and i damn sure never would've danced with the devil

@mavis barnes

« T’es bien silencieux aujourd’hui mon grand. » Secouant légèrement sa tête pour se sortir de ses pensées, Ruben releva son regard pour voir Leon s’asseoir à ses côtés à la table qui avait été réservée à son nom. Ce n’était pas rare que Barnes sénior en vienne à lui donner un surnom de la sorte, tout comme il le ferait pour son propre fils. Un fin sourire s’étira alors sur les lèvres de Ben. « Juste perdu dans mes pensées. » Perdu dans ses pensées et les mille et une problématiques que ces dernières arrivaient à soulever en permanence. Il ne faisait pas véritablement partie de ces personnes qui connaissaient le repos du juste, à toujours penser à la prochaine intervention, aux notions qu’il allait devoir revoir mais les maitriser sur le bout des doigts, au médications qui avaient été mises en place et qui pourraient ne pas fonctionner, à si les internes avaient bien vu les notes qu’il avait apporté aux dossiers du jour pour qu’il n’ait pas besoin d’être dérangé dans la soirée, à l’heure à laquelle Grace finissait de son côté et si elle aurait envie de discuter d’une journée difficile une fois arrivée chez eux, à s’il serait déjà rentré de son côté lorsque cela arriverait, au fait qu’elle n’aurait aucun soupçon mais que son fiancé bientôt mari si tout se passait bien avait effectivement passé la soirée avec le père de celle avec qui il avait fauté et avec la femme en question également - il attrapa son verre pour en boire une longue gorgée. Effectivement, Ruben ne faisait pas partie des gens qui avaient de réels instants de répit à travers leur journée. Mais Leon connaissait ça - si bien que ce fut surement la raison pour laquelle il posa sur l’épaule de son protégé une main paternelle. « Je connais bien, oui. Et attends d’avoir des enfants, tu verras que tes pensées seront encore plus envahissantes. » Hartfield dut retenir un rire, coincé, étouffé.

« En parlant d’enfant… » Oh boy, quoi donc en parlant d’enfant ? « Tu sais où est passée Mavis ? Ca fait un petit moment que je l’ai pas vu. » Le regard de Ruben rejoignit celui de son aîné, avec toute la bonne volonté dont il était capable. Leon n’agirait plus de la sorte si un jour il apprenait ce qu’il s’était passé entre sa petite princesse et l’homme assis à ses côtés - il ne serait plus autant pressé de la retrouver pour les asseoir tous les deux à côtés. Il ne voulait pas penser à tout ce pan là des problèmes qui pourraient arriver en cet instant. « Je l’ai pas vu non. Peut-être partie discuter avec d’autres médecins ? » - « Oui, et bien je préfèrerais la voir discuter avec toi qu’avec les autres, alors… » Deuxième fois que Ruben dut retenir un rire gêné aux paroles de Barnes. Lorsque ce dernier lui avait proposé de l’accompagner à ce diner de gala de bienfaisance, en l’honneur d’il ne savait même pas quelle occasion, Ben n’avait pas hésité un seul instant à répondre par la positive comme il l’avait toujours fait jusque maintenant. Ce n’était que la veille de l’événement en question que Leon l’avait prévenu qu’ils y allaient à trois et non à deux - il n’avait pas eu besoin de préciser qui serait la troisième personne, il avait compris directement qui pourrait être intéressée par ce type de soirée - ou au moins qui pourrait se fondre parfaitement dans le décor. Ca n’allait pas être Baz, qui n’avait rien à faire au milieu d’une corporation de médecins et chirurgiens. « Je vais voir où elle est, si tu veux. » Il était déjà debout à remettre en place le bouton de sa veste qu’il avait défait pour s’asseoir. « Tu vois, c’est pour ce genre de détails que je cache même pas que tu es mon préféré. » Ruben ne put s’empêcher, à ces mots là, d’avoir un petit sourire de fierté. Bien sur que, qu’importe les circonstances, ce type de commentaires de la part de son mentor était une bénédiction.

Le seul soucis dans toute cette affaire, c’était qu’il se devait vraiment de se mettre à la recherche de la jeune femme désormais. Ruben avait l’impression que depuis qu’ils avaient passé cette nuit là ensemble, ils ne faisaient que ça: jouer au chat et à la souris, et souvent pour le compte des autres qui les entouraient. Traversant la foule avec agilité, les yeux clairs de Hartfield parcouraient les visages et les silhouettes des personnes présentes. Et effectivement, Mavis était bien en compagnie d’autres personnes que les deux hommes avec qui elle était venue - pas qu’il y avait là quelque-chose de mal, après tout ce type de rassemblement permettait aussi en tant qu’interne de se faire un réseau de connaissances au delà du simple personnel de l’hôpital. Elle était belle, Mavis - c’était là une grande partie du problème. Ca aurait été tellement plus simple si Ruben n’avait pas trouvé la vue à son goût. Au début, il n’avait jamais osé ce type de pensées envers la jeune femme, lorsqu’ils s’étaient rencontrés et qu’il avait commencé à exercer aux côtés de Leon. Maintenant, il se rendait compte à quel point il avait finalement toujours apprécié ce qu’il avait pu avoir sous ses yeux pendant tant de temps. Soupirant légèrement, arrêtant de l’observer de loin pour ne pas non plus que cela devienne gênant, il finit par annihiler la distance entre la jeune Barnes et lui. « Excusez-moi messieurs dames, puis-je vous emprunter mademoiselle un instant ? Promis, je vous la rends vite. » Avec le sourire qui allait parfaitement dans le décor, bien sur.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/gifsbysymphony)

Quand on lui proposait de réseauter en société, Mavis ne faisait pas la grimace. Ça faisait partie intégrante du jeu, d’être assez proche des gens importants pour se bâtir une réputation digne et solide, c’était même plus important que le talent d’exercer finalement ; vous pouviez être mauvais chirurgien, mais tellement bon bout-en-train que ça vous faisait passer entre les mailles du filet et gagner en reconnaissance, même si vous ne saviez pas faire la différence entre votre gauche et votre droite. Pas que Mavis était mauvaise, elle n’en était qu’aux prémices de sa carrière, n’ayant même pas terminée ses études, seulement elle avait assez observé son père pour savoir que se plier aux galas de bienfaisance, c’était la moindre des choses pour laisser une trace et faire parler de soi. Elle ne s’était pas imposée, c’était Leon qui l’avait invitée à la dernière minute en se rappelant sans doute qu’il avait un rôle à tenir à ses côtés, et faisant tout son possible pour rattraper les années qu’il avait passé à se souvenir en différé qu'il avait une progéniture. Mavis, elle prenait, elle s’en fichait pas mal que ce soit son père ou quelqu’un d’autre qui l’invite à ce genre de soirée ; en revanche, quand elle avait su qui les accompagnerait en guise de troisième roue du carrosse, elle n’avait pas boudé son sourire en coin derrière le combiné de son téléphone portable, déjà parée à jouer la naïveté, prétendant ne pas vouloir se glisser là où elle serait reléguée à la dernière place des priorités de son père qui voyait Ruben comme un fils spirituel, clairement. Il avait insisté, lui conseillant de porter sa plus jolie robe, bien sûr, et Mavis avait fini par céder en minaudant quand Leon avait prétendu que ce serait une occasion de discuter avec le jeune homme, non ? Elle sentait que Leon voulait reproduire le modèle mis en place avec son poulain en forçant ce dernier à considérer Mavis comme son élève, mais le cliché du mentor qui se tape son étudiante, c’était dépassé, n’est-ce pas ? Ah, si seulement il savait, papa Barnes, sans doute qu’il prospecterait moins pour laisser sa douce fille seule avec le tout jeune neurochirurgien qu’était Ruben.

Elle ne vendrait pas la mèche, pas ce soir en tout cas, et tandis qu’elle avait délaissé leur table pour éviter d’avoir à ronger son frein, esquivant depuis quelques temps de ne serait-ce que poser les yeux sur Ruben en espérant qu’il soit forcé de le faire avant qu’on ne lui fasse remarquer que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure, qu’ils ne se parlaient plus autant qu’avant, elle s’était jointe à une assemblée de jeunes médecins qui la conseillaient sur la manière d’envisager sa cinquième année. Prise par le bras, prise par la taille, elle savait donner le change pour ne pas faire remarquer à ses jeunes homologues que ça frôlait l’indécence de la traiter comme une belle plante, quand elle avait son nom pour les faire frémir de plaisir tant ça signifiait quelque chose qu’elle soit une Barnes — et pas n’importe laquelle, la descendante directe de Leon dont l’ombre planait au-dessus d’elle en permanence, mais pas seulement ; sans qu’elle ne s’y attende, l’extension de son père se plaça juste derrière elle. Ruben s’inséra dans la conversation, et son attention changea immédiatement de cible, son corps se tendant au son de sa voix, sa bienséance surannée dont il usait pour se donner le beau rôle lui collant quelques frissons qu’elle fit passer en relevant la tête pour, nonchalamment, jeter un regard par-dessus son épaule et confronter ses yeux le temps d’un instant. Sans y réfléchir, Mavis se calant sur son sourire pour s’excuser de devoir le suivre alors qu’elle n’en pensait pas un mot, qu’elle aurait pu le suivre où il voulait tant qu’ils ne seraient que tous les deux.
Ce que, ça encore, n’arrivait plus si souvent qu’auparavant. Mavis suivit Ruben, la tête tournée vers lui comme il traversait le corridor où elle lui demanda dans un léger froncement de sourcils, le silence qui accompagnait leurs pas devenant assez lourd pour lui laisser l’impression qu’on appuyait sur la peau dénudée de ses bras avec des centaines de petites aiguilles, chacune laissant un poinçon différent sur son épiderme "Tu me parles, maintenant ?" lui demanda-t-elle en feignant presque la désinvolture, attendant qu’il tourne son visage dans sa direction pour ajouter avec toute l’innocence qu’elle était capable de lui offrir, malgré l’idée qu’il savait désormais que sous ses airs de fille bien sous tout rapport, il y avait une facette d’elle bien différente de ce qu’elle s’autorisait à laisser transparaître tous les jours, et dont il pouvait se targuer d’en avoir eu un tout autre aperçu "Je me demandais quand exactement t’allais te décider à arrêter de me fuir comme la peste." Elle avait provoqué ça, à dire vrai, histoire de ne plus vraiment lui laisser le choix de faire le premier pas quand on pointerait du doigt que leur complicité d’antan n’était plus la même. Ruben, il avait tellement peur que leur petit secret soit divulgué, qu’il aurait été prêt à cacher un corps pour ne pas avoir à assumer ce qu’ils avaient fait. Et ça, Mavis en avait assez conscience pour faire tourner les choses à son avantage sans se sentir coupable de quoi que ce soit.

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@mavis barnes

Si d’ordinaire, il n’avait aucun mal à obéir au doigt et à l’oeil lorsque Leon se mettait à lui parler, aujourd’hui Ruben trainait quelque peu des pieds. Car, le patriarche Barnes ne lui avait pas demandé d’exercer le plus dur des points de suture les yeux fermés en lui demandant de lui faire confiance et d’écouter simplement sa voix, non, il s’immisçait dans les relations personnelles de sa fille et de son protégé - parce-qu’il ne fallait pas croire qu’il n’avait pas remarqué le petit manège que Leon était en train de monter avec les deux jeunes gens. Oh, ce dernier avait du remarquer qu’entre Mavis et Ruben, les choses n’étaient plus tout à fait ce qu’elles avaient pu être, que leurs discussions s’étaient raréfiées lors des repas que le jeune homme venait passer au domaine familial, que leur complicité n’était plus celle d’avant, que les regards se fuyaient parfois. Ca aurait été idiot de la part des deux jeunes gens de s’imaginer que personne, et surtout pas Barnes sénior avec qui Ben passait une bonne partie de ses journées, ne s’en apercevrait. Alors, c’était pour effacer les traces et gommer les doutes que Hartfield fendait la foule pour aller rejoindre Mavis, accrochée aux bras d’autres médecins que lui. Le pire dans tout ça ? Elle lui manquait. Pas aussi près de lui comme elle avait pu l’être, elle ne lui manquait pas physiquement mais leurs discussions lui manquaient. Depuis des années, il s’était habitué à la présence quotidienne de la petite blonde à ses côtés, dans son entourage, et il n’avouerait pas mais le pensait très fortement: sa présence manquait à ses côtés.

Alors, telles avaient été les indications de Leon, il volait au secours de la jeune femme comme un chevalier paré de blanc. Un sourire fendit son visage lorsqu’il se glissa parmi le petit groupe formé autour de cette dernière, s’excusant au passage de les importuner de la sorte et de leur dérober leur centre d’intérêt - il ne l’avait pas dit de cette façon, mais il ne fallait pas être sorcier pour deviner que c’était exactement ce qu’il était en train de faire. Ce ne fut qu’à cet instant là que Mavis osa enfin tourner un visage vers lui, qu’elle lui offrit l’attention d’un regard. Ruben ne lâcha pas le sourire qui s’était installé sur son visage, mais ses yeux passèrent sans une once d’effort des médecins autour d’eux à Mavis à ses côtés. Il ne pouvait pas lui expliquer cette apparition soudaine de sa part, alors la jeune femme allait devoir lui faire confiance et de façon aveugle pour le coup. Promis, une fois qu’ils seraient à l’écart des autres et que les oreilles ne traineraient plus dans leur direction, il pourrait ajouter des mots à son intention dans son discours. Au sourire que Mavis indiqua au reste de la petite troupe, Ruben saisit le message et l’occasion et lui ouvrit la voix d’un bras tendu vers n’importe où sauf ici, au milieu de la foule.

Ils avaient à peine fait quelques pas que déjà, le brun perdait son sourire éclatant - et surtout monté de toute pièce -, alors que le silence s’installait entre eux. C’était étrange, de réussir à avoir un silence aussi bruyant, au milieu d’une foule qui l’était déjà seule de son côté sans possibilité de baisser le volume. C’était exactement comme cette impression de se sentir seul au milieu d’une foule: l’image ne faisait pas de sens, mais le ressenti était si puissant qu’il pouvait se glisser sous votre peau pour vous donner des frissons. Suivant donc silencieusement Mavis - à moins que ce ne soit l’inverse, il ne s’en rendait même plus compte - à travers la foule, mais ayant presque envie de se mettre à hurler à chaque pas effectué, Ruben ne trouva pas le courage d’être le premier à rompre le silence. « Tu me parles, maintenant ? » Leurs pas avaient ralenti, pour finalement s’arrêter alors qu’aucune oreille indiscrète ne pouvait les atteindre désormais. Si Ruben lui parlait ? C’était un bien grand mot: il n’arrivait même pas à simplement rompre le silence. Le regard clair du jeune chirurgien se déplaça pour finalement s’apposer sur le visage de la jeune femme. Oh, qu’est-ce qu’elle pouvait être énervante quand elle parait ses traits de son innocence inventée. « Je me demandais quand exactement t’allais te décider à arrêter de me fuir comme la peste. » Il leva les yeux au ciel en guise de première partie de réponse. « A qui tu veux Mav mais pas à moi. » Même: heureusement qu’elle jouait de ce petit numéro lorsqu’elle était avec les autres, parce-que c’était là ce qui était attendu d’elle. Mais face à Ruben, elle ne pouvait jouer à la victime là où ils étaient tous les deux responsables de tout cette affaire dans laquelle ils s’étaient glissés. « Je t’évite comme la peste parce-que tu me laisses pas le choix. Et ne joue pas à l’innocente avec moi: tu sais très bien pourquoi je dis ça. » D’une main, il se gratta l’arrière de la nuque avant de croiser ses bras sur son torse. « C’est ton père qui m’envoie. » Son regard fit un aller-retour entre le reste de la salle de réception, semblant si lointaine et hors du temps, avant de revenir se poser dans les noisettes de la demoiselle. « Il était peiné que tu sois en train de discuter avec des inconnus plutôt qu’avec moi. » Et, il ne l’avouerait pas à haute voix, mais il était d’accord avec Leon: lui-même était peiné de ne plus être celui avec qui Mavis désirait passer du temps lors de ces longues soirées de charité, à discuter jusqu’à temps que son père en ait terminé de serrer la main de toutes et la moindre personne présente aux tables voisines. « Je pense surtout qu’il se doute qu’il y a quelque-chose qui se trame et qu’il tend des perches pour provoquer la discussion entre toi et moi. »

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@Ruben Hartfield (crédit gif/gifsbysymphony)

Personne ne forçait Mavis à jouer l’innocente, elle savait très bien le faire toute seule, comme une grande. Seulement, quand Ruben était comme ça, à agir comme s’il avait assassiné le fils de l’ambassadeur pour lui prendre sa place, elle sentait sa patience s’étioler. Aussi, son envie de lui faire réaliser que rien de si grave ne s’était passé, elle se couplait au serment qu’elle s’était fait de garder sa langue, au moins le temps de savoir vraiment quoi faire de leur histoire. Pour l’heure, elle ne laissait pas son avantage filer en faisant comprendre à Ruben qu’il avait tout à gagner en acceptant de la traiter comme son égale, mais elle savait que ça ne durerait pas éternellement. Envisager une phase deux, c’était l’objectif de son année en cours, toutefois il fallait que Ruben y mette du sien sinon le travail lui serait mâché, et ça ne lui plaisait pas : s’il continuait à se trimballer avec une tête de coupable, elle prendrait moins plaisir à le torturer avec l’éventualité qu’elle faisait volontairement planer au-dessus de sa tête, et qui laissait entrevoir qu’elle avait autant les cartes en mains que lui, si ce n’était davantage puisqu’à son contraire, elle n’avait pas grand-chose à perdre.
Elle le regarda rouler des yeux, et son visage se pencha doucement sur le côté pour retenir un soupir qui se mut en un parole douce, ses yeux trouvant les siens avec une détermination faussement timide "Tu prétends encore me connaître mieux que je me connais moi-même alors que t’as passé ces six derniers mois à me traiter comme si j’étais rien d’autre qu’un caillou dans ta chaussure ?" Elle se redressa légèrement sur ses talons hauts, sa robe blanche épousant les formes de son corps qui se tendit quand elle poursuivait en plissant les yeux, s’exemptant de la corvée de devoir s’adresser à lui comme elle s’adressait à tous les autres, donc : avec cette pointe de candeur qui lui allait si bien au teint que tout le monde avait tendance à la considérer comme la sainte qu’elle n’était pas "Et tu me dis ça pourquoi, parce que t’as du mal à supporter ce qu’on a fait, ou que je veuille en tirer profit ? Je croyais que c’était un marché qui te convenait." Elle s’approcha de lui d'un seul pas, sans pour autant le toucher, gardant une distance de sécurité fort commode pour que son effet soit le même en finalité : elle menait la danse, il le savait autant qu’elle le savait, et dans une autre conjoncture, elle aurait adoré ça — à qui mentait-elle, même dans cette conjoncture-ci, elle adorait ça "Je garde notre secret et en contrepartie, tu m’apprends à devenir un bon médecin ; c’est pas si malhonnête que ça en a l’air, Ben." De nouveau, elle pencha la tête sur le côté en roulant ses lèvres, subtilement couverte d’une nuance de rose, l’une sur l’autre, jetant un bref regard aux siennes de loin avant de relever les yeux pour continuer à le fixer en se sachant à l’abri de l’attention de ceux qui gravitaient autour d’eux.

Mavis passa une main sur le devant de sa robe pour la plisser juste assez pour que ce soit inutile en vérité, et marqua un pas en arrière pour s’arrêter sur ce qu’il ajouta et qui lui fit garder le silence un court instant. Lui aussi, il jouait bien à l’innocent. A prétendre que c’était son père qui l’avait incité à venir la sauver des rapaces du gala auquel ils participaient tous les trois. Ils n’étaient pas pires que lui, ces gens-là, à songer que ce serait agréable de pouvoir se pavaner avec la petite Barnes à son bras quand elle n’avait clairement besoin de personne pour irradier. Mavis, elle ne savait pas si Ruben craignait vraiment pour sa carrière, ou si c’était pour sa réputation d’homme qu’il s’inquiétait le plus ; lui qui paraissait heureux en ménage, couchait pourtant avec la fille de son mentor — pour se couvrir, il avait demandé sa copine de longue date en mariage, et si elle ne se servirait jamais de ce qu’il lui avait confié pour le faire réaliser à quel point il était hypocrite, elle ne pouvait pas oublier que la relation qu’il entretenait avec Grace était si fragile qu’un avortement avait fini de les rendre étranger l’un pour l’autre. A cette pensée, elle eut un sourire intérieur tandis qu’elle relevait enfin, gardant une expression égale "C’est mon père qui t’envoie, c’est la seule excuse que t’as trouvé pour m’adresser la parole sans te sentir coupable ?" lui demanda-t-elle en finissant par croiser les bras sur sa poitrine enveloppée dans du satin écru, légèrement plus foncé que son jupon droit. Elle ne battait pas souvent en retraite Mavis, et là non plus, elle ne le fit pas quand elle l’interrompit dans ce qu’il ajouta pour lui faire, presque tout bas "Et toi, t’es pas peiné que je discute avec d’autres médecins que toi ?" Et là, elle lui emprunta sa rhétorique, restant assez neutre pour qu’il ne prenne pas ça pour une provocation quand en vérité c’en était une, et pas des moindres "À qui tu veux, mais pas à moi, Ben." Elle laissa à peine ces paroles-là se distiller dans l’atmosphère pour  lui dire finalement, un sourire perçant enfin "Peut-être que si t’arrêtais de porter la culpabilité comme un masque, il ne se serait rendu compte de rien." Un dernier regard, ses yeux vadrouillant de part et d’autre de son si séduisant visage, et elle se détourna en une voltige de lui sans le prévenir qu’elle reprenait sa marche, le faisant juste en s’attendant à ce qu’il le fasse de lui-même parce qu’elle avait ce magnétisme-là, Mavis, et qu’il n’y était pas insensible.

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@mavis barnes

« Tu prétends encore me connaître mieux que je me connais moi-même alors que t’as passé ces six derniers mois à me traiter comme si j’étais rien d’autre qu’un caillou dans ta chaussure ? » Il soupira, légèrement cette fois-ci. Bien sur qu’elle était un caillou dans sa chaussure - mais il ne pouvait se permettre d’admettre une telle chose à haute voix. Et de toutes façons, Mavis l’avait surement déjà deviné depuis longtemps, sinon elle n’aurait pas joué de cette situation de la sorte sans avoir une telle certitude. « Et tu me dis ça pourquoi, parce que t’as du mal à supporter ce qu’on a fait, ou que je veuille en tirer profit ? Je croyais que c’était un marché qui te convenait. » Il plissa les lèvres, serra un peu plus les mâchoires. Bien sur qu’une partie de Ruben était tout à fait en accord avec ce marché qu’ils avaient passé; après tout, il était en partie fautif et responsable, puisque présent lors des faits. C’était d’ailleurs pour toutes ces raisons là qu’il se retrouvait obligé de la fuir, qu’importe ce que les autres pourraient remarquer de ce changement de comportement: au moins, il ne se risquait pas à laisser échapper de réel moindre indice quant à l’erreur qu’ils avaient commise. Car, qu’importe ce que pourrait dire la jeune femme, ce qu’elle pourrait en tirer, il s’agissait surtout et principalement là d’une erreur. Même si c’était dur à admettre pour Ruben, le grand Hartfield, il s’agissait de sa première erreur - de celles qui pouvaient couter cher. « Les deux, Mav. » Bien sur cependant, que c’était pour les deux raisons qu’il s’était mis à l’éviter. Car s’il ne voulait pas être vu dans une posture qui pourrait laisser supposer des choses bien trop vraies, Ruben n’appréciait que très moyennement le fait que la jeune Barnes fasse en sorte de pouvoir tirer profit de la situation. Il la connaissait depuis longtemps, Mavis, et jusque maintenant elle n’avait pas abattu ces cartes là avec lui - elle n’avait pas eu besoin, l’innocence avait toujours joué de son petit effet. « Je garde notre secret et en contrepartie, tu m’apprends à devenir un bon médecin ; c’est pas si malhonnête que ça en a l’air, Ben. » Il ne se retint pas de lever légèrement les yeux au ciel. C’était malhonnête, du début à la fin, et justement parce-que le début ne valait pas la peine d’être évoqué. Quand à la fin, c’était surtout les conséquences du début dont elle était composée, et donc le contenu n’était toujours pas bon à mentionner.

Cependant, ce n’était pas pour discuter des choses qui devaient rester secrètes qu’il avait accaparé la jeune femme, et qu’ils s’en étaient allés à part de l’assemblé. Leon lui avait réellement demandé de se rapprocher de sa fille, puisque selon les dires du chirurgien, il préférait la voir pendu aux paroles de Ruben que de n’importe quel autre médecin. Même si cela faisait toujours du bien à l’égo, d’entendre que l’on représentait quelque-chose de mieux aux yeux de son mentor en étant comparé à d’autres noms importants de la médecine, dans ce cas précis Ben se serait bien passé d’être encensé. Juste pour cette fois. « C’est mon père qui t’envoie, c’est la seule excuse que t’as trouvé pour m’adresser la parole sans te sentir coupable ? » Il ne sut s’empêcher de commencer par lui jeter un regard noir. Comme s’il avait besoin d’une excuse pour lui adresser la parole - n’était-ce pas justement exactement la situation, depuis trop longtemps désormais ? « Promis, c’est pas une excuse inventée. » Oh, il se doutait qu’elle se jouait de lui, qu’elle abusait de l’amusement qui s’emparait d’elle à chaque fois qu’ils se croisaient, qu’ils se parlaient, et ce depuis des mois désormais. Mais il ressentait tout de même le besoin à ses côtés de se justifier; chose qu’il ne faisait jamais avec personne d’autre - se rendait-elle compte à quel point cela lui donnait un côté privilégié, à la jeune femme ? « J’ai pas besoin d’excuses pour te parler. » Qu’il assuma, d’un ton plus bas certes, mais à haute voix tout de même alors que ses prunelles scrutaient le visage de Mavis. Il ne lui adressait pas la parole de façon régulière pour être sur de ne pas laisser le moindre indice se faire voir, mais s’il désirait lui parler il n’aurait pas besoin de chercher une excuse. Certes, il ne serait pas autant à l’aise qu’il avait pu un jour l’être à ses côtés, mais ce ne serait pas là motif à trouver une excuse. « Et toi, t’es pas peiné que je discute avec d’autres médecins que toi ? » A son tour, elle avait ajusté le ton employé, avoir presque prononcé ses mots à la hauteur d’une confidence. Il voyait bien, Ruben, que là était une fois de plus une tactique pour soit le mettre mal à l’aise, soit pour l’énerver - il laissa une réaction toute autre prendre part à la discuter. « Ca me fait mal au coeur si tu veux tout savoir. » Ainsi, il joua la carte de la vérité. Peut-être que le terme mal au coeur était un brin trop fort pour ce qu’il ressentait réellement, mais sinon le reste était dit avec toute l’honnêteté dont il était capable: il n’aimait pas la voir évoluer au bras d’autres médecins, tout aussi prometteurs que lui certes, mais qui n’était justement pas lui. Ruben aurait préféré qu’elle garde ce regard empli d’un brin d’admiration juste pour lui.

« À qui tu veux, mais pas à moi, Ben. » Il échappa un soupire. « Peut-être que si t’arrêtais de porter la culpabilité comme un masque, il ne se serait rendu compte de rien. » - « Peut-être que j’agis comme ça parce-que je me sens coupable, justement. » Qu’il rétorqua, sans y réfléchir à deux fois, se ponçant les lèvres d’avoir parlé si vite ensuite. Ce n’était pas une surprise, pour aucun d’eux, que Ben se sentait coupable d’avoir agi ainsi; cependant ce n’était pas quelque-chose dont il était fier et dont il aimait répéter les méfaits à haute voix - cela augmentait les risques de se faire prendre. Il n’eut le temps d’enchainer sur quelconques autres paroles cependant, Hartfield, alors que Mavis reprenait déjà le chemin qui menait à la salle de réception. « Mav ! » Il aurait aimé pouvoir crier son prénom dans le couloir, pour ne pas qu’elle se soustrait à cette situation et conversation si rapidement; il ne pouvait se permettre tel comportement alors qu'il devait rester respectable en tout instant pour le bien de la réputation de tout le monde. Un chirurgien qui se mettait à héler une interne sans aucune raison apparente, et puis quoi d’autre. Il se contenta de marmonner deux ou trois mots incompréhensibles dans sa barbe inexistante avant de se remettre en route et de presser le pas afin de la rattraper - elle parcourait des distances incroyablement longues en peu de temps, malgré ses hauts talons. « Me plante pas comme ça s’il te plait, j’ai l’air d’un idiot quand tu fais ça. » Il marchait désormais à ses côtés, un main suivant le mouvement de son corps, à peine apposé dans le bas du dos de la jeune femme. Elle ne pourrait même pas sentir la chaleur de sa paume tant il mesurait avec une perfection à faire peur inconsciemment la distance qu’il devait toujours maintenant avec elle. Bientôt, qui plus était, les regards de l’assemblée pourraient de nouveau se tourner vers eux. Bientôt, Leon regarderait d’un air presque innocent si les choses semblaient se dérouler un peu mieux entre ses deux petits. « Danse avec moi. » Il avait fait un pas de plus afin de se retrouver en avance sur Mavis, afin de se tourner et de lui faire face. « S’il te plait. » Cela ne mangeait pas de pain, et ce n’était pas là quelque-chose qui pourrait soulever le moindre soupçon étant donné que d’autres s’adonnaient à l’exercice non-loin d’eux. Et puis, Leon serait content de les voir de nouveaux à s’amuser sans se prendre la tête pour des choses qu’il ne pouvait ni voir, ni contrôler: elle n’avait pas de raison de refuser, si ce n’était que de l’humilier devant tout le monde. Il risque existait, il était même conséquent - mais Ruben préférait le prendre pour une fois.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/gifsbysymphony)

J’ai pas besoin d’excuses pour te parler. L’expression que Mavis renvoya à Ruben avait des airs de ah, bon ? qu’elle tut pourtant en le fixant à distance, déjà lassée de l’air de chien battu qu’il lui accordait en prétendant que la culpabilité le rongeait. Il aurait fallu y songer avant de baisser ta braguette, Ruben, c’était ce qu’elle pensait véritablement, ses yeux marquant plusieurs points sur son visage de là où elle était, ne pouvant s’empêcher de lui trouver des airs d’hypocrite de base par-dessus le marché. La culpabilité qu’il traînait désormais, elle n’avait visiblement même pas frôlé son esprit quand ils s’étaient retrouvés tous les deux à faire autre chose qu’étudier, et alors que dans sa perception toute béate du futur éminent docteur Hartfield, ce dernier revêtait des airs de demi-divinité, aussi parfait qu'il était talentueux dans ce qu’il faisait, elle était tombée de trois étages en s’apercevant finalement que sous la dévotion pure et la blouse blanche qu'il avait gagné à force de travail et d’acharnement, il n’était qu’un homme comme les autres. Ce n’était pas tant le fait qu’il trompe Grace qu’il l’avait mise sur la piste, encore que c’était un bon coefficient de prise de conscience pour le commun des mortels, mais c’était la manière qu’il avait de la traiter maintenant qui lui faisait réaliser à quel point elle avait idéalisé le poulain de son père : désormais, il la voyait uniquement comme un inconvénient, et parce que c’était assez blessant pour qu’elle laisse cette idée la consumer à petit feu, elle qui avait tant besoin que les hommes de son entourage l’admirent et la traitent en égale, elle avait trouvé la parade pour reprendre les rennes, et avait initié cet échange de bon procédé comme garantie à leur secret partagé. Et il avait accepté parce qu’il faisait dans son froc à l’idée de tout perdre, c'était aussi évident que l’idée qu'il le regrettait, elle pouvait le voir rien qu’en étudiant sa posture.
Ce qu’elle cessa de faire en se détournant rapidement de lui, ne pouvant pas supporter de l’entendre de nouveau souligner à quel point il s’en voulait d’être si faible, à quel point il s’en voulait d’avoir fait ça avec elle. Ça, ça ne la blessait pas, elle n’était pas naïve au point de croire que ça voulait vraiment dire quelque chose, cet incident entre eux. Mavis, elle adorait Ruben, c’était un fait qu’elle ne nierait jamais tant elle avait de l’admiration pour lui, tant elle savait qu'il était fait pour la médecine, tant elle avait soif d’apprendre de lui et de ce lien étrange qu’il entretenait avec son propre père quand elle, il la gardait à distance de l’hérédité dans le sens premier à laquelle elle aurait en droit de jouir, autorisant quelqu’un d’autre à la toucher du doigt sans lui laisser voix au chapitre. De là à dire qu’elle en était énamourée, il ne fallait pas exagérer — est-ce qu’elle, elle regrettait ce qui s’était passé entre eux, cependant ? Non, ça aurait pu se passer avec quelqu’un d’autre qu’elle aurait certainement pris moins de plaisir, mais elle aurait compensé autrement, et la page aurait été tourné aussi vite qu’elle avait terminé nue, pressée contre lui. C’était Ben qui en faisait toute une histoire, c’était Ben qui traitait ça comme quelque chose de trop scandaleux pour être considéré comme une anecdote, une private joke dont elle n’aurait jamais rien fait, si jamais il n’avait pas été aussi transparent à propos de sa foutue culpabilité ; c’était aussi de la faute de Ben si elle se calait sur son rythme pour en faire un avantage à ronger jusqu’à la moelle, prête à se réapproprier l’idée qu’il n’avait pas boudé son plaisir, lui non plus.

Il l’appela en chuchotant presque, et elle ne s’arrêta pas pour autant, Mav "T’as l’air d’un idiot parce que t’en es un." lui fit-elle seulement, roulant des yeux au passage, le bruit de ses talons haut marquant son intransigeance à ne pas se laisser atteindre par la fragilité dans sa voix. C’était papa Barnes qui serait heureux de les voir se comporter comme des frères et soeurs se chamaillant — ou comme deux jeunes amoureux qui en faisaient tout autant, la ligne était assez floue pour qu’elle se laisse elle-même avoir par la pensée qui lui traversa l’esprit, se retrouvant à devoir faire un léger pas de recul quand Ruben s’apposa à elle avec la délicatesse qui était la sienne, lui proposant une danse qui la laissa perplexe le temps d’une inclinaison de tête qui lui servit à étudier la moindre ridule de son visage de jeune premier "Ça m’amuse pas, cette manière que t’as de souffler le chaud et le froid." lui fit-elle savoir, sincère, pour une fois "Je suis pas un jouet que tu peux remonter pour satisfaire tes besoins de distraction. T’as pas le droit de faire ça." lui dit-elle en affrontant ses yeux, ses paupières se plissant en prenant sens qu’elle n’était pas la seule à faire de tout ça une partie géante de poker menteur. Finalement, Mavis lança un regard par-dessus son épaule pour vérifier que personne ne soit à proximité, elle finit par s’approcher assez de lui pour qu’il soit le seul à l’entendre, sa bouche remuant au rythme de sa rhétorique qu’elle lui imposa, les yeux dans les yeux "Tu peux pas me dire que tu te sens coupable de ce qu’on a fait, pour ensuite me proposer une danse pour sauver les apparences, et calmer les soupçons de mon père." Elle marqua une pause inutile, secouant très doucement la tête en terminant — pour l’instant du moins "Faut savoir ce que tu veux. Je suis un inconvénient, ou un avantage ?" Et elle, ce qu’elle voulait sur l’instant, c’était le laisser mariner assez longtemps pour lui faire croire qu’elle refusait l’idée de se donner en spectacle pour apaiser son coeur et ses intérêts.
Mais elle savait déjà dans le fond d’elle-même qu’elle accepterait de danser avec lui simplement parce que ça lui donnerait l’opportunité d’être proche de lui comme ils ne l’avaient plus été ces derniers mois, histoire qu’il se rende compte que si c’était sur elle qu’il avait jeté son dévolu, ce n’était pas uniquement parce que, de dos, on aurait pu la prendre pour Grace. Elle continua à le fixer un instant, et puis feignant la résignation face au bleu de ses grands yeux de cocker, elle soupira avec déférence pour lever un index devant son nez, et lui dire avec une détermination galvaudée par la petite comédie qu’elle jouait sans cesse "Une seule danse, Ben."

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Tout, dans les gestes, l’attitude et les regards de Mavis avait don de l’énerver en cet instant. Il était pourtant une personne patiente, Ruben, mais dans ces circonstances là il était à deux doigts de péter un boulon à tout instant. Le fait qu’elle le regarde à la fois avec un regard de travers et à travers ses cils, qu’elle lui adresse un sourire adorable et qui pouvait également être aperçu comme carnassier. Qu’elle le conforte dans l’idée qu’il avait plutôt intérêt à se comporter de la sorte tout comme elle commençait à ne plus en pouvoir de ses réactions parfois enfantines, il ne l’avouait pas à haute voix mais c’était vrai. Cependant, c’était là une de ces situations où qu’importe ce qu’il pourrait dire, ce qu’il pourrait faire et surtout penser de son côté, il n’avait pas réellement son mot à dire: il était le principal fautif et l’initiateur de ce type de réaction. Il récoltait ce qu’il avait semé, et là n’était pas dans ses habitudes. Jusque maintenant, Ruben n’avait jamais commis d’impairs et était plutôt celui qui pointait du doigt ceux des autres, comparant au fait que lui-même n’agirait pas de cette façon là. Il était le fils prodige, le petit génie, l’enfant encensé depuis le plus jeune âge dans tout ce qu’il entreprenait. Aujourd’hui, il n’était plus rien de tout ça aux côtés de la jeune femme et il était pratiquement sur que c’était la même donne dans son regard à elle. « T’as l’air d’un idiot parce que t’en es un. » Ce n’était pas parce-que ses pensées à lui s’alliaient pour arriver vers cette conclusion qu’elle était de son côté obligée de le préciser à haute voix également. « Merci du compliment. » Fut un temps, elle aurait au moins pris la délicatesse de lui adresser de telles paroles sur le ton de l’humour pour ne pas froisser son égo; la Mavis qu’il avait à ses côtés désormais ne prenait plus ce type de précautions. D’un côté, il aimait ça, de pouvoir finalement rencontrer la vraie demoiselle Barnes, sans artifices ou comportement de fumée. D’un autre côté, sa vie était plus simple lorsqu’il n’avait pas à réfléchir à la façon de se comporter avec elle, à ses faits et gestes en sa compagnie. La vie était plus simple lorsqu’il n’avait pas encore découvert qu’il savait parfaitement être idiot comme n’importe quel autre homme sur cette planète.

Cependant, en cet instant, l’objectif n’était pas de débattre sur s’il méritait d’être affubler d’un tel surnom, mais plutôt de sauver les apparences. S’il avait été discret et habile dans sa façon d’aborder le sujet, il n’en restait pas moins que Leon commençait à se poser des questions sur le pourquoi du changement de comportement entre sa fille et son jeune poulain. Et c’était un terrain vers lequel Ruben n’avait pas envie de le voir faire des recherches plus approfondies. Il savait bien que Mavis n’avait pas autant à perdre que lui dans toute cette situation - elle avait même plutôt à gagner qu’à perdre -, mais il espérait qu’elle saurait se résonner un minimum et comprendre que les enjeux allaient bien au delà de simplement son petit amusement personnel. « Ça m’amuse pas, cette manière que t’as de souffler le chaud et le froid. » Leurs regards plongés l’un dans l’autre, Mavis ne pourrait pas manquer le fait qu’il leva le sien au ciel avec un peu trop d’empressement. « Je suis pas un jouet que tu peux remonter pour satisfaire tes besoins de distraction. T’as pas le droit de faire ça. » - « C’est pas ce que je fais Mavis. » Il marchait sur des oeufs: voilà ce qu’il faisait réellement. Et ce n’était pas une situation dans laquelle il se trouvait être confortable, alors il était vrai que contrairement à la façon dont il se comportait d’ordinaire, il pouvait paraître pataud et maladroit. Hésitant, également; perdu, surtout. Lorsque la jeune femme se rapprocha de lui, il tressauta légèrement, ne sut empêcher une telle réaction - mais ne s’écarta pas pour autant. Si elle agissait de la sorte, alors qu’ils évitaient normalement une telle proximité en public, c’était surement pour une bonne raison. « Tu peux pas me dire que tu te sens coupable de ce qu’on a fait, pour ensuite me proposer une danse pour sauver les apparences, et calmer les soupçons de mon père. » Il serra les mâchoires un brin davantage. Peut-être qu’une partie d’elle avait raison, et c’était surement ça le pire dans toute cette histoire: il n’aimait pas se voir dire qu’il pouvait avoir tort. « Faut savoir ce que tu veux. Je suis un inconvénient, ou un avantage ? » Leur regard porté dans celui de l’autre en face, Ruben ne comptait pas dévier la trajectoire de ses yeux. La réponse à cette question, il aurait aimé qu’elle soit l’opposée de ce qu’il s’apprêtait à répondre; parce-que ainsi, les choses auraient pu être bien plus simples et pour lui, il aurait pu passer à autre chose bien plus rapidement. « T’as jamais été un inconvénient à mes yeux. » Ou pas vraiment, du moins. Ces derniers temps - et ça commençait à un peu trop trainer, qui plus était -, elle avait été une épine dans le pied. Mais elle ne serait jamais un inconvénient pour lui. Il ne saurait la qualifier de la sorte.

« S’il te plait Mav. Tu sais à quel point ce que ton père pense de moi est important. » Alors, il jouait la carte de l’entière sincérité, de la transparence de bout en bout. Parce-que c’était ce qu’il aurait du faire depuis le début, peut-être avec tout le monde, mais que sauver les apparences représentait une partie importante de son emploi du temps et qu’anticiper toutes les conséquences n’avait pas été au programme. S’il avait fait les choses dans le bon sens, autrement surtout, il se serait aperçu que glisser sur cette pente avec Mavis dans ses bras était une mauvaise idée depuis le début. Ca ne l’aurait pas plus été avec n’importe qui d’autre, mais c’était particulièrement catastrophique dans le cas présent. Ce fut surement la raison pour laquelle lorsqu’elle leva un doigt devant son regard et qu’elle reprit la parole, il ne cacha même pas le lourd soupire de soulagement qui s’extirpa d’entre ses lèvres. « Une seule danse, Ben. » - « Merci, merci, merci. C’est tout ce dont j’ai besoin. » Autant pour rassurer Leon que pour se rassurer lui-même sur un pan de toute cette situation qu’il n’osait évoquer à haute voix. Car si Mavis représentait une épine dans le pied dans son quotidien désormais, ne plus l’avoir à ses côtés comme ça avait pu être le cas pendant un long moment le peinait plus qu’il ne désirait que ce soit le cas. Avec douceur, il attrapa alors la main de la jeune femme qui se tenait toujours devant son regard pour l’entrainer avec lui sur la piste de danse. La musique changea au moment où ils arrivèrent, ce qui leur permis d’avoir un repère temporel facile à ne pas laisser glisser. La blonde lui avait promis une danse, et il n’abuserait pas de sa patience.

En revanche, ce dont il allait profiter, c’était de se retrouver à ses côtés avec une telle proximité là où effectivement, Ruben passait son temps à l’éviter. C’était fatiguant, d’agir de la sorte, mais il ne voyait d’autre solution pour protéger ses arrières et les apparences. Alors qu’ils se mirent à tourner doucement sur la piste, le fin sourire qui se glissait sur les lèvres de Leon ne put que confirmer les pensés du jeune chirurgien: il fallait qu’il continue de faire attention. Que Grace en vienne à être au courant serait une tragédie, et il ne se le pardonnerait jamais car Ben savait pertinemment que cela viendrait lui réduire le coeur en miettes. Il l’aimait réellement comme la femme de sa vie, il n’avait jamais menti sur ce point. Mais voir le sentiment de trahison dans le regard du docteur Barnes sénior serait surement la pire récompense de ses idioties: il acceptait de voir sa fille dans les bras de son poulain parce-qu’il avait confiance en ce dernier, pas pour qu’il glisse ses mains sous sa robe à la première occasion. « Je suis désolé. » Les mots s’étaient échappés de ses lèvres plus rapidement qu’il n’avait su anticiper, Hartfield. Mais quitte à pouvoir profiter de cette proximité avec Mavis, autant le faire jusqu’au bout; de toutes façons, à moins qu’une personne présente ici sache lire sur les lèvres, la musique couvrait leur discussion. Et puis le visage de Ruben se situait à littéralement quelques centimètres de la celui de la blonde, il n’y avait que trop peu de chance de parler trop fort. « Sincèrement, désolé. J’ai pas pensé que ça t’atteignait autant aussi. » N’était-ce pas là ce qu’elle lui transmettrait comme information, entre deux mots ? Lorsqu’elle lui disait qu’elle ne supportait que très peu son comportement à son égard, là où ce n’était pas de cette façon là qu’il l’avait traité jusque ces derniers mois ? « Mais t’es pas un inconvénient, Mav, et je veux pas que tu puisses le penser. » C’état peut-être la première fois en un temps considérable, si ce n’était pas la première fois de toute sa vie, que Ruben osait formuler à haute voix de telles excuses. Ce n’était pas dans ses habitudes, parce-qu’il n’avait d’ordinaire pas matière à s’excuser de la sorte. Mais après tout, la jeune femme avait déjà un aperçu désormais du pire de lui-même, alors un brin de vulnérabilité ne pouvait pas entacher davantage son image dans son regard.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/gifsbysymphony)

"Qu’est-ce que tu fais alors ?" Elle était curieuse de savoir quel genre d’explication il pourrait apporter à son comportement envers elle. Sa trahison vis-à-vis de Grace mise à part, il savait que s’il n’en faisait pas toute une histoire, de tout ça, Mavis aurait été plus qu’encline à ne pas en tirer avantage, et à se comporter comme une adulte responsable qui fait des erreurs, comme tout le monde. Seulement, ce n’était pas la sienne, d’erreur. Elle n’était pas désolée pour Grace, comme elle n’était pas désolée pour Ruben ; il l’avait bien cherché. Doucement, la jeune femme secoua la tête en prenant une légère inspiration en même temps, ses mains se levant devant elle pour mettre un terme anticipé à sa tentative de lui expliquer quoi que ce soit. C’était vain, dans tous les cas "Ça vaut même pas le coup que tu m’expliques comment tu réfléchis ni même ce que ça veut dire tout ça." Il réfléchissait comme un homme qui avait eu des besoins primaires, et qui au lieu de les assouvir avec celle qui partageait son lit d’habitude, qu’il disait aimer et chérir au point d’en faire son épouse, avait jugé bon de se tourner vers la seule personne disposée à répondre à ses avances, au moins le temps d’une nuit. Et maintenant la situation ressemblait à celle des mauvais soap operas, lui qui culpabilisait pendant qu’elle cherchait à tirer profit du secret qu’ils partageaient, et tout ça sans que personne ne se rende compte de quoi que ce soit — personne à l’exception de celui qui les considérait comme un duo prometteur. Ça aurait pu être risible si ce n’était pas si vexant dans le fond, que Ruben s’obstine désormais à la traiter comme une épine dans son pied, et Mavis le pensait véritablement bien malgré ce qu’il lui assura sans qu’elle ne lui rétorque quoi que ce soit, son regard rivé sur lui comme elle se disait qu’il y en aurait beaucoup qui tomberaient de haut quand ils découvriraient à quel point le docteur Hartfield n’était pas mieux que le commun des mortels.
Parce que tout ce qui l’intéressait dans le fond, c’était de sauver les apparences, et dans une certaine mesure, Mavis pouvait le comprendre. C’était là tout le tordu de la situation dans laquelle ils s’étaient embourbés ensemble ; quand elle voulait le détester,  quand elle voulait faire comme avec tout les autres et se détourner de ce qu’il représentait vraiment à ses yeux, elle réussissait parfaitement à savoir pourquoi il agissait comme il le faisait en vérité, persuadée que ça le détruirait plus que tout que son image se retrouve écornée pour une histoire qui n’en était pas vraiment une — ce n’en était pas une, n’est-ce pas ? Elle secoua la tête encore une fois en l’entendant arguer sur l’importance que l’avis de Leon avait pour lui, et il toucha un nerf assez sensible chez elle pour qu’elle lui cède son caprice non sans se sentir prise à son propre jeu "Je le fais parce que je veux éviter que Leon ne vienne mettre son nez dans mes affaires, c’est tout." Non, elle le faisait pour lui, pour Ruben, et c’était suffisamment difficile à accepter pour qu’à terme, là encore, elle ne veuille en tirer profit.

Elle lui céda sa main avec bonne foi, le suivant jusqu’à la piste quand l’autre se leva pour accorder un petit signe enthousiaste à son père qui regardait la scène avec une tendresse qu’il n’avait accordé à aucun de ses enfants — peut-être à Marion, lorsqu’elle avait remporté ses premières médailles, et fait savoir au reste de la famille que sa vocation était faite, qu’elle deviendrait une grande sportive de renom. Et c’était grisant, d’être ainsi observée par un homme qui avait peiné durant des années à la considérer vraiment pour ce qu’elle était, et non comme le double de quelqu’un qui n’était plus là aujourd’hui pour lui ravir la lumière qu’elle prenait à merveille, jolie petite poupée blonde dont les yeux chocolat s’opposèrent à ceux de l’homme qui menait la danse cette fois, et qui était devenu son double d’une manière bien différente.
Ses mains posées sur ses épaules, sa tête près de la sienne, le rythme qu’ils empruntèrent permit à Mavis de relaxer la totalité de son corps pour mieux se dire que c’était sa chance ; quand il lui présenta des excuses qu’elle se refusa intérieurement d’accepter, lui demandant à la place, et ce dans un murmure presque lascif que le regard qu’elle posait sur lui rendait presque troublant "T’y penses parfois, à cette nuit là ?" Ses doigts sur ses épaules se raffermirent juste un peu pour qu’il comprenne qu’elle, ça lui arrivait de temps en temps — ou elle aimait le prétendre à ce moment-là, histoire de bousculer ses certitudes et de lui faire réaliser que s’il pensait sauver les apparences maintenant, des rumeurs finiraient par courir puisque le regard qu’ils échangeaient était chargé de beaucoup trop de choses à la fois ; choses que Mav contra pour rebondir soudainement sur ce qu’il lui avait dit, feignant l’innocence recouvrée, sa charmante petite tête se penchant doucement sur le côté pour confronter son visage à distance de sécurité "Je suis pas un inconvénient, mais c’est la première fois depuis des mois que tu t’adresses à moi ce soir, et uniquement parce que tu crains que Leon se rende compte de quelque chose, et qu’il veuille nous y confronter." lui fit-elle, se laissant porter par la mélodie qui passait, sa robe écru virevoltant à peine tant elle était accrochée aux épaules du jeune homme sans en donner l’air, ses doigts marquant leur appui au fur et à mesure qu’elle lui parlait, calmement "Si j’étais pas un inconvénient, t’accepterais que tout redevienne comme avant, en me traitant comme une égale qui a soif t’apprendre, et pas comme la petite étudiante que t’as vu nue." Son sourcil s’arqua si subtilement quand elle lui dit ça que c’était imperceptible, reléguant la satisfaction qu’elle éprouvait à ce moment-là de le confronter sur le fait que, s’il n’osait même plus la regarder, c’était parce qu’ils avaient été beaucoup trop intimes, et que ça le plaçait dans une position aussi délicate qu’elle était obscène en vérité.

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« Qu’est-ce que tu fais alors ? » Serrant davantage les mâchoires, Ruben se laissa un instant pour trouver les mots justes - autant pour expliquer réellement la raison qui le poussait à agir de la sorte, l’explication qui se tiendrait parfaitement en cet instant, que pour ne pas dire des choses qui sauraient par la suite être mal interprétées. Il n’eut cependant pas le temps d’aller plus loin dans sa réflexion que les mains de la jeune femme face à lui se levèrent et l’empêchèrent de continuer à suivre son fil de pensées autant que de prendre la parole. « Ça vaut même pas le coup que tu m’expliques comment tu réfléchis ni même ce que ça veut dire tout ça. » Ile ne cacha, ni ne retint, le soupire mécontent qui s’échappa d’entre ses lèvres. « Me pose pas la question si tu veux pas connaître la réponse alors. » Parce-qu’il ne niait pas qu’il était responsable de l’éloignement entre eux, Ruben; simplement ne pas en parler, ne pas mettre de mots sur cette façon de réagir était bien plus simple que d’avouer à haute voix qu’il avait peur de se faire prendre. Pas la main dans le sac, mais tout comme. Ce qui était idiot en réalité, car à éviter Mavis comme la peste il avait surement soulevé plus de questions de la part des personnes qu’ils côtoyaient tous deux au quotidien là où il avait désiré faire disparaitre la moindre curiosité.

Celui dont la curiosité avait été le plus touché tout au long de ces longs mois d’évitement de la part de Hartfield avait été le père de Mavis. Dans toutes autres circonstances, cela ne serait pas arrivé; les parents n’avaient pas une vue aussi dégagée sur le quotidien de leurs enfants normalement, et surtout sur les personnes qui les entouraient. Dans leur situation cependant, Leon faisait partie tout autant du quotidien de sa fille que de celui de Ruben - si ce n’était pas davantage de ce dernier, d’ailleurs -, étant le mentor de cette star montante de la chirurgie. Et s’il avait été discret sur les choses que son regard attrapaient au vol, ou l’absence plutôt de situations qui était flagrante, il n’avait pas émis le moindre commentaire; jusqu’à ce soir. Ruben se doutait déjà depuis quelques temps que dans peu de temps, Leon se permettrait d’émettre ici et là un commentaire, une remarque, mais il avait surtout espéré que cela n’arrive jamais. Ce soir, plus que jamais, ils avaient donc besoin de sauver les apparences. « Je le fais parce que je veux éviter que Leon ne vienne mettre son nez dans mes affaires, c’est tout. » Il esquissa pour la première fois de la soirée un fin sourire honnête sur ses lèvres. « Nos affaires en l’occurence, tu veux dire. » Parce-qu’ils étaient tous deux autant impliqués l’un que l’autre dans cette affaire, et que si Leon mettait son nez dans celles de Mavis il en faisait de même avec celles de Ben. Même si elle ne le désirait pas réellement, elle le faisait donc pour lui aussi. « Merci. » Qu’il glissa à son oreille une dernière fois, alors qu’il attrapait délicatement sa main pour l’emmener à ses côtés sur la piste de danse.

Lorsque la musique se lança de nouveau, ils se mêlaient à la foule de ceux qui étaient assez courageux pour se montrer à danser en public. En bonne personne souhaitant à tout prix briller en société, Ruben était bon danseur - heureusement d’ailleurs, sinon là aurait été une raison supplémentaire pour la jeune femme de lui refuser de le suivre sur la piste. Rapidement, Mavis faisait signe à son père depuis l’endroit où ils se tenaient, et le sourire qui apparaissait sur les lèves de ce dernier fit un brin mal au coeur de Ben: il ne voulait pas se jouer de lui de la sorte, comme il adoptait un comportement qu’il n’appréciait pas forcément avec Grace. Même s’il se trouvait être finalement bon menteur, ce n’était pas un domaine dans lequel il souhaitait exceller. Sa fiancée et son mentor n’étaient cependant pas les seules personnes à avoir subi les conséquences de ses décisions, Mavis faisait partie du lot. Oh, elle savait très bien dans quelle type de situation elle s’enfonçait lorsqu’elle s’était glissée dans les bras de Ruben pour ne s’en extirper que bien plus tard, lorsque le soleil avait commencé son ascension vers l’apogée de sa course. Cependant, elle n’avait pas eu le choix quant à l’attitude que Hartfield avait adopté par la suite - et pour ça, ce dernier s’excusait. Qu’elle note cependant précieusement dans ses souvenirs le moment exacte où une telle chose se déroulait, car ce n’était pas tous les jours qu’il avouait être en tort, le petit prodige. « T’y penses parfois, à cette nuit là ? » Peut-être qu’à cette question, à laquelle il ne s’attendait en rien, Ben papillonna des cils un instant de trop. Et oh, bien sur qu’il notifia en silence la façon dont les doigts de la blonde se resserrent légèrement sur ses épaules. Ce n’était pas pour rien qu’il se permit également de son côté de faire glisser finalement ses doigts entre ceux de la jeune femme, dans un geste bien plus intime, bien plus tendre également, que la façon dont il se contentait de tenir poliment sa paume dans la sienne jusque maintenant. « Souvent, oui. » Il avait décrété de toutes façons que la carte de la sincérité serait la plus efficace ce soir avec Mavis, et il ne comptait pas changer son fusil d’épaule - pas pour le moment en tous cas, pas alors qu’il pouvait discuter de façon aussi franche et ouverte avec elle sans que personne ne puisse risquer de les surprendre. Finalement, la main du brun qui tenait celle de Mavis n’étant pas déjà sur ses épaules déposa cette dernière exactement à cet endroit. Cela lui permit à lui de poser sa seconde main sur la hanche de la demoiselle, rapprochant son corps du sien dans un geste à peine perceptible - invisible pour le reste du monde, discernable seulement par la jeune femme si elle y prêtait attention. « A chaque fois que je te croise dans un couloir de l’hôpital. Dès que j’entends la porte d’entrée de chez ton père claquer alors qu’on est tous les deux en train de discuter d’un dossier. » Dès que la présence de Mav pouvait se faire perceptible dans son entourage immédiat. Il avait essayé au début de ne pas laisser ses pensées dérivées vers cette nuit là, justement, en toutes circonstances; il se mettait à voir la malice normalement réservé au regard de la jeune Barnes jusque dans celui de Grace. « J’ai essayé de pas y penser au début, mais c’était encore pire. »

« Je suis pas un inconvénient, mais c’est la première fois depuis des mois que tu t’adresses à moi ce soir, et uniquement parce que tu crains que Leon se rende compte de quelque chose, et qu’il veuille nous y confronter. » Il soupira: que pouvait-il ajouter ? Que pouvait-il nier ? Elle décrivait là parfaitement la façon dont il se comportait avec elle depuis trop longtemps surement. « Si j’étais pas un inconvénient, t’accepterais que tout redevienne comme avant, en me traitant comme une égale qui a soif t’apprendre, et pas comme la petite étudiante que t’as vu nue. » - « Sauf que je t’ai vu nue, Mavis, et ça change tout. » Le regard de Ruben avait finalement glissé pour se loger dans celui de la jeune femme. Une lueur qui n’était que rarement perceptible se faisait voir dans ce dernier: une légère honte; celle d’avoir joué autant à l’idiot, et celle d’en discuter à haute voix en cet instant également. Parce-qu’il n’aurait jamais du en arriver à voir les courbes du corps de la jeune femme sans vêtement par dessus. S’il avait réussi à ne pas être simplement un homme, ils ne se seraient jamais trouvés à avoir cette discussion là. « Crois moi, j’ai envie de te voir uniquement comme celle qui a envie d’apprendre tout ce que j’ai à lui enseigner. Sauf que parfois j’ai du mal à me contenter de ça alors que moi de mon côté j’ai envie de toi - » Il ferma les yeux un instant. Lapsus. Bonté divine; il se reprit aussi rapidement que possible, son regard ayant bien plus de mal à revenir dans celui de Mavis que ça avait pu être le cas jusque maintenant. « - j’ai eu envie de toi au point d’oublier que j’ai déjà quelqu'un dans ma vie. » Le rouge ne lui était pas monté aux joues car ce n’était pas là une de ses habitudes, mais ça aurait tout à fait pu être le cas en cet instant. « Tu m’as demandé tout à l’heure pourquoi j’agissais comme ça, la réponse est simple: parce-que j’ai peur. » Plus ils avançaient dans cette discussion, plus il se mettait à parler à voix basse, se retrouvant à presque murmurer ses paroles. Oh pour sur c’était en partie à cause de la honte qu’il ressentait définitivement désormais. « J’ai peur de voir tout ce que j’ai construit s’écrouler sous mes yeux et que je puisse rien y faire parce-que ce sera de ma faute. Alors, c’est plus simple de te repousser pour pas voir mes erreurs plutôt que de les affronter et de trouver des solutions. » Ce ne fut qu’à ce moment là que son regard glissa de nouveau sur la peau de Mavis, remontant le long de son bras jusque son visage. « C’est plus simple de rejeter la faute sur toi en silence que d’admettre que j’ai foiré. » Et si elle ne comprenait pas combien l’instant qu’ils étaient en train de vivre ne se reproduirait surement jamais tant Ruben ne se confondait jamais en confessions et en excuses de la sorte, il ne savait plus quel comportement adopter.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/gifsbysymphony)

Il en fallait beaucoup pour surprendre et troubler Mavis. Pourtant, quand Ruben répondit à sa question teintée de provocation sans faire de détour, lui admettant en nouant ses doigts aux siens qu’il y pensait souvent, à cette nuit-là, un voile de stupéfaction se posa sur son regard fiché dans celui du jeune homme dont la poigne était assez douce, mais ferme, pour la rapprocher de lui pendant ce moment qui était gorgé d’une sensualité qui fit battre son coeur beaucoup trop fort dans sa poitrine, sa propre main, lâchée par le jeune homme et qu’il posa sur son épaule, se raffermissant au contact de ses doigts qui trouvèrent doucement sa hanche. Elle ne s’était pas attendu à cette réponse, persuadée que, parce qu’il s’agissait d’une erreur commise sous le coup d’une envie fugace, Ruben ferait ce que tous les hommes dans son genre faisaient d’ordinaire : oublier les faits pour mieux se laisser croire qu’il ne s’était rien passé. Toutefois, il n’était pas comme tous les hommes, Ruben, c’était bien ça le problème quelque part pour elle qui essayait de se convaincre du contraire comme elle aussi, y pensant plus souvent qu’elle ne l’admettrait à quiconque, elle avait la sensation désagréable d’avoir été utilisée. Elle ne le lui dirait jamais de cette manière parce qu’elle avait sa fierté, qu’elle savait certes enrober d’une beau papier doré pour faire mine de prendre les choses à légères, mais sa vérité, c’était celle-ci : si elle s’obstinait à faire de toute cette histoire un marché à respecter, c’était avant-tout parce qu’elle avait toujours su que Ruben avait saisi une opportunité sans se figurer de la suite des événements, sans se figurer non plus de ce que ça lui ferait de soudain devenir le réceptacle de ses envies. Quelque part, elle était presque heureuse qu’il se prenne un revers de médaille en réalisant trop tard que ce n’était pas avec n’importe qui qu'il avait fauté, mais bel et bien avec la fille de celui qui avait une confiance infinie en lui. C’était peut-être inconscient de la part du jeune homme, d’avoir jeté son dévolu sur elle plus que sur une autre, encore qu’il n'y avait pas de hasard, et que si leur proximité avait toujours été sage, il y avait une tension qui régnait souvent entre eux parce qu’ils étaient jeunes, beaux, brillants et ambitieux, mais ça démontrait à quel point toute cette situation était tordue dans le fond. C’était probablement ça aussi qui lui faisait peur, d’être taxé d’avoir endossé le rôle du loup dans la bergerie, celui à qui on aurait jamais prêté de mauvaises intentions tant il paraissait intègre et bienveillant, quand désormais Mavis le connaissait direct et demandeur. Elle aussi, elle y pensait souvent, à cette nuit-là, et à défaut de savoir quoi en faire sur un plan plus personnel, de tous ces flashs qu’elle recevait quand ses yeux se posaient sur lui, elle ne s’interdisait pas d’y penser comme Ruben avait taché de le faire.
Elle ne sut pas pourquoi elle se sentit obligée de le partager avec lui, mais le murmure qu’elle lui renvoya après qu’il termina sa phrase, il était chargé de quelque chose de compact et de semblable à ce qu’elle avait ressenti quand elle avait compris que, la main qu’il avait posé sur elle cette nuit-là, elle ne se contenterait pas de lui tapoter l’épaule comme elle descendait déjà le long de son buste pour défaire les boutons de son chemisier "J’ai pas essayé de ne pas y penser." Elle sentit son propre regard mener une très courte embardée vers le bas de son visage pour rapidement remonter vers ses yeux qu’elle ne lâcha pas, un léger sourire fendant ses lèvres tandis qu’elle poursuivait "J’ai jamais été très douée pour m’infliger ce genre de torture, et on se croise tous les jours." Ils se croisaient tous les jours, et leur entourage professionnel semblait penser que Mavis était l’ombre du jeune médecin. À partir de là, oublier n’était pas une chose aussi aisée qu’elle le laissait transparaître en négociant ses intérêts.

Elle le laissa rebondir sur ce qu’elle lui avait dit sans chercher à l’interrompre sur le moment, profitant de leur proximité pour enfin avoir cette conversation qu’ils n’avaient jamais vraiment eu tranquillement parce que Ruben était sur la défensive et que Mavis ne réussissait pas à lui en vouloir véritablement. La pas de leur danse était lent, sans doute un peu trop pour le rythme de base de la musique qui passait à ce moment-là, mais ce n’était pas aussi important que ce que Ruben avait à lui répondre, et qui finit par lui faire dire, sa tête se secouant juste un peu comme, étant plus fort qu’elle, elle l’interrompit "T’en fais quelque chose qui a tout changé, mais c’est pas le cas. On a pas quinze ans, on aurait pu faire la part des choses sans que ça tourne en drame. Ça regarde personne d’autre que toi et moi." Je sais garder un secret, aurait-elle pu lui répéter de nouveau tout en sachant que dés que l’opportunité lui en serait donnée, que dés qu’il lui ferait entendre que leur arrangement était trop dangereux pour sa carrière, elle brandirait cette carte pour le faire vaciller.
Mais pas là, là elle l’écouta continuer, et là encore, elle fût à deux doigts de l’interrompre quand son lapsus la rendit coite et qu’elle le fixa pendant un temps infini qui se désintégra quand elle lui demanda, sans faire plus de cérémonie "Tu l’aimes. Grace, est-ce que tu l’aimes ?" Elle connaissait déjà la réponse, et le lui demander ne ferait pas avancer les choses d’un côté comme d’un autre, mais elle avait besoin de l’entendre le dire "Ton couple doit être bien fragile si t’as peur de tout perdre pour une seule erreur commise." Une moyen de, pas si subtilement que ça, faire entendre l’idée que, s'il aimait vraiment Grace, ce n’était peut-être pas suffisant pour en faire son épouse tant il semblait que chaque épreuve qu’ils rencontraient étaient une raison supplémentaire pour se questionner sur la vie qu’ils menaient en tant que couple. On pouvait aimer quelqu’un, mais ne pas être fait pour être avec ce quelqu’un — CQFD. Son regard continua à s’opposer à celui du médecin pendant qu’un froncement de sourcils changeant les traits de son visage qu’elle voulut rendre moins doux, ainsi à proximité de lui, ses mains posées sur lui, sa voix tombant dans les graves comme elle la baissait pour que personne ne les entende "La vie, c’est pas un truc linéaire, et personne n’est parfait, il serait peut-être temps que tu l’enregistres." Elle marqua une pause inutile, simplement pour reprendre "T’es un homme comme les autres, Ben." Un homme comme les autres qu’elle regardait sans ciller et dont elle aurait aimé apprendre tant de choses que ça flirtait avec des limites beaucoup trop floues, même pour elle qui savait manier la duplicité comme personne "Leon s’en remettra, s’il vient à apprendre ce qui s’est passé entre toi et moi. On détruit pas sa carrière parce qu’on a cédé à l’adultère, et pour le reste, c’est ton problème. Me rends pas responsable de tes envies, tu te rends compte du poids que tu fais peser sur mes épaules ?" Comme si ça la touchait vraiment, comme si elle n’était pas capable de le supporter ce poids.
Comme si dans la seconde, tirer sur la corde de la tension qu’il y avait entre eux n’était pas pas assez tentante pour que, se rapprochant encore un peu de lui, ses mains glissant sur ses épaules pour se nouer sur sa nuque, ses reins se cambrant juste un peu pour que les doigts habiles du docteur s’y coulent doucement. Ses lèvres vinrent près des siennes pour lui murmurer, se glissant dans la peau de celle qui refusait de porter la responsabilité de sa faiblesse sur les épaules, mais qui n’oeuvrerait pas pour qu’il parvienne à se contenir, bien au contraire. Son souffle emplit doucement l’infime espace qui les séparait "Il y a plein de pièces vides ici. Personne se rendra compte qu’on est partis." T’as dit que t’avais envie de moi, se retint-elle d’ajouter, mais dans ses yeux, la suite était aussi lisible qu’elle faisait briller l’éclat qui s’y logea quand elle le fixa plus résolument encore.

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@mavis barnes

« J’ai pas essayé de ne pas y penser. » Un fin rire soufflé par les narines échappa à Ruben; pas de ceux qui méritait d’être noté, relevé, tant il ne dura qu’une fraction de seconde. Mais ce dernier était pourtant bien là, prouvant qu’il trouvait particulièrement osé de la part de la jeune femme de clamer un tel fait à haute voix. Comment pouvait-elle se vanter de la sorte ? De souligner si facilement que de son côté, la gêne et les problèmes n’avaient pas été à la hauteur de ceux que Ruben pouvait affronter tous les jours ? « J’ai jamais été très douée pour m’infliger ce genre de torture, et on se croise tous les jours. » - « Dans pas longtemps, tu vas me traiter d’imbécile d’agir comme ça de mon côté c’est ça ? » Qu’il perdait du temps et de l’énergie à s’appliquer à une tâche impossible ? Car c’était ce qu’était cette dernière, que de ne pas penser à Mavis et à la façon dont ils avaient passé le temps ensemble. Peut-être était-ce si simple que Ruben n’y avait pas pensé: ne pas s’empêcher d’y penser, pour ne plus ressentir cette honte à l’intérieur de lui lorsque cela arrivait. S’immuniser, en quelques sortes, afin de ne plus ressentir les effets du poison. Peut-être était-ce ça, effectivement, la clef de cette situation; pour le moment cependant, rien que d’en parler avec la seule autre personne qui connaissait déjà les détails de la situation et ça lui faisait mal. Il fallait admettre à haute voix tout ce qu’il pouvait garder pour lui jusque maintenant - ce n’était pas là un exercice dans lequel il excellait. Il n’y avait qu’à regarder la façon dont il répondait aux questions de la blonde, alors que leurs pas continuaient de battre la mesure autant que possible, assez pour qu’aucune personne présente ici n’ait l’idée de vérifier qu’ils dansent bien, qu’aucune personne n’ait envie de tendre un peu plus l’oreille dans leur direction pour écouter par dessus la musique. « T’en fais quelque chose qui a tout changé, mais c’est pas le cas. On a pas quinze ans, on aurait pu faire la part des choses sans que ça tourne en drame. Ça regarde personne d’autre que toi et moi. » Bien sur qu’il leva les yeux au ciel en cet instant, bien malgré lui, bien malgré le fait qu’il tente d’être le plus sage possible dans cette discussion. En réalité, au delà de jouer à l’enfant sage, il se laissait surtout être un adulte responsable à discuter des choses qui fâchaient. C’était là la première fois qu’ils parlaient ouvertement de tout ça, de ce qui avait pu se passer et des conséquences de leurs actions. C’était surtout par rapport à ces dernières que Ben n’était pas à l’aise.

Car jusque maintenant, il avait été l’homme parfait: le petit-ami que tout le monde rêvait d’avoir, le fils prodige qui remplissait les yeux d’étoiles, le collègue qui illuminait les journées. Et ce n’était pas parce-qu’il avait fait un faux pas qu’il voulait se laisser à penser qu’il avait à jamais brisé cette image, qu’il avait mis tant de temps à construire. Ruben vivait pour la reconnaissance dans le regard de ses proches, de ses ainés, de ses paires. Il n’avait jamais su d’où lui venait ce besoin presque vital, viscéral d’agir de la sorte mais était pourtant ce qu’il faisait quotidiennement. Et si la moindre information fuitait sur la véritable nature de la relation qu’il entretenait avec Mavis Barnes - oh, il ne voulait pas être présent ce jour là. Parce-qu’il le disait honnêtement à la blonde ce soir: s’il rejetait la faute sur elle plutôt que d’assumer plus ou moins entièrement ce qu’il s’était passé, c’était parce-que c’était plus simple surtout pour lui. Il n’avait pas à se dire qu’il avait mal agi, et surtout pas à avouer même en silence qu’il avait fait une erreur. Parce-que Ruben Hartfield ne commettait pas d’erreurs, voyons. « Tu l’aimes. Grace, est-ce que tu l’aimes ? » Il fronça rapidement les sourcils, mais sa réponse ne mit qu’une seule seconde de plus pour parvenir aux oreilles de la jeune femme. « Bien sur que je l’aime. » Il n’avait pas hésité une seule seconde pour répondre à sa question, même si cette dernière était plus qu’étonnante. Bien sur qu’il aimait Grace; elle était la femme de sa vie et celle avec qui il se voyait sur la durée. Cette partiel là de l’histoire n’avait jamais été remise en cause, à aucun moment. Et il ne comprenait pas où Mavis voulait en venir avec une telle interrogation. « Tu en doutes ? » Outre le fait qu’il ne désire pas uniquement sa compagnie à ses côtés et qu’il appréciait particulièrement celle de la jeune femme qui se trouvait présentement dans ses bras. « Ton couple doit être bien fragile si t’as peur de tout perdre pour une seule erreur commise. » Il faillit répliquer quelque-chose, mais se contenta sur le moment de pincer ses lèvres, s’imposant un silence tout relatif tant son regard parlait pour lui de toutes manières. Elle possédait un toupet assez conséquent, la jeune Barnes, à souligner de telles choses là où elle ne se trouvait pas elle-même au sein de ce couple. C’était bien plus facile de juger de l’extérieur, surtout alors que de son côté elle n’avait pas autant de choix de vie à remettre en question alors qu’elle avait pourtant autant été présente que lui cette nuit là. « Parce-que t’aurais une réaction positive, à sa place, si tu apprenais ce genre de nouvelle ? » Il en doutait; il doutait en réalité qu’une seule personne dans ce monde puisse bien réagir à la nouvelle de Ruben Hartfield batifolant avec son étudiante préférée. Même lui avait envie de vomir à s’imaginer la scène. « La vie, c’est pas un truc linéaire, et personne n’est parfait, il serait peut-être temps que tu l’enregistres. T’es un homme comme les autres, Ben. » - « Je suis pas un homme comme les autres, Mav. » Ses mots sifflaient presque entre ses dents alors qu’il maintenant et soutenait le regard noisette de la jeune femme. Il n’était pas question qu’il la laisse dire une chose pareille, alors qu’il n’était pas question d’admettre une telle chose. Il ne pouvait pas être un homme comme les autres, pas lui; il était un brillant chirurgien, avec un avenir qui resterait gravé dans les annales et qui serait prit en exemple pour les générations futures - les siennes ou même celles de tout futur médecin en devenir. C’était de ça que relevait toute cette histoire: il ne pouvait pas être un homme comme les autres alors qu’il était destiné à de grandes choses. Son frère était un homme comme un autre, et il n’y avait pas la place dans l’histoire pour deux Hartfield sur la même longueur d’onde. Lui était celui qui réussirait vraiment, qui ne se contenterait pas de savoir sourire correctement.

« Leon s’en remettra, s’il vient à apprendre ce qui s’est passé entre toi et moi. On détruit pas sa carrière parce qu’on a cédé à l’adultère, et pour le reste, c’est ton problème. Me rends pas responsable de tes envies, tu te rends compte du poids que tu fais peser sur mes épaules ? » Dans toutes autres circonstances, Ruben aurait déjà quitté cette conversation qui était inconfortable comme pas deux. Il aurait prétexté ne pas pouvoir s’attarder, être attendu ailleurs. Toutes les particules de son corps étaient d’ailleurs en train de lui crier de s’éloigner de la jeune femme, en cet instant, comme si c’était là son instinct de préservation qui entrait enfin en jeu. Et pourtant, Ben ne s’était jamais laissé embourber dans une conversation aussi personnelle avec elle que jusque maintenant. Il ne pouvait pas en réchapper, et même s’il savait que ce n’était pas là une bonne idée de continuer, il ne voyait pas d’autre façon de faire que celle qu’il entreprenait. Il se sentait retenu dans cette situation, et ce en rien contre son gré; c’était surement ça le pire, depuis le début, c’était qu’il restait là où se tenait de façon tout à fait volontaire. « On détruit pas une carrière à cause d’un adultère, mais on le fait lorsque sa confiance a été trahie. » Parce-que c'était de ça, là, dont Ruben avait peur - mais peut-être pas assez pour stopper cette conversation là et partir dans l’autre sens. Il avait peur que Leon l’apprenne et qu’il comprenne qu’une bonne partie de la confiance qu’il avait placé en son poulain était construite à partir d’un écran de fumée. Qu’il s’aperçoive que le jeune Hartfield n’était qu’un escroc, et que se rapprocher du paternel lui avait permis dans son dos de profiter de sa fille. C’était idiot, bien sur, puisque ce n’était pas du tout là ce qu’il s’était passé - Ruben s’accrochant aux baskets du paternel n’avait rien avec le sentiment de chaleur qu’il ressentait à l’intérieur de lui lorsqu’il était ainsi proche de Mavis. Mais si cela venait à être mis en lumière, la différence ne serait qu’une vague pensée. « Et je sais que t’as les épaules plus solides que tu le laisses croire. C’est pas sympa de te rendre responsables de mes envies, mais fais pas genre tu peux pas le supporter. » Si ses mots avaient tendance à se faire de moins en moins prononcés d’une voix claire et posée, ces derniers là avaient carrément été transformés en murmures, en soupires. Bien sur que cela lui coutait de dire à haute voix qu’effectivement, ces envies là existaient - bien que le lapsus ait vendu la mèche tout seul, sans l’aide conscient de Ruben. Mais alors que son regard se perdait dans celui de Mavis, qu’ils continuaient de danser sans se soucier de ce qu’il pouvait se passer autour d’eux, il laissa la vérité s’établir en paroles. Il avait passé des mois entiers à éviter sa présence à moins de deux mètres de lui pour lui avouer dès la première occasion que ce n’était pas qu’à cause du secret qu’il se tenait loin d’elle - mais parce-que l’effet qu’elle avait eu une fois sur lui ne s’était jamais dissipé, en réalité.

Et cela ne mit qu’un instant, pas un de plus, à se voir et se faire savoir alors que Mavis glissait ses mains sur les épaules de Ruben, qu’elle courbait l’échine pour rapprocher son corps de celui du jeune homme alors que ses mains à lui glissaient le long du tissu de sa robe; que ses doigts fins frôlaient la peau du médecin, que ses lèvres s’approchaient dangereusement des siennes. Ben pouvait respirer littéralement le même air qu’elle en cet instant, tellement ils étaient proches. Le monde autour semblait même avoir disparu, là où il était pourtant la chose la plus important pour Ruben aujourd’hui et le reste du temps. « Il y a plein de pièces vides ici. Personne se rendra compte qu’on est partis. » Pouvait-elle réellement se vexer lorsqu’il portait la faute sur elle, pour la minute suivante se comporter de la sorte ? Avait-elle réellement ce droit là ? Parce-que même si ce n’était pas le cas, c’était exactement ce que Mavis était en train de faire - et ce n’était pas Hartfield qui agissait pour contrer ce comportement. Non, en cet instant, le brun était bien trop occupé à laisser son regard se perdre dans celui de Mavis, resserrant avec légèreté ses doigts sur le tissu de sa robe, juste à la courbure de ses reins. Si celui de la jeune femme était empli d’une étincelle qu’il ne connaissait que trop bien, celui de Ben reflétait le feu mise aux poudres. Oh, promis vraiment il aimait Grace et il voulait qu’elle devienne sa femme - surtout parce-que cela était arrangeant, mais quelle personne saine d’esprit de nos jours se mariait vraiment par amour ? -, promis il comprenait les conséquences que ses actes pouvaient avoir et il n’était pas question à ses yeux de décevoir qui que ce soit, surtout pas le père de la blonde devant lui qui se tenait dans la même salle qu’eux. Il y avait une liste longue comme le bras d’excuses pour que Ruben fasse un pas en arrière, se retirer de cette situation, empêche le pire une fois de plus d’arriver. Il visualisait tous les problèmes que ces dites-excuses soulevaient, mais en cet instant ce n’était pas sur ça que son esprit se concentrait. En cet instant, il les envoyait tous valser parce-qu’il avait envie de Mavis et que le pas en avant qu’elle avait effectué, avait fait claquer le peu de retenue que Ruben possédait encore. Promis, promis, promis - s’ils étaient encore dans la salle de réception dans la minute qui suivait, c’était par erreur et non par envie désormais.

Laissant le bout de son nez venir s’appuyer contre celui de la jeune femme, leurs lèvres à à peine un souffle d’écart, il laissa se dernier glisser le long de sa joue, de son cou, pour enfouir son visage dans le creux de ce dernier. Il inspira longuement le parfum de la blonde, Ruben; il avait une odeur délicieusement indécente, pour lui. Son visage pivota très légèrement l’instant d’après pour déposer un baiser chaste, presque frôlé, sur la clavicule de la demoiselle. « Tu pourras pas dire que t’étais innocente sur ce coup là. » S’il maintenait un ton de voix presque parfait, un brin chantant, en toutes circonstances en cet instant Ben avait perdu plus d’une octave lorsqu’il reprit la parole. Sa main s’était déjà glissée le long du corps de Mavis, remontant jusqu’à son cou à lui pour intercaler ses doigts dans ceux de la blonde. Effectivement, maintenant qu’ils avaient prouvé à Leon que les choses semblaient être reparties comme si de rien n’était entre eux, il allait les laisser tranquille pendant une poignée de temps encore; les autres présents n’en avaient que peu à faire d’où se trouveraient les deux jeunes prodiges. Ils avaient donc du temps en liberté devant eux - ce n’était pas la tournure des événements que Ruben avait prévu initialement, mais c’était celle à laquelle il se retrouvait dévoué désormais. Entrainant Mavis à sa suite, il misa sur l’une des portes du second couloir qu’ils traversaient - il n’allait pas non plus risquer à s’arrêter dans la première pièce croisée - pour se glisser à l'intérieur de la pièce et à refermer, à clefs s’il vous plait, la porte derrière eux. N’ayant toujours pas lâché la main de la jeune femme, il la garda un instant supplémentaire dans la sienne le temps de la repousser, doucement mais avec fermeté, pour qu’elle fasse un ou deux pas en arrière et se retrouve dos à dos avec la porte du dit-bureau. S’il avait été quelque-peu hésitant la première fois qu’ils s’étaient retrouvés dans cette situation, comportement altéré par l’alcool qu’il avait consommé ce soir là et par le fait qu’il était un brin étonné de son attitude à l’encontre de la jeune femme, la comparaison n’était pas possible avec ce soir. Ce n’était pas les deux coupes de champagne qu’il avait bu qui altéraient quoi que ce soit, en cet instant - si ce n’était sa respiration ayant accéléré quelque peu. La dernière fois, il s’était retrouvé comme un idiot en réalisant ce qu’il s’était passé; aujourd’hui, il était pleinement conscient de ce qu’il s’apprêtait à faire. Annihilant le peu de distance - une poignée de centimètres - le séparant encore de Mavis, Ruben lâcha sa main, apposa contre la porte les siennes juste autour du visage de la jeune femme. « T’es mon enfer sur terre en cet instant, Mavis Barnes. » Il avait à peine terminé de prononcer son nom de famille qu’il pencha son visage pour poser ses lèvres sur les siennes - sans aucune hésitation, sans un instant de répit pour elle, oubliant au passage de prendre une dernière respiration de réflexion. C’était pas de la réflexion qu’il comptait démontrer à la blonde pendant les prochaines minutes; elle savait déjà très bien qu’il avait une tête bien faite, pas besoin de prouver quoi que ce soit sur ce point là.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/gifsbysymphony)

Elle ne lui dit pas qu’il était un imbécile encore une fois, Mavis. À la place, elle l’écouta juste confirmer qu’il aimait sa future femme en prenant un air surpris lorsque sa question lui avait échappée. Est-ce qu’il l’aimait, Grace ? Dans la foulée, elle eut le même rire que lui lorsqu’elle lui avait avoué ne pas avoir essayé de ne pas penser à leur nuit passée ensemble, aussi fugace qu’il se perdit dans les mots qu’elle lui renvoya du tac-au-tac "Ça te surprends autant que ça, que je puisse en douter ?" Elle ne savait pas très bien si elle le trouvait hypocrite ou profondément stupide. Seulement, elle le savait incroyablement intelligent, le docteur Hartfield, alors finalement, elle statua sur le fait que définitivement, il n’était qu’un sale hypocrite, qui prétendait aimer sa future femme tout en dansant avec une autre qui le regardait droit dans les yeux quand, de nouveau, il osa remettre en doute ses intentions alors qu’elle n’était pas celle qui avait le plus à perdre. Mavis le fixa avec détermination, ses yeux sombres s’opposant à ceux, beaucoup plus clairs, du jeune homme "Si je voulais avoir à me poser la question, je serais plus disponible depuis longtemps, Ben. J’ai pas besoin de m’imaginer être à la place de Grace pour savoir que ça me ferait pas plaisir, c’est pas mon histoire." qu’elle lui fit tout en continuant à suivre sa cadence, sentant la tension régner dans l’infime espace qui les séparait et prendre davantage d’ampleur quand elle ressentit le besoin de le mettre en colère, de lui faire réaliser à quel point tout ce qui lui disait était contradictoire avec tout ce qu’il faisait avec elle ; qu’il avait fait, ou qu’il ferait, puisque la certitude était ancrée en elle à ce moment-là, sentant la pression des doigts du médecin se raffermir autour de son corps si proche du sien : si elle lui tendait une perche, il la saisirait sans hésiter.

C’était tout le pouvoir qu’elle avait sur lui, et qu’elle s’en rende compte, ça la rendait dangereuse pour tout un tas de raisons. Se rendait-il compte qu’elle serait capable de provoquer sa perte ? Certainement que oui, pourtant ça ne l’empêchait pas d’agir avec elle comme il le faisait maintenant, et c’était en ça qu'il était un homme comme les autres : pour obtenir ce qu’il voulait, pour se sentir important, pour se soulager aussi, il était prêt à prendre des risques tout considérés. De nouveau, un léger rire se perdit du côté de Mavis qui l’entendit parler de confiance perdue — et ça l’agaça, elle, la petite-fille  longtemps tenue à l’écart de la considération immédiate d’un père aveuglé par l’éclat d’une autre qu’elle, qui lui ressemblait pourtant assez pour qu'il s’y méprenne "Tu parles comme si t’avais passé un pacte avec mon père. Tu lui as promis quelque chose me concernant, tu lui as textuellement dit que tu te comporterais bien avec moi ? Dans quelle époque tu vis, sérieusement ? Je couche avec qui je veux." C’était drôle au fond, que c’était ça, plus que le reste, qui faisait craindre à Ruben sa présence à ses côtés, alors que pour Mavis, c’était le moins grave dans toute leur histoire. Jusqu’à récemment, Leon n’avait jamais eu à coeur les intérêts de sa fille, alors savoir avec qui elle couchait, est-ce que ça le heurterait pour de bon ? Elle ne le croyait pas, sincèrement. Mais Ruben devait ignorer une bonne partie de la dynamique des Barnes pour ne pas comprendre à quel point ce n’était pas grave qu’il en soit venu à succomber au charme de la petite dernière — dans un autre univers, Mavis était certaine que Leon se ravirait de ce rapprochement entre les deux prodiges "C’est ça qui te plaît, hm ? Que je sois assez forte pour supporter le fait que tu voudras me rendre responsable de tout ça si jamais ça vient à se savoir ? Tu te dis que je suis forte, que je peux encaisser, tu te demandes même pas ce que je risque… t’es qu’un putain d’égoïste, Hartfield." lui dit-elle finalement tout en sachant quel serait son prochain coup, et combien il n’avait pas tort de la surestimer autant sur sa capacité à gérer cette histoire. Elle le faisait mieux que lui, c’était une certitude, et le contrôle qu’elle exerçait sur sa conscience était telle qu’elle se sentit parcourue d’un frisson avant même de lui proposer quoi que ce soit de concret.
C’était tellement facile que c’était presque décevant dans le fond, qu’il soit si simple à convaincre. Elle constata cependant qu’il prenait des risques à ce moment-là, sans croire naïvement que c’était pour elle qui les prenait, consciente que ce n’était que la sensation d’être convoité qui le faisait agir sur l’instant. Pourtant, la manière qu’il eut de s’approcher à ce moment-là, de la toucher sans vraiment le faire tout en lui murmurant à l’oreille, ça l’échauffa assez pour qu’elle soit fière de son coup. Quand ses lèvres effleurèrent à peine sa clavicule, elle lui répondit dans un léger sourire, ses yeux trouvant les siens avec une provocation certaine, un de ses sourcils se arquant subtilement pour marquer sa rhétorique "J’ai jamais dit que je l’étais. Il faut être deux pour faire ce genre de choses, je te rappelle."

Et elle lui laissa prendre sa main, le suivant sans un regard pour le reste des convives. Au pire, sa ressemblance avec Grace lui serait utile cette fois, et la manière qu’ils avaient eu de se rapprocher, si tant était qu’elle était passée inaperçue, passerait pour la parade amoureuse d’un couple sur le point de se marier. C’était commode, en cet instant-là finalement, qu’elle soit le reflet d’une autre, encore qu’elle ne cacherait pas son plaisir de faire naître la rumeur à partir de là juste pour souligner davantage encore combien Ruben pouvait être idiot de croire qu’il gérait tout d’une main de maître, quand ce n’était pas avec sa tête qu’il pensait. Ça l’arrangeait, dans la présente, parce qu’il lui avait manqué, parce que sans en être amourachée, il avait assez d’importance pour elle pour qu’elle soit flattée de l’attention qu’il lui accordait, lui faisait miroiter la sensation excitante d’être la responsable de ses tocades les plus licencieuses ; il lui avait dit avoir envie d’elle, et la réciproque était vraie dans une certaine mesure, elle l’était au moins parce qu’elle ressentait une effervescence propre à se relation avec le jeune homme, le genre d’anticipation qui la fit accélérer le pas et se rapprocher de lui, toujours en tenant sa main quand il se décida sur un bureau à investir.
Elle la laissa croire que c’était lui qui menait la danse encore une fois, et plaqua son dos contre la porte une fois qu’elle fût fermée pour se retrouver encerclée par la tête par les deux mains du docteur qu’elle sentait presque haleter dans la pénombre de l’endroit dans lequel ils venaient de se retirer. S’il s’était retenu d’agir la première fois, il ne fallait pas qu’il s’y efforce désormais, et c’est ce qu’elle essaya de lui faire passer comme message quand elle le regarda d’aussi si près, ses propres mains investissant déjà la boucle de sa ceinture sans la défaire, se préparant juste lascivement à faire glisser sa chemise hors de son pantalon quand il prit d’assaut ses lèvres. C’est là qu’elle fit valoir son pouvoir, Mavis, se reculant juste assez pour que leurs lèvres se touchent, mais ne s’embrassant pas, sa langue restant à bonne distance de la sienne tandis qu’elle se décollait doucement de la porte en le forçant à battre en retraite sans le repousser, le tenant toujours par le bas de sa chemise quand elle lui rétorqua tout bas, ses yeux l’observant de très près, sa bouche se mouvant contre la sienne comme prémices de quelque chose dont il avait tellement envie que c’était palpable "Et si t’arrêtais de prétendre que t’aimes pas ça, que je sois ton enfer personnel." lui dit-elle, son sourire s’écrasant contre les lèvres du jeune homme qu’elle n’embrassa toujours pas, mais dont elle défit enfin la ceinture pour lui souffler doucement, sentant sa propre respiration se saccadant comme elle jouait avec ses propres frustrations ; et sa main se glissa dans son pantalon sans que ses doigts n’agissent, préférant le mettre en garde avant toute chose, et ce avec un sérieux qui la rendit venimeuse quand sa voix grave se fit entendre dans un murmurer prononcé tout près de sa bouche "M’ignore plus jamais, Ben." Elle ne l’embrassait toujours pas, elle ne le touchait toujours pas, alors que tout les éléments étaient là pour lui laisser croire que c’était éminent ; elle voulait juste jouer le temps d’un instant, prendre le contrôle de lui pour qu’il réalise à quel point c’était elle qui le tenait, et pas le contraire… et ses doigts graciles se perdirent plus loin encore quand sa bouche se ferma sur la sienne avant qu’elle ne recule la tête de nouveau, se mouvant contre lui en même temps qu’elle le regardait plier sous ses caresses "Je suis sérieuse. Je suis ton enfer personnel maintenant, je peux l’être plus tard aussi. M’ignore. Plus. Jamais." Ou je te détruis, c’est ce qu’elle aurait pu ajouter si cette fois-là, elle ne s’était pas finalement résolue à l’embrasser pour de bon, sa main libre marquant sa volonté de raffermir la tension de leurs lèvres quand elle se posa sur la base de son cou, presque comme si elle était prête à l’étrangler, alors que l’autre était enfin entièrement glissée sous sa ceinture.

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@mavis barnes

« Ça te surprends autant que ça, que je puisse en douter ? » Le regard toujours noir lancé dans sa direction, les lèvres pincées allant parfaitement de paire avec, il n’y avait pas meilleure réaction de la part du brun qui pourrait se faire voir en cet instant. Elle se fichait ouvertement de lui, et ce n’était pas nécessairement là une attitude qu’il appréciait particulièrement. En effet, s’il comprenait sans trop forcer les sous-entendus de la réplique de Mavis, ce n’était pas pour autant qu’il avait envie de les prendre en considération; car s’il agissait de la sorte cela voulait dire qu’il lui donnait en partie raison, et il n’était pas question que ce soit le cas en cet instant. « Si je voulais avoir à me poser la question, je serais plus disponible depuis longtemps, Ben. J’ai pas besoin de m’imaginer être à la place de Grace pour savoir que ça me ferait pas plaisir, c’est pas mon histoire. » Ce n’était pas son histoire, mais ça l’était tout de même un minimum. Et si elle pouvait comprendre comment il était possible pour Grace de se sentir en ce moment, elle pouvait donc parfaitement comprendre que n’importe quel couple, fragile ou non, se retrouvait déstabilisé face à une telle nouvelle. Il n’y avait aucune version de cette réalité où, si sa fiancée apprenait son affaire, elle restait de marbre face à cette révélation. Aucune version de leur réalité. Tout comme ce n’était pas possible que Leon ne tique pas un minimum quant au comportement de Ruben alors qu’il plaçait une confiance aveugle en son poulain. « Tu parles comme si t’avais passé un pacte avec mon père. Tu lui as promis quelque chose me concernant, tu lui as textuellement dit que tu te comporterais bien avec moi ? Dans quelle époque tu vis, sérieusement ? Je couche avec qui je veux. » Il laissa un léger soupire s’échapper d’entre ses lèvres. « Tu déformes mes propos. » Il leva les yeux au ciel pour laisser son regard revenir à sa place initiale, c’est-à-dire dans celui de la jeune femme. « Heureusement que tu couches avec qui tu veux, manquerait plus que ce soit à lui de te dicter ça. » Un petit silence s’imposa, vraiment pas longtemps, entre les deux prises de parole du chirurgien. « Et effectivement peut-être qu’un jour je lui ai promis que je prendrais soin de toi mais c’était pas dans ce sens là, on parlait de ton arrivé à l’hôpital et de tes années d’études. » Il s’embourbait, s’enfonçait dans ses explications. « C’est plus que mon comportement entre pas dans ses valeurs et que je perdrais toute crédibilité à ses yeux. » Ben était presque certain même que s’il s’était tapé n’importe qui d’autre, comme cela aurait été dans le dos de Grace dans tous les cas, Leon n’aurait pas approuvé. Que ce soit sa fille, son fils, le voisin de l’immeuble - c’était surtout la façon de se comporter qui était problématique. Il serait déjà une déception aux yeux de beaucoup de personnes si cette nuit d’égarement en venait à être mise en lumière, il n'avait pas besoin que l’homme qu’il admirait le plus dans ce monde porte la déception dans son regard.

« C’est ça qui te plaît, hm ? Que je sois assez forte pour supporter le fait que tu voudras me rendre responsable de tout ça si jamais ça vient à se savoir ? Tu te dis que je suis forte, que je peux encaisser, tu te demandes même pas ce que je risque… t’es qu’un putain d’égoïste, Hartfield. » - « J’ai pas dit que je te rendrai responsable si ça venait à se savoir, je - » Oh, c’était peut-être pour ça en fait qu’ils n’avaient jamais eu ce type de discussion jusque maintenant: Ruben avait l’impression qu’il ne pouvait gagner le moindre argument et qu’il ne pouvait accéder au dernier mot. Et ce n’était pas quelque-chose qui lui plaisait; lorsqu’il partait sur le champ de bataille, il appréciait tout particulièrement savoir à l’avance qu’il avait les armes et les outils pour gagner le combat. Avec Mavis, il partait en sachant pertinemment qu’il allait perdre et cela le rendrait un brin trop frustré pour que ce soit sain pour son coeur, surement. « On est tous les deux égoïstes dans cette situation, Mav. » C’est celui qui dit qui y’est - on avait connu bien mieux comme répartie. Mais si la jeune femme soulignait la façon dont il supposait que son comportement pourrait dans tous les cas être supporté par la blonde, elle agissait en toute âme et conscience de ce qu’il avait à perdre. Ils étaient tous les deux égoïstes, mais Ruben était celui ayant le plus à perdre. Il était cependant celui qui relançait les dés bien trop rapidement, piocher une nouvelle fois et distribuait les cartes dans la foulée à peine avait-elle fait le moindre pas dans sa direction. Il était égoïste, elle était égoïste, mais ils étaient surtout tous deux des hypocrites pour tous les autres. « J’ai jamais dit que je l’étais. Il faut être deux pour faire ce genre de choses, je te rappelle. » - « Oui oui, tu vas pas me le dire à chaque fois. » Et puis de toutes façons, ses pensées étaient déjà parties ailleurs pour qu’il se penche encore un instant sur le fait qu’il n’était lui-même en rien innocent en cet instant.

Parce-que si c’était Mavis qui avait suggéré le fait que leur absence ne se remarquerait pas, c’était Ruben qui ouvrait le chemin jusqu’à un bureau effectivement vide. Il ne laissa passer qu’une poignée de secondes une fois que la porte de ce dernier fut fermée à leur suite pour arrêter de se priver de quelque-chose qu’il brûlait de faire depuis bien longtemps maintenant: embrasser Mavis avec tout le désir à son égard qu’il réfrénait ces derniers mois. Car embrasser la femme s’apprêtant à devenir votre épouse avait une saveur particulière, mais embrasser celle qui avait le potentiel d’être votre maitresse avait quelque-chose d’enivrant. Surtout lorsque les mains de cette dernière s’attaquaient déjà à défaire la ceinture de votre pantalon; bien sur que c’était enivrant. Et Ben n’aurait jamais repris son souffle, ne se serait pas écarté du moindre centimètre de la jeune femme si le mouvement n’avait pas été initié par cette dernière - ses lèvres se décollant légèrement des siennes, ses mains tenant le tissu de sa chemise comme si elle comptait l’attirer vers elle comme le pousser aussi loin que possible. « Et si t’arrêtais de prétendre que t’aimes pas ça, que je sois ton enfer personnel. » Le sourire de Mavis se répercutait sur les lèvres du médecin, sans que ce dernier ne s’en aperçoive même, un petit rire amusé s’échappant par la même occasion. « T’as raison, j’ai menti: j’adore ça. » Les faux-semblants n’avaient plus leur place, et puis il n’en avait plus rien à faire d’être direct de la sorte avec la jeune femme. Prétendre, c’était nécessaire quand des regards pouvaient observer leurs faits et gestes, quand des oreilles pouvaient capter des détails qui ne devaient pas être révélés. Alors qu’ils n’étaient plus que tous les deux dans une certaine obscurité d’une pièce déserte, ça ne l’intéressait plus de prétendre. Il adorait qu’elle lui pourrisse la vie de la sorte, parce-qu’effectivement cela lui donnait l’impression d’être important. Il avait besoin de ce ressenti pour briller, Ben. Même si en cet instant, il aurait surtout besoin qu’elle arrête de le torturer de la sorte, ses lèvres à quelques centimètres des siennes sans le toucher, sa main se glissant dans son pantalon sans le toucher non plus. Le soupire qu’il expirait ressemblait davantage à un râle rauque de frustration plus qu’à tout autre chose. « M’ignore plus jamais, Ben. » Oh, toute l’attention d’Hartfield était entièrement dédiée à Mavis en cet instant, il n’était pas question de l’ignorer, aucune crainte à avoir de ce côté là. Son regard brûlait de désir pour elle, alors que son corps semblait comme paralysé en attendant qu’elle daigne aller au bout de ses gestes initiés. Il était autant littéralement que de façon figurative pendu à ses lèvres. Il en avait même oublié de respirer, celui qui se clamait ne pas être un homme comme les autres. Les faits prouvaient le mensonge éhonté du brun: la jeune femme le tenait - littéralement maintenant - par les couilles et il n’en avait rien à branler, là où s’il avait été quelqu’un de différent, il aurait dit quelque-chose en cet instant. Il sembla reprendre une partie de ses esprits lorsqu’elle lui arracha un baiser, comme si seuls les contacts physiques avec Mavis étaient aptes à lui faire remettre un pied dans la réalité - bref, Ben était un homme on ne pouvait plus comme les autres, tout particulièrement en cet instant.

« Je suis sérieuse. Je suis ton enfer personnel maintenant, je peux l’être plus tard aussi. M’ignore. Plus. Jamais. » Il y avait une part d’agressivité dans l’attitude de Mavis qui lui plaisait plutôt bien; il avait toujours été du genre à savoir comment s’accrocher parfaitement avec les gens ayant du caractère pour que cela soit intéressant pour tous les partis. « Plus jamais. » Qu’il expira dans un soupire rauque, se laissant mener par le bout du nez par la blonde face à lui. Lui qui avait l’habitude d’être le maitre des situations, ne savait pas si c’était de bon coeur qu’il se laissait malmener comme ça mais il y avait tout de même un côté plaisant, électrique à cette échange auquel il ne saurait renoncer. De toutes façons, même si une part de son esprit tentait de reprendre le contrôle sur quoi que ce soit, son corps était tout entier dévoué à se donner à la jeune femme, ne sachant faire autrement que de réagir aux touchers qu’elle lui imposait, à ses lèvres qui retrouvaient les siennes pour de bon désormais, à sa silhouette qui se frayait un chemin pour s’accoler à la sienne. Plus jamais il ne l’ignorerait, si c’était ce qu’il fallait promettre sur le moment pour retrouver l’ivresse de son corps entre ses mains, de sa peau froissant la sienne. Ben ne se demandait pas réellement ce que cette faute là allait lui coûter, il laissait surtout aller ses envies alors que son corps reprenait quelques mouvement de son côté, que ses mains glissèrent le long du corps de la jeune femme pour qu’une se loge en miroir le long de sa nuque, que l’autre retrouve ses fesses pour la rapprocher autant que possible que lui. Se consumant presque déjà sur place, il n’attendit pas bien longtemps avant de soulever la jeune femme pour l’emmener avec lui vers le bureau, faisant valser une partie de ce qu’il se trouvait sur le dessus de celui-ci - il aurait tout le temps plus tard pour prétendre en avoir quelque-chose à faire d’agir en idiot parfait, il était occupé là pour le moment.

***
La notion du temps avait fini par lui échapper, et la seule certitude que Ruben pouvait avoir en cet instant c’était que l’événement auquel ils participaient initialement n’était pas encore terminé; la musique pouvait se faire entendre de l’autre côté de la porte, bien plus loin dans le couloir. Se penchant en avant, il attrapa sa chemise qui s’était retrouvée au sol à un moment encore indéterminé - et surtout, cela lui importait que peu. L’ivresse était venue, l’ivresse l’avait envahi; et maintenant qu’elle était en train de repartir, il y avait ce gout amer dans le fond de sa gorge qui commençait de nouveau à se former. Les lèvres pincées et les pensées s’évadant, Ben avait du mal à comprendre comment il pouvait être un homme si intelligent la plupart du temps et tellement abruti dans des moments comme ça. Parce-que lorsqu’une chose arrivait une fois, cela pouvait être réellement considérée comme une erreur; une accroche sur le parcours, quelque-chose qui pouvait être oublié. Il ne faisait pas partie des personnes tenant ce discours puisque dans sa réalité, les erreurs n’arrivaient pas, mais il paraîtrait que c’était la façon dont les autres pouvaient percevoir le monde. Lorsque la même situation problématique se présentait une seconde fois et que rien n’était fait pour l’éviter, même pire lorsque vous vous retrouviez à plonger tête baissée une seconde fois sans regarder en arrière… « Plus jamais pour de vrai, alors ? » Gardant la tête baissée mais relevant les yeux pour regarder Mavis à travers ses cils, Ruben tentait désespérément désormais de remettre les boutons de sa chemise en place assez rapidement. Certes, les autres n’allaient pas s’apercevoir de leur absence mais il fallait tout de même qu’ils reviennent au sein de la réception avant que les festivités ne soient terminées. « Juste pour être sur de savoir à quel bois se chauffe mon enfer personnel. » Et peut-être que finalement, l’esquisse de son sourire était emplie d’un certain amusement.

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@Ruben Hartfield (crédit gif/gifsbysymphony)

Qu’est-ce que tu connais de ses valeurs, Ben ? qu’elle aurait aimé lui répondre, Mav, si elle n’était pas aussi lasse de toutes leurs paroles qui se heurtaient chaque fois un peu plus fort, lui laissant l’impression d’un dialogue de sourds tant ils étaient aussi têtu l’un que l’autre. Avec quelqu'un d’autre, elle aurait lâché l’affaire depuis longtemps, la jeune femme, mais il s’agissait de Ruben, et autant dire qu'elle avait compris depuis longtemps que lorsque ça le concernait, de près ou de loin, elle préférait s’obstiner que de tourner la page. Elle avait besoin qu’il l’apprécie autant qu’il avait besoin que Leon l’apprécie, et ça lui faisait mal quelque part de devoir se l’admettre à elle-même, pourtant c’était là une vérité ferme ; elle ne lui tournerait pas le dos parce qu’il l’agaçait, bien au contraire, elle continuerait à l’affronter parce qu’elle savait combien il était bon quand il se sentait acculé par la volonté d’autrui à lui faire entendre qu’il n’avait rien de spécial, qu'il n’était pas unique, et que ça la stimulait sur bien des plans pour avoir envie de se soustraire à cette sensation qui la transissait chaque fois qu’elle le voyait agir de cette façon.
La preuve en était la réaction qu’il avait eu quand elle l’avait accusé d’être un homme comme les autres ; l’étincelle dans son regard, cette manière qu’il avait eu de retenir sa colère tout en restant accroché à elle en dansant lascivement, la chaleur de son corps se répercutant contre le sien, ses muscles se raidissant pour raffermir la poigne qu’il exerçait sur sa peau au point de sentir son coeur battre sous ses doigts — elle aimait trop le déstabiliser pour y voir une bonne raison de laisser tomber, et la suite des évènements lui ferait réaliser que c’était le bois qui alimentait le lien spécial qu’il y avait entre eux. Ils pouvaient être qui ils étaient vraiment l’un avec l’autre, un luxe qu’ils n’avaient pas d’ordinaire parce qu’on attendait trop d’eux qu’ils rentrent dans les cases étroites d’une perfection liée au statut qu’ils convoitaient en tant que médecin. Si Mavis n’était pas du genre bon Samaritain, elle tachait souvent de se donner l’impression que c’était le cas pour qu’on ne la juge pas, pour qu’on garde cette image qu’elle avait toujours eu aux yeux des autres : celle de la gentille fille qui fait de son mieux, et qui travaillait si fort, qu’elle en oubliait sa jeunesse. Mais pas avec Ben. Avec lui, elle pouvait admettre que si elle faisait médecine, ce n’était pas nécessairement pour sauver son prochain, mais pour ressentir le frisson de la Tout-Puissance induite par le fait qu’elle trifouillerait là où le commun des mortels n’avait pas accès, que ça la rendait digne du statut d’élite qu’on accolait à ceux qui avaient ses capacités : il pouvait la comprendre, il pouvait comprendre le frisson provoqué par l’exploration du cerveau humain et le bien-être qu’on éprouvait à saisir les subtilités du fonctionnement d’une mécanique aussi compliquée, et mieux encore, il pouvait lui apprendre ce que ça faisait vraiment d’être capable de la réparer.
C’était parce qu’il y avait une tension primitive entre eux qu’ils couchaient ensemble, puisque si c’était un désir difficile à éconduire, ça ne restait pourtant pas un besoin pour Mavis qui trouvait son salut dans autre chose que le contact physique avec le médecin. S’il attendait d’elle qu'un aspect charnel, une libération de la frustration provoquée par sa distance prise avec sa future épouse, pour Mavis c’était bien différent. En cédant à ses avances, elle voyait s’avancer la possibilité de griller des étapes dans l’apprentissage de son futur métier, et ça n’allait pas plus loin que ça. Bien sûr, ce que Ben en tirait d’elle, c’était un plus qu’elle ne boudait pas, mais elle pourrait bien faire sans que ça ne la perturberait pas le moins du monde : mais elle irait au charbon, elle ferait ce qu’il y avait à faire pour lui faire entendre qu’elle méritait sa place à ses côtés, cette place spéciale qu’il lui réservait uniquement parce qu’elle savait se servir de ses mains. Il était indéniablement un spécialiste de la mécanique humaine, le docteur Hartfield, mais le futur docteur Barnes, elle en était une de sa mécanique à lui, et c’était parce qu’elle était assez sûre d’avoir assez appris qu’une nouvelle fois, elle se retrouva à danser avec lui d’une façon bien différente tandis qu’elle le touchait et l’embrassait enfin.

***
L’anticipation avait laissée place à l’émulation portée par le contact de sa peau contre celle de Ruben, et les minutes s’étaient égrenées sans qu’elle ne relâche la tension qui régnait en elle jusqu’au moment où sa bouche avait écrasée la sienne pour retenir leurs soupirs simultanées. Mavis n’avait pas honte de ce qui s’était passé, la première fois comme cette fois-ci d’ailleurs, mais elle était consciente que ce serait différent pour Ruben qui était déjà occupé à se rhabiller fébrilement comme elle remontait les bretelles de sa robe en parfaite synchronie. Elle releva doucement la tête au moment où la voix du docteur perça l’épaisseur du silence retombé après que leur étreinte fût terminée, et toujours assise sur le bord du bureau, elle lui fit signe de s’avancer plus près "Laisse-moi faire, je vais t’aider." lui dit-elle seulement, s’occupant dans la foulée de reboutonner sa chemise du bout des doigts dans une langueur non-calculée cette fois. Replaçant convenablement les pans de cette sa chemise dans son pantalon, celui qu’elle avait déboutonné elle-même quelques instants plus tôt, elle le reboutonna aussi délicatement en laissant ses yeux se perdre dans les siens lorsqu’il lui posa une question dont la fin résonna curieusement dans l’infime espace qui les séparait.
"T’es en train de me demander d’être officiellement ta maîtresse, c’est ça ?" lui demanda-t-elle en retour dans un léger rire complice qui lui fit incliner la tête sur le côté, et remiser un instant l’idée que ce qu’ils faisaient était mal, mais que de son côté, elle  en avait suffisamment rien à foutre pour plonger tête baissée sans penser à Grace, sans vraiment penser à Ben non plus : juste à ses intérêts, et à l’imminence de son premier passage au bloc opération alors qu’elle n’était qu’une étudiante de cinquième année.
Bouclant de nouveau la ceinture de Ben, elle rompit enfin le contact de ses yeux avec les siens pour reprendre sur le même ton "S’il y a des clauses à respecter dans ce marché qu’on est en train de passer, je suis prête à te donner ma parole sur l’idée que je saurais alimenter le feu de ton enfer personnel assez bien pour que tu veuilles t’y réchauffer un peu plus souvent." En d’autres termes, elle était prête à endosser e rôle qu’il voulait bien lui donner, et ce sans regret. Elle haussa les épaules tout de suite après, un léger sourire faisant saillir ses pommettes bien dessinées "J’ai pas grand-chose à perdre, et je sais garder un secret." conclut-elle, détachant ses doigts de la ceinture du jeune homme pour mieux relever la tête, et marquer un temps d’observation de son visage vers lequel elle se pencha pour l’embrasser brièvement, sa bouche ne quittant pas la sienne quand elle lui murmura doucement après un moment "Mais oublie pas que t’as aussi des modalités à respecter. Je tiendrais ma langue, ça veut pas dire que je veux passer à côté de l’opportunité que t’es prêt à m’offrir en contrepartie de tout ça." lui rappela-t-elle, et après un autre baiser qui claqua doucement dans l’atmosphère du bureau plongé dans la pénombre, elle glissa de son perchoir de manière à rester assez près de lui pour que son corps effleure le sien, ses mains remontant sur ses épaules, puis le long de son visage pour replacer ses cheveux comme ils l’étaient lorsqu’ils étaient entrés "Est-ce qu’on va faire ce truc ? Tu sais : tu sors de la pièce avant que je ne le fasse quelques minutes après ? Histoire de brouiller les pistes ?" Se reculant enfin, Mavis passa également ses doigts dans ses cheveux, le chignon qu’elle portait ayant souffert de la poigne du médecin qu’elle regarda de nouveau, uniquement pour lui préciser "C’est toi qui fixes les règles." C’est toi qui as le plus à perdre, aurait-elle pu ajouter, mais elle ne le fit pas, songeant en simultanée que lui donner l’impression que c’était à lui qu’elle s’en remettait pour être guidée était une tactique plutôt maline pour, dans l’ombre, le faire agir exactement comme elle le voulait.

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@mavis barnes

Apparemment, le fait qu’il soit en train de se mélanger les doigts avec les boutons de sa chemise n’était pas un fait passé inaperçu aux yeux de la jeune femme, qui à peine avait-il commencé à silencieusement s’énerver sur ces derniers malgré son petit sourire en coin, lui fit signe d’approcher de nouveau d’elle. « Laisse-moi faire, je vais t’aider. » Dans toute autre situation, il aurait pu s’opposer à cette idée et lui rappeler que s’il était apte à faire de sutures sur des tissus aussi précieux que le cerveau, il était tout à fait capable de boutonner seul sa chemise - sauf que Ruben savait effectivement parfaitement faire la première e ces deux choses, la seconde en ce moment étant hors de portée. Ses mains étaient là le parfait reflet de ce qui se passait à l’intérieur de son crâne en cet instant: cela ne faisait pas beaucoup de sens, et surtout cela partait dans tous les sens. Alors, le jeune homme fit le pas en avant qu’il avait, l’instant précédent, fait en arrière pour revenir se position face à Mavis et la laisser s’occuper de lui, une fois de plus. Ses doigts à elle paraissaient bien habiles, comparés aux siens et face à cette chemise récalcitrante. « T’es en train de me demander d’être officiellement ta maîtresse, c’est ça ? » C’était facile, de répondre à cette partie là de la conversation, alors qu’elle était en train de s’occuper de le remettre en pli. La première réponse de Ben fut de lâcher un petit grognement - un brin exaspéré qu’elle mette de tels mots sur ce qu’il sous-entendait, mais tout presque amusé qu’elle en vienne justement à lui poser la question de but en blanc, avec une simplicité et une facilité déconcertante. « Officiellement, officiellement… » Fallait-il que tout soit autant cadré, en réalité ? Parce-que c’était surement le fait qu’il puisse y avoir une certaine officialisation derrière, qu’importe sur quoi portait cette dernière, qui faisait un brin perdre ses moyens au cher docteur en cet instant. Parce-que mettre des mots sur les maux revenaient à admettre qu’il avait pêché à un moment donné, et le pêché était très - trop - proche de l’erreur à ses yeux. Parce-que tout un tas de raisons s’ajoutait dans son esprit, mais le petit rire amusé qui glissa d’entre les lèvres de Mavis réussit tout de même à lui tirer un sourire également de son côté. Stupid Ben. « On avait pas statué que c’était déjà le cas, de toutes façons ? » Après tout, il lui avait déjà dit à haute voix et sans détour qu’elle était la maitresse dans cette situation; avaient-ils besoin de revenir sur cette partie là de l’affaire ?

Il plissa un instant le bout du nez lorsque Mavis boucla sa ceinture - c’était plut amusant lorsqu’elle s’occupait de la défaire que de la remettre, il admettrait volontiers cette partie là. « S’il y a des clauses à respecter dans ce marché qu’on est en train de passer, je suis prête à te donner ma parole sur l’idée que je saurais alimenter le feu de ton enfer personnel assez bien pour que tu veuilles t’y réchauffer un peu plus souvent. » Un petit rire légèrement coincé se fit entendre côté Hartfield - il aurait pas du avoir envie de s’y réchauffer plus souvent, c’était ça le problème à la base de cette histoire. « J’ai pas grand-chose à perdre, et je sais garder un secret. » - « Je sais, je sais, tu me l’as déjà répété ça. » Qu’elle savait garder un secret. Et même si cela lui faisait mal de l’admettre, il fallait avouer que c’était vrai: même si la révélation de ce secret lui pendait au nez en permanence, jusque maintenant elle n’avait pas pipé mot alors qu’elle avait eu multitudes d’occasions - il perdit un instant le fil de ses pensées alors qu’elle lui arracha un baiser qu’il n’avait su anticiper. « Mais oublie pas que t’as aussi des modalités à respecter. Je tiendrais ma langue, ça veut pas dire que je veux passer à côté de l’opportunité que t’es prêt à m’offrir en contrepartie de tout ça. » Ses yeux accrochaient ceux de la jeune femme, dont le visage ne s’écartait toujours pas du sien, avec cette ardeur qu’il pouvait se permettre de ne pas cacher lorsqu’ils étaient tous les deux. Si elle lui vola un second baiser, il ne se retint pas de rattraper doucement son visage avant qu’elle ne s’écarte complètement de lui pour en obtenir un dernier baiser de sa propre volonté - il ne bronchait pas pour de vrai, promis, simplement il profitait un instant supplémentaire du délice du déni dans lequel ils se trouvaient en cet instant. « Je t’ai promis que je t’éviterai plus. Et j’apprécie trop que t’aies soif de mon savoir pour pas te garder près de moi pour te l’enseigner. » Parce-que même s’il existait toute cette dimension où Ruben était physiquement attiré par Mavis, c’était indéniable, le fait qu’elle en ait après son cerveau, ses connaissances, ses compétences - c’était surement la partie qui l’existait le plus dans toute cette affaire. C’était très prétentieux de sa part, il le savait, mais face à elle il n’avait pas à jouer aux faux modestes alors.

Glissant finalement du bureau pour se remettre debout, la jeune Barnes laissa encore une poignée d’instants sa silhouette s’accrocher à celle de son acolyte - et si ses mains à elle ne se gênaient pas pour glisser jusque dans les cheveux de Ben, lui avait carrément laissé les siennes poser de nouveau sur les fesses de Mavis sans réelle gêne cette fois-ci. Peut-être effectivement qu’arrêter de l’éviter et la regarder dans les yeux, autant la jeune femme que la situation, lui ferait porter un poids moins lourd sur les épaules et il serait peut-être plus à l’aise pour naviguer à travers les répercutions de ses actes. En tous cas, en cet instant, il était un brin moins sur la défensive qu’il n’avait pu l’être jusque maintenant. Il n’irait pas jusqu’à dire qu’il était l’aise - le fait qu’ils étaient en train de se préparer pour retourner au milieu de la foule qui ne soupçonnerait rien des affaires qui se tramaient entre eux résumait bien l’idée selon laquelle il ne pourrait pas réellement corroborer à cette théorie -, mais au moins il ne bégayait ni ne s’énervait en cet instant et c’était une victoire. Il n’était pas parti en courant, non plus. Laissant son regard accrocher un instant de plus celui de Mavis, il sentait qu’elle s’apprêtait à ajouter quelque-chose mais il préféra s’exprimer sur les paroles qu’ils venaient d’échanger avant de la laisser continuer. Jusque maintenant, le silence avait été d’or et il savait parfaitement qu’elle garderait leur - son - secret. Mais statuer à haute voix pour acter ce qu’il s’apprêtait à accepter lui semblait être nécessaire. « Pense pas que je suis fier de la façon dont je me comporte. Et même si t’en as rien à faire, je le redis: je l’aime et ça ça changera pas. » Il aurait beau se laisser aller au plaisir de la chair avec Mavis, ses sentiments pour sa fiancée restaient intacts dans cette histoire. Et sans s’en apercevoir, également, c’était la première fois qu’il se montrait si vulnérable devant la blonde depuis bien longtemps. Pour de vrai, pas simplement parce-que le mot menteur semblait s’inscrire en lettres de sang sur son front dès que leurs chemins se croisaient dans les couloirs. « Et je compte toujours lui passer la bague au doigt. Mais… » Il pinça ses lèvres - il était ridicule, pauvre homme. « Je dis pas non à ce que le rôle de la maitresse te revienne. Avec toutes les contre-parties que tu désires. » Parce-qu’il gagnerait au change de ce côté là également, c’était indéniable.

« Est-ce qu’on va faire ce truc ? Tu sais : tu sors de la pièce avant que je ne le fasse quelques minutes après ? Histoire de brouiller les pistes ? » Le rire qu’elle réussit à arracher à Ruben fut sincère, et réellement amusé - même lui fut le premier surpris que ce soit le cas. Il avait toujours cette sensation amer dans le fond de la bouche, les doigts qui ne seraient pas capables de boutonner sa chemise, mais au moins il avait retrouvé un rire tout à fait de circonstance et adapté à ce qui les attendait au delà de la porte de bois. Son petit rire se tarit lorsqu’elle accrocha son regard de nouveau. « C’est toi qui fixes les règles. » Levant les yeux au ciel, grognant une fois de plus, balayant d’un revers de la main les mots de Mavis, Ben passa à ses côtés pour aller déverrouiller la porte. « Si j’ai pas de rouge à lèvre le long du col de ma chemise, on peut sortir du bureau tous les deux en même temps. » Elle était maligne, bien sur qu’elle l’était la gamine: lui faire croire qu’il était celui tenant les rênes de la situation là où elle manipulait les ficelles en silence. Parce-que elle avait beau dire qu’il fixait les règles, le panel de choix était réduit lorsqu’il arrivait enfin à la hauteur du chirurgien - le laissant contraint d’aller dans une direction imposée. Avant de tirer sur la poignée cependant, il s’arrêta un instant, haussant légèrement un sourcil. « J’ai pas de rouge à lèvres sur le col, on est d’accord ? » Parce-que ce qui était une touche d’humour était clairement une réelle question de survie dans leur cas - dans son cas, un jour il s’apercevrait également qu’elle n’avait vraiment rien à perdre et qu’il jouait seul dans sa cour de récréation. Une dernière vérification ne pouvait, pour Ben, n’être que bénéfique - parce-que lorsque la minute suivante frappa l’horloge, ils se tenaient de nouveau tous les deux dans la salle de réception, Hartfield attrapant deux coupes de champagne pour en tendre l’une des deux à Mavis. C’était étrange, la sensation de se glisser de nouveau dans un rôle auquel il devait pourtant être désormais habitué - c’était presque plus excitant de savoir que c’était là une sensation qu'il avait presque désormais à portée de mains.