Les paroles qu'avaient formulées tes collègues à l'égard d'un passager du Narelle la nuit dernière t'avaient glacé sans vergogne le sang. Tu n'étais pas de ceux qui se laissent facilement impressionner, tu étais plutôt une tête brûlée ; néanmoins, tu avais ressenti tant de cruauté et de détermination dans l'intonation de ces hommes que ta conscience s'en était vue agitée. Tu avais été prodigieusement incapable de fermer l'œil, ton vil esprit obnubilé par des scenarii de tortures cauchemardesques qui t'imposait par conséquent de reprendre ton service d'ici environ deux heures avec un lourd déficit de sommeil.

Pour te calmer les esprits, tu t'étais convaincu que boire un whiskey était judicieux. La salle des machines demandait une vigilance assidue mais tu tenais bien l'alcool et tu étais un assez bon comédien pour cacher un état d'ébriété selon toi. Au bar, néanmoins, tu reconnaissais la silhouette de Winston Ackerman, que tu interpellais spontanément. « Tout va bien? » te fit-il en guise de salut. Tu le décrivais, le sentiment d'avoir extrait le brun de ses réflexions s'imposait en toi. Cependant, tu taisais ta curiosité aguichée par ce qui pouvait occuper les songes du flic pour lui révéler tes plus grandes préoccupations. Tu t'apprêtais à lui formuler tes peurs lorsque le barman demanda ta commande. « Un whiskey s'il-te-plaît, » tu sollicitais poliment avant d'investir le tabouret à côté de Winston. Il ne semblait après tout pas accompagné et tu n'étais pas assez timoré pour lui demander son autorisation. « Je ne savais pas que tu étais sur le bateau toi aussi. Qu’est ce que tu y fais? » « Je bosse dans la salle des machines. J'avais besoin d'argent. » Ce manque de fric résumait bien ta vie, oui. « T'es ici pour ton boulot ou pour le plaisir ? » Tu interrogeais en remerciant en opinant la tête le barman qui déposait un verre devant toi. Tu trempais tes lèvres dans le whiskey avant de dévoiler : « J'suis inquiet, Win'. Je crois que y'a une attaque qui se prépare et ça ne va pas être joli du tout. » Tu réprimais un frisson à y penser de nouveau.

@Winston Ackerman

Un rictus complice étire tes lippes tandis que Winston commente ton choix d'alcool. Ton regard se déverse vers son propre verre, contenant le même breuvage. Néanmoins, ton cœur n'est pas à s'éprendre des rafraîchissements, ton esprit trop préoccupé par les échanges qui te sont parvenus la veille. Tu indiques au jeune homme être employé à la salle des machines du Narelle, par nécessité pécuniaire. « Oh. J’espère que ça ira mieux. J’ai jamais visité la salle des machines. Tu me montreras? » Ta mine passe de la reconnaissance polie à un étonnement. « C'est gentil. Si tu veux, oui, » tu accordes d'un haussement désinvolte d'épaule, n'ayant aucun scrupule à faire fi aux règles du navire pour le policier, que tu demandes être en fonction ou pas par ailleurs. « Pour des vacances. » Drôles de vacances, tu songes, même si cette option est adoptée par des milliers de personnes autour du globe. Cependant, pour ta part, tu n'associes le bateau qu'à du travail et quitte à te distraire, tu préfères le faire sur la terre ferme. Tu as l'impression d'être prisonnier sur ce navire, entouré fatalement de l'océan. « J'espère que tu passes de bonnes vacances, alors. » Tu fais toutefois, sincère. Tu recueilles vaillance en trempant tes lèvres dans ton whiskey avant de confier tes tracas à ton interlocuteur.

« Une attaque? » répète-t-il, l'air peu emballé. Ton effarement n'apparaît pas communiquable. « De qui? Tu sais pourquoi? » L'intérêt de Winston te conforte néanmoins. Tu hausses une épaule, soupirant avec nervosité. « Un mélange de vengeance et de fric. Ils visent un mec qu'ils surnomment "cyclope". J'me demande si c'est pas celui qui a un œil de verre. » Le surnom serait de mauvais goût mais légèrement censé. « Ils veulent vraiment lui faire la peau, lui dérober quelque chose. Je te jure, les scènes qu'ils décrivaient donnaient froid dans le dos : ils parlaient même d'os ! C'est pas des rigolos qu'ils ont embauchés. » Et avec qui tu travailles. Tu t'es promis suite à cela de ne pas leur chercher des noises, à ceux-là. Toi qui est sans cesse dans la provocation et l'arrogance, cela signifie beaucoup. Tu te figes discrètement lorsqu'un homme apparaît dans ton champ de vision et tu balaies prudemment la salle de réception du regard. « C'est lui, cyclope, » tu désignes d'un geste du menton. Les portes menant à la salle de réception s'ouvrent de nouveau et tu laisses échapper un juron. « C'est eux. » Le regard que tu dédies au brun crie à la fuite.

@Winston Ackerman

Les politesses d'usage, bien que sincères, achevées, tu révèles à Winston la nature de tes tracas. L'inquiétude se lit de plus en plus aisément sur ton portrait, même si tu tentes de la trancher par quelques sourires dénués de joie réelle. Tu lui résumes l'échange inquiétant que tu as surpris la veille en évoquant la potentielle victime, un homme surnommé "cyclope". « Et tu le connais toi, ce type? » Tu grimaces, haussant de nouveau les épaules. « Un peu. Juste ce qu'il faut. » Tu ne te frottais pas à ce type mais tu le connaissais selon toi assez bien pour te défendre contre sa personne, si jamais la nécessité s'imposait. Tu aimais avoir quelques armes sur chaque passager douteux, détenir quelques coups d'avance en cas de besoin.

Tu soulignes le caractère dangereux des employés de la salle de machines qui promettent d'en faire voir de toutes les couleurs au fameux cyclope. Les sourcils de Winston se froncent. Si tu es convaincu avoir eu toute son attention, tu n'es pas certain qu'il sache trop quoi faire de ces renseignements. Puis, comme si tu avais crié au loup, voilà que l'homme de tes paroles apparaît dans ton champ de vision. Tu le démontres du menton discrètement au brun, qui en prend connaissance prudemment. « Il a pas l’air commode. » Tu hoches la tête en signe de dénégation. « Il me fait un peu penser à un vieux loup de mer, » tu avoues avec un sourire en coin. Ton imagination allait bon train concernant les causes de la perte d'un de ses yeux.

Tes muscles se contractent lorsque le groupuscule aux sinistres desseins investit la scène. Tu avertis le policier, invitant à la fuite par ton regard. « Ok, on va essayer de s’éloigner discrètement. Et après, on verra ce qu’on fait... » Winston analyse quelques secondes la scène et alors que vous quittez vos tabourets respectifs, l'attention des malfrats se rive sur votre duo. « Quelque chose à dire, Ackerman et Luz? » Tu soupires. « Nop. On était juste de passage. Pourquoi, il y a un problème? » Tes pupilles passent d'une silhouette à une autre. « Vous avez peut-être quelque chose à dire, vous ? » Tu enchéris, naturellement arrogant. Ce n'est pas malin de ta part, tu regretterais presque tes paroles une fois lancées, mais c'est ton système de défense. Paraître chétif et te la fermer équivaut à une invitation aux coups à tes sens. « Tu m'cherches Luz ? » rétorque un des voyous, imposant ses mains graisseuses sur tes épaules pour te pousser en arrière. Tu recules aisément d'un pas. « C'est pas toi qui a commencé ? » Tu fais dans la rhétorique. « J't'écoute, t'as quoi à dire ? A moins que ce soit à cyclope que t'aies à parler ? » Tu lèves le menton vers ton prétendu loup de mer, profitant de la distraction de quelques secondes pour glisser tes doigts dans la poche d'un des hommes. « Viens, » tu invites Winston à quitter la salle de réception sans demander votre reste.

Une fois à l'extérieur, tu lui démontres la clef que tu as dérobée, ton pas pressé pour augmenter la distance avec tes collègues de nuit. « Cabine de cyclope. Ils lui ont pris pendant que l'autre nous interpellait. Tactique de diversion. » Tu fais tourner la clef autour de ton index, ton coeur bat la chamade. « Maintenant on a plusieurs coups d'avance, non ? » Tu lorgnes avec complicité vers ton interlocuteur. « J'ai jamais fait une descente avec un flic, » tu sous-entends. « Ca t'intéresse d'aller voir ce que cyclope a dans sa cabine ? »

@Winston Ackerman

Le surnommé "cyclope" ne fait assurément pas partie des passagers du Narelle auxquels tu te frotterais. Tu apprécies le fait de détenir quelques informations sur lui, et ainsi le sentiment de connaître un minimum un potentiel ennemi, tout en t'appliquant à ce qu'il n'entre pas dans ce rôle. « C’est une façon polie pour dire qu’il a une tête de con? » Winston commente lorsque tu l'apparentes à un vieux loup de mer. Un rire se faufile entre tes lèvres et tu confesses avec amusement : « Aussi, oui. »

En optant pour quitter les lieux, vous vous faites remarquer. Bien vite, les provocations sont formulées mais bien heureusement, la distraction prend bien avec le groupuscule de voyous. Tu en dérobes même un avant que vous ne sortiez de la salle de réception et vous distanciez de plus en plus de ces malfrats. A l'abri des regards, tu démontres la clef volée à ton interlocuteur. « J’espère que tu n’utilises pas ce genre de méthode avec moi. » Tu affiches un sourire en coin en guise de réponse avant d'indiquer quelle porte verrouille cette clef et te réjouir d'avoir quelques coups d'avance. « Ça permettra d’éviter la confrontation directe. » Tu acquiesces, en accord avec le policier, tout en faisant tourner le bout de ferraille autour de ton index. Finalement, tu proposes d'investiguer la cabine tant désirée du dénommé cyclope. Autant tirer profit de ce petit butin, non ? « Tu voudrais pas devenir flic toi? » Tu échappes un bref rire. « Je crois pas assez au bien commun pour ça, mais je t'avoue que je vois des intérêts à la profession... » Tu accordes avec malice.

Vous pénétrez la cabine du vieux loup de mer. Tu obéis à Winston en laissant la clef dans la serrure et rapidement, vous fouillez stratégiquement et efficacement les possessions de l'homme. « Tu sais s’il a une femme? » « J'crois pas, ça m'étonnerait, » tu fais. Tu imagines mal cyclope vivre avec une femme. « Il a jamais parlé de bonne femme. Ca a plutôt l'air d'être un célibataire endurci. » Tu poursuis en t'agenouillant sur le plancher, tirant de sous le lit une lourde malle. « Allez moi si j'étais lui, je planquerais quelque chose là-dedans. » Tu présumes.

dé win : La malle est cadenassée, Kai l'étudie pour forcer son ouverture tout en demandant à Winston s'il n'a pas vu une petite clef dans les parages.
dé so close : La malle bouge d'elle-même et ce de plus en plus agressivement, laissant penser qu'un être vivant est enfermé à l'intérieur et désire en sortir de suite.
dé fail : Des pas et des voix approchent dangereusement de la cabine, menaçant la prise en flagrant délit des deux hommes.

@Winston Ackerman