Owen n’avait plus vu Greta depuis qu’elle lui avait donné rendez-vous à la salle de réception en début de soirée. Lui, s’y était rendu, comme convenu, mais elle, elle semblait avoir fait faux bon, il s’était montré patient, se disant qu’elle finirait par arriver tôt ou tard et que sans doute, elle avait croisé une connaissance sur le pont ou en sortant de sa cabine. La jeune blonde se faisait plutôt rare depuis le début de cette croisière et si le Wilson ne s’en faisait pas de soucis jusqu’à présent, c’est dès que le capitaine commença à balbutier des choses incompréhensibles et que tout le monde sur le pont se mis à courir dans tous les sens qu’il comprit qu’il devait à tout prix retrouver sa bien-aimée.
Le Narelle commençait à basculer à mesure que la tempête dehors frappait et que les vagues se déchainaient. Le pont était déjà couvert d’eau salée mélangé à la pluie, alors qu’à peine une demie heure plus tôt, la nuit semblait être étrangement calme et le ciel incroyablement dégagé. L’officier avait fait le tour des cabines, en vain. Il s’était pris trois coups de coudes, deux coups d’épaules et on lui avait marché sur les pieds une bonne dizaine de fois. Il ne comprenait pas où pouvait bien se trouver son épouse et avait, sans grande conviction, terminé sa course dans la cuisine. Et par chance, c’est bien la que la blonde s’était réfugiée. « Greta ! » fit-il s’approchant d’elle, alors que la demoiselle avait son chandail déboutonné. « Est-ce que tu vas bien ? » il posa ses mains sur ses épaules, l’observant, tentant de diagnostiquer si elle se portait bien, elle avait l’air chamboulée. « Que s’est-il passé ? Je t’ai cherché absolument partout… On ne peut pas rester ici. J’ignore ce qu’il se passe dehors, mais tout le monde devient complétement fou. »

Le buffet avait été gâché par une annonce déconcertante de la part de ce cher capitaine. Un homme avec une certaine prestance, qui semblait garder son calme même en annonçant à l’ensemble de ses passagers qu’ils étaient tous condamnés. Parce qu’il fallait rester lucides, la panique était générale et personne n’allait garder assez de bon sens pour faire équipe et trouver le crâne dont il parlait. Et encore fallait-il qu’il existe. « Est-ce que tu vas bien ? » « Tu es vraiment en train de me demander si ça va ? » Greta aurait juré l’avoir aperçu alors qu’elle se trouvait accompagnée de William, un homme charmant, maladroit mais extrêmement attentionné. Des qualités qu’elle n’avait plus réussi à trouver chez Owen depuis que leur mariage avait été gâché par des lettres reçues de gentes dames. Difficile pour elle de se sentir coupable de papillonner alors qu’il avait commencé à dévier. Le dernier baiser extra-conjugal de Greta ne lui avait pas échappé et le fait qu’il ait eu lieu avec le fils du concurrent direct des Sighbury, leur pire ennemi, l’avait mise dans une situation inconfortable. Owen savait, et aurait pu la dénoncer, elle se serait alors retrouvée reniée par sa famille. Alors, ce voyage, Greta l’avait proposé à son mari comme un mea culpa, comme une façon de le remercier et tirer un trait sur cette histoire. « Que s’est-il passé ? Je t’ai cherché absolument partout… On ne peut pas rester ici. J’ignore ce qu’il se passe dehors, mais tout le monde devient complètement fou. » Owen avait visiblement raté un chapitre et elle s'en voulait d'avoir été si sèche lorsqu'il lui avait demandé si elle allait bien. Il ne semblait pas questionner les boutons ouverts de sa tenue et heureusement pour elle car les apparences étaient contre elles. Pourtant, est-ce qu’un simple flirt pouvait encore être considéré comme de la tromperie à leur niveau ? Et, surtout, était-il réellement en train de s’inquiéter pour elle ? « Tu n’as vraiment pas entendu ? Moi, j’étais au buffet, là où le capitaine faisait son discours. Les bunyip sont là, dehors. Le seul moyen de se sortir de là, c’est de trouver ce fichu crâne… » En plongeant son regard dans le sien, Greta aurait juré que son mari était sincèrement inquiet pour sa femme. Le chaos ne permettait pas de s’attarder sur la situation et le moment était mal venu pour remettre leur mariage en perspective alors elle s’était contentée de se réfugier contre lui, parce que, pour une fois, alors que tout s’écroulait, qu’ils étaient sur le point de mourir, elle en avait besoin.

L’officier était on n’peut plus soulagé de retrouver son épouse, bien qu’elle avait l’air tout à fait déboussolée, la voir le rendait tout de suite plus serrin. « Tu es vraiment en train de me demander si ça va ? »  il eu un mouvement de recul, surpris de la manière dont elle venait de lui répondre, mais après tout, si elle savait ce qui était en train de se passer sur ce navire, finalement, il n’y avait rien d’étonnant à une telle froideur de sa part. Lui voulait avant tout se rapprocher d’elle, la prendre contre lui et sortir d’ici, sans pour autant savoir où ils pouvaient bien se rendre, ayant l’impression qu’ils n’avaient aucune issue possible, de toutes façons. « Tu n’as vraiment pas entendu ? Moi, j’étais au buffet, là où le capitaine faisait son discours. Les bunyip sont là, dehors. Le seul moyen de se sortir de là, c’est de trouver ce fichu crâne… »   La première remarque du blond était de se dire qu’il était bel et bien présent lors de ce discours mais qu’il n’avait à aucun moment remarqué la présence de sa femme. Et bien sûre qu’il avait compris ce que le capitaine avait dit, juste que son côté cartésien l’empêchait de croire de telles inepties, dans un premier temps. A présent, fort est constater qu’il n’avait pas d’autres choix que de le croire. « J’vais partir à la recherche de ce crâne, je suis sûre qu’avec quelques membres de l’équipage, on pourra y arriver rapidement… et que tout rentrera dans l’ordre. » croyait-il lui-même à son propre discours ? Commandant des armées, chef haut gradé, il avait l’habitude de devoir motiver ses troupes pour que jamais elles ne perdent le moral et n’aient d’autres but que la victoire, même si c’était pourtant perdu d’avance. A croire qu’il mettait aussi à exécution ses méthodes de guerre, sur ce bateau ici présent. « Tu dois aller te cacher, Greta. » il s’approcha d’elle, prenant son visage entre ses mains. « Il est hors de question que je te perde ce soir. » le bateau tanga et ils perdirent tous les deux l’équilibre, forçant le blond à se rattraper sur le plan de travail de la cuisine, là où un couteau était maladroitement posé, il se coupa la paume de la main avec la lame tranchante. « C’est pas vrai ! » souffla t il alors qu’il sentait la douleur s’emparer de lui. Il lui fallait quelques chose pour arrêter l’hémorragie, sa paume ne cessait de couler du sang et sa veste en était déjà bien recouverte.

Le mystérieux Otto l’avait traîné dans les fins fonds du bâteau et Greta avait tellement couru que son chemisier s’était ouvert. Ce n’était pas son léger flirt avec William qui l’avait mise dans cet état, Greta avait trompé, peut-être, mais avec des baisers uniquement. « J’vais partir à la recherche de ce crâne, je suis sûre qu’avec quelques membres de l’équipage, on pourra y arriver rapidement… et que tout rentrera dans l’ordre. » « Tu sais, papa a payé quelqu’un, un homme, grand et étrange, pour m’amener jusqu’à toi. Alors, tu devrais pas me laisser… » C’était finalement peut-être ce dont ils avaient besoin pour renouer, pour redonner un peu de forme à ce mariage qui coulait presque aussi vite que le navire : un naufrage d’une ampleur bien plus importante que le leur. Ils chaviraient depuis si longtemps que Greta avait presque les larmes aux yeux en prononçant ces mots parce qu’elle avait peur mais surtout parce qu’elle réalisait que son mari comptait pour elle. « Il est hors de question que je te perde ce soir. » Comment avait-elle pu ne pas se rendre compte que son mari était aussi romantique avant aujourd’hui ? « Tu ne me perdras pas, je ne te quitte plus moi. » avait-elle dit sincèrement. Où diable pouvait-elle aller alors qu’on avait payé des sommes astronomiques pour le rejoindre ?

Le bâteau les avait sortis de leur romantisme soudain pour venir faire trébucher Owen sur une lame. « C’est pas vrai ! » En constatant la blessure d’Owen, Greta, légèrement déstabilisée par la vue du sang, avait combattu ses propres peurs pour venir en aide à la seule personne sur ce fichu rafiot pouvant réellement lui venir en aide. La sauver des monstres, des éléments qui se déchaînaient, mais surtout, la sauver d’elle-même et de sa facheuse tendance à tout gâcher, incapable de profiter de ce qui comptait réellement. « Bouge pas, soldat. » avait-elle murmuré en enlevant maintenant totalement son chemisier déjà bien entamé pour en arracher un bout. Greta avait pris la main d’Owen, abîmée par les efforts de guerre, pour l’entourer du morceau de tissu. Spontanément, parce qu’elle avait décidé de se comporter en femme aimante pour la première fois depuis longtemps, elle était venue déposer un baiser sur sa main avant de relever son regard azur vers le sien. Lui souriait devant cette scène. « Il était déjà fichu, de toute façon… » Les bunyip seraient peut-être sensibles à la poitrine dénudée de la riche héritière, ils ne pouvaient pas en être sûrs. « Reste avec moi Owen. Il y a des tas de choses à faire quand on vit nos dernières heures… » Greta était pessimiste mais les scènes qui se jouaient autour ne permettait aucun optimisme. Alors, elle s’était approchée de lui et avait retiré sa veste. « Elle aussi, elle est fichue. » Ils ne trouveraient pas le crâne, ils étaient condamnés, mais le moment lui semblait parfait pour recoller les morceaux.

Le Wilson avait préféré pensé que dans un mouvement de foule, quelqu’un s’était aggripé à son épouse, ce qui aurait déboutonné son chemisier, plutôt que de se dire qu’à nouveau, elle lui aurait fait des infidélités. Le but de leur croisière était pourtant bien de tenter de raccrocher les wagons de leur histoire et il voulait se dire qu’elle avait fait autant d’effort que lui. Il en avait eu des tentations, à bord de ce bateau même, les femmes étaient toutes les belles les unes que les autres et toutes plus ravissantes. Certaines faisaient comprendre dans leurs attitudes qu’elles étaient célibataires et qu’elles avaient beaucoup d’espoir à l’issue de ce voyage. Trouver l’homme idéal, le prince charmant. Mais le blond avait scellé son futur auprès d’une seule femme. Son cœur lui appartenait, bien que son corps restait volage. « Tu sais, papa a payé quelqu’un, un homme, grand et étrange, pour m’amener jusqu’à toi. Alors, tu devrais pas me laisser… » le Wilson fronça les sourcils, se demandant de quoi elle parlait réellement. Qui était cet homme et pourquoi son père l’aurait-il payé ? Toutefois, il soulignait la bravoure et la loyauté du père Sighbury, sur qui il pouvait compter pour garder Greta auprès de lui. L’argent et la force, deux atouts indispensables.
Greta avait raison, c’était une mauvaise idée de la laisser retourner à leur cabine et qu’elle soit seule pendant que lui allait en expédition. Il n’était pas certain de la retrouver à nouveau et il était impensable à présent de la laisser filer et qu’elle se retrouve entre les griffes d’une créatures ou d’un homme qui voudrait s’emparer de son corps. « Tu ne me perdras pas, je ne te quitte plus moi. » Alors qu’il s’apprêtait à échanger un baiser avec sa femme, le bateau tangua et l’homme perdit l’équilibre.
La main en sang, il faisait pression contre celle-ci pour que le liquide rouge s’arrête de couler. « Bouge pas, soldat. » Il releva les yeux, sentant un frisson le parcourir alors que Greta l’appela soldat. Elle n’hésita pas une seconde à retirer son chemisier pour venir l’entourer autour de sa main, ainsi stoppant l’écoulement. « Il était déjà fichu, de toute façon… » la vision en plongée offert par la demoiselle à son mari lui fi esquisser un sourire, oubliant presque où ils étaient réellement et ce qu’il se passait en dehors de cette cuisine. « Reste avec moi Owen. Il y a des tas de choses à faire quand on vit nos dernières heures… » et il compris très vite là où elle voulait en venir… rapidement, la veste d’Owen aussi toucha le sol et ils se retrouvaient tous les deux presque autant dénudés l’un que l’autre. Le blond regarda sa femme, approchant ses lèvres pour lui offrir un baiser sulfureux, quand il se recula quelques secondes plus tard. « Non Greta, je refuse que ces heures soient les dernières, nous allons trouver ce crâne et nous allons le rendre à ces monstres pour que notre futurs soit paisible. Je n’ai jamais baissé les armes face à l’ennemie, je ne commencerait pas aujourd’hui. » il repris sa veste et la remis sur les épaules, se tournant vers la sporte de sortie. « Allons y ma bien aimée ! » et il se promis qu’après ça, il allait lui donner ce plaisir qu’elle réclamait à présent.

Son mari elle l’avait initialement choisi pour son physique car c’était finalement le critère le plus important pour elle avant de réaliser que la vie de couple ne se résumait pas à se regarder dans le blanc des yeux. Alors, les conversations étaient devenues confuses, ils ne se comprenaient pas et n’avaient pas les mêmes attentes dans la vie. C’était son départ pour la guerre qui avait eu raison de leur relation, mais comment lui rester fidèle quand il risquait la mort à chaque instant ? Là, devant ses yeux, Owen apparaissait comme un héros capable de survivre à une main tranchée et à continuer à la protéger sans même sourciller. « Non Greta, je refuse que ces heures soient les dernières, nous allons trouver ce crâne et nous allons le rendre à ces monstres pour que notre futurs soit paisible. Je n’ai jamais baissé les armes face à l’ennemie, je ne commencerait pas aujourd’hui. » Quel homme…  « Allons y ma bien aimée ! » « Penses-tu que je puisse sortir affublée de la sorte ? Regarde-moi, mon haut recouvre ta main et j’ai l’air d’une … d’une fille de joie ! » Greta aurait presque pu pleurer en prononçant ces derniers mots. Malheureusement, Owen était déterminé et déjà en train de sortir des cuisines pour se mettre à la recherche du crâne. En le suivant, elle se disait que les passagers penseraient peut-être que Greta était une danseuse exotique, avec sa longue jupe taille haute et son soutien-gorge apparent. Rien qu’une grande partie des hommes présents sur le bateau n’ait déjà pu voir, finalement. Soudain, la prise de conscience était venue la frapper plus fort encore que les vagues ne frappaient le bâteau. Alors, si sa vie était mise en jeu, il lui fallait prononcer tout haut ce qu’ils se cachaient depuis trop longtemps. « Je suis désolée, pour toutes ces tromperies. Des flirts, des embrassades, rien de similaire à la passion qui nous anime. » Le sourcil arqué de son mari signifiait sûrement que le moment était mal venu. Il avait ouvert la porte et les deux jeunes mariés s’étaient retrouvés nez à nez avec le capitaine possédé par elle ne savait quel démon qui avait sauté à la gorge d’Owen. Un cri strident était sorti de la bouche de Greta, qui, animée par cet amour renouvelé, avait attrapé le couteau pour blesser au visage celui qui les amenait tout droit vers leur perte. Il s’était dirigé vers des proies plus faciles et Greta, grisée par l’adrénaline, avait arraché le bas de sa jupe bien trop longue pour courir et avait suivi un Owen bien amoché jusqu’à la prochaine pièce où ils avaient commencé à chercher. Dans une male, Greta avait trouvé deux boussoles, une corde (loin d’elle l’idée de se pendre avant d’avoir consommé leur mariage) et des bonbons qu’elle avait commencé à manger frénétiquement.  « Je ne sais pas ce qui peut servir… je n’ai aucune idée de où chercher ce crâne. Je suis une bonne à rien ! » Et elle s’était définitivement mise à pleurer à gros sanglots.

Le soldat Owen était déjà déterminé à retrouver ce crâne et l’envoyer par-dessus bord, il savait que ce soir du 31 octobre 1946 ne serait pas le dernier soir de sa vie. Il avait vécu deux guerres – bien que la première, il était tout jeune – et il était hors de question que des monstres fous furieux viennent tuer tous les passagers du Narelle. Et il se promettait qu’il ferait arrêter toute personne qui se mettrait à travers son chemin et les complices de cette malédiction. Qui avait bien pu cacher ce crâne à bord de ce bateau ?  « Penses-tu que je puisse sortir affublée de la sorte ? Regarde-moi, mon haut recouvre ta main et j’ai l’air d’une … d’une fille de joie ! » il était partie, sans trop l’entendre, déterminé, il traversait les couloirs et comme si les parole de sa dulcinée arrivaient à retardement à ses oreilles, il s’arrêta un instant, regardant la poitrine généreuse de sa femme – un atout majeur qui avait conduit à signer ce contrat de mariage, vraiment – et il se pinça les lèvres, admettant que même l’urgence de la situation ne méritait pas qu’elle se pavane de la sorte. Il passa alors sa veste sur les épaules de la demoiselle, fermant d’un seul bouton celle-ci pour couvrir ses bigs boobs.  « je serai à mon tour bien moins dissipé ainsi. » gardant l’objectif en vue tout de même. Puis, il reparti d’un pas sûr, sans pour autant savoir où il mettait les pieds. Le mal de mer semblait lui aussi s’emparer de lui, mais il ne dit rien pour le moment, concentré.  « Je suis désolée, pour toutes ces tromperies. Des flirts, des embrassades, rien de similaire à la passion qui nous anime. » Le blond sourcilla un instant, se demandant si vraiment c’était le lieu et le moment, mais il compris qu’elle était encore dans l’optique de vivre ses derniers instants et qu’elle avait besoin d’être expiée de ses pêchers. Pas le temps de répondre que le couple se retrouva face au Capitaine. « recule, Greta. » fit-il sèchement, si quelqu’un devait l’affronter, c’était lui. Mais alors, le Capitain s’en pris au Wilson, lui sautant à la gorge, tentant de l’étrangler d’une force que personne ne pouvait repousser, même pas un haut gradé de l’armée Anglaise. La blonde s’approcha, un couteau à la main, prise pas l’adrénaline, elle fit fuir leurs assaillants. Owen fu tout impressionné et même excité par cette scène. Il ne regretta pas d’avoir couvert sa poitrine de sa veste, qui sait ce qu’il aurait pu faire après ça.
Se faufilant ensuite dans une pièce adjacente, ils fouillaient tout ce qu’ils pouvaient. Alors que la blonde semblait avoir trouvé des réserves sucrées, en quelques secondes, il n’y avait plus rien à partager avec son mari. Quel appétit. « J’ai une rame… » que pourraient-ils bien en faire sans le canot de sauvetage qui allait avec ?  « Je ne sais pas ce qui peut servir… je n’ai aucune idée de où chercher ce crâne. Je suis une bonne à rien ! » le soldat se retourna vers sa femme et la saisie par les épaules. « Tu m’as sauvé la vie Greta, tu nous as sauvé la vie, tu n’est pas une bonne à rien. » il la secoua même pour qu’elle reprenne ses esprits. « C’est impossible que ce soit ici, je suis sûre que nous devons descendre dans les cales… » il lui pris la main et alla à contre sens de tous les passagers, empruntant les escaliers qui menaient vers les accès interdit. L’eau montait et leur arrivait aux chevilles, puis aux mollets. « Attention ! » une créature nageait à leurs pieds, saisissant le tibia de la jeune femme de sa mâchoire acérée. L’homme pris sa rame et lui frappa le dessus du crâne à plusieurs reprises jusqu’à voir du sang se propager dans l’eau. « je l’ai eu ! » fit-il avant de se rendre compte qu’il s’agissait avant tout du sang de Greta…

Ils avaient échangé quelques mots avant de partir dans une course contre la montre.   « je serai à mon tour bien moins dissipé ainsi. » Il était un parfait gentleman et pensait a tout. « J’ai une rame… » Arquant un sourcil en se demandant un instant si cela était une métaphore maladroite, Greta l’avait laissé tenter de la rassurer. « Tu m’as sauvé la vie Greta, tu nous as sauvé la vie, tu n’est pas une bonne à rien. » Il avait raison : elle avait trouvé des bonbons pour les nourrir si les vivres venaient à manquer. Elle les avait tous dévorés, certes, mais l’accomplissement n’était tout de même pas des moindres. Les boussoles ne leur seraient probablement d’aucune utilité pour se diriger à bord, la corde elle, pourrait les aider à se hisser quelque part ou encore à descendre le long de la coque du bateau en cas de besoin. Malheureusement, rien dans les environs ne ressemblait au crâne qui pourrait les sauver. « C’est impossible que ce soit ici, je suis sûre que nous devons descendre dans les cales… » Il semblait sûr de lui et si elle avait douté de lui durant les dernières étapes de leur mariage, aujourd’hui, elle n’avait pas d’autres choix que de lui faire confiance. Elle le suivrait jusqu’au bout du monde. « Attention ! » Finalement, elle ne l’avait suivi que quelques mètres plus loin avant de constater que lui faire confiance n’était peut être pas une sage décision. Une vive douleur avait envahi sa jambe et pour une bonne raison : l’un des monstres l’avait mordu au sang. Le liquide rouge envahissait déjà les eaux de plus en plus hautes sur le bateau. « je l’ai eu ! » Trop tard, chéri. Greta déjà bien amochée par les événements était maintenant blessée et continuer à avancer lui semblait impossible. Tu vas devoir continuer sans moi… Étalée dans l’eau, Greta tenait sa main sur le front, persuadée de vivre ses dernières heures. Je t’aime Owen, je t’ai toujours aimé. Adieu mon am… oh ? Qu’est ce que c’est ? avait-elle demandé sans prendre le temps de conclure sa tirade et en brandissant un crâne que les eaux avaient amené jusqu’à eux. Haussant les épaules, Greta avait jeté le crâne dans l’eau qui continuait de s’écouler au rythme des mouvements du bateau. Qu’allait-elle faire d’un crâne alors que l’urgence était de soigner sa jambe et qu’ils devaient à tout prix trouver … Oh wait. Oopsie.

Greta avait un morceau de jambes en moins sous les yeux complètement écarquillés de son mari. Owen en avait vu des horreurs pendant la guerre, mais il ne s’agissait pas de sa femme. « Tu vas devoir continuer sans moi… » il n’eu pas de réaction de la part du soldat, il resta comme figé sans être capable de prendre une décision. Il avait l’impression que c’était peine perdu pour Greta, qu’elle allait se vider de son sang dans cette eau salée – qui devait terriblement lui faire mal d’ailleurs. Elle avait sans doute raison, il allait devoir continuer sans elle à présent et penser à sauver sa peau et celle des autres passagers, ceux qui n’étaient pas condamnés à une mort certaine, contrairement à Greta qui serait un boulet pour lui.  « Je t’aime Owen, je t’ai toujours aimé. Adieu mon am… oh ? Qu’est ce que c’est ? » Lorsqu’il avait entendu son prénom et surtout, sa déclaration, il eu un moment de culpabilité à l’idée de vouloir l’abandonner pour poursuivre sa quête. Mais quand Greta sortie de l’eau un crâne qui n’avait rien d’un crâne humain, il compris aussitôt de quoi il s’agissait. « Greta ! » il s’élança vers elle alors qu’elle avait déjà remis le crâne à l’eau, comme si elle n’avait aucune idée de la grosse erreur qu’elle venait de commettre. « NOOOON ! » fit il alors que le squelette avait déjà disparu et qu’il ne l’avait plus dans son champ de vision. « Mais QUELLE INCAPABLE ! » oh oui, peut être lui avait-elle sauvé la vie quelques secondes auparavant mais à présent, elle avait condamné la vie de dizaines de centaines d’autres personnes à bord de ce navire. Il plongea alors tête la première sous l’eau, bien qu’il aurait pu se fracasser le crâne à son tour au vue du peu de profondeur à ce niveau du bateau, mais il avait eu de la chance, il pouvait nager dans cette eau rougeâtre. Il revient à la surface de l’eau, bredouille dans sa recherche. « Tu as laissé s’échapper le crâne ! » fit-il, vert de colère.

Ces derniers instant l’avaient fait croire à une possible réconciliation entre eux, elle le regardait de nouveau avec les yeux d’une femme amoureuse et sentait apaisée à ses côtés. Aussi apaisée que pouvait l’être une dame au milieu d’un tel scénario. Son enthousiasme l’avait quittée au même moment que quelques centilitres de sang mais elle avait pris sur elle pour lui apparaître comme une femme forte qui méritait son amour. Pourtant, en un instant, elle lui avait fait oublier tout sentiment pour elle en laissant s’échapper le crâne de bunyip. Il avait décidé de s’énerver contre elle alors qu’elle avait laissé aller ses sentiments envers son mari. « Mais QUELLE INCAPABLE ! »Ses mots étaient plus douloureux que les crocs des bunyip, bien plus incisifs. Owen s’était plus énervé pour ce fichu bout d’os que lorsqu’il l’avait surprise en train d’en embrasser un autre et cela l’avait mise hors d’elle. « INCAPABLE ? Mais pour qui tu te prends ? Moi je ne t’ai jamais jugé d’incapable après tes piètres performances, je me suis contentée discrètement d’aller ailleurs. » Et toc, il allait falloir sauver le soldat Wilson après cet aveu. « Tu as laissé s’échapper le crâne ! » Et alors que l’adrénaline la faisait agir avant de réfléchir elle était à son tour descendue sous l’eau pour en sortir le sujet de leur discorde et elle en était sortie victorieuse. « Tiens le voilà ton foutu crâne, on se demande comment tu as survécu en temps de guerre. » avait-elle continué en commençant à tenter d’échapper à son mari avec la clé de leur sauvetage en main. Malheureusement, sous la colère, elle avait presque oublié qu’un bunyip avait entamé la chair de sa jambe et lorsque la blessure avait pénétré entièrement dans l’eau elle avait poussé un cri. De douleur mais de désespoir, elle venait de répondre sous la colère à Owen et il allait probablement maintenant être difficile de le convaincre et continuer à s’occuper d’elle. « J’ai mal… » avait-elle lancé dans un dernier cri de désespoir avant que l’eau ne l’engloutisse complètement elle et le crâne : Greta s’était par erreur retrouvée dans la chambre froide de la cuisine qui se trouvait un étage en dessous.

Le soldat avait été dur mais ses mots avaient largement dépassés ses pensées et il s’était laissé déborder par les émotions toutes plus confuses, les unes que les autres. Dans la peur d’un fin imminente, dans la précipitation du devoir qu’il s’était mis sur les épaules, comme si la survie de tous ne lui revenait qu’à lui. Il n’avait pas compris le geste de son épouse qui avait jeté ce crâne comme un vulgaire os qui n’avait aucune importance. « INCAPABLE ? Mais pour qui tu te prends ? Moi je ne t’ai jamais jugé d’incapable après tes piètres performances, je me suis contentée discrètement d’aller ailleurs. » Elle-même qui avait dit qu’on pourrait la prendre pour une fille de joie avec son chemisier autour de la main d’Owen, elle n’avait finalement pas besoin de ça pour l’être réellement. Qu’elle se donne tout le plaisir à aller voir ailleurs, maintenant, avec un membre arraché, elle n’avait plus qu’à se laisser vider de son sang et mourir, telle était sa destinée. Le commandant Wilson se disait qu’il n’avait surement rien de mieux à faire que de le laisser ainsi. « Vas mourir en enfer. » s’il le pouvait, il ferait attirer toutes les créatures vers elle pour leur donner en festin. Pour lui, à présent, tout était foutu. Jusqu’à ce que, comme par hasard, la blonde sortie à nouveau le crâne du Buniyp de l’eau. Combien y en avait il au juste ? Impossible que ce soit le même, si ? Et si elle était à son tour totalement envoutée ? « Tiens le voilà ton foutu crâne, on se demande comment tu as survécu en temps de guerre. » en allant au front et en tuant, voilà comment il avait survécu. Et il était prêt à le refaire s’il le fallait. « tu n’as aucune envie de le savoir ! Maintenant, donne-moi ça ! » fit il en s’approchant alors qu’elle tentait de fuir, ralenti aussitôt par la douleur de sa déchirure. « J’ai mal… » et Wilson n’eut pas le temps de se saisir du crâne que son épouse disparu devant lui. A son tour, il se retrouve totalement sous l’eau, sans aucun échappatoire, il sentie ses poumons se rétracter à mesure que l’air lui manquait. Alors qu’il se pensait à son tour perdu, il fut comme aspiré, pris dans un courant qui l’emmena, telle un tourbillon dans une autre pièce du bateau. Et quand les remous furent moins violent, il trouva, par miracle, un moyen de hisser sa tête hors de l’eau et de reprendre sa respiration. « Greta ! » qu’il hurla, se demandant si elle avait été aspirée de la même manière. Il plongea à nouveau dans l’eau glacée et nagea autant que possible, quand il remarqua une jambe et une demi jambe se débattre un peu plus loin. En quelques mouvement il réapparu à côté de sa femme. « Où est le crâne ? » qu’il fit, sans laisser l’opportunité à sa dame de négocier quoi que ce soit. « Tu vas mourir, Greta, donne-le moi, pour sauver les vies qui le méritent encore ! »

« Vas mourir en enfer. » Charmant. Si elle avait eu le temps de répondre elle lui aurait expliqué que l’enfer, ils étaient déjà en plein dedans. L’eau remplaçait les flammes mais les bunyip eux n’avaient rien à envier à Lucifer lui-même tant ils étaient effrayants. Des créatures indéfinissables, savant mélange entre plusieurs animaux en temps normal plutôt sympathiques mais qui, mixés de la sorte, donnaient une chose monstrueuse. Presque aussi monstrueuse qu’Owen. « tu n’as aucune envie de le savoir ! Maintenant, donne-moi ça ! » Il était amusant de l’entendre lui demander le crâne aussi sûr de lui, comme si elle allait lui obéir et s’exécuter. Greta n’était déjà pas du genre à accepter des ordres venant de son mari dans d’autres circonstances mais, à ce moment, elle l’était encore moins. Les eaux étaient déchainées, le bâteau ne cessait de tanguer et de se remplir à une vitesse folle et l’inévitable s’était produit. Greta avait été emportée et avait à peine entendu le cri d’Owen. « Greta ! » Il avait crié son prénom comme s’il était quelqu’un qui en avait quelque chose à faire d’elle. Lui aussi avait été aspiré dans les profondeurs à en juger ses cheveux mouillés et les quelques griffures sur son visage. « Où est le crâne ? » C’était donc pour cela qu’il criait, pas pour la retrouver et parce qu’il s’inquiétait, mais pour récupérer le crâne. Il était hors de question qu’elle le lui donne et lui accorde de ce fait la gloire d’avoir sauvé les passagers. « Tu vas mourir, Greta, donne-le moi, pour sauver les vies qui le méritent encore ! » « Ca fait déjà deux fois que tu souhaites ma mort mais le seul qui va mourir aujourd’hui c’est toi. » avait-elle dit avec un air supérieur, le crâne fièrement brandi dans les airs.   « Parce que je m’apprête à sauver tout le monde. Tout le monde sauf toi. » Greta avait déposé le crâne en lieu sûr cette fois et non pas dans l’eau et s’était agrippé à Owen pour retirer le bandage qu’elle lui avait fait. Elle était enragée et clairement plus efficace que les bunyip pour attaquer. Et, alors qu’elle se servait de son chemisier pour s’occuper de se faire un bandage de fortune à elle, en relevant les yeux vers son mari, Greta avait constaté avec effroi qu’un des monstres se tenait juste derrière lui, prêt à attaquer. La blonde avait attrapé le crâne et s’était mise à courir tant bien que mal dans l’eau, sans prévenir Owen du danger.

« Ca fait déjà deux fois que tu souhaites ma mort mais le seul qui va mourir aujourd’hui c’est toi. » deux fois sur ce bateau et peut être bien plus que ça en réalité. Car lorsque le commandant avait appris que sa femme l’avait trompé, il lui avait bien souhaité de mourir aussi sur le coup de la surprise et de la colère, seulement, il ne l’avait jamais dit explicitement. Il pensait qu’il était passé outre tout ça et finalement, dans une situation si dramatique que ce jour-là, tout lui revenait au visage et encore plus quand elle savait appuyer là où ça faisait mal. Laisser la blonde mourir ici ne lui faisait ni chaud ni froid, sa seule volonté était à présent de sauver sa propre peau et à vrai dire, si le Wilson avait pu, il serait parti seul loin de ce navire à la dérive. Mais les eaux profondes de l’océan Pacifique leur voulait aussi beaucoup de mal et s’il passait par-dessus bord, d’une manière ou d’une autre, il allait se faire dévorer pas les Bunyip qui n’attendaient que ça : que les passagers craquent chacun leur tour, pour se donner la mort et donc, se donner à eux. Hors de question pour lui. S’il devait jeter quelqu’un par-dessus bord, ce serait uniquement Greta. En tout cas, les ambitions de la blonde faisait rire Owen. Si elle pensait le tuer aujourd’hui, il se demandait par quel moyen, aussi infirme était-elle, elle pourrait bien s’y prendre. .   « Parce que je m’apprête à sauver tout le monde. Tout le monde sauf toi. » il ne pu s’empêcher de rire face à elle, tellement il la trouvait ridicule. Il s’approchait d’elle pour saisir le crâne qu’elle tenait encore contre sa poitrine presque dénudée. « T’es déjà en train de crever. T’as aucune idée de ce que tu peux faire. T’es qu’une bonne à rien, regarde toi. » c’est alors que la demoiselle s’aggripa à son mari pour lui retirer le bandage de fortune qu’elle lui avait fait à la main pour s’occuper de sa blessure irrécupérable. Elle avait fait preuve d’une force surhumaine et d’une telle rage envers lui, elle en avait été flippante. Sure qu’elle était possédée à son tour.
La demoiselle se mis à courir – ou sauter à cloche pied, selon le point de vue de chacun – en tournant le dos à Owen, s’éloignant avant le crâne contre elle. « Tu vas où comme ça ? » fit-il, bien trop sure de lui, il savait qu’en deux foulées il allait la rattraper et que cette histoire serait terminée une bonne fois pour toute, mais alors qu’il fit un pas en avant, il senti une pression dans son dos et sentie surtout une douleur vive et encore inconnue jusqu’à présent. Quand il se retourna, il vit un monstre avec un bout de chair entre ses dents acérées. Il avait dans sa gueule un bout de l’épaule d’Owen et il pouvait même y reconnaitre un de ses grains de beauté. L’homme se figea, incapable de bouger devant un tel effroi. Et alors qu’il s’apprêta enfin à faire un pas en arrière pour prendre la fuite, il vi le fond de la mâchoire de ce Bunyip à quelques centimètres de son visage puis, plus rien. Le nez, les yeux et la bouche d’Owen se retrouvaient broyer en quelques secondes, le corps de l’homme s’effondra au sol et ne servait plus que de dessert à ce monstre encore bien assoiffé de sang…