« Ca importe, mais ça ne change rien pour autant. » Non, effectivement, ça ne changeait rien à la finalité de toute cette situation mais de savoir que ce n’était pas pour les raisons qu’il avait gardé en tête qu’Ambrose avait agi de la sorte importait pour Damon. Ce vers quoi ils tendaient ne changeait pas, mais de savoir qu’il n’avait pas été qu’une marionnette aux yeux du brun et qu’il y avait eu du vrai dans sa façon d’être et dans ses intentions avec lui changeait tout en réalité. L’italien avait trop pris l’habitude de se plier à d’autres volontés, d’être manipulé pour que des fins puissent arriver - et souvent, sans que ces dernières ne lui soient profitables au passage - qu’il oubliait parfois, malheureusement, que certaines personnes ne faisaient pas ça pour ça, justement. Certains avaient réellement des intentions louables et pouvaient s’intéresser à lui pour celui qu’il était et non pour tout ce qu’il pouvait représenter. Certes, une grande partie de Damon s’était accroché à cette idée pour ne pas se morfondre dans un état second quant à ce que pouvait avoir Ambrose en tête depuis le début, mais il avait préféré la mettre de côté pour ne pas avoir de trop gros faux espoirs. Arrivé en bout de course, il s’apercevait qu’il n’était peut-être pas celui qui s’était enfoncé le doigt dans l’oeil, mais qu’en plus pour une fois qu’il n’était peut-être pas celui souffrant le plus de tout ça. Car s’il sentait son coeur se prendre les retours de flammes avec puissance augmentée, il pouvait voir qu’il n’était pas le seul à qui ça arrivait. Ils avaient tous les deux eu les cartes en mains à un moment donné pour anticiper la finalité de tout ça, mais avaient tous deux également préféré n pas les utiliser correctement, ne pas les regarder comme il aurait fallu. Cela ne réparerait pas les dégâts causés par cette finalité, mais savoir qu’Ambrose ne l’avait pas utilisé importait; qu’importe ce que ce dernier avait à en dire au passage.

Même si ce dernier n’arrivait pas à voir qu’ils partageaient finalement la même déception dans le regard. « C’est bon, c’est bon. J’ai compris. » Refermant doucement la bouche, Damon pinça ses lèvres en une ligne fine. Il avait peut-être compris, mais ce n’était pas ce que donnait comme impression l’atmosphère qu’il dégageait. Ambrose fuyait, cela pouvait se voir dans le moindre de ses traits - mais Damon ne pouvait en aucun cas lui en vouloir. Les mots qu’il avait prononcé n’étaient pas de ceux faciles à entendre, faciles à recevoir. Ils n’étaient en rien plus simples à émettre, mais une fois qu’ils étaient échappés ils ne représentaient plus ce poids sur le coeur et les épaules de l’italien. Ces derniers s’accrochaient désormais à l’homme face à lui, à celui qui lui glissait entre les doigts; à celui qu’il était en train d’abimer alors que de tout son coeur cela n’avait jamais été son intention en aucun moment. « Je vais me rasseoir. » Et alors qu’il était résigné à s’échapper à cette conversation, Ambrose ne pourrait jamais voir que ce n’était en rien l’intention de Damon que de le voir se sous-traiter à l’équation pour ne pas être davantage affecté par ce qui était en train de se passer. Il ne verrait jamais que l’italien avait tendu la main pour tenter, dans un premier temps, de le retenir pour laisser sa paume retomber mollement la seconde suivante - il n’avait pas le droit d’agir de la sorte. Il n’avait pas l’autorisation de lui faire encore plus de mal simplement pour palier à des faiblesses de son côté. Rose lui avait dit de façon explicite et peut-être qu’il entrapercevait une certaine vérité en cet instant: il était égoïste. Qu’importe la façon dont ce trait de caractère pouvait ressortir chez lui, il était égoïste de faire passer ce que son propre coeur pouvait ressentir au détriment de ce que celui de l’australien était en train d’expérimenter. Soupirant alors longuement, toujours assis sur le toilette et la porte s’étant refermé à la suite du départ d’Ambrose, Damon plongea son visage dans ses paumes. De toutes les versions de cette situation, celle se déroulant sous ses yeux était de loin la pire des combinaisons de possibilités. La finalité était inévitable, mais les blessures qu’ils s’étaient malgré eux infligées auraient pu l’être, elles. « Bordel de merde, merde, merde. » Il avait murmuré pendant plus d’une minutes des mots de cette nature là, en rien appropriés pour les oreilles mais libérateurs de la frustration accumulée à l’intérieur de lui. Surtout que le plus dur était surement à venir: si Ambrose venait clairement de lui faire comprendre qu’il ne souhaitait pas continuer de l’avoir dans le paysage, au moins pour le moment, ils allaient tout de même devoir supporter la présence de l’autre le temps de terminer le vol et d’atterrir en Australie. Alors, dans un mouvement quelque peu rageur, Damon essuya d’un revers de la main les larmes qui s’étaient faites leur place naturelle sur ses joues avant de sortir des toilettes de l’avion - à en juger par les regards qui lui étaient portés, il en avait énervé plus d’un à mettre du temps à ressortir. Tant pis: il n’en avait que faire en cet instant. Ce fut donc sans grand entrain qu’il retrouva, à son tour, sa place assise aux côtés d’Ambrose. Il ne put s’empêcher de laisser son regard se poser un instant sur lui - il n’aurait pas du, c’était encore pire qu’avant qu’il ne sente de nouveau sa présence à ses côtés. Comment était-ce possible de s’attacher aussi facilement aux gens, de leur faire autant de mal et de souffrir à son tour par la suite ? Comment était-ce possible surtout de répéter les mêmes erreurs encore et encore et de subir les mêmes situations plusieurs fois d’affilé ? « Pour ce que ça vaut: je suis désolé. » Il avait murmuré ses mots du bout des lèvres, sans réussir à remonter son regard vers Rose, juste avant de poser son casque sur ses oreilles et de mettre la musique à fond. Peut-être qu’en s’abrutissant il réussirait à oublier à quel point il était un idiot qui ne savait faire que des mauvais choix; et surtout qui ne savait faire autre chose que de blesser les personnes qui finalement ne lui voulaient que du bien.