Loukas ne s'arrête pas à l'air fermé de sa binôme. Il est habitué au fait que le gens ne soient pas forcément tous avec un sourire colgate et un air enjoué, lorsqu'ils rencontrent des inconnus. Lui-même, à une époque, il a été comme ça, du genre renfermé et méfiant. Les moqueries grossophobes et son sentiment d'abandon laissent encore des marques, mais grâce à sa psy, il arrive à faire face et à aller de l'avant. Ce n'est pas toujours simple, cependant, elle sait comment l'amener sur les sujets sensibles et le faire progresser, en douceur. Il sent que sa partenaire de cuisine est gênée, comme si quelque chose la mettait mal à l'aise. Alors il tâche d'être prévenant, de lui adresser un sourire bienveillant pour la détendre un peu. Elle le salue et lui précise que son ami n'a pas pu venir, ce qui explique sûrement sa déroute. Loukas se dit qu'elle est décontenancé car tout son plan pour la soirée est perturbé. Peut-être même qu'il s'agit d'un rendez-vous galant. Ou pas. Il ne va pas lui poser cette question, parce qu'il est conscient que ça ne le regarde pas. Il ne veut pas être indiscret et encore moins entretenir un cliché. Comme dirait son père, il y a des choses que l'on est libre de penser mais qui ne sont pas toujours très utiles à dire. A la place, Loukas hoche la tête doucement et ne peut s'empêcher de se comporter avec authenticité. Chez d'autres, il existe un masque social assez épais, lui, il est facilement à l'aise avec le fait de s'enquérir de la santé des autres. C'est un réflexe, qui le traduit complètement en tant que personne.
« Je suis désolé pour votre ami. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de grave, en tout cas ! Je vais tâcher d'être à sa hauteur alors et de ne pas trop gâcher le plat ! »
Il la sent encore un peu distante mais ne s'en formalise pas. Il prend à son tour le menu. Il se dit qu'il a de la chance, dans le groupe, il y a un autre homme au regard ténébreux qui lui fait perdre totalement ses moyens. Lors du dernier cours, il s'est retrouvé en binôme avec lui sur la conception d'une pâtisserie. De voir ce beau garçon pétrir sa pâte, la poudrer, la travailler... ça l'avait mis dans tous ses états. Tant et si bien qu'il en rata complètement son plat, en le faisant cramer. Cet homme est présent aujourd'hui, mais Loukas s'est mis volontairement à l'opposé pour ne pas perdre ses moyens à nouveau. Il répond à Iris, en mettant de côté les informations qu'il a collectées sur leur objectif du jour.
« Oui, je viens régulièrement aux cours. J'adore cuisiner ! C'est mon père qui m'a transmis cette passion. Mais bon, il ne m'a donné que des recettes de cuisine grecque ! Même si j'arrive à me débrouiller sur le reste, je me dis qu'un bon programme de perfectionnement est bénéfique ! Et puis, j'aime bien être ici, ça me détend. Les gens sont gentils, intéressants, je me sens comme à la maison. Vous allez voir, ça va être un bon moment ! De toute façon, je vous propose que nous nous entraidions, si vous êtes d'accord. »
Loukas ponctue sa phrase d'un clin d'oeil amical. Il est à l'aise parce qu'en matière de cuisine, on touche à l'une de ses passions. Et ça, mine de rien, ça change sa façon d'appréhender les choses. Il se sent comme un poisson dans l'eau. Le professeur, qui est surtout leur coach, leur explique rapidement comment procéder.
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Dernière édition par Loukas Hardy le Sam 19 Nov - 4:00, édité 1 fois
3 novembre 2022 Ce n’est pas spécialement quelque chose dont elle a besoin, elle qui estime maitriser l’art culinaire dont elle est passionnée depuis toujours, héritage de deux femmes divines cuisinières que sont sa mère et sa grand-mère, aka mamita, mais voilà que ce soir, Iris a prévu de se rendre à un cours de cuisine avec un collègue et ami architecte. Ce dernier a plutôt été convaincant, surtout en parlant du Massimo, ce restaurant réputée de la ville, connue pour servir des mets raffinés et sa situation géographique idéale, restaurant où aura donc lieu les fameux cours. Par curiosité et aussi parce que les plats que lui présentent son ami la font possiblement salivés, Iris se laisse convaincre et accepte de l’accompagner. Loin d’être dupe, la mexicaine sait aussi qu’il fait ça dans le but de lui changer les idées, elle qui est tracassée depuis quelques semaines, même s’il ne parvient pas à savoir ce qui se trame vraiment dans ses pensées. Il faut dire qu’elle préfère prétendre que tout va, Iris, plutôt que d’avouer que quelque chose la tracasse. D’autant plus quand ce quelque chose ne lui semble pas réel et qu’elle ne veut pas l’accepter. En parler serait le cas et elle n’est tout simplement pas prête. Alors, elle fait l’autruche, préférant ignorer les appels de sa petite sœur à qui elle en veut, il est vrai, d’avoir fouiné et d’avoir fait remonter à la surface de vieux secrets de famille dont elle se serait passée. Surtout, cela ravive aussi de vieilles blessures du passé, celle de ce père parti du jour au lendemain, ce père qui malgré ses absences, Iris aimait. Ce père qui, une fois parti, a créé un manque, surtout les premières années mais aussi et surtout lors de son mariage avec Caelan en 2009. Elle aurait aimé qu’il soit présent pour y assister mais aussi et surtout qu’il soit celui qui la mène jusqu’à l’autel. Une absence qui l’a troublé mais qu’elle a su camoufler et voilà que tout ça lui revient en pleine face quand elle sait désormais qu’il a un autre enfant. Qu’il a refait sa vie avec et même si c’est une éventualité à laquelle Iris s’était préparée, jamais elle n’aurait pensé qu’il était devenu père au même moment où Adriana est née – à quelques mois d’intervalles selon les dires de cette dernière. Une vérité difficile à accepter, autant pour la cadette pour qui ce fait ne cesse d’enfoncer davantage le clou pour elle qui pense déjà – et ça depuis toujours – que leur père est parti par sa faute.
Iris connait l’identité de celui qui est donc né avant Adriana, celle-ci lui ayant donné lors de leur dernière discussion. Si elle a longuement hésité à le faire, c’est finalement sur les réseaux sociaux qu’elle est parvenue à voir à quoi ressembler celui qu’elle peut désormais appeler son demi-frère, qu’elle l’accepte ou non, qu’elle le veuille ou non. Il n’est pas difficile pour elle alors ce soir de le reconnaitre parmi les participants de l’atelier cuisine. Et si elle maudissait déjà son collègue qui a annulé au dernier moment pour une réunion d’urgence de dernière minute ne lui permettant pas d’être là avec elle, elle le maudit encore davantage en se rendant compte que Loukas est présent à ce même cours. A se demander si c’était un simple hasard ou une coïncidence volontaire – et donc un coup monté. Et parce que le sort semble s’acharner, voilà que le prof vient à lui désigner la place restante : celle à côté de son demi-frère.
Il n’y a pas moyen pour Iris de faire marche arrière à cet instant, même si elle se fige quelques secondes, hésitante avant de s’avancer pour se placer derrière le plan de travail au côté de celui dont elle connait déjà l’identité… « Bonjour ! Je m'appelle Loukas Hardy ! Je suis ravi de vous avoir pour binôme ! Votre visage ne me dit rien, c'est la première fois que vous venez ici ? » et pourtant, il se présente. Comment pourrait-t-elle lui reprocher quand il ignore, lui, qui elle est. Il remarquera peut-être ce regard qu’elle lui porte lorsqu’elle daigne enfin se pivoter légèrement vers lui pour lui faire face. Un regard fermé, loin d’être d’un qu’Iris a l’habitude d’avoir à l’encontre de quiconque, encore moins d’un inconnu. Elle qui est toujours souriante et sociable, ce regard ne lui correspond pas et elle s’en rend bien vite compte, un sourire venant se dessiner la seconde d’après sur ses lèvres « Bonjour. Enchanté Loukas. Je suis Iris » elle se garde de lui dire son nom de famille, surtout quand elle sait qu’Adriana l’a déjà côtoyée, qu’ils sont parfois amenés à travailler ensemble et qu’elle ne souhaite pas qu’il sache qu’elles sont affiliées « Oui c’est la première fois. J’étais censée accompagner un ami mais il m’a laissé en plan ». Elle grimace sans toutefois laisser apparaitre un quelconque agacement. A quoi bon ? « Vous êtes un habitué, vous ? » des cours s’entend. Son regard s’attarde peut-être trop longtemps sur celui à qui elle retrouve une ressemblance avec son père, ce qui ne manque pas de la perturber. Pour autant, elle tente de faire bonne figure, de laisser rien entrapercevoir de son malaise certain et, à la place, elle commence à se saisir la recette qui se trouve posée devant elle : un plat mexicain au menu. Voilà que le sort souhaite s’acharner jusqu’au bout.
Loukas ne s'arrête pas à l'air fermé de sa binôme. Il est habitué au fait que le gens ne soient pas forcément tous avec un sourire colgate et un air enjoué, lorsqu'ils rencontrent des inconnus. Lui-même, à une époque, il a été comme ça, du genre renfermé et méfiant. Les moqueries grossophobes et son sentiment d'abandon laissent encore des marques, mais grâce à sa psy, il arrive à faire face et à aller de l'avant. Ce n'est pas toujours simple, cependant, elle sait comment l'amener sur les sujets sensibles et le faire progresser, en douceur. Il sent que sa partenaire de cuisine est gênée, comme si quelque chose la mettait mal à l'aise. Alors il tâche d'être prévenant, de lui adresser un sourire bienveillant pour la détendre un peu. Elle le salue et lui précise que son ami n'a pas pu venir, ce qui explique sûrement sa déroute. Loukas se dit qu'elle est décontenancé car tout son plan pour la soirée est perturbé. Peut-être même qu'il s'agit d'un rendez-vous galant. Ou pas. Il ne va pas lui poser cette question, parce qu'il est conscient que ça ne le regarde pas. Il ne veut pas être indiscret et encore moins entretenir un cliché. Comme dirait son père, il y a des choses que l'on est libre de penser mais qui ne sont pas toujours très utiles à dire. A la place, Loukas hoche la tête doucement et ne peut s'empêcher de se comporter avec authenticité. Chez d'autres, il existe un masque social assez épais, lui, il est facilement à l'aise avec le fait de s'enquérir de la santé des autres. C'est un réflexe, qui le traduit complètement en tant que personne.
« Je suis désolé pour votre ami. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de grave, en tout cas ! Je vais tâcher d'être à sa hauteur alors et de ne pas trop gâcher le plat ! »
Il la sent encore un peu distante mais ne s'en formalise pas. Il prend à son tour le menu. Il se dit qu'il a de la chance, dans le groupe, il y a un autre homme au regard ténébreux qui lui fait perdre totalement ses moyens. Lors du dernier cours, il s'est retrouvé en binôme avec lui sur la conception d'une pâtisserie. De voir ce beau garçon pétrir sa pâte, la poudrer, la travailler... ça l'avait mis dans tous ses états. Tant et si bien qu'il en rata complètement son plat, en le faisant cramer. Cet homme est présent aujourd'hui, mais Loukas s'est mis volontairement à l'opposé pour ne pas perdre ses moyens à nouveau. Il répond à Iris, en mettant de côté les informations qu'il a collectées sur leur objectif du jour.
« Oui, je viens régulièrement aux cours. J'adore cuisiner ! C'est mon père qui m'a transmis cette passion. Mais bon, il ne m'a donné que des recettes de cuisine grecque ! Même si j'arrive à me débrouiller sur le reste, je me dis qu'un bon programme de perfectionnement est bénéfique ! Et puis, j'aime bien être ici, ça me détend. Les gens sont gentils, intéressants, je me sens comme à la maison. Vous allez voir, ça va être un bon moment ! De toute façon, je vous propose que nous nous entraidions, si vous êtes d'accord. »
Loukas ponctue sa phrase d'un clin d'oeil amical. Il est à l'aise parce qu'en matière de cuisine, on touche à l'une de ses passions. Et ça, mine de rien, ça change sa façon d'appréhender les choses. Il se sent comme un poisson dans l'eau. Le professeur, qui est surtout leur coach, leur explique rapidement comment procéder.
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Dernière édition par Loukas Hardy le Sam 10 Déc - 6:18, édité 2 fois
3 novembre 2022 Il ne sait rien, il est dans l’ignorance, quand elle, en revanche, sait tout. Iris l’envie, aimerait pouvoir se dire que le jeune homme qu’elle a à ses côtés est un parfait inconnu, et potentiellement une connaissance en devenir parce qu’elle sait qu’elle peut bien s’entendre avec lui. Parce qu’au premier coup d’œil, c’est ce qu’il inspire, il inspire la confiance, est souriant et est avenant sans trop. Le genre de personnes qui ne peut que s’entendre avec la belle mexicaine qui, même si elle en veut à son partenaire d’un soir de l’avoir laissé en plan, n’aurait pas été aussi grincheuse à ce sujet en découvrant la personnalité de son partenaire de cuisine. Mais ce partenaire n’est autre que ce demi-frère, celui dont Adriana lui a appris l’existence quelques semaines auparavant et, si elle tente de faire abstraction, cela reste tout de même difficile pour elle, surtout quand le but premier de ce cours de cuisine était de se détendre. « Je suis désolé pour votre ami. J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de grave, en tout cas ! Je vais tâcher d'être à sa hauteur alors et de ne pas trop gâcher le plat ! » Loukas prouve encore sa gentillesse et sa bienveillance et cela ne se fait que faire davantage culpabiliser Iris, la poussant donc à fournir les efforts nécessaires pour ne pas paraitre être ce qu’elle n’est pas. « Non, une réunion de dernière minute qui s’éternise. Et je suis persuadée que vous feriez mieux que lui, il n’est pas si bon cuisinier qu’il ne veut le laisser penser » elle use de l’humour en se permettant de plaisanter sur son ami qui n’est pas si mauvais que ça afin de détendre l’atmosphère, ou plutôt, afin de l’aider à se détendre elle. Un léger rire s’échappe d’entre ses lèvres, alors que son regard est toujours porté sur son interlocuteur, peinant à ne pas analyser ses traits quand il lui rappelle malgré tout, son père… leur père. « Oui, je viens régulièrement aux cours. J'adore cuisiner ! C'est mon père qui m'a transmis cette passion. Mais bon, il ne m'a donné que des recettes de cuisine grecque ! Même si j'arrive à me débrouiller sur le reste, je me dis qu'un bon programme de perfectionnement est bénéfique ! Et puis, j'aime bien être ici, ça me détend. Les gens sont gentils, intéressants, je me sens comme à la maison. Vous allez voir, ça va être un bon moment ! De toute façon, je vous propose que nous nous entraidions, si vous êtes d'accord. » Il l’a perdu au moment même où il a évoqué ce père en question. Au moment où, sans le savoir une fois de plus, Loukas a parlé de ce père grec, qui lui a transmis sa passion pour la cuisine. Les mots restent en travers de la gorge d’Iris qui a besoin de se tenir au comptoir pour ne pas flancher. Il ne peut pas savoir… et elle ne peut pas lui en vouloir de parler de son paternel et surtout elle doit reprendre contenance parce qu’elle ne veut pas être celle qui finira par cracher le morceau. Un silence s’est installé entre eux durant quelques secondes, alors qu’Iris fixe un point dans le vide et finalement, elle se reprend, affichant un sourire de façade « J’ai choisi le bon jour pour tester ce cours apparemment… fait-t-elle alors en brandissant la recette de cuisine qu’elle tient dans sa main depuis tout à l’heure Ma passion pour la cuisine vient de ma grand-mère et de ma mère mexicaine… et je maitrise à la perfection ce plat. Je pense qu’effectivement, on va former une bonne équipe parce que ce plat sera réussi à coup sûr et ainsi, elle accepte qu’ils travaillent en binôme. Elle inspire profondément, conserve son sourire et alors que le chef cuisinier leur expliquer les étapes de la recette, elle se penche vers Loukas pour lui glisser ces quelques mots Je crois en revanche qu’on sera, à ses yeux, les mauvais élèves Je ne suis pas tout à fait d’accord avec certains procédés de sa recette et je risque d’en changer… Vous acceptez tout de même de me faire confiance ? ». Et cette question parait soudainement bizarre et pourtant, Iris tente de faire abstraction sur ce point. Il n’est qu’un jeune homme lambda, cet inconnu n'est pas ton demi-frère et il ne vient pas de te parler de votre père… ne cesse-t-elle de se répéter en boucle pour s’en convaincre. Et c’est alors que le top départ est lancé qu’Iris suggère déjà à Loukas de faire autrement « Ca permet d’avoir un goût un peu plus prononcé des épices si on les met dès le départ » dit-t-elle avec bienveillance alors qu’elle s’affaire à faire revenir ces dernières dans la poêle avec de l’huile, laissant à Loukas le soin de découper les légumes.
Il sent qu'il se passe quelque chose de plaisant, Loukas. Il apprécie l'état d'esprit de sa camarade de cuisine. Après tout, il est un peu le remplaçant de son binôme et il se doute qu'elle n'a pas forcément envie de cuisiner avec un parfait inconnu, alors que son ami lui a vendu du rêve. Cela ne l'arrête pas, parce qu'il est persuadé qu'il peut être un bon partenaire et que ce cours peut lui faire nouer une nouvelle relation. Les interactions sociales lui posent rarement un problème quand elles se passent bien. En revanche, dès lors qu'il existe un conflit, il se recroqueville, un peu comme une fleur le ferait avec le froid. Rien de tout ça, ce soir. Non, l'atmosphère est bonne enfant, les esprits sont courtois et bienveillants. Loukas en vient même à parler de son père, sans se douter une seule seconde qu'ils partagent le même. Il est à des lieues de s'imaginer la vérité. Pour lui, il est fils unique, et son paternel n'a pas pu avoir une vie avant sa mère... ni même une famille. Ce n'est pas qu'il est candide, sur ce coup. Mais qui peut imaginer que ses parents puissent cacher une telle chose ? Aucun indice ne le lui laissait présager. Il est gaffeur, Loukas, c'est dans son ADN... et le pire, c'est qu'il ne le fait pas exprès. Il a cette tendance à percevoir les choses inconsciemment et à dire des choses qui ont des conséquences, sans même s'en rendre compte. Il ne perçoit ni son trouble, ni son inattention à la suite de sa phrase. Il est heureux de faire équipe avec elle, d'apprendre de ses techniques, car elle lui donne l'impression d'être douée en cuisine. Il interprète son silence comme une façon polie de lui faire comprendre qu'il parle trop. La gêne commence à le gagner, mais Iris prononce quelques mots qui chassent ce sentiment terrible auquel il est hélas abonné. Le cours commence et si Loukas est généralement du genre à suivre les consignes, quand Iris suggère l'inverse, il se laisse complètement embarquer :
« Oh, oui, bien sûr ! Je suis curieux de voir comment vous allez faire ! »
Son enthousiasme se ressent, à la fois, à son regard bleu pétillant et au sourire qui étire harmonieusement ses lèvres. Il prépare correctement ses ingrédients, pour s'organiser et quand le top-départ est lancé, il observe attentivement ce que fait sa partenaire. D'entrée de jeu, elle sort des sentiers battus. Et il la suit aveuglément. Pourquoi ? Il ne se pose même pas cette question, c'est comme si elle était un modèle à suivre, une guide. Il est très curieux de ses origines mexicaines et il brûle de lui poser des questions. Il se retient, parce qu'elle est concentrée et qu'il ne veut pas la perturber. Il la voit mettre les épices, sans avoir la main trop lourde. Elle sait comment faire ! C'est limite à se demander ce qu'elle est venue faire ici ! Sa place devrait être dans un restaurant. Des étoiles d'admiration brillent dans le regard du jeune homme qui commence la découpe des légumes avec minutie et efficacité. Il garde les yeux sur la lame, pour éviter de se couper. C'est qu'il en est capable... hélas. Une délicieuse odeur vient titiller ses narines, alors que l'huile et les épices se marient doucement.
« Ça sent tellement bon ! J'ai hâte de déguster ! »
En même temps qu'il coupe ses légumes, Loukas enregistre chaque geste de sa partenaire. Cela lui servira, plus tard, pour reproduire la recette façon Iris chez lui ! Et qui sait, peut-être qu'un jour, il la cuisinera pour elle ? Après tout, si le courant passe bien, ils pourraient certainement se revoir dans un autre cours ou en dehors ? Et probablement devenir amis ? Il verse les légumes découpés dans un saladier prévu à cet effet et ne peut retenir ses questions :
« Vous avez donc des origines mexicaines ? J'aimerais bien visiter le Mexique un jour ! Je suis allé à La Havane, une fois, ce n'est pas le même pays, mais j'ai cru comprendre que la culture différait assez peu ! On m'a beaucoup parlé de "Cancoun", j'espère que je ne prononce pas mal... Je me dis pourquoi pas, mais ça me parait très touristique. Je rêve d'aller sur les sites archéologiques mayas et de piquer une tête dans un "cenote" ! Je vois souvent des gens le faire sur Instagram, c'est trop beau ! Vous y avez déjà été, là-bas au fait ? »
Loukas a tendance à beaucoup parler. Si Iris ne le canalise pas, il est parfaitement capable de lui tenir la jambe jusqu'au lendemain matin pour tout connaître d'elle ou presque. Il n'y a rien d'insistant dans ses propos, juste de la curiosité. En réalité, c'est son côté sociable et avenant qui prend le dessus. Et ses questions sont sincères. Il s'intéresse à elle, non pas comme quelqu'un de malsain, mais simplement comme une personne cordiale et entière le ferait.
3 novembre 2022 Elle aurait sûrement moins réussi à esquiver le sujet s’ils s’étaient retrouvés dans une autre situation. Et même si elle ressent une certaine amertume au fond d’elle, non pas envers Loukas, mais envers ce père qui a, semble-t-il, pris le temps de transmettre sa passion pour la cuisine à son fils alors qu’il n’a jamais pris le temps de le faire avec elle, elle parvient à le masquer du mieux qu’elle le peut. Le plus dur pour elle, c’est cette image que lui renvoie le récit innocent de Loukas d’un père, armé de son tablier, son jeune garçon debout sur un tabouret, avec qui il partage un moment précieux. C’est cette même image qui tourne en boucle dans sa tête depuis les souvenirs partagés par Loukas et pourtant elle tente de l’abstraire du mieux qu’elle peut en se concentrant sur la recette de cuisine qu’ils doivent réaliser. « Oh, oui, bien sûr ! Je suis curieux de voir comment vous allez faire ! » Et si Iris aurait pu fuir, elle ne le fait pas car Loukas lui inspire confiance. Elle ne sait comment l’expliquer mais il a cet entrain qui transparait, cette bienveillance et cette gentillesse et elle ne peut en rien le tenir responsable de ce secret qu’elle a à sa connaissance depuis peu. « Ça sent tellement bon ! J'ai hâte de déguster ! » les gestes d’Iris sont quelque peu mécanique, non seulement parce que ses pensées sont perturbées par la présence du jeune homme à ses côtés mais aussi parce qu’elle connait cette recette sur le bout des doigts. Elle ne lit même pas la recette sous ses yeux, trahit celle-ci bien plus qu’uniquement à l’étape une et pour le moment, leur professeur d’un soir ne semble pas s’en être rendu compte. « Vous avez donc des origines mexicaines ? J'aimerais bien visiter le Mexique un jour ! Je suis allé à La Havane, une fois, ce n'est pas le même pays, mais j'ai cru comprendre que la culture différait assez peu ! On m'a beaucoup parlé de "Cancoun", j'espère que je ne prononce pas mal... Je me dis pourquoi pas, mais ça me parait très touristique. Je rêve d'aller sur les sites archéologiques mayas et de piquer une tête dans un "cenote" ! Je vois souvent des gens le faire sur Instagram, c'est trop beau ! Vous y avez déjà été, là-bas au fait ? » Il parle beaucoup, c’est un fait, se montre curieux, s’en est un autre. Mais cette manière qu’il a de le faire fait sourire Iris. Elle acquiesce alors mollement d’un signe de tête « Oui, je suis même née là-bas. A Guadalajara pour être exacte » Elle ne pense pas se risquer en disant ça, certaine que leur père ne lui a jamais parlé de son ancienne vie, si ce n’est celle avant cette nouvelle famille qu’il s’est construite, encore moins du fait qu’il a vécu quelques temps au Mexique du fait de sa profession « J’y ai vécu jusqu’à mes cinq ans puis nous sommes venus nous installer ici à Brisbane avec… elle s’interrompt, prête à gaffer même si l’évocation de ce père ne dit en rien qu’il s’agit de son père à lui aussi ma mère ». Cela évitera sûrement les questions sur un quelconque père, du moins, elle l’espère « Nous y sommes retournés de temps en autre mais j’y suis retournée surtout pour mon voyage de noce. Et j’ai pu notamment piquer une tête dans une cenote et vous imaginez bien qu’Iris le prononce comme il se doit, retrouvant sa langue maternelle se faisant et faire le tour des plus belles plages de la côte est du pays Elle se pousse légèrement pour inciter Loukas à verser les légumes dès à présent dans la poêle pour les faire revenir à feu vif si tu en as l’occasion, je t’encourage fortement d’y aller ». Peut-être que leur père souhaitera l’y accompagner, qui sait. Ou, lâche qu’il est, il préférera éviter car il se trouvera confronté à des souvenirs d’une autre vie. Malgré elle, Iris laisse échapper un soupir, se saisissant d’une spatule pour remuer les légumes et baisse alors le feu pour les laisser mijoter désormais à feu doux.
« Guadalajara... hum oui j'ai lu quelque chose au sujet de cette ville ou alors j'en ai entendu parler. C'est à l'ouest de Mexico c'est ça ? Si je me souviens bien, il y a une belle cathédrale là-bas ! »
Loukas n'a absolument aucun soupçon. En même temps, pour quoi en aurait-il eu ? Son père lui a parlé du Mexique mais il ne fait pas de lien entre ça et Iris. Pour lui, sa famille se résume à trois personnes. Il ne sait rien de la double vie de son géniteur. Rien non plus de la souffrance que ses demi-soeurs abandonnées ont pu ressentir. Les couteaux dans leurs coeurs, il ne les imaginent même pas. Il ne voit son monde qu'avec une simplicité et une naïveté absolues. Le jour où la vérité va éclater, tout sera ébranlé et personne ne peut prétendre anticiper sa réaction. Il lui faudra digérer le choc... accepter ce qui à ce moment de sa vie n'est pas vraiment entendable. Il l'écoute avec curiosité sans chercher à se montrer non plus trop instrusif. Elle n'est pas obligée de lui répondre mais elle le fait, avec uen attitude à la fois ouverte et constructive. Il apprécie. Il s'évade en imaginant les rues de sa ville natale, la vie des habitants, les étals, les sourires, les engueulades.
Enfant, quand il partait avec sa mère sur les marchés, il adorait regarder discrètement les gens autour de lui. Les intéractions humains, voilà quelque chose fascinant ! Il trouve ça merveilleux, d'assister à des rencontres, à des conversations parfois futiles mais si caractéristiques de l'espèce humaine. Il apprend vite de ce qu'on lui explique, Loukas. C'est un homme intelligent, malgré ses résultats scolaires déplorables, dans le passé. Il intègre la façon dont elle prononce le mot cenote, répète cela en écho dans sa tête et range ça dans un coin de sa mémoire pour pouvoir s'en resservir par la suite. Il s'émerveille en se demandant comment a pu être ce voyage de noces ? Riche en émotions, en souvenirs d'enfance, ça, il en est certain. Le retour aux sources devait faire remonter des odeurs, des couleurs, des chansons... Elle marque une pause pour l'inviter à mettre les légumes. Il ne faut pas qu'il perde sa concentration ! La cuisine est un art redoutable ! Quelques secondes suffisent à massacrer un plat.
« Tu me donnes envie de m'y rendre ! Je vais noter ça dans mon carnet de voyage ! Je rêve de plonger dans une cenote ! »
Il prononce soigneusement le mot comme elle et lui fait un sourire plein d'entrain. Il n'est pas peu fier d'avoir rendu hommage à sa langue natale. Loukas ressemble en un enfant heureux de faire plaisir à son interlocutrice. Il hoche la tête lorsqu'elle l'encourage fortement à se rendre là-bas. Oui, ça le tente bien ! Et puis comme ça il pourra découvrir aussi les plages de l'autre versant du pacifique ! Il entend régulièrement beaucoup de bien de la Basse Californie et de ses paysages à couper le souffle. Il perçoit soudainement un trouble chez sa partenaire qui soupire en prenant la spatule. Aussitôt, Loukas se sent désemparé. A-t-il fait quelque chose de mal avec les légumes ? La crainte d'avoir saboté la recette d'Iris le prend au corps. Il passa sa main sur sa nuque, soudainement inquiet.
« J'ai coupé les légumes trop gros... je suis désolé... je parle, je parle... et je n'étais pas concentré sur ce que je faisais... c'est rattrapable ? »
3 novembre 2022« Guadalajara... hum oui j'ai lu quelque chose au sujet de cette ville ou alors j'en ai entendu parler. C'est à l'ouest de Mexico c'est ça ? Si je me souviens bien, il y a une belle cathédrale là-bas ! » Elle est impressionnée par ses connaissances, et retient surtout le fait qu’il en est entendu parler. Est-ce donc leur père qui lui en a touché un mot ? Est-ce lui qui lui a narré l’histoire de cette ville qui est la sienne ? Et forcément, Iris ne peut s’empêcher de se demander ce qu’il a pu lui raconter exactement. Cependant, c’est une question à laquelle elle ne se risque pas, ne voulant créer de malaise et surtout, ne voulant pas mettre les pieds dans le plat quand elle se rend compte que Loukas n’est définitivement pas au courant de cette double vie que son père a pu mener fut un temps. Comment le pourrait-t-il quand il n’était qu’un bébé quand leur père l’a finalement choisi lui. Comment le pourrait-t-il quand il est certain – et, en faisant preuve d’objectivité – que son père n’a pas voulu dire la vérité à son fils, surtout quand on voit la joie de vivre qui transparait dans ses yeux ? Pour Iris, rien ne justifiera son mensonge, ou du moins, ne lui permettra à elle de le lui pardonner. Mais elle essaye de comprendre, malgré tout. Et elle-même commence sincèrement à avoir de la sympathie pour le jeune homme qui se tient à ses côtés et sûrement que, s’ils viennent à se cotoyer à nouveau, ce sera de l’affection qu’elle développera pour lui. Après tout… ils sont reliés. « Tu me donnes envie de m'y rendre ! Je vais noter ça dans mon carnet de voyage ! Je rêve de plonger dans une cenote ! » « C’est la première fois que j’entends quelqu’un dont l’espagnol n’est pas sa langue d’origine prononcer aussi bien le mot » Même Caelan n’avait pas réussi après des semaines pourtant baigné dans l’atmosphère mexicaine, et lorsqu’elle tentait d’apprendre à ses plus proches amis quelques mots par-ci, par-là, et malgré son acharnement à les pousser à bien les prononcer, rien n’y faisait.
Iris invite Loukas à mettre les légumes et parce que ses pensées sont embrumées, et surtout perturbées par tout ça, elle laisse échapper un soupir inconsciemment « J'ai coupé les légumes trop gros... je suis désolé... je parle, je parle... et je n'étais pas concentré sur ce que je faisais... c'est rattrapable ? » La mexicaine relève son regard sur Loukas puis regarde les légumes qui l’a coupé, et le voyant culpabiliser alors qu’il n’a pas à le faire, elle vient assez naturellement poser sa main sur son avant-bras, comme pour le calmer Non, non ne t’en fais pas, ça n’a rien à voir avec la coupe des légumes. Ils sont très bien d’ailleurs précise-t-elle avec un sourire bienveillant Ca n’a rien à voir avec toi ce soupir, je te rassure comment pourrait-t-elle lui dire que c’est à cause de leur père… alors des tracas au boulot, rien de bien grave. Je suis architecte d’intérieur, j’ai ma propre petite entreprise en ville. Et parfois, certains clients sont bien trop exigeants et… pénibles » Elle sourit alors, plutôt fière d’être parvenue aussi à détourner le sujet « Dans quoi travailles-tu ? » lui demande-t-elle en retour, même si elle en connait déjà la réponse.
La recette va bon train et bien qu’ils discutent – et ne suivent pas à la lettre les instructions du chef – les odeurs émanant de la poèle ouvre l’appétit. Justement, le chef approche d’eux au bout d’un moment « Vous en avez fait qu’à votre tête tous les deux… ca vous ressemble pas Loukas Iris se mord la lèvre, se sentant coupable et craignant surement que le chef s’offusque. Celui-ci se saisit d’ailleurs d’une fourchette pour goûter mais je dois reconnaitre que c’est particulièrement délicieux. Il va falloir me donner vos secrets » Et Iris, qui retenait son souffle jusqu’à maintenant et finalement soulager du verdict du chef.
Loukas n’est pas peu fier d’avoir réussi à parler espagnol sans accroc. Il reçoit le compliment d’Iris avec une satisfaction, non pas qu’il soit orgueilleux ou arrogant mais il est plutôt satisfait d’avoir réussi et surtout appris. Pour certaines personnes, il faut beaucoup de choses pour être heureux. Pas pour Loukas. Il se contente de peu, des petits plaisirs du quotidien et ça l’aide à relever les défis. En évitant d’avoir de grosses exigences sur le bonheur, il s’épargne la déprime qui l’a tant happé par le passé. Et qui pourtant le guette encore de temps à autre. Un soupir… et c’est l’inquiétude qui le gagne, qui trahi un cruel manque de confiance en lui. Cela s’explique de par son passé, son vécu… dont il tait pourtant les détails, murant ses blessures dans une forteresse imprenable ou presque. Il n’aime pas déranger, il fait avec et se refuse à en faire porter le poids à d’autres. Il s’en veut, sent l’impuissance le gagner alors qu’il regarde les légumes. C’est le contact de sa main sur son bras qui l’empêche d’être emporté par ce torrent intérieur. Elle le rassure, lui explique son état d’esprit. Il se détend à nouveau, se calme et prend conscience qu’il a probablement sur-réagi.
« Oh ? D’accord… je suis désolé, j’ai cru que j’avais mal fait… je m’en serais voulu de rater notre plat… »
Il entend les mots « architecte d’intérieur ». Cela éveille sa curiosité. Il n’a jamais été très habile avec la décoration. Loukas est plus du genre à entasser des bibelots qu’à leur donner un ensemble cohérent et harmonieux. D’imaginer agencer l’intérieur d’un logement, changer la disposition des murs et du mobilier, cela le laisser rêveur. Il se projette dans ce métier qu’il ne connaît pas. Il imagine le quotidien d’Iris avec curiosité. Est-ce qu’elle s’occupe de donner une seconde vie à des endroits vieillots ? Travaille-t-elle avec un style épuré ou plutôt chic ? Il se souvient de la maison de ses parents. Son père avait voulu refaire le salon, qu’il ne trouvait pas à son goût. Et à nouveau en toute innocence, il lâche, sans envisager l’impact de ses mots :
« Je comprends ! Mon père en fait un peu partie. Il a voulu retaper le salon, parce que le style ne lui convenait pas. Il a fait appel à un professionnel mais celui-ci a lâché l’affaire au bout de deux semaines, parce qu’il n’arrivait pas à le raisonner. Ce n’est pas simple de satisfaire des clients. Cela demande beaucoup de patience, mais ne t’en fais pas, ça va aller… pour une personne peu agréable, combien sont gentilles et adorables ? N’oublie pas ça ! Dans la vie, il y a de gens qu’on ne peut jamais vraiment satisfaire… »
Il se montre bienveillant avec elle, parce qu’il est une éponge émotionnelle. Il sait que la vie est semée d’embûches, que le travail apporte une stabilité financière mais pas toujours une paix intérieure. Il n’aime pas la sentir malheureuse, même s’il ne la connaît pas plus que ça. Au quotidien, Loukas ne se réjouit jamais du malheur des autres. Au contraire… même à celles et ceux qui lui font du mal, il leur souhaite le meilleur.
« Je travaille à la caserne, en tant que pompier. J’ai toujours pensé qu’aider les autres devait être ma vocation. Et j’ai toujours gardé en tête ma naissance. Mes parents m’ont expliqué que j’étais venu au monde grâce aux pompiers… l’ambulance qui transportait ma mère est tombée en panne sur la route. Ils passaient par là et sont intervenus pour m’aider à venir au monde. Je me suis toujours dit que je leur rendrais ça. Même si en vérité, je le fais parce que je trouve ça super important de porter secours aux gens qui en ont besoin. »
Les minutes défilent, marquées par les anecdotes enthousiastes de Loukas. Leur plat est fini et à l’instar d’Iris, il goûte à son tour. Il n’en croit pas ses papilles. La recette est un pur délice. S’il s’écoutait, il dégusterait le reste sans se faire prier ! L’animateur, qui est également cuisinier, vient les voir et ne se prive pas de leur glisser un faux reproche, pointant du doigt le fait qu’ils n’aient pas suivi les instructions. Loukas se contente de sourire, jusqu’à ce qu’il ne goûte et ne reconnaisse qu’en plus d’être original, le plat était succulent.
« Je n’ai été que le commis, chef ! L’idée géniale vient d’Iris ! Elle est sacrément douée ! »
Il hoche la tête et s’enquiert des autres après leur avoir adressé des félicitations. Loukas fait un check à Iris.
« Nous l’avons épaté ! Bravo partenaire ! Alors, que penses-tu de cet atelier cuisine ? C’était sympa tu ne trouves pas ? Tu penses revenir ? Parce que je serais ravi de commettre un nouvel écart de cuisine avec toi ! »
3 novembre 2022« Oh ? D’accord… je suis désolé, j’ai cru que j’avais mal fait… je m’en serais voulu de rater notre plat… » Iris sent la culpabilité naître chez Loukas, même si elle tend à s’estomper après qu’elle l’ai rassuré au mieux. Ce n’est aucunement sa manière d’avoir coupé les légumes qui la rend chafouin, c’est davantage cette rencontre impromptue et cette vérité qu’elle n’est toujours pas prête à accepter qui la rendent ainsi. Bien sûr, l’architecte trouve un autre prétexte pour justifier ce soupir échappé, incapable d’avouer à Loukas que c’est davantage le lien qui les relie que son propre travail qui lui porte souci. Le sujet est ainsi dévié « Je comprends ! Mon père en fait un peu partie. Il a voulu retaper le salon, parce que le style ne lui convenait pas. Il a fait appel à un professionnel mais celui-ci a lâché l’affaire au bout de deux semaines, parce qu’il n’arrivait pas à le raisonner. Ce n’est pas simple de satisfaire des clients. Cela demande beaucoup de patience, mais ne t’en fais pas, ça va aller… pour une personne peu agréable, combien sont gentilles et adorables ? N’oublie pas ça ! Dans la vie, il y a de gens qu’on ne peut jamais vraiment satisfaire… » L’anecdote tend davantage la mexicaine qui tente, une nouvelle fois, de ne rien laisser transparaitre, concentrée sur la recette qu’elle exécute assez machinalement. Le fait qu’il évoque encore leur père n'aide en rien à ce qu’elle se sente plus à l’aise, d’autant plus quand elle n’arrive pas à en vouloir au jeune homme de partager des anecdotes anodines sur sa vie personnelle. D’ailleurs, il a cette naïveté certaine qu’elle trouve particulièrement adorable, et c’est sûrement pour cette raison qu’elle parvient à garder le sourire malgré tout « Heureusement, qu’ils ne sont pas tous comme ça, tu as raison » se contente-t-elle de répondre en hochant doucement la tête. « Je travaille à la caserne, en tant que pompier. J’ai toujours pensé qu’aider les autres devait être ma vocation. Et j’ai toujours gardé en tête ma naissance. Mes parents m’ont expliqué que j’étais venu au monde grâce aux pompiers… l’ambulance qui transportait ma mère est tombée en panne sur la route. Ils passaient par là et sont intervenus pour m’aider à venir au monde. Je me suis toujours dit que je leur rendrais ça. Même si en vérité, je le fais parce que je trouve ça super important de porter secours aux gens qui en ont besoin. » Le clou est enfoncé par cette anecdote, celle de sa naissance. Celle qui fait qu’Iris imagine son propre père dans cette ambulance alors que leur mère était encore enceinte - et bientôt à terme de sa grossesse – d’Adriana. Un frisson traverse son échine, une boule se forme dans son estomac alors qu’elle pense à sa petite sœur dont elle connaît sa fragilité quant à ce sujet houleux. Celui de leur père parti peu de temps après sa naissance, cette culpabilité qui a toujours existé chez elle, pensant être à l’origine de son départ. Ce n’est pas le genre de détails dont elle souhaite porter à la connaissance d’Ade et espère sincèrement que cela n’arrivera jamais, tant cela la touche déjà suffisamment, sans oser imaginer ce que cela ferait à sa cadette. « Ca l’est. Tu as fait un bon choix et je trouve qu’il te va bien » Parce qu’elle n’a aucun mal à se rendre compte de la générosité dont fait preuve Loukas, tout comme de cette bonté de cœur qui le caractérise. Elle ne le connaît que depuis quelques minutes mais celles-ci ont été suffisantes pour qu’elle en prenne conscience.
La fin du cours approche, le chef les félicite, bien qu’ils n’aient pas suivi la recette à la lettre « Je n’ai été que le commis, chef ! L’idée géniale vient d’Iris ! Elle est sacrément douée ! » Iris est touchée par les compliments autant du chef que de Loukas, le gratifiant d’un sourire. Lorsque le cuisinier s’éloigne, Loukas prend un peu Iris au dépourvu alors qu’il lui propose de faire un check, auquel elle répond, s’en amusant légèrement « Nous l’avons épaté ! Bravo partenaire ! Alors, que penses-tu de cet atelier cuisine ? C’était sympa tu ne trouves pas ? Tu penses revenir ? Parce que je serais ravi de commettre un nouvel écart de cuisine avec toi ! » Iris dénoue lentement son tablier pour le retirer, déposant celui-ci sur le coin du plan de travail « J’ai beaucoup aimé Elle est sincère, bien qu’elle aurait apprécié davantage l’exercice s’il s’était déroulé dans d’autres circonstances Je vais y songer » Parce qu’elle ignore si elle sera capable une nouvelle fois de le confronter, de prendre autant sur elle pour ne pas réagir ou ne pas lui avouer la vérité. Il y a un petit moment d’hésitation qui laisse donc place à un silence entre eux, avant que la mexicaine ne reprenne la parole « On pourrait peut-être échanger nos numéros de téléphone ? Comme ça, je peux te prévenir le jour où je suis disponible pour venir suivre un nouveau cours avec toi » Elle ignore si elle le fera vraiment mais cette proposition est un moyen de lui permettre de garder contact avec celui qui n'est autre que son demi-frère. Une façon pour elle de se dire qu’elle pourra le contacter si elle en ressent le besoin, que ce soit pour un autre cours de cuisine ou pour le voir et faire plus ample connaissance avec lui. « En tout cas, je suis ravie de t’avoir rencontré Loukas » Ce sont les derniers mots qu’elle laisse échapper alors qu’ils prennent la sortie du restaurant et, dans un dernier signe de la main, elle s’éloigne pour rejoindre sa voiture.