle au milieu de tout ça. » Au moins, oui. Ils peuvent s’accorder sur cette idée sans mal, ou tout du moins ce n’est pas Rhett qui risque de lui dire le contraire. Evelyn est une bonne chose pour lui, il en est certain, et pour cause: il le vit au jour le jour.
« Au moins t'as choisi le seul de nos potes où j'ai pas eu besoin de demander quelle ex. Ça nous a fait gagner du temps. » “Tu vois, deuxième bonne nouvelle au milieu de tout ça.”
Rhett répond avec un sourire fier parce que la rhétorique est simple. Elle ne lui coûte rien, elle ne laisse pas présager qu’il dise une connerie ou une autre. « J'ai le droit de demander comment vous vous êtes rencontrés ? » Il a le droit, oui. Ce n’est pas une question sur le feu, ce n’est pas même une question possiblement tendue - et pour une fois, elle n’implique pas Owen, alors il prend. “À un gala. Un truc à la con.” Mais un truc à la con où Rhett se fait mousser s’il porte un joli costard, ce qu’il fait avec joie sans pour autant l’avouer. Il aime bien ces trucs à la con, au fond, tant qu’il n’y a pas plus connu que lui dans la salle. “Ca a pris un an, quasiment, avant qu’on se considère comme un couple.” Et ce n’est pas Rhett qui s’en plaint, parce qu’il était plutôt à la traîne, pas franchement capable de gérer la moindre relation amoureuse du haut de ses trente neuf ans, très bientôt quarante (aïe). “On garde chacun notre vie, et je crois que le fait que mon frère dorme sur le canapé depuis plusieurs semaines sans avoir l’intention d’en partir ne m’aide pas à me projeter autrement.” Pour une fois que c’est lui qui aide Ruben, faisant de ce dernier un assisté à son crochet, il ne manque pas de le répéter. Le grand médecin connaît peut-être le nom de tous les os du corps humain, mais toujours pas comment parler à sa fiancée. “C’est bien comme ça, je peux toujours venir te chercher à la sortie de l’école pour aller boire un verre dès que j’en ai envie et sans avoir à rendre de compte, au moins.” Il reprend avec un sourire en coin, n’hésitant pas à parler d’école comme si Hassan avait dix ans à peine. Cette idée lui plaît et l’amuse, parce que de son côté c’est lui qui a l’esprit d’un gamin, qui n’hésite pourtant pas à boire à nouveau dans son verre. “C’est bon, annonce terminée, tu peux me dire avec quel voisine tu as récemment fait connaissance maintenant.” Ils ont une vie bien différente dès lors qu’il s’agit du coeur, pour ne rien dire d’autre, et loin de Rhett l’idée de juger son ami pour ça. Cela leur donne toujours de quoi discuter, au moins. |
| | | | (#)Jeu 9 Fév - 16:48 | |
| His crown lit up the way as we moved slowly, past the wondering eyes of the ones that were left behind, though far away, though far away we're still the same, we're still the same. ☆☆Trop occupé qu’il était à tenter de faire tenir debout le château de cartes qui lui servait actuellement de quotidien, Hassan se contentait de vivre par procuration le bonheur de ceux qui avaient le temps d’y mettre du leur pour le provoquer. Et s’il y en avait bien un pour qui il savait être encore plus heureux que pour lui-même c’était Rhett, si souvent sur la corde raide que toutes les choses et les personnes susceptibles de lui redonner un semblant d’équilibre étaient vues par le brun comme une bénédiction. Ironique, que cela vienne de l’ancienne flamme d’un tout aussi ancien homme d’église. Les voies du Seigneur convoitées par Owen avaient au moins eu le mérite d’abréger la partie de Qui est-ce ? qui aurait pu se jouer le cas échéant, et Rhett s’en amusant d’un « Tu vois, deuxième bonne nouvelle au milieu de tout ça. » Hassan s’était quant à lui fendu d’un soupir amusé, bon public probablement autant que désespéré à l’idée de se raccrocher à ce qui, justement, n’était qu’une ou deux bonnes nouvelles dans un océan de morosité dans lequel il surnageait à peine. Et sans doute y’avait-il un brin d’égoïsme dans le fait de se délecter autant des histoires de coeur de son ami pour mieux s’empêcher de penser au reste, mais après une fin d’après-midi à s’imaginer le pire il était à peu près certain de ne pas se lasser d’entendre Rhett s’émerveiller de sa nouvelle relation tout en tâchant de garder un semblant de contenance. « À un gala. Un truc à la con. » avait-il répondu d’un ton évasif au moment d’expliquer dans quelles circonstances Evelyn et lui s’étaient rencontrés. Le genre de “truc à la con” auquel il n’avait pas vraiment besoin de se faire prier, dirait-on, mais se contentant de hocher la tête Hassan avait laissé son ami continuer « Ça a pris un an, quasiment, avant qu’on se considère comme un couple. On garde chacun notre vie, et je crois que le fait que mon frère dorme sur le canapé depuis plusieurs semaines sans avoir l’intention d’en partir ne m’aide pas à me projeter autrement. » Depuis combien de temps Ruben jouait-il au colocataire “temporaire” au juste ? Il aurait probablement de la chance si ses valises ne l’attendaient pas sur le palier lorsqu’il daignerait retrouver le chemin du domicile conjugal – mais la vie amoureuse de ce Hartfield-là, en définitive, intéressait très peu Hassan. « Heureusement pour toi qu’il est toubib et pas secrétaire d’université. » s’était-il donc contenté de railler entre deux gorgées de bière, jamais le dernier pour fustiger l’incapacité du secrétariat de l’UQ à être ouvert plus de douze minutes par jour. Sûr que ceux qui y travaillaient passaient plus de temps chez eux que le Docteur Hartfield n’en passait sur le canapé sur lequel Rhett et lui étaient présentement assis. « C’est bien comme ça, je peux toujours venir te chercher à la sortie de l’école pour aller boire un verre dès que j’en ai envie et sans avoir à rendre de compte, au moins. » Laissant échapper un rire, l’enseignant avait secoué la tête « Si Cendrillon a toujours la permission de minuit, alors tout va bien dans le meilleur des mondes. » Ou au moins était-il prêt à développer des trésors d’auto-persuasion pour tenter de s’en convaincre. Mais si Rhett jouait à l’optimiste ayant enfin tiré un numéro gagnant au loto des relations amoureuses, Hassan pour sa part envisageait plutôt d’arrêter de jouer une bonne fois pour toutes. Kelly était parvenue à le faire douter, un court instant au moins, mais le temps était en train de lui prouver sa bêtise et le « C’est bon, annonce terminée, tu peux me dire avec quelle voisine tu as récemment fait connaissance maintenant. » formulé par Rhett sur le ton de la plaisanterie n’avait fait que le lui rappeler. « Ouais, non … j’tiens pas à me fâcher avec tout le voisinage, donc on va éliminer cette option. Et aussi celle du campus. » Si Joanne avait cessé de fréquenter les couloirs de l’université Gwen y faisait toujours des apparitions, et Hassan mentirait en disant qu’il n’avait pas parfois un pincement au coeur lorsqu’ils se croisaient et n’échangeaient plus qu’un sourire gêné et quelques banalités qui ne menaient à rien. Mieux valait cela que les regards noirs que lui lançait désormais sa voisine s’ils avaient le malheur de sortir chercher leur courrier en même temps, mais le brun en étant encore trop agacé pour envisager d’aller arrondir les angles, et haussant les épaules il avait ajouté « J’ai pas le temps pour ça, comme on me l’a subtilement fait remarquer. Et j’ai pas forcément l’envie de m’arranger pour en avoir plus pour l’instant, alors … » Alors tant pis, pour lui plus que pour Kelly. Pour lui plus que pour n’importe qui d’autre, même, mais il n’avait pas envie de se réveiller dans quelques mois en regrettant d’avoir négligé un Mo qui n’avait rien demandé à personne, ou les dernières semaines qu’il lui restait à profiter de Joanne, avec qui il avait déjà mis tant de temps à retrouver une relation apaisée.
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| | | | (#)Ven 10 Fév - 16:08 | |
| « Heureusement pour toi qu’il est toubib et pas secrétaire d’université. » L’humour est grinçant, mais c’est sans doute justement pour ça qu’il plaît à Rhett. “J’aurais eu la générosité de lui payer un hôtel, à ce niveau-là.” Il se contente d’ajouter, sans bien sûr entrer dans les détails, qui ne sont de toute façon pas une variable inconnue. Tous deux comprennent le fond de sa pensée, et il n’y a rien à rajouter à ce niveau-là - sauf peut-être que Ben est bel et bien un colocataire un peu collant, surtout pour un homme qui justement n’aurait jamais dû être son colocataire. Heureusement qu’il est surtout son frère, avant d’être un médecin toujours occupé par son travail. « Si Cendrillon a toujours la permission de minuit, alors tout va bien dans le meilleur des mondes. » Il sourit une fois de plus, éternel bon public, surtout lorsqu’il s’agit d’Hassan. Ce dernier sait qu’il est bel et bien le genre d’homme à ne jamais oser aller contre l’avis de sa petite-amie, pour l’avoir observé durant de nombreuses années auprès de Jenna.
A défaut d’oser réveiller le démon intérieur de ses petites-amies du moment, il a cependant bien moins de mal à aborder le sujet de la vie amoureuse (qui est un terme romantisé pour ne pas simplement dire “sexuelle”) de son ami, puisqu’il semble toujours avoir de quoi lui raconter de nouvelles anecdotes à chaque jour qui passe. « Ouais, non … j’tiens pas à me fâcher avec tout le voisinage, donc on va éliminer cette option. Et aussi celle du campus. » Cependant, son idée semble avoir tout de mauvaise, et même lui le comprend aisément, à la façon qu’a Hassan de lui faire comprendre qu’il n’a aucune envie d’en parler. Son idylle particulière avec la voisine semble peu à peu tomber en poussières, et pour ce qu’il en est de l’université… autant ne pas trop aborder le sujet. Il n’y a sûrement rien de bon à en tirer, au point où Rhett esquisse un sourire quelque peu désolé en sa direction. Il attend qu’il trouve sa bonne personne un jour aussi, et il s’accroche à cette idée depuis de bien trop nombreuses années pour risquer de perdre espoir maintenant. « J’ai pas le temps pour ça, comme on me l’a subtilement fait remarquer. Et j’ai pas forcément l’envie de m’arranger pour en avoir plus pour l’instant, alors … » Alors peu importe. Rhett est et restera de son côté quoiqu’il décide, il n’a même pas besoin d’entendre davantage les explications de son ami. S’il décide que l’heure n’est plus à ça, il n’ira pas tenter de lui prouver le contraire, simplement parce qu’il le respecte bien trop pour penser que son avis vaut mieux que celui d’Hassan au sujet de sa propre vie. “On peut trinquer au temps pour soi. Ça sonne ménagère, mais y’a eu pire comme raison pour porter un toast.” Il élude quelque peu le sujet et lui évite surtout d’avoir à continuer d’en parler. Il ne souligne même pas le fait qu’aucun d’eux n’a aucun cocktail digne de ce nom, parce qu’ils n’en sont certainement plus à ça près maintenant. “J’dis juste que les remarques des autres, on s’en fout toujours. Mais pour le moment, je suis peut-être d’accord sur l’idée que t’as autre chose à penser.” Comme il semblait lui-même le sous-entendre. Sa vie a largement été chamboulée, et le fait qu’il ait à son tour un colocataire à durée indéterminée n’est que le cadet de ces changements. Il a Mo, il a Joanne, il a son travail interminable. Il a beaucoup de choses, et sans doute ni le temps ni l’envie de risquer de compliquer son quotidien avec une nouvelle histoire de coeur, sans doute à son tour vouée à l’échec - non qu’il ne pense pas qu’Hassan puisse finir heureux et en couple, mais disons simplement que peu de choses de sa vie tendent en ce sens. Mais il ne perd pas espoir ; après tout, c’est à peu près tout ce qu’ils ont et que personne ne peut leur retirer. Finalement, il ajoute les gestes aux mots et lève sa bière en sa direction, prêt à commenter n’importe quel match à la télévision plutôt que leurs vies amoureuses, ou leurs vies tout court. |
| | | | | | | | (rhessan #6) the gateway to the world |
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