Greta se sentait un peu moins diminuée par la situation depuis quelques jours, comme si elle l’avait acceptée. L’auteure s’était convaincue que leur amitié reviendrait naturellement et qu’aller plus loin aurait été une erreur. Alors elle attendait, patiemment, que les choses s’apaisent et se tassent et elle prenait grand soin à s’entourer pour chasser la solitude. Elle avait passé trop de temps à se lamenter et à se réfugier dans le vin, rouge ou blanc. Ses parents étaient passés plusieurs fois à Brisbane et l’une de leurs venues avait été chaotique. “Si, Greta, on a été invités sur cette émission qui permettra à la collection de se vendre un peu mieux en Australie, alors on fera cette émission.” Et la nouvelle avait été difficile à accepter parce que si les Sighbury étaient connus en Australie, ils l’étaient au moins un tout petit peu moins qu’en Angleterre ou pas assez pour que son visage à elle y soit reconnu. Elle leur avait expliqué qu’elle avait fui pour cette raison, pour ne plus être dans leur ombre, mais leur empire était plus important que ses états d’âme. Alors Greta avait cessé d’essayer de discuter et avait accepté de les accompagner sur le plateau, incognito. C’est en coulisse qu’elle avait rencontré Marley qui avait pu maquiller ses parents et apprécier toute leur pointe d’arrogance. Le caractère des créateurs avait permis aux deux filles de rire ensemble de la situation et de prendre le temps de discuter quand ceux-ci s’étaient retrouvés à vanter l’originalité de leur collection sur une chaîne de la télé australienne. Fort heureusement, suite à l’émission, seuls les créateurs avaient attiré l’attention et personne ne s’était souciée de Greta Moore, passée inaperçue dans les loges, personne n’étant venu questionner son affiliation avec ces deux-là.

« Marley ! Contente que tu te sois libérée, j’avais peur que tu sois occupée avec une célébrité … » avait-elle directement lancé pour plaisanter sur la présence de Marley sur les plateaux télé et sa tendance à parfois abuser de ses charmes pour terminer ses journées en bonne compagnie. Sur ce terrain, les filles se comprenaient et c’était les différentes anecdotes que lui avait raconté Marley lors d’une séance maquillage qui les avaient rapprochées. Finalement, elle représentait toute l’audace et la fougue dont disposait Greta à Londres, quelques années avant, et passer du temps avec elle avait quelque chose de rafraîchissant. Marley osait sans jamais hésiter et à ses côtés, Greta réussissait à absorber ne serait-ce qu’une pointe de son assurance. L’auteure manquait cruelelment de confiance en elle depuis son arrivée à Brisbane, ne pouvant plus se cacher derrière un nom de famille, et sa relation avec Marley lui était devenue nécessaire. « Alors, comment tu vas ? » avait-elle demandé alors que la maquilleuse s’installait en face d’elle avec un sourire extrêmement communicatif.

Leur rencontre aurait pu tourner à la catastrophe si Marley n’avait pas fait preuve d’un naturel et d’un humour incomparables. Evidemment, Greta était habituée depuis son plus jeune âge à entendre les remarques des personnes qui travaillaient avec ses parents sans qu’eux ne semblent réellement réaliser les critiques. Alors, la blonde passait derrière eux et écoutait, parfois amusée, parfois gênée. Ils étaient difficiles à vivre et prenaient évidemment pour acquis les avantages de leur notoriété parce qu’ils avaient travaillé dur pour la bâtir mais ils n’étaient pas mauvais. A la remarque de Marley, Greta avait répondu pour la déstabiliser, d’humeur à plaisanter plutôt qu’à réellement s’offusquer d’une énième remarque sur l’attitude des créateurs. Si elle avait pu photographier le visage de Marley au moment où elle avait réalisé avoir dit ces mots désobligeants devant la fille cadette des Sighbury, cette photo serait probablement celle qu’elle aurait utilisé pour illustrer les appels qu’elle recevait de Marley. Des appels qui devenaient trop peu nombreux, depuis quelques temps. « Non ça c'était hier soir. Ce soir je suis tout à toi ! » Greta avait lancé un rire franc, Marley n’avait pas changé, toujours aussi spontanée et drôle. Les deux filles s’étaient connues au milieu de l’année 2018, peu de temps après le retour définitif de Greta et même si elles s’étaient très vite entendues, leur amitié n’avait eu que très peu de temps pour se forger alors que Marley avait quitté la ville quelques mois après. Leurs contacts s’étaient réduits à quelques échanges de messages et Marley ne lui avait annoncé son retour qu’au détour d’une discussion. Après cette annonce, il ne leur avait pas fallu longtemps pour décider de se retrouver et Greta était ravie de voir que rien n’avait changé entre elles. « Deux margaritas » Greta avait souri suite à ce très bon choix. « Ca va, j'essaie de me réhabituer à la vie à Brisbane. De retrouver mes marques. » Greta écoutait son amie attentivement alors qu’elles recevaient leur cocktail et que l’auteure s’était précipitée sur sa paille. « Et toi alors ? Quels sont les derniers potins ? Ca fait une éternité qu'on ne s'est pas vues ! » Greta avait soupiré, ne sachant pas vraiment par où commencer. « Il y a eu du bon, il y a eu du mauvais. Je stagne, je dirais, pour résumer tout ça. » L’auteure avait envie de s’amuser, loin d’elle l’idée de s’apitoyer sur son sort. « Je t'aurais bien demandé si tes parents s'étaient retirés leur balai du derrière mais je vais attendre que t'aies bu avant d'y aller franco. » Cette fois-ci, Greta avait éclaté de rire en s’empressant d’avaler sa gorgée de margarita au préalable pour ne pas tout recracher. « Il va falloir m’expliquer pourquoi on a autant tardé pour se revoir ? » avait-elle finalement dit, appréciant de pouvoir rire autant alors qu’elles n’en étaient qu’à leur premier verre. « Quelque chose me dit que tu vas vite les reprendre tes marques, t’es chez toi partout, toi non ?  » avait-elle plaisanté pour souligner l’assurance d’une Marley dont le sourire ne diminuait jamais.

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La joie de retrouver une ancienne amie devait malheureusement s’associer à cette inévitable discussion sur leurs vies respectives. Partager les réussites, mais surtout les échecs. Peut-être que Greta n’avait pas croisé Marley pour leurs retrouvailles au meilleur moment, elle tiraillée entre son nouveau projet et son amitié brisée avec Lucas. Mais une chose était sûre, la présence de son amie ce soir allait lui permettre de remonter la pente à l’aide de cocktails qu’elle était bien décidée à enchaîner toute la nuit. « Ah ouai c'est comme ça ? On ne trinque même plus. » Greta avait pris un air faussement coupable en haussant les épaules avant de rire et de prendre une seconde gorgée. Elle le savait, Marley n’allait pas la ménager ce soir et c’était de ce naturel dont elle avait besoin pour ne penser à rien d’autre qu’à l’instant présent. « Au moins toi tu stagnes, moi je crois que je recule. » Cette fois, les sourcils de la jeune femme étaient venus se hausser pour signaler son étonnement. « Qu’est ce que t’entends par là ? » La blonde avait envie d’écouter plus que de se confier mais cette question, elle le savait, pouvoir s’avérer entièrement rhétorique si Marley n’avait pas envie d’en parler. « Les affaires bébé » Leurs éclats de rire devaient probablement déranger les tables voisines mais elles s’en fichaient. En reprenant le ton de l’humour, Marley lui confirmait n’avoir aucune envie de s’apitoyer sur son sort, sur leurs sorts. « J'suis désolée. J'ai merdé. J'aurais dû revenir te voir plus tôt. » Greta lui avait lancé un sourire sincère. « T’en fais pas, je comprends, on est des femmes occupées. » avait-elle répondu pour venir chasser les craintes de Marley. Elle était de cette catégorie d’amis dont on pouvait ne pas avoir de nouvelles pendant des mois, ne jamais se parler, mais se retrouver avec l’impression de ne s’être jamais quittés et c’était ce qui faisait de ces retrouvailles un moment aussi important. « T'as raison regarde, je reprends les bonnes vieilles habitudes... Je traîne dans un bar avec toi. Quoi de plus naturel ? » La blonde était venue trinquer avec son amie, lui accordant enfin ce qu’elle réclamait depuis que leurs verres avaient été servis, pour confirmer qu’elles étaient à ce moment précis exactement où elles devaient être.

« Et sinon, tu écris un nouveau livre en ce moment ? Je peux savoir de quoi ça parle ? » L’écrivaine agitait sa paille nerveusement dans son cocktail, le regard fixant la danse des bulles plutôt que son amie. Encore une fois, elle semblait se prendre son échec en pleine figure, elle qui n’avait rien démarré depuis son arrivée et qui semblait plutôt être la protagoniste de sa propre histoire d’amour ratée. « Il paraît que la littérature érotique fonctionne à merveilles chez les jeunes adultes. » Avec cette affirmation, Marley avait réussi à capter de nouveau l’attention de la blonde qui riait toujours plus fort que la fois précédente. « En plus si t'es bloquée, je pourrais t'aider à ce sujet. » « Ah ça, je n’en doute pas. Il en est où, ton palmarès ? » avait-elle commencé pour taquiner une Marley visiblement dans sa meilleure forme. « J’écris rien depuis que je suis là, en fait. » avait-elle poursuivi et l’évoquer tout haut était encore plus difficile, alors elle s’était reconcentrée sur son projet actuel, continuant elle aussi sur le ton de l’humour. « J’écris la biographie d’un ancien rugbyman. Pour le côté érotique, j’ai toute l’inspiration dont j’ai besoin. » Greta l’avait fixée pour éclater de rire devant son air choqué, ravie de lui avoir laissé croire à quoi que ce soit d’autre qu’une collaboration purement professionnelle. « Non je plaisante, c’est un mec sympa et il est maqué en plus. On s’est rencontrés à une de mes fameuses soirées et il m’a proposé d’écrire sa bio alors j’ai accepté. En attendant. » Les deux filles plaisantaient évidemment mais Greta n’était pas du genre à fantasmer sur chaque personne qu’elle rencontrait et elle respectait bien trop Rhett - et Evelyn, même sans la connaître - pour s’éloigner de son professionnalisme. Mais ce mécanisme de défense fonctionnait presque, l’aidant à oublier Lucas. Marley écoutait d’une oreille et souriait mais son regard fuyant et ses coups d'œil furtifs dans la salle n’avaient pas échappé à Greta. « Tu cherches quelqu’un, peut-être ? » avait-elle finalement demandé avec un sourire fier, bien loin d’imaginer les déboires amoureux de Marley.

@Marley Lynch

Greta accordait beaucoup d’importance à la loyauté et mettait un point d’honneur à faire passer ses vrais amis au premier plan surtout quand ceux-ci en avaient réellement besoin. Pourtant, les amitiés simples, qui ne se brisaient pas après une période de silence ou d’autres futilités, étaient tout ce dont elle avait besoin, surtout maintenant. La plupart de son entourage était sur la même longueur d’onde et Greta appréciait par exemple les soirées en tête à tête avec Maze - et une bouteille de vin - où elles prenaient le temps de débriefer et de refaire le monde plutôt que de se justifier sur une période où l’une ou l’autre avait donné moins de nouvelles. Avec Marley les choses n’étaient pas différentes, bien au contraire, et c’était donc avec beaucoup de compréhension que Greta l’avait laissé rester évasive et ne pas se confier. Elles s’étaient revues pour passer un bon moment, et les deux filles n’avaient qu’à échanger un regard pour que cette ligne à suivre soit respectée scrupuleusement. C’était la même raison qui l’avait poussée à rapidement estomper les craintes de son amie, une chose était sûre, Greta n’était pas du genre à faire des reproches quand elle-même disparaissait parfois de la circulation tant son planning était chargé. Marley semblait préoccupée et le plan de la soirée était de lui remettre du baume au cœur alors les excuses n’étaient pas nécessaires. Les deux filles maniaient à la perfection les changements de contraste, passant des questions brûlantes à l’humour en un claquement de doigt. Des doigts qui servaient à compter les conquêtes pour Marley, avec qui parler de manière libérée n’avait rien d’étrange, une des nombreuses qualités de la jeune femme. Après tout, à leur age, la question de la sexualité n’était plus tabou et elles devaient s’avouer qu’il s’agissait là d’un de leur point commun. « Très fière de toi, ton sex appeal a de beaux jours devant lui ! » avait-elle répondu sur un ton toujours aussi léger et en ignorant les regards désapprobateurs des clients du jour dont le sens de l’humour frôlait le néant. « Mais c'est super ! Tu vois que tu n'écris pas rien... » Sa façon excessive de rouler les yeux avait suffit à montrer à Marley que ce projet ne suffisait pas à la rendre fière mais plus que la biographie, c’était le rugbyman qui l’intéréssait. « Bon il est maqué mais... Il est sexy ? » « C’est pas mon style, je crois. Ou alors le côté professionnel de la relation m’a directement mis un filtre… Cherche Rhett Hartfield sur google, tu verras. » Si elle voulait se rincer l’oeil, Greta n’en dirait rien à Evelyn lors de leur prochaine rencontre.

« Oh tu sais, je regarde s'il n'y a pas de vieilles connaissances... » Buvant une gorgée de son verre, Greta l’avait laissée continuer, intriguée. « Jackson. Je me demande s'il est toujours en ville. » « Oh Jackson, je ne savais pas que c’était encore d’actualité ? » Se refusant toujours à paraître insistante, Greta tentait d’avancer en subtilité parce qu’il était évident maintenant que Marley ne réussirait pas si facilement à faire abstraction de ce nuage qui planait au-dessus de sa tête. « Mais c'est pas le sujet ! Bon, il va falloir qu'on te remette en selle. »  Pourtant, son amie relançait avec habilité la balle dans son camp, lui lançant un défi qui l’amusait. « Vas-y, raconte-moi leur vie. » « Hum. C’est le nouveau stagiaire de la boîte de la femme et elle l’a emmené dans le bar en prétextant un after-work sauf qu’au final ils sont seuls. Regarde, il est en train de réaliser le piège… Je la juge pas, il est mignon. » avait-elle conclu en réalisant que quand Marley avait parlé de la remettre en selle, Greta avait de suite pensé que son amie voulait la caser. « Mais arrête j’ai l’impression d’être une cougar maintenant… » avait-elle commencé en riant avant de plonger un regard sérieux dans celui de Marley. « Arthur était plus jeune. Ma nouvelle obsession est plus jeune. » Peut-être que choisir des hommes plus mûrs lui éviterait des déconvenues mais son aventure avec Sergio suffisait à lui démontrer que cela n’était pas forcément la solution. Faisant signe au serveur, Greta avait commandé plusieurs shots de tequila en lançant un sourire provocateur à son amie. « Si tu veux en savoir plus il va me falloir plus d’alcool et, en toute honnêteté, il me faut pas mal de verres maintenant pour être pompette. » Un a eu à demo-mots sur son penchant un peu trop important pour l’alcool dans lequel elle trouvait refuge. Elle s’en voulait elle-même de cette impression qu’elle avait que tout allait mal alors que l’héritière Sighbury n’avait pas la vie la plus difficile qui soit. « Cap d’inviter ces mecs à se joindre à nous ? » Les confidences ne semblaient pas être leur fort, alors autant entamer la soirée comme il se devait.

@Marley Lynch

Greta n’avait plus quitté son sourire depuis ses retrouvailles avec Marley et les hostilités se poursuivaient. La jeune femme se retrouvait à devoir parler de Rhett sous un tout autre angle que celui professionnel et elle devait admettre que cela la mettait mal à l’aise. Pourtant, elle comptait sur son amie pour la sortir de sa rigidité et lui changer les idées. « Le côté professionnel... » La blonde avait acquiescé et attendait que Marley en finisse avec ses recherches sur l’ancien rugbyman. « Oh putain ! » Greta avait arqué un sourcil. « PAS TON STYLE ?! Mais c'est plus grave que ce que je pensais ! » Les cris d’étonnement de Marley avaient fait tourner toutes les têtes du bar alors qu’elle avait placé son téléphone assez proche des yeux de la blonde pour que sa rétine ne brûle. « Non mais il est HABILLÉ en général quand je le vois, tu sais ? » avait-elle répondu en repoussant le téléphone où la photo montrait un Rhett visiblement quittant l’entraînement. La photo datait, mais les années n’avaient en rien abîmé le charme du garçon. Si elle lui reconnaissait ce charme, Greta se trouvait bien incapable de désirer un homme dont l’histoire d’amour naissante faisait la une des journaux et qui lui offrait une collaboration. Secouant la tête en riant, la blonde avait laissé une Marley - qui s’avérait être encore bien plus extrême que dans ses souvenirs - faire fuir les autres clients. Elles avaient changé de sujet en reprenant leur cocktail et Marley l’avait observé alors qu’elle faisait le discours de la vie imaginaire de deux clients du bar. « Maintenant j'ai vraiment l'impression qu'il est pris au piège et qu'il faut qu'on aille le sauver... » Et elles avaient une nouvelle fois éclaté de rire.

Le rire de Greta s’était éteint aussi vite qu’il était venu alors que le moindre détail semblait inévitablement la ramener à une seule et unique personne. « Non mais arrête t'es pas si vieille... » Greta avait une nouvelle fois secoué la tête comme réaction à ce pique à peine dissimulé de Marley. Les années s’accumulaient et la seule histoire qui aurait pu aboutir s’était soldée par un terrible échec ce qui expliquait le nombre incalculable de cocktail qu’elle serait prête à boire ce soir. Et puis plus rien de sérieux, des aventures qui lui avaient laissé penser que le vrai amour était définitivement hors de sa portée. « Ta nouvelle obsession ? » Greta avait haussé les épaules, laissant planer le doute comme Marley l’avait fait avec Jackson puis elle avait avalé le shot de tequila en croquant ensuite dans le citron pour faire passer le goût. « Remettez-nous la même tournée. » Mais elle en voulait plus. Pour réussir à parler de ce sujet épineux et parce que s’ennivrer était devenu l’une de ses activités favorites. « Dans ce cas-là, on est deux. » « Tu me mets au défi, Lynch ? » avait-elle répondu en lançant un regard qui se voulait provocateur à Marley tout en terminant le premier shot du mètre que venait de servir le barman. La chaleur que provoquait la tequila sur son visage et cette sensation interne l’avaient fait parler plus vite qu’elle n’avait réfléchi, donnant un défi à une Marley qu’elle savait joueuse mais le regrettant presque aussitôt quand celle-ci s’était levée sans une once de réflexion non plus. Greta avait eu le temps de battre des cils une ou deux fois et d’entendre un gloussement typique de femme - presque - célibataire en action avant que Marley ne revienne avec deux hommes. Cette fille était redoutable et le sourire en coin de Greta était difficile à dissimuler. « Clint à ma droite. Dax à ma gauche. » La blonde regrettait et avait senti le rose lui monter aux joues à peine Clint et Dax installés à leur table, mais, après tout, qu’avait-elle à perdre ? « Greta. Et moi c'est Marley. Maintenant que les présentations sont faites, on peut commencer à boire ! » « Enchanté ! » avait-elle lancé avec un peu plus d’entrain au fur et à mesure ou la tequila prenait le pas sur sa sobriété. « Vous êtes célibataires ? Si vous ne l'êtes pas, mentez, ça nous arrangerait. » Greta s’était empêchée difficilement d’éclater de rire et avait continué à jouer le jeu de Marley, une fois qu’elle s’était assurée que les deux garçons étaient bel et bien célibataires, ce n’était pas le moment pour elle d’ajouter une petite-amie furieuse à sa liste de problèmes. « Alors Dax, plutôt Marley ou plutôt Greta ? Une préférence ? » avait-elle demandé arbitrairement au garçon devant elle pour savoir sur lequel des deux elle devait concentrer son attention. De son côté, elle trouvait les deux garçons tout à fait à son goût mais loin d’elle l’idée de terminer la soirée à trois, ou même à quatre.  « Si je peux vous aider à vous décider, Marley est douée en danse et elle adore cette chanson. » La blonde avait fait signe au barman d’augmenter le son et s’était penchée vers Marley en murmurant.  « Ton second défi est prêt, chérie. » Et elle assumerait les conséquences de ses actes plus tard.

« C'est bien dommage. Quel gâchis. » « Et dire que t’as maquillé mon père… » Les filles avaient échangé un regard avant d’éclater de rire, en une phrase il avait été facile de comprendre qu’il était tout à fait possible de rester professionnelle. Même avec Rhett. Surtout avec Rhett. Mais l’humour de Marley trouvait écho chez Greta qui n’avait plus autant ri depuis son passage chez Maze - alors que la soirée devait être le lieu de confidences sur des sujets qui le contrariaient. Le pouvoir de l’amitié était sans limite et à cet instant précis, Greta se sentait entourée et prête à rebondir. Pourtant, rien ne lui assurait que cette pensée l’accompagne jusqu’à la fin de la soirée une fois que l’alcool retomberait. L’ivresse commençait à gentiment faire son apparition alors que les deux amies s’adonnaient à un concours du nombre de shooters de tequila, et, plus elle en enchaînait, plus Greta s’imaginait devoir prononcer Marley gagnante. Alors que la blonde riait sans réelle raison, Marley, elle, continuait de suivre la conversation avec les deux hommes. « Je suis plus brune mais... Je préfère apprendre à vous connaître avant de me prononcer vraiment. » Après une longue hésitation, Dax s’était prononcé sur les brunes et Greta aurait juré qu’il avait sursauté légèrement avant de parler alors elle avait adressé un air inquisiteur et un sourire complice à Marley. Elle ne savait pas quoi, mais quelque chose s’était produit et cela l’amusait beaucoup. « Je comprends Clint. Moi aussi si j'aimais les femmes c'est sur Greta que j'aurais jeté mon dévolu. » Replaçant une mèche de cheveux derrière son oreille comme si elle avait un potentiel intérêt pour ce Clint, Greta avait échangé un regard avec lui. Une chose était sûre, il n’était pas le genre de type avec lequel elle finirait la soirée. Parce qu’elle n’en avait pas envie et parce qu’il n’était pas son genre. Il n’était pas Arthur ou Lucas.

Greta lui avait lancé un défi, pour s’amuser et pour trouver une façon de fausser compagnie à ces garçons dont l’espoir était déjà bien trop élevé. En proposant à Marley d’aller danser, Greta n’avait même pas pensé à son passé de strip-teaseuse mais à la voir ainsi bouger, il était évident que la métisse en connaissait un rayon en termes de danse, lascive, qui plus était. « Greta ! Greta ! » Tout le bar la regardait et elle y voyait trop flou pour savoir si cela lui plaisait ou non. Heureusement, la tequila avait pris possession de son esprit et la honte n’avait plus sa place, elle priait simplement pour ne croiser personne alors qu’elle avait rejoint Marley sur le bar. « Je crois que j’ai démarré un truc que je vais pas maîtriser… » avait-elle dit tout en continuant de danser, totalement déshonorée par les quantités d’alcool consommé juste avant. La blonde pouvait apercevoir Clint et Dax un peu plus loin dans le bar, visiblement déçus de constater qu’ils étaient loin d’être des exceptions mais plutôt des distractions. C’était agréable, et parfait pour oublier tous ses soucis, que de jouer les femmes fatales avec une Marley qui ne reculait devant rien. « Heureusement que la presse ne me connaît pas ici ! » Parce que ses parents n’auraient pas supporté l’affront de Greta Sighbury perchée sur le comptoir d’un bar. « Et maintenant quoi? Concours de celle qui récolte le plus de pic à cocktails ? » Elles avaient toutes les deux vu cet épisode de Desperate Housewives avec Gaby et Edie qui testent leur pouvoir de séduction de cette façon et l’idée amusait beaucoup Greta qui n’était de toute façon pas en état de juger si ses décisions étaient bonnes ou non. Hésitante à descendre du bar - l’idée que Carmine y entre et la voit ainsi lui faisait froid dans le dos - la blonde jaugeait son amie dont le regard laissait penser qu’elle était lancée et serait difficile à stopper.

C’était pour ça que Greta trouvait si facilement refuge dans l’alcool, il faisait tout oublier et lui donnait un sentiment de pouvoir, de liberté et de bonheur intense.  « Oh je peux te dire que tu maîtrises parfaitement le dossier ! » Ce soir, aucune des deux filles ne maîtrisait quoique ce soit mais elles s’amusaient et c’était le plus important. La soirée avec Marley ressemblait de plus en plus à un film américain où tout ce qu’il se produit semble totalement scripté, le bar entier se prêtait au jeu et les autres avaient simplement choisi de trouver un endroit plus calme. Les serveurs assistaient à la scène médusés mais ravis de voir le nombre de commandes de cocktail et autres shooters exploser. Marley était le centre de l’attention et la blonde s’était focalisée sur elle pour la rejoindre parce que malgré le taux d’alcool qui coulait dans ses veines, elle restait bien consciente de la façon dont elles se donnaient en spectacle. C’était à peu près tout ce qu’elle s’était refusée à Londres, tout ce qu’il lui était impossible de faire à cause de son nom de famille et sa notoriété alors se sentir libre lui faisait perdre toute notion de bienséance. A Londres, les soirées se faisaient à l’abri d’appartements bien trop luxueux pour des gens qui se remplissaient le nez de poudre et c’était probablement encore pire que ce soir, mais mieux valait être discrète et ne pas se montrer comme une fêtarde assumée en public. « Greta ! Un peu de décence ! » Greta avait explosé de rire, se penchant vers l’avant et vacillant légèrement - danser sur les bars en état d’ivresse était sacrément osé mais également dangereux. L’imitation était parfaite et la cadette Sighbury appréciait de pouvoir rire de ses parents avec quelqu’un qui les connaissait sous leurs plus mauvais traits. Marley avait eu le summum, le cliché des personnes célèbres et riches qui jouent les diva alors sa pique à la mère de Greta était plus que justifiée. Ils ne sauraient rien de cette soirée et n’auraient donc pas à se soucier de ce que leur progéniture avait pu dire à leur égard.

Grisée par cette soirée et ne souhaitant pas qu’elle se termine trop rapidement, Greta avait continué dans les défis. Lorsqu’elle rentrerait et surtout le lendemain, tout ce qui lui resterait serait la gueule de bois et le retour des problèmes qu’elle avait tant bien que mal essayé de noyer alors, elle comptait profiter jusqu’à la dernière seconde. « Ok. Mais il faut un enjeu ! Celle qui perd, doit laisser trois inconnus boire trois teq pafs... En mettant le sel sur son ventre ! » La blonde avait grimacé légèrement avant de hausser les épaules, avant de se faire briser le cœur et d’arriver à Brisbane, elle avait fait des choses bien pires - comme amener dans son lit le meilleur ami de son père. « Marché conclu, bonne chance… » Et elle lui avait adressé un clin d’œil en descendant du bar pour commencer la mission. En jetant un œil à son amie, celle-ci ne se limitait pas au genre des personnes et Greta avait hésité un temps à adopter la même technique mais, très vite, elle s’était finalement dirigée vers une table de cinq garçons qui étaient restés à l’écart de leur spectacle. Ils avaient pourtant accepté de jouer le jeu et la suite de l’opération avait été bien plus facile. En rejoignant Marley, celle-ci semblait extrêmement satisfaite. « 11. J'aurais pu en avoir 12 mais l'autre grognasse là-bas a refusé que son mec me donne le sien. » Greta était moins confiante, n’ayant aucune idée du nombre final de pics. Elle les avait sortis de son sac pour les étaler sur le bar. « Vas y, compte, qu’on sache qui s’y colle… » Et elle mourrait d’envie que ce soit Marley et pas elle.

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