Un numéro inconnu s’était affiché, un parmi tant d’autres, du moins c’était ce qu’Halston avait cru sur le moment. Elle n’avait donc pas répondu à cet appel, qu’elle avait pourtant attendu depuis de nombreux mois, mais auquel elle ne croyait plus. La directrice de l’agence de stars avait pourtant eu un regain d’espoir deux mois plus tôt, durant une remise de prix où l’inconcevable s’était produit. La robe qui lui avait été offerte par James et qui s’était volatilisée avec son voleur une nuit de décembre était là, portée par une actrice qu’elle ne connaissait pas. Le monde de la brune avait de nouveau tremblé, tous les souvenirs qu’elle avait enfouis avec difficulté avaient remonté à la surface, sa voix était revenue la hanter. Elle était cependant soulagée de ne plus vivre sur le lieu du crime, qu’elle avait abandonné depuis ce jour, ne plus être sous le toit de cette maison lui était plus supportable. L’emprise du criminel n’était plus aussi puissante, ses yeux et ses paroles lui revenaient de façon beaucoup plus ponctuelle qu’en début d’année, mais cela ne l’empêchait pas de trouver que simple fait d’y repenser était déjà trop à supporter. L’esprit de l’américaine n’avait rarement été aussi encombré, il était partagé par son travail et sa grossesse, il ne pouvait pas y avoir de place pour autre chose, certainement pas pour un événement aussi négatif. Debout dans sa cuisine, elle avait déposé son portable sur le plan de travail, elle l’avait mis en haut parleur pour écouter ses messages vocaux tout en touillant sa préparation. Elle ne fut qu’à moitié interpellée lorsqu’elle comprit que le commissariat était l’auteur de l’un d’entre eux, pensant qu’il ne s’agirait que d’un faux espoir jusqu’à ce qu’elle n’en apprenne plus sur son contenu. La bouche d’Halston s’entrouvrit et ses mains lâchèrent son saladier lorsqu’elle entendit qu’ils avaient peut-être trouvé le coupable et qu’ils avaient besoin d’elle pour en avoir la confirmation. Elle resta immobile plusieurs minutes, prise de sentiments ambivalents, à la fois soulagée et terrifiée d’apprendre cette nouvelle. L’américaine pensa immédiatement à Diana, l’avaient-ils appelé elle aussi ? Elle espérait que la réponse soit négative, même si c’était peu probable, elle préférait porter ce fardeau toute seule. Cependant, elle la connaissait suffisamment pour savoir que la rousse n’allait probablement pas écouter sa messagerie avant plusieurs fois, elle avait donc de grandes chances de pouvoir s’y rendre avant elle, seule.
Après avoir épongé le sol souillé de sa cuisine, elle saisit son téléphone pour appeler le commissariat, qui lui demanda ses disponibilités. Elle ferma les yeux l’espace de quelques secondes, voulait elle s’y rendre dès cet après-midi ? Était elle prête à l’affronter de nouveau ? Halston prit une grande inspiration et répondit par l’affirmative, se débarrasser de ce rendez-vous le plus rapidement possible sera le mieux. La directrice voulait également profiter qu’Eddie et Diana soient tous les deux occupés pour avoir l’assurance que personne ne l’accompagnerait, même si elle savait que le danseur deviendrait fou s’il apprenait qu’elle avait pris une telle initiative. Elle ne voulait pas le déranger, ni lui rappeler qu’il avait été ‘ inutile, incapable de la protéger ’, elle souhaitait également se prouver qu’elle était assez forte. La directrice se contenta donc d’appeler son assistant, pour lui demander d’annuler tous ses rendez-vous à sa place. Il n’était pas plaisant pour elle de paraître si peu professionnelle auprès de tous ses collaborateurs, mais elle savait qu’elle pourrait être pardonnée, parce qu’elle était habituellement irréprochable. Elle sera de toute manière de moins en moins disponible au fur et à mesure que son ventre grossira, elle ferait mieux d’apprendre à se détacher de son travail dès maintenant. L’heure de partir arriva à toute vitesse, elle se retrouva en un clin d’œil à sa destination, qui se trouvait dans son quartier. Il lui avait été plus facile de conduire jusqu’à celle-ci que de sortir de son véhicule, dans lequel elle resta assise un long moment. « Tu seras bientôt pleinement en sécurité, mon amour. » Dit-elle en posant sa main sur son ventre. Cette pensée lui donna la force d’ouvrir sa portière et de s’élancer vers l’entrée du bâtiment. Elle se présenta à l’accueil, avant de se retrouver dans une salle d’attente. Halston essaya de se remémorer le nom de celui qui l’avait sauvé, comment s’appelait il déjà, Mu... rdach ? Elle ne savait même pas pourquoi elle essayait de se souvenir de son prénom, puisqu’elle ne l’appellera seulement par son nom, qui lui avait également échappé. L’américaine se sentait honteuse de ne pas l’avoir en tête, alors qu’il était celui qui avait mis fin à son calvaire, mais peut-être que quelqu’un allait le lui rappeler une fois qu’il appellera pour qu’elle aille à sa rencontre. Pourvu qu’il ne tarde pas trop, cet endroit lui filait plus d’angoisse qu’un hôpital.
Charlie a roulé des yeux quand on lui a dit qu’Halston n’avait pas répondu à l’appel et qu’ils avaient dû se contenter de laisser un message vocal en espérant qu’elle l’écoute un jour. Oui, bien sûr qu’elle en a été agacée, à déjà considérer la jeune femme comme une diva qui ne daigne pas même décrocher son téléphone alors que tout ce qu’ils font et tout ce sur quoi ils travaillent d’arrache pied est dans son seul intérêt. Elle ne peut même pas en venir à la conclusion de tant pis pour elle parce qu’il s’agit de faire payer quelqu’un qui a commis des actes répréhensibles, pas seulement de trouver la justice pour elle. Autant dire que la blonde n’est pas le moins du monde animée par l’envie de justice en ce qui concerne Halston, elle se contente purement et simplement de faire son travail - et certainement rien de plus. Son amitié avec autrui, et dans ce cas plus précis son inimitié, n’entrera pas en compte dans le cadre de son travail, elle se l’est promis et la journée à venir tentera d’en être une preuve, quand bien même Halston l’exaspère déjà alors qu’elle n’est même pas en face d’elle.
Lorsque cela devient enfin le cas, plusieurs heures après l’appel, alors que cette dernière a daigné de leur accorder de son précieux temps, c’est Charlie qui est chargée de lui parler. Oh, elle aurait pu demander à Anwar de s’en charger à sa place ou même d’envoyer qui que ce soit d’autre, mais depuis l’épisode prénommé “Colin”, elle ne tient pas à lui tendre la moindre perche pour qu’il puisse lui rappeler qu’elle est sur la corde raide, et certainement pas capable de faire la moindre demande du genre. “Mademoiselle Hargreeves.” Perchée sur les quelques centimètres de ses chaussures à semelle épaisse, Charlie a le dos droit et le menton relevé, ses yeux ancrés dans ceux de son interlocutrice, qui n’a attendu que quelques minutes à peine. Elle aurait pu venir plus vite encore, mais rien ne l’y obligeait, et elle s’est elle-même excusée de ce pseudo-retard en terminant son dossier. “Suivez moi.” Agir comme si elle n’était absolument rien de plus qu’une inconnue comme une autre en venant à passer à travers les murs du poste de police, voilà la seule chose qui pourrait sauver Halston de l’éternelle injustice dévorante dans le cœur de Charlie. Elle l’aide parce que c’est son travail, elle l’aide aussi parce que cela soulagera Eddie par extension. Du reste, elle n’en a absolument rien à faire de rien. Et après quatre mots à peine, la voilà qui tourne déjà les talons pour ouvrir la voie, ses poings enfoncés dans ses poches à l’image de ses collègues masculins.
“Vous avez écouté le message laissé par mon collègue, maintenant, j’imagine ?” Enfin écouté, devrait-elle dire, mais ce sera tendre le bâton pour se faire battre sur le sujet de sa pseudo-irresponsabilité. Oui, oui, tout le monde doit être traité à un même niveau. “Vous ou votre assistant.” Son ventre est à peine arrondi mais Charlie l’invite déjà à s’asseoir, consciente que les grossesses peuvent être particulièrement fatigantes parfois. Ce sujet là non plus ne doit pas entrer en compte. “Ce n’est pas un moment agréable à passer, mais je suis certaine qu’on peut le faire rapidement pour que chacune retourne à ses occupations.” Elle parle de la discussion autour du cambriolage, mais elle parle aussi et surtout d’une discussion entre elles, tout simplement. Plus loin elles se tiennent et mieux les choses se portent. “On a une piste sur l’identité du cambrioleur, mais on a besoin de vous pour le reconnaître.” Ou non. Entre ses doigts, le stylo bascule entre index et majeur, par agacement bien plus que par stress.
Une illumination frappa subitement Halston, MacLeod, son nom était MacLeod. Elle était soulagée de s’en être souvenue juste avant d’entendre des bruits de pas qui semblaient se rapprocher d'elle. L’américaine fut appelée mademoiselle, chose qui n’était pas courante, puisqu’on s’imaginait souvent qu’à son âge elle devait être mariée ou qu’il n’était pas approprié de la nommer autrement que madame. Elle semblait avoir oublié l’endroit où elle se trouvait, un commissariat qui devait posséder de nombreuses informations à son sujet, plus que sur ce fichu cambrioleur. La mère en devenir comprit cette appellation lorsqu’elle croisa le regard de son interlocutrice, qui se révéla être une jeune blonde aux yeux clairs et non le grand barbu écossais, une attente qu'elle avait conservée malgré la féminité de sa voix. Il s’agissait de Charlie, elle n’en avait pas mémorisé le timbre, comment aurait-elle pu alors que leurs entrevues se comptaient sur les doigts d’une seule main ? Elle ne regrettait absolument pas de l’avoir aussi peu fréquenté, au contraire plus elles se trouvaient loin l’une de l’autre et mieux elles se portaient. Elles auraient pu être amenées à se croiser plus souvent, parce qu’elles habitaient à présent le même quartier, mais dieu merci leurs chemins ne s’entremêlaient jamais. Les deux femmes devaient avoir des horaires très différents grâce à leurs métiers, hélas aujourd’hui elle se retrouvait en face d’elle à cause de lui. Halston n’avait jamais envisagé cette possibilité, parce qu’elle avait tout simplement oublié dans quoi la blonde travaillait. Elle n’avait pas le physique de l’emploi, mais surtout la brune n’avait jamais cherché à creuser plus loin à son sujet, tout ce qui l’intéressait était la nature de sa relation avec Eddie et rien d’autre, puisqu’il s’agissait de la seule raison pour laquelle elles se connaissaient. L’inspectrice décida de la traiter comme une étrangère et cela lui convenait, elle n’avait pas besoin de la moindre familiarité, elle lui emboita donc le pas sans broncher après l’avoir salué le plus sommairement possible.
Elle se retrouva seule avec elle dans un bureau qu’elle trouvait aussi froid qu’impersonnel, ce qui lui déclencha un frisson de dégoût. Cette scène lui faisait l’effet d’un mauvais rappel, elle avait autrefois était confrontée au FBI suite à une macabre histoire de meurtre dans l’hôtel qu’elle gérait, après avoir vu le premier cadavre de son existence. Le cambriolage aurait pu passer pour quelque chose de ridicule après cet assassinat, si elle n’était pas passée du statut de témointe à celui de victime. Elle n’avait pas l’air d’en être une actuellement, parce qu’elle sentait que Charlie lui reprochait de n’avoir écouté le message vocal que ‘ maintenant ’. « Je l’ai écouté ce matin, oui. » Devait elle s’excuser de ne plus faire de ce crime le centre de son attention ? D’être à peu près passée à autre chose ? L’inspectrice s’était imaginée qu’elle n’avait même pas pris la peine de l’écouter d’elle-même. « Mon assistant n’écoute pas mes messages personnels. » Précisa-t-elle. Elle savait que l’américaine occupait un poste suffisamment important pour avoir de l’assistance, pourtant elle s’imaginait tout de même qu’elle avait le temps d’être sur tous les fronts. Eddie ne devait pas l’avoir informé de sa promotion, certainement parce qu’elle s’en fichait. Cependant elle pourrait mettre sa main à couper qu’elle était au courant pour sa grossesse, qu’elle devait être la première personne qu’il avait informé à ce sujet. Halston fut rapidement invitée à s’asseoir, ce qui confirma sa supposition. Cette pensée l’hérissait, il avait dû la faire passer avant sa petite soeur, qui aurait dû être la personne à prévenir en priorité puisqu’il s’agissait de latante de leur futur enfant.
La directrice de l’agence de stars pris place sur la chaise et croisa ses bras. Pourquoi ce rendez-vous devait être à ce point désagréable ? Après avoir lu dans ses pensées, que Charlie partageait au vu de cette envie mutuelle d’en terminer au plus vite, la brune hocha de la tête. « Il serait effectivement préférable de terminer le plus rapidement possible. » Il faudrait pour cela que le bon coupable soit véritablement entre leurs mains, ce qu’elle souhaitait du plus profond de son coeur. L’inspectrice évoqua une piste, qu’elle espérait plus sérieuse que toutes les autres, l’inverse serait terriblement frustrant puisque sa précieuse robe avait été retrouvée. « Je suis prête pour la confrontation. » Elle n’avait pas d’autre choix que de l’être, si elle voulait épargner son amie et avoir le fin mot de cette histoire. « Cependant, j’aimerais savoir quelque chose avant... est-ce que Diana Sadler a été appelée elle aussi ? » Aller à la rencontre des présumés coupables n’allait peut-être pas exempter l’actrice de se rendre à son tour au commissariat. La question qu’elle avait posée allait peut-être avoir l’air stupide, elle ne connaissait rien de leurs procédures et ne pourrait probablement pas lui demander la faveur de la laisser en dehors de tout ça, mais elle avait besoin de le savoir. Halston se demanda si la rousse ne risquait pas de lui en vouloir d’avoir affronté cette épreuve sans elle si elle avait la même obligation de venir qu'elle.
Comme son métier l’oblige, sans doute bien plus que n’importe quel autre, Charlie se concentre sur les faits et sur son besoin d’objectivité absolu. Ici, Halston est une jeune femme comme n’importe quelle autre et rien ne les relie entre elles, surtout pas le petit-ami de l’une et le meilleur ami de l’autre. Cela n’a même pas à être souligné, chose que Charlie prend soin de ne pas faire, pas même alors qu’elles se retrouvent seules et que la blonde n’attend pas avant de reprendre le cours de l’affaire et de lui poser les questions nécessaires à son bon déroulement. Elle n’aura pas de traitement injuste, ni de traitement de faveur, et plus que jamais chacune veut sûrement en avoir terminé le plus tôt possible - mais n’osez pas sous-entendre que Charlie bâclera son travail pour autant. « Je l’ai écouté ce matin, oui. » Charlie hoche la tête sans montrer le moindre sentiment, sans doute parce qu’il n’y en a justement aucun qui découle de ce genre de commentaire. Qu’elle ait écouté le message vocal lui épargne quelques maigres secondes de répétition, ce qui est sans doute déjà ça de gagné. « Mon assistant n’écoute pas mes messages personnels. » Soit. Cela ne regarde pas la blonde, et cela ne l’intéresse pas non plus. Son assistant gère toute sa vie, il aurait très bien pu s’occuper de cet aspect aussi, et qu’il ne le fasse pas n’est en rien une nouvelle qui a des conséquences. Grand bien lui fasse, sûrement. “Le plus important, c’est que vous en connaissiez le contenu.” Elle hoche la tête à nouveau et passe déjà à autre chose, peu préoccupée par cette question qui ne fait assurément pas partie de ses priorités. « Il serait effectivement préférable de terminer le plus rapidement possible. » Mais elle est loin d’ériger les règles et il y a fort à parier que si la police lui demande de rester trois heures de plus, alors elle s’y pliera, parce qu’une personne de son importance a d’autant moins envie de faire savoir au monde que la police a recours à des procédés légaux pour la forcer à rester. Tout est bien plus simple pour tout le monde si chacune donne le meilleur de lui-même et, surtout, n’omet aucune information. “On fera ce qu’on peut.” Charlie tranche, incapable d’anticiper de quoi seront faites les prochaines minutes.
« Je suis prête pour la confrontation. » “Je vais vous montrer des photos.”
Pas de personnes derrière une vitre teintée qui se ressemblent toutes plus ou moins et portent des numéros. Ils réservent ça au film qui ont le temps et le budget: celui de prendre les photos et de les imprimer est passé dans l’option “couleurs”, de leur côté. « Cependant, j’aimerais savoir quelque chose avant... est-ce que Diana Sadler a été appelée elle aussi ? » Charlie relève rapidement son regard dans le sien et la sonde durant de longues secondes, sans savoir quoi lui répondre dans un premier temps. “Je n’ai pas le droit de révéler ce genre d’informations. En temps normal.” Et ce n’est pas une nouvelle règle qui s’ajoute aux autres uniquement parce qu’il s’agit d’Halston et uniquement parce qu’elle a la possibilité de lui rendre la vie dure dans un lieu où elle n’a aucune sorte d’autorité - quoique Charlie n’en a pas tellement non plus. “Mais… Oui. Elle a aussi été contactée dans le cadre de cette affaire. Mais je ne peux pas t’en dire plus.” Elle risque déjà bien assez gros en lui disant ces quelques mots, la jeune femme refuse de prendre davantage de risques pour une inconnue à qui elle ne doit rien. Si elle le fait, c’est pour Eddie, et ce même s’il n’aura sûrement jamais connaissance des détails de leur discussion. Du moins, Charlie ne lui en dira rien, parce qu’elle a beau avoir une confiance et une amitié infinie pour lui, cela ne le regarde pas pour autant. “Prête ?” Elle demande une ultime fois, pour s’assurer qu’elle est préparée à l’inévitable confrontation. Après quelques secondes, enfin, elle pose les quelques maigres photos sur la table face à elle, dans l’expectative de ses réactions, bonnes ou mauvaises.
The worst is behind Halston Hargreeves & @"Charlie Villanelle"
Halston croyait Charlie lorsqu’elle lui disait qu’elles feraient ce qu’elles peuvent pour en terminer le plus rapidement possible, ni l’une ni l’autre n’allait traîner de la patte. La directrice de l’agence de stars ne se doutait pas qu’elle allait devoir faire plus travailler sa mémoire qu’elle ne l’imaginait, avant de comprendre qu’elle n’aurait le droit qu’à des photographies. Elle devrait peut-être s’estimer heureuse de n’avoir qu’une présentation de clichés, parce qu’elle n’aurait pas de confrontation directe avec les présumés coupables, mais d’un autre côté cela lui donnait l’impression que cette affaire n’avait vraiment pas d’importance. Elle avait piétiné pendant de nombreux mois, alors qu’un des deux cambrioleurs avait été attrapé dès le début, elle n’avait jamais comprit pourquoi ils n’en avaient rien tiré de probant. C’était elle-même et Diana qui lui avaient permis de faire un bond, en reconnaissant la robe Weatherton volée à une remise de prix, elle ne pouvait s’empêcher de se dire que le dernier voleur aurait été bien plus rapidement attrapé aux États-Unis. Elle ne lui en touchera bien évidemment pas un seul mot, pour des raisons multiples. Halston ne voulait pas ajouter de l’huile sur le feu en la traitant elle et ses collègues d’incompétents, elle savait également que ses comparaisons n’avaient peut-être pas lieu d’être. Ici elle n’était pas la fille d’un couple millionnaire aux nombreuses relations, elle n’était qu’une américaine qui bénéficiait d’un visa de résidence temporaire. Elle faisait partie de ces « rares chanceux » acceptés par l’immigration australienne, ils devaient donc estimer qu’elle n’avait pas à se plaindre. L’américaine se permit tout de même de poser une question indiscrète, parce qu’elle pensait au moins avoir le droit de savoir si Diana avait été contactée elle aussi ou non, l’actrice ne le lui dirait peut-être pas spontanément, le cambriolage étant resté un sujet tabou. L’inspectrice de police lui laissa croire quelques secondes qu’elle ne divulguera pas cette information, avant de lui affirmer que la rousse avant bien été contactée La blonde ne lui en dira pas plus, elle ne cherchait de toute façon pas à avoir tous les détails, qu’elle pourrait obtenir auprès de la principale concernée une fois qu’elle sortirait d’ici. Halston s’était contentée de hocher de la tête, il s’agissait d’une façon discrète de la remercier et d’accepter qu’elle n’en saura pas plus.
La brune se plongea dans le regard de son interlocutrice lorsqu’elle lui demanda si elle était prête. Halston n’avait pas d’autre choix que de l’être, elle n’était pas venue jusqu’ici pour se révéler inutile. « Je suis prête. » Les photographies avaient été disposées sur la table, elle découvrit différents visages d’hommes et chercha celui qui allait l’interpeller. Elle en saisit une première, qu’elle plaça sur le côté pour l’éliminer, étant certaine que son bourreau ne ressemblait aucunement à ça. La directrice de l’agence de stars se débarrassera d’une seconde, persuadée que le cambrioleur n’avait pas les yeux foncés. Elle rapprocha d’elle les deux derniers clichés, ses sourcils se froncèrent, elle avait l’impression d’être incapable de les départager. « Je pense qu’il s’agit d’un de ces deux-là. » Halston posa ses coudes sur la table et déposa ses deux mains sur sa tête. « Il m’aurait été plus facile d’en désigner un, si je pouvais entendre leurs voix, c’est ce qui m’a le plus marqué chez lui. » Admit elle. Ils n’avaient probablement pas d’enregistrements de leurs voix, elle n’exigeait pas d’en obtenir ni même de les voir. « Peut-être que Diana y arrivera mieux que moi, elle a passé plus de temps avec eux. » Ou plutôt plus de temps entre leurs mains, pendant que je dormais paisiblement. Il était déplaisant de devoir compter sur son avis pour avoir le fin mot de l’histoire, elle avait été incapable de lui éviter de se retrouver ligotée et bâillonnée sur une chaise, elle ne pouvait même pas lui épargner de venir dans ce commissariat. Sa seule parole n’aurait peut-être pas été suffisante de toute manière, elle n’était pas celle d’un évangile. Halston soupira avant de se remettre droite et de laisser une de ses mains pianoter à côté des photographies. Elle continua de les fixer, en vain. « Je ne peux pas dire avec certitude qu’il s’agit de l’un ou de l’autre, mais maintenant que la liste a été rétrécie, il n’est plus qu’une question de temps avant d’écrouer le bon, non ? » Halston n’avait pas d’empathie pour eux, s’ils avaient été tous les deux soupçonnés c’était bien parce qu’aucun des deux n’étaient des anges. Elle espérait juste qu’ils ne seraient pas libérés sous peu et donc libre de disparaître plus efficacement des radars.
ACIDBRAIN
Dernière édition par Halston Hargreeves le Mer 11 Jan 2023 - 11:34, édité 1 fois
Elles sont pressées sans l’être, raison pour laquelle Charlie prend le temps de lui expliquer la situation aussi clairement que possible, pour ne pas qu’Halston fasse face à une situation inattendue qui puisse la déstabiliser. Personne ne prépare les enfants à vivre un tel contexte, la jeune inspectrice en a bien conscience, et elle passe aisément outre tous les aprioris qu’elle peut avoir sur l’américaine: il n’y en a aucun qui ait lieu d’être dans ce poste de police, une fois le contexte professionnel imposé dans la discussion. « Je suis prête. » Charlie hoche la tête et dispose avec une gravité sans doute surjouée les photographies entre elles, sa minutie la poussant à vérifier qu’elles sont toutes parfaitement alignées, comme si cela avait la moindre sorte d’importance. Après quelques maigres secondes, elle ramène ses mains près d’elle pour laisser à Halston tout le loisir d’observer lesdits visages de plus près et de se faire un avis sur la question. Sans un mot, elle l’observe éliminer certaines options, s’attarder sur d’autres, hésiter, recommencer. Peut-être que oui, pendant un instant, elle ressent une certaine empathie à son égard, face à ce qu’elle a dû traverser et face aux différentes difficultés.
Lorsqu’il ne reste plus que deux photographies, Halston reprend la parole. « Je pense qu’il s’agit d’un de ces deux-là. » Charlie ouvre la bouche pour déjà rétorquer quelques mots mais elle laisse la brune finir de statuer le fond de sa pensée avant ça. « Il m’aurait été plus facile d’en désigner un, si je pouvais entendre leurs voix, c’est ce qui m’a le plus marqué chez lui. » - “Il faudra qu’on les convoque pour les enregistrer, dans ce cas.” Ils n’ont pas d’enregistrements de leur voix sous la main, non, et Charlie ne peut pas se permettre de faire attendre Halston avant qu’ils arrivent à se débrouiller pour en avoir. Ce genre de demande n’est pas courante ; il est d’avis général qu’une voix peut mener à de mauvaises pistes là où le physique et certains traits particuliers ne mentent jamais. “Parce qu’on ne peut pas se permettre de poursuivre deux personnes à la fois.” Ils savent tous qu’il ne reste qu’un seul coupable à arrêter ; voilà pourquoi. Un innocent ne devrait pas être convoqué au poste de police encore et encore, et un individu coupable ne devrait pas être laissé l’opportunité de fuir le plus loin possible pour ne pas avoir à payer les conséquences d’un vol de prestige. Tout ceci signifie qu’Halston, elle aussi, devra revenir au poste de police pour écouter les enregistrement et assurer son choix face à l’inspectrice. « Peut-être que Diana y arrivera mieux que moi, elle a passé plus de temps avec eux. » Charlie hoche la tête, le nom de Diana Sadler n’étant effectivement pas étranger à l’affaire. “Il faut que l’une comme l’autre vous désigniez la même personne pour qu’on ait le début d’une preuve en cas de procès.” En d’autres termes, faire passer la patate chaude d’une personne à une autre n’aurait rien d’une bonne idée, même si cela permettrait sans doute aux deux jeunes femmes de traverser un peu moins de difficultés au travers de cette enquête.
L’attention de la future mère revient sur les photographies, sans véritable succès. « Je ne peux pas dire avec certitude qu’il s’agit de l’un ou de l’autre, mais maintenant que la liste a été rétrécie, il n’est plus qu’une question de temps avant d’écrouer le bon, non ? » Elle voudrait être aussi tranchante et assurée, mais la blonde face à elle ne le peut pas. Du moins, elle ne le peut pas tant qu’elle refuse de lui mentir éhontément. “On a besoin d’assurances. Il faut qu’il n’en reste qu’un, on ne peut pas se permettre de poursuivre un innocent.” Elle est désolée, sincèrement, de tout ce que cela peut impliquer et du fait qu’Halston n’est pas prête d’en avoir fini avec cette histoire pour l’heure. “Si on incrimine la mauvaise personne, même en s’en rendant compte rapidement, le véritable coupable a toutes les chances de s’en sortir.” Parce qu’ils auront perdu toute crédibilité, parce que l’affaire aura été souillée, parce que plus personne ne jugera pas bon de s’occuper de ce cambriolage qui nécessite autant de ressources alors qu’il y a bien pire à s’occuper ailleurs. “Je peux te demander de regarder les photos une dernière fois ?” Dans cette pièce, elles ont encore tout le temps du monde, et elles devraient en profiter.
The worst is behind Halston Hargreeves & @"Charlie Villanelle"
La possibilité d’une convocation des deux hommes pour enregistrer leurs voix ne la ravissait pas, parce que cela signifiait que l’enquête allait encore s’étendre et donc qu’elle allait devoir revenir. Elle aurait bien évidemment préféré n’en choisir qu’un seul, mais elle ne pouvait pas se forcer à choisir alors que les deux profils étaient trop similaires pour qu’elle n’arrive à les départager. L’inspectrice lui disait qu’ils n’auraient pas les moyens de les poursuivre les deux suspects à la fois, elle ne pouvait pas se dire surprise, s’ils les avaient ils auraient certainement attrapé le cambrioleur restant bien plus vite. Au fond d’elle, Halston pensait que cet homme aurait même pu être arrêté avant d’avoir mis les pieds chez elle, si les collègues de Charlie s’étaient suffisamment activés, après tout ils étaient déjà sur sa piste, c’était ce qui avait mené Muiredach jusqu’à son domicile. Les pensées de la brune ne devaient pas parvenir jusqu’aux oreilles de la blonde, c’est pour cela qu’elle préféra plutôt l’interroger. « Le premier cambrioleur ne peut-il pas être confronté à ces deux hommes ? » Observer leurs réactions pourrait peut-être aider, mais Charlie pourrait lui dire que le prisonnier fera exprès de pointer du doigt celui qui n’était pas son complice. Après tout ils n’avaient pas réussi à en tirer quoique ce soit jusque-là, du moins de ce qu’elle avait compris. La directrice de l’agence de stars ne comprenait pas comment il pouvait être capable de rester silencieux, de ne pas craquer. Elle se souvenait parfaitement de tout le stress qu’elle avait ressenti aux côtés du FBI, alors qu’elle n’était aucunement responsable de l’homicide qui s’était déroulé dans son hôtel. L’américaine aurait rapidement put délivrer des détails sur celui qu’elle soupçonnait être le meurtrier, si les menaces de celui-ci ne lui avaient pas planées au-dessus de la tête. Elle ferma ses yeux quelques secondes, comprenant finalement le parti pris par celui qui avait dérobé sa robe. Une compréhension qu’elle n’aimait pas avoir, puisqu’elle avait presque l’impression qu’elle ressentait de l’empathie pour lui. Halston mentionna de nouveau Diana, Charlie l’informa que la rouquine devrait désigner la même personne qu’elle, elle comprit qu’il n’y aurait pas de procès si elles n’arrivaient pas à se mettre d’accord.
L’envie de soupirer était forte, mais malvenue. Le besoin d’assurances de la police était rationnel, mais l’américaine n’aimait pas entendre le terme innocent, si cet homme s’était retrouvé au commissariat, ce n’était certainement pas par pur hasard. Aucun des deux n’était une blanche colombe, elle n’avait donc pas vraiment de remords à l’idée qu’ils soient retenus tous les deux. L’opinion de Charlie différerait sûrement de la sienne, parce qu’elle s’était persuadée qu’elles étaient le jour et la nuit. Elle ne voulait pas rendre cette conversation épineuse, elle continuait donc de garder ses avis pour elle, une discrétion qui lui demandait plus d’efforts qu’à l’accoutumée, sa sécurité et celle de son bébé étant en jeu. Halston ne savait pas quelles étaient les probabilités qu’un cambrioleur ne vise plusieurs fois la même personne, même si elles étaient maigres le fait qu’elles existent étaient déjà de trop. « Il est déjà libre depuis trop longtemps. » Cette réflexion s’échappa de ses lèvres, elle n’était plus sûre de réussir à rester aussi calme et réservée. Elle frissonna soudainement en se souvenant de ce que le criminel s’apprêtait à faire, avant d’être contraint à la fuite. « Il n’allait pas se contenter de nous voler, il voulait me dénuder, dieu seul sait ce qu’il m’aurait fait si l’inspecteur McLeod n’était pas intervenu. » Il fallait que cela sorte, elle ne savait pas si ces informations figuraient sur les rapports en sa possession, mais elle avait la désagréable sensation que Charlie prenait presque cette affaire à la légère. « Après les deux agressions sexuelles que j’ai subies, c’était beaucoup trop. » Cette confession était sortie de façon brutale, elle n’arrivait pas à croire qu’elle venait de la faire à elle, alors qu’Eddie n’était même pas au courant, cela le rendrait doublement fou de ne pas connaître ces autres épisodes traumatiques de sa vie. Halston avait porté plainte contre ce récidiviste, elle ne savait pas ce qu’il était advenu de lui, elle se doutait juste qu’il devait toujours être libre. Elle désirait se lever et quitter ce commissariat, mais Charlie lui avait demandé de regarder les photos une dernière fois. La brune serait venue pour rien si elle n’arrivait pas à n’en choisir qu’une seule, mais regarder ces clichés plus longtemps ne l’aidait pas. Comment était elle censée faire un choix, alors qu’elle n’avait rien vu de son visage mis à part ses yeux ? « Je n’arrive pas à n’en retenir qu’un. » Peut-être qu’elle devrait partager ce fardeau avec son actrice, en fin de compte. « Diana vous sera sûrement plus utile. » Elle s’excusa intérieurement auprès d’elle de vouloir lui faire subir ça et quitta sa chaise, malgré cette initiative Halston chercha un accord tacite à travers le regard de son interlocutrice.
« Le premier cambrioleur ne peut-il pas être confronté à ces deux hommes ? » Charlie ne laisse pas l’ombre d’un doute quant à sa réponse: elle balance déjà sa tête de droite à gauche pour signifier que non, elle ne peut pas confronter le premier interpellé aux deux possiblement soupçonnés. Cela n’aurait aucune force devant la justice, et, surtout, cela serait purement subjectif. Avec son métier, elle apprend qu’elle ne peut pas autant faire confiance en l’humanité qu’elle le voudrait, et cela s’applique tout particulièrement au sujet des suspects. Ils ont besoin de preuves, pas d’un possible argument qui serait démonté en une seconde par le moindre avocat, même le moins doué du lot. “Non. On ne peut pas faire aussi simplement que ça.” Ils ne sont pas dans une série télé alambiquée, voilà ce qu’elle a envie de lui dire et, surtout, de lui faire comprendre. Ils se basent sur des faits, et aucun Sherlock n’est dans l’équipe pour tout solutionner. “J’aurais aimé.” que la jeune femme tente tout de même d’ajouter, pour lui faire comprendre que leurs différents n’entrent pas en compte maintenant qu’elle est au sein du poste de police et Charlie dans ses heures de travail.
« Il est déjà libre depuis trop longtemps. » “Je sais Halston.”
Son ton ne monte pas, son agacement ne se fait pas entendre non plus, mais elle se doit tout de même de statuer que l’agent de star ne vient pas avec la science infuse jusqu’à eux. C’est son quotidien que de voir des gens échapper à la justice et d’autre se faire attraper, elle sait très bien à quoi la réalité des choses ressemble. Bien plus qu’Halston, pour ce que ça vaut. « Il n’allait pas se contenter de nous voler, il voulait me dénuder, dieu seul sait ce qu’il m’aurait fait si l’inspecteur McLeod n’était pas intervenu. » Et c’est un détail que l’inspecteur McLeod n’a pas partagé à qui que ce soit, raison pour laquelle Charlie remonte rapidement ses yeux sur Halston. Pardon ? C’est un détail que Muiredach aurait dû noter dans le dossier, parce qu’il rabat complètement les cartes, mais Charlie ne peut décemment pas tenir de tels reproches à l’égard de son collègue face à une tierce personne. Ce n’est pas l’empathie au sujet d’Halston qui gagne du terrain, mais bien de l’agacement face à l’apparente médiocrité de son collègue. C’est un fait aggravant qui, une fois notifié, pourra aggraver la peine du cambrioleur et agresseur. « Après les deux agressions sexuelles que j’ai subies, c’était beaucoup trop. » - “Tu as porté plainte ?” Elle réfléchit en tant qu’inspectrice Fawcett, et non comme Charlie. Elle ne veut pas se demander si Eddie est au courant, elle ne veut pas se demander les conséquences sur sa vie privée et personnelle, ni même sur la façon qu’elle a de voir le monde. Elle ne veut pas s’impliquer personnellement, et ce sont justement les raisons pour lesquelles ils ne sont pas supposés travailler sur des affaires qui impliquent des personnes de leur entourage plus ou moins proche. “Je suis désolée, ça n’aurait jamais dû arriver.” Pas même une seule fois, certainement pas deux, et encore moins trois.
« Je n’arrive pas à n’en retenir qu’un. Diana vous sera sûrement plus utile. » Elle l’espère. Maintenant, il ne leur reste que Diana Sadler et, avec elle, l’espoir de mettre la main sur le coupable, dont les chefs d’accusation viennent de grandir. “Merci. Je verrai avec mademoiselle Sadler pour la suite.” Elle ne transmet pas ses doutes à Halston, consciente qu’elle n’aura de toute façon pas le pouvoir d’agir sur les événements d’une quelconque façon. La voyant déjà lever, Charlie prend tout de même le temps de lui donner l’autorisation de sortir de la salle, ne serait-ce pour lui rappeler qu’elle n’est pas au dîner du coin. “Je te tiens informé s’il y a la moindre avancée dans l’enquête.” Comme elle l’aurait fait avec n’importe qui.