@raelyn blackwell
Je les vois là, marcher en dessous de moi, alors que je vole à une altitude assez basse. Ils n’ont pas l’air d’avoir grand but dans la vie, comme si les planches de cette endroit leur servent uniquement à se balader. Ca se voit qu’ils n’ont pas vu Titanic eux - les planches, ça sert à autre chose et ça peut sauver des vies, c’est tout ce qu’il y a à en tirer. Mais qu’est-ce que ça peut me faire, hein ? S’ils ne se rendent pas compte de ce qu’il se passe autour d’eux. Je ne suis qu’un simple volatil, un oiseau des mers. Je suis un goéland et le premier qui me dit encore que je suis une mouette je pense que je le balance par dessus bord. J’ai pas beaucoup de force dans les pattes, mais je sais faire peur et ils partiront tous en courant.

Bref, recentrons les choses. C’est plutôt sur l’homme qui fait les cents pas en dessous de moi que je suis concentrée pour le moment. Je l’ai repéré tout à l’heure lorsqu’il est sorti du niveau inférieur, parce-qu’il avait encore des miettes de son déjeuner sur son veston. J’ai voulu piquer le bec en premier, mais il a tout foutu par terre d’un revers de la main - idiot, imbécile. Maintenant, le peu de bouffe que j’aurais pu avoir a été piétiné par tous les autres abrutis présents. Alors, je vole en stationnaire, j’observe s’il ne va pas retourner chercher un autre truc à bouffer. Attends, il dit quoi maintenant ? Je l’entends mal, je vais aller me poser sur la balustrade. Il dit qu’il n’aurait jamais du venir ici lorsqu’on lui avait fait la proposition ? Qu’est-ce qu’il baragouine cet animal.

what does the fox say ?
Raelyn Blackwell & @Malone Constantine

Tapis dans les profondeurs de l’océan encore calme,
Le monstre attend patiemment que mon heure vienne.
A cet instant, en deux ou trois coups de palme,
Il surgira au travers d’une plus diluvienne.

Les badauds alanguis sur le pont du navire,
Rient, dansent, chantent et se repaissent de mets délicats.
Ils ne soupçonnent pas le drame à venir,
Qui, sans distinction de classe, les condamnera.

Star des histoires racontées aux enfants,
Pour les terroriser et les rendre dociles,
Bani sous la surface depuis la nuit des temps,
Il patiente, il reste pour l’instant immobile.

Bunyip est le nom que les hommes lui ont choisi,
Le comparant tantôt à un morse, un buffle ou un lion,
Se mettant d’accord sur le fait qu’il est une anomalie,
Dont il convient de souhaiter l’extinction.

Pendant des millénaires, ce représentant de sa race sordide,
S’est dissimulé aux yeux des marins.
Il a nourri le souhait de dévorer ces humains insipides,
Qui envahissent son territoire, son terrain.

Le ciel s’assombrit, les flots se déchaînent,
Il remonte à la surface lentement.
Prêt à déverser toute sa haine,
La catastrophe en est à son commencement.

Il observe l’homme qui se plaint du voyage,
Et la jolie blonde qui lui répond en observant l’horizon avec inquiétude.
“Il n’est pas normal ce changement de paysage”,
Elle se lève et, à cause de l’agitation, elle titube.

Elle s’adresse à l’homme comme s’il était son domestique,
Le monstre, à présent prêt à bondir sur le pont se réjouit.
Dans la voix de la blonde, il peut sentir sa panique,  
A les entendre s’agiter, angoisser et trembler il frémit.

“Nous devons nous réfugier à l’intérieur du navire”
Dit la jeune femme son un ton qui ordonne.
Certainement inconsciente que rien n’empêchera le monstre de sévir,
Prête à sauter sur le pont, de plaisir il ronronne.

(pardon je suis pas Baudelaire)
(j’ai vérifié ça compte même si y’a pas un nombre de syllabe défini c’est un poème eN vErS LiBReS)

Rp écrit sous la forme d'un poème et au travers des yeux d'un narrateur extérieur (le bunyip) dans le cadre du NaNoWriMo 2022

J’ai bien fait de m’arrêter à temps, puisque l’idiot qui sème des miettes sur tout le pont du navire est rapidement rejoint par une blonde qui a pas l’air commode - elle, pour sur, elle m’aurait envoyé voir ailleurs si elle s’y trouvait si je m’étais posé trop proche d’eux. « Il n’est pas normal ce changement de paysage. » Si j’avais pu rire, je me serais pas gêné. Le but n’est pas de me faire repérer alors je reste silencieux - ce qui est plutôt improbable pour quelqu’un de mon espèce, nous qui sommes les connus pour se faire repérer dès qu’on arrive quelque-part. Ce changement de paysage n’est pas normal, il ne fallait pas être ingénieur pour s’en rendre compte. Mais après tout, qu’est-ce que j’y connais moi, le goéland - le premier qui dit encore que je suis une mouette je lui arrache les yeux.

« Nous devons nous réfugier à l’intérieur du navire » Je le vois qui fronce les sourcils, l’autre animal. Si la blonde n’a pas l’air du genre à faire confiance à qui que ce soit, lui à l’air soucieux du moindre détail. « J’ai peur que l’intérieur soit pire que l’extérieur. » Bien sur que l’intérieur est pire ! Il faudrait que je leur fasse un dessin en plus ? Moi qui vole haut et qui voit loin, je peux vous garantir que les eaux qui entourent le navire ne sont pas des plus belles. Mais je sais, je sens aussi avec mon instinct animal que c’est pas mieux à l’intérieur. Les monstres sont dehors, mais ils sont surtout déjà infiltrés partout. « Mieux vaut prendre de l’altitude. » Le roux tire sur le bras de la blonde pour l’emmener vers - oh merde, vers moi, alerte faut se tirer pour pas se faire repérer. Un petit tour et puis s’en vont, ni vu ni connu je reprends de l’altitude.

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Raelyn Blackwell & @Malone Constantine

Le monstre les observe, il prend son temps.

Le jeune homme à la couleur de cheveux si insolite semble vouloir s’opposer à l’opinion de la femme aux cheveux d’un blond polaire assez rare pour l’époque. Le montre grogne, se demande si cela changera quelque chose, avant de se dire que les humains auront probablement le même goût, quelle que soit leur couleur de cheveux. Il n’a pas mangé depuis tant d’années que leur chair sera tendre : il en a déjà l’eau à la bouche.

Le roux s’oppose donc. « J’ai peur que l’intérieur soit pire que l’extérieur. » Oui, que les humains restent à l’extérieur. Cela lui rendra la tâche plus facile lorsqu’il sera question de les dévorer. « La mer s’agite, si une vague nous heurte on passera par-dessus bord. » La femme continue à s’entêter, désireuse de se mettre à l’avis. Si on lui demandait son avis, la chose dirait que tout le monde est très bien dehors. Mais il a des pattes, il pourra de toute façon les suivre dans les couloirs de cet étrange habitat qu’ils appellent navire. « Mieux vaut prendre de l’altitude. » De l’altitude ? Le monstre se déplace, reste invisible mais si proche de la surface de l’eau, son ouïe fine lui permettant de capter les paroles de son prochain dîner. « De l’altitude ? Comme, monter dans les haubans ? » Le monstre glisse un coup d’oeil vers les fils entrelacés qui forment un quadrillage que montre la femme.  Qu’ils montent. Ils les sectionnera de ces dents et ils se fracasseront sur le pont ou, dans l’eau, ou ses congénères et lui-même les dévoreront. La blonde agaçante, le monstre souhaite la garder pour lui-même. « Ai-je l’ai vêtue pour faire des acrobaties ? » Non, son épaisse jupe rouge semble cacher un énorme jupon qui ressemble à s’y méprendre à un parachute. De l’écorce à retirer pour le Bunyip, bien désagréable lorsqu’on croque dedans.

« La mer s’agite, si une vague nous heurte on passera par-dessus bord. » L’homme secoue légèrement la tête, comme si ce que la blonde dit est aberrant. Elle a pas tout à fait tort en réalité - moi je peux m’envoler comme bon me semble dès que le danger approche, c’est pas votre cas avec vos bras qu’ont perdu leurs plumes. « De l’altitude ? Comme, monter dans les haubans ? » Le regard du roux passe à côté de moi sans me voir - je suis sauvé pour le moment, mais s’ils prennent de l’altitude pour de vrai il va falloir que je me fasse discret pour ne pas être repéré, surtout si je veux connaitre la fin de cette histoire. « Atteindre la hune est le meilleur moyen de voir à l’avance si on est complètement fichus ou non. » Un point pour l’idiot: de là-haut, ils auront la même vue que moi et c’est pas joli joli, autant prévenir de suite. J’ai jamais vu autant de monstres au même endroit, et pourtant je parcours les mers depuis longtemps. « Ai-je l’ai vêtue pour faire des acrobaties ? » - « Est-ce que vous voulez mourir sans essayer quelque-chose ? » Outch, même moi j’ai senti les reproches dans sa voix depuis mon nouveau poste d’observation: la hune elle-même.

« Excusez moi, j’aurais pas du parler comme ça. » Tous des faibles, ces hommes. « Simplement, retourner à l’intérieur du bateau serait se condamner sans avoir essayé. Je refuse. » Il semble déterminé à poursuivre vers une autre mort: ce sera toujours un bon spectacle. Le voilà qui si met à montrer entre cordes, filets et échelles pour tenter d’atteindre le haut du mat. Il avance pas vite, cette andouille, bientôt peut-être qu’il s’écrasera plus bas et que les monstres qui guettent à la surface de l’eau - j’en vois un là, il commence à me taper sur le système à jouer au même jeu que moi - me laisseront une part.  C’est pas tout, mais avec l’agitation ambiante, les gens me donnent plus rien à bouffer.

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Raelyn Blackwell & @Malone Constantine

La bête est fatiguée des tergiversations des mortels. Son futur repas n’est pas encore assez effrayé à son goût mais elle est prête à les croquer tout de suite, sans attendre comme elle comptait initialement le faire. Pendant des centaines d’années, elle a disséminé de la terreur dans le cœur de ses proies. Aujourd’hui, parce que les deux représentants de la race humaine qu’elle a sous les yeux sont particulièrement agaçants, elle est prête à faire une entorse à son mode opératoire.  

« Atteindre la hune est le meilleur moyen de voir à l’avance si on est complètement fichus ou non. » Ils ignorent que rien n’empêchera la créature de les traquer. Quand elle choisit son prochain repas, elle ne change plus d’avis. Alors, doucement, elle sort la tête de l’eau et, griffes dehors, elle entame son ascension le long de la coque du bâteau, hors de vue de la blonde et du roux qui reprend déjà la parole. « Est-ce que vous voulez mourir sans essayer quelque-chose ? » Les paroles lui proviennent alors qu’elle grimpe toujours plus haut. « Parce que s’amuser dans les haubans, c’est essayer quelque chose ? » Le montre n’a pas besoin de voir la femme pour savoir qu’elle est irritée et inquiète. Son ton le lui communique et si elle aurait préféré qu’elle soit pétrifiée, inquiète suffira. Elle hume sa peur qui est à ses yeux délicieuse. « Simplement, retourner à l’intérieur du bateau serait se condamner sans avoir essayé. Je refuse. » La créature écoute à peine, elle est proche du bastingage à présent, prête à bondir sur ses proies. « Je vais essayer. » Non, tu ne vas rien faire du tout, petite chose fragile. Avant que les humains n’aient le temps de commencer leur ascension, la bête saute sur le pont en poussant un hurlement sinistre. Elle aperçoit pour la première fois le visage de son dîner. La femme hurle, et semble vouloir partir en courant, mais la bête la prend en chasse, et lui assène un coup de sa lourde patte dans le dos, déchirant ses vêtement et sa peau fine avec ses griffes.

J’ai l’impression que le comportement du roux n’est pas vraiment au gout de la blonde, parce-qu’ils ont l’air de parler et parler et parler pour ne rien dire au final, alors qu’effectivement ils vont finir par mourir s’ils ne font rien. J’ai profité qu’ils aient un moment d’hésitation pour les écouter d’un peu plus près, pour réussir à comprendre ce qu’il se passait. « Parce que s’amuser dans les haubans, c’est essayer quelque chose ? » Je retiens de me mettre à rire. S’amuser, il n’y a pas le temps pour s’amuser, parce-qu’une écartée et un survol léger de la mer m’a fait comprendre qu’ils étaient bien trop lents à se mettre en mouvement: le monstre a décidé qu’il était temps d’agir. J’aurais bien ri, mais bon là ce serait parce-qu’ils vont mourir. Peut-être que j’arriverais à attraper un morceau à manger au passage.

« Je vais essayer. » - « Allons y alors. » Ils n’iront pas plus loin, en réalité. Je l’ai vu profiter de ce moment pour monter à bord du bateau, pour se faufiler jusqu’au pont. J’en ai déjà vu plusieurs, ces derniers jours, depuis que j’ai décidé de profiter de la traversée du navire pour reposer mes ailes fatiguées. Celui-ci est particulièrement moche, la vache. Et il a apparemment décidé que les deux idiots que j’observe depuis tout à l’heure seront son diner. La femme s’est mise à hurler, son cri est presque pire que le mien. « Courez ! » Oh poil de carotte, pas la peine de crier comme ça à ton tour, vous êtes fichus dans tous les cas. Le monstre est bien plus rapide que vous, bien plus féroce, bien plus déterminé à voir son diner servi sur un plateau d’argent. Moi, je vais commencer doucement à me carapater. Je vois que le monstre est bien parti pour décimer la moitié du paquebot et j’ai pas envie d’être parmi les dommages collatéraux. J’ai faim, je l'avoue facilement, mais je suis pas suicidaire. Bye bye les nazes, courrez plus vite parce-que vous allez pas gagner comme ça.

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Raelyn Blackwell & @Malone Constantine

La petite chose fragile est enfin terrifiée, et la bête se repaît de son effroi avec une joie sordide. Un sourire - si tant est qu’on puisse parler d’une telle chose sur la bouche d’une créature effroyable - se dessine sur le visage du Bunyip, et alors que la blonde se met en marche, elle bondit sur elle. Le petit homme ne pourra pas la sauver. La chose commence par sa camarade, mais s’occupera de lui juste après, qu’il patiente un peu. La femme court, cherche à fuir, mais le monstre est sur elle en quelques pas seulement. De sa lourde patte, il lui assène un coup, toutes griffes dehors, et l’étoffe délicate de sa robe se déchire en un instant. Sa peau aussi, et l’odeur du sang emplit le pont et l’odeur de la bête, lui met l’eau à la bouche et l’enrage. La petite chose fragile est à terre. Elle hurle, elle halète de douleur et elle tente de se redresser en s’appuyant sur ses avant-bras. Le monstre ne lui offre pas l’opportunité de s’enfuir. Avec une rage implacable, il la plaque au sol et plante ses dents dans sa nuque. Que la peau des humains est fragile. Que sa chair est tendre. La jeune femme ne fait plus de bruit à présent, elle gémit simplement par moments tandis que la vie quitte son corps. Les dents de la bête déchirent, arrachent, s’enfoncent et dévorent la malheureuse.

Quand elle en a terminé avec la première, la créature se remet en marche et poursuit le second malchanceux. Il n’a pas l’air bien courageux, ce rouquin. Il hurle comme une fillette. Son cuir est presque plus tendre que celui de la blonde. En quelques minutes seulement, ses membres sont entièrement dévorés. Le monstre jette un œil à la mouette qui les observe. Elle a de la chance. Les proies du navire sont bien plus intéressantes. Il laisse même les restes au charognard qui observe la scène avec intérêt. Le bateau abrite encore de nombreuses âmes et le monstre a mieux à faire que de se mettre un volatile sous la dent. Des hurlements s’élèvent de l’intérieur de la Narelle. Les choses sérieuses peuvent commencer.