S’il existe bien une certitude dans ce monde, c’est que Charlie ne gagnera jamais l’award de la meilleure amie. Elle n’est pas très douée dans ce rôle, pas même pour prendre des nouvelles, surtout pas pour mettre son ego de côté lorsqu’une dispute émerge. Pourtant, elle le jure: malgré les apparences, elle fait de son mieux. Elle tient à ses proches, elle tient à ceux qui ont un jour eu une place près d’elle, qu’ils y soient encore on s’en sont éloignés. Peu importe. Elle y tient. Ainsi, Sienna fait partie de ces gens là. Elle la connaît simplement, sans montagne russe émotionnelle, sans grand événement. Une amitié simple, naturelle, née au fil du temps, qui a grandi avec elles - et ce même si elles ne se connaissent que depuis quelques mois à peine. La longévité n’a aucune importance aux yeux de Charlie, elle n’y prête aucune attention et se concentre uniquement sur ce qui lui importe: le bien être de son amie. Maintenant qu’elle a elle-même appris à encaisser la nouvelle de la maladie de sa fille, elle peut enfin relever la tête et se concentrer de nouveau sur le monde qui l’entoure, sur ses amis.

Ainsi, à défaut d’avoir davantage de nouvelles de la part de son amie, la policière décide tout simplement de prendre les devants et de mettre les deux pieds dans le plat, comme c’en est une habitude chez elle. Disons simplement qu’elle sait qu’il existe le noir et le blanc, mais qu’elle ignore plus largement qu’il en existe surtout une infinité de nuances. Aujourd’hui, elle a décide de mettre un terme à ce silence, et cela ne peut pas passer par quelques sms ou un appel, non, bien sûr. C’est comme ça que la blonde se retrouver à sonner à la porte de son amie, un sourire déjà accroché aux lèvres, ses bras remplis de bonbons en tout genre et de pâtes instantanées, si jamais ô grand jamais elles décidaient de cuisiner de la grande gastronomie. “Sienna, c’est moi, je -...” Et ce n’est pas Sienna qui lui ouvre la porte, loin de là, mais ce n’est pas une mauvaise nouvelle pour autant. Son petit-ami fait partie intégrante de sa vie, et il a tout de même le droit au sourire qui reste celui de la jeune policière, tout aussi heureuse de le voir bien qu’il ne soit pas son but premier. Au moins, il lui ouvre la porte et l’informe que la brune est bel et bien dans l’appartement, ce qui évite à Charlie d’être éconduite par manque d’envie de voir qui que ce soit de l’extérieur, ou Dieu sait quelle autre excuse de personne introvertie. “Sienna ? Je t’ai aimené de quoi te nourrir pendant l’intégrale de Twilight.” Pas qu’elle propose de regarder Twilight, mais si vraiment son amie insiste, alors elle le ferait, pour lui faire plaisir et rien d’autre, bien sûr. “Enfin, c’est pas contre indiqué ? Si ça l’est, ça sera pas périmé avant 2027 de toute façon, et on pourra passer outre ma bourde.” Elle s’arrête finalement en plein milieu du salon, incertaine que la brune ait le droit de manger des bonbons après son opération - non pas qu’elle n’y connaisse rien en médecine, mais oui, elle n’y connaît rien. C’est bien pour ça qu’elle appelle les pompiers sur les opérations qui le nécessitent. “Enfin, sauf si Léo mange tout avant.” Elle finit par statuer, un regard amusé en direction de son petit-ami, lui qu’elle observe déjà se rapprocher de Sienna, Charlie étant de son côté déjà prête à fondre de tendresse pour si peu.

@sienna marling

Ca fait des semaines que Sienna fait la morte. Ses SMS sont en suspens, elle y réponds à peine ou bien pas du tout. Elle ne s'est plus connectée à ses réseaux depuis une éternité et son téléphone peut bien sonner, elle ne réponds jamais. Seules ses conversations avec ses amis Français continuent de la garder hors de l'eau. Ils lui manquent tellement. Elle n'en dit rien, prétexte à Léo que les avoir laissé loin ne les empêchera pas de se retrouver, mais elle n'y croit guère. Elle a même peur de perdre Chloé, sa si chère Chloé qui est si proche d'elle depuis tellement longtemps. En même temps, elle ne fait guère d'efforts pour conserver une quelconque relation que ce soit. Alors, quand on tape à la porte, elle ne s'attends pas à ce que ce soit quelqu'un pour elle et ne réagit pas, plongée dans sa lecture du moment. Lire la déconnecte du monde, comme si elle n'en n'était pas assez déconnectée comme ça. Elle reconnaît aussitôt la voix qui prononce son prénom et tourne le regard en direction de la porte d'entrée, le fauteuil sur lequel elle s'est enfoncée lui tournant le dos. "Charlie, quelle bonne surprise! Entre!" et voilà Léo qui ouvre grand la porte, jetant un regard à Sienna qui semble dire une journée où tu ne seras pas toute seule! et Sienna regarde la jeune femme sans trop réagir, ne sachant quoi dire sous la surprise. Elle ne sait pas vraiment si elle est heureuse ou pas de la voir. Elle est embourbée dans une espèce de mélasse qui anesthésie la plupart de ses sentiments. Mais un sourire s'affiche sur son visage face à l'enthousiasme de Charlie, qui propose instantanément des bonbons et l'intégrale de Twilight, avant de se figer au milieu du salon, réalisant qu'avec son ulcère à l'estomac, le sucre n'est peut-être pas l'idéal. "Tant qu'elle n'abuse pas, ça devrait le faire!" réponds-il en lançant littéralement un des paquets de bonbons sur Sienna, qui l'attrape au vol en riant. De toutes évidences, leur complicité est toujours intacte. En fait, de l'extérieur, il est difficile de se douter que ça ne va plus entre tous les deux. La jeune femme se lève enfin, dévoilant un ensemble jogging trop grand pour elle et ses cheveux rapidement attachés en une queue de cheval. "Désolée pour la tenue, j'avais pas vraiment prévu de voir du monde..." fait-il tout en déposant son livre sur la table basse. "Je suis bien content que tu ne puisses pas faire l'ours des cavernes." dit Léo, prononçant les derniers mots en Français, rappelant ainsi ses origines. Sienna sourit et le jeune homme vient remettre avec tendresse une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille. Puis il dépose un baiser appuyé sur son front. Ca a toujours été sa marque d'affection et celle que Sienna a toujours préféré. Elle avait réellement gâché une belle histoire d'amour. Mais elle était incapable de penser à réparer les morceaux, encore moins depuis qu'elle l'avait recroisé, lui, alors qu'elle était hospitalisée. "Je dois filer et je suis très jaloux de votre marathon!" fait Léo avant de saluer Charlie, la remerciant de sa visite et de sortir de la maison. "C'est chouette que tu sois passée. Je sais que je fais un peu la morte ces temps-ci..." commence Sienna alors qu'elle s'enquiert d'aller récupérer un grand saladier pour y mettre les bonbons à l'intérieur. "Team Jacob!" fait-elle en invitant Charlie à s'installer sur le canapé avec elle, signalant qu'elle accepte de voir une série de films qu'elle n'a plus revu depuis leur sortie.

"Tant qu'elle n'abuse pas, ça devrait le faire!" Léo arrive rapidement à sa rescousse pour la tirer de ce mauvais pas, et elle le remercie d’un sourire plus grand (et surtout soulagé) que jamais en sa direction. Il fait à son tour rire Sienna, et ça suffit pour attendrir la jeune policière, à qui ces scènes de vie manquent largement. "Désolée pour la tenue, j'avais pas vraiment prévu de voir du monde..." - “J’avais pas prévu de t’amener à la Fashion Week, on va s’en sortir.” Tout ça pour dire qu’elle se moque bien de la façon dont elle est habillée ou celle dont elle est coiffé, et sans doute qu’elle pourrait lui faire l’historique du nombre de personnes qui viennent au commissariat en pyjama pour la faire dédramatiser de son propre état. En d’autres termes, peu importe. C’est son amie qu’elle veut voir, pas cette fameuse robe qu’elle aimerait bien lui voler - et dont elle l’a déjà prévenu à ce sujet, d’ailleurs. Ses propos se retrouvent une fois de plus appuyés par son compagnon, lui qui ajoute une infinie tendresse à son ironie alors qu’il dépose un baiser sur le front de Sienna et que Charlie se contente de déposer ses affaires dans un coin de la pièce, leur laissant un semblant d’intimité.

"Je dois filer et je suis très jaloux de votre marathon!" Qui ne le serait pas face à la vue d’un Robert Pattinson couvert de paillettes cheap ? C’est évident qu’il est jaloux de leur programme, oui, bien sûr. Une fois la porte refermée et Léo déjà loin, c’est Sienna qui reprend la parole. "C'est chouette que tu sois passée. Je sais que je fais un peu la morte ces temps-ci..." - “Oh vraiment ? J’avais pas remarqué, tiens.” Charlie accuse à son tour, sans que les mots ne cherchent à faire naître un quelconque débat: c’est justement parce qu’elle fait la morte qu’elle se retrouve auprès d’elle maintenant, mais ce n’est pas pour autant qu’elle veut entamer une dispute avec elle ou lui en tenir rigueur plus que de raison. Sienna sait qu’elle n’a pas agi au mieux, c’est déjà bien suffisant, et cela ne servirait donc à rien de l’accabler. "Team Jacob!" - “Team Jasper.” Il ne compte pas dans les deux seules team autorisées, certes, mais c’est justement parce qu’elle est policière que Charlie a ce sérieux penchant pour transgresser les règles. Elle adore ça, plus que bien d’autres choses en ce monde. “En plus, faire la morte ça attirerait même pas les vampires. Tout le monde sait qu’ils préfèrent la chaire fraîche.” De ces mots plein de sous-entendus, elle décoche un regard à Sienna, avant de se rapprocher du canapé pour qu’elles y prennent place.

Tout en commençant à mettre en place leur projection improvisée, Charlie s’assure aussi que les choses changent peu à peu pour le mieux en ce qui concerne son amie. "Ça guérit bien ?” Demande-t-elle tout en désignant son estomac, pour s’assurer qu’elle comprenne bien ce dont elle veut parler. En ce moment, tout semble être un peu difficile pour Sienna, mais en plus d’avoir un petit-ami doux et affectueux, Charlie veut aussi qu’elle comprenne qu’elle peut répondre présente, au besoin, en serait-ce pour lui changer les idées.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Sienna n'attends pas de visite de la part de qui que ce soit. Au contraire, même. Comme quasiment tous les jours depuis son arrivée à Brisbane, elle est enfoncée dans son fauteuil, le visage caché derrière un livre. Léo s'apprête à partir au travail, inquiet, comme toujours, de la laisser seule, mais sans avoir d'autre choix. "Penses au moins à manger un morceau, ok? A tout à l'heure." Elle lui promet d'un signe de tête, sachant pertinemment qu'elle va probablement oublier: quand on ne fait pas grand chose de ses journées, l'estomac crie peu famine. Elle a perdu du poids, c'est vrai. Il faut qu'elle fasse attention. Mais alors qu'elle pense retourner dans le monde fictif dans lequel elle se réfugie actuellement, on frappe à la porte. Léo ouvre et accueille avec enthousiasme Charlie, qui a les bras chargés de bonbons et qui semble déterminée à lui faire regarder l'intégrale de Twilight. Sienna ne sait pas trop comment réagir au début, mais devant son amie et Léo qui semblent tous les deux ravis de cette opportunité, elle se laisse contaminer par l'enthousiasme de Charlie. Plus jeune de quelques années, Sienna la trouve attachante depuis leur première rencontre, sans trop pouvoir en expliquer la raison. Elle attrape un paquet de bonbons que Léo lui lance, puis invite Charlie à s'installer avec elle. Va pour l'intégrale de Twilight, après tout, pourquoi pas! Elle lance un team Jacob, tandis que Charlie réclame un team Jasper. Sienna réfléchit un instant. "Ah, oui, le vampire aux cheveux clairs qui a toujours peur de pas se contrôler, c'est ça?" devant l'air un peu hébété de son amie, Sienna fait une petite moue d'excuse. "La dernière fois que j'ai vu les films, c'était à leur sortie. J'avais dix-neuf ans, ça fait un bail! Je me sens vieille." continue-t-elle en riant. "J'étais avec mes potes de l'université, à l'époque... et ma meilleure amie. Elle était complètement à fond sur un des loups-garous... Sam, je crois?"[/b] Ce sont des vieux souvenirs, mais ça fait plaisir de revenir dessus. Elle venait tout juste de rencontrer Chloé et elles ne s'étaient plus jamais quittées depuis. Chloé... qu'est-ce qu'elle lui manque, bon sang. Il faudra qu'elle pense à lui téléphoner, ça fait quelques semaines qu'elle n'a pas entendu sa voix. "Chloé serait super jalouse de savoir que j'ose regarder une de ses saga préférées sans elle." Sienna dit ça sur le ton de la plaisanterie, bien entendu. Chloé sait très bien qu'elle n'a rien à craindre question amitié. En tous cas, elle est rassurée que Charlie ne lui en veuille pas. La jeune femme lui fait remarquer, amusée, que faire la morte n'attire pas les vampires, qui préfèrent le sang frais. Sienna se met à rire. Ca fait du bien de rire."Je te laisse les vampires, c'est pas trop mon truc. Être humaine, c'est déjà bien assez compliqué. En plus, je suis sûre que je serais incapable de manger qui que ce soit, je suis beaucoup trop gentille pour ça. Tu me diras, certains dans Twilight sont végétariens." A entendre les filles, on croirait à une discussion tout à fait sérieuse sur les moeurs de ces créatures de la nuit. Après tout, le cinéma, c'est du sérieux quel que soit le style, non? Tandis qu'elle s'installent correctement et que Sienna cherche sur son pc où elles peuvent streamer le premier film de la saga pour commencer, Charlie demande si l'estomac de son amie va mieux. "C'est toujours douloureux par moments, mais beaucoup moins. J'ai bien fait peur à Léo quand je suis tombée dans les vapes en pleine nuit... j'en menais pas large moi non plus dans l'ambulance, tu me diras." En croisant le regard de Charlie, qui semble attendre un peu plus d'informations, la petite brune continue. "Ce qui s'est passé en fait, c'est que j'avais mal depuis des jours. Mais j'ai rien dit à Léo, il est déjà tellement inquiet parce que je ne sors pas de chez nous... Enfin bref, en pleine nuit, il y a quelques jours, une douleur horrible m'a réveillée. Léo est allé dans la salle de bains tout en appelant les urgences, pour me préparer une serviette humide à poser sur mon front, parce que j'étais brûlante de fièvre... j'ai essayé de me relever, va savoir pourquoi et j'ai perdu connaissance à peine le pied posé par terre. Je me suis réveillée dans l'ambulance, j'ai paniqué, j'ai dû être mise sous calmants. Quand je me suis réveillée de nouveau, j'étais sur un lit d'hôpital, perfusée et tout le bazar." Sienna fait un sourire rassurant à son amie. "Plus de peur que de mal, finalement. Un ulcère à l'estomac se guérit très bien si on fait attention. Ca m'apprendra à ne rien dire quand je me sens mal." La jeune femme clique sur un lien qui menait à un site de streaming que Léo utilisait régulièrement et un onglet présentant le film s'ouvre. Sienna se relève, allume la télévision et fait un rapide réglage pour que le navigateur s'y affiche. "Tu sais que je l'ai vue toute en Français, cette saga? J'étais à Paris, à l'époque. On a des VOST facilement au cinéma là-bas, mais mes amis n'étaient pas très à l'aise avec les sous-titres, du coup on a regardé les VF. Je n'ai aucune idée d'à quoi ressemble leur voix d'origine!"

"Ah, oui, le vampire aux cheveux clairs qui a toujours peur de pas se contrôler, c'est ça?"
“C’est pas son meilleur angle, ça.”

Charlie reprend dans un rire, sans pour autant nier que ce soit effectivement lui l’homme en question, parce que c’est justement la description qui lui correspond le mieux. Elle passe outre la plastique, qui est particulièrement au goût de la jeune policière, mais soit. Peu importe, sans doute ; les films ne sont qu’une excuse pour occuper un peu Sienna et la sortir de sa routine qui n’a sans doute rien de saine ni de revigorante, d’amusante. "La dernière fois que j'ai vu les films, c'était à leur sortie. J'avais dix-neuf ans, ça fait un bail! Je me sens vieille." La blonde se garde bien de souligner à son tour l’âge qu’elle avait au moment de la sortie du film en question, justement parce que cela n’aiderait pas Sienna à se sentir un peu moins vieille, et bien au contraire. “C’est le genre de calcul qu’il faut jamais faire, voyons.” Surtout, qu’elle n’ose pas se demander quel âge elle avait à la sortie de Titanic, et quel âge a le film aujourd’hui. C’est le genre d’idée qui mettrait un coup au moral, sans nul doute, mais pour l’heure Charlie est un peu trop occupée à lui donner des conseils avec un sourire en coin pour se laisser happer par une quelconque mélancolie ou grisaille. Face à ses anecdotes d’université, Charlie reprend avec entrain. “Et maintenant on crush sur nos collègues, c’est un peu moins fantastique.” Pour une fois, elle ne parle pas d’elle, mais se contente de faire une généralité du monde adulte, sans doute un peu trop raccourci mais peu importe. Cela n’implique pas le moindre vampire, ni même loup-garou, et seulement un connard de temps à autres. Alors oui, ça vend un peu moins du rêve, mais c’est aussi le monde réel. “Tu mangerais des écureuils comme Edward. Tu commanderais uniquement des tartares au restaurant.” Elle se moque avec tendresse de la personnalité de Sienna et du fait que, effectivement, elle aurait du mal à aspirer tout le sang du premier humain venu. Même si elle choisissait un prisonnier, elle serait sans doute incapable de le tuer, parce que ce serait retirer une vie quoi qu’il en soit.

Sur un ton bien plus sérieux cette fois, Charlie recentre la conversation sur la santé de son amie et sur son rétablissement, dont elle veut s’assurer qu’il soit aussi simple et rapide que souhaitable. “C’est pas de ta faute, de toute façon. Ça aurait pu arriver à n’importe qui.” Et n’importe qui n’a pas un petit-ami à ses côtés pour la conduire jusqu’à l’hôpital après être tombé dans les pommes, aussi, raison pour laquelle Charlie sourit désormais tendrement. Ils se sont bien trouvés, et il a été là pour elle, plus que jamais, au bon moment. Il a su avoir les bons gestes à son égard, quand bien même ce n’est pas un gant froid sur sa tête qui aurait pu la soigner : il a fait avec les moyens du bord, avec la peur viscérale qui devait être la sienne à ce moment précis. "Plus de peur que de mal, finalement. Un ulcère à l'estomac se guérit très bien si on fait attention. Ça m'apprendra à ne rien dire quand je me sens mal." - “T’arrives à travailler depuis chez toi ? Je veux dire, le temps te semble pas trop long ?” Elle guérit vite, certes, mais cela demande toujours plusieurs jours et semaines avant qu’elle ne retrouve totalement la santé, ce que Charlie ne peut que lui souhaiter. Ce n’est qu’une fois en forme à nouveau qu’elle pourra recommencer à sortir avec Léo et vivre la vie qu’ils méritent, ensemble. “Tu as ton infirmier à domicile, au moins, c’est déjà ça.” Elle reprend dans un sourire, ne doutant pas un seul instant que Sienna sait utiliser ce nouveau rôle à son avantage, parfois.

Devant elles, la page du film s’ouvre finalement et pousse Charlie à s’enfoncer dans le dossier du canapé, les yeux rivés sur l’écran alors que Sienna lui annonce avoir regardé toute la sage en français ? “Alors c’est comme si tu l’avais pas vraiment vu: on va être obligées de se refaire tous les films, mademoiselle Marling.” Elle ne comprend pas le principe de doubler des acteurs pour en remplacer leur voix d’origine, mais peu importe. Ce n’est pas le sujet, pas le problème non plus. “Mais dis moi, t’as jamais pensé retourner à Paris ? Ca plairait à Léo, peut-être, ce genre de voyage ?” En vérité, à qui est-ce qu’un voyage à Paris pourrait sincèrement déplaire ? C’est la ville de l’amour, et quand bien même Charlie ne la connaît qu’à travers des reportages et réseaux sociaux, elle en a fait un véritable rêve et ne trouve pas meilleure destination de couple. “Je suis sûre que ça pourrait être un super cadeau de l’un à l’autre pour fêter ton plein rétablissement.” Ce ne serait qu’une excuse, en réalité, mais elles sont sans nul doute toutes bonnes à prendre, le moment venu. Finalement, Charlie continue d’attendre la réponse à sa question tout en donnant toute son attention au film se lançant peu à peu sous ses yeux, le filtre bleu étant toujours hideux, même après toutes ces années: hideux, et parfaitement risible aussi, ceci dit. “Un jour, je suis sortie avec une fille qui était le portrait craché de Kristen.” Elle annonce sans que ces mots ne trouvent aucune suite, ses doigts occupés à ramener près d’elle tous les bonbons qu’elle trouvera. Parfois, Ariel lui manque. D’autres, elle se souvient qu’elle est bien mieux ainsi, pleinement célibataire, à ne papillonner qu’autour de Jo - et elle est un assez gros morceau pour demander toute la patience qu’est celle de Charlie.

Sienna a toujours aimé la présence de Charlie, en tous cas, elle a aimé tous les moments qu'elles ont passé ensemble. elle est drôle et a la fraîcheur de sa jeunesse. pas que Sienna soit spécialement vieille, trente-trois ans c'est pas la retraite non plus, mais la vie lui en a fait baver, alors parfois, elle a l'impression d'avoir vécu beaucoup plus que ça. en soi, Charlie fait ressortir en elle un côté un peu grande soeur. elle se montre moins vulnérable face à elle, pas par manque de confiance, bien qu'elles ne soient pas (encore) les meilleures amies du monde, mais pour la protéger. et ça lui fait du bien, parce que parfois, elle se plaît à croire que ça ne va pas si mal, dans son cerveau tout cassé. c'est mieux que rien. alors que Charlie propose de regarder la saga Twilight, elle accepte, après tout pourquoi pas? et elles discutent tandis que le film se lance. elle sourit à la réflexion de la jeune femme quant aux crush sur les collègues de travail. "euh, on peut pas dire que j'ai eu beaucoup de collègues sur lesquels crusher, vu mon boulot!" car Sienna est traductrice et c'est un travail qui se fait à distance. puis elle fait la grimace à l'idée de manger des écureuils. "beurk... je crois que je préfère manger des gens, finalement..." la conversation s'enchaîne sur l'état de santé de la brune, qui sort malgré tout d'une hospitalisation. rien de bien grave, mais beaucoup de fatigue. ça aurait pu arriver à n'importe qui, probablement, oui. la vie est stressante pour bien des gens, Sienna ne peut pas dire le contraire. elle ne relève pas la réflexion sur l'infirmier à domicile. elle est persuadée que Léo s'en passerait bien, même s'il lui affirme le contraire.

tandis que le film démarre pour de bon, Charlie s'installe correctement et Sienna en profite pour dire qu'elle n'a vu la saga qu'en Français, puisqu'elle était en France à l'époque et que ses amies ne parlaient pas un mot d'Anglais. "je suppose qu'ils ont leur charme dans leur langue d'origine!" fait elle, amusée par la réaction de Charlie. la jeune femme lui demanda si elle a déjà pensé à retourner à Paris et le coeur de Sienna se serre. bien sûr, qu'elle y a pensé. à dire vrai, elle aimerait bien retourner vivre en France, même. retrouver Chloé. retrouver d'anciennes habitudes. "ma meilleure amie vit là-bas... j'adorerais pouvoir y retourner, ne serait-ce que pour la voir... mais les voyages coûtent cher et Léo vient à peine de commencer son nouveau travail. j'ai aucune envie de prendre l'avion seule et je me vois mal lui demander de déjà poser des congés." elle essaie de contourner son mal-être, c'est difficile d'avouer qu'elle regrette d'avoir accepté que son conjoint vienne à Brisbane. ça aurait été si injuste que le job de ses rêves lui passe sous le nez, juste à cause de son incapacité à gérer les changements. "et puis il faudrait déjà que j'arrive à sortir de la maison pour qu'on puisse passer du temps ailleurs qu'ici, lui et moi. c'est pas... enfin... c'est pas forcément trop ça tous les deux, en ce moment et je sais que c'est de ma faute." Kristen Stewart se présente à l'écran et Sienna en profite pour détourner la conversation. "c'est un joli brin de fille." Charlie réponds distraitement qu'un jour, elle est sortie avec le sosie de l'actrice. "tu as bon goût! j'ai jamais été attirée par les filles, mais malgré les critiques qu'on lui fait souvent, je la trouve particulière. elle a un visage peu commun." elle lui fait parfois penser un peu à elle, qui n'est clairement pas la fille la plus expressive du monde.

Spoiler:

Les remarques de Sienna ont toujours quelque chose de rafraichissantes. Elle pourrait commenter une recette de pancakes qu’elle trouverait le moyen de rendre les choses intéressantes: c’est son super pouvoir, le genre dont personne ne connaît véritablement la source et peut-être. Il existe, c’est la seule chose qui a de l’importance. "Euh, on peut pas dire que j'ai eu beaucoup de collègues sur lesquels crusher, vu mon boulot!" - “Pas même dans une pub en pop-up ?” Elle rétorque, un sourire amusé imprimé sur les lèvres. Effectivement, Sienna n’a pas le genre de travail dans lequel on rencontre très souvent l’amour de sa vie. Mais après tout, Charlie serait bien la dernière à juger la chose impossible: ne jamais dire jamais.

Entre le film et la vie réelle, deux univers se superposent et les commentaires de l’une comme de l’autre vont bon train. C’est en passant une fois de plus du coq à l’âne que la blonde l’interroge sur Paris, et sur son intention, ou non, d’y retourner un jour. Aux yeux de celle qui n’a jamais réellement voyagé, le sujet semble passionnant, et certainement intimidant aussi. "ma meilleure amie vit là-bas... j'adorerais pouvoir y retourner, ne serait-ce que pour la voir... mais les voyages coûtent cher et Léo vient à peine de commencer son nouveau travail. j'ai aucune envie de prendre l'avion seule et je me vois mal lui demander de déjà poser des congés." Compréhensive, elle hoche la tête et offre un sourire rassurant à son amie. Sa situation est parfaitement compréhensible, et il n’y a sans doute rien de plus à en dire. Après tout, peu sont ceux qui ont des parents comme Charlie, prêts à lui payer le moindre de ses caprices sans même juger qu’il s’agit d’un caprice. “Ca te donne tout le temps du monde de préparer ton voyage.” Dit l’éternelle optimiste qui ne voit que le bon côté de toutes choses. Elle retrouvera sa meilleure amie un jour, c’est certain. Pour ça, il faut simplement attendre que sa vie trouve un certain équilibre, et celle de son petit-ami avec. Ils pourront profiter de ce merveilleux voyage plus tard: rien ne risque de changer d’ici là.

Pour autant, les mots de son amie ne semblent pas aller dans le même sens que ceux de Charlie, raison pour cette dernière de s’inquiéter brièvement. Elle pose son coude sur le dossier du canapé et reporte son regard sur la brune, oubliant momentanément l’apparition de Kristen à l’écran. "et puis il faudrait déjà que j'arrive à sortir de la maison pour qu'on puisse passer du temps ailleurs qu'ici, lui et moi. c'est pas... enfin... c'est pas forcément trop ça tous les deux, en ce moment et je sais que c'est de ma faute." - “Vous avez des problèmes ?” Elle pose une question à laquelle les mots de Sienna viennent déjà de répondre. Sans doute qu’elle attend une réponse différente, maintenant, sous l’impulsion d’un certain miracle. “C’est pas de ta faute, Sien. Ça arrive à tous les couples, ce genre de haut et de bas.” Elle traverse une passe difficile, qui plus est, alors son compagnon est sûrement très compréhensif et il y a fort à parier qu’elle soit la seule à se mettre une telle pression sur les épaules. D’ici quelques semaines, il n’y aura sûrement plus le moindre doute quant à la force de leur union autant que de leur amour. “Et puis il t’aime comme tu es.” Malgré sa propension à ne pas vouloir montrer le bout de son nez dehors, il l’aime quand même, et c’est tout ce qui importe.

De façon inattendue, la discussion revient autour de Bella, et les souvenirs de Charlie s’envolent brièvement auprès de celle qui a été sa petite-amie, il y a une vie de ça. "tu as bon goût! j'ai jamais été attirée par les filles, mais malgré les critiques qu'on lui fait souvent, je la trouve particulière. elle a un visage peu commun." Elle sourit dans le vide, n’ayant de toute façon pas envie d’épiloguer autour de cette relation passée et définitivement enterrée, ni de sa pseudo ressemblance avec l’actrice sous leurs yeux. “Elle avait vraiment un caractère difficile. Léo est parfait sous toutes les coûtures, en comparaison.” La blonde s’en amuse une ultime fois, idéalisant plus que jamais leur relation sans même s’en cacher. “C’est un peu la perle rare, tu sais. Tu as de la chance de l’avoir.” qu’elle finit par ajouter, sans la jalouser le moins du monde. Au contraire, elle est simplement heureuse pour son amie.

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