previously on Galloways Drama (coucou @Archie Kwanteen )

the devil doesn't bargain

AUTUMN GALLOWAY & @KIERAN HALSTEAD

Les minutes filent sans que tu ne sois en mesure de faire sens de ce qui vient de se passer. Est-ce que c’est la fatigue qui t’assomme ainsi, ou plutôt la violence des propos d’Archie qui résonne encore dans ton crâne, comme un son de cloche dont tu ne sais pas te défaire? Tu peines à te mettre en action. La séquence se veut simple pourtant : marcher jusqu’à ta voiture, t’installer derrière le volant, démarrer le moteur, partir loin d’ici et ne jamais revenir. Tes mains tremblent, la nausée t’assène et chaque pas te demande une force que tu n’es pas certaine de posséder. Tu t’arrêtes souvent, mais jamais tu ne te retournes vers la demeure que tu viens de quitter. Si la lune est encore présente dans le ciel, ce n’est qu’une question de quelques heures avant qu’elle ne soit remplacée par le soleil, le ciel complètement dégagé annonçant une belle journée. C’est ironique, ce temps si doux alors qu’il y a une tempête qui rage monstrueusement dans tout ton être. C’est l’orage complet, le tonnerre qui gronde entre tes deux oreilles, les éclairs qui s’acharnent sur chaque partie de ton corps, qui brûle, qui laisse ses marques. C’est la pluie qui coule sous forme de larmes sous tes yeux, des larmes qui brouillent ta vision, t’empêche de partir aussi vite que tu l’aurais voulu. Tu voudrais que ça cesse, tout ce vacarme. Tu voudrais enlever tout le pouvoir que les mots d’Archie ont sur toi. Tu voudrais pouvoir crier sans le moinde doute qu’il a tort. Qu’il n’a rien compris, que c’est lui, le plus con des deux et que c’est lui, qui coure à sa perte.

Tu n’y arrives pas. Tu n’y arriveras jamais.

Le moteur gronde, les routes de Brisbane se dessinent sous tes yeux, mais les larmes qui continuent de couler rendent la tâche de conduire bien plus compliquée qu’elle ne devrait l’être. Tes sanglots sont à peine étouffés par la musique que tu as pourtant mis au maximum, te foutant bien de savoir si tu déranges qui que ce soit sur ton passage. Ta grippe sur ton volant est la seule chose qui semble te donner le moindre contrôle et quand les rues laissent place à l’autoroute, tu te forces à refouler les prochains sanglots. Tu te forces à sentir le matériel du siège sur tes cuisses nues, de sentir la pression de la ceinture de sécurité qui te serre le cou parce que tu es trop petite pour qu’elle tombe confortablement contre ton corps trop frêle. Tu t’efforces d’être dans le moment présent et de laisser Archie et ses vérités acerbes derrière, mais ces dernières te hantent de partout. Ce serait facile, là tout de suite, de laisser ta voiture rencontrer le mur de béton qui longe le long de l’autoroute. Ou de conduire en sens-inverse jusqu’au moment de te retrouver face à face avec un autre conducteur et espérer que la collision soit fatale. Ce serait encore plus facile de t’arrêter et d’avaler cette bouteille de médicaments sans laquelle tu ne sors jamais, celle qui est encore presque pleine, dans le fond de ton sac. Courir à ta perte, exactement comme Archie te l’a dit. Personne pour te ramasser à la petite cuillère, personne pour pleurer ta dernière décision stupide. Ce serait si facile, de lui donner raison.

Mais tu ne commets aucun coup de volant, tu ne cherches pas à te mettre en sens inverse sur l’autoroute, tu ne laisses pas ta main se guider volontairement jusqu’au fond de ton sac pour en sortir la bouteille de médicament. Dans un besoin d’extérioriser, tu te mets à crier les paroles de la chanson qui joue en bruit de fond, à laquelle tu n’accordais jusqu’à présent aucune attention mais sur laquelle tu diriges désormais toutes tes pensées. Si tu peux continuer de chanter encore quelques minutes, ces quelques minutes restantes avant de te retrouver à Fortitude Valley, de te trouver à nouveau sur ta rue alors peut-être que pour cette nuit au moins, Archie aura tort. Archie n’aura pas le pouvoir. Archie n’aura pas gagné et chez lui, vêtu seulement de ses sous-vêtements et armé de sa bouteille de fort, il sera vraiment le plus pathétique de vous deux. Et elles te semblent éternelles, les minutes, mais elles finissent par passer comme tout le reste et lorsque tu tournes enfin sur ta rue, il y a une certaine tension qui semble enfin s’estomper, sans que tu ne te sentes prête à rentrer. Tu redoutes de te trouver seule ou pire encore, de te retrouver devant un Cian insomniaque qui se posera nécessairement des questions sur ton état. Tu ne le connais pas assez pour t’étendre sur tes états d’âme, pas assez pour tenter de lui expliquer ce que ça veut vraiment dire, cette dispute avec Archie. Les mots précieusement choisis du Kwanteen et son intention de te blesser avec chacun. Pas capable d’étaler toutes tes faiblesses, tous tes défauts de fabrication devant quelqu’un qui ne te connaît encore qu’en surface, ou presque.

Il y a quelqu’un d’autre sur cette rue toutefois, à qui tu n’as pas besoin d’expliquer qui que ce soit. Quelqu’un d’autre qui connaît chaque parcelle de ta personne, qui t’a connu – et subi surtout – à ton meilleur, mais aussi à ton pire. La raison même de ta perte, qu’elle murmure la voix d’Archie dans le creux de ton oreille, mais tu l’ignores assez longtemps pour attraper ton téléphone et composer quelques mots sur ton écran que tu envoies à Kieran, incertaine de recevoir une réponse à cette heure. Elle ne tarde pas à venir toutefois, la réponse tant espérée et c’est au bout de quelques échanges seulement que tu reçois la confirmation qu’il est bien chez lui et que tu peux venir le voir. Ce n’est peut-être pas une bonne idée, mais c’est ce dont tu as besoin. Poser les yeux sur lui et l’entendre te dire que tout va bien aller. Même dans le pire du pire, il a toujours réussi à te le faire croire, même si toi, tu n’as jamais su le lui traduire. Tu renifles légèrement, tentes de sauver les apparences mais les dégâts sont bien trop gros pour que tu puisses camoufler la crise qui vient de se produire, des traces de maquillage éparpillés sur tes joues jusqu’à tes yeux rougies. Quelques coup, c’est tout ce que tu te permets, de peur de réveiller son colocataire et la silhouette de Kieran ne tarde pas à apparaître dans le cadre de porte et si tu te croyais assez forte pour ne pas te remettre à pleurer dès le moment où son regard croise le tien, tu réalises bien assez vite que ce n’est pas le cas. Une main sur la bouche, tu étouffes un sanglot et ta tête vient naturellement se lover contre son torse alors que tu cherches contre lui tout le confort qu’Archie t’a si violemment arraché un peu plus tôt. « Je suis désolée, je suis tellement désolée. » Désolée d’être là à cette heure. Désolée de continuer de te tourner vers lui quand ton monde éclate. Désolée d’être ce basket case duquel il doit constamment ramasser les morceaux. Désolée d’être ce fardeau sur ses épaules dont il a tenté de se défaire, sans que jamais tu ne lui en donnes réellement l’opportunité.

the devil doesn't bargain

@AUTUMN GALLOWAY & KIERAN HALSTEAD
(c) ratlabkat

tw : mention de pensées suicidaires

(FORTITUDE VALLEY, LOGEMENTS). Est-ce que t’es réveillé? La vérité, Autumn, c’est que Kieran ne dort plus. Lorsque je parviens à repousser une préoccupation qui prend en otage son esprit, il la remplace très vite par une autre. Tu dois pouvoir me comprendre, Autumn, n’est-ce pas ? Tu sais ce que c’est de te battre dans le vide, je crois. Je me suis battu contre toi pour ne plus que tu sois l’une de ses préoccupations, mais Kieran n’a jamais cessé de faire de toi sa priorité. Alors t’es là, implantée dans son esprit à quatre heures du matin parce que son téléphone a vibré et qu’il y a vu ton nom. Et il n’avait pas besoin de toi. Il n’avait pas besoin qu’une couche supplémentaire soit construite sur le mur qui tient ses pensées prisonnières à l’intérieur de son crâne ; alors qu’il ne demande qu’à en être libéré. J’ai essayé, pourtant. J’ai tout mis en œuvre pour qu’il arrive à ne pas se laisser submerger par toute cette peine qui s’immisce en lui ; qui s’est installée dans chaque cellule de son corps au point où il est trop tard pour débuter le moindre traitement. Je crois que c’est peine perdue. Je crois que, pour la première fois depuis qu’on se connaît lui et moi, je réalise l’ampleur de la tâche qui m’a été confiée et je réalise surtout que je ne suis pas prêt pour celle-ci. J’aimerais l’être. J’aimerais l’être, mais tu ne facilites pas les choses, Autumn. Tu ne les facilites plus depuis que tu es réapparue, depuis qu’entre deux demandes d’explications tu as refait ta place auprès de lui. Il s’était habitué à ton absence ; et le voilà qui n’arrive plus à composer sans ta présence. T’as tout réduit à néant, Autumn, et je peux même pas t’en vouloir. Parce que sans dire qu’il est heureux à tes côtés, Kieran est moins malheureux depuis que t’es de retour. Et je crois qu’en l’état des choses, c’est déjà mieux que tout ce je peux lui offrir.

J’ai essayé. Je vous assure que j’ai essayé ; j’ai volontairement appuyé sur le bouton « rediffusion » des souvenirs qui l’unissaient à Autumn – et des plus mauvais. J’ai insisté quant aux films d’horreur que j’imposais à l’intérieur de son esprit, je l’ai forcé à regarder ce qu’il ne voulait pas voir, j’ai voulu lui apprendre la leçon de la manière la plus autoritaire qui soit – en le tenant en joue. Je l’ai rendu otage de son propre esprit là où je voulais le libérer de celui-ci. Est-ce que je suis mieux que toi, Autumn ? J’ai toujours pensé que je l’étais ; mon assurance est mise à mal quand il me met face au constat dont je l’ai volontairement privé. Tu l’as détruit, oui. Je crois qu’il a accepté l’idée. Mais moi, je n’arrive pas à accepter celle qui veut que tu l’aies aussi sauvé. Et pas uniquement ce soir de novembre, il y a un an, en le retrouvant sur le sol de la cuisine des Cornwells. Tu l’as détruit, Autumn, et ne va pas croire que je saurai faire preuve de clémence à ton égard ; mais tu l’as aidé, à ta manière. Tu le rends heureux, surtout, même si ces instants sont éphémères, même s’ils entachés de doutes, même s’ils sont trop douloureux pour être acceptés. Moi, je dois accepter qu’à ton contact, Kieran s’enfonce dans son mal-être, parce que tu lui fais du bien. Et qu’il sait que ce n’est pas une bonne chose ; parce que je crois qu’il a fini par l’apprendre cette leçon-là. Est-ce que c’est ma faute ? Est-ce parce que je lui ai confronté trop violemment à ce que je pensais être sa propre opinion (ça l’est) qu’il se sent ainsi ? Que cette anxiété ne cesse de s’accentuer et de le dévorer à petit feu parce qu’il est partagé entre ce qu’il veut et ce que je veux ? Que là où je croyais que ces deux choses revenaient au même, il semblerait qu’il me prouve le contraire ? Mais le problème, vous savez, c’est que je crois que lui-même ne sait pas ce qu’il veut. Il désire Autumn autant qu’il la craint. Il la veut à ses côtés autant qu’il a besoin de s’en éloigner. Il veut la toucher autant qu'il en a peur. Il veut passer des heures à ses côtés autant qu’une seconde près d’elle est déjà insupportable. Il veut qu’elle fasse partie de sa vie, mais il veut aussi qu’elle sorte définitivement de celle-ci. Il l’aime autant qu’il la déteste ; et ces deux sentiments ne sont pas fait pour coexister, rendant leur ressenti terriblement compliqué à supporter.

Bien sûr qu’il est réveillé ; et bien sûr qu’il l’est encore plus depuis qu’il a lu son message. Il est incapable de te fermer la porte au nez, Autumn, et tu le sais, n’est-ce pas ? Je suis persuadé que ce n’est pas le fruit d’un hasard, ni d’une décision impulsive dont tu as le secret, qu’au contraire, cet acte est réfléchi. C’est Kieran qui n’arrive plus à faire preuve de ses capacités de réflexion quand il s’empresse de sortir de sa léthargie pour s’habiller de manière plus correcte, passant une main sur son crâne rasé dans une habitude de replacer ses cheveux avant de tourner en rond dans la pièce à vivre. Elle arrivera d’une minute à l’autre et il ne sait toujours pas s’il sera capable de lui ouvrir la porte. Ce n’est pas qu’il veut lui fermer celle-ci au nez alors qu’elle a besoin d’aide ; c’est qu’il se souvient de la dernière fois où elle l’a contacté dans un état similaire et il n’a aucune envie de revivre les émotions qui l’ont assailli ce soir-là. Il n’avait pas plus réussi à trouver le sommeil cette nuit-là que les suivantes, en sachant les véritables états d’âme d’Autumn, ceux qu’elle s’obstinait à lui dissimuler et qui l’aidait à mettre sa culpabilité en veille à défaut de réussir à l’éteindre. Parce qu’Autumn était arrivée à une telle détresse par ce qu’il considère comme sa faute, Kieran s’est résolu à ne pas affirmer la sienne. Elle ne peut pas exister, pas alors qu’Autumn porte le fardeau qu’il a fait peser sur ses épaules en entrant dans sa vie.

Quelques coups résonnent contre la porte ; et toutes ses hésitations sont balayées quand il se précipite pour ouvrir celle-ci. Il persiste à croire qu’il a causé sa peine ; et que pour cette raison il n’a pas le droit de fermer les yeux sur celle-ci, peu importe si cela empêcherait ensuite les siens de trouver le repos. Ses intuitions sont, elles, confirmées quand son regard se pose sur la jeune femme et qu’il comprend que la soirée qu’elle vient de passer avec Archie est bien plus dramatique qu’il n’aurait pu l’imaginer. Il n’a pas le temps de réagir qu’elle est déjà contre lui ; et malgré un bref mouvement de recul, c’est bientôt ses mains qui viennent se glisser avec délicatesse contre son dos pour caresser doucement celui-ci. Tu ne devrais pas apprécier cette familiarité, Kieran. Et ne me fais pas croire que ça ne te fait rien ; pas alors que ton rythme cardiaque s’est accéléré et que ton souffle s’est interrompu dès la seconde où son corps est venu à la rencontre du tien. « Je suis désolée, je suis tellement désolée. » -  « Shhh, shhh. » Qu’il essaie de le rassurer dans un premier temps, sa main qui passe toujours sur son dos à un rythme régulier avant qu’il ne resserre ses bras autour d’elle pour l’inviter à entrer et fermer la porte derrière elle sans marquer la distance entre eux. Parce que tu y as suffisamment rêvé pour ne pas la laisser s’échapper à présent, n’est-ce pas ? « Calme-toi, Archie ne viendra pas jusqu’ici. » Il ne sait même pas où il habitude, elle peut au moins se sentir en sécurité. C’est si ironique, si vous voulez mon avis, qu’il lui offre ce qu’elle lui a pris. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Il lui demande, ayant néanmoins une idée de la réponse compte tenu de son inimité avec le fautif tout désigné. « Respire et calme-toi, je vais aller te faire quelque chose à boire. » Il va y aller, promis. Il ne sait seulement pas quand exactement, alors qu’il n’arrive plus à se détacher d’elle, alors qu’il ne veut surtout plus le faire, ses mains qui s’accrochent un peu plus au tissu de son haut comme s’il était celui qui avait besoin de cette étreinte, son visage qui s’appuie contre le haut du crâne d’Autumn, un instant. Juste un instant, promis, pour retrouver un sentiment auquel il ne croyait jamais plus pouvoir goûter.  

Comment est-ce que tu en es arrivée là, encore une fois? Comment ça se fait que même quand tu essayes de bien faire, tu finis par t’en prendre plein la gueule? Est-ce que ce sera éternellement ton karma? Est-ce que tu as fait tant d’erreurs, commis tant de mauvaises actions par le passé que tu es condamnée à être malheureuse? Condamnée à faire fuir, à dégoûter ceux qui t’ont été chers, ceux que tu aimes, ceux que tu ne veux pas perdre? Tu ne sais plus si tu peux réellement en dire autant d’Archie après ce qui vient de se passer, et pourtant, tu ne peux t’empêcher de te sentir comme l’unique responsable de ce qui s’est passé, quand bien même ce sont ses mots qui ont fait mal. Quand bien même c’est lui qui a attaqué en premier, quand bien même c’est lui qui t’a fait voir son vrai visage, cette personnalité méprisable que tu connais pourtant, mais dont tu n’avais jamais été victime par le passé. C’est compliqué, pratiquement impossible pour toi de démêler ce que tu penses savoir de ce qui est vrai, de te défaire de cette idée que tu es la victime autant que tu peux être le bourreau, incapable de décider désormais quel est vraiment le rôle qui t’appartient. Il y a ta tête qui est sur le point d’exploser, tes pensées qui se déchirent d’un bord et de l’autre, qui se contredisent, qui s’entremêlent, qui cessent de faire du sens dès l’instant où les mots existent dans ton esprit. La seule chose qui te revient sans cesse, la seule chose à laquelle tu es encore en mesure de te raccrocher présentement, c’est Kieran et ces messages qui te confirment qu’il ne dort pas, qu’il t’attend, qu’il est prêt à te voir malgré l’heure, malgré la panique, malgré tout et surtout malgré le fait que c’est encore lui qui doit ramasser tes morceaux.

Tu retrouves un sentiment de sécurité dès l’instant où ton corps se retrouve contre celui de Kieran, la tempête restant dehors, derrière cette porte que le Halstead s’empresse de fermer. Il n’y a que ses mains qui caressent ton dos, le son de sa voix qui t’implore de calmer tes larmes dans des « Shhh, shh. » qui se répètent alors que tu tentes de reprendre le contrôle de ta respiration, d’empêcher les sanglots de s’enfuir plus longuement des tréfonds de ta gorge. « Calme-toi, Archie ne viendra pas jusqu’ici. » Tu le sais parfaitement ça. Archie n’est pas en état d’aller nulle part, et même s’il l’était, il ne saurait pas où te trouver. Ni ici, ni même chez toi, puisqu’il n’a jamais mis les pieds dans ton appartement depuis que tu es de retour à Brisbane. Ton appartement qui n'a absolument rien à voir avec le luxe de sa maison. Des murs vides sur lesquels tu n’as jamais eu l’intention de mettre le moindre de ses portraits. Cette simple pensée t’arrache un rire nerveux qui se mélange à tes sanglots. Sanglots qui semblent enfin se calmer, au rythme régulier des mains de Kieran dans ton dos. « Qu’est-ce qu’il s’est passé? » Tu ne sais même pas comment répondre à cette question parce que tu ne comprends toujours pas comment ça a pu se passer. Comment ça a pris un tournant aussi brutal, pour se finir dans des mots aussi tranchants que les blessures que tu te fais parfois subir, celles qui laissent des cicatrices sur ta peau, celles qui sont vraiment les responsables de tout ça finalement. Ça va encore trop vite, tu as la gorge nouée, les mots te manquent et tu n’es pas certaine d’avoir envie, ni même la force de parler d’Archie et de ce qui s’est passé. C’est pour ça que tu es là pourtant, pas seulement parce que tu rêvais de le sentir contre toi, pas parce que tu n’as plus jamais envie de te défaire de cette étreinte, même si c’est la seule chose à laquelle tu veux penser dans l’immédiat.

« Respire et calme-toi, je vais aller te faire quelque chose à boire. » Il n’a même pas le temps de se défaire de ton emprise que tes bras serrent un peu plus fort contre lui. « Attends. » que tu le supplies, pas prête à le laisser partir. Tu ne veux rien à boire, tu n’as pas soif même si tu es fort probablement déshydratée vu la quantité de larmes qui ont coulé dans la dernière heure. Son menton s’appuie contre ta tête et tu lâches un long soupir, tes doigts agrippants un peu plus fort le tissu de son t-shirt. « Reste. » Juste là. Ne bouge surtout pas. Je t’en supplie Kieran. Tu n’es pas certaine de pouvoir tenir sur tes jambes plus longtemps s’il s’échappe, pas certaine d’en avoir envie non plus. Lentement, tu relèves légèrement la tête pour croiser son regard, sans toutefois te distancer de lui. « Je suis allée le voir. Je pensais qu’il avait besoin de moi. Il était complètement bourré. » Tu pensais qu’il avait besoin de toi parce que c’est quelque chose que tu cherches constamment : que les autres aient besoin de toi. Mais c’est toi finalement, qui est constamment un poids dans la vie des autres, toi qui as toujours besoin des autres pour t’en sortir. Est-ce que je suis autre chose qu’un poids pour toi, Kieran? « Il a vu mes cicatrices. » La plus récente surtout. Celle qui date de ton anniversaire, qui en dit trop sur comment tu te sens vraiment, comment tu gères les hauts mais surtout les bas de ton quotidien. « ‘Va te tuer Autumn’. C’est ce qu’il a dit. » Pas exactement, mais ce sont les seuls mots qui te reviennent comme ça, au travers des insultes et des sous-entendus. Tes lèvres tremblent à nouveau, mais tu ne veux pas te remettre à pleurer. Est-ce que c’est tout ce que je mérite, Kieran? La question est sur le bord de tes lèvres, mais tu es incapable de la verbaliser. Ta tête retrouve son torse et tu veux oublier. Tout oublier.

Aide-moi à oublier Kieran.
Ne serait-ce que pour quelques instants.

tw : mention de pensées suicidaires et d'automutilation.

À la minute même où il ouvre cette porte et qu’elle se réfugie dans ses bras, Kieran oublie tous les doutes. Les siens, les miens, tout ce qui est susceptible de se mettre au travers de son désir de sentir la présence de la jeune femme contre lui. Il en a trop souvent rêvé pour s’autoriser à manquer cette chance — bien qu’il soit le seul à considérer cette situation comme cela. Ce n’en est pas une à mes yeux, non, c’est une condamnation, alors qu’à défaut de pouvoir éteindre les sentiments qu’il n’a jamais cessé de ressentir à l’égard d’Autumn, il n’y avait rien pour raviver ceux-ci. Jusqu’à ces dernières semaines, où leurs rencontres se sont faites plus régulières. Mais Kieran conservait encore un dernier avantage en prenant soin de se tenir à distance de la jeune femme, conscient qu’au-delà des qualités d’Autumn, c’est son attirance pour elle qui est susceptible de tout faire basculer. Il n’a jamais désiré quelqu’un autant qu’il la désire elle, et il ne parle même pas d’intimité alors que c’est majoritairement sa proximité qu’il recherche. La prendre dans ses bras, lui caresser la main, sentir son souffle contre son peau et toutes ces choses qu’il s’est interdit de retrouver par peur de se perdre à nouveau. Et une seule seconde, durant laquelle son cœur a cessé de battre sous la satisfaction de leurs retrouvailles, me confirme que ses craintes étaient légitimes. Blottie contre lui, Kieran n’a décemment pas envie de la laisser s’en aller, alors que l’apaisement qu’il ressent à cet instant l’empêche de se flageller quant aux circonstances qui entourent ce moment. Il ne devrait pas s’en réjouir, pas alors qu’elle semble au plus bas — et ce n’est évidemment pas de ça qu’il se ravit. Bien sûr qu’il aurait préféré que les choses soient différentes, mais à cet instant il se contente surtout de sa présence dans ses bras, même si dans un élan de raison, il concède à m’écouter et à s’intéresser aux raisons qui amènent Autumn jusqu’ici. Aussi cruel que je puisse être à l’égard de la jeune femme, un coup d’œil à son état suffit à comprendre qu’elles sont valables, même si j’avais espéré qu’il s’agisse d’un plan bien ficelé, qui m’aurait alors permis d’intégrer quelques graines de doute dans l’esprit de Kieran, suffisamment pour qu’il ne profite pas autant de cette étreinte. Mais elle va mal, et le doute n’a pas sa place alors qu’il ne peut décemment pas lui fermer la porte au nez, malgré toute mon impulsion. Et je n’ai pas envie qu’il le fasse, pas alors que je sais qu’agir de la sorte serait à l’origine d’encore plus de punitions qu’il s’adressera à lui-même.

Kieran peut prétendre autant qu’il veut ne pas savoir comment agir dans pareille situation, il est pourtant le plus à même d’avoir une marche à suivre. Ce n’est pas la première fois qu’elle se présente à lui, certainement pas la dernière non plus et l’ordre des choses est maîtrisé, même s’il prend son temps pour les appliquer. « Attends. » Et il se fait obéissant sans la moindre hésitation, le Halstead, alors que les doigts d’Autumn qui s’agrippent au tissu de son t-shirt provoquent quelques frissons qui, il le sait, n’ont pas sa place à cet instant. C’est ironique, si vous voulez mon avis, de voir à quel point il se montre déraisonnable au moment le moins opportun. « Reste. » — « Je bouge pas. » Aussi longtemps qu’elle en aura besoin, alors qu’il confirme ses mots en serrant un peu plus ses bras autour d’elle, comme s’il souhaite joindre les gestes à la parole pour lui confirmer qu’il est bien là. Mais tu ne devrais pas, Kieran. Tu ne devrais pas être celui qui lui offre refuge, pas alors que tu sais à quel point ça peut faire mal. Et qu’on ne me traite pas d’égoïste, même si mes intérêts résident en priorité en ceux de Kieran, je ne doute pas que la jeune femme n’est pas en reste quand il s’agit de souffrance. Et alors qu’elle relève légèrement la tête, il recule la sienne pour mieux croiser son regard. « Je suis allée le voir. Je pensais qu’il avait besoin de moi. Il était complètement bourré. » Il fronce les sourcils un instant, surpris d’une telle description concernant le Kwanteen, anticipant aussi ce qu’elle va dire ; il ne se passe jamais rien de bon quand l’un des partis est bourré. « Il a vu mes cicatrices. » Il n’aime pas la direction que la conversation prend, alors qu’il espérait encore qu’il ne s’agirait que d’une indélicatesse habituelle de la part d’Archie. Il ne doute pas qu’il est question de ça, mais pas sur un tel sujet, non. « ‘Va te tuer Autumn’. C’est ce qu’il a dit. » — « Quoi ? » Sans réellement le vouloir, la colère sèche qui s’entend dans sa voix parle pour lui quant aux faits. Il n’a jamais compris l’actionnaire, mais plus que jamais celui-ci représente un mystère qu’il n’a plus aucune envie d’élucider s’il est capable de tenir de tels propos. Et si je me réjouis que Kieran soit enfin capable de cesser de se comparer à ce dernier, j’aurais préféré que ce soit dans d’autres circonstances, où Autumn n’est pas un dommage collatéral. Parce que c’est ce qu’elle, et que malgré tout leur historique, ce sont des mots que je ne souhaite à personne d’entendre. « Je suis désolé. » C’est tout ce qu’il peut dire dans un premier temps, alors qu’il ne saurait trouver les bonnes paroles pour alléger ses blessures, et qu’à défaut, ses lèvres viennent trouver le sommet de son crâne quand elle s’enfouit à nouveau entre ses bras. Une manière silencieuse de lui prouver qu’elle compte aux yeux de certains, et je préfère encore qu’il agisse ainsi que de lui verbaliser l’importance qu’elle a encore pour lui. « C’est un connard, ça l’a toujours été. » Oui, il ne devrait pas faire de jugement, mais à cet instant le sien lui semble particulièrement pertinent — fait suffisamment rare pour être souligné. « Peu importe ce qu’il s’est passé, il a aucune excuse pour t’avoir dit ça. » Il n’a pas besoin d’avoir une vision globale de la situation pour être sûr de lui et je ne peux pas donner tort à Kieran sur ce point-là. « Et tu sais qu’il dit n’importe quoi, n’est-ce pas ? » N’est-ce pas, Autumn ? Il a besoin de l’entendre le dire, il a besoin d’être rassuré au moins sur ce point-là. Et moi aussi, parce que je ne suis pas certain que Kieran puisse gérer un tel investissement dans l’hypothèse où elle croirait aux paroles d’Archie. Ça va le détruire, Autumn et le boulot a déjà été fait. « Je suis sûr qu’il le pensait pas, alors je t’interdis de le faire à sa place, d’accord ? » Et c’est bien la première fois qu’il s’accroche à un meilleur portrait du Kwanteen, mais il ne peut pas croire qu’il soit insensible à ce point. Il n’a pas intérêt à l’être, en tout cas, pas plus qu’elle n’a intérêt à le croire.

@Autumn Galloway  

« Je bouge pas. » Il te confirme ses mots en resserrant son étreinte contre toi et tu fais de ton mieux pour te calmer, forcer ta respiration à suivre celle de Kieran qui est bien plus contrôlée que la tienne. Tu laisses le silence s’étirer parce que c’est plus sécuritaire que de devoir lui raconter ce qui s’est passé dans les dernières heures, même si tu sais que tu ne pourras pas te terrer encore longtemps. C’est la moindre des choses puisque tu viens de le réveiller au beau milieu de la nuit, que tu le tires de son lit avec tes problèmes, avec ta détresse, encore une fois. Tu détestes être cette fille-là autant que parfois, tu ne demandes qu’à l’être. Tu détestes être celle qui a constamment besoin d’être sauvée et pourtant, tu ne veux que ça : toujours un peu plus de l’attention de Kieran, de son soutien, de sa présence près de toi, de ses mains sur ton corps et de tout ce que ça implique. C’est stupide et inapproprié, de penser à ce genre de choses au beau milieu d’une énième crise, mais c’est plus fort que toi, surtout quand tu sens le rythme de son cœur contre ton oreille, que tes doigts s’agrippent à son chandail comme si ta vie en dépendait. Peut-être bien que c’est le cas. Peut-être bien que tu ne peux pas survivre sans Kieran dans ta vie. C’est ce que ton histoire semble dire en tout cas, quand tes moments de détresse sont liés à lui et que tu réinventes l’histoire pour croire qu’il est ton sauveur. Tu réécris les scènes à ton avantage, changes les détails, oublies les contradictions et te concentres constamment sur ce qui fait du sens pour ton cœur, pour ton esprit malade. Autumn l’éternelle victime, Kieran le sauveur, ça sonne si bien, c’est si beau, c’est le développement idéal de toutes les histoires à l’eau de rose que tu aimes lire. Tu veux qu’il le soit réellement, ton sauveur. Tu en rêves, de la pire des façons qui soit, mais Kieran n’a pas le pouvoir de te sauver de toi-même. Personne ne l’a.

Pas même toi, Autumn.

Les mots t’échappent maladroitement, les séquences de ton temps passé chez Archie imprécis et douloureux. Tu sais que ce l’est pour Kieran aussi de l’entendre, sa voix trahissant son émotion. « Quoi? » Tu hoches doucement la tête, incapable de te répéter. Tous tes efforts sont concentrés sur la tâche de ne pas te remettre à pleurer et rester debout, c’est tout ce que tu es capable de faire en ce moment. « Je suis désolé. » Tu secoues la tête de droite à gauche cette fois, parce que Kieran n’a pas à s’excuser. « C’est pas ta faute. » Pas directement, qu’importe ce qu’Archie peut bien en dire. Archie, il a toujours blâmer Kieran pour tous tes maux et trop souvent, tu l’as laissé faire. Tu trouves refuge dans ses bras, frissonnes quand il vient déposer un baiser sur le dessus de ta tête, pries le Ciel pour qu’il te laisse être là contre lui encore un moment. Toujours, que tu voudrais. Mais tu es prête à te contenter des minutes, des heures qu’il t’offre, même si tu sais que ce ne sera jamais assez. « C’est un connard, ça l’a toujours été. » « Pas avec moi. » que tu ne peux t’empêcher de répondre, les mots marmonnés contre son chandail parce que tu n’as pas envie de lire le jugement que tu t’imagines déjà sur le visage du Halstead. Tu connais la réputation du Kwanteen, mais jamais tu n’avais fait les frais de sa méchanceté de la sorte. « Peu importe ce qu’il s’est passé, il a aucune excuse pour t’avoir dit ça. » Tu veux lui demander s’il a déjà pensé ça, lui aussi. S’il a déjà cru que tu serais mieux morte que dans sa vie. Tu y as pensé plusieurs fois, toi. Trop souvent, sûrement. Parfois persuadée que la vie de tes proches, de ceux qui t’aime seraient tellement plus simples si tu n’étais pas là pour les empoissonner avec tes problèmes et tes troubles. Et c’est comme s’il pouvait lire dans tes pensées, Kieran, quand sa voix s’élève à nouveau entre vous. « Et tu sais qu’il dit n’importe quoi, n’est-ce pas? » Il t’implore presque, et tu t’en veux de ne pas savoir lui répondre avec assurance. Tu voudrais pouvoir le faire, lui dire sans l’ombre d’un doute que tu ne penses pas que le suicide soit une option pour toi, que c’est ainsi que ton histoire va se terminer, mais peux-tu réellement lui gérer sans l’ombre d’un doute que ses pensées ne traversent plus ton esprit occasionnellement? Non, tu ne peux pas, et tu n’as pas la force de lui mentir sur ça, pas après tout ce qui s’est passé. « Je suis sûr qu’il le pensait pas, alors je t’interdis de le faire à sa place. » Tu veux hocher la tête, mais ta pensée ne se transforme pas en geste alors que tu lèves la tête dans sa direction, soutenant son regard malgré les larmes qui menacent de couler à tout instant. « Je veux pas le penser. » Ça au moins, c’est vrai. Ce n’est sûrement pas ce qu’il veut entendre et tu t’en veux de lui imposer ça, encore une fois. « Est-ce que je suis condamnée à être comme ça, Kier? » que tu lui demandes, la gorge serrée, les mots peinant à traverser la barrière de tes lèvres. « Brisée. » que tu spécifies, même si tu juges que ce n’est pas nécessaire. Il sait comment tu es. Il le sait mieux que quiconque et pour ça aussi, tu t’en veux. Tu t’en veux de ne pas savoir être mieux, malgré toutes les belles paroles que tu lui serres au quotidien, quand un large sourire habite tes lèvres et que tu profites de sa présence. Tu ne prétends pas, pourtant. Pas quand il est là avec toi. Tu es vraiment heureuse, à ces moments-là. Mais c’est comme tout le reste, affreusement éphémère. « Pourquoi est-ce que je peux pas être comme tout le monde? Pourquoi est-ce que tout revient toujours à ça? » Tu lâches un long soupir, te pinçant les lèvres avant de finalement te délier de ses bras. Tu t’éloignes et te laisses tomber machinalement dans le canapé, la tête entre les mains alors que la fatigue te rattrape. Tu te demandes ce que tu fais là, ce que tu espères. Tu ne sais pas. Tu ne sais jamais rien, de toute façon.

Il ne bougera pas. Tant qu’Autumn acceptera d’être la prisonnière de son étreinte, Kieran ne rendra pas sa liberté à la jeune femme. Derrière la raison officielle qui est la demande formulée quelques instants plus tôt se trouve l’officieuse qui est le propre besoin de Kieran de la sentir encore tout contre lui. Quelques minutes supplémentaires durant lesquelles il s’autorise à profiter d’une étreinte à laquelle il ne pensait plus jamais avoir le droit – bien qu’il aurait préféré que les circonstances soient différentes. Pour autant, Kieran est mal à l’aise face à cette forme de plaisir éprouvée par le biais de la souffrance d’Autumn et l’est d’autant plus qu’il ne considère pas que le geste soit en mesure de l’aider d’une quelconque manière. Mais parce qu’elle en a fait la demande, il tente de ne pas trop se flageller quant à son incapacité à lui venir en aide comme il le voudrait réellement. La vérité, c’est que malgré son envie d’être là pour elle, de s’assurer de son bien-être, il est incapable de savoir comment s’y prendre. Il ne l’a jamais su et aujourd’hui, face à elle, il porte d’autant plus le poids de ses incapacités. Ce n’est pas qu’il ne veut pas ; il pourrait passer des heures dans cette position, à lui répéter inlassablement à quel point il tient à elle, qu’elles sont toutes ses qualités, à lui remémorer divers souvenirs, à lui tenir des discours encourageants visant à pointer du doigt que ce qu’elle vit aujourd’hui n’est pas représentatif de tout ce qu’il lui reste à expérimenter et à découvrir. Il pourrait, mais il sait aussi que ce ne sera jamais suffisant ; parce qu’ils sont faits du même bois tous les deux et qu’il sait pertinemment que, de son côté, ça n’a jamais permis d’apaiser les tourments de son esprit. Kieran voudrait être en mesure d’effacer chaque bribe de détresse de la jeune femme, de les faire disparaître, de nettoyer son esprit dans les moindres recoins pour s’assurer que jamais plus celui-ci ne sera en mesure d’être pourri par une seule bactérie, une seule idée, qui se développera pour donner naissance à tant d’autres qui lui feront tout autant de mal. Il s’imagine souvent être le héros d’un jour pour s’échapper d’un quotidien qu’il juge trop ennuyeux, mais s’il devait réellement choisir, Kieran ne sauverait qu’une seule personne dans ce monde et c’est celle qui se trouve contre lui, dont il caresse distraitement les cheveux en espérant naïvement qu’à défaut de faire quelque chose de réellement efficace sur le long terme, sa présence saura l’apaiser dans l’immédiat. C’est la raison pour laquelle il refuse de se détacher d’elle tant qu’elle n’initiera pas d’elle-même la séparation.

Il resserre encore un peu plus son étreinte alors qu’elle lui transmet les propos aussi inadéquats qu’erronés qu’a pu avoir Archie à son encontre. Il a souvent pensé du mal de l’actionnaire, mais il y a au moins une chose sur lequel ils semblaient s’accorder tous les deux ; le bonheur d’une Autumn auquel ils tiennent à leur façon. Kieran a de la peine à y croire, et ne peut s’empêcher de s’excuser, autant par habitude que par sincérité. « C’est pas ta faute. » -  « Ça change rien. Je suis désolé que tu aies dû entendre ça. » Car malgré tout ce qu’il peut penser d’elle depuis leur rupture, la nostalgie se mêlant trop souvent à la douleur, jamais il n’aurait pu tenir des propos aussi durs envers elle. Personne ne mérite d’entendre ça, peu importe les fautes dont ils sont responsables – ou non. L’avis que le dessinateur se permet sur le coupable est surprenant venant de sa part, mais traduit de toute la colère qu’il ressent à l’encontre d’Archie. « Pas avec moi. » Si, visiblement, qu’il se retient de souligner, préférant rester silencieux, car son opinion amènerait inévitablement à un conflit d’intérêts de la part de la jeune femme entre ses deux anciens conjoints et toujours aussi peu sûr de lui, Kieran n’a aucune idée du gagnant qui pourrait être désigné. Au-delà de ça, ce n’est surtout pas le moment de mettre la jeune femme dans une posture aussi inconfortable. Alors il se contente de rassurer Autumn sur le crédit qu’elle doit accorder à de telles réflexions. Ou plutôt de la supplier de ne pas les croire, car si elle décidait d’écouter la voix d’Archie, il ne sait pas ce qu’il adviendrait de son monde. Et lorsqu’il croise le regard mouillé de la jeune femme qui se lève vers lui, il n’aime pas ce qu’il lit au fond de ses prunelles. « Je veux pas le penser. » Elle ne veut pas le penser, c’est très différent de ne pas y penser. Ça implique beaucoup trop de choses qu’il n’est pas prêt à entendre, des difficultés encore bien présentes auxquelles il n’est pas certain de pouvoir se confronter. Elle ne veut pas le penser, mais elle y pense et sans avoir à le verbaliser, cela suffit à briser le cœur de Kieran. « Est-ce que je suis condamnée à être comme ça, Kier? » Il reste silencieux, conscient qu’elle va préciser le fond de sa pensée, même s’il en a déjà une idée. « Brisée. » Il fronce les sourcils, secoue la tête de gauche à droite. « Non. Non, non, mille fois non, Autumn. » Il lui assure aussitôt, avant de reprendre la parole pour ne pas la laisser le contredire : « J’aurai jamais assez d’une vie pour te le répéter jusqu’à ce que tu le réalises. » Il lui assure, avec un maigre sourire car toute cette situation est tragique et que malgré des propos qu’il veut bienveillants, il est difficile de diminuer la tension qui règne. « Pourquoi est-ce que je peux pas être comme tout le monde? Pourquoi est-ce que tout revient toujours à ça? » Alors qu’elle se sépare de lui, il a un réflexe qui vise à la retenir avant de se rétracter et de la laisser s’en aller en direction du canapé, où il la rejoint rapidement, s’asseyant sur la table pour lui faire face. « C’est pas... c’est pas une fatalité, d’accord ? » Et s’il se veut aussi hésitant, c’est qu’il sait pertinemment qu’il est mal placé pour dire quoi que ce soit, alors qu’il est le premier à avoir fait de son histoire de vie une fatalité. « Ce que je veux dire, c’est que ça te définit pas. » Oh, quelle ironie. Tentant d’attirer son attention, il se permet de poser ses mains sur ses genoux, qu’il caresse doucement. « T’es tellement plus que ça, Autumn, j’ai... j’ai vécu les meilleures années de ma vie avec toi. » Et les pires, aussi, mais il se garde bien de le préciser et reprend aussitôt pour ne pas lui laisser le temps d’y réfléchir. « Tes difficultés font partie de toi. Tu pourras jamais les ignorer et... et oui, elles seront probablement toujours là, quelque part. » Il admet, car il est inutile de prétendre qu’elles pourront être oubliées. « Mais ça ne tient qu’à toi d’en faire quelque chose. » Il poursuit, d’une voix douce autant qu’il ne fait attention au cheminement de ses pensées pour ne pas être trop brusque. « Tu peux décider qu’Archie a raison ou tu peux décider de l’envoyer se faire foutre et de lui prouver que tu vaux bien mieux que ça. » Il ajoute, avec un léger sourire amusé : « que tu vaux bien mieux que lui. » Il n’entrera pas à nouveau dans ce débat sur ce qu’ils pensent l’un et l’autre de l’actionnaire, pour autant si on lui demande son avis, Autumn se positionne à mille lieux au-dessus de lui. Au-dessus de tout le monde, d’ailleurs. « Et pour ce que ça vaut, tu vaux tellement plus que tout ça. » Archie, ses difficultés, son impression d’être brisée. « Ça va prendre du temps, sûrement plus que tu ne voudrais, mais... je crois que... qu’il faut juste que tu décides quel genre de personne tu veux être. » Marquant une courte pause, il finit par ajouter : « Plutôt que de continuer à détester celle que tu es. » Il baisse les yeux un instant, bien conscient que l’exercice est plus périlleux qu’il n’y paraît. Le relevant après quelques instants durant lesquels ses propres mots résonnent dans son esprit, il se penche légèrement pour tenter de capter l’attention d’Autumn et la forcer à croiser son regard. « Et encore une fois, pour ce que ça vaut... je crois que tu es trop dure avec elle, parce que c’est une belle personne. » Il faudrait seulement qu’elle puisse la voir avec ses yeux à lui.

@Autumn Galloway

Tu es triste et en colère. Tu es dépassée et fragile. Tu te sens tout de même en sécurité, dans les bras de Kieran. Là où des années durant, tu étais aimée, choyée. Là où des années durant, tu savais que tu pouvais trouver réconfort et constance près de lui. Là où tu rêves encore de retrouver toutes ces choses qui te manquent tant. Mais est-ce que ce rêve est plus fort que toutes les horreurs que vous avez vécues, que toutes les horreurs qu’Archie pense de toi, de vous, de ce vous êtes l’un pour l’autre, Kieran et toi? Est-ce que le rêve est plus fort que la haine que tu t’infliges toi-même, la culpabilité que tu portes sur tes épaules et puis ta stupide tendance à venir tout saboter? Ça a toujours été impossible de faire le tri dans ta tête, de séparer le bon du mauvais, de faire taire les voix qui crient des bêtises contre celles qui se veulent rassurantes. Il n’y a pas de demi-mesure comme il n’y a pas d’horaire prédéterminé, à savoir ce que tu vas vouloir ou penser d’un moment à l’autre. Si tu aimes ou si tu détestes, la vie, les autres comme ta propre personne. Rien ni personne n’est à l’abri et c’est bien ce qui te fait peur, parce que les mots d’Archie, aussi brutaux et malintentionnés soient-ils, ont touché une corde sensible. Et si ton futur n’était voué qu’à ça : te faire du mal et finir six pieds sous terre, par ta propre faute? Combattue par tes propres démons, être faible et sans envergure, destinée à la misère jusqu’à la dernière seconde? Tu fermes les yeux, les pensées filent trop vite dans ta tête, ça fait mal et tu t’efforces de te concentrer sur la présence de Kieran pour calmer le tourbillon dans ton esprit. Il n’y a plus grand-chose qui t’aide, quand la manie augmente et que tu deviens l’esclave de tes propres pensées, mais les mains de Kieran dans ton dos, la motion continue de ses caresses et sa chaleur parviennent à apaiser même tes blessures les plus douloureuses. « Ça change rien. Je suis désolé que tu aies dû entendre ça. » Tu aimerais pouvoir le rassurer. Lui dire que tu aurais tout oublié dès demain. Que ce ne sont que des mots, que tu peux les entendre et ne pas leur donner de l’importance. Mais ce n’est pas vrai, et tu n’as pas la force de mentir. Pas cette nuit, pas à Kieran.

Et peut-être que c’est une énième faiblesse que de lui dire la vérité, lorsqu’il t’implore de ne pas accorder la moindre importance et signification aux horreurs qu’Archie a pu te dire cette nuit et que tu ne peux pas lui jurer en être capable. Tu ne veux pas le penser, c’est vrai, mais c’est constamment en arrière-plan dans ton esprit, une voix que tu ne saurais faire taire et qui te rappelle toutes tes faiblesses, toutes tes fautes et toutes les raisons pour lesquelles tu ne mérites pas de vivre une vie sereine, une vie heureuse. Parce que tu es brisée, et tes ratures et tes coins pointus finissent toujours par faire mal à ceux qui s’approchent de trop près de toi. « Non. Non, non, mille fois non, Autumn. » Tes lèvres tremblent et tu peines à soutenir son regard. Tu entends les mots, mais tu ne les comprends pas. Tu ne les assimiles pas. Tu es incapable de les croire. « J’aurai jamais assez d’une vie pour te le répéter jusqu’à ce que tu le réalises. » Cette fois, tu secoues la tête de gauche à droite. Il a déjà essayé de te sauver une fois, Kieran, et vous savez tous les deux comment ça s’est terminé. Mal, terriblement mal. « J’peux plus te demander ça. » Pourtant, c’est exactement ce que tu as fait en venant ici au lieu de rentrer chez toi. C’est exactement ce que tu voulais quand tu l’as réveillé au beau milieu de la nuit plutôt que d’attendre d’avoir repris le contrôle de tes émotions pour lui parler. Tu veux qu’il t’aime Kieran, mais tu veux aussi qu’il te sauve et c’est injuste. Injuste que tes actions disent le contraire de tes mots. Injuste que tu ne parviennes pas à te contrôler comme tu le voudrais, comme tu le devrais. Tu as soudainement un besoin puissant de mettre de la distance entre vous deux, de créer un semblant de barrière que tu sais complètement inutile. Kieran n’attend pas avant de sa rapprocher à nouveau, même si cette fois tous les contacts sont rompus entre vous et tu ne sais pas ce que tu veux le plus en ce moment : te recroqueviller sur toi-même pour éviter qu’il ne te touche à nouveau ou tomber dans ses bras, une fois encore.

« C’est pas… C’est pas une fatalité, d’accord? » Alors pourquoi est-ce que tu as l’impression que toute ta vie ne se résume qu’à ça? Que c’est ton passé, ton présent et le seul avenir que tu peux envisager? « Ce que je veux dire, c’est que ça te définit pas. » Tu fais non de la tête doucement, comme si ton corps refusait chacun des mots du Halstead. Ses mains qui se posent sur tes genoux te forcent à t’immobiliser. « T’es tellement plus que ça, Autumn, j’ai… j’ai vécu les meilleures années de ma vie avec toi. » Et les pires aussi. Il n’a pas besoin de le dire, tu es certaine qu’il l’a pensé. C’est la première chose que ton esprit malade a pensé, toi aussi. Mais tu n’as pas le temps de l’interrompre qu’il poursuit, Kieran, ne laissant pas le temps à tes pensées de s’acheminer comme tu le voudrais. « Tes difficultés font partie de toi. Tu pourras jamais les ignorer et… et oui, elles seront probablement toujours là, quelque part. Mais ça ne tient qu’à toi d’en faire quelque chose. » « J’essaye, j’essaye tout le temps Kier. » que tu murmures, et elle est difficile la bataille, elle te pèse et elle te semble plus souvent qu’autrement inutile, quand tu en sors constamment perdante. « Tu peux décider qu’Archie a raison ou tu peux décider de l’envoyer se faire foutre et de lui prouver que tu vaux bien mieux que ça, que tu vaux bien mieux que lui. » Il sourit Kieran, et tu aimerais dire que ça te fait du bien, mais en ce moment, tu es loin d’être convaincue que tu vaux mieux que lui, que tu vaux mieux que quiconque à ce point. « Et pour ce que ça vaut, tu vaux tellement plus que tout ça. Ça va prendre du temps, sûrement plus que tu ne voudrais, mais… je crois que… qu’il faut juste que tu décides quel genre de personne tu veux être. Plutôt que de détester celle que tu es. » Ton regard vient trouver celui du Halstead cette fois, et la sincérité que tu lis dans ses yeux te coupe le souffle. Il n’y a pas une once de méchanceté ou de malice dans son regard, tu te sens comprise comme tu l’as rarement été, comme tu as toujours voulu l’être et ça te fait peur parce qu’au fond de toi, tu restes persuadée qu’il t’en veut Kieran, et que lui aussi, te déteste autant que tu peux le faire. « Et encore une fois, pour ce que ça vaut… je crois que tu es trop dure avec elle, parce que c’est une belle personne. » « Tu le penses vraiment? » C’est pratiquement une supplication, un besoin qu’il te confirme que tu ne viens pas d’halluciner tout ce qu’il a dit, tout ce que tu avais terriblement besoin d’entendre, même si tu doutes un jour y croire autant qu’il le voudrait. « J’ai toujours pensé que tu la détestais, que… que tu me détestais, quand t’es parti. Que c’est pour ça que t’avais coupé les ponts comme tu l’as fait. » Tu mélanges tout, une fois encore. C’est plus fort que toi. Tu as les émotions à vif, le cœur à nu et le besoin de savoir, de comprendre. Peut-être aussi de te racheter, de venir changer la narrative qui te pourrit de l’intérieur depuis des années déjà. « Parce que je suis pas fière d’elle Kier, de la fille que j’étais à la fin de notre histoire, de celle que j’ai l’impression que je suis condamnée à être, de celle qui t’a fait du mal. » Tu essuies tes joues une fois de plus inondées de larmes, l’une de tes mains s’entremêlant à l’une des siennes. « Archie pense qu’on est condamnés à se faire du mal, toi et moi. » Tu renifles une fois de plus, tentant de calmer les battements erratiques de ton cœur. « Je veux vraiment pas qu’il ait raison. Sur quoique ce soit. » Pas sur toi, pas sur Kieran, et surtout pas sur vous mais elle est difficile à faire taire, sa voix dans ta tête.

Il est désolé. Ce n’est pas sa faute et il n’a pas le pouvoir de changer les choses, mais il ressent le besoin de l’exprimer, d’assurer à Autumn que de tels mots n’auraient jamais dû être prononcés, peu importe le contexte entourant ceux-ci. Il n’a pas besoin d’obtenir une autre version que celle d’Autumn, d’autant plus lorsque l’autre concerné est un homme que Kieran tient en horreur ; il n’est alors pas difficile pour lui d’estimer que les réflexions d’Archie étaient inappropriées et que jamais la jeune femme n’aurait dû les accueillir. Alors il est désolé ; il l’est souvent, Kieran. Trop souvent, sûrement, les excuses faisant lieu de deuxième nature chez lui, devenant automatiques, presque feintent. Mais à cet instant, il est plus sincère que jamais alors qu’il aimerait être en mesure de lui arracher ces mots de l’esprit pour s’assurer qu’ils ne s’imposent pas comme une évidence. Ça n’en est pas une ; s’il est vrai que son opinion sur la jeune femme est biaisée, Kieran a pourtant le recul nécessaire pour équilibrer son affection par les défauts qu’il a pu découvrir au fil des années. Mais aucun ne justifie de telles paroles ; pas alors que son histoire avec Autumn a, pendant longtemps, été magnifique et qu’il peut aussi témoigner de toutes les qualités qu’elle possède. Pour cette raison, il ne peut pas imaginer qu’elle s’en tienne à la version d’Archie, elle aussi faussée par le fait qu’elle s’est détournée de lui au fil des années, ou plutôt, qu’elle n’a plus été à son image comme il l’avait façonnée par le passé. Kieran a souvent tenté d’aborder le sujet lorsqu’ils partageaient leur quotidien, réalisant que sa fiancée n’était pas la même en présence de l’actionnaire ; mais son courage s’est, sans surprise, souvent évaporé au moment de la confronter à ses observations. Alors il s’est contenté d’hypothèses qu’il gardait pour lui, et qu’il était ainsi  le seul à pouvoir confirmer. Aujourd’hui qu’il semble convaincu d’avoir été dans le juste toutes ces années, au détriment d’Autumn ce soir,  il n’est finalement pas tant l’heure de lui faire ouvrir les yeux sur Archie que de simplement l’aider à sortir ces mots de sa tête.  « J’peux plus te demander ça. » -  « Tu me le demandes pas, c’est moi qui te l’impose. » Il tente d’esquisser un maigre sourire dans une tentative de la rassurer ; il sait pertinemment qu’elle ne lui fait pas la demande de continuer à s’occuper d’elle, à essayer de l’apaiser. C’est lui qui décide d’en prendre la responsabilité, ou comme il le souligne, lui l’impose sans qu’aucune discussion ne soit possible sur ce sujet. Peu importe s’il se pose beaucoup de questions sur la nature de sa relation avec la jeune femme, sur les sentiments qu’il ressent encore envers elle, sur ceux qu’il n’arrive pas encore à assumer. La seule certitude est qu’il ne la laissera pas repartir avec de telles idées en tête, ni ce soir, ni tous les autres. 

La distance désormais marquée entre eux lui semble insupportable alors qu’il tente de la respecter en venant s’asseoir en face d’elle plutôt qu’à ses côtés. C’est aussi une manière de s’assurer qu’il peut capter son attention, qu’elle peut lire toute la sincérité de ses propos dans son regard ; car il l’est, Kieran, c’est indiscutable alors qu’il met tout en œuvre pour tenter d’apaiser au mieux les maux causés par Archie. Pourtant, la tâche est plus compliquée qu’il n’y parait ; non pas parce qu’il ne veut pas s’investir, mais parce qu’il n’a jamais été très doué dans le domaine. Il est de ceux qui écoutent, et non qui parlent – Autumn l’a bien assez expérimenté au cours de leur relation (et même après), alors qu’il faisait acte de silence plutôt que d’affirmer ses opinions ou justifier ses actions. Mais il essaie, maladroitement et paradoxalement, il s’agit de toutes ces choses qu’il pourrait se dire à lui-même s’il avait du recul sur sa propre situation. Ce n’est pas une fatalité, non ; et il ne tient qu’à elle de donner tort à Archie. « J’essaye, j’essaye tout le temps Kier. » -  « Je sais. » Il tient à le souligner, à mettre en avant des efforts qu’il lui reconnaît alors qu’ils ne sont pas aisés. « Je sais que tu fais de ton mieux, et  même si t’as pas l’impression, tu t’en sors déjà très bien. » Il lui assure, avant d’ajouter : « Je le vois, que tu n’es plus la même personne qu’il y a trois ans. » C’est peut-être même le problème, d’ailleurs, alors qu’il retrouve la femme dont il est tombé amoureux, et qui efface le souvenir de celle qu’il a voulu fuir. Et cette personne-là en est une belle ; il faudrait seulement qu’Autumn puisse le réaliser. « Tu le penses vraiment? » Il hoche vivement la tête avec un sourire, confirmant que : « oui, je t’assure. » Il s’accroche à son regard pour qu’elle puisse avoir la confirmation dont elle a besoin. « J’ai toujours pensé que tu la détestais, que… que tu me détestais, quand t’es parti. Que c’est pour ça que t’avais coupé les ponts comme tu l’as fait. » Il ne l’a jamais détestée. Il a ressenti beaucoup de choses à son égard, sans jamais oser poser de mots aussi durs sur la relation qui l’unit à Autumn. Aujourd’hui, s’il ne sait plus comment se positionner vis-à-vis de la jeune femme, il sait néanmoins que la colère a fait place aux regrets. « Je t’ai jamais détestée. » Et c’est vrai. Il en a eu peur, il en a été déçu, il a été en colère, mais jamais il ne l’a détestée, jamais il n’aurait pu. Ce n’est pas pour autant que Kieran se sent capable de justifier son départ, pourtant Autumn n’a cessé de questionner celui-ci ; et il a toujours pris soin d’esquiver le  sujet. Ce n’est pas ce soir qu’il reviendra dessus, même pour lui apporter un peu de paix ; parce qu’il ne s’agit pas de lui et parce qu’il ne veut pas ajouter de nouveaux éléments à son mal-être. « Parce que je suis pas fière d’elle Kier, de la fille que j’étais à la fin de notre histoire, de celle que j’ai l’impression que je suis condamnée à être, de celle qui t’a fait du mal. » Alors que sa main vient rejoindre la sienne, Kieran exerce une légèrement pression sur ses doigts pour lui assurer qu’il l’entend, qu’il est là et que cette fois-ci il ne fuira pas. « Sauf qu’il y a aussi cette fille qui m’a fait beaucoup de bien et qu’elle n’a jamais disparu. » Jamais totalement devrait-il dire, mais il n’est pas là pour jouer sur les mots et prendre le risque de lui faire plus de mal. « Même si tu peux croire l’inverse, je suis persuadé qu’elle a toujours été là et qu’elle le sera toujours. » Il lui assure, avant d’ajouter : « Parce que c’est toi, cette fille, c’est celle que tu es vraiment. » Encore une fois, il s’accroche à son regard pour qu’elle puisse y lire toute sa sincérité. « Archie pense qu’on est condamnés à se faire du mal, toi et moi. » Un instant, il est tenté de lever les yeux au ciel ; pourtant il ne peut pas nier qu’Archie n’a peut-être pas tort, pour une fois. Mais Kieran refuse d’accorder du crédit aux propos de l’actionnaire, d’autant plus quand Autumn souligne : « Je veux vraiment pas qu’il ait raison. Sur quoique ce soit. » -  « D’aussi loin que je me souvienne, Archie n’a jamais eu raison sur quoi que ce soit. » Il est peut-être biaisé par son avis personnel, mais à cet instant, Kieran a envie de s’accrocher à celui-ci. Archie à tort ; ils ne sont pas condamnés à se faire du mal. Il ne veut pas que ce soit le cas, du moins. Ça ne peut pas être le cas. La personne qui lui fait autant de bien ne peut pas être celle qui lui cause le plus de mal. « Tu voudrais pas qu’on oublie son existence, juste pour un soir ? » Il propose avec un léger sourire qui s’essaie à être réconfortant. « Et tout le reste aussi ? » Cette fois-ci, c’est lui qui supplie. Le reste ; leur souffrance respective, leurs regrets, toutes les difficultés qui se mettent toujours entre eux et toutes celles qu’ils n’arrivent pas encore à reconnaître l’un à l’autre. « Juste toi qui finis par choisir le menu parce que je suis incapable de me décider, et moi qui choisis le film en te mentant qu’il fait pas trop peur juste pour avoir une excuse pour te prendre dans mes bras. » Il propose, avec un rire timide, avant de songer à se raviser. « Enfin, je sais ce que c’est probablement pas ce dont tu as besoin maintenant, mais je... » Il hésite un instant, songe à son idée qui lui parait bien ridicule désormais. « Je voudrais essayer de te changer les idées. » C’est au moins une envie qu’on peut lui reconnaître, alors qu’il ajoute, plus timidement, en baissant les yeux : « Et je voudrais que tu restes ici cette nuit, plutôt que d’être seule, d’accord ? » Parce qu’il y a cette question qu’il n’a pas encore osé poser, celle qui pourtant ne cesse de tourner en boucle dans son esprit ; est-ce que tu as envie de te faire du mal, Autumn ?

@Autumn Galloway    

« Tu me le demandes pas, c’est moi qui te l’impose. » Il y a des tentatives de sourires, autant sur tes lèvres que sur celles de Kieran, parce que le Halstead, il n’impose pas, jamais et cette simple notion suffit presque à insuffler un peu d’humour dans un moment qui n’en contient pas réellement. Ça te touche tout de même de l’entendre, de savoir que peu importe ce que vous êtes l’un pour l’autre, qu’importe ce que vous êtes en train de faire avec toutes les lignes qui sont plus que jamais brouillées entre vous, il tient assez à toi pour te rappeler que tu es importante, même quand tu es persuadée de ne pas l’être. Tu as besoin d’air, tu as besoin d’espace autant que tu as besoin de t’accrocher à lui et tu te retrouves dans cet éternel conflit de cette partie de toi qui veut lui laisser de l’espace contre cet autre morceau de toi qui veut se perdre en lui pour ne plus avoir à penser à tout ce qui s’est passé. Ce soir avec Archie, mais avant aussi. Tes rechutes des derniers mois, tes échecs qui s’accumulent, les souvenirs de votre histoire qui ne sont jamais bien loin, qui flottent constamment dans l’air quand bien même tu acharnes tous tes efforts à tenter de t’en débarrasser. Tu es fatiguée. Épuisée du simple fait que tout semble être une bataille pour toi, là où ça semble si simple et si facile pour les autres. Tu es jalouse de ceux qui ne se combattent pas constamment contre leurs propres démons, tu envies ceux qui parviennent à les vaincre quand toi, tu as l’impression d’être étouffée par eux constamment, prisonnière de tes propres mauvais choix, de ce cercle vicieux dont tu es terriblement consciente, mais que tu ne parviens pas à briser. « Je sais. » qu’il te rassure quand tu lui plaides que tu essayes, que tu essayes vraiment d’être mieux, d’aller mieux, sans jamais obtenir les résultats espérés. « Je sais que tu fais de ton mieux, et même si t’as pas l’impression, tu t’en sors déjà très bien. Je le vois, que tu n’es plus la même personne qu’il y a trois ans. » Ça te fait un choc de l’entendre, le genre qui se parcoure dans tout ton être et qui t’apporte une rassurance que tu n’espérais même plus recevoir un jour.

« Oui, je t’assure. » Tu voudrais le croire sans l’ombre d’un doute, mais ses paroles vont à l’encontre de tout ce dont tu t’es convaincue dans les dernières années et c’est drôlement demandant de devoir soudainement réajuster tes pensées pour aligner ce que tu veux avec ce que tu crois, les deux lignes si souvent éloignées l’une de l’autre. « Je t’ai jamais détestée. » « Je l’ai fait assez pour deux. » que tu conclues donc, pas réellement apaisée même si ça te fait du bien de pouvoir te dire que Kieran lui, n’en ait jamais venu à un extrême aussi douloureux envers ta personne. Tes lèvres tremblent avec force alors que tu fais de ton mieux pour ne pas te remettre à pleurer. Il y a tellement de larmes qui ont coulé sur tes joues dans les dernières heures, tu as l’impression que bientôt, la quantité complète d’eau dans ton corps aura disparu. Mourir au bout de ses larmes, c’est pratiquement le thème de la soirée. Ce serait presque drôle si ce n’était pas si tragique. « Sauf qu’il y a aussi cette fille qui m’a fait beaucoup de bien et qu’elle n’a jamais disparu. » Tu veux tellement le croire. Qu’elle est encore là, parfois tasser par la version que tu détestes, mais jamais complètement éclipsée. « Même si tu peux croire l’inverse, je suis persuadé qu’elle est toujours là et qu’elle le sera toujours. Parce que c’est toi, cette fille, c’est celle que tu es vraiment. » « Comment est-ce que tu peux en être si sûr? » Tu as l’impression de si peu te connaître toi-même depuis si longtemps, alors comment est-ce qu’il pourrait le savoir, lui qui a été absent si longtemps? Tu voudrais pouvoir dire avec certitude que tu sais qui tu es, ce que tu aimes, ce que tu veux, mais la vérité c’est que tu as l’impression de n’être qu’un amas de morceaux d’un casse-tête qui ne se complètent pas réellement entre elles, dont les rebords sont usés à force d’avoir teinter de les faire rentrer là où elles n’avaient pourtant pas leur place.

« D’aussi loin que je me souvienne, Archie n’a jamais eu raison sur quoique ce soit. » Le commentaire parvient à t’arracher un petit rire et si une larme coule malgré toi le long de ta joue, tu t’assures de la faire disparaître aussitôt. Tu n’as peut-être pas les réponses à toutes tes questions, tu ne sais peut-être toujours pas qui tu es réellement derrière les différentes apparences que tu empruntes au quotidien, mais tu gardes cette certitude qu’auprès de Kieran, qu’avec lui tu peux être la meilleure version de toi, qu’importe la forme que cela prend. « Tu voudrais pas qu’on oublie son existence, juste pour un soir? » Tu fais signe que oui de la tête, échappant un long soupir qui témoigne de la fatigue qui t’assaille soudainement. Cette impression d’être complètement vidée après le tourbillon d’émotions, ne laissant qu’une coquille vide derrière. « Et tout le reste aussi? » Tu n’as pas besoin de lui demander de quel reste il parle pour comprendre. Il y a encore plusieurs de tes questions qui sont sans réponses, mais pour aujourd’hui, tu ne cherches plus les explications. Tu ne veux que sa présence et le confort de te retrouver dans ses bras. « Juste toi qui finis par choisir le menu parce que je suis incapable de me décider, et moi qui choisis le film en te mentant qu’il fait pas trop peur juste pour avoir une excuse pour te prendre dans mes bras. » Les souvenirs, les bons, les doux, te reviennent et tu veux ça toi aussi, juste un peu. Mettre tout le reste sur pause et vous enfermez dans une bulle où plus rien ne plus vous atteindre. « Enfin, je sais que c’est probablement pas ce dont tu as besoin maintenant, mais je… Je voudrais essayer de te changer les idées. » « C’est une invitation? Pour demain… ou plutôt pour tantôt. » que tu demandes en échappant un petit rire. Un seul coup d’œil au travers des rideaux du salon du Halstead te permet de voir que bientôt, les rayons du soleil feront leurs apparitions, la nuit lançant place à une nouvelle journée, que tu sois prête pour celle-ci ou non. « Et je voudrais que tu restes ici cette nuit, plutôt que d’être toute seule, d’accord? » Tu secoues doucement la tête, tes doigts serrant toujours un peu plus ceux de Kieran qui n’ont toujours pas bouger de ton genou. « J’veux pas que tu te sentes obligé de m’inviter. T’en as déjà fait beaucoup. » Le simple fait qu’il ait répondu à ton message et qu’il ait ouvert sa porte à une telle heure, qu’il réussisse à te calmer avant que tu ne tombes dans une spirale trop sombre, tu lui étais incroyablement reconnaissante pour tout ça. Ce serait mentir de dire que tu n’avais pas envie d’aller te blottir contre lui dans son lit et de revivre ce vieux souvenir d’une simple journée qu’il venait d’évoquer, mais tu voulais qu’il te le propose parce qu’il en avait envie, pas parce qu’il se sentait obligé de le faire. « Je te promets que ça va aller. » Tu t’approches doucement, ta main libre venant se poser contre sa joue avant que ton visage n’approche le sien jusqu’à ce que tes lèvres trouvent les siennes dans un timide baiser. « Merci. » D’être lui, d’être là et de te donner ce semblant de nouvelle chance que tu ne mérites certainement pas.

Tenter d’apaiser les maux d’Autumn n’est pas une tâche qui lui est nouvelle. C’est un exercice auquel il s’est régulièrement prêté par le passé – de la même manière qu’elle tentait d’apaiser ses insécurités, avant de conforter celles-ci. S’il ne se considère pas particulièrement doué le domaine, persistant à avoir cette impression d’avoir précipité la chute d’Autumn, ce n’est pas pour autant que cela lui est moins familier. C’en est presque naturel, la manière dont il abaisse sa voix, dont ses mains viennent chercher les siennes, dont ses mots tentent d’atténuer les angoisses perceptibles de la jeune femme. Pourtant, ça ne devrait plus être acquis. Il n’y a pas si longtemps, il osait à peine croiser son regard, à peine la toucher ; il restait dans le silence pour ne pas se tromper dans le choix de ses mots et lorsqu’il s’aventurait, il était souvent dans le faux. Le ressenti d’Autumn n’était plus si facile à gérer ; au point où il a fini par abandonner la bataille parce que rien de ce qu’il pouvait faire ou dire ne semblait avoir un effet sur elle. Et si ce soir, c’est différent, il ne peut pas nier qu’il conserve des bribes d’une angoisse qu’il n’a jamais su totalement faire disparaître en sa présence ; et qu’il craint toujours de glisser sur un terrain vers lequel il ne devrait pas aller. Ce n’est pas ce qui l’empêche d’essayer, car malgré les souvenirs amers, Kieran n’a jamais totalement oublié sa mission puisqu’il n’a jamais réussi à la mener totalement à bien : diminuer l’évidente souffrance de celle qu’il n’arrive même plus à qualifier. Un ex qui n’en est plus vraiment une, une amie qui ne l’a jamais vraiment été non plus parce qu’il n’a jamais ressenti que ça pour elle, une antagoniste qu’il n’a pourtant jamais réussi à détester. Peu importe ce qu’elle peut croire ; il y a bien cette petite voix dans sa tête qui n’a jamais cessé de lui suggérer cette possibilité, mais il n’a jamais réussi à l’écouter. Les sentiments étaient trop présents, trop forts ; il aurait été aussi facile de les détourner qu’il n’est impossible de le faire.

C’est d’autant plus compliqué qu’elle a changé, Autumn. Celle qu’il réapprend à connaître aujourd’hui n’a plus grand-chose à voir avec celle qu’il a fuie deux ans plus tôt. Celle qu’il n’a pas même réussi à confronter une dernière fois quant à ses agissements, et qu’il réconforte aujourd’hui quant à ceux d’un autre. La plus grande faiblesse de Kieran n’est peut-être pas tant la jeune femme que le simple fait qu’il soit dénué de toute forme de rancœur ; habitué aux désillusions à tel point qu’elles ne sont pas considérées comme amères, mais comme évidentes. Alors il n’oublie jamais rien, mais pardonne toujours tout et le jeune homme n’a pas à forcer un élan de sincérité quand il essaie de la convaincre qu’elle n’est plus la même. Elle ne l’est plus, c’est un fait. La différence, c’est que là où Kieran s’accroche au fait qu’elle a changé, ce n’est peut-être pas totalement le cas et seul le temps pourra réellement le confirmer. Un temps qu’il lui a déjà accordé depuis des semaines, et qu’il a concrétisé en lui ouvrant la porte ce soir. « Comment est-ce que tu peux en être si sûr? » Il ne peut pas l’être, c’est vrai. Il se base sur une impression plus que sur une certitude ; mais ça, elle n’a pas à le savoir. Ça tombe bien, Kieran l’ignore également. « Je le sais, c’est tout. » Dans le fond, il peut presque l’affirmer ; parce qu’il est tombé amoureux de cette fille-là, et qu’elle a embelli son quotidien durant des années avant que tout ne s’effondre. Ce n’est pas rien, ça compte, peu importe ce qui a pu se passer par la suite. Ça compte. Ça doit compter.

Ce qui ne compte pas, en revanche, ce sont les paroles d’Archie. Cet homme est une vipère ; sa langue est faite d’un poison qu’il prend plaisir à jeter sur les autres. Il observe les dégâts qu’il a causés, s’en satisfaisait, et lorsque sa victime est à terre, s’en trouve une nouvelle pour continuer un jeu dont il ne semble pas en mesure de se lasser. Il n’a jamais compris ce qui a pu les unir, il le comprend encore moins ce soir – mais il ne remettra pas le sujet sur le tapis, conscient que cette jalousie qui s’est transformée en haine n’a pas lieu d’être exprimée dans un moment comme celui-ci. Autumn essuie la larme qui coule le long de sa joue avant qu’il ne puisse s’en occuper lui-même, et à défaut d’enfin pouvoir la rallier à sa cause concernant le Kwanteen, il peut au moins tenter d’oublier l’existence de celui-ci pour une soirée. « C’est une invitation? Pour demain… ou plutôt pour tantôt. » -  « C’en est une. » Il confirme, son sourire qui s’agrandit à l’image des lèvres d’Autumn qui s’étirent, de son rire qui se glisse jusqu’à ses oreilles. Son regard bascule à son tour en direction des rideaux à travers lesquels se dessinent les premières lumières du jour ; peu importe, Kieran n’avait pas prévu de retourner à son sommeil, encore moins alors qu’il peut profiter de la présence de la jeune femme. « J’veux pas que tu te sentes obligé de m’inviter. T’en as déjà fait beaucoup. » -  « Je me sens pas obligé. J’en ai envie. » Bien sûr, il n’a aucune envie de la laisser repartir ; pour autant, ce serait mentir que de prétendre qu’il n’en a pas envie. Il n’ose seulement pas l’exprimer, conscient que son envie est satisfaite à travers la souffrance d’Autumn et l’ambivalence qu’il ressent face à ce constat est désagréable. « Je te promets que ça va aller. » - « T’es pas toute seule. » Il voudrait lui dire qu’elle n’a pas de promesse à lui faire, mais il ne veut pas non plus lui donner l’autorisation d’exprimer sa douleur sur elle-même, tout comme il ne veut pas lui mettre la pression avec des promesses qu’elle n’est peut-être pas en état de tenir. Et quand elle s’approche, comme si le signal était compris, son visage s’avance lui-aussi pour réduire définitivement la distance entre eux lorsque leurs lèvres se scellent. « Merci. » Et lorsqu’il recule légèrement, qu’il peut observer son visage, le sien n’affiche qu’un sourire bienveillant, pour lui assurer qu’il sera là. Il sera toujours là. Qu’elle le veuille ou non, qu’il le veuille ou non.

@Autumn Galloway