sour times
Jo Carter & @Midas Sterling (crédit gif/harley)

Jo chassa le rideau de ses longs cheveux bruns du col de sa veste qu’elle laissa glisser le long de ses épaules jusqu’au creux de ses coudes, empoignant son sac dans la foulée pour mieux se tourner vers Midas et lui demander avec un léger sourire "Tu me raccompagnes, ou t’es trop bien pour jouer au chauffeur ?" Ça la démangeait, Jo, depuis plusieurs jours, et peut-être que l’opportunité — provoquée, d’accord — d’enfin abattre un jeu dont elle se serait bien passée était enfin arrivé lorsqu’elle invoqua son droit — tout relatif encore une fois — de profiter du carrosse de haut-standing de son accompagnateur plutôt que de s’éreinter les talons en trottinant à travers la ville endormie. Elle ne savait pas exactement quelle heure il était, mais la nuit avait laissé place aux premiers piaillements du matin quand, avec Midas, ils quittèrent le studio dans lequel il avait passé leur temps au lieu, qu’encore une fois, elle ne s’évertue à se manifester sur son lieu de travail.
Elle démissionnerait bientôt de toute façon, elle en restait autant persuadée qu’avant ça, elle devait crever un abcès provoqué par l’unique mention du jeune homme venant de la bouche d’une autre, et pas n’importe qui ; encore que Charlie avait officiellement été reléguée dans la liste de ceux à qui elle n’accorderait plus d’attention par amour propre, ce qu’elle pensait d’elle ne l’avait pas touché pourtant. En revanche, ce qu’elle lui avait appris, elle l’avait fait ruminer au point que, depuis, elle peinait à rester sereine en la présence de Midas. Et c’était con, elle en avait une conscience assez clairvoyante pour le coup, c’était bien pour cette raison qu’elle se surprenait à tourner autour du pot, à se demander si avec la célébrité venait le besoin compulsif de tout posséder, quitte à tomber sur des cas sociaux qui ne trouvaient pas mieux que de faire d’un moment d’intimité, une vulgaire anecdote à raconter en soirée. Tout ça, ça ne la regardait pas, mais ça n’était pas sans profondément l’emmerder, et parce qu’elle se connaissait suffisamment pour savoir que sa diligence ne durerait pas, elle attendait juste le bon moment pour… pour quoi, d’ailleurs ?

"J’avais pas compris que t’étais sérieux, à propos de te taper mes copines blondes." Comme entrée en matière, on ne pouvait pas faire pire. Seulement, le silence s’étendant dans l’habitacle, et lui pesant sur le coeur comme à chaque fois qu’elle la fermait assez longtemps pour se rendre compte qu’il battait vite, elle s’était dit que c’était maintenant ou jamais, que ça ne serait pas mieux de le faire autrement de toute façon, alors autant y aller. D’un tout petit bond, décroisant les jambes, elle se recala dans son siège, tirant sur sa ceinture de sécurité pour la replacer correctement en travers de sa poitrine à peine couverte de sa veste mal remontée, et osa tourner la tête vers Midas pour crocheter brièvement son regard, et répondre à sa circonspection par un seul mot — par un seul prénom en l’occurence "Charlie." qu’elle lui dit, sa tête inclinée sur le dossier de son siège, ses paupières se plissant comme elle ajoutait, pas peu fière de son effet, mais uniquement pour dissimuler le fait que ça l’agaçait tout ça " Au moins, Megan aurait eu la classe de pas le crier sur tous les toits."

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Midas Sterling & @Jo Carter

« Tu me raccompagnes, ou t’es trop bien pour jouer au chauffeur ? » - « Ma voiture de beauf... » Comme elle l’a qualifiée plus d’une fois à présent. « …est garée au parking. » Je ne suis pas du genre à me formaliser qu’on critique mes affaires ou mes habitudes. A part l’acquisition d’un coupé Mercedes flambant neuf, je n’ai pas à me reprocher d’avoir acquis des goûts de plein au as depuis que la célébrité est venue accompagnée de moyens colossaux et, ma voiture à part, je suis resté un gars simple. Mon look n’est pas devenu excentrique. Ma villa est bien trop grande pour un type seul, mais elle n’est pas décorée avec des œuvres d’art hors de prix. Je suis toujours bien plus à l’aise dans la maison de mes parents ou la ferme des Taylor à Kilcoy que dans la villa dans laquelle j’habite. Quand il a été décidé qu’il me fallait un pied à terre à Brisbane qui ne soit pas la maison familiale et pas un appartement d’étudiant non plus, j’ai délégué cette tâche à mon assistante et Cassie m’a trouvée une villa digne d’une célébrité. L’avantage qu’elle a alors mis en avant, et elle n’a pas tort, c’est la présence de hauts murs et d’un terrain éloignant la maison de la route et me garantissant mon droit à l’intimité et à un semblant de vie privée. Il n’empêche qu’elle est bien trop grande pour que je sois à l’aise. « Bien sûr que je te raccompagne. Sauf si tu fous tes pieds sur le tableau de bord. » Je penche la tête sur le côté dans sa direction, avant de me relever, d’attraper mes clés, et de me mettre en route.

Dans la voiture, Jo est bizarrement silencieuse. N’étant pas un bavard, je suis à l’aise avec la quiétude mais lorsque ce genre de silence vient de la brune, je sais qu’il cache quelque chose. Un coup d'œil dans sa direction m’apprend même qu’elle a l’air à la fois absorbée et ailleurs. Mais qu’en sais-je après tout ? Je ne suis qu’un homme. Décidant de rester loin des ennuis, je me tais et la laisse venir à moi sans faire la moindre supposition. De toute façon, la jeune femme décide de me livrer le fond de sa pensée bien assez tôt. « J’avais pas compris que t’étais sérieux, à propos de te taper mes copines blondes. » Je fronce les sourcils et, jetant un bref coup d'œil dans sa direction, je me gratte l’arrière de la nuque. Je ne l’attendais pas là, Jo, et il va sans dire que je n’ai pas la moindre idée de la copine blonde à laquelle elle fait allusion. « Qu’est-ce que tu racontes ? » Comment pourrais-je faire le rapprochement entre la chanteuse et la jeune femme rencontrée dans un bar il y a quelques semaines, qu’il m’est arrivé depuis de revoir mais sans que notre relation ne fasse autre chose que se borner à des relations charnelles ? Comment pourrais-je deviner que la dernière fois que la blonde m’a sollicité, c’était pour rendre la monnaie de sa pièce à Jo, qui me regarde à présent comme si je l’avais trahie d’une quelconque manière ? « Charlie. » Je ne lui fais pas l’offense de lui demander de répéter le prénom, comme si j’étais incapable de me souvenir de toutes les femmes avec lesquelles je passe un peu de bon temps, mais il n’en reste pas moins vrai qu’il me faut quelques secondes pour réaliser de qui il est question. « Charlie ? » Je lève un sourcil, surpris que ce prénom tombe maintenant et dans une conversation avec Jo. Se connaissent-elles ? Qu’est-ce qui est en train de me tomber sur la tête ? « Au moins, Megan aurait eu la classe de pas le crier sur tous les toits. » Le feu de circulation devant nous a le bon sens de passer au rouge, et je me tourne vers la brune en l’observant avec surprise. « Mais qu’est-ce que tu me chantes ? Tu connais cette fille ? » En quoi la nature de ma relation avec elle l’offense ? Je ne suis pas encore assez lucide pour me souvenir que, à sa place et lorsque je me suis posé des questions sur la nature de sa relation avec Nicky, j’ai été troublé et agacé. « Vous avez parlé de moi ? Qu’est-ce qu’elle t’a raconté pour que ça te mette dans cet état ? »

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Jo Carter & @Midas Sterling (crédit gif/harley)

Voiture de beauf mise à part, il aurait conduit un carrosse en cristal qu’elle ne se serait pas sentie plus à l’aise, Josephine. C’était dans ces moments-là qu’elle se rendait vraiment compte que Midas jouissait d’un statut spécial à ses yeux, parce que malgré toutes les joutes dont elle le gratifiait sans cesse pour le taquiner, elles restaient moins pires que celles qu’elle réservait d’ordinaire à ceux après qui elle en avait. Avec lui, elle passait son temps à tourner autour du pot quand elle avait un truc important à lui dire, et ça ne lui plaisait pas dans le fond, de sentir qu’il était tellement important que ça la faisait travailler sur son impulsivité, tachant d’annihiler un peu son tempérament pour préserver ce qu’il y avait à préserver. Toutefois, il y avait des moments, comme celui qu’elle choisit pour lui parler de Charlie, où elle sentait que, en dépit de tous ses efforts, et croyez que c’en étaient de gros quand elle s’y mettait, elle ne réussirait pas à garder la tête froide ; que bouillant déjà d’une énergie certaine à l’origine, faite de tant de choses qu’elle-même ne réussissait pas à les démêler, être confrontée à des informations qui la dérangeait profondément, et ce dans tous les sens du terme, ça expulsait définitivement l’aigreur qu’elle ressentait quand elle se rendait compte qu’elle accordait probablement plus d’importance à ce qu’il ne s’était pas passé entre eux qu’il ne le faisait. Et avec ça, l’humiliation que ça représentait de se raccrocher à un micro-souvenir, mais aussi la gêne de savoir qu’il ne lui devait absolument rien — le tout formait un méchouis ingérable qu’elle ne pouvait pas faire autrement que lui cracher à la gueule, déjà agacée par le fait qu’il la questionne comme un débile profond, alors qu’elle restait persuadée qu’il ne se tapait pas toute la ville non plus, donc à moins de jouer au con, il la prenait pour une quille, Justin Bieber.

"Nan, parce qu’en plus d’être belle et de bien chanter, j’ai aussi un putain de don de voyance qui me permet de savoir quand tu ramènes quelqu’un chez toi." commença-t-elle, toute sarcastique qu’elle était, sa tête se relevant juste assez pour se décoller du siège, ses paupières se déplissant quand, énergiquement, elle ajouta en le regardant "Bien sûr que je la connais." T’es con ou quoi ?, qu’elle  aurait pu dire pour terminer sa phrase. Mais encore une fois, Midas était spécial, alors elle ravala son insulte pour lever juste un tout petit peu sa main devant elle, et rétorquer à sa suite, calmant le jeu du jeune homme avec une douceur surannée, celle qui annonçait l’arrivée imminente d'une bourrasque — pour une pas dire d’une tornade "Déjà, je suis dans aucun état particulier, et ensuite faut que je me rappelle exactement comment elle a présenté les choses." Elle fit mine de réfléchir un instant tout en posant la pulpe de son index sur le coeur de ses propres lèvres, mimant la réflexion intense durant une bonne poignée de secondes durant lesquelles un hmm fort à propos s’échappa de sa gorge ; avant de reprendre sur le ton de celle qui vient de découvrir la recette secrète du Coca-Cola, tout son visage s’illuminant d’un faux enthousiasme dont elle le gratifia sans plus attendre "D’abord elle m’a demandée des infos sur toi. Du genre, tu le connais bien, il s’est passé un truc entre vous ?, et puis elle a enchaîné sur le fait que t’es un bon coup — ce que j’ai pas pu confirmer, tu m’en voudras pas." Son orgueil pointant, Jo laissa un instant de trop ses yeux affronter les siens avant de les détourner en même temps que sa tête pour fixer le feu tricolore qui resta rouge quelques secondes encore ; le temps qu’elle complète, l’air de rien, alors qu’à la fois, elle faisait s’agiter sa jambe sans véritablement s’en rendre compte "Je te conseille pas de signer un accord de confidentialité avec toutes les nanas que tu lèves en soirée, mais pour ce que ça vaut : fais gaffe à qui tu laisses entrer dans ton entourage quand même."

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Midas Sterling & @Jo Carter

Jo a l’air d’être remontée pour une raison qui m’échappe. Bien sûr, la jalousie envers tous les hommes qu’elle a pu fréquenter m’a habité et m’habite toujours. Sauf que si j’essaye de la refouler, de l’ignorer, c’est parce que je sais que je n’ai pas mon mot à dire et que, ayant été absent de sa vie pendant cinq ans, je ne peux pas attendre d’elle qu’elle se soit réservé à moi à cause d’un putain de baiser dont nous n’avons jamais reparlé. J’aurais voulu, mais ce que j’ai lu sur son visage après l’annonce de sa défaite m’a dissuadé de remettre le sujet sur le tapis. La suite, nous la connaissons : nous nous sommes éloignés et en avons assez discuté la dernière fois pour savoir qu’il s’agit d’un sujet délicat et douloureux. Mais à partir de ça, je ne comprends pas sa colère. Suis-je censé, maintenant que nous avons repris contact, lui dresser la liste de toutes les femmes qui m’ont invité dans leur lit, par pure délicatesse ? Comment et quand aurais-je pu lui parler de Charlie puisque j’ignorais tout de leur relation ? Sont-elles amies ? Rivales ? « Nan, parce qu’en plus d’être belle et de bien chanter, j’ai aussi un putain de don de voyance qui me permet de savoir quand tu ramènes quelqu’un chez toi. » - « Et moi j’en ai un ? Comment je suis supposé savoir que c’est une des tes copines ? » Peu patient, je commence déjà à m’agacer. Je n’aime pas l’idée de recevoir des reproches qui me renvoient à ma propre jalousie et donc, à mon hypocrisie. Sauf qu’il s’agit d’une putain de coincidence que je n’aurais pas pu prévoir, n’étant pas plus médium que la brune.

« Bien sûr que je la connais. » - « Ok tu la connais. » Que puis-je seulement ajouter ? Que je l’ignorais ? N’est-ce pas suffisamment une évidence ? N’ai-je pas l’air assez surpris et choqué à la fois ? Croit-elle qu’à chaque fois de fréquenter une femme, je fais le tour de ses réseaux sociaux pour comparer notre liste de connaissances et d’amis ? « Déjà, je suis dans aucun état particulier, et ensuite faut que je me rappelle exactement comment elle a présenté les choses. » Le terrain sur lequel je me risque est de toute évidence glissant. Je suis loin d’être un homme subtil - c’est à mes yeux une qualité de femme que je ne comprends que mal - mais Jo est agacée, prompte à s’emporter et je n’ai pas besoin d’être un génie de la psychologie féminine pour le deviner. « Je rêve ou t’es jalouse ? » Je fronce les sourcils, sans préciser que j’en tirerais une pointe de fierté, si c’était le cas. « D’abord elle m’a demandée des infos sur toi. Du genre, tu le connais bien, il s’est passé un truc entre vous ?, et puis elle a enchaîné sur le fait que t’es un bon coup — ce que j’ai pas pu confirmer, tu m’en voudras pas. » Je pousse un soupir audible, sans pour autant couper la brune - quelle erreur de débutant ce serait. Lorsque Jo Carter est lancée, il vaut mieux s’écarter que de tenter de la stopper. « Je te conseille pas de signer un accord de confidentialité avec toutes les nanas que tu lèves en soirée, mais pour ce que ça vaut : fais gaffe à qui tu laisses entrer dans ton entourage quand même. » - « T’es sérieuse là ? » Je ne comprends pas pourquoi elle s’emporte. Je ne comprends pas pourquoi elle se défoule sur moi pour une femme avec laquelle je ne partage rien de plus que quelques nuits sous prétexte que… Que quoi exactement ? Que je devais deviner qu’elle était amie avec la chanteuse ? « Je connais Charlie que depuis quelques semaines et on a pas passé des heures à comparer nos amis en commun. » Notre temps, nous l’avons peu passé à parler, de façon générale. La blonde est agréable, amusante, absolument en rien prise de tête et je n’attends rien de plus d’elle. « Elle a jamais parlé de toi. Comment je peux savoir qu’elle va venir te parler de tout ça ? » Les mains serrées sur le volant, je redémarre en fixant la route, mais en continuant à jeter des coups d'œil fréquents à Jo. « Je suis censé t’appeler dès que je couche avec une fille ? Ou si je demande à mon assistante de vérifier si elle te suit pas sur Instagram, c’est suffisant pour toi ? » Je deviens cynique, peut-être un peu mesquin, mais je suis agacé par la bouffée d’injustice que je ressens. « T’es vraiment en train de me mettre en garde contre ta pote là ? J’ai pas l’intention de la demander en mariage, si ça peut te rassurer. »

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Jo Carter & @Midas Sterling (crédit gif/harley)

"Je te dis pas que t’étais supposé le savoir, je te le dis juste pour que tu saches maintenant que je la connais, c’est tout." lui fit-elle sans même réfléchir à ce que ça impliquait vraiment, de lui dire ce genre de choses, sans même réfléchir à ce qu’elle attendait de lui dans le fond ; que maintenant qu'il était au courant de leur accointance, ça le vaccinerait d’aller butiner du côté de la grande et jolie fleur qu’était Charlie ? Inconsciemment, c’était ça, mais plutôt crever que de le lui dire, surtout qu’elle aussi, elle savait très bien qu’ils ne se devaient aucun compte, et que sa colère n’était induite que par le fait qu’elle était une putain d’ingérable, mal embouchée quand il s’agissait d’admettre qu’elle s’était fait des films. D’habitude, à se canaliser, elle y arrivait avec lui, seulement c’était peut-être l’attitude de Charlie qui l’avait trop agacée pour qu’elle prenne tout par-dessus la jambe et qu’elle tourne la page : dans sa façon de lui dire les choses, Charlie lui avait donné l’impression de se vanter et ça avait appuyé là où ça faisait mal — elle avait eu droit à autre chose qu’un baiser sur le front, elle, et ça l’insupportait au plus haut point. Oh, elle n’était pas naïve au point de songer à l’abstinence d’un bonhomme comme lui, d’autant que la notoriété avait ses avantages, mais ce qu’elle ne savait pas ne pouvait pas lui faire de mal. Là, dans la conjoncture actuelle, assise sur le siège beaucoup trop confortable de la voiture de beauf de Midas, elle savait presque tout, ou du moins elle en savait assez, et ça la blessait.

"Quoi ?" Elle entendit sa voix marquer les aigues, et prolonger les o, de la réponse qu’elle lui accorda après qu’il lui eut demandé si elle était jalouse, et ses yeux se mirent à papillonner comme ce putain de gif du blond surpris qui tournait en boucle sur les réseaux sociaux. Bien incapable de savoir s’il se foutait de sa gueule ou pas, Jo soutint ses yeux. Est-ce qu’elle était jalouse ? "Non." La réponse était trop nette pour être honnête, et elle-même s’en rendit compte suffisamment vite pour ne pas s’y appesantir, et rétorquer à la suite de ses paroles, tirant sur sa ceinture de sécurité pour faire bonne mesure, et se donner meilleure contenance "Je suis sérieuse de quoi ? Je t’ai pas demandé de me raconter de A à Z ce que vous avez fait. Je te donne juste une info qu’on m’a jetée à la gueule alors que j’ai rien demandé." Là pour le coup, elle ne réussissait pas à se dire qu’elle avait tort, encore moins à propos de ce qu’elle ajouta comme si elle ne s’était pas interrompue "J’ai quand même le droit de pas avoir envie de savoir ces choses-là, donc dis-lui au moins de ménager ses récits quand elle veut se vanter de t’avoir eu dans son pieu." Une masterclasse de mauvaise foi, si elle ne se sentait pas aussi embarrassée sur le moment, elle aurait prit le temps de saluer la foule et de laisser les applaudissements la rengorger de la satisfaction malsaine qu’elle avait toujours ressenti à magnétiser les foules et à attirer l’attention. De nouveau, elle le fixa, osant même un petit sourire sardonique en le voyant devenir sarcastique "Ouais, merci. Je suppose que les heures que t’as passé avec elle, tu les as pas gâchées à étudier son bilan sanguin, et pourtant t’aurais dû." Ta gueule, Jo "Je sais qu’elle t’a pas parlé de moi, et c’est pas la question ; je te préviens juste que c’est une amie, en quoi c’est bizarre ? Je te demande pas de me faire la liste de tes conquêtes, t’entends ce que t’as envie d’entendre. J’en ai rien à foutre, Midas." Elle carra les mâchoires, Jo, détournant soudainement la tête pour regarder au travers de sa vitre teintée, et presque prête à battre en retraite, arrêtant s’agiter sa jambe par nervosité, ce qu’il ajouta le fit en revanche remuer sur son siège juste pour pouvoir se tourner entièrement vers lui et lui rétorquer, tenant sa ceinture de sécurité à distance de sa peau dénudée pour qu’elle ne se blesse pas dans la manoeuvre "C’est exactement ce que je suis en train de faire : je te mets en garde contre elle. Tu veux savoir comment on s’est rencontrées au fait ?" Une rhétorique qu’elle ne lui laissa pas le temps de considérer, laissant filer ses mots la seconde d’après, les traits harmonieux de son visage suivant les grandes lignes de la comédie qu’elle était en train de jouer, sa tête s'inclinant sur le côté pour capter son regard quand il le posa sur elle "Elle a profité de ma petite notoriété pour se faire prendre en photos en train de me rouler une pelle juste parce que son mec l’avait trompé quelques temps avant et qu’elle cherchait à frapper fort pour se venger." Elle se sentit sourire en biais quand elle ajouta, presque tout bas, dans un murmure qui n’était pas prononcé pour ménager des secrets, mais bel et bien pour le tourner en ridicule "Ouais, c’est marrant, on a le même type de meufs."

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Midas Sterling & @Jo Carter

« Je te dis pas que t’étais supposé le savoir, je te le dis juste pour que tu saches maintenant que je la connais, c’est tout. » La question à un million de dollars est la suivante : que suis-je censé faire de cette information, maintenant ? Et surtout, qu’est-ce que la brune attend de moi ? Que je cesse tout contact avec la blonde ? Que je m’excuse ? Que je trouve un moyen de réconcilier les deux copines, puisque c’est de ça qu’il semble être question ? N’étant pas rompu à la psychologie féminine, je fais évidemment fausse route mais comment m’en vouloir ? Jo n’est pas la représentante la plus simple à comprendre de son genre. « Okay… » Un sourcil toujours levé, je l’observe avec incrédulité. « Et je suis supposé faire quoi de cette information ? » Olive ne répète-t-elle pas à longueur de journée que si je ne sais pas ce que l’on attend de moi, la meilleure solution c’est de poser la question, pas d’essayer de deviner et de me perdre en théories ?

« Quoi ? Non. » Elle repousse l’hypothèse bien trop fermement pour que je la crois : au contraire, je suis à présent certain que la jalousie est à l’origine d’au moins une partie de sa réaction. Elle n’est pas vexée que mon terrain de chasse empiète sur son cercle d’amies. Elle est frustrée et jalouse, et comment pourrais-je lui jeter la pierre ? Je ne suis pas bien plus raisonnable et mesuré lorsqu’on me parle d’elle, et lorsque j’entends parler de rumeurs de liaison avec X ou Y. Un léger sourire étire mes lèvres, un qui me vaudra certainement ses foudres, du reste.

« Je suis sérieuse de quoi ? Je t’ai pas demandé de me raconter de A à Z ce que vous avez fait. Je te donne juste une info qu’on m’a jetée à la gueule alors que j’ai rien demandé. » - « Je suis désolé Jo mais je vois pas en quoi c’est ma faute. C’est une grande fille. » Et tant qu’elle ne court pas raconter au premier paparazzi venu mes secrets les plus intimes, ça devrait me suffire, non ? Non ? Force est de constater que l’idée qu’elle ait partagé tout ça avec Jo me dérange. J’aurais préféré que ce genre d’histoire ne remonte pas à ses oreilles, parce que je ne sais pas ce qu’elle représente pour moi et que, dans le doute, j’aurais voulu compartimenter. Je suis un homme avec des besoins et elle n’est pas née de la dernière pluie. Elle se doute qu’en cinq ans, j’ai eu mon lot de liaison mais savoir que mes prouesses avec Charlie lui ont été rapportées de façon visiblement assez crues m’hérisse le poil. J’aurais préféré lui épargner ça, égoïstement pour ne pas qu’elle me colle l’étiquette de tombeur sur le front et s’éloigne de moi. Mais ai-je un autre choix que d’assumer ? Si j’avais nié, elle aurait été furieuse. « J’ai quand même le droit de pas avoir envie de savoir ces choses-là, donc dis-lui au moins de ménager ses récits quand elle veut se vanter de t’avoir eu dans son pieu. » - « Je suis pas son maître tu sais. » Et la blonde, bien que je ne sache au final quasiment rien sur elle, ne m’a pas l’air d’être un bon chien docile. Bien sûr, j’aurais dû me taire et quand je croise le regard de Jo, je le réalise et m’en mords les doigts. Okay. Voilà ce que j’aurais dû répondre. C’est bien, okay. « Ouais, merci. Je suppose que les heures que t’as passé avec elle, tu les as pas gâchées à étudier son bilan sanguin, et pourtant t’aurais dû. » Cette fois-ci, je ne tombe pas dans le piège. Si, agacé parce que je me sens remis à ma place, la première chose qui me vient à l’esprit est ”j’ai mis une capote, si c’est ta question”, je garde mes lèvres closes après avoir tourné sept fois ma langue dans ma bouche. La seule remarque que je me fais, c’est qu’elles n’ont pas l’air si copine que ça, finalement. « Je sais qu’elle t’a pas parlé de moi, et c’est pas la question ; je te préviens juste que c’est une amie, en quoi c’est bizarre ? Je te demande pas de me faire la liste de tes conquêtes, t’entends ce que t’as envie d’entendre. J’en ai rien à foutre, Midas. » - « T’as pas l’air d’en avoir rien à foutre. » Et, si je voulais la jouer naïf, je prétendrais que je ne comprends pas pourquoi. « J’ai quand même bien l’impression que je suis en train de me faire passer un savon alors qu’à ce niveau là, je te dois pas grand-chose Jo. » Aïe, c’est dit. C’est dit et c’est indélicat mais à force de me sentir agressé, je riposte. Je n’aime pourtant pas le conflit. Généralement, je l’évite mais j’ai toujours eu tendance à m’agacer et me mettre en colère lorsque je me sens pris en défaut.

« C’est exactement ce que je suis en train de faire : je te mets en garde contre elle. Tu veux savoir comment on s’est rencontrées au fait ? » Non, pas vraiment, mais de toute évidence la question est purement rhétorique. « Elle a profité de ma petite notoriété pour se faire prendre en photos en train de me rouler une pelle juste parce que son mec l’avait trompé quelques temps avant et qu’elle cherchait à frapper fort pour se venger. » Je suis tenté d’éclater de rire face à l’audace de la blonde mais, le ciel m’en garde, je reste sérieux. Je fais bien puisque je ne comprends la portée de sa phrase qu’après coup : elle a quelque chose pour la blonde. Ce n’est pas de moi qu’il est question, ça n’a jamais été de moi. Et ce n’est pas de son amie qu’elle est jalouse, visiblement. Comment ne pas comprendre ça alors qu’elle ajoute : « Ouais, c’est marrant, on a le même type de meufs. » Ah. « Attends si je comprends bien t’es en colère parce que tu protèges ton territoire de chasse ? C’est ça qu’il est en train de se passer ? » Je suis piqué autant dans ma fierté que dans ce mélange de choses que je ressens lorsqu’il est question de Jo. Les imaginer en train de s’embrasser n'excite pas mon esprit d’homme pourtant simple lorsqu’il est question de rapports charnel, mais me fait plutôt ressentir une pointe de malaise et, à mon tour, de jalousie. L’arroseur arrosé, si je puis dire. « Tu me casses les couilles Jo. T’es en train de m’agresser parce que j’ai touché à ta copine ? Tout ça pour un truc pas sérieux, l’histoire de quelques soirs ? » Qu’elle mette les points sur les i avec sa douce, dans ce cas.

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Jo Carter & @Midas Sterling (crédit gif/harley)

Si ce n’était pas à Midas à qui elle était en train de s’adresser, probablement que Jo lui aurait suggéré de  se la carrer profondément là où elle pensait, l’info qu’elle venait de partager avec lui. Cependant, sur ce coup-ci, elle rongea admirablement son frein — oui, admirablement — en se disant que statuer sur chaque preuve qu’il n’était qu’un homme comme les autres, ce n’était pas l’idée du siècle ; ça la ramenait aussi à une certaine réalité, elle qui avait toujours eu tendance à le porter en demi-divinité, au moins dans l’intimité de ses pensées. Elle prenait sur ses élans d’impulsivité, elle n’était pas moins agacée pour autant, surtout qu’à souligner sa jalousie, il la rendait coupable de l’évidence : qu’est-ce que ça pouvait lui faire tout ça ? "J’ai pas dit que c’était ta faute non plus. J’ai juste pensé que t’aurais aimé savoir que j’étais au courant parce qu’en vrai, c’est à moi qu’elle l’a raconté, mais si ça avait été à quelqu’un d’autre, t’aurais peut-être eu à craindre pour ta putain de tranquillité." Ah, jouer sur l’idée qu’elle lui faisait une fleur étant donné qu’elle s’inquiétait du plus profond de son petit coeur pour la préservation de sa si précieuse vie privée, lui l’idole traquée. L’hypocrisie était réelle, et sa lâcheté tout autant quand elle s’apercevait qu’elle essayait de se sauver les miches en se cachant derrière de faux prétextes pour ne pas avoir à lui avouer que ça la faisait royalement chier qu’il partage ce genre de relation avec la blonde ; pas parce que c’était elle, il fallait remettre les choses à leur place : ça serait quelqu’un d’autre que sa réaction serait exactement la même, à la différence qu’elle n’en aurait jamais rien su, et que ça aurait fait ses affaires. Elle ne voulait rien savoir de ce genre de faits concernant le jeune homme, c’était aussi simple que ça.
Ce n’était pas comme si elle avait prêché le faux pour savoir le vrai, exactement comme l’avait fait Charlie en entamant la discussion, essayant de percer le vérité derrière ce putain de post Instagram qu’elle avait publié à son sujet. Jo, elle avait reçu ça comme une balle en pleine gueule, et ça avait fait éclater une vérité nébuleuse à laquelle elle avait essayé d’échapper ces six dernières années. Seulement, elle ne pouvait pas l’expliquer comme ça parce que rien entre eux n’était explicite, qu’elle en était encore, comme à l’époque, à se demander si elle n’avait pas fantasmé ce qu’il y avait eu entre eux — ou ce qu’il y aurait dû y voir entre eux, la nuance était minime, mais elle existait, c’était clair "J’en ai rien à foutre." répéta-t-elle avec détermination quand il remit en doute sa parole, et que ce qu’il ajouta ensuite la fit raffermir la tension dans ses yeux qui affrontaient toujours les siens.

À ce niveau-là, je te dois pas grand-chose, Jo. Et c’était vrai, et c’était douloureux aussi, alors elle ne rétorqua rien pour ne pas être tentée d’en dire trop et de semer d’autres graines qui feraient germer celles qu’ils avaient laissées de côté durant toutes ses années.
Mais c’était trop tard "Mon territoire de chasse ? Tu m’as prise pour le mec qui a buté Bambi ?" Franchement, elle avait l’air de traquer le cerf les dimanches d’automne, Josephine ? Rentrant le menton face à la réaction qu’il eut lorsqu’elle lui révéla le fond de sa rencontre avec Charlie, elle se mit à rire avec une goguenardise non-dissimulée quand il tomba sur la seule mauvaise explication qu’il avait à apporter à tout ce ramdam qu’elle faisait par pure jalousie — elle pouvait bien se l’avouer à elle-même, au point où elle en était "Ouais, évidemment. Parce que contrairement à toi, j’ai l’intention de lui faire ma demande le plus rapidement possible. Je te croyais tellement plus malin que ça." ironisa-t-elle en le traitant de connard intérieurement, lâchant sa ceinture de sécurité sur laquelle elle avait tirée pour ne pas se blesser, et qui se claqua brusquement contre sa peau comme un rappel violent qu’elle était bien vivante, et qu’elle foutait le bordel, comme elle avait l’habitude de le faire "Pour ce que ça vaut, elle peut se taper tout Hollywood Boulevard que ça me ferait une belle jambe. J’ai pas couché avec elle, et je comptais pas le faire dans tous les cas — tu sais quoi, laisse tomber en fait." finit-elle par lui dire, levant ses deux mains devant elle comme elle se rasseyait dans le bon sens, ses doigts tendus si fort en arrière qu’elle pouvait sentir ses jointures crépiter et ses paumes lui élancer jusqu’à la base de ses poignets "Je voulais que tu saches que je la connais, c’est fait." Elle croisa de nouveau les jambes, vite et fort, les mains toujours tendues devant elle, à se constituer prisonnière de sa putain de jalousie "J’ai pas besoin de me justifier sur quoi que ce soit, comme t’es pas obligé de te justifier sur quoi que ce soit." Elle tourna la tête vers lui, lui offrant le genre de sourire si faux que ça aurait rendu quiconque hideux, mais elle était elle, et même sous la masse de ses défauts, elle était sublime "On se doit rien, au moins c’est clair maintenant."

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Midas Sterling & @Jo Carter

« J’ai pas dit que c’était ta faute non plus. J’ai juste pensé que t’aurais aimé savoir que j’étais au courant parce qu’en vrai, c’est à moi qu’elle l’a raconté, mais si ça avait été à quelqu’un d’autre, t’aurais peut-être eu à craindre pour ta putain de tranquillité. » - « C’est une grande fille, je suis un grand garçon, on était tous les deux consentants alors je me fais pas de souci, même si t’as l’air de penser que c’est une histoire aussi scandaleuse que Monica Lewinsky et Clinton. » Personne n’achètera mes secrets à prix d’or pour les publier dans les plus grands journaux du pays. Au pire, la blonde se vantera sur Twitter de m’avoir fréquenté intimement et se prendra un tollé de la part de mes fans les plus fidèles. Que croit-elle, Jo, que je l’ai attendue pour savoir comment allier le mieux possible ma vie privée et mon statut de tête connue, de star du pays ? Si la jeune femme parle, les tabloïds amateurs d’histoires scabreuses du genre s’empareront de l’affaire et tout ça sera étouffé dans l’oeuf par une armée d’avocat engagés par la production. Du reste, que croit-elle, que je fais signer des contrats engageant les jeunes femmes qui partagent mes draps à garder le secret sur tout et n’importe quoi ? Je suis un grand garçon et nous étions tous deux consentants dans cette histoire, qu’ai-je réellement à craindre ? Mes mains serrent le volant de toutes mes forces pour nous prémunir d’un accès de colère. Que je me montre violent n’est pas un risque : jamais Ô grand jamais je ne lèverais la main sur un femme, mais je n’ai pas envie que mes mots dépassent ma pensée simplement parce qu’elle m’aura poussé à bout. Je m’emporte dès que j’ai l’impression que la situation m’échappe et Jo possède un talent indéniable pour ça. « J’en ai rien à foutre. » - « T’en as rien à foutre au point de me sauter à la gorge. » Tout ça pour quoi, pour avoir eu le malheur de coucher avec l’une de ses copines ? Alors que je n’avais aucun moyen de savoir qu’elle la connaissait ? Elle a beau faire passer son geste pour de la bonté d’âme, je la connais, Jo. Elle était en colère - certainement à cause des conneries que Charlie lui a certainement balancées à la gueule - et cherchait à provoquer ce qu’il est en train de se passer. Bien sûr, quand je serais calmé et à tête reposée, j’aurais de la peine pour elle. Comment aurais-je réagi si l’un de mes proches m’avait raconté ses prouesses sexuelles en compagnie de la brune ? Je lui aurais certainement collé mon poing dans la gueule et, comme elle, j’aurais été remonté contre le monde entier malgré le constat que je fais : nous ne nous devons rien. Bien sûr, l’alchimie entre nous était d’un autre genre que celle qu’il existe normalement entre deux concurrents. Sans que nous n’ayons ni l’un ni l’autre cherché à mettre de mot dessus, elle crevait l’écran et, lorsque tout s’est terminé, m’a laissé un trou béant dans les entrailles. Si j’ai repensé à notre baiser ? Tous les soirs, au début. En fermant les yeux, je l’ai réécrit en me demandant ce qu’il se serait passé si nous n’avions pas été interrompus.

« Mon territoire de chasse ? Tu m’as prise pour le mec qui a buté Bambi ? » Je lève les yeux au ciel, agacé qu’elle bute sur les mots plutôt que de s’attarder sur le fond, sur ce que j’essaye réellement de lui dire. « Ouais, évidemment. Parce que contrairement à toi, j’ai l’intention de lui faire ma demande le plus rapidement possible. Je te croyais tellement plus malin que ça. » - « Je suis peut-être qu’un con, mais tu vois, là, j’essaie surtout de comprendre pourquoi tu m’exploses entre les doigts pour des conneries si t’en as rien à foutre. » Et en l’absence d’explication rationnelle de sa part, j’y vais de mes propres théories. « Pour ce que ça vaut, elle peut se taper tout Hollywood Boulevard que ça me ferait une belle jambe. J’ai pas couché avec elle, et je comptais pas le faire dans tous les cas — tu sais quoi, laisse tomber en fait. » Pour la provoquer, j’aurais pu lui dire qu’elle ne sait pas ce qu’elle rate, mais je ne l’envisage même pas. Je ne suis pas le genre de garçon qui aime faire de la peine aux autres, et celle de Jo me révolte plus que celle de tous les autres. Parce que je sais voir au-delà de son masque de colère et de frustration, je sais que je l’ai blessé mais j’ignore comment j’aurais pu l’éviter. C’est peut-être ça qui m’emmerde le plus, au fond. « Je voulais que tu saches que je la connais, c’est fait. » - « Ça aurait pu se résumer à ma pote Charlie m’a parlé de toi, marrant la coïncidence non ? » C’est hypocrite, quand on sait à quel point l’idée qu’il se passe quelque chose entre Jo et Nicky me déstabilisait. Sauf qu’au moins, j’avais fait tout mon possible pour prendre sur moi, conscient que la jeune femme ne me devait rien après autant d’années de silence. « Je comprends pas pourquoi les choses ont toujours besoin d’être si compliquées avec toi. » Si elle me l’avait demandé en caressant mon avant-bras du bout des doigts, d’arrêter de fréquenter la blonde, je l’aurais fait parce que face à ses yeux de biche, je suis faible. « J’ai pas besoin de me justifier sur quoi que ce soit, comme t’es pas obligé de te justifier sur quoi que ce soit. » - « Parfait. » C’est loin de l’être, je suis loin de le penser. J’aurais préféré que la situation ne dégénère pas et que nous ne nous sentions pas obligés de nous sauter à la gorge pour nous protéger. Je préférais quand elle jouait du piano à côté de moi. « On se doit rien, au moins c’est clair maintenant. » Je prends une profonde inspiration, puis une seconde et, avec plus de calme - je m’y astreint tant bien que mal - je tourne la tête vers elle pour lui poser une question. « Qu’est ce que j’étais censé faire, Jo ? » On ne s’est jamais rien promis et je ne suis pas assez idiot pour penser qu’elle m’a attendue, pendant toutes ces années.

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Jo Carter & @Midas Sterling (crédit gif/harley)

"Croisons les doigts pour qu’elle soit du genre à faire ses lessives et à laver ses draps." Elle aurait pu débattre des heures sur le prix auquel un musée avait voulu racheter la fameuse robe bleu souillée de Lewinsky pour en faire une pièce de choix à contempler entre deux vraies oeuvres d’arts, sauf qu’elle ménagea sa rhétorique cette fois, Jo. Bien que s’il fallait faire dans le trash, elle le ferait, elle n’avait pas peur de ça, surtout quand ça lui servait à se protéger, de Midas ou de quelqu’un d’autre. Et là, elle se sentait trop vulnérable, sur ce siège à la con, parquée derrière sa ceinture de sécurité comme une gamine qui faisait un gros caprice pour avoir le droit à une autre glace. C’était sa faute bien sûr, elle n’avait pas réussi — ou elle n’avait pas cherché, c’était à débattre, ça aussi — à garder sa jalousie pour elle, et comme toutes les choses qu’elle ne savait pas gérer, elle ressortait enrobée d'une bonne couche de colère qui, au final, n’était même pas dirigée contre Midas
Elle était dirigée contre elle-même, pour tout un tas de raisons qui partaient du fait qu’elle s’en voulait atrocement de lui avoir toujours donné autant d’importance. Mais ce n’était pas que ça. Jo, elle avait tort à ce moment-là, et c’était ça le plus difficile à avaler sur le moment. Cette conviction ferme et pénible à supporter, elle la taraudait, elle, qui tenait toujours à vouloir le dernier mot, et ce de gré ou de force. Elle ne pouvait que fermer sa gueule maintenant, se barricader derrière un silence qui la mettrait forcément mal à l’aise tant elle détestait ça, transie d’une angoisse palpable quand elle sentit l’atmosphère s’épaissir et la tangibilité de l’insonorité la frôler pour lui coller des frissons et faire palpiter son coeur si fort que ça en était douloureux.

Elle serra les dents à s’en défoncer l’intérieur des joues pour ne pas lui hurler de se taire et d’entendre enfin que si, elle en avait rien à foutre. Mais Midas était un détecteur de mensonges d’un autre ordre quand il s’agissait de démêler les conneries qu’elle racontait à qui voulait bien l’entendre, et elle avait déjà beaucoup trop lutté pour vouloir remporter cette bataille là. Butée, elle ne lui dit pas que, sur le fond, c’était ce qu’elle avait fait, lui dire qu’elle connaissait Charlie et que c’était une putain de coïncidence à s’en taper le cul par terre, non ? Seulement elle savait que sur la forme, elle avait des progrès à faire, et elle n’avait pas envie qu’il le lui fasse remarquer.
Il pensait ce qu’il voulait, voilà ce qu’elle se dit en battant en retraite sans même le vouloir vraiment, continuant à fixer la route qu’il prenait au travers du pare-brise, et ne consentant qu’à tourner la tête vers lui de nouveau qu’une fois qu’il reprit la parole. Elle se mit à rire en l’entendant lui demander pourquoi c’était toujours si compliqué avec elle, et plus que tout le reste en définitive, c’est ce qui lui brisa le coeur. Mais pas assez fort pour qu’elle continue de la boucler. Elle lui rétorqua, la tête légèrement inclinée en arrière pour marquer la déception qu’elle ressentait face au fait qu’en effet, il était bien un homme comme les autres "Tombe pas dans le cliché, Midas. Tombe pas dans le putain de cliché du mec qui subit et de la nana qui est hystérique sans raison." Plus une supplication qu’un conseil, elle continua comme si elle ne s’était pas interrompue "Et me rends pas responsable de la complexité de notre relation à la con." Elle marqua une pause inutile, annonçant sans le chercher que ce qu’elle allait ajouter, c’était le genre de rafale qu’on recevait en pleine gueule sans s’y attendre "T’as vraiment la mémoire courte, putain. C’est pas moi qui t’ai embrassé, si ?" Non, ce n’était pas elle. Elle ne l’avait pas repoussé non plus, mais là n’était pas la question. D’ailleurs, elle aurait pu tomber maintenant comme ça aurait pu tomber à un autre moment, cette question en particulier. Mais le plus tôt était le mieux finalement, non ? Pas sûre. Elle n’en était pas sûre, Jo. Mentionner ce souvenir alors qu’elle sentait qu’à l’intérieur d’elle, c’était la fusion violente de plusieurs sentiments, ça lui donnait envie d’éclater en sanglots. Pleure pas, pleure pas, pleure pas, qu’elle se répéta en détournant la tête quand lui, il tourna la sienne pour la regarder en lui posant la question — celle à laquelle elle aurait pu répondre par une autre en lui demandant à propos de quoi ?, seulement elle ne voulait pas lui faire cet affront-là, de remettre en doute les souvenirs qu’ils partageaient. Et une autre réponse lui vint à l’esprit au même moment, une  déclenchée par son impulsivité et sa colère ; t’as pas eu besoin de mode d’emploi avec Charlie, tu me prends pour une conne ou quoi ? Néanmoins, elle se ravisa rapidement à propos de ces deux options-là juste pour en choisir une troisième, finissant par lui dire d’une voix assez maîtrisée pour qu’elle paraisse blanche, quand elle sentait sa gorge se rétracter, et son coeur exploser pour de bon "Rien. C’est encore ce que tu sais faire de mieux."

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Midas Sterling & @Jo Carter

« Croisons les doigts pour qu’elle soit du genre à faire ses lessives et à laver ses draps. » Je lève les yeux au ciel, à deux doigts de demander à Jo d’arrêter avec ses conneries mais conscient qu’il s’agit de l’un de ces nombreux cas où il vaut mieux que je la ferme et que je m’écrase. En soi, je n’ai rien à me reprocher. Pour autant, je n’ai pas envie d’attiser le brasier de la colère de la brune incendiaire. Il en faut peu et, moi, je n’aime pas lorsque nous nous disputons comme des chiffonniers. Contrairement à elle, je ne suis pas le genre de personne qui aime aller au conflit, mais il est facile d’épuiser mon quota de patience : il est quasiment inexistant. Lorsque j’ai le sentiment d’être incompris ou mal pris, je m’énerve plutôt que de me poser pour observer la situation dans son ensemble. Je ne suis pas un type borné. Il est simplement facile de me donner l’impression que je suis acculé dos au mur, et je déteste ça et il m’arrive de réagir nerveusement.

« Tombe pas dans le cliché, Midas. Tombe pas dans le putain de cliché du mec qui subit et de la nana qui est hystérique sans raison. » - « J’ai pas dit que t’étais hystérique. » J’ai simplement dit que, bien qu’elle ait l’impression d’avoir pointé du doigt une simple coïncidence, elle l’a fait avec agressivité et en choisissant comme angle d’attaque de me rentrer dedans. C’est son mode de communication privilégié, sans que je n’ai jamais réussi à comprendre si c’était un choix ou si elle n’avait simplement jamais su faire autrement. Je suppose que c’est ce que ça fait, d’être une jeune fille au milieu d’une grande fratrie. La colère est retombée à présent. Je l’observe avec toute l’authenticité que je possède en stock et, sur le visage, un air démuni. Je ne voulais pas de cette dispute comme je ne comprends pas bien comment j’aurais pu gérer les choses avec plus de délicatesse. Bien sûr que, maintenant qu’on me le demande, je suis prêt à attester que j’aurais préféré ne jamais croiser la route de Charlie : tout pour éviter de faire du mal à la brune qui occupe une place bien plus grande dans mon cœur. Une place mal délimitée certes, mais une chose est sûre : pendant cinq ans, j’ai eu l’impression d’être incomplet, et je sais que son absence n’y était pas pour rien. Charlie, j’aurais oublié son prénom d’ici quelques semaines. Charlie, c’était une aventure éphémère, un moyen de répondre à une pulsion naturelle et pour laquelle je ne peux guère présenter d’excuse, puisque je n’ai trompé personne. Est-ce donc de ça qu’il est question ? Pour Jo, ai-je à présent revêtu le costume du mâle lambda, celui qui est indigne de confiance et qui ne sait pas garder ses bijoux de famille dans son pantalon ? Cela me désolerait d’être réduit à cette image peu flatteuse à ses yeux. J’aime sans compter et sans me méfier et, lorsque je décide d’être sérieux avec une femme, je ne vois plus qu’elle. Je ne suis pas de ceux qui ressentent le besoin de nouveauté toutes les semaines et qui, ce faisant, blessent la gente féminine. Je ne promets pas monts et merveilles aux femmes qui ne représentent rien à mes yeux. Au contraire, je suis parfois trop direct, un peu maladroit, mais ce n’est jamais de la malveillance, au contraire. « Et me rends pas responsable de la complexité de notre relation à la con. » - « Il vaudrait mieux que je te dépose, et qu’on reprenne cette discussion quand on sera tous les deux un peu redescendus. » Je prends du recul avant qu’elle ou moi ne disions des choses que nous pourrions regretter, avant que nous - ou plutôt qu’elle - prenne une décision radicale sous le coup de l’émotion, une qui me ferait mal au cœur sans l’ombre d’un doute. « T’as vraiment la mémoire courte, putain. C’est pas moi qui t’ai embrassé, si ? » Elle n’en a pas fini avec moi et, en guise de réponse, elle a tout d’abord le droit à un regard de chiot battu. « Je l’ai fait parce que j’en avais envie. » Aujourd’hui, je suis agacé et blessé qu’elle me le jette au visage comme la genèse de la complexification de notre relation. « C’était naturel pour moi. Je pensais que ça pouvait être simple. Que c’était ce dont on avait envie tous les deux. » J’avais envie de bien plus, mais son regard le lendemain m’a dissuadé de tenter quoi que ce soit avec elle, comprenant qu’elle aurait préféré le reprendre, ce baiser. A travers ses mots, c’est aussi ce que je comprends ce soir, peut-être à côté de la plaque, peut-être maladroit, à nouveau. « Je suis désolé. » Je prends mon visage dans mes mains avant de secouer la tête et de reposer mes mains sur le volant. « Rien. C’est encore ce que tu sais faire de mieux. » Après cette réponse, les derniers kilomètres se font dans le silence et le malaise. Jo frappe sous la ceinture, et j’ignore si c’est volontaire ou inconscient. C’est ce que je suis, Midas, le garçon qui se laisse porter, qui doit sa réussite à la chance et un coup de pouce de tout le monde sauf lui. Mon destin, je ne l’ai jamais pris à bras le corps et, putain, si seulement elle savait à quel point je regrette de ne pas l’avoir à l’époque, en ce qui la concerne elle. Je n’ajoute rien. Je me contente de garder mon regard fixé sur la route et, lorsque je me gare devant chez elle, je déglutis, avant de tourner le visage dans sa direction. « T’es arrivée. » Je ne sais pas quoi dire de plus. Je n’ai jamais été un grand romantique, ou un homme rompu à l’art des beaux discours qui ont le pouvoir de tout rattraper.

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Jo Carter & @Midas Sterling (crédit gif/harley)

"Je t’ai dit de laisser tomber, c’est toi qui es revenu à la charge avec ta question." Ça aurait été facile de se taire, mais elle n’avait pas été moulée dans la bienséance induite par le silence, Jo. C’était une leçon qu’elle devrait continuer à apprendre durant toute de sa vie, que quand il n’y avait rien à dire de bien, il valait mieux la boucler plutôt que de cracher son venin pour regretter ensuite de ne pas en avoir l’antidote. Elle n’était pas parfaite, elle n’avait jamais prétendue l’être autrement que pour son apparence qui équilibrait un peu l’idée qu’elle avait tellement un caractère de merde, qu’une fois sur deux, elle se tirait une balle dans le pied sans même s’en apercevoir. Au moins elle était belle, c’était ça qui importait le plus dans ce monde, non ?
C’était le cas ici : elle se tirait une balle dans le pied, alors que le soleil se levait, et qu’elle voyait s’échapper les quelques heures de sommeil sur lesquelles elle comptait pour mieux faire le point et se réveiller apaisée de la tension qu’elle ressentait à l’intérieur. Mais elle ne dormirait pas, elle en était d’autant plus consciente que la réponse que Midas apporta à la sienne, de question, elle lui fit tourner la tête vers lui et emprunter le genre d’expression qui signifiait qu’il venait de toucher quelque chose et que ça lui faisait mal.

"C’est que ça, une question d’envie ?" Il lui avait dit le contraire la dernière fois. Pourtant, il avait eu envie de l’embrasser, il avait eu envie de l’appeler, il avait eu envie de quoi d’autre encore ? S’il la résumait qu’à la liste de ses désirs assouvis ou pas, ça lui poserait un problème, parce qu’elle ne le voyait pas comme un terrain à conquérir pour son propre salut, Jo. Elle le voyait comme une partie d’elle qu’elle avait perdue à cause de sa fâcheuse tendance à croire qu’elle était suffisamment inoubliable pour qu’on la supplie de rester, ou de revenir ; ce qu’il n’avait pas fait, et maintenant, elle prenait conscience de ce que ça voulait dire, de combien elle avait été naïve de croire à l’authenticité brute d’une alchimie qu’elle n’avait eu avec personne d’autre que lui.
Le sourire qu’elle laissa filer comme façade arrangeante lui arracha la bouche quand elle ajouta "Si c’est à ça que ça se résume, toi et moi, pas étonnant que tu sois pas capable de garder ta braguette fermée quand une grande blonde vient battre des cils sous ton nez." Le rapport n’y était pas, seulement elle n’avait pas d’autre moyen de lui faire de la peine. Elle saisissait que, dans tout ça, probablement que ce qui s’était passé ce soir-là, et ceux d’avant, quand ils n’étaient que deux concurrents complices d’une émission de télévision, n’avait eu d’importance que pour elle, et ça lui fit murmurer, plus à sa propre intention qu’à celle du jeune homme qu’elle rabroua juste après "Je suis vraiment trop conne."
Et elle l’était sur tout un tas de facteurs qui pèseraient longtemps sur sa conscience, mais ce n’était pas nouveau. Pour autant, ça remettait en perspective la proposition qu’il lui avait faite, et l’idée de statuer si elle était prête ou pas à faire définitivement une croix sur ses rêves. Et sur lui, par extension. Tout était lié, elle le détestait un peu plus pour ça maintenant, le silence retombant dans l’habitacle dans une pesanteur insupportable ; et ce silence, il lui fit de nouveau agiter sa jambe sans qu’elle n’y pense, soumise à son obstination à ne pas pleurer ni à parler pour lui demander pardon sur le champs en lui expliquant plus explicitement pourquoi elle avait abordé le sujet de cette manière. Elle ne le ferait pas, et pas uniquement parce que la distance jusqu’à chez sa grand-mère était en train de se réduire, et que bientôt, il s’arrêta devant en la gratifiant d’une annonce qu’elle n’avait pas besoin qu’il lui fasse.
Elle était arrivée. Elle ne bougea pas tout de suite. Elle hésita avant de déboucler sa ceinture de sécurité. Sauf qu’elle non plus, elle n’était pas une grande romantique quand il n’y avait pas de mélodie derrière, et que les beaux discours, elle préférait les chanter plutôt que de les déverser de façon larmoyante en les traitant comme un gage de sa bonne foi. Alors, Jo, elle ne lui adressa pas un regard en se détachant enfin pour s’en aller, quittant sa voiture en claquant la portière sans vérifier derrière si elle n’avait rien oublié. Une chose était certaine cependant, elle n’avait pas laissé sa fierté derrière elle.

rp terminé.