Is that a stalemate ?

@Hélène Styx & Sara Gutiérrez
UA 31 octobre 1946, croisière sur le Narelle, bibliothèque

Ce n'est pas la première femme que je vois passer en courant devant moi depuis que le chaos s'est emparé du bateau. Blonde, bien plus grande que moi malgré ma carrure large, elle hurle d'une voix si aigue que je me sens soulagée dès l'instant où une distance raisonnable nous sépare. Je ne sais pas pourquoi elle court. Peut-être a-t-elle vu un monstre – il paraît qu'ils ont envahi le bateau depuis le discours du Capitaine –, à moins que ce soit simplement la peur qui la pousse à s'agiter sans but et à fuir un ennemi invisible. Lorsqu'elle est passée devant moi, il ne m'a fallu qu'une seconde pour remarquer ses yeux écarquillés par l'effroi et sa mine pale : quelle que soit la raison de sa course, je n'ai nul doute sur la terreur qui l'animait.

Ô, elle n'est pas la seule à avoir peur. Des passagers effrayés, j'en ai vu passer des tas depuis mon refuge, et même des membres de l'équipage. Tout le monde n'a pas les nerfs assez solides ni le courage suffisant pour affronter une telle situation. Certains réagissent par la fuite, courant vers Dieu-ne-sait-où, échappant à des monstres imaginaires ou peut-être bien réels. D'autres ont simplement sauté par-dessus bord, je les ai vus. Peut-être espéraient-ils s'emparer d'un canot de sauvetage et s'échapper ainsi, mais rien n'est plus incertain que ce plan. Et puis enfin, il y a ceux qui fuient. Moi j'ai fui. Me repliant vers la bibliothèque dès la fin du discours du capitaine, j'ai profité du fait que la plupart des passagers et passagères se dirigent vers le pont extérieur ou leurs cabines – souhaitant sûrement y récupérer leurs objets de valeur avant de s'enfuir. J'y demeure depuis, prostré dans ce que j'appellerai de la résilience – d'autres parleraient de lâcheté.

J'ai vu passer tout un tas de personnes avant cette petite brune à la robe déchirée et tâchée de sang. Mon regard s'accroche à sa silhouette mais elle ne semble pas se soucier de moi. Elle crie « Faust ! » en entrant dans la pièce, et je suppose que c'est un prénom. Elle cherche quelqu'un. Un membre de sa famille peut-être, ou un amant. Elle ne semble pas blessée, j'en déduis que le sang sur ses vêtements n'est pas le sien. Au bout de son bras pend un sabre dont la lame usagé est tâché d'hémoglobine séché, comme s'il avait poignardé quelque chose récemment. C'est à cet instant que je me dis que je devrais peut-être m'éclipser. J'ai vu des personnes prises de coup de folie terrifiant depuis que le bateau est pris d'assaut par les éléments, je refuse d'être victime de l'un d'eux, même si ce petit bout de femme ne me semble pas bien terrifiant – elle ne le serait pas du tout si elle n'avait pas une lame comme prolongement de sa main droite. Quelques bruits de pas me font tourner la tête, une blonde apparaissant dans mon champ de vision, entrant à son tour dans la bibliothèque. Son arrivée attire l'attention de la petite brune qui fait volte-face, et aussitôt ses yeux s'arrondissent. Je vois sa main se crisper sur le sabre, un mouvement léger mais perceptible, et je fronce les sourcils. Elles se connaissent, en tout cas c'est ce que je suppose face à cette réaction singulière. « Hélène ? » Elle a l'air sûre d'elle lorsqu'elle pose un prénom sur ce visage doux, et moi je fais un pas vers la porte de sortie. « Je ne savais pas que tu faisais cette croisière à bord du Narelle. » Il y a quelque chose dans l'air, quelque chose de mystérieux et d'étrange, qui me pousse à les laisser seules toutes les deux. Sait-on jamais que le sabre serve contre un autre humain.

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Hélène Styx & @Sara Gutiérrez
UA 31 octobre 1946, croisière sur le Narelle, salle de bal/bibliothèque

C’était la panique à bord. Depuis le message du capitaine du navire, des passagers courraient partout. Les membres de l’équipage étaient surmenés. Ils devaient répondre aux demandes, souvent brutales, des paniqués lorsqu’eux même devait paniquer. C’était un petit peu l'Inception de la panique. Hélène, elle, était dans un coin, un verre à la main. Dire qu’elle n’était pas paniquée ou du moins, avait une tension élevée serait faux. Elle paniquait aussi, mais elle ne laissa rien paraitre. Sauf qu’à un moment, les mouvements de foule avaient eu raison d’elle et une fois son verre terminé, elle était partie de la salle du bal.  

Sa balade fut fructueuse. Elle avait trouvé dans une salle où elle s’était éclipsée et non cachée, un sabre et une carte. Elle avait pris le premier car il fallait bien se défendre et la deuxième car, cela pouvait peut-être lui servir. A présent, la blonde arpentait les couloirs du bateau, ne sachant pas trop où aller. Elle apprécia que sa tension eût l’habitude de jouer aux montagnes russes avec l’affaire dans laquelle elle avait trempé. Son pauvre mari de 10ans de son ainé, malheureusement mort d’une crise cardiaque. Et elle, pauvre veuve, pleine aux as maintenant. Elle avait tellement été sous les feux de la presse, à ce qu’on la soupçonne sur une potentiel meurtre qu’on lui attribuait. A juste cause, mais elle ne pouvait rien laisser passer. Son cœur avait connu des montagnes russes également à ce propos. C’était comme un entrainement. Sauf qu’à présent, si elle était sous les feux de la presse, cela serait soit parce qu’elle est morte, soit parce qu’elle serait survivante. Hélène voulait vraiment être de cette deuxième catégorie.  

Hélène ne savait pas vraiment où aller. Elle avait l’impression de tourner en rond. Et c’était peut-être le cas. Tout se ressemblait dans ces couloirs : des passagers en panique, des membres d’équipages surmenés et de la panique, encore et toujours. Un peu fatiguée, physiquement, mais aussi par la situation, la blonde rentra dans la première salle qu’elle vit : la bibliothèque. Elle marcha doucement pour deux choses : elle ne voulait pas se faire voir et par respect. Dans une bibliothèque, on se tait et on ne fait pas de bruit. Cela serait préférable si son sabre ne tapait pas dans les meubles. Cependant, ce n’était pas la seule chose qu’elle comprit : elle n’était pas seule. Tout doucement, elle vit une femme brune de dos. Elle lui avait l’air familière jusqu’à ce qu’elle se retourne et déclare le premier mot, à savoir : le prénom d’Hélène.  

- Sara ?  

On aurait presque dit un écho. La blonde vit que sa camarade avait fait un mouvement vers son sabre. Elle fit de même. Elle connaissait peut-être la femme, si cette dernière l’attaquait, elle allait se défendre. Cependant, elle ne semblait pas vouloir l’utiliser. Enfin, la française espérait.  

- Je ne pensais pas te voir. Disons que la croisière est assez... coûteuse.  

Hélène avait bien accentué ce mot pour bien faire comprendre à quiconque qu’écouterais que, peut-être, Sara n'était pas aussi riche qu'elle voulait le faire croire. Enfin, ce n'était pas son problème, et même la brune l’aidait à cacher son secret. Après un souffle, la blonde s’apaisa.  

- Je suppose qu’on n'aura pas besoin de nos sabres l’un envers l’autre n’est-ce pas ?  

Cependant, elle n’enleva pas complètement sa main. La méfiance est mère de sureté après tout.  

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@Hélène Styx & Sara Gutiérrez
UA 31 octobre 1946, croisière sur le Narelle, bibliothèque

À force, Sara a presque oublié qu'un sabre pend à son bras. C'est le son criard de sa lame contre le sol qui le lui rappelle, le même qui la pousse à se demander pourquoi. Pourquoi elle l'a gardée, cette arme dont elle ne sait pas se servir et qui attire facilement des regards méfiants ? Pour faire les pieds au flic à qui elle l'a piqué. Pour lui prouver qu'il avait tort. Pour se défendre, aussi, dans l'absolu – si tant est qu'elle soit capable de s'en servir. Peut-être bien que ça la rassure, d'avoir un sabre au bout du bras. Peut-être que ça l'aide à se sentir plus puissante alors qu'autour d'elle tout fout le camp. Faust a disparu, il lui manque et elle s'inquiète. Elle a vu un trou si grand dans la jambe de Winston qu'elle se demande quel genre d'animal est capable de faire ça – le déni concernant cette histoire de bunyip est tenace, chez la jeune Gutiérrez. Et pour couronner le tout, Cesar rôde toujours dans le bateau et est une menace permanente, détenant cette vérité que Sara dissimule par des efforts de chaque instant.

Décidant de ne se concentrer que sur un problème à la fois, la brune se met en tête de retrouver son fiancé. Certains objecteraient que c'est uniquement son porte-monnaie richement garni qu'elle refuse de perdre, mais l'inquiétude qui lui tord les tripes n'est pas liée qu'à ça. Il y a aussi l'attachement qu'elle a pour lui, ce lien qu'ils ont créé, cet amour qui est né – elle y croit Sara, mais peut-être que ça ne convaincra pas tout le monde. Qu'importe. Seul compte Faust, et plus particulièrement son absence à laquelle elle ne peut se résoudre. Il est forcément quelque part sur le bateau. Et puisqu'elle ne l'a pas trouvé dans la salle de pilotage – un choix logique compte-tenu du côté rationnel de son futur époux –, elle a songé à une autre pièce dans laquelle il aurait pu se réfugier : la bibliothèque.

C'est donc tout naturellement que Sara s'y rend, son sabre toujours au bout du bras comme s'il allait la protéger – mais de quoi ? « Sara ? » De ça, peut-être. D'un souvenir du passé, d'une de ces personnes qui savent. C'est Sara qui a prononcé le nom de cette connaissance de longue date la première, à défaut de fuir lorsqu'elle l'a reconnue – dans une bibliothèque à ce point silencieuse, ça aurait été tout sauf discret. Et elle s'est tendue, la douce brune, en reconnaissant ces traits familiers. Une partie d'elle craint sans doute que la vérité éclate, raison pour laquelle – inconsciemment – la crispation de la jeune femme va jusqu'à sa main qui enserre un peu plus fermement le manche du sabre. En face d'elle, alors que Sara fait remarquer qu'elle ne s'attendait pas à la trouver sur le Narelle, son interlocutrice fait de même. Elle aussi, elle a un sabre. Tant de membres de l'équipage que ça s'en sont équipés avant de monter à bord ? « Je ne pensais pas te voir. Disons que la croisière est assez... coûteuse. » Oh la garce. En quelques mots, une remarque seulement, Hélène parvient à lui rappeler qu'elle sait. Et ça suffit à faire accélérer le palpitant de Sara qui se sent agressée, et par conséquent dans l'obligation de se défendre – avec des mots uniquement. « Je profite que mon fiancé soit vivant pour partir en croisière avec lui, tu peux le comprendre j'en suis sûre, » minaude-t-elle avec un sourire un brin niais, de ceux que font ces dames lorsqu'elles sont si amoureuses de leur cher et tendre – si tant est qu'il soit riche et proche de la mort, n'est-ce pas ? « Je suppose qu’on n'aura pas besoin de nos sabres l’un envers l’autre n’est-ce pas ? » Tandis que la blonde desserre un peu sa prise sur son arme, Sara fronce les sourcils. Si elles se couvrent mutuellement, elles n'ont pas de raison de s'agresser... N'est-ce pas ? C'est ce qu'elle compte bien vérifier avant d'éloigner sa main de son arme, en tout cas. « Ça dépend... Est-ce que tu comptes encore faire des allusions aussi stupides ? » Et véritables – il est là tout le problème.

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Hélène Styx & @Sara Gutiérrez
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Hélène ne savait pas ce qui l’embêtait le plus : la panique à bord ou l’évènement qui avait conclu à cette panique. Elle aurait pu s’amuser un peu plus longtemps. Elle aurait fait les yeux doux à d’autres hommes. Peut-être que cette fois-ci, elle le garderait. Bien qu’aucune preuve n’eût été contre elle, la blonde portait son surnom de veuve noire pour une raison. Enfin, à présent, la voilà dans les couloirs à bord des toutes ces personnes qui ne la bousculèrent pas que grâce au sabre qu’elle avait à la hanche. Elle avait dû sacrifier un bout de sa robe pour cela, mais au point où elle était, cela ne l’intéressait plus. D’ailleurs, qui a eu l’idée d’apporter un sabre sur une croisière à part un dangereux psychopathe ? Avait-il prévu tout cela ? Peut-être était-ce lui qui avait provoqué tout ça. Mais Hélène ne voulut pas en penser davantage.

A présent, la française s’était réfugiée dans la bibliothèque. A première vue, elle était vide, mais en écoutant bien, on pouvait entendre qu’elle était peuplée. Hélène ne pouvait pas leur en vouloir. N’importe qui se cacherais pour espérer survivre. Ou pour attendre sa mort qu’importe. Bien consciente du sabre à sa taille, la blonde tomba sur une vieille connaissance qui l’avait reconnu directement. Elle ne pouvait pas faire mine qu’elle ne la connaissait pas car déjà, la jeune femme l’avait reconnu, puis Hélène avait dit son prénom. De plus, toutes les deux avaient fait des réflexions assez poussées sur la vie l’un de l’autre. La blonde vit le sourire de la brune lorsqu’elle évoqua son mari encore vivant. Elle-même ne put sourire à cette mention. Quelle pimbêche. Hélène regarda les ongles de sa main libre avant d’ajouter en regardant Sara d’un air mesquin.

- Je ne vois pas de quoi tu parles. Mon pauvre mari, respecte sa mémoire.

Le cœur d'Hélène ne battait pas des taux d'adrénalines car elle savait que Sara ne pourrait la dénoncer sans que la française la dénonce elle-même. Ce qui l'aidait peut-être avec cette histoire de sabre. Décidément, combien de personnes avaient embarqués avec une telle arme à bord.

- Tu es taquine ma chère, sachant que toi-même tu en fais des allusions.

Sara était méfiante. Faut dire que la blonde l’était également, et sachant qu’elle gardait un secret important l’une sur l’autre, la méfiance était de bon augure. Cependant, ce n’était pas ça qui allait aider les deux femmes dans cette situation. La main toujours sur son sabre, mais avec un air plus détendu voire blasée, Hélène ajouta en montrant aux alentours :

- Tu sais ce qui se passe toi ? Je veux dire précisément parce qu’à part ce message du capitaine et de la panique, je n’ai quasiment rien vu.

Hélène tourna le dos à Sara, elle regarda la bibliothèque. Peut-être avait-elle vu quelque chose, mais ne l’avait pas capté sur le coup. Mystère et boule de gomme. Seul Sara pourrait, peut-être, l’éclairer. 

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À peine leurs prénoms échangés, Hélène passe à l'attaque. Car oui, la Gutiérrez considère son allusion à ses difficultés financières lorsqu'elles se sont connues comme une agression. Et elle ne compte pas pas se laisser faire, qu'importe ce qui les lie. Courber l'échine n'est pas dans ses habitudes, au contraire elle a toujours tenu à garder la tête haute, même lorsque ses conditions de vie lui auraient donné toutes les raisons de regarder le sol et de se sentir misérable. Elle ne l'est pas, refusant d'imaginer que son destin est de rester coincée dans cette situation. Se coucher le ventre vide, devoir cumuler des boulots où on la traite comme une moins que rien, douter chaque mois de pouvoir conserver un toit au-dessus de sa tête... Non, ça ne pouvait pas durer indéfiniment. La Gutiérrez a toujours visé plus haut que ça, quitte à passer par des moyens... Contestables. Séduire un homme pour son patrimoine, est-ce vraiment un crime si elle le comble de bonheur sur tous les plans qui ne sont pas monétaires ? Selon elle, non, c'est de la stra-té-gie.

Alors Sara réplique, mentionnant le mari de son interlocutrice car elle sait la vérité. Elle sait qu'Hélène l'a tué, veuve noire dont le surnom est terriblement justifiée. Et si la brune se fout bien des raisons qui l'ont poussée à agir ainsi – qu'elle gère son couple comme elle le souhaite, ce ne sont pas ses oignons –, elle a bien conscience que c'est un meurtre et elle n'hésitera pas à s'en servir contre la veuve si cette dernière décide de trahir son secret. Sa remarque a d'ailleurs ce but clair : faire savoir à la blonde qu'elle n'est pas la seule à pouvoir foutre en l'air les projets de l'autre. « Je ne vois pas de quoi tu parles. Mon pauvre mari, respecte sa mémoire. » La mine qu'affiche Hélène la fait sourire, mais elle roule des yeux pour lui signifier que ce n'est pas elle qu'elle va duper avec une telle requête. Elle n'aurait pas à respecter la mémoire du défunt si son épouse ne l'avait pas assassiné, n'est-ce pas ?

Parlant d'assassinat, Hélène suppose – à raison, espérons – qu'elles n'auront pas à en venir à de telles extrémités malgré leurs sabres. La Gutiérrez objecte qu'elle se tiendra à carreaux à condition que l'autre cesse ses remarques déplacées – celles qui menacent de révéler ce qu'elle tient à garder secret. « Tu es taquine ma chère, sachant que toi-même tu en fais des allusions. » Sara laisse échapper un petit rire. « Je ne fais que te rendre la pareille, très chère. » Bien sûr qu'elle n'allait pas se laisser faire, à quoi s'attendait-elle ?

Doucement, la main de la brune desserre le manche de son arme, après tout elles semblent avoir trouvé un terrain d'entente. Si chacune garde le secret de l'autre, elles n'auront pas à en venir au main, et c'est tout ce que souhaite la future Wheeler. « Tu sais ce qui se passe toi ? Je veux dire précisément parce qu’à part ce message du capitaine et de la panique, je n’ai quasiment rien vu. » Elle hausse les épaules, pas certaine d'avoir énormément d'informations à lui donner à ce sujet. « Il y a des passagers qui disent qu'ils ont vu des monstres sur le bateau. Il paraît que c'est comme dans la légende. Mais moi j'en ai pas vu, » ajoute-t-elle, trahissant son scepticisme par rapport à cette histoire dont elle ne connaissait rien avant le discours du Capitaine au dîner. Un conte auquel elle a du mal à croire, sans surprise. « Je sais que certains sont partis à la recherche du crâne dont le Capitaine a parlé. » Et elle trouve ça absurde, pour être honnête.

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Hélène Styx & @Sara Gutiérrez
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A peine les vives présentations, si on pouvait appeler ça comme ça prononcées, Hélène ne s’était pas laissé faire. Il fallait dire qu’elle avait son petit caractère, son mari, paix à son âme, en avait la preuve. Cela ne dérangeait pas la blonde, elle n’allait pas être désolée de ce fait. Cependant, il fallait dire que face à elle, il existait une femme qui ne se laisserait pas faire non plus. Hélène n’en attendait pas moins. Lorsque cette dernière avait faire référence à ses difficultés financières, Sara avait elle-même sortir les crocs en parlant de feu, le mari de la française. La blonde ne put s’empêcher de sourire. Décidément, cette soirée allait de plus en plus en décadence. Ou en plus intéressante, cela dépendait de la vison qu’on en avait. Heureusement pour elle, la brune sourit à la remarque sur le mari d’Hélène. Elle préféra se faire couper la langue que de l’avouer, mais cela avait rendu la blonde joyeuse. Malgré leur différent secret et toute la situation, les deux femmes avaient encore une espèce de lien entre elles. Même le rouleau des yeux de la brune fit sourire Hélène. Ainsi que ces répliques aux piques que la blonde lui envoyait.  

« Je ne fais que te rendre la pareille, très chère. »  

Le très chère accentué fit doucement rire Hélène. Voilà pourquoi elle l’appréciait et qu’elle savait qu’elle n'était absolument pas en danger. Bien que leur intérêt ne soit pas les mêmes, elles avaient le même caractère. Impitoyable. C’était pour cela qu’elle s’était permise un relâchement et une demande d’explication sans vraiment regarder son interlocutrice. A sa réponse, Hélène la regarda un peu étonnée.  

- Des monstres ? Ce qui ne faut pas entendre.  

Puis Sara parla des pilleurs de trésors et de survivants, comme on voulait les appeler. Hélène fit une moue qui voulait tout dire sur sa pensée sur la folie dans laquelle le bateau était tombé.  

- Si tu veux mon avis, certains veulent juste fouiller dans les cales et voler des affaires précieuses. Tout ça, c’est pour se cacher.  

En voulant faire un mouvement pour montrer le bateau, elle sentit son sabre. Cela lui rappela qu’elle l’avait encore à la main. Elle le remit à sa ceinture et après un léger silence dans laquelle elle pensait, Hélène déclara :  

- Cela dit, j’ai cru voir des personnes en sang. Mais cela doit être la panique des passagers qui a causé tout ça.  

Cela ne pouvait être que ça. Des monstres ? Sérieusement ? Et pourquoi pas des sirènes chantantes et cannibales tant qu’on y est.  

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Qu'importe les souvenirs d'enfance que la blonde et elle partagent, Sara n'a pas l'intention de la laisser lui mener la vie dure. Elle a fait trop d'efforts pour acquérir ce qu'elle a aujourd'hui, ce n'est pas pour qu'Hélène les réduise à néant sous prétexte qu'elles se connaissent depuis plus d'une décennie. Alors les voilà qui se lancent des piques dont les sous-entendus, pour toute personne avertie, ont tout de menaces. La pire menace qui soit pour ces deux femmes dont la réussite actuelle repose sur un mensonge plus grand qu'elles : celle de dévoiler le secret de l'autre. Néanmoins, la Gutiérrez n'a pas l'intention d'en arriver à une telle extrémité si l'autre ne l'y pousse pas. Si elles se montrent toutes les deux raisonnables, il n'y a pas de raison que ça dégénère, n'est-ce pas ? Hélène semble d'accord avec cette idée, si bien qu'une sorte de trêve s'installe entre elles, les incitant à ne plus tenir avec autant de fermeté leur arme.

De toute façon, dans une situation aussi catastrophique, il vaut sans doute mieux se serrer les coudes. Dehors, les éléments se déchaînent, faisant tanguer le Narelle avec violence. Sur le bateau, tout le monde s'affole, des touristes aux membres de l'équipage. Il y a des pleurs, des cris, du sang parfois... Et puis, même si Sara a bien du mal à y croire, elle a entendu dire que des monstres ont envahi le bateau – c'est en tout cas ce qu'affirme Winston, ainsi que certains inconnus affolés courant dans tous les sens. « Des monstres ? Ce qui ne faut pas entendre. » La brune est bien d'accord, peinant à se dire que toute cette légende – qu'elle ne connaissait pas avant le discours lunaire du Capitaine – puisse être réelle. Le crâne, les bunyips, la malédiction... Non, ça n'a pas de sens cette histoire. « Si tu veux mon avis, certains veulent juste fouiller dans les cales et voler des affaires précieuses. Tout ça, c’est pour se cacher. » Elle fronce légèrement les sourcils. « Et le Capitaine serait complice de ça ? Tu penses que les membres de l'équipage sont dans le coup ? » C'est dingue quand même, de prendre le risque d'en faire autant pour fouiller dans les cales à la recherche de biens onéreux à dérober à tous ces riches passagers. Est-ce qu'il ne leur aurait pas suffi d'y aller en pleine nuit pour ne pas se faire prendre ? Cela dit, est-ce que voler des personnes considérées comme les rois du monde de par leur fortune et leur héritage sur un bateau où ils sont concentrés, ce n'est pas un peu risqué ? « Cela dit, j’ai cru voir des personnes en sang. Mais cela doit être la panique des passagers qui a causé tout ça. » Elle trouve ça plus plausible que des histoires de monstres mangeurs d'humains, en tout cas. « Ouais peut-être... » Winston a fait une sacrée connerie dans la panique, alors. « Enfin j'en ai vu un avec un trou dans la jambe, c'était une drôle de blessure pour de la panique. Peut-être qu'il s'est fait ça avec le sabre... » songe-t-elle à voix haute, avant de secouer la tête pour arrêter d'y penser. « On devrait aller vérifier les cales, tu penses ? » Chacune armée d'un sabre, elles feront peut-être même peur aux voleurs.

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La bibliothèque était calme, ce qui constatait beaucoup avec la panique qui était à l’extérieur. Un silence lourd se faisait dans la pièce. A part les moments où les deux femmes parlaient, ou s’envoyaient des piques, rien ne le brisa. De plus, les deux blondes se regardant dans le blanc des yeux donnaient un sentiment de tension silencieuse encore plus accentue. Elles s’étaient souvenues de leur passé commun sans trop l’être. Sara avait parlé du mari mort d'Hélène, et cette dernière avait suggéré les problèmes financiers de son amie d’enfance. Ls deux avaient un sourire presque gentil, mais aussi sournois. Néanmoins, ce n’était pas le moment de se rappeler des bons souvenirs ou non. A présent, il fallait se mettre en action. Première étape pour cela : comprendre ce qu’il se passait. A la mention des monstres, Hélène n’était pas convaincue et Sara semblait, elle, pas plus convaincu. Cependant, elle doutait aussi de la blonde, ce qui était compréhensible. Franchement, la française ne pouvait pas réellement croire qu’il y avait des créatures mangeuses de chair parmi la foule de personnes qui courrait paniqués. Du moins, elle l’espérait. Elle avait autre chose à faire et à penser. Lorsque la brune lui signala que le capitaine ne pouvait être dans le coup des vols tout comme les membres d'équipages, Hélène haussa les épaules,

- Qui te dit que ce ne sont pas eux qui veulent voler ? Beaucoup d’entre nous sont riches voire très riche. Elle s’arrêta, regardant Sara avant de sourire d'une manière attendu, mais ne déclara pas sa pensée. De plus, nous savons toutes les deux que l’être humain peut être stratégique pour avoir de l'argent.

Bien évidemment, la blonde parlait du stratagème de son amie qui consistait à séduire des hommes riches pour prendre dans leur porte-monnaie en toute légalement comme la merveilleuse femme qu’elle prétendait être. Ainsi que le sien ; séduire un homme, vivre avec son chéquier pendant plusieurs années avant de malheureusement mourir d’une crise cardiaque. Pauvre homme, ce n’est vraiment pas de chance. De se rappeler de ce fait mis le sourire à la blonde, mais elle se ressaisit. Surtout qu’au vu des explications, elle se rappeler des personnes en sang qu’elle avait vu. Alors comme ça, ce n’était pas la panique, mais les dit-monstres. Intéressant. Mais angoissant également. Lorsque Sara évoqua le trou dans la jambe dans un passager, Hélène ne put s’empêcher de faire la grimace avant de regarder le sabre de son amie. Quelqu'un aurait vraiment pu faire ça ? Pas son la brune, sinon, elle n’aura pas parlé de la blessure. Quoique, elle voulait peut-être prévenir Hélène de ce qu’elle pouvait faire. Non, la blonde n'y croyait pas. Surtout qu’elle lui proposa de s’allier. La blonde jeta un coup d’œil à son sabre à elle. En souriant, elle répondit à a jeune femme :

- Pourquoi pas, ça pourrait être intéressant.

Elle mit ses mains sur ses hanches et sentit quelque chose. Cela l’étonna car à part le sabre, elle n’avait rien sur elle. A moins que... Hélène mis sa main dans son décolleté, puis en sortit une carte. C’est vrai, elle l’avait oublié. En la montrant à Sara, la blonde rétorqua :

- Si on trouve quelque chose d’intéressant, on pourra partir plus facilement avec ça. Puis en se retournant, elle ajouta : Je sais. Je suis formidable.

Hélène se dirigea vers la sortie de la bibliothèque avant de se retourner pour voir si son amie la suivait. Ce dont elle était sûre. Après tout, c'est Sara qui avait proposé l'escapade dans les cales.  

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La théorie d'Hélène lui paraît tirée par les cheveux, pourtant ça a toujours plus de sens qu'une histoire de monstres venus chercher un crâne pour mettre fin à une soi-disant malédiction. « Qui te dit que ce ne sont pas eux qui veulent voler ? Beaucoup d’entre nous sont riches voire très riche. » La brune fronce légèrement les sourcils, commençant à se dire que l'idée de son interlocutrice n'est pas si idiote que ça. « De plus, nous savons toutes les deux que l’être humain peut être stratégique pour avoir de l'argent. » La remarque lui arrache un rictus en coin – le manque de subtilité l'amuse. Elle ne peut pas nier la véracité de cette remarque, mais elle ne va pas s'appesantir là-dessus. Elles savent toutes les deux que si elles sont sur ce bateau de croisière, c'est parce qu'elles ont bien choisi avec qui partager leur lit. Sauf que Sara n'est pas allée aussi loin que sa comparse et ne compte pas en arriver à de telles extrémités : elle tient trop à Faust pour songer à l'assassiner, même pour son porte-monnaie. De toute façon, son cher et tendre est d'une générosité telle que la Gutiérrez n'a pas à l'enterrer pour jouir des richesses qu'il possède. C'est d'ailleurs grâce à lui qu'ils fêtent leurs fiançailles sur le Narelle.

Petit à petit, l'idée ne lui semble plus si absurde que ça finalement. Après tout, piéger un groupe de riches sur un bateau puis leur faire peur pour qu'ils s'agitent le temps de les dépouiller... Soudainement ça lui semble évident, que l'humanité serait capable de s'abaisser à de tels stratagèmes. Pour de l'argent, bien sûr que des gens en seraient capables. C'est là que Sara se dit qu'il n'y a qu'un moyen d'en être sûre : aller vérifier. Les cales, ça lui semble être le lieu le plus logique à fouiller en premier, pour s'assurer de n'y trouver aucun voleur qui viendrait rôder autour des bagages des riches passagers et y subtiliser quelques biens. « Pourquoi pas, ça pourrait être intéressant. » La brune baisse alors les yeux vers son sabre pour s'assurer qu'il est bien en place, avant  de relever la tête vers l'autre jeune femme... Qui est en train de glisser une main dans son décolleté. Pardon ? La Gutiérrez allait lancer une remarque quand Hélène en extirpa ce qui avait tout l'air d'être une carte. Une carte aux trésors, sérieusement ? « Si on trouve quelque chose d’intéressant, on pourra partir plus facilement avec ça. » Si c'était un plan du Narelle, c'est vrai que ça leur serait bien utile pour ne pas se perdre dans les méandres de couloirs, de cabines et salles des machines qu'était le grand navire. « Je sais. Je suis formidable. » Cette fois, la brune ne peut pas se retenir de ricaner. Elle vient quand même de voir une amie d'enfance sortir une carte de ses seins. « C'est un plan du bateau ? Parce que si c'est une carte au trésor, je te préviens je me moque de toi. » Et elle n'aurait aucune honte à se montrer moqueuse, ne le niant pas alors qu'elle suit la blonde vers la sortie de la bibliothèque.

Lorsqu'elles arrivent finalement jusqu'aux cales, Sara n'a pas la moindre idée de combien de temps elles ont marché. Ce qui est sûr, c'est qu'elles ont croisé tout un tas de personnes paniqués, mais aucun monstre. Pas un seul. C'était un signe qu'elles étaient dans le vrai en refusant de croire à de telles inepties, n'est-ce pas ? Oui, ça ne pouvait pas être une coïncidence. Avançant parmi les bagages des passagers et passagères, la brune s'écarte un peu de son acolyte pour avancer parmi les allers. « Tu vois quelqu'un ? » qu'elle demande sans interrompre son avancée. Cela étant, la Gutiérrez ne peut pas s'empêcher de penser qu'elle s'en fout pas mal du fait qu'ils volent les autres personnes sur ce bateau. Tout ce qu'elle souhaite, c'est qu'ils ne touchent ni à ses affaires ni à celles de Faust. Pour le reste... Ils sont sur les mers, alors pourquoi ne pas appliquer la loi des pirates ? Ce n'est pas comme si elle n'avait jamais volée elle-même, en réalité – Winston pourrait même témoigner à ce sujet, si du moins il est encore vivant avec sa jambe trouée et bien mal en point.

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Is that a stalemate ?

Hélène Styx & @Sara Gutiérrez
UA 31 octobre 1946, croisière sur le Narelle, salle de bal/bibliothèque

Le fait de voir sa camarade, aussi bien dans le bateau que d'enfance, sourire un peu réchauffa le cœur d’Hélène. Les deux femmes pouvaient avoir des secrets l’une sur l’autre, elles avaient toujours un petit lien quel qu’il soit. De plus, la blonde n’avait pas tort, et la brune le savait très bien. Malgré le petit fait que la française avait l’air plus déterminée à avoir de l’argent pour elle-même toute seule que son amie, mais tout le monde n’avait pas l’âme assez noire pour commettre l’irréparable. Et encore heureux. Mais l’heure n’était pas à se rappeler du passé eu glorieux selon les points de vue de chacun.

Hélène avait émis l’idée de vol par les autres dans l’esprit de Sara et elle le voyait. Cela devait tourner dans le cerveau de la brune. C’était surement dans ce cas présent qu’elle lui proposa d’aller voir dans les cales. Chose que la française n’allait pas refuser. En tout cas, elle n’allait pas rester dans le fumoir en attendant que tout le monde finisse sa panique générale. Surtout qu’aussi bien elle que Sara avait un sabre. C’était donc tout bénéf. Puis, elles pourraient s’enfuir après grâce à la carte. Carte qui avait fait son petit effet. A moins que cela soit l’endroit d’où Hélène sortait cette carte. En tout cas, la brune rigolait franchement pour le coup. Cela arracha à la blonde, un petit sourire joyeux.

- Moque-toi, mais en quelque sorte. C’est une carte des iles environnantes. Ça pourrait nous aider à ne pas finir en sushis pour les requins.

Dans tous les cas, moqueries ou non, les deux femmes sortirent du fumoir et s’avancèrent dans les couloirs du bateau qui était toujours en panique. Enfin, peut-être que de voir deux femmes avec des sabres n’était pas non plus rassurant, mais la blonde s’en moquait.

Une fois dans les cales, Hélène remarqua qu’a par des touristes paniqués, elles n’avaient pas croisé grand monstre avec Sara. Son idée n'était peut-être pas si bête que ça. Dans tous les cas, maintenant qu’elle y était, il fallait trouver une solution. La brune lui posa une question. La française regarda autour d’elle avant de secouer la tête.

- Aussi seule que ma belle personne.

Hélène se retenu de rire voire de sourire. Il fallait vraiment avoir un humour très noir pour commenter sur ça. En tout cas, autre la blague pas si drôle, la cale était vide. C’était étrange et rassurant. Pas de bruit, pas de problèmes. Mais justement, peut-être que pas de bruit car gros problème à l’horizon. Néanmoins, la blonde n’en tenait pas trop compte. Elle faisait attention à son alentour, mais les sacs étaient très attirants. De plus, un beau collier dépassait. Discrètement, Hélène le prit et le mit à son cou. Puis, elle le glissa dans son décolleté avec un clin d’oeil à son amie. Soudain, un bruit. Mais rien à l’horizon. Du coup, tout était possible. Tout comme les monstres par exemple. Mais était-ce vraiment le cas ?  

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@Hélène Styx & Sara Gutiérrez
UA 31 octobre 1946, croisière sur le Narelle, bibliothèque

La confiance débordante de son amie d'enfance fait ricaner Sara lorsqu'elle la voit sortir un objet de son décolleté. Une carte, plus précisément. Elle compte partir à la chasse au trésor, peut-être ? Si tel est le cas, la Gutiérrez ne la suivra pas. Elle doit retrouver son fiancé, c'est bien plus important à ses yeux qu'une fantaisie illusoire comme celle vendue par le Capitaine au début du chaos. Contrairement à ce crâne qu'il affirmait à l'origine d'une malédiction, la fortune de Faust n'a rien d'une invention. Et pour ce qui est de la carte... Non mais vraiment, à quoi elle peut bien lui servir sa carte ? « Moque-toi, mais en quelque sorte. C’est une carte des iles environnantes. Ça pourrait nous aider à ne pas finir en sushis pour les requins. » Cette fois, la brune affiche une mine sceptique. « Si tu finis dans les eaux environnantes, les requins te mangeront, carte ou pas. » Ô, si Hélène s'attendait à ce qu'elle la laisse se bercer d'illusions, c'est mal connaître la franchise de la belle. Elle n'aura pas le temps de sortir sa carte – qui ne résiste sans doute pas à l'eau, qui plus est – que des crocs s'enfonceront dans sa jambe et qu'une créature bien plus puissante qu'elle l'entraînera vers le fond. Et ce sera un requin, pas un Bunyip, quoi qu'en disent les passagers paniqués.

Sara sait parfaitement que l'argent peut pousser à des stratagèmes fourbes, mais de là à feindre une attaque par des monstres ? Ça lui semble un peu gros, certes, mais toujours plus réaliste qu'une véritable invasions de créatures fantastiques. Winston a très bien pu se blesser seul avec son sabre – il est assez idiot pour ça, selon elle. Et pour les autres personnes blessées qu'elle a pu croiser... Oh, il suffit d'imaginer que des passagers ou des membres de l'équipage se soient battus pour l'accès aux canoés de sauvetage et cela s'explique bien plus facilement. Oui, ça doit être ça. La Gutiérrez préfère en tout cas cette hypothèse à celle de véritables bestioles se baladant sur le bateau avec elles. Il est à présent le temps de vérifier cela : armées de leur sabre – qu'elles manient sûrement très mal, pour être honnête –, les deux jeunes femmes quittent la bibliothèque en direction des cales. Elles croisent bien quelques personnes inquiètes, courant ou criant sans sembler savoir quel chemin emprunter, mais aucune bestiole sortant de l'ordinaire – parce qu'elles ne sont qu'une invention, bien sûr.

Dans les cales, Sara observe autour d'elle avec attention. Elle remonte les allées de bagages à la recherche d'un potentiel voleur, ce qui serait la preuve que la théorie d'Hélène vise juste. Mais pour l'instant, elle ne voit personne, interrogeant alors son acolyte qui ne semblait pas très concentrée. « Aussi seule que ma belle personne. » La brune roule des yeux au ciel face à ce qu'elle imagine être une blague. Hélène n'éprouve aucun remord à avoir tué son mari, c'est flagrant. Mais qu'est-ce que ça peut bien lui faire, à elle ? Rien du tout, exactement. Elle n'est pas flic, ce ne sont pas ses oignons. Et puis du moment que la veuve noire n'approche pas Faust, la Gutiérrez se moque bien qu'elle assassine tous les hommes ayant le malheur de finir dans ses draps. Cela dit, elle doute qu'Hélène recommence, ayant eu accès à bien assez de richesse grâce à son défunt mari. Une affirmation qu'elle remet en question à l'instant où elle surprend la blonde dérober un collier pour le mettre à son cou. « Tu aurais pu me proposer, je suis sûre qu'il m'irait mieux, » commente-t-elle avec un rictus en coin. Elle plaisante, bien sûr. Voler n'est pas dans ses projets à elle aujourd'hui, mais qu'Hélène fasse comme bon lui semble. Tant qu'elle ne touchait pas à ses affaires ni à celles de son fiancé, Sara fermerait aisément les yeux sur ses actes, se moquant bien de leur illégalité. Cependant, elle avait d'autres priorités à cet instant précis : retrouver les potentiels voleurs, qu'elle espère faire fuir à la simple vue du sabre – c'est bien préférable à un affrontement. « Il n'y a personne ! » s'écrit-elle, assez fort pour que son amie d'enfance l'entende. Ayant fait le tour des cales – ou plutôt étant passés devant ses bagages intacts –, elle retourne auprès d'elle. « S'il y a bien des voleurs sur le bateau, alors ils sont déjà partis. » Et s'il n'y en a pas... Alors il faudra trouver une autre théorie pour s'opposer à celle des monstres sur le bateau. « Je vais remonter et chercher mon fiancé. Tu as fini ton shopping ? » Car c'était ce qu'Hélène faisait, ni plus ni moins : elle se servait.

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Hélène Styx & @Sara Gutiérrez
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Après avoir revu son amie qu'elle n'avait pas eu en visu depuis, elle ne serait dire combien d'années, c'était beaucoup trop, Hélène et Sara était parti en direction de la cale. mais avant cela, la blonde avait sorti une carte de son décolté pour le plus grand rire de son amie. La française avait essayé de lui expliquer le fonctionnement, mais elle se rendit compte que Sara n'avait pas si tord. Néanmoins, elle essaya de se défendre.

- Rigole. Mais au moins, avec ça si on trouve un bateau de secours, on ne se la jouera pas Robinson Crusoé.

Après ce petit fort en rigolades discrets et entre amies de longues dates, les deux femmes s'étaient précipités aux cales pour essayer de trouver quelque chose. Elles étaient armés de leur sabre qu'elles avaient trouvé au bord du bateau comme si c'était absolument normal de trouver ce genre d'armes sur un bateau. Très vite, la cale leur ouvrait les bras et les deux amies regardèrent dans toutes les directions. Pour des gens qui déclaraient avoir vu des monstres mangeurs de chairs ou Hélène ne savait trop quoi, le navire était bien vide. Enfin, il y avait surtout des gens blessés et des gens qui hurlaient aux monstres, mais ces derniers ne semblaient pas vouloir se présenter. Tant pis, Hélène en profitait pour faire son shopping personnel. La brune l'avait vu glisser le collier et la regardait d'un air désaprobateur. Hélène haussa les épaules et fit un petit rire. Elle avait bien terminé la vie de son ancien mari, voler un collier ne lui faisait ni chaud, ni froid.

- Tu n'as qu'à demander à ton mari si tu veux un bijou. Il trouvera surement l'argent.

Hélène s'empêcha d'ajouter après une quelconque tromperie ou assurance vie avec le désâtre de ce bateau.
D'un seul coup, un bruit. Un monstre ? Hélène commença à douter. Mais non, juste le capitaine de bord qui devrait repasser son code bateau. Ou les vagues qui se prennent pour le jour du déluge. Dans tous les cas, pas de monstres à bord bien que Sara est posée la question. Les deux amies allaient pouvoir partir tranquillement après une question rhétorique de la part de la brune auquelle Hélène ne répondit pas. D'un seul coup, d'un petit air narquois, la blonde regarda Sara.

- Et sinon, ton ami ; il est comment ?

Hélène rigola quelques secondes après la blague incapable de se retenir. Honnêtement, elle s'en moquait, mais elle voulait taquiner un peu son amie qui, elle le savait, aurait eu une réaction délicieuse. La blonde fit une vague de la main en direction de Sara.

- Je rigole très chère, je rigole. Ne t'inquiètes pas, il y a bien assez d'hommes riches et..., Hélène descendit un peu plus son décolté, et pervers pour offrir de belles choses à une belle femme comme moi.

La blonde n'avait absolument aucune honte de son passé de veuve noire ou de savoir qu'elle abusé de ses charmes pour avoir des hommes dans son lit ou leur porte monnaie dans la poche. Après tout, les hommes se pensaient tous permis avec la gente féminine, il fallait bien que celle-ci en profite un peu non ? Dans tous les cas, cela n'allait pas aider dans le moment présent, mais si une personne de l'espèce masculine voulait se la jouer gentleman et secourir Hélène, peut-être au péril de sa vie, la blonde ne refuserait pas.

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@Hélène Styx & Sara Gutiérrez
UA 31 octobre 1946, croisière sur le Narelle, bibliothèque

Sara a bien du mal à percevoir l'utilité de la carte de son amie dans cette situation, ne se privant pas de lui faire remarquer qu'elle ne la sauvera pas des requins si elle tombe à l'eau. Même la riche fortune de son défunt mari et sa fourberie que la Gutiérrez pourrait presque admirer ne lui seront d'aucun secours, une fois dans les eaux profondes. « Rigole. Mais au moins, avec ça si on trouve un bateau de secours, on ne se la jouera pas Robinson Crusoé. » Masquant à merveille le fait qu'elle ne sait pas qui est ce Robinson Crusoé – un marin perdu, sans doute –, la brune esquisse un sourire. « J'espère que tu trouveras un bateau, alors. » En attendant, ce qu'elles espèrent trouver ce sont des voleurs dans la cale : cela expliquerait de façon bien plus rationnelle pourquoi le Capitaine a tenu à donner un tel discours au moment du dîner, créant un chaos sans nom à bord du Narelle.

Pourtant elles n'y trouvent rien d'autre que des bagages à perte de vue, certains sans dessus-dessous à cause des vagues secouant sans merci le bateau, d'autres laissant dépasser quelque trésor. Hélène a vite fait de repérer un collier, et ne se prive pas de le subtiliser puis de le glisser à son cou. La blonde n'est pas généreuse pour un sou, apparemment, et sa comparse le souligne avec une petite moquerie. Pas qu'elle compte, pour sa part, s'adonner à de telles bassesses, mais la plaisanterie était facile. « Tu n'as qu'à demander à ton mari si tu veux un bijou. Il trouvera surement l'argent. » Faust n'a même pas besoin de le trouver : cet argent, il l'a déjà, et n'a pas attendu pour s'en servir afin de couvrir de cadeaux sa dulcinée. Au plus grand plaisir de cette dernière, bien sûr. Même la robe qu'elle porte actuellement lui a été offerte par son fiancé, en réalité. « C'est vrai. Et puis ce serait méchant de te dire de demander à l'héritage du tien de t'en offrir, » renchérit-elle avec un haussement de sourcils sans équivoque. Elle le lui laissait bien volontiers, son collier : le beau Wheeler lui en offrirait d'autres, bien plus beaux, bien plus onéreux, bien plus symboliques. « Et sinon, ton ami ; il est comment ? » Cette fois, la question arrache un froncement de sourcils à Sara qui ne peut se retenir d'être suspicieuse – elle n'a jamais été partageuse, et risque encore moins de l'être cette fois-ci. « Trop jeune pour toi. » C'est là qu'Hélène se met à rire, fière de sa plaisanterie qui n'aura fait rire qu'elle. Qu'elle se contente de son mari décédé et de sa fortune, grognait intérieurement la Gutiérrez qui avait bien l'intention de garder Faust pour elle et uniquement pour elle. « Je rigole très chère, je rigole. Ne t'inquiètes pas, il y a bien assez d'hommes riches et... et pervers pour offrir de belles choses à une belle femme comme moi. » La brune laisse échapper un petit rire, n'ayant rien loupé de la mise en valeur plus qu'explicite de son décolleté. « Je ne doute pas que tu réussiras à convaincre tous les hommes que tu souhaites, Hélène, » assure-t-elle sans une once de plaisanterie. Son amie est belle et elle le sait, elle ne lui fera donc pas l'offense de prétendre le contraire. Tant qu'elle ne s'approche pas de son fiancé, Sara se moque bien du fait qu'elle mette son grapin sur trois hommes à la fois si un seul ne lui suffit pas. « Et sur ces belles paroles, je vais te laisser et aller retrouver mon ami. » Son sourire cache toute l'inquiétude qu'elle ressent réellement pour Faust : elle a l'impression de ne pas l'avoir vu depuis une éternité. « Tu peux rester ici et voler ce que bon te semble, si ça te fait plaisir. » Une façon de lui dire qu'elle ne l'en empêchera pas ni ne la dénoncera à qui que ce soit. « J'ai été ravie de te voir, malgré les circonstances. » Et les salutations avec des sabres. « Porte-toi bien ! » lance-t-elle avec un dernier sourire, avant de quitter les lieux pour se remettre à la recherche de son fiancé. Puisse Hélène s'en sortir malgré ce chaos et vivre une heureuse vie de veuve richissime, puisque c'est ce qu'elle a décidé.

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