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You told your family for a reason ; you couldn't keep it in ; your sister splashed out on the bottle ; now no one's celebrating ∆ Taylor Swift Champagne problems

Honnêtement, quand elle avait commencé à aller au parc, parce que tous les articles de parentalité qu'elle avait pu lire le recommandait fortement, Mabel ne s'était pas attendu à apprécier autant la promenade. Surtout que Rosalie ne savait pas encore marcher, et ne profitait donc pas de toutes les infrastructures prévues pour les enfants. Elle restait généralement dans la poussette ou en écharpe, essayant de regarder autour d'elle, et battant joyeusement des jambes quand elle voyait d'autres enfants. C'était adorable, de voir combien elle voulait les rejoindre pour jouer, même si elle commençait tout juste à maîtriser le quatre pattes et se contentait de tenir debout quand elle pouvait s'agriper à quelque chose.

« On s'installe à notre endroit habituel ? Histoire de profiter encore du soleil avant qu'il ne fasse trop chaud ? »

Rosalie cria des onomatopées sans véritable sens, avant de mordiller sa girafe en plastique. Elle regardait Mabel pour une fois, apparemment ravie de pouvoir participer à la conversation même si elle ne comprenait pas ce que sa mère lui demandait.

« T'as de la chance, ils jouent au foot juste à côté. Tu vas pouvoir exercer tes talents de pompomgirl » reprit la jeune femme quand elles arrivèrent au niveau de leur escale habituelle.

Elles s'installaient au bord de la plaine, à quelques mètres à peine des arbres - quoi que d'ici quelques mois, elles iraient dessous pour éviter les rayons estivaux du soleil. Assez près des toboggans pour voir les enfants courir et jouer autour, sans trop subir leurs cris. Et pour une fois, quelques garçons avaient sorti un ballon et jouaient non loin d'elle. Mabel espéra qu'aucune balle perdue ne vienne trop près d'elles, n'ayant pas très envie de la recevoir dans les jambes, ou pire, qu'elle n'arrive sur Rosalie !

Elle installa rapidement le plaid et quelques jouets, pas assez vite au goût de sa fille, qui commençait déjà à pleurer dans la poussette. Il fallait dire que Rosie n'était pas très à l'aise dans ce genre d'objets, que ce soit la poussette, le siège-auto ou son cosy, surtout quand le mouvement s'arrêtait.

« C'est bon, Grincheuse, on va aller jouer » reprit-elle, avant de soulever délicatement Rosalie pour la poser sur le plaid.

La petite retrouva immédiatement le sourire, se tournant sur le ventre pour attraper une de ses balles. Elle l'agita dans tous les sens, tout en bavardant avec enthousiasme, dans un langage de bébé que Mabel ne comprenait pas mais qui la faisait sourire.

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Mabel était concentrée sur Rosie, agitant un hochet pour la pousser à se déplacer pour attraper son jouet. La petite essayait de rester assise, se déplaçant en faisant glisser ses fesses sur le plaid, un mouvement plus compliqué sur le terrain accidenté du parc que sur le parquet de leur salon.

« Tu sais, ce serait plus facile à quatre pattes ou debout » annonça-t-elle, tout en levant le hochet un peu plus haut.

Rosalie répondit par des onomatopées frustrées, avant de pousser un cri de joie qui lui vit vriller les oreilles. Mabel se tourna, paniquant en voyant un gros ours en peluche se diriger vers elle. Il lui fallut quelques instants pour reconnaître Carmine derrière, et elle poussa un léger soupir de soulagement.

« J'en conclus que je vante un peu trop les qualités de ma fille ? » dit-elle en souriant.

Même si à ses yeux de mère, sa fille était forcément divine ou parfaite. (Sans compter les nuits de poussée dentaire, où aucune d'eux ne dormait et où Mabel revoyait tous ses choix de vie des deux dernières années...)

« Le pire, c'est pas la taille de ta peluche, c'est de me dire qu'un jour, Rosalie sera plus grande que ça ! »

Pour l'instant, sa fille devait être un peu plus grande qu'un des jambes de la peluche, mais elle pouvait toujours s'en servir comme d'un pouf plus grand qu'elle ou un matelas d'éveil. Surtout que le ventre avait l'air particulièrement doux, idéal pour le câliner.

« Je suis contente de te voir par ici ! Comment tu vas ? » demanda-t-elle.

Elle avait laissé tomber le hochet sur le plaid, Rosalie étant de toute façon plus intéressée par la découverte de son nouveau jouet. Mabel allait donc pouvoir parler tranquillement avec son ami, et découvrir ce qu'il venait faire en Australie, si loin de son pays d'origine - même si elle était ravie de le savoir si près d'elle, même de façon temporaire.

« T'es ici pour longtemps ? Que je te fasse découvrir mon beau pays ! »

En espérant que les parents de Carmine n'aient pas suivi... Mabel se souvenait encore de la période où elle avait travaillé pour les Sighbury, et combien son caractère n'avait pas accroché avec celui des parents de son ami. Ils leur avaient même interdit de se fréquenter officiellement, ne voulant pas que la réputation un peu trop sulfureuse de Mabel n'entâche celle de Carmine.

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Mabel n'était pas très sûre de vouloir que sa fille devienne à son tour mannequin. Elle en avait souffert, même si elle avait gardé pour elle ses troubles alimentaires et son manque de confiance en elle, mais elle préférait éviter que sa fille ait à passer par là. Sans trop vouloir trop influencer ce que Rosie voudrait, évidemment, mais si son bébé pouvait choisir une autre voie...

Néanmoins, sa carrière lui avait fait croiser de nombreuses personnes qu'elle comptait aujourd'hui parmi ses amis proches, dont Carmine. Elle appréciait l'homme, son caractère assez facile à vivre et les petites attentions qu'il avait envers ceux qu'il aimait - comme venir avec une peluche géante pour rencontrer sa fille, même s'il n'y connaissait pas grand chose en bébé.

« Tes parents acceptent que tu passes autant de temps si loin de la maison mère ? Ou ils ont besoin que tu sois là pour un projet professionnel ? »

Mabel avait toujours eu l'impression que les Sighbury aimaient rester dans leur petit groupe, excluant tout ceux qu'ils ne trouvaient pas digne de leur rang. Mais elle avait sans doute ce ressenti parce qu'elle faisait partie de ceux qui avaient été écartés. Elle en gardait cependant la certitude qu'ils aimaient avoir une vision sur ce que faisait leurs enfants, pour s'assurer qu'ils gardent l'image familiale parfaite et immaculée, un peu comme ce qu'essayaient de faire ses propres parents avec Maddy et elle. Ce qui était un total échec de son côté, puisqu'elle ne les avaient jamais écoutés, et commençait à être compliqué du côté de Maddy, son aînée cherchant un peu plus de calme depuis sa grossesse et les disputes qui s'étaient déclenchées quand elle avait révélé le nom du père de son enfant.

« J'ai des tas d'aventures à te présenter. A commencer par changer une couche et nourrir un petit être curieux qui regarde partout sauf la cuillère que tu lui présentes ! »

Des activités certainement moins agréables que leurs nuits blanches à Londres et tout ce qu'ils avaient pu y faire en tant que jeunes adultes sans attaches. Sa vie avait pourtant bien changé, puisqu'elle était aujourd'hui une mère divorcée dont la priorité était sa petite fille. Petite fille qui commençait d'ailleurs à délaisser l'ourson trop gros pour elle pour regarder l'inconnu qui s'installait à côté d'elles. Elle restait timide, lançant des regards à sa mère pour s'assurer que tout allait bien, sans pour autant oser se lancer vers Carmine.

« C'est... Fatigant, et en même temps, moins pire que ce à quoi je m'attendais. »

Elle avait tellement souffert de son enfance que l'idée de la maternité l'avait toujours glacée. Pourtant, avec Rosalie, elle apprenait à en découvrir aussi les bons côtés, ceux que ses parents n'avaient jamais vraiment vécu puisqu'ils laissaient leurs filles avec les nourrices la majorité du temps.

« Les gens disent vrai, ça change la vie. Et vraiment, je suis heureuse de pouvoir vivre ses premières fois, et la voir grandir. C'est tellement drôle de la voir essayer de reproduire ce qu'on fait ! »

Et comme Rosalie était majoritairement avec elle, elle avait hérité de beaucoup des tics de sa mère, ce qui amusait beaucoup Maddy et Marceline. Carmine la connaissait lui aussi assez pour pouvoir les reconnaître sur sa fille.

« Et ça m'a appris à devoir me poser, et juste attendre pour voir comment les choses évoluent. C'est sans doute le pire pour moi. Je déteste ne rien faire, et devoir juste m'asseoir et la laisser tester en sachant que ça va rater et sans pouvoir l'aider... Mais en même temps, c'est quelque chose que j'aurais dû apprendre depuis longtemps, non ? Etre plus patiente et réfléchie... »

Ça faisait en tout cas partie des reproches que les Sighbury lui avaient fait quand elle avait travaillé pour eux. Elle ne s'y était jamais attardée, convaincue que ce n'était pas utile puisqu'elle réussissait dans d'autres maisons de couture. Mais presque dix ans plus tard, les reproches lui revenaient, sa vie actuelle lui prouvant qu'il lui aurait fallu s'y arrêter plus tôt...

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Mabel n'avait peut-être jamais su être subtile, détestant ces simagrées qu'elle trouvait un peu hypocrites, mais elle savait le reconnaître dans les mots des autres. Elle comprit donc très bien que la véritable raison de la venue de Carmine en Australie était un sujet compliqué, et qu'il n'avait pas envie d'en parler au milieu du parc pour enfants de la ville. Elle le laissa donc changer de sujet, se doutant qu'ils se retrouveraient de toute façon pour en parler, peut-être après que Mabel ait trouvé quelqu'un pour s'occuper de Rosalie afin qu'elle consacre toute son attention à son ami.

« Je suis sûre que tu ferais un formidable baby-sitter. Même si tu risques de recouvrir Rosie de cadeaux ! »

Comme l'ours géant, plus grand que le bébé, qui trônait à côté d'eux sur la couverture. Rosalie semblait quand même réussir à jouer avec, grimpant dessus avec difficulté, la rondeur du ventre la faisant glisser au sol sans qu'elle n'atteigne sa cible. Un véritable parcours d'obstacle taille bambin !

« La maternité, ça change beaucoup de choses » avoua-t-elle, les joues un peu roses. « Et peut-être le fait d'avoir passé la trentaine, aussi. C'est moche de vieillir ! »

Elle avait plus de plomb dans la tête, un peu forcée par le fait d'être désormais responsable d'un petit être humain innocent et ayant besoin de protection. Elle ne pouvait pas faire la fête toute la nuit avant d'aller travailler, laissant les maquilleuses faire disparaître les vestiges de la soirée et des abus d'alcool. Il fallait qu'elle soit présente pour Rosalie, pour s'assurer que tout allait bien et que sa fille avait accès à tout ce dont elle avait besoin, et pour cela, il fallait bien qu'elle commence à se comporter un peu comme une adulte.

« Je pense que tu devrais commencer à courir en criant. C'est un mini Godzilla, elle va te terrasser en quelques secondes ! »

Rosie avait enfin levé le nez de son ours pour se préoccuper du nouvel adulte, assis à côté de sa mère. Comme Mabel était détendue et souriante, sa fille n'avait pas peur, même s'il lui avait fallu un temps d'observation, cachée derrière l'ours géant. Maintenant que Carmine s'adressait à elle, elle essayait d'aller vers lui, à moitié debout les bras vers lui. Comme il ne bougeait pas et n'essayait pas de l'attraper, comme l'aurait fait Mabel si Rosie avait tendu les bras vers elle, la petite finit par se laisser retomber à quatre pattes pour avancer vers l'inconnu.

« Elle va pas te manger, promis. Peut-être juste vouloir un câlin, et peut-être jouer un peu avec tes cheveux si tu la laisses approcher autant ! »

Si Mabel n'était aujourd'hui câline que sous l'alcool, qui inhibait sa retenue, elle avait sans doute été comme Rosalie étant enfant. Facilement tactile envers ceux qu'elle appréciait, avant de se renfermer quand elle s'était rendue compte que sa famille comptait plus sur son image que sur leurs véritables relations. Elle essayait donc de laisser Rosie profiter des câlins et de tout l'amour maternel dont elle avait besoin, quand bien même c'était difficile pour elle d'aller naturellement prendre les gens dans ses bras.

Elle se contenta donc de regarder avec un sourire amusé sa fille grimpant sur les jambes de Carmine, et essayant de venir contre son torse. Elle voyait la curiosité dans le regard de Rosalie, et se garda donc bien d'intervenir, attendant de voir comment allait réagir son ami.

« Si vraiment tu veux pas qu'elle touche quelque chose, il suffit juste de pousser gentiment sa main et d'attirer son attention ailleurs » conseilla-t-elle quand même.

Parce que Carmine était figé, absolument pas à l'aise face à un bambin capable de se mouvoir. Elle se rapprocha juste un peu d'eux, de manière à pouvoir attraper facilement Rosalie si elle se déséquilibrait ou pleurait face à un Carmine ne comprenant pas ce qu'elle voulait.

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Mabel observa avec amusement sa fille se frayant un chemin sur les cuisses de Carmine. Un peu timidement, pas très certaine des réactions que l'inconnu allait avoir. Et plus d'une manière plus assurée quand les mains de l'homme vinrent se positionner instinctivement dans son dos, prévenant une possible chute - d'une faible hauteur et directement sur le plaid, donc sans risque de blessure, mais la jeune femme trouva tout de même l'attention adorable.

« Son équilibre s'améliore grandement ces derniers temps. Elle va bientôt marcher » souffla-t-elle, impatiente.

Certes, Rosalie bébé avait été mignonne, avec ses petits cheveux en bazar et ses joues roses. Mais Mabel avait toujours eu du mal avec les trop petits, partageant volontiers plus avec des adolescents. Elle avait donc hâte de voir Rosie marcher, parler, gagner en autonomie. Ne plus avoir à se baisser quinze fois par jour pour la prendre dans ses bras l'enthousiasmait beaucoup, même si ça signifiait qu'elle allait devoir courir derrière un bambin chancelant.

« C'est bien ma fille, je t'assure. Elle devient douée pour faire des sourires mignons et obtenir tout ce qu'elle veut ! » avoua-t-elle. « Il va falloir que je lui apprenne à être plus douce et capable de compromis... »

Il y avait une pointe de tristesse dans la voix de Mabel, parce que personne n'avait pris le temps de lui apprendre à tempérer son caractère. Ses parents toujours absents et préférant son aînée au caractère plus docile l'avaient surtout poussée à prendre toute la place, à être bruyante et à occuper l'espace pour se faire remarquer. Il fallait qu'elle soit là pour que Rosalie n'ait pas besoin d'en faire autant pour se sentir écoutée par ses parents... Un équilibre compliqué à trouver quand elle n'avait pas de repères sur lesquels se fixer.

« Elle adore quand je sors la guitare ! On chante parfois ensemble dans la journée, même si elle essaye surtout de taper sur la guitare ou de toucher les cordes comme elle peut. Et bien sûr, des berceuses pour la sieste ou le soir ! »

Quelques comptines pour enfants, quelques vieilles chansons de Disney, et Rosie qui savait déjà râler pour avoir ses favorites, même si elle ne savait dire que "maman" et "manger". (Et "bisou Pa" adressée à sa cousine Paola, la seule à avoir droit à un semblant de baiser plus bruyant que doux.)

« J'ai hâte qu'elle soit un peu plus grande, pour pouvoir lui apprendre à jouer de la guitare ! Je lui en ai déjà achetée une, mais c'est encore trop tôt pour lui donner. »

Rosalie était plus intéressée par les mèches de Carmine que la conversation, continuant de tirer dessus. Heureusement qu'elle n'était encore qu'un bébé, où le mannequin aurait râlé depuis longtemps. Mabel avait presque envie de sortir son téléphone pour capturer l'instant, amusée de voir son ami accepter qu'on ruine sa coiffure.

« Je crois qu'elle est l'accident le plus heureux de ma vie » reprit-elle.

Rosie se tourna vers elle à ce moment-là, et Mabel oublia vite sa confession pour faire une grimace à sa fille, souriant en entendant le bébé éclater de rire, se laissant tomber contre le torse de Carmine.

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Rosie laissa Carmine prendre une de ses mains, perplexe devant les actions de l'adulte. Elle n'était pas habituée à ce qu'on l'examine d'aussi près, et elle ne savait pas vraiment comment réagir. Par contre, quand l'homme fit mine de lui pincer le ventre, elle éclata de rire, cherchant à lui échapper, avant de se laisser tomber contre lui quand il arrêta son geste.

« Pas vraiment... J'ai un peu de mal à savoir ce qui va à quel âge. La guitare, c'était juste parce que j'ai envie qu'on ait cette passion commune. Le reste j'attends un peu. Sauf à Noël ou je vais demander des trucs pour l'année, elle pourra pas tout utiliser de suite mais on l'aura. »

Pas qu'elle manque d'argent pour gâter sa fille, mais elle préférait éviter de la noyer de cadeaux. Dès que Rosie avait été assez grande pour maintenir sa tête, Mabel avait vite remarqué que sa fille était vite perdue quand il y avait trop de jouets à regarder. Aujourd'hui, elle essayait donc de privilégier ce que Rosie aimait sur l'instant, rangeant les autres au loin. Et quand elle les ressortait, l'attrait de la nouveauté attirait instantanément la petite vers eux. Comme la grosse peluche que Rosie n'avait jamais vu mais qu'elle avait adoré de suite.

« Disons que j'ai jamais trop insisté sur le fait qu'elle n'était pas prévue au programme » avoua-t-elle, tout en grimaçant pour faire sourire Rosalie.

Elle avait d'abord été gênée d'avoir conçu un bébé alors que rien n'était prévu et qu'elle était sous contraceptif. Et puis elle avait ensuite été submergé d'angoisses, autant par rapport aux changements de silhouette liés à la grossesse que par rapport au fait qu'elle allait devenir mère, et devoir gérer un humain entier en dehors d'elle-même.

En toute honnêteté, elle avait toujours du mal à intégrer qu'elle était seule responsable de Rosalie (à part peut-être un après-midi tous les quinze jours), et que les choix qu'elle faisait là auraient probablement un gros impact sur son futur.

« Elle me change beaucoup trop...  Mais je suis heureuse de l'avoir avec moi. Et d'avoir la plus sage des enfants. Je ne m'en serai pas sortie avec une mini-moi ! »

Quoi qu'elle était aussi devenue qui elle était parce que ses parents ne s'étaient jamais vraiment occupés d'elle et l'avaient laissée à des nourrices. Quelque chose qu'elle se refusait à reproduire avec sa propre fille.

« Elle est surtout arrivée au bon moment dans ma vie. Y a dix ans, j'aurai été incapable de m'occuper d'elle. »

A l'époque, elle était énervée contre le monde entier, et surtout contre elle-même. Elle était incapable de prendre soin de quelqu'un d'autre, parce qu'elle ne s'occupait déjà pas d'elle-même. Elle aurait sans doute haï cet enfant qui n'avait rien demandé, ou considéré qu'il gâchait sa vie. Alors que là, elle avait suffisamment évolué pour apprécier Rosalie et les changements qu'elle amenait avec elle.

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A regarder Rosalie, encore maladroite sur ses jambes, même si elle affichait la meilleure volonté du monde pour se déplacer avec autonomie et indépendance, Mabel savait que dix ans plus tôt, elle n'aurait pas eu cet air attendri sur le visage. Si aujourd'hui, elle était capable de prendre le temps de se poser et juste d'observer sa fille, elle n'oubliait pas qu'elle avait été une fille égoïste et beaucoup trop peu sûre d'elle, cachant son mal être par des piques agressives en direction des autres.

Il lui avait d'abord fallu grandir un peu, et se trouver elle-même. Un voyage compliqué et qu'elle était loin d'avoir fini, mais qui lui permettait aujourd'hui de rire en voyant Rosie tituber entre Carmine et elle, avant de se laisser tomber sur son torse pour quémander un câlin et des bisous, que Mabel ne se priva pas de lui donner.

« J'étais en congé maternité les cinq premiers mois après sa naissance. A la maison avec elle, à la regarder grandir. Mais vraiment, même avec toute la volonté du monde, il fallait que je reprenne le travail... Je devenais folle à n'avoir qu'un bébé à la maison, et à ne croiser que d'autres mères aux groupes de paroles de la maternité ou au parc. J'avais besoin d'adultes avec qui parler d'autre chose que de couches, de premières dents et de nuits coupées ! »

Elle avait adoré voir Rosie grandir, et être le témoin privilégié des premiers mois de sa fille. Mais elle n'était clairement pas le genre de mère à ne vivre qu'à travers ses enfants, et elle avait eu besoin de cette bouffée d'oxygène que représentait le travail, avec des adultes pas toujours intéressés par la puériculture et les mini humains.

« Heureusement, c'est plutôt cool chez Weatherton, et les employés ont accès à un système de garde directement dans la maison-mère. J'avais juste à leur donner un peu en avance mes jours de shootings, pour inscrire Rosie. Mais elle était pas loin de moi, et je pouvais toujours y aller si elle avait faim ou juste besoin d'un petit câlin. »

Et les employées s'occupant des enfants étaient vraiment adorables. Rosie appréciait d'y être gardée, toujours ravie en voyant les visages connus. Et même si elle y allait de façon assez irrégulière, ça lui permettait quand même d'être sociabilisée et d'apprendre les règles de vie en communauté, avant d'entrer à l'école.

(Ça leur avait aussi permis de découvrir la joie des premiers microbes, mais ça, c'était un autre problème...)

« J'ai pas encore repris le travail à cent pourcent, mais juste assez pour avoir mes moments à moi. Et du coup, quand on rentre à la maison pour être toutes les deux, je suis plus présente, plus disponible pour elle. »

Le travail l'avait aidé à garder un certain équilibre entre sa vie de femme et sa vie de mère. Elle en avait vraiment besoin pour ne pas se noyer dans le bouleversement qu'avait été la maternité à ses yeux.

« Mais je suis aidée par le fait d'avoir un travail assez souple, et de pouvoir gérer mes réseaux sociaux de chez moi. Clairement, c'est une chance d'être célèbre dans ce contexte-là. Je peux m'organiser comme je veux, et être au parc en plein après-midi ! »

Elle aurait été vendeuse, enseignante ou infirmière, elle n'aurait pas vraiment eu le choix de ses horaires ou de son emploi du temps. Et n'aurait pas pu s'absenter de son lieu de travail juste pour profiter de son bébé.

« On a quand même un métier assez souple, par rapport à d'autres. Avec des contraintes quand même, je le reconnais. Mais vraiment, j'ai apprécié qu'on me laisse faire un peu comme je le voulais cette année ! »