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 Perspectives croisées || Gabrielle-Muiredach#1

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Message(#)Perspectives croisées || Gabrielle-Muiredach#1 EmptyMar 8 Nov 2022 - 23:34

En bonne créature d’habitude que j’étais, le veston noir, le pantalon ébène et la cravate anthracite de ce complet devaient bien appartenir à ma garde-robe près d’une dizaine d’années. Autant le grand soin que j’apportais à mes vêtements que mon caractère particulier entrait en ligne de compte dans cette longévité. C’était le costume sombre et austère des présences au palais de justice pour aller témoigner dans des procès qui se rendaient à ce stade. Peu de traces du passage des années sur le tissu entretenu à la perfection. Je n’avais pas nécessairement de mérite : il y avait dans ce bas monde qu’un nombre limité de choses que j’aimais moins faire que d’aller faire une tournée des boutiques. Je l’avais fait pour l’anniversaire de ma fille et il faudrait bientôt remettre la main à la pâte pour Noël. Mes vêtements attendront. Ils n’étaient pas en loque pour autant. Non. Mon style était aussi d’une morosité indémodable. En relisant le dossier, la veille de mon témoignage pour m’assurer que j’étais en contrôle de mes connaissances, j’en avais profité pour passer un coup de cire sur mes chaussures en cuir (seule pièce brune de mon complet).

C’était peut-être ironique que je mette autant d’attention sur le fait de préparer une tenue impeccable quand je ne jugeais pas nécessairement pertinent de me raser de près malgré tout. J’avais pourtant cette impression qu’une tonte militaire ferait ressortir les marques de fatigue de ces nuits ponctuées par les vagues de douleur qui me réveillaient avec une fréquence plus élevée que ce que j’étais prêt à admettre. Hors de question de fournir aux avocats de la défense une telle prise sur ma vie. Je préférais essayer de distraire de ces ridules, de ces cernes et de ces points par une allure impeccable (à l’exception notable d’une coupe un peu plus échevelée et d’une barbe mal entretenue qui se faisait un brin longuette).

Fidèle à moi-même, j’étais arrivé à l’heure (selon ma propre âme ; bien trop d’avance selon certaines de ces personnes qui n’avaient pas nécessairement une horloge interne digne de la Suisse). J’avais attendu qu’un individu responsable de la sécurité ou des procédures ne vienne me chercher pour témoigner, assis sur l’un des bancs anonymes à l’extérieur de la salle du tribunal où se déroulait le procès devant jury, mon regard avait de nouveau parcouru le dossier pour m’assurer que j’étais certain de pouvoir justifier toutes mes décisions, tout le processus qui nous avait menés à l’arrestation dans cette affaire. À l’intérieur de la salle d’audience, j’avais fait dans l’efficacité. Malgré les années qui s’étaient écoulées depuis mon entrée dans les forces de l’ordre, je n’étais toujours pas doué pour m’accrocher aux jurys dans les procès devant ces derniers. C’était avec une certitude désarmante que j’affirmerais que je restais indubitablement égal à moi-même : une voix dans laquelle transparaissait autant ma passion que la morosité pour articuler des réponses, une volonté minimale à tourner autour du pot ou à embellir la réalité dans toutes ces horreurs et une réalité factuelle à outrance qui poussait l’audace jusqu’à citer les codes internes de la police qui avaient justifié mes décisions. J’étais, sans mentir, l’incarnation même du policier rébarbatif. Je le savais. Aucune tentative d’humour. De toute façon, tous mes collègues au poste pourraient sans encombre confirmer que j’avais autant d’humour qu’une crise cardiaque (sans mauvais jeu de mots ici). J’avais déjà croisé à quelques reprises l’avocate de la défense, une dénommée Strange, je crois (mon sens de l’humour rivalisait en nullité avec ma capacité à associer noms et visages depuis ma prime enfance). Mais nous avions déjà interagi à quelques reprises soit dans le cadre d’interrogatoires ou dans le cas de ces procès. Si je parvenais à comprendre un peu la Watson, une amie du côté du procureur, j’avais un peu plus de difficulté à vraiment comprendre comment une personne pouvait en venir à faire carrière en choisissant de défendre des coupables. Certes, j’avais pleinement conscience de l’importance de la nécessaire juste représentation. Mais ce n’était pas pour autant que j’aurais accepté de me retrouver de son côté. Bref, entre deux réponses expéditives et froides de ma part, j’avais défendu les procédures que nous avions suivies, les constats que nous avions faits de notre côté et qui avaient mené à l’arrestation de son client.

Je fus libéré vers la fin de la journée et je me dirigeais vers ce petit café potable juste à l’extérieur du palais de justice. Bon enfant (à l’écoute des demandes de mon médecin), je me contentais de commander : « Un décaféiné » en espérant qu’il soit au minimum potable, mais j’en doutais. Je comptais sur les doigts d’une main les décaféinés potables de cette ville. Encore une fois, les politesses manquaient comme à la cour. La majorité de ces politesses et de ces fioritures n’étaient qu’un grand tas de désagréments si je me devais réellement d’être honnête. Toutefois, en me retournant, je tombais nez à nez sur la fameuse avocate de la défense. Mon accent, toujours aussi lourd malgré les quelques trente-cinq années passées sur le sol australien, roula dans ma bouche alors que je fis un semblant d’effort de politesse avec un simple : « Mademoiselle Strange. Vous allez bien? »
@Gabrielle Strange :l:

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Message(#)Perspectives croisées || Gabrielle-Muiredach#1 EmptyDim 20 Nov 2022 - 14:42


 perspectives croisées ft  @Muiredach MacLeod  
novembre 2022. A côté de cette grosse affaire dont elle venait de se saisir et sur laquelle elle travaillait sans relâche, jour et nuit, le dossier d’aujourd’hui paraissait être plutôt facile. L’accusation de son client n’était pas des plus glorieuses, et il n’était pas là à son premier essai, pour autant, une faille allait permettre à Gabrielle d’alléger sa peine. Il ne s’en sortirait pas aussi aisément, aurait évidemment des dettes à payer et s’il lui avait sommé de le faire sortir du trou, il était hors de question pour la Strange que ce soit le cas. Sa conviction pour la justice et sa volonté de remporter des procès ne signifiait pas de redorer le blason de son client en le faisant passer pour un grand homme sage. Si cela relevait du travail de certains – et de leurs convictions – ce n’était pas son cas. Si elle a fait le choix de cette carrière, cela était avant tout pour permettre de rendre une justice plus juste. Qu’elle défende la pire des ordures ou la victime dans l’histoire – car il lui arrivait d’être d’un côté tout comme de l’autre des camps – Gabrielle a toujours eu la volonté de le faire de manière juste, tout en respectant le cadre des lois. Son client aujourd’hui avait bien plus causer de torts que de bien autour de lui, pour autant, l’influence d’un mauvais malfrat au-dessus de lui la poussait à être convaincue que jamais il aurait commis un tel acte sans celui qui tirait les ficelles dans l’ombre. Dans l’ombre mais plus pour très longtemps puisqu’il avait été appréhendé quelques jours plus tôt et c’était là un argument de plus pour Gabrielle durant ce procès. Un moyen aussi de reporter certains torts sur cette même personne, sans pour autant lui faire son procès ici là même alors qu’il n’était pas sur le banc des accusés aujourd’hui. Et si cet argument là a créé une première brèche dans le dossier de son client et lui permettre d’entrevoir une possible réduction de peines, il faut tout de même faire face aux témoins contre la défense.

Cet inspecteur qu’elle a déjà croisé à plusieurs reprises en est un, et disons que la jeune femme ne se laisse pas impressionner, n’hésitant pas à être tranchante dans les questions qu’elle lui adresse durant l’audience. Qu’il n’y voit pas là une quelconque dent contre lui, elle n’est là que dans son rôle d’avocate qui veut défendre son client. Il est tout autant expéditif qu’elle ne peut l’être tout comme il est tout autant vorace, franc et sec dans ses réponses. Et si elle n’en tire finalement pas grand-chose, si ce n’est qu’il rabaisse davantage l’épée de Damoclès qui pèse déjà lourdement sur la tête de son client, Gabrielle sait qu’elle a d’autres cartes à jouer.

Lorsque le procès se termine, assez tardivement dans l’après-midi, le verdict est encore incertain et sera sûrement prononcé le lendemain si ce n’est le surlendemain. Exténuée entre la nuit blanche qu’elle a passé sur son autre dossier et toute l’attention que lui a demandé le procès d’aujourd’hui, Gabrielle prend le temps, avant de rentrer chez elle, de passer par le petit café attenant au palais de justice. Elle y commande un thé matcha, pas très friande de café bien que celui-ci ne serait finalement pas si malvenu. Et alors qu’elle se dirige vers une table, non loin du comptoir, elle tombe nez à nez avec le MacLeod, celui-là même qui a témoigné contre son client « Mademoiselle Strange. Vous allez bien? ». L’amertume est présente, c’est certain, contre cet homme qui lui a mis des bâtons dans les roues mais au-delà de ça, elle a toujours senti de la réticence de sa part à son égard. Alors si elle adopte un sourire, il est sûrement plus franc que le sien « Inspecteur le désigne-t-elle d’abord alors qu’elle remue doucement le contenu de son gobelet en papier je vais très bien et vous ? » Elle ne va pas jouer la carte de l’honnêteté, préférant se cantonner à ce léger mensonge, mais ce n’est pas comme si le MacLeod était un ami. « Vous ne m’avez pas simplifié la tâche tout à l’heure se permet-t-elle alors d’ajouter sur un ton neutre, loin de sonner comme un reproche, prenant place à la table qu’elle avait repéré quelques secondes plus tôt Asseyez-vous, je vous en prie » Elle n’est pas rancunière à ce point.



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Message(#)Perspectives croisées || Gabrielle-Muiredach#1 EmptyLun 26 Déc 2022 - 21:14

J’avais toujours eu une certaine facilité à comprendre la position des membres du barreau qui travaillaient du côté de la Couronne, qui défendent les personnes qui avaient été victimes de crimes odieux. C’était le qualificatif que je choisirais pour parler des dossiers qui se retrouvaient sur mon bureau, entre mes mains comme les casse-têtes et les énigmes qui m’avaient fasciné, enfant. Il y avait sans doute moins dramatique que ce qui se trouvait à être traité par la brigade criminelle. J’avais la profonde conviction qu’il y avait de crime sans victime, à l’exception peut-être de ces violations du Code de la route qui n’appartenait pas à la véritable criminalité. Cette partie venait avec l’impression de défendre des personnes avec un degré d’innocence parfois variable : après tout, défendre une victime de meurtre qui fut membre d’un gang de rue de son vivant n’était pas nécessairement synonyme de défendre un innocent qui n’avait jamais fait de connerie dans sa vie entière.

En revanche, j’avais toujours plus peiné à comprendre la position de celles et ceux qui choisissaient de défendre les individus qui se retrouvaient mis en accusation. J’avais bien beau avoir pleinement conscience que notre système de justice dépendait de la présomption d’innocence. J’avais beau avoir fait des études de droit avant de prendre la décision de marcher sur les traces de mon père et de devenir policier. J’avais beau croire que notre justice avait besoin de procès devant juge (et parfois jurys). J’avais de la difficulté à comprendre comment une personne pouvait aimer son travail si elle en venait à défendre des personnes coupables. C’était dans ce contexte que s’inscrivait ma relation avec la Strange : elle appartenait à cette curieuse espèce d’avocat qui travaillait de ce côté que je peinais, dans toutes mes rigidités, à comprendre. Essentielle, mais avec une certaine froideur.

Remarquez cependant que les gens qui ne se heurtaient pas à mon stoïcisme étaient plutôt rares. Capable d’être compté sur les doigts d’une main, peut-être deux mains, si l’on ratissait vraiment large dans mon cercle de connaissances profondément anémique (surtout depuis que ma relation avec mes enfants s’était détruite, entraînant avec elles un tas de prétextes curieux de socialisation rudement mis à l’épreuve). Il était donc quelque peu étonnant que je fasse un effort de semblant de communication dans un contexte aussi informel que celui de l’échange dans le café, avec mes mains bien ancrées sur ma tasse en carton contenant le décaféiné noir qui ne m’apporterait qu’un semblant de réconfort. En réponse au retour du balancier pour la platitude pratique que j’avais lancé, j’avais répondu toujours aussi avare de mots d’un simple « Bien. » Le mensonge était blanc et avait été répété si souvent qu’il finissait presque par avoir un semblant de vérité… ou du moins, j’étais presque capable de me convaincre qu’il était une réalité. Je n’avais pas la confiance facile. Si je n’osais pas poser mes cartes sur table avec ma fille, mes proches et mes collègues (dont je mets la vie en danger probablement par mon obstination à défendre bec et ongles l’idée que je vais bien), ce n’était pas avec une étrangère que le chat sortirait du sac. Et puis j’avais compris avec les années que personne ne l’aimait cette vérité toute crue sans demi-teinte ni faux-semblant. Non. C’était mieux de mettre un faux sourire et d’affirmer le contraire de la réalité.

Je levais un sourcil devant sa remarque comme quoi je n’avais pas aidé. J’étais du côté du procureur comme toujours dans un dossier. Mon rôle n’était pas et n’avait jamais été de prendre la position de la défense. Tirant la chaise, je détachais machinalement le bouton de mon veston avec un « Merci. Aurais-je dû? » La question avait un fond d’honnêteté. Ce n’était pas ma responsabilité de changer les preuves que nous avions accumulé contre son client. Je me contentais de présenter de manière objective notre processus, nos règles. « Les faits sont ce qu’ils sont après tout. » C’était le cas. Une réalité parfois difficile à avaler. Souvent cruelle. Mais présenté dans son entièreté même si je me trouvais à être expéditif et vorace dans mes explications. Je n’étais pas doué devant les jurys pour cette raison. Trop factuel. Trop froid. Trop distant. Je le savais au fond. Mais vingt-six ans, presque vingt-sept de service dans les forces de l’ordre, avaient joué dans la consolidation d’une personnalité qui n’avait jamais réellement été doué pour édulcorer la réalité, sauf, peut-être, avec mes enfants. Factuel et encore droit, je rajoutais : « Les édulcorer, ce n’est pas mon rôle. Et je ne suis pas non plus très doué pour le faire d’ailleurs. » Une admission de ma part. Je faisais preuve de plus de conscience personnelle que ce qu’on laissait sous-entendre.
@Gabrielle Strange :l: (tu m'excuseras pour l'attente. Cela ne devrait plus se reproduire.)
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Message(#)Perspectives croisées || Gabrielle-Muiredach#1 EmptyDim 1 Jan 2023 - 22:10


 perspectives croisées ft  @Muiredach MacLeod  
novembre 2022. Il n’est pas le premier, ne sera sûrement pas le dernier à s’interroger sur la profession qu’elle exerce. Surtout sur cette conviction à vouloir défendre l’indéfendable parfois. Gabrielle a ses arguments, a déjà dû les exposer à maintes reprises et si elle doit le faire encore, elle le fera. Elle est conscience que l’inspecteur qu’elle a eu face à elle au tribunal, celui-là même dont la présence lui a mis des bâtons dans les roues, et ce même inspecteur qu’elle croise désormais dans ce café fait partie des gens réticents. Lui qui passe ses journées à poursuivre les méchants et à tout faire pour les mettre derrière les barreaux, elle peut aussi comprendre son point de vue en voyant débarquer des avocats qui vont tout faire pour défendre leur client qui pourtant mériteraient – aux yeux de ceux qui les ont appréhendé – de pourrir en prison. Cela ne fait pas de Gaby quelqu’un qui voit la vie en rose ou vit dans un monde de bisounours en pensant que tout le monde, au fond, est gentil, mais elle estime qu’il peut y avoir parfois quelque chose de plus profond pour que quelqu’un ait pu agir comme il l’a fait ou qu’il ait pu être sous la coupe de quelqu’un d’autre, comme c’est le cas de son client actuel. Son devoir est d’être le porte-parole de son client, de tenter de comprendre ce qui l’a poussé à agir comme il l’a fait et apporter cette connaissance au juge, afin que ce dernier puisse émettre la peine la plus juste. En aucun cas la Strange ne cherche à blanchir son client, à dire que ce qu’il a fait n’est pas grave et ne mérite pas d’être puni.

« Bien. » L’échange est cordial mais le manque d’enthousiasme du côté du MacLeod est assez criant. Pour autant, Gabrielle invite ce dernier à prendre place à la table avec elle, se permettant une remarque sur le procès et surtout sur son témoignage, reconnaissant volontiers que celui-ci ne lui a pas simplifié la tâche. « Merci. Aurais-je dû? » Elle hausse les épaules, non pas pour lui laisser le choix de la réponse et surtout sous-entendre qu’il aurait peut-être dû l’envisager, mais plus par défi, consciente une fois de plus de la réticence de Muiredach.  « Les faits sont ce qu’ils sont après tout. » « Je suis tout à fait d’accord avec vous » glisse-t-elle alors qu’elle appuie son dos contre le dossier de sa chaise et continuer de mélanger le contenu de son gobelet. « Les édulcorer, ce n’est pas mon rôle. Et je ne suis pas non plus très doué pour le faire d’ailleurs. » « Est-ce que vous sous entendez que c’est mon cas ? fait-t-elle en se redressant, sourire aux lèvres, alors qu’elle plante son regard dans celui de l’inspecteur que j’édulcore les faits ? Je ne m’attends pas à ce que vous me pensez douée » bien que si elle parvienne à atténuer la peine de son client, il serait légitime qu’il puisse le penser. Soupirant légèrement, elle reprend sa position initiale « J’ai conscience que vous, inspecteurs, vous n’appréciez guère le travail de nous, avocats pénalistes. Mais tout le monde mérite d’être défendu et tout le monde mérite d’être jugé justement, vous ne pensez pas ? Elle marque une pause, portant sa boisson à ses lèvres avant d’ajouter en reposant celle-ci je suis persuadée que ça vous ai arrivé aussi dans votre métier, peut-être pas tout le temps, mais dites moi que vous n’avez jamais laissé une chance à quelqu’un au moins une fois dans votre carrière » Connaissant un tant soit peu le milieu pour être souvent en relation avec la police, elle sait que c’est le genre de situation qui arrive bien plus souvent  qu’ils ne peuvent ou veulent l’avouer.


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Message(#)Perspectives croisées || Gabrielle-Muiredach#1 EmptyDim 15 Jan 2023 - 0:22

Mon métier malgré la pression qu’il mettait sur mon corps restait malgré tout ma plus grande passion : si mes décisions personnelles m’avaient ravi ma relation avec mes enfants, ma santé déclinante n’était pas en mesure de m’arracher à mon travail qui avait assez ouvertement un semblant d’allure d’obsession dans mon cas. J’aimais tout de lui parce qu’il réussissait intellectuellement à me stimuler. C’étaient toutes ses facettes qui en faisaient une certaine solution. Il était venu avec un indéniable prix : à la trappe étaient passées mes émotions. Si je n’avais jamais été très doué pour les exprimer… imaginez ce à quoi rimait savoir par où m’y prendre pour commencer à aborder ce que je ressentais après cinq ans à m’enfoncer dans un cercle de solitude volontaire floue?

Cependant, la discussion, bien qu’au début anémique, était intéressante à mon avis. Les faits étaient ce qu’ils étaient et mon rôle dans un tribunal était simple : présenter les évènements tels que le corps de police auquel j’appartenais les percevait d’une manière objective. J’étais d’une droiture stricte, parce que c’était ce que m’imposait mon métier. Je ne pouvais pas me permettre non plus de remettre en doute la personne qui se trouvait accuser du crime. De mon côté, il fallait que je pense que mon équipe et moi avions effectué un travail qui avait mené à l’arrestation de l’individu en question et que c’était la bonne histoire qui s’écoulait devant nos yeux. J’avais choisi de m’assoir du côté des victimes, même si occasionnellement l’empathie me manquait. Une distinction qui était fondamentale et qui se voyait dans cette réponse piquée qui franchit mes lèvres. « Mes dernières conférences de droit remontent encore à quelques décennies, mais j’ai cette lointaine impression que les avocats optant pour s’installer de votre côté de la justice décident de défendre des personnes qui ont parfois une moralité… douteuse. Dans ce cas-là, il est un peu nécessaire d’édulcorer les faits. » Ce n’était donc pas un compliment déguisé du moins pour le moment, mais un simple constat comme je croyais bien les faire.

Après tout, je le savais bien que si les deux clans clamaient ouvertement la culpabilité de l’individu qui se retrouvait assise sur le banc des accusés, toute justice ne serait qu’une triste travestie. Par conséquent, je hochais la tête, indulgent à l’affirmation de l’avocate pénaliste : tous méritaient une défense, une opinion que j’ébruitais quand même avec une apparente assurance. « Oh, j’ai pleinement conscience que notre système de justice et la présomption d’innocence ont tout à fait leur raison d’être. Ce qui justifie en tous points votre métier pour lequel vous êtes qualifiée, et, je dirais peut-être, plutôt compétente. » Le voilà, le compliment assez direct. Elle était douée… même si je n’arrivais pas par la force des choses à comprendre ce qui pouvait motiver de prendre la décision de soutenir des personnes comme le jeune homme qui finirait par moisir à l’ombre pendant un certain temps. Dans un seul souffle, je continuais de consentir. « Je suis cependant conscient de ses failles, autant du côté de mon côté que du vôtre. Et ma tâche ne sera jamais celle de vous simplifier la vie. »J’admettais que je n’étais pas parfait. Quelque chose qui était quand même su. Elle n’était peut-être pas avocate depuis assez longtemps pour avoir connaissance de l’affaire Hemingway. J’étais — en théorie — foutrement bien placé pour comprendre les nombreuses ramifications que pouvait avoir une bévue faite de « mon » versant de la justice. C’était également pire que de laisser courir un criminel que d’emprisonner un innocent.

La question de la jeune Strange sur les deuxièmes chances me laissa contemplatif pendant un bref instant. Je pris le temps, incertain de son sérieux. « Ai-je vraiment l’air de ce genre de personne?  » Un semblant de sourire pointait sur le coin de mes lèvres en soufflant sur la surface trop chaude de mon décaféiné. Un bel aveu de foi aux allures quand même assez naïves de penser que j’étais le type à donner de secondes chances surtout quand il fallait considérer la réputation plutôt revêche que j’avais su acquérir au fil des ans. Ça ne s’appliquait ni à mes subalternes, ni à mes collègues et encore moins à ceux qui croisaient mon chemin du côté des personnes fautives. « Je suis à la brigade criminelle depuis si longtemps. Les deuxièmes chances dans mon cadre professionnel sont assez rares… et même d’un point de vue individuel, je ne tends pas non plus à les octroyer comme une fleur. » J’avais toujours eu une certaine rigidité dans ma propre moralité dont je ne doutais pas vraiment. Les règles selon lesquelles j’avais choisi de jouer venaient avec une rigueur peu égalée que j’assumais parfaitement. Pas de deuxième chance. La seule exception à cette règle était mes enfants à qui j’accorderais volontiers le Bon Dieu sans confession.
@Gabrielle Strange :l:
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Message(#)Perspectives croisées || Gabrielle-Muiredach#1 EmptyJeu 2 Fév 2023 - 21:45


 perspectives croisées ft  @Muiredach MacLeod  
novembre 2022. « Mes dernières conférences de droit remontent encore à quelques décennies, mais j’ai cette lointaine impression que les avocats optant pour s’installer de votre côté de la justice décident de défendre des personnes qui ont parfois une moralité… douteuse. Dans ce cas-là, il est un peu nécessaire d’édulcorer les faits. » Elle laisse échapper un uhm accompagné d’un signe de tête, réfléchissant au propos de l’enquêteur. Gabrielle peine à comprendre son point de vue. Quelle que soit la morale du client, quelle que soit la nature de celle-ci, cela ne doit en rien avoir une influence sur les faits tels qu’ils se présentent, à son sens. Ils sont là pour juger l’acte avant tout, appuyé potentiellement par la morale de l’individu, attestée par un professionnel compétent. Et autant lui qu'elle ne le sont pas. « Bien que je sois d’accord sur le fait que certains puissent avoir une moralité douteuse et qu’elle doit être en quelque sorte prise en compte, est-ce que cela sous-entend qu’il faudrait en venir, à contrario, à durcir les faits ? Quitte à en rajouter pour être certain que cette personne finisse derrière les barreaux ? » Oh, le débat pourrait s’éterniser pendant des heures, en réalité, tant de facteurs, d’arguments et de contre-arguments peuvent être utilisés dans ce "combat" de points de vue qu’ils se livrent – tout ça dans un respect mutuel certain, à n’en pas douter.
 
« Oh, j’ai pleinement conscience que notre système de justice et la présomption d’innocence ont tout à fait leur raison d’être. Ce qui justifie en tous points votre métier pour lequel vous êtes qualifiée, et, je dirais peut-être, plutôt compétente. » Peut-être, plutôt compétente ? La précision ne manque pas de faire rire légèrement l’avocate qui adopte un regard un peu plus critique sur la personne qui se tient face à elle. « Je suppose que je dois le prendre comme un compliment ». Ce n’est pas réellement le cas, le prenant en réalité pour l’opposé quand Muiredach semble remettre en cause ses compétences. Une chose sur laquelle il n’est jamais bon de titiller l’avocate, surtout quand elle a toujours eu à cœur - et a encore - de conserver l’image redoutable et réputée qu’elle a pu avoir par le passé. Il n’a pas été facile pour elle de se faire une place ici - et cela ne l’est toujours pas -  bien qu’elle soit arrivée voilà deux ans sur Brisbane. Mais le milieu est intransigeant et difficile et la Strange a conscience de la nécessité de se refaire une réputation ici. La remarque du MacLeod ne l’atteint en réalité que pour la revigorer dans son souhait de retrouver tout ce qu’elle a été à Los Angeles. Peut-être pourrait-t-elle le remercier pour la peine ?  Je suis cependant conscient de ses failles, autant du côté de mon côté que du vôtre. Et ma tâche ne sera jamais celle de vous simplifier la vie. » « Je n'en attend pas moins de vous. Au contraire » Elle n’a pas besoin qu’on lui simplifie la tâche quand le challenge et la difficulté de l’exercice n’ont jamais eu le don de la décourager. C’est tout l’opposé, en réalité. Le sourire qui se dessine au coin de ses lèvres le montre amplement « Rassurez-vous, c’est donnant donnant » Parce que si lui ne compte pas lui simplifier la tâche, elle ne se montrera pas davantage clémente en retour.

L’inspecteur paraît être cet homme lisse, bien trop, au vu de la discussion qu’ils ont entamée. Mais pour Gabrielle, personne n’est parfait et tout un chacun a toujours pu défendre l’indéfendable – du moins l’indéfendable aux yeux de certains, qui peut l’être moins aux yeux d’autres « Ai-je vraiment l’air de ce genre de personne?  » « A vous de me le dire ». Elle a sa petite idée, ayant saisi un tant soit peu la personnalité de son interlocuteur. Un brin psychorigide, un brin fermé d’esprit et sûrement rancunier, incapable de pardonner. « Je suis à la brigade criminelle depuis si longtemps. Les deuxièmes chances dans mon cadre professionnel sont assez rares… et même d’un point de vue individuel, je ne tends pas non plus à les octroyer comme une fleur. » « Vous ne niez pas totalement » Il n’a pas répondu d’un non catégorique et elle est plutôt surprise, il faut l’avouer « Et, pour ce que ça vaut, je ne suis pas fleuriste non plus » c’est l’opinion qu’il semble avoir d’elle au vu de ses dires, une opinion qu’elle préfère défaire de sa personne assez rapidement. Toutefois, la conversation amuse l’avocate dont le sourire, un peu plus crispé quelques secondes plus tôt, semble plus détendu « Vous savez, je pense que cette guéguerre entre avocats pénalistes et inspecteurs de police existera toujours. Et je pense que nous pourrions retourner la question dans tous les sens, nous ne serions pas plus avancé » Si lui a du mal avec sa façon de pouvoir comprendre un présumé coupable, elle a du mal à comprendre sa rigidité. « Mais je pense que nous pouvons au moins essayer de mettre un peu d’eau dans notre vin chacun pour entendre l’opinion de l’autre ? Et la respecter? ». N’est-ce pas ? Son téléphone se met à vibrer et après s’être attardé quelques secondes sur l’écran, son regard se repose sur Muiredach. « J’aurai aimé poursuivre cette discussion avec vous, inspecteur, mais… le devoir m’appelle » Il ne manque plus que le clin d’œil pour marquer cet air ironique qu’elle porte déjà sur ses traits, se levant alors de la banquette. « Passez une excellente fin de journée » et sur ces derniers mots sincères, Gabrielle s’éclipse, consciente qu’elle retrouvera l’inspecteur le lendemain pour le verdict final de l’affaire.


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