2015, londres. “Viens ce soir, s’il te plaît.” Rhett est allé contre l’avis (et l’exigence) de son coach pour passer une nuit supplémentaire à Londres au lieu de se rendre un peu plus au nord, à Northampton, où se déroulera ce soir la coupe d’Angleterre. Il avait exigé de lui éviter la fatigue du trajet et les possibles problèmes de dernières minutes, mais l’australien n’en a fait qu’à son bon vouloir, comme toujours, surtout alors que Mabel avait statué n’avoir aucune envie de changer de lieu de résidence, même pour une nuit ou deux. Et lui, tout ce dont il a envie, c’est de passer un peu de temps à ses côtés, pour une fois que sa carrière ne l’amène pas à Paris ou Milan, pour une fois qu’il ne fait pas non plus de matchs à l’étranger de son côté. Alors, il peut se permettre de l’étreindre dans l’intimité de leur appartement, l’aube se levant à peine.

Il ne s’épanche pourtant pas à ses côtés, maintenant bien assez conscient qu’elle n’est pas du genre à apprécier les marques d’affection, que ce soit dans l’espace public ou privé. Alors, le rugbyman se redresse uniquement pour s’asseoir sur le côté du lit, son regard pourtant toujours tourné vers la jeune femme qu’il regarde tendrement. “Je te demande pas de venir à tous mes matchs, je sais que ça ne te passionne pas. Mais c’est la Coupe d’Angleterre, Mabe.” Ce n’est pas n’importe quel match, cette fois. Ce n’est pas un petit jeu sans conséquence ; ils pourraient repartir champions et avec de nouveaux sponsors. Ils jouent immensément gros pour cette finale dont Rhett n’arrive que très peu à cacher l’appréhension et un certain sens, quand bien même il ne doute pas un seul instant de ses propres capacités autant que de celles de ses coéquipiers. “Ne serait-ce pour les médias.” Pour lui, c’est l’argument qu’il aurait voulu utiliser, mais c’est aussi celui qui lui semble avoir le moins de poids, finalement, et bien tristement. Il serait heureux et fier de la savoir dans les gradins VIP aux côtés des autres femmes et petites-amies des membres de l’équipe, tout simplement. Il n’y a rien de plus à expliquer tant cela lui semble évident ; après tout, lui aussi tente parfois des tenues abracadabrantes de couturiers pour se rendre à ses défilés dont il ne comprend pas le but, mais où il est toujours fier de se rappeler que la femme merveilleuse qui défile est sa petite-amie. “On pourrait rentrer le soir même, je sais que tu n’envies pas la ville.” Aucune autre ville anglaise ne peut rivaliser avec l’effervescence de Londres, il le reconnait bien volontiers, et mise à part peut-être fêter leur victoire (évidemment) avec les autres membres de l’équipe, il ne sait pas ce qu’il pourrait faire là-bas, lui non plus.

Quand bien même il a conscience de parler seul, Rhett souffle doucement avant de revenir auprès d’elle sur le matelas. Assis en tailleur à l’image d’un enfant, il enveloppe doucement son visage de ses mains pour l’embrasser, énième tentative de la convaincre de le suivre, le temps d’un match à peine.

« Tu sais que coupe d'Angleterre, ça ne veut pas dire grand chose pour moi. » Et s’il était d’une humeur moins joyeuse, il aurait tout de même rétorqué qu’elle sait très bien ce à quoi correspond le terme “coupe”, lui et tout le prestige et l’argent qui vont avec. Mais elle sourit, elle s’amuse, et il ne veut pas être celui qui revoit l’ambiance à la baisse, pas alors qu’il est aussi celui qui essaie tant de demander à ce qu’elle lui rende ce service qui signifie beaucoup à ses yeux. « C'est si important pour toi que je vienne ? » Et c’est justement parce qu’elle continue sur un ton tout aussi doux et compréhensif qu’il est heureux de ne pas avoir allumé la moindre mèche, se contentant simplement à son tour de répondre par un hochement de tête pour statuer la positive. Oui, bien sûr que c’est si important pour lui au point où il se montre prêt à se plier en quatre pour qu’elle daigne se montrer. Il se moque des gradins VIP, il se moque des photos devant les médias ; elle peut même rester à l’hôtel et se reposer si elle le préfère. Simplement, il voudrait pouvoir la savoir non loin et se dire qu’elle se montre encourageante à son égard. "Ça l'est, oui.” Au point où il ressent le besoin de le souligner verbalement.

Il retrouve une certaine proximité avec elle, alliant une main passée contre sa nuque à un baiser tendre, n’ayant aucunement honte d’utiliser tous les arguments à sa portée pour défendre son idée. « Qu'est-ce que j'y gagne, si je t'accompagne à Northampton ? » Elle joue à son tour, fait pencher sa tête alors que quelques mèches blondes volent doucement. Ses mains retrouvent la taille du rugbyman, il répond par un nouveau sourire qui prend la forme d’un baiser contre son épaule, d’un autre contre son cou. “Plein de choses.” Ses lèvres se défont à peine de sa chair, juste assez pour articuler ces quelques mots dans un sourire, avant de recommencer à l’embrasser à l’exact même endroit. “Et je crois que j’aurai pas le droit d’en parler face aux caméras.” Le sous-entendu n’en est pas un, il pose à son tour ses mains contre sa peau, se frayant un chemin sous ses cuisses. Il caresse doucement sa peau, reprend quelques centimètres de distance entre son visage et le sien, un peu plus sérieux maintenant. “C’est pas si horrible que ça en a l’air, Northampton.” Ou tout du moins, leur hôtel est bien, puisque c’est honnêtement la seule chose qu’il connaît de l’endroit, avec son stade bien sûr. “Tout le monde aura envie de faire la fête.” Ils pourront sortir, se mêler à la foule, trouver un bar dans lequel passer quelques heures, pour toujours être plus heureux une fois rentrés dans leur chambre d’hôtel. Le programme est simple mais il n’est pas mauvais après tout, non ?

« Pas le droit d'en parler ? Pourtant, je suis sûre qu'ils se gêneront pas pour poser des questions ! » - “Pas sur ce point-là.” Ils oseront sans doute émettre des sous-entendus face à Mabel, mais certainement pas face à Rhett, encore moins pour un moment aussi important que celui qu’il s’apprête à vivre ce soir. Ce soir, lors de la conférence de presse, il n’aura le droit qu’à des questions techniques tournées vers le milieu, et pendant un temps tout le monde oubliera qu’il a la petite amie dont chacun rêverait. Il faut dire, aussi, que Mabel n’est pas la première à reléguer ces questions d’un geste poli de la main et bien au contraire: elle donne à manger aux curieux et aux journalistes et ils adorent ça. Plus réservé quant au sujet de leur intimité, Rhett se contente de ne pas commenter son geste, ni même de se demander pourquoi elle agit ainsi. Il se dit simplement qu’elle n’a rien à cacher, et c’est sans doute une bonne chose.

« Y a quoi à Northampton ? Un stade, et beaucoup de bars ? »
“Exactement.” Entre Londres et Birmingham, la ville en elle-même n’attire pas ; les travailleurs cherchent uniquement à se loger sans avoir à vendre un rein, alors il ne peut pas lui dire qu’ils profiteront de la beauté ou des spécificités de la ville. Ils s’en moquent bien. Tous les deux. « T'es sûre que tu seras en état de faire la fête, puis de tenir tes promesses ? » Elle a un sourire qui le fait retomber amoureux, encore et encore. Il fait glisser ses mains contre ses cuisses qu’il caresse doucement, son propre sourire répondant à celui de sa petite-amie. “J’en suis plutôt sûr, oui.” Il ne souligne pas leur différence d’âge de son côté, il ne mime pas un cœur brisé face aux propos tenus par Mabel non plus. Il n’a pas le temps pour ça, bien sûr.

Ce serait pourtant bien mal connaître Mabel que de penser qu’elle a un jeu préféré autre, qui ne se résume pas à taquiner Rhett sur tous les sujets du monde tout en le regardant droit dans les yeux, alors que ses doigts tracent des lignes invisibles contre sa chair. Et lui, bien sûr, il ne peut lui en tenir rigueur. « Surtout après un match... Tu vas être si fatigué... » De ses épaules à sa nuque, ses mains trouvent leur place le long de sa colonne, Rhett se contenant de côté de toute idée de bouger un peu trop dangereusement ses paumes: ils se mettraient en retard, avec une telle idée, et il doit encore s’entraîner aujourd’hui. « Tu comprends, je voudrais pas me faire avoir... Ça semble être un jeu important, je voudrais pas perdre au change. » Il sourit une ultime fois en remplaçant une mèche blonde derrière son oreille, acceptant sans mal le baiser qu’elle lui dérobe dans l’intimité de leur couple, celui-là même qu’il prolonge et à qui il répond sans la moindre honte ni retenue. “Laisse moi te promettre que la fatigue serait bien le cadet de mes soucis.” Il sait qu’il aura toujours bien assez de désir pour elle pour donner le change ; et Mabel le sait aussi, elle ne veut que l’entendre encore et encore. “Je suis certain qu’avec toi dans les parages, on ne pourra que fêter notre victoire.” Et il ne rigole qu’à moitié, finalement, parce qu’il sait par avance qu’elle sera la figure la plus importante pour lui autour du stade, sa famille et ses meilleurs amis ayant été abandonnés en Australie il y a déjà longtemps de ça.

Une petite voix lui dit qu’ils devraient commencer à se préparer ; une autre l’emporte pourtant lorsqu’il pose sa main contre le bas dos de la jeune femme pour la faire rouler avec lui sur le lit et la laisser se poser finalement par dessus lui alors qu’il se cale, allongé sur le lit. Déjà, ses mains retrouvent leur ancrage contre ses cuisses et ses lèvres près des siennes. “On a un temps de pause après le championnat. On pourrait aller quelque part. Ou se prendre quelques jours, là où tu auras ton prochain défilé.” Tant qu’il s’agit de Paris ou de Rome, disons. A son tour, les autres villes du monde ne l’intéressent pas vraiment.’Pourtant, il est déjà en train de négocier les autres termes du contrat, bien conscient qu’elle lui rend ainsi un service et qu’elle en attend un autre en retour. “Merci.” Elle n’a pas accepté de le suivre, du moins elle n’y a pas mis les mots, mais tous deux savent pourtant que c’est le cas.

« J'ai le droit à un petit avant-goût de la victoire ? » Il reprend un baiser de plus belle, sans répondre d’aucune façon à sa question pour autant. Ses gestes parlent sans doute d’eux-même, alors qu’il est pourtant tiraillé entre le besoin de quitter leur loft pour enfin se rendre sur le lieu du match, et l’envie omniprésente de passer quelques minutes de plus en la compagnie de sa petite-amie. Il sourit contre ses lèvres, fait remonter petit à petit ses mains le long de ses cuisses sans même s’en rendre compte. Le geste est aussi naturel que guidé par une envie partagée, après tout, et il ne s’arrête que lorsqu’elle rajoute à son tour quelques mots, et une nouvelle demande. « Tu me suivrais à New York ? » - “Pour y faire quoi ?” Elle n’a pas besoin de lui pour défiler, ce n’est pas comparable. Les défilés ne se font pas sur ses capacités physiques, sauf peut-être celle de marcher sur des talons toujours plus hauts. Il n’a même pas le droit de parler, dans le public, alors il en comprend d’autant moins l’intérêt. New York est à un nombre interminable d’heures d’avion, qui plus est, et le décalage horaire n’est jamais bon dans un entraînement sportif quotidien et sur un régime alimentaire strict. “Quand ça ?” A-t-elle un événement important, elle aussi ? Il voudrait bien lui dire qu’il l’accompagnera puisqu’elle en fait de même avec lui, mais au fond il sait déjà par avance qu’une demie heure de jet pour une coupe d’Angleterre n’est pas comparable à une dizaine d’heures d’avion pour un défilé, même un de ceux de Fashion Week. Elle ne gagne même pas de prix, Mabel.

Les baisers de Mabel gagnent son cou, véritable argument muet pour qu’il penche en sa faveur. Après tout, elle le connaît bien assez pour savoir comment le faire pencher en sa faveur, maintenant, elle y arrive presque toujours. « Si tu viens juste que là, j'accepterais même d'aller voir un match là-bas. De baseball, ou de football américain, ou de ce que tu veux. » Il sourit, cette fois-ci bien plus parce qu’il est amusé que pour les baisers en eux-mêmes. “Tu sais bien que j’ai pas le temps de prendre des vacances sur un autre continent, Mabe.” Même s’il serait heureux d’observer d’autres joueurs en vrai ; quand bien même les Etats Unis sont doués pour réinventer les règles du moindre sport que le pays touche de ses mains grasses et sales. “Et puis je verrai toutes les photos de toi sur les réseaux. Je peux au moins faire confiance aux photographes sur ce point.” Ils sont une véritable épine dans le pied le reste du temps, mais ils savent toujours comment mettre sa petite-amie en valeur, quand bien même il est d’avis qu’elle n’a pas besoin de ça, ni même de ces habits hors de prix qu’elle parfait un peu plus encore en les présentant. “Au moins, si je reste ici, ça m’assure ton retour.” Il reprend, amusé, comme s’il craignait véritablement qu’elle puisse décider d’un jour rester aux Etats Unis, que ce serait mieux pour sa carrière ou Dieu sait quelle idée encore. C’est ici qu’est sa place, auprès de lui, et maintenant cela semble être évident. “On pourra se prévoir des vacances, plus tard.” Rhett tente pourtant de temporiser, bien conscient qu’il ne lui donne pas la réponse qu’elle espérait. En s’y prenant assez en avance pour bloquer quelques jours communs, ils pourraient se retrouver sur une île ou une autre pour y être bien, rien qu’à deux.

« J'ai la Fashion Week à la fin du mois » Et il sourit. Parce qu’il sait que c’est important, même s’il ne comprend pas vraiment les défilés le sont. La Fashion Week, tout le monde connaît, même un rugbyman dans son genre. Ça prouve à quel point c’est important, sans doute. C’est important, mais surtout c’est à New York, apparemment. Il n’y a pas une Fashion Week juste à côté, à Paris ? Il est certain que si. Il est aussi certain que Mabel ne veut pas aller à Paris, justement parce que c’est juste à côté et que ça ne compte même pas, là où il se retrouve de son côté à faire des pieds et des mains pour se rendre simplement à cent kilomètres de là. Deux poids deux mesures, comme toujours. « C'est toi qui as dit que tu m'accompagnerais là où serait mon prochain défilé » Il se mord l’intérieur de la joue, pris à son propre jeu. “Oui, d’accord, d’accord. On ira à New York. J’en parlerai à mon entraîneur.” Et comme toujours, il finit par tout concéder à Mabel, parce qu’il l’aime, parce qu’il a aussi l’impression tenace qu’elle pourrait lui filer entre les mains à la moindre contrariété. Alors il se plie à ses demandes, et si cette fois-ci elle souhaite simplement prendre quelques photos de lui au Rockfeller center, alors soit.

Il commet un impair en confondant travail et vacances pour Mabel, sans que de son côté il ne s’en rende compte le moins du monde, encore trop occupé à se demander ce qu’il a bien pu faire de mal lorsqu’elle reprend une maigre distance avec lui. « Mais si les photos volées te suffisent... J'imagine que tu n'auras pas besoin de selfies » Sa remarque le fait sourire, et cette fois-ci il n’a étrangement aucun mal à comprendre tout le sous-entendu de ses mots, bien conscient d’être en couple avec une des plus belles femmes du pays. “Je pense qu’on peut négocier, quand même.” Il tente alors, amusé, ses lèvres déjà occupées à embrasser la peau juste sous sa clavicule. « C'est toujours si compliqué d'avoir des vacances ensemble... » Rhett se redresse et fait passer ses doigts entre ses mèches blondes, avant de laisser sa main s’échouer contre sa joue durant quelques secondes, une moue désolée imprimée sur le visage. “On trouvera, ne t’en fais pas.” Ils en ont bien besoin, l’un comme l’autre, alors ils arriveront sûrement à trouver un arrangement avec leurs emplois du temps impossibles.

Mabel retombe finalement au creux du lit et il en profite pour plutôt se relever et enfin commencer à se préparer, conscient qu’à ce rythme il finira uniquement par se retrouver en retard à Northampton - et ça signerait sans doute son arrêt de mort, une fois le match joué. « Tu voudrais aller où, si on arrivait à trouver des jours ensemble ? J'aimerais bien aller en Asie, j'ai rarement l'occasion d'y aller. » Ses yeux rivés sur la tonne de chemises blanches dans laquelle il s’apprête à piocher, Rhett hoche la tête, n’écoutant déjà plus qu’à moitié les mots de sa petite-amie. L’éminence du match l’a rattrapé. “Bien sûr, oui. Vois avec ton agente, on ira où tu voudras.” Et lui, il vérifiera s’il ne faut pas des vaccins supplémentaires pour ce genre de pays. Du reste, il s’en moque bien. Il est prêt à tout pour la rendre heureuse et à tout autant pour faire briller sa carrière, raison pour laquelle il ne tarde pas davantage avant de s’habiller et d’embrasser à nouveau Mabel au passage. “Je vais appeler pour savoir à quelle heure arrive le chauffeur. Et je te prépare un petit-déjeuner le temps que tu t’habilles, comme ça.” Il s’assure sa présence par tous les moyens, son ultime argument se résumant au sourire qu’il lui dédie dans l’intimité de leur couple.

« Je te promets de trouver du temps pour qu'on visite un peu la ville. » Il n’est pas un fan d’architecture ni de musées, ni même de quoi que ce soit qui s’apparente à des visites en ville, mais il hoche tout de même la tête, déjà assuré qu’il s’agit du meilleur compromis auquel ils pourraient arriver, de toute façon. Leurs vies sont bien trop différentes et leurs personnalités tout autant pour qu’ils puissent espérer mieux, alors il improvise un sourire et un hochement de tête. Des photographes se trouveront sur leur chemin, c’est certain. Il fera en sorte que le décalage horaire et la fatigue attenante se voient aussi peu que possible sur son visage ; les angles de vue ne leur rendant jamais véritablement hommage.

Alors, il sort de la chambre avec la douce impression de s’être fait avoir, comme d’habitude. Il demandait à ce qu’elle lui offre le bout d’une phalange et, en retour, il a donné le bras tout entier. Comme d’habitude. « Fais-moi juste un café, je suis sûre qu'il y aura de quoi manger dans la loge. » Et il hoche la tête sans se soucier davantage du sujet, lui et ses milliers d’oeufs ingurgités chaque jour. Mabel ne mange quasiment jamais et ils ne partagent des repas ensemble qu’au restaurant, habitude qui en est justement rapidement devenue une. Ce n’est pas comme s’il avait le choix, encore une fois. Il laisse la machine s’agiter dans son dos, son sourire déjà relevé pour la seule et unique raison du maillot qu’elle vient d’enfiler et qui lui donne l’impression erronée qu’elle a quelque chose à faire de son métier et de sa passion. Au bout du téléphone, on lui annonce que le chauffeur arrive dans quinze minutes à peine. « Le chauffeur arrive dans combien de temps ? » Il est un enfant qui l’observe avec un sourire en coin, l’impression d’être le roi du monde alors qu’il ne tient pas même la barre de sa propre vie. Mabel est occupée à faire son sac, il lui glisse la tasse de café devant elle. “Tu sais quoi ? Je suis sûr qu’il peut attendre.” Il lui énonce avec amusement, sa main retrouvant place contre la joue de sa jeune femme alors qu’il reprend leur dernier baiser là où ils l’avaient laissé. “Tu devrais défiler comme ça plus souvent.” Oh, si ça ne tenait qu’à lui, il lui dirait bien évidemment qu’elle pourrait (et devrait) défiler sans le moindre vêtement, mais il préfère encore que ce genre de spectacle lui soit réservé, pour des raisons plutôt évidentes. “Je t’aime.” L’amusement fait place à bien plus de sérieux, désormais, alors qu’il pose un instant son front contre le sien, s’estimant sincèrement être l’un des hommes les plus chanceux au monde rien qu’à l’idée de pouvoir être à ses côtés, et d’être aimé en retour.