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Message(#)stuck at the bottom (Aleran #1) EmptyDim 20 Nov 2022 - 0:33

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Take me away in a car on a plane. This whole world keeps fucking with my brain. Take me away please give it a rest. I just need to take a break from my brain

Enfoncée dans son lit, les yeux fermés, Albane prétendait dormir, l’oreille tendue pour guetter le moment où le médecin quitterait la chambre. Idéalement, son corps déciderait de jouer le jeu et elle parviendrait à réellement dormir. Mais elle ne se voilait pas la face ; il était plus décidé à se venger qu’à lui faire des faveurs. Au moins avait-il décidé de ne pas la torturer de trop, aujourd’hui. C’était toujours ça de pris. Cela faisait quatre jours maintenant qu’elle avait été amenée à l’hôpital suite à son overdose. Elle ne se souvenait pas de grand-chose, à part de quelques flashs durant la soirée avec Reese, des cachetons avalés dans un coin de la salle de bain. Puis, c’était le trou noir. Ou plutôt, un coma provoqué par les opioïdes. Un état qui n’avait pas duré grâce à la prise en charge rapide et à la naloxone. Mais être sauvée de la mort n’avait fait que la propulser droit dans un enfer sur terre. Inévitablement, aucun médecin n’aurait été enclin à continuer d’alimenter son addiction. Et malgré la meilleure volonté à la préserver des effets du sevrage avec de la méthadone, les effets de manque s’étaient vite fait ressentir. Les derniers jours n’avaient été que fièvre, tremblements, douleurs musculaires et vomissements. Tout ce qu’elle avait repoussé et redouté pendant des mois venaient de lui tomber dessus. Mais si elle avait vécu un sacré cauchemar, ce n’était rien comparé aux regards de ses anciens collègues, à la rumeur qui s’était répandue et au fait qu’elle n’avait plus rien pour se cacher. Maintenant qu’elle recommençait enfin à ressembler à un être humain, Albane savait que les visites commenceraient, qu’elle aurait à répondre à des questions. C’était aussi ce qui la convainquait de faire semblant de dormir. Elle ne voulait pas parler, encore moins lire le jugement ou l’inquiétude dans des regards familiers. Elle redoutait encore plus de se dire qu’une fois rentrée, elle aurait des comptes à rendre et une bonne volonté rudement mise à l’épreuve.

Le bruit de la porte la fit soupirer et rouvrir les yeux. Mais là où elle avait été jusqu’ici gardée dans un semblant d’intimité, cette fois, le rideau avait été tiré. A sa gauche, elle put découvrir le visage de son voisin de chambre. Elle savait qu’il existait, avait entendu les médecins lui parler à quelques reprises et vice-versa. Il avait dû sacrément apprécier sa présence ces derniers jours quand elle hallucinait à cause de la fièvre. De quoi la faire se sentir piteuse. Et pour autant… un inconnu dans une situation aussi glorieuse que la sienne était exactement ce dont elle avait besoin pour ne pas virer chèvre. « Ce que j’adore dans ces chambres, c’est leur intimité. » Elle opta pour l’humour, quand bien même rien dans cette situation ne l’amusait vraiment. « Généralement, le rideau reste ouvert pour pouvoir garder un œil sur les patients. Quoique vous ayez dit à votre médecin, ça a pas eu l’air de lui inspirer confiance. » Elle avait été dans un trop sale état ces derniers jours pour vraiment saisir la teneur de toutes les discussions. Cela l’avait empêchée d’être trop intrusive. Tant mieux dans un sens, elle ne voulait pas savoir. Tout ce dont elle était sûre, c’était qu’elle ne devait pas avoir meilleure mine que lui. « J’imagine que ça ruine un potentiel blind date ? » Elle se remerciait au moins d’avoir eu le courage de prendre une douche le matin-même.

@Kieran Halstead


 
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Kieran Halstead
Kieran Halstead
les cicatrices de la mémoire
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stuck at the bottom (Aleran #1) MTtf4TM Présent
ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe.
SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh).
STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help).
MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels.
LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi).
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POSTS : 4054 POINTS : 200

TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡).
ORIENTATION : J'aime les jolies filles.
PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022.
CODE COULEUR : kieran bafouille en rosybrown.
RPs EN COURS : stuck at the bottom (Aleran #1) Tumblr_inline_plhd1mS2X01slbpsl_1280 halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.

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spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.

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ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.

(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres)ginny (fb)ceciliashilohwildalfly #17 (ua)danaëolive #2greta #2
RPs EN ATTENTE : flora #3
RPs TERMINÉS : stuck at the bottom (Aleran #1) MokPW9e
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kieyer ⊹ close your eyes and think of me and soon i will be there to brighten up even your darkest night. you just call out my name and you know wherever i am i'll come running, to see you again.

(2001) ichabod (2015) laila #1autumn #1raphael #2owen #2 (2016) archie #1autumn #4 (2017)archie #2 (2019) reese #1archie #3 hannahkeith (2020) sawyer #1andrew #1dylane #1eve #1raphael #1jessalyn (+ sawyer)eve #3ivy #4ivy #5lucia #1birdieprojet xelias #6eve #4ilariamolly #1hannah #2anastasiadylane #2ava #2halsey #2eve #5raphael #3raphael #4clyde #1lenamolly #2sawyer #2 (2021) ivy #6ivy #7peterjordan raphael #5anastasia #2 & raphael #6eve #6raphael #7sawyer #3ichabod #2ally #1eleonor eliotautumn #2may #1 › › lena #2louisa #1mickey #1ezracaitrionaautumn #3raphael #8spencer #1ottoautumn #5eliot #2owen #1aleisha #1 (2022) raphael #9may #2primrose #1birdie #2 & jordan #2autumn #6ivy #8autumn #7spencer #2aleisha #2autumn #8penelopeia #1caitriona #2raphael #10raphael #11autumn #9flora #1albane #1spencer #3archie #4autumn #10 (2023) halstay #11 + masonsiham #1eliot #3albane #2greta #1archie #5zoya #1zoya #2siham #2dina flora #2spencer #4birdie #3mickey #2mavisolive #1albane #3adèlebirdie #4zoya #3pénélope

autumn ua #1 (slasher)autumn ua #2 (married)jina #1 (zombie)jina #2 (zombie)lena #2 (hunger games)

abandonnés
hannah (ua) › › laila #2 (2015) miramavihalseylexcalista sashaelias #7 & ava #1fionarheareeseava #3ellisonrhea 2.0ally #2averyclyde #2olivermichaela (fb)noreenmurphy (ua)carlylena #2 (hunger games)ninajessalyn #2sawyer #4judeyaraaliyahally aliyahally #1siham #4merylannanoor ally #1laoisesiham #3anastasiavittorioaugustraphael #12vivian #1alice (fb)

RACE OF AUSTRALIA
lancementelias #1birdie & eliasjacob & eliasivy #1grace, isaac & eliassienna, gregory & eliassujet communivy #2eve #2élimination s1lancement s2elias #2ivy #3sienna #1elias #3suite s2elias #4elias #5team grisy

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AVATAR : dan cutie pie smith.
CRÉDITS : (ava) @harley ♡ (dessin) mapartche ♡ (sign) astra (gifs) @raquelsgifs, @harley, @hiddlestonss, @womenrph, @aboutstark, @marril96 (ub) @loonywaltz.
DC : finnley coverdale (domhnall gleeson) & maisie moriarty (daisy edgar-jones).
PSEUDO : leave.
Femme (elle)
INSCRIT LE : 01/03/2020
https://www.30yearsstillyoung.com/t29377-
https://www.30yearsstillyoung.com/t29503-
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Message(#)stuck at the bottom (Aleran #1) EmptyDim 27 Nov 2022 - 1:28


@ALBANE DUMAS & KIERAN HALSTEAD ⊹⊹⊹ take me away in a car on a plane. this whole world keeps fucking with my brain. take me away please give it a rest. i just need to take a break from my brain. (c) bleuhour&mikhailoaleksandr. 

⚠ tw : tentative de suicide & actes médicaux.

(TOOWONG, ST VINCENT'S HOSPITAL). Il ne sent plus rien. Il n’arrive même pas à savoir si sa bouche est sèche, si son estomac est vide ou si sa vessie est remplie. Il n’arrive pas à déterminer s’il est exténué ou parfaitement reposé. Il ignore si son corps est brûlant ou glacé. Il n’a même pas l’impression d’être étendu sur ce lit alors que son regard qui rencontre le plafond lui donne un indice de la position dans laquelle il se trouve. Il ignore si le silence est assourdissant autour de lui ou s’il n’est seulement plus capable d’entendre quoi que ce soit. Il ne sait pas s’il est prisonnier de cette léthargie ou si celle-ci est volontaire. Il n’essaie pas de bouger la moindre partie de son corps, parce qu’il ne se sent pas capable de ressentir quoi que ce soit. Il n’est pourtant pas à l’extérieur du celui-ci ; mais il n’a pas l’impression qu’il lui appartient pour autant. Il n’a pas l’impression d’être là, tout simplement et Kieran n’arrive même pas à savoir où il se trouve exactement, le regard toujours plongé sur le plafond au-dessus de lui. Il ne prend pas la même de compter les catelles, pas plus qu’il n’essaie de deviner la nuance de blanc dont il s’agit. Il regarde le mur sans le voir, n’arrivant même pas à maîtriser ses propres prunelles qu'il ne peut forcer à analyser ce qu’il se passe au-delà de ce plafond pour lui donner le moindre indice sur sa situation. Il n’arrive pas à sentir son propre cœur dans sa cage thoracique, pas plus qu’il ne perçoit sa respiration s’échapper par ses lèvres entrouvertes.

Il sent absolument tout. Sa gorge récemment libérée des tubes l’ayant maintenu en vie les derniers jours est irritée de par la violence avec laquelle les gestes ont été effectués, signifiant de l’urgence de la situation. Son crâne continue de tambouriner sans jamais s’arrêter, vestige de la chute de son corps contre le sol au moment de perdre connaissance. Sa respiration est entrecoupée de sifflements dus à ses côtes malmenées au moment de le réanimer. La sensation de brûlure à l’intérieur de son corps qui se manifeste à intervalles réguliers lui rappelle constamment l’enchaînement des mauvaises décisions de ce soir-là. Ses reins, ayant été condamnés à une défaillance fulgurante après avoir été surinvestis pour tenter d’éliminer les toxines, sont atrocement douloureux. Son cœur, dont les battements sont descendus à moins d’une trentaine par minute, semble puiser dans ses forces pour continuer de fonctionner correctement, paralysant l’ensemble de sa cage thoracique. Des frissons parcourent son échine avant que la transpiration humidifie sa peau. Il a le mal de mer sans même être sur un bateau ; et c’est le signe annonciateur d’une énième perte de connaissance.

Dans d’autres circonstances, il aurait pu rire de ces contradictions. Mais Kieran n’a pas le cœur à la légèreté alors que son transfert du service de réanimation aux soins intensifs indique qu’il est en suffisamment bonne forme pour prendre la pleine mesure de ce qu’il s’est passé. Mais il ne le veut pas. Parce que ce n’est pas comme ça que ça devait se passer justement ; parce que ses souffrances étaient supposées s’arrêter au lieu d’être plus insupportables encore. Parce qu’il n’arrive lui-même pas à justifier la suite de son raisonnement qui l’a amené à en arriver là ; parce qu’il veut encore moins avoir à l’expliquer à qui que ce soit.

Les premiers jours se sont également voulu plein de contradictions. Son overdose aux tranquillisants et autres antidépresseurs, saupoudrés d’une pointe de cocaïne, est traitée par encore plus de calmants injectés directement dans ses veines, cette fois-ci. Leur volonté de l’aider à retrouver ses pleines capacités est contrebalancée par les nombreuses hallucinations qu’il continue de percevoir et les discours incohérents qu’il persiste à tenir. Ce n’est qu’après quelques jours – il ne sait pas combien exactement, la notion du temps lui ayant échappée – qu’il prend conscience que la jeune femme sur le lit d’à côté n’est pas le fruit de son imagination. Et quand bien même Kieran était doté de lucidité par moment, les doses qu’on lui injecte continuellement ne l’aide pas à comprendre ce qu’il se passe autour de lui. « Ce que j’adore dans ces chambres, c’est leur intimité. » Il aurait voulu tourner la tête vers elle avec discrétion, mais l’acte relève plus de l’abattement du poids de son propre visage sur le coussin quand il parvient enfin à donner l’ordre à son corps de fixer autre chose que le plafond. « Généralement, le rideau reste ouvert pour pouvoir garder un œil sur les patients. Quoique vous ayez dit à votre médecin, ça a pas eu l’air de lui inspirer confiance. » Aussi bon menteur qu’il soit, il n’a pas réussi à être convaincant cette fois-ci. Son état l’a empêché de gérer les nuances nécessaires pour rendre son discours crédible. « Ils veulent... » La douleur dans sa gorge le rappelle à l’ordre alors qu’il a l’impression de ne pas avoir su expulser des mots depuis des jours – et probablement est-ce le cas. Il a surtout passé les dernières heures à vomir, encore et encore, pour nettoyer le contenu de son estomac et le seul fait d’ouvrir la bouche invoque des réflexes peu appropriés quant à la situation actuelle. « Me garder ici. » Qu’il finit par poursuivre, les yeux qui se ferment brièvement alors qu’il essaie encore de lutter pour rester conscient. Ils veulent m’interner. Ils n’ont pas confiance en lui, donc, et encore moins en sa capacité à s’abstenir de réitérer l’exploit. « J’imagine que ça ruine un potentiel blind date ? » Il aurait pu rire. Il aurait pu rire s’il n’était pas trop occupé à essayer de se redresser maladroitement sur son lit, s’il n’était pas dévoué à croire que tout ceci n’est qu’un mauvais rêve. La compagnie de la jeune femme n’est pas un problème, c’est de savoir dans quel contexte elle s’impose à lui qui l’est. « Ou ça le rend plus intéressant. » Kieran marmonne entre ses lèvres, se réveillant quelque peu. « Vous avez dit quoi, au vôtre ? » Il finit par l’interroger péniblement, la tête toujours tournée vers elle malgré son regard encore un peu absent. Le rideau n’était pas ouvert pour elle, et peut-être qu’il aurait dû trouver le moyen de l’interroger avant que les professionnels ne viennent à lui.



:l: :



Dernière édition par Kieran Halstead le Mar 17 Oct 2023 - 17:35, édité 2 fois
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Message(#)stuck at the bottom (Aleran #1) EmptyDim 4 Déc 2022 - 23:33

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Take me away in a car on a plane. This whole world keeps fucking with my brain. Take me away please give it a rest. I just need to take a break from my brain

Elle était chanceuse. C’était une pensée ironique à avoir à cet instant précis, compte tenu du fait qu’elle ne se sentait pas chanceuse d’avoir échappé à la mort, d’être en vie. Non, elle était chanceuse de visiblement moins souffrir que l’inconnu sur le lit d’à côté. Il était en sale état, ses traits crispés et ses gestes laborieux le trahissant. Il portait sur son visage la violence de l’overdose. En comparaison, Albane pétait la forme. Elle n’avait pas eu à être intubée, la veinarde. Juste perfusée, branchée de partout, restreinte la première journée pour s’assurer qu’elle ne se blesserait pas. Les journées avaient fait leur affaire, le sevrage l’avait percutée de plein fouet jusqu’à s’en aller avec la douleur. Il n’y avait que les restes de ces effets indésirables. Les courbatures, la nausée, l’épuisement physique flagrant. Encore une fois, elle devrait s’estimer chanceuse de ne plus souffrir le martyr, elle, de n’avoir été lâchée par aucun de ses organes. Mais sans la morphine, la réalité revenait, plus violente que jamais. La française ne voulait pas être ici, elle ne voulait pas être vue. Elle ne voulait pas de l’inquiétude de qui que ce soit. Elle rêvait du moment où elle pourrait enfin s’enfermer dans sa chambre, attraper son flacon de cachets et pouvoir rejoindre à nouveau ce stade d’euphorie chimique. Son corps ne lui donnait plus envie d’hurler et malgré tout, si on lui demandait son niveau de douleur sur une échelle de 1 à 10, elle répondrait 11. Elle avait besoin de partir d’ici. Alors, quand bien même le spectacle faisait de la peine à voir, la brune s’accrochait au seul réconfort qu’il lui restait dans cette pièce. L’autre, l’unique personne à qui elle se sentait présentement capable de parler.
La française avait fini par se tourner dans son lit, retrouver inconsciemment cette position fœtale sous la couverture alors que son regard était déposé sur l’homme. Le peu de bonne humeur qu’elle avait pu simuler jusqu’ici s’évapora instantanément. Ce n’était pas bon signe, que les médecins décident de le garder. Elle le comprend tout de suite qu’il ne s’agit pas de juste garder un œil sur son état physique. S’il reste, ce ne sera pas dans ce service. Ils sont les suicidaires, puisqu’il faut mettre des mots sur la question. Ceux qui ne savent pas prendre les bons choix pour leur propre survie. « S’ils pensent que c’est le mieux à faire. » L’anxiété la reprit, un peu plus violente. Elle se demanda subitement ce qu’elle ferait si on l’empêchait de sortir d’ici, quand elle rêvait juste de s’échapper d’ici. La part rationnelle de son être comprenait, quand l’autre se fichait ouvertement de son propre bien et de ce qu’il faudrait mettre en place pour éviter qu’elle ne refasse un deuxième séjour ici dans le futur. Elle qui étudiait pour devenir médecin se retrouvait inévitablement déchirée entre ce qu’il faudrait dire et ce qu’elle pensait réellement. Ils ne valaient pas mieux l’un que l’autre dans cette chambre. Ils étaient à terre, pathétiques à voir. Exhibés à l’autre dans toute leur faiblesse humaine. Si c’était un blind date en temps normal, ils auraient commencé par le prénom de l’autre, le travail, les hobbies. Ici, tout ce qu’elle se demandait, c’était pourquoi et comment il avait fini ici. « On peut parler de nos traumas. » Et admettre ouvertement qu’à l’instant précis, être en vie était beaucoup plus dur que d’être dans le coma.
Elle remonta encore un peu plus la couverture pour la caler sous son menton. « J’ai rien dit. » Elle avait pas vraiment décroché un mot, donné toutes les informations qu’ils semblaient chercher. « A part que c’était un accident. » Les analyses de sang avaient sans doute suffi à la discréditer, à prouver que c’était bien pire que ce qu’elle ne voudrait admettre. Pourtant, elle se tiendrait à cette version auprès du monde entier. Elle jouerait la comédie et abuserait de la confiance d’autrui. Être exposée dans ses mensonges était le dernier de ses problèmes, à partir du moment où cela pouvait la sortir d’ici. « J’ai travaillé à l’hôpital. Je connais presque tout le monde. Y a pas de respect du secret médical pour moi. » Les bruits de couloir, l’accès à son dossier. Elle ne préférait même pas imaginer, efforçant son esprit de se tenir loin de cette pensée pour éviter l’humiliation cuisante. « J’ai jamais eu autant envie de partir à l’autre bout de la planète. De tout recommencer ailleurs. » Et ce serait certainement inutile, car cela ne réparerait pas tout ce qui était brisé en elle. « Mais j’imagine qu’en pratique, il faudra ressortir dans le monde réel et prétendre que rien ne s’est passé. » Pourquoi est-ce que cela semblait à la fois si enviable, et si insurmontable ?

@Kieran Halstead


 
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PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022.
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Message(#)stuck at the bottom (Aleran #1) EmptyLun 2 Jan 2023 - 18:45

⚠ tw : tentative de suicide

Pour quelqu’un dont le poids de la solitude a pesé dans sa décision, Kieran regrette sincèrement de ne pas trouver du réconfort auprès de celle-ci à cet instant précis. Ce n’est pas tant la présence de la jeune femme qui le dérange – même si l’état dans lequel elle se trouve fait tristement écho au sien – c’est cette obligation de reprendre sa vie là où il voulait pourtant la laisser. On pourrait croire que le contexte se prête à rester dans le déni le temps de leur hospitalisation, mais le fait de converser relève déjà d’une reprise des choses anodines qui dictent n’importe quel quotidien. Sauf que Kieran n’a aucune envie d’affronter le sien et si l’on pourrait s’agacer de sa volonté à s’enfermer dans une spirale qui ne lui a pas réussie par le passé, le fait est qu’outre son envie de tranquillité, il ne sait quoi dire à cette jeune femme. Parce qu’il n’a pas envie de parler, parce qu’il ne sait pas de quoi parler, parce qu’il ne veut pas verbaliser des choses qu’il n’est pas encore prêt à accepter. Il ne sait pas exactement quel est le protocole dans pareille situation, il imagine sans peine qu’une fois la vie sauve, c’est l’âme qu’il faut guérir en profondeur et que cela commence par le fait de ne pas réactiver ses idées noires aussitôt sorti d’affaire. Mais Kieran n’y peut rien, la seule chose qui l’intéresse à cet instant est bien de se replonger dans ses pensées, aussi détraquées qu’elles puissent être, pour mieux comprendre ce qu’il s’est passé. Non pas pour empêcher l’acte de se reproduire, mais pour identifier ce qu’il a fait de faux ; parce qu’il a merdé – mais pas là où les autres l’imaginent. Ce n’est pas cette décision qui est un problème, c’est la manière dont il a géré celle-ci. Peu importe si en réalité il ne voulait pas mourir et que ce n’était pas tant la finalité recherchée, le fait est qu’il voulait atténuer ses souffrances et qu’il se retrouve à en supporter d’autres. Et il est bien le seul à être convaincu par son discours, puisque les médecins ont pris une décision qui est loin de lui plaire. Ils veulent le garder, et si l’on pourrait croire à du conditionnel, le dessinateur sait très bien qu’ils ont en réalité déjà réservé sa chambre quelques étages plus haut. Il fait partie des dérangés, des malades, des perturbés et tout autre qualificatif qui sera désormais étiqueté sur son front. Il a passé des années à rendre fou les autres, et il l’est désormais à son tour, comme si le karma s’était enfin occupé de son cas après qu’il ait tant atteint les autres autour de lui. « S’ils pensent que c’est le mieux à faire. » Il n’essaie même pas de retenir le soupir qui s’échappe d’entre ses lèvres, agacé alors que la jeune femme semble prendre un parti qui ne devrait pas être le sien. « C’est ça, le souci, ‘’ils pensent’’. » Ils n’en savent rien, contrairement à lui. Kieran est suivi par des thérapeutes depuis qu’il est pré-adolescent, il est à même de savoir si cela a fonctionné, ou non, sur lui. Ce n’est évidemment pas le cas ; et il ne pense pas qu’être enfermé pour l’obliger à un suivi est réellement leur meilleure idée. Il a accepté une finalité dont ils devraient eux-aussi avoir conscience : il ne guérira pas maintenant. Ça fait vingt ans qu’il l’espère, et il commence enfin à comprendre que ses efforts resteront toujours vains.

Sa touche d’humour n’a pas l’effet escompté face à un Kieran qui reste fermé, même s’il tente d’apporter sa maigre contribution à la conversation. « On peut parler de nos traumas. » C’est néanmoins un court rire – vite arrêté par ses douleurs – qui s’échappe d’entre ses lèvres alors qu’elle suggère cette option qui, bien que surprenante, a toute ses raisons d’être à cet instant. « Il me faudrait plus d’une hospitalisation pour ça. » Et même s’il s’essaie péniblement au sarcasme, le fait est qu’il s’agit bien de la première fois où il admet qu’il possède des bagages si lourds qu’ils l’ont envoyé ici et, surtout, qu’ils vont le maintenir entre ces murs. Contrairement à la jeune femme, d’après une hypothèse qui, à vrai dire, ne se base pas sur grand-chose. « J’ai rien dit. » Il était persuadé que jouer au roi du silence était la meilleure façon d’être envoyé à l’étage du haut et peut-être qu’en réalité il aurait dû opter pour cette option. « A part que c’était un accident. » - « Ils y ont cru ? » Et entre les lignes, elle lira surtout sa véritable question : c’en était un ? Car, de son côté, ils n’ont guère accepté cette explication alors qu’elle est pourtant sincère. C’était un accident bien orienté, peut-être, mais il n’avait pas la volonté de mourir, il le jure. Juste que tout s’arrête. « J’ai travaillé à l’hôpital. Je connais presque tout le monde. Y a pas de respect du secret médical pour moi. » Et si Kieran a été agacé par sa réflexion précédente, il comprend mieux alors qu’elle se situe du côté des médecins. Ce n’est pas pour autant qu’il rejette tout son agacement sur elle, au contraire, il est réellement désolée pour elle alors que la situation doit être bien plus difficile à gérer pour elle ; le regard des autres commence avant même qu’elle ne soit sortie d’ici. « Désolé. » Ça ne changera probablement rien, mais il a besoin de le faire savoir. « J’ai jamais eu autant envie de partir à l’autre bout de la planète. De tout recommencer ailleurs. » - « Ça peut se comprendre. » D’autant plus dans sa situation à elle, où elle doit déjà affronter les autres. « Mais ça changera rien. » Elle le sait probablement aussi bien que lui, leur situation ne s’améliorera pas parce qu’ils ont quitté le pays, au contraire : ils s’ajoutent des difficultés supplémentaires à devoir repartir ainsi de zéro. Un bénéfice pour d’autres, une raison supplémentaire de se faire du mal pour les gens comme eux, qui perdent ainsi leurs derniers repères. « Mais j’imagine qu’en pratique, il faudra ressortir dans le monde réel et prétendre que rien ne s’est passé. » En pratique, oui. « J’ai toujours été dans le déni, mais je sais pas si ce sera suffisant, cette fois. » Il ne sait pas comment réagir, en d’autres termes. S’il avoue ce qu’il s’est passé, ou s’il s’enfonce dans des mensonges supplémentaires qui ont, en partie, précipitée son arrivée ici. Sauf qu’il n’a pas envie d’en parler. Pas plus qu’il a envie d’ignorer ce dont il se sait désormais capable. « C’est ce que vous allez faire ? Prétendre qu’il ne s’est rien passé ? » Il se permet de l’interroger – après tout, c’est bien elle qui a amené le sujet. « Vous pensez vraiment que ça va fonctionner ? » Il ajoute, légèrement provocateur, pas plus pour elle que pour se persuader, lui-même, que ce n’est pas la bonne option. « Je crois que je préfère encore me casser à l’autre bout de la planète. » Il n’est plus à une dette près, dans le fond, et même s’il sait que c’est une bien mauvaise idée, c’est surtout celle qui lui permettra de s’abstenir d’affronter le regard de proches qu’il se sait incapable d’assumer.

@Albane Dumas stuck at the bottom (Aleran #1) 1949770018



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Message(#)stuck at the bottom (Aleran #1) EmptyMar 24 Jan 2023 - 0:42

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Take me away in a car on a plane. This whole world keeps fucking with my brain. Take me away please give it a rest. I just need to take a break from my brain

Pendant des années, Albane avait couru les couloirs de cet hôpital pour s’affairer aux soins de chaque patient, pour obéir à chaque note laissée par les médecins. Elle s’était faite tantôt soigneuse, tantôt oreille attentive, tantôt décisionnaire dans les meilleurs soins à adopter. Elle arrivait le matin pour repartir le soir, donnait de sa personne juste le temps de ses shifts. Elle était tout simplement de l’autre côté de la barrière. Jamais encore elle n’avait réalisé à quel point l’on pouvait se sentir impuissant, allongé dans un lit d’hôpital. Surtout dans ce service. Il n’y avait rien à dire, à plaider ou à demander. Ils n’étaient plus que des patients dont l’identité n’avait pas tant d’importance, dès lors que l’on pouvait les réparer. Albane n’était juste pas certaine qu’elle puisse vraiment l’être, la concernant. Les médicaments avaient sans doute aidé à atténuer les effets du sevrage, mais les substances capables d’adoucir ses blessures étaient désormais proscrites. Elle était fichée. Peu importe pour quelle raison elle remettrait les pieds ici en tant que patiente, la morphine serait rayée de la liste. Ils pensaient bien faire. Ils, les autres. Les mêmes qui étaient convaincus que garder son voisin de chambre dans le service de jour serait une bonne idée. La française sentait bien dans le ton de l’homme que cette décision ne lui plaisait pas du tout, et elle ne put que soupirer, impuissante. Elle compatissait sincèrement, silencieusement terrifiée à l’idée que la même décision soit prise pour elle. C’était tout un masque de comédie qu’elle arborait dès qu’un médecin passait le pas, un sourire qui prétendait allait bien et un embarras qui voulait laisser penser qu’on ne l’y reprendrait pas. Ils pensaient bien faire. L’excuse heurta les lèvres de la brune sans réussir à en sortir. Elle n’était plus en position de défendre ses anciens collègues, pas alors qu’elle voudrait être n’importe où plutôt qu’ici.

Cet inconnu dans le lit de gauche était sans doute l’unique personne à qui elle se sentait capable de parler actuellement, représentant une échappatoire sincèrement enviable. Juste entre eux, ils n’avaient pas besoin de prétendre. C’était une atmosphère qui se prêterait facilement aux confidences, mais à s’entendre parler, Bane réalisait la dose de sarcasme qu’elle exprimait vis-à-vis de la situation. Sa réflexion aurait au moins eu le don de faire rire son voisin. Un son qui, aussi étouffé soit-il, faisait du bien. « J’ai pas de meilleur programme pour l’instant. Je sais pas ce dont on est supposé parler dans ces circonstances. » Est-ce qu’elle devait opter pour l’humour, l’ironie, la tristesse, la philosophie ? Tout lui sonnait franchement creux. Au fond, tout ce que la française espérait, c’était que les minutes se mettent à passer plus vite, la rapprochant du moment où elle pourrait signer la décharge de sortie. Être ici lui donnait l’impression d’être un animal de foire que l’on viendrait observer. Elle avait peur de se tourner vers la porte, des fois qu’un nouveau visage familier apparaisse. Elle avait beau avoir été sauvée et être entre de bonnes mains, cette chambre ne lui inspirait en rien un sentiment de sécurité. Probablement car il suffirait d’un rien pour qu’on la condamne au même sort que le dénommé Kieran. Sa question la laissa silencieuse et son regard heurta le mur. Le mensonge sur l’overdose avait été pensé, ficelé. Mais il avait autant de valeur qu’un alibi bancal dans une série policière. Bane n’était pas dupe. Derrière les sourires posés et les voix calmes, les faits parlaient pour elle. Elle était infirmière, elle aurait dû savoir. Son analyse de sang avait dû être tellement polluée qu’il n’avait pas dû être compliqué de voir que la consommation durait depuis un moment. « Non. » Ils n’y avaient pas cru. Elle s’en doutait bien, et ne préférait pas imaginer les conversations derrière la porte close. Albane et la morphine. Depuis combien de temps, comment, pourquoi. Ce qui la sauvait était sans doute qu’ils la connaissaient assez pour lui laisser le bénéfice du doute quant à ses intentions. Ce n’était juste pas suffisant. Elle haussa vaguement les épaules face à l’excuse de Kieran, comme si cela changeait quoique ce soit. D’eux deux, il était celui pour qui ils devraient être désolés. Il était celui qui avait la plus lourde sentence et qui n’aurait pas autant de facilités à repartir de ce fichu hôpital.

Mais aussi désagréable que soit ce séjour, l’extérieur serait pire. Regarder par la fenêtre donnait envie à Albane de s’enfuir oui, mais juste pour retourner se terrer et mieux reprendre ses vices là où elle s’était arrêtée. Elle n’avait juste pas la force de retourner à sa routine, revoir les mêmes visages, reprendre les mêmes responsabilités. Il y avait cette douce illusion que si elle partait, alors les choses seraient plus faciles ailleurs. Ça aurait pu être le cas si elle n’avait pas été sa pire ennemie. « Je sais bien. » Ce n’était pas une solution. Elle se frotta le visage, son regard se perdant contre le mur en face. Il n’y avait plus la moindre once de courage chez elle, et c’était sans doute ce qui était le plus effrayant. Elle visualisait parfaitement la vie qu’elle était supposée avoir sans réaliser qu’il lui appartenait de la récupérer. Se lever le matin, s’occuper du chat, partir en cours, rentrer, étudier durant des heures, faire toutes ces corvées pour avoir un appartement en bon état et se tenir en vie. Se coucher, recommencer. Réintégrer les amis dans l’équation, les activités, les passions délaissées. Tout autant de raisons de rester sous ces draps, recroquevillée. Ses prunelles se reposèrent sur Kieran, accueillant ses paroles avec une étrange forme de réconfort. Ils se comprenaient, n’est-ce pas ? Avec ce déni, le même qui les avait faits finir ici en premier lieu plutôt que de les forcer à affronter leurs démons. « C’est l’unique avantage de toucher le fond. Vient un moment où on peut difficilement creuser plus bas. » Le tout était de savoir s’ils y étaient, au fond, et s’ils préféreraient y rester ou essayer de s’en sortir. Albane refusait de s’avouer qu’elle y resterait dans ce trou. C’était pourtant ce qui arriverait dès la minute où elle rentrerait. Elle n’était juste pas prête à aller mieux, ou pire, à s’autoriser à ressentir ce qu’elle tentait désespérément d’enterrer. Ce séjour à l’hôpital resterait juste un accident unique, avec un peu de chance. « C’est quoi l’autre option ? Admettre que j’ai failli y rester parce que j’ai avalé trop d’opiacées ? Je sais déjà pas comment je vais soutenir le regard des gens qui sont au courant. » Elle ne revoyait que trop bien les regards de Winston, de Leo, de tous ces anciens collègues qui avaient voulu voir comment elle allait. On ne la laisserait jamais prétendre qu’il ne s’était rien passé. « Ce n’est pas la morphine qui me tuera mais certainement ma propre honte. » Si le ton se voulait léger, la réalité était bien là. Elle n’avait aucune idée de comment elle se remettrait de cet incident. « L’autre bout de la planète paraît affreusement séduisant. » Elle pourrait. Il suffirait de rendre son appartement, faire sa valise, prendre le billet d’avion pour Einstein et elle. « Je sais comment te faire sortir de l’hôpital, si jamais. » Elle serait prête à rendre ce service si besoin. Quoique pour cela, il aurait fallu qu’ils tiennent assez debout. Vu combien ils faisaient de la peine à voir, elle n’était pas certaine. « Mais qu’est-ce que tu ferais à l’autre bout de la planète, si tu en avais l’occasion ? Qu’est-ce que tu ferais différemment ? » Ou est-ce que ce ne serait qu’une partie remise pour les urgences ?

@Kieran Halstead


 
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Kieran Halstead
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les cicatrices de la mémoire
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SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh).
STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help).
MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels.
LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi).
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TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡).
ORIENTATION : J'aime les jolies filles.
PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022.
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RPs EN COURS : stuck at the bottom (Aleran #1) Tumblr_inline_plhd1mS2X01slbpsl_1280 halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.

stuck at the bottom (Aleran #1) 0e4c2e637f2a56a53118b77291743b70048df66b
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(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres)ginny (fb)ceciliashilohwildalfly #17 (ua)danaëolive #2greta #2
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Message(#)stuck at the bottom (Aleran #1) EmptyVen 24 Fév 2023 - 17:59

⚠ tw : tentative de suicide et maltraitance

Kieran n’a jamais porté le corps médical dans son cœur. Ce n’est pas faute de les côtoyer, pourtant. Ou peut-être est-ce là tout le fond du problème : il les a trop souvent fréquentés pour ne pas s’émerveiller des miracles dont ils sont capables, alors même qu’il en a souvent bénéficié. D’aussi loin qu’il se souvienne, l’hôpital est devenu une sorte de camp de vacances, où chaque année il finit par y passer une semaine, envoyé par un décisionnaire qui n’est jamais lui-même. Un poignet disloqué ; bravo papa. Une commotion cérébrale ; bel effort, camarades. Une clavicule fracturée ; merci Autumn. Un poumon perforé ; joli travail, le cambrioleur. Avec les années, son dossier s’est allongé, ses rétablissements se sont compliqués et les prises en charge physiques ont laissé place à des diagnostics psychiques. Bandage, oxycodone, points de suture, tramadole, morose, sertraline, insomnies, témazépam, cinq minutes, deux questions, on soigne, on prescrit. Et aujourd’hui, alors qu’il est allongé sur ce lit, ceux-là même qui ont contribué à rendre sa perdition accessible sont également les premiers à le désigner unique coupable de celle-ci. Bien sûr, il n’ira pas jusqu’à prétendre qu’on lui a mis les comprimés dans la gorge, mais on les a posés dans son armoire à pharmacie. Et chez celles des autres, qu’il était occupé à dévaliser ponctuellement au cours des derniers mois dans une automédication toute relative. Toujours est-il que Kieran n’avait même pas besoin d’en arriver-là pour avoir tout le nécessaire à sa disposition ; tout lui a été accessible depuis des années, des doses à assommer des novices qu’on lui a infligée, encore et encore, sans qu’elles ne soient jamais efficaces. Il s’est seulement occupé de régler le dosage pour, qu’enfin, il ressente un effet. Et il l’a ressenti. Peu importe la manière dont les choses se sont terminées, peu importe les conséquences qui nuiront à son corps durant des semaines, peu importe les interrogations qu’il devra affronter au cours des prochains mois ; l’effet recherché a été obtenu. La finalité ne l’a pas été, mais ce n’était même pas le plus important. Il voulait être serein, juste un jour, juste quelques heures, comme jamais il n’a réussi à l’être au cours de sa vie. Atteindre un état d’esprit où celui-ci saurait enfin se réduire au silence, ne plus entendre le son de sa voix qui se mêle à celles des autres pour le tourmenter, ne plus être confronté à des images qui ne cessent d’être rediffusées dans la prison qu’était devenue son esprit. Alors non, le corps médical ne sait pas mieux que lui seulement parce qu’ils ont réussi à faire jouer la science en leur faveur pour le ramener. S’ils étaient réellement si doués, il arriverait à agir sur son psychisme, parce que c’est lui, le nœud de tous les problèmes. 

Il pourrait saisir l’occasion de le dénouer en obtempérant à la demande de la jeune femme de parler de leurs traumatismes. Mais c’est un jeu dangereux, il en a conscience et en est épuisé d’avance. Parce qu’ils sont trop nombreux, trop vifs et qu’il n’y aura probablement aucune forme de soulagement qui ressortira de toutes ces confessions, même si l’idée a le mérite de provoquer un rire vite étouffé. « J’ai pas de meilleur programme pour l’instant. Je sais pas ce dont on est supposé parler dans ces circonstances. » - « De la pluie et du beau temps, je suppose, en se souhaitant bon courage entre deux examens. » Oui, probablement. De là à dire que le programme lui plaît plus que celui proposé par la jeune femme. « Les traumas, c’est bien, finalement. » C’est d’autant plus étonnant qu’il finisse par le valider qu’il est un expert du small talk, Kieran, même s’il est difficile à mettre en application. Il maîtrise parfaitement les sujets insignifiants, c’est les interlocuteurs qui lui posent souvent un problème. « C’est là qu’on se lance dans une compétition à base de ‘’j’en ai un plus gros que toi ?’’. » Il questionne avec un sarcasme qui ne vise pas à pointer du doigt une éventuelle mauvaise idée de la part de la jeune femme, seulement l’ironie d’un concours où il n’est jamais ressorti gagnant : il n’a jamais rien de plus intéressant que les autres. Albane part cependant avec un avantage dans la course, le fait d’être soigné par ses anciens collègues est un poids qui sera difficilement supportable, il n’en doute pas. Ce qu’il ignore, c’est de savoir si elle a réussi à leur faire gober ce qui lui semble un mensonge, là où de son côté il n’a pas réussi à être très crédible. « Non. » Un instant, il a envie de s’excuser – vieille habitude – avant de se rétracter. Ça ne changerait rien, si ce n’est lui faire comprendre que sa peine pour elle peut être confondue en pitié ; et ce n’est pas ce qu’il désire. Alors il se contente de pincer les lèvres, d’esquisser un bref sourire réservé, le genre de soutien silencieux qu’il peut lui offrir dans pareilles circonstances.
 
Et s’il déteste être enfermé ici, il se doute bien que la situation ne sera pas bien différente une fois à l’extérieur. Car il sera probablement surveillé par ses proches ou parce qu’il n’osera pas plus remettre le nez dehors qu’il ne le faisait auparavant, et pour ces raisons Kieran a déjà l’impression que sa liberté continuera d’être entravée. Dans un sens, il ne sera plus libre de ses mouvements, de ses actes, de ses décisions durant les prochains mois, à cause de quelques minutes qui ont pourtant été moins décisives qu’il ne l’aurait voulu. Recommencer à l’autre bout du monde ne serait alors perçu que comme un autre choix impulsif, alors même qu’il s’agit probablement du plus cohérent à cet instant. « Je sais bien. » Que ça ne changera rien, mais ça ne rend pas l’idée moins séduisante pour autant. Bien plus que d’avoir à affronter le monde réel et d’essayer de continuer sa vie alors que tout renvoie au moment où ils ont voulu y mettre un terme. « C’est l’unique avantage de toucher le fond. Vient un moment où on peut difficilement creuser plus bas. » - « Ça sonne presque comme un défi. » Il souligne, toujours avec sarcasme. « À chaque fois que je pense l’avoir atteint, quelque chose vient me prouver que j’en suis encore loin. » Qu’il ajoute, plus sérieux, d’une voix plus discrète aussi, alors qu’il s’agit bien d’un constat qu’il n’a jamais dévoilé à personne. Ses proches sont bien conscients des épreuves qu’il a vécues, mais il a toujours minimisé celles-ci, prétendu que tout allait bien, qu’il s’en remettrait. Il ne s’en remet jamais. À chaque fois qu’une difficulté survient, il se conforte en supposant que ça ne pourrait être pire. Et chaque fois, le sens de l’humour douteux du hasard vient le contredire. « C’est quoi l’autre option ? Admettre que j’ai failli y rester parce que j’ai avalé trop d’opiacées ? Je sais déjà pas comment je vais soutenir le regard des gens qui sont au courant. » - « Être plus convaincante quant au fait qu’il s’agit d’un accident. » Il propose, sans grande conviction. Ce n’est pas la meilleure option, mais c’en est une autre, et certainement pas la plus difficile à assumer. « Ce n’est pas la morphine qui me tuera mais certainement ma propre honte. » La morphine, alors. Son regard se perd sur elle un instant, et sur ses traits qui sans être rayonnants, sont déjà plus avenants que les siens. Pourtant, elle n’a pas fait dans la dentelle et il en est presque jaloux qu’elle s’en sorte aussi bien ; en omettant le fait que de son côté le cocktail de diverses substances a multiplié les effets secondaires. Peut-être qu’il aurait dû s’en tenir à certains médicaments ou à la poudre blanche de Spencer, mais ça n’aurait probablement pas eu le même effet. « L’autre bout de la planète paraît affreusement séduisant. » Un soupir amusé s’échappe d’entre ses lèvres alors qu’il pince les lèvres et cligne des yeux un instant. À qui vous le dites. Bien sûr que ce serait plus séduisant, mais la théorie et la pratique sont deux choses bien distinctes. « Je sais comment te faire sortir de l’hôpital, si jamais. » - « Je suis pas en état d’envisager une quelconque évasion, j’crois. » Il baisse légèrement les yeux sur lui-même avant d’avoir un léger rire sinistre. « Mais en temps voulu, je compte bien te solliciter. » Se calquant sur elle, il s’essaie au tutoiement alors que c’est le plus évident ; après tout, ils s’affichent chacun dans leur plus grande vulnérabilité pour faire fi des conventions. « Mais qu’est-ce que tu ferais à l’autre bout de la planète, si tu en avais l’occasion ? Qu’est-ce que tu ferais différemment ? » - « Tout. » Il n’a pas besoin de réfléchir très longtemps quant à la réponse à donner. Il ferait tout différemment, c’est là-aussi une des seules certitudes qui existe au milieu de tout ce bordel qu’est désormais sa vie. Mais la réponse est vague, trop vague, même pour lui qui ne sait pas exactement comment il pourrait réellement faire de ce « tout » rêvé une réalité concrète. « J’en sais rien. » Est-ce que quitter Brisbane, repartir de zéro ailleurs serait réellement signe d’une vie plus épanouie ? Ses démons ne s’arrêteront qu’aux frontières qu’il dressera lui-même, et Kieran n’a jamais été très doué pour distinguer les limites, comme le prouve son séjour ici. « Je crois que la vraie question, c’est qui je voudrais être à l’autre bout de la planète. » Cette personne qu’il n’a pas l’impression de pouvoir être ici, trop ancrée dans un passé composé par plusieurs protagonistes qui ne cesseront jamais de le renvoyer à celui-ci. « Et j’ai peut-être mille scénarios en tête, mais au moins dans chacun d’entre eux je suis heureux. » Il avoue, en détournant les yeux pour les reporter sur le plafond alors qu’il enfonce son crâne dans l’oreille. « Mais j’ai aussi l’impression que je pourrais tout faire différemment et que j’y arriverais jamais. » Qu’il pourrait être dans un jour sans fin qu’il n’arrivera jamais à se délier de la boucle parce qu’il ne saura pas trouver le secret d’un bonheur qui, à défaut d’être absolu, saurait le satisfaire s’il est tout juste convenable. Il n’a pas de grandes ambitions, Kieran. Il n’en a jamais eues ; ça n’étonnera donc personne qu’il ne puisse dessiner les plans de ce qu’est ce bonheur à construire. Mais sans le moindre projet, le chantier sera sans-cesse repoussé, en construction, ou simplement abandonné. C’est dans ce dernier cas de figure qu’il se situe aujourd’hui, alors que son pessimisme traduit de toutes les tentatives désastreuses qui ont été les siennes au cours des années. « Et de ton côté ? » Il lui demande en reportant son attention sur elle. Que ferait-elle différemment ? Qui voudrait-elle être ? La question est volontairement vague pour lui laisser le soin de choisir ses confessions.

@Albane Dumas stuck at the bottom (Aleran #1) 1949770018



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Message(#)stuck at the bottom (Aleran #1) EmptyLun 27 Fév 2023 - 23:20

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Take me away in a car on a plane. This whole world keeps fucking with my brain. Take me away please give it a rest. I just need to take a break from my brain

Dans cette chambre, Albane n’avait pas à mentir. Elle n’avait pas à prétendre aller bien, à se comporter comme si frôler la mort une fois lui avait servi de leçon. On ne l’y reprendrait pas non, mais pas parce qu’elle comptait se reprendre en main, arrêter ses conneries et faire ce qui était le mieux pour elle. Le sevrage n’avait fait que renforcer cette conviction profonde qu’elle n’avait aucune envie de se battre. C’était douloureux d’être sobre, de devoir faire face à la cruauté de ce monde sans aucun moyen que les substances pour s’aider. Elle avait beau en connaître les risques et les effets, la française avait trouvé du réconfort dans son addiction. C’était plus simple d’accuser le côté addictif de la morphine que sa lâcheté pour sa consommation. Et à part l’incident de la semaine passée, quelques instances où elle avait failli se faire pincer à l’hôpital, des conversations désagréables avec Leo ou quelques légers effets secondaires, il n’y avait littéralement rien eu pour l’encourager à définitivement arrêter. Il faudrait qu’elle soit plus prudente à l’avenir, voilà tout. D’autant plus qu’elle serait scrutée de toute part. Depuis qu’elle avait repris conscience, Albane avait eu tout le loisir de réfléchir à qui pouvait bien être au courant ; Leo, oui. Mais maintenant, Reese, Winston, Hugo, probablement tous ses anciens collègues de l’hôpital. Des gens qui finiraient par lui demander comment, pourquoi, par s’inquiéter inutilement sans qu’elle ne puisse leur fournir de réponse franche. Ils n’avaient rien vu ces dernières années, et elle n’avait rien dit non plus sur tout ce qui déraillait dans sa vie. Ironiquement, si la jeune femme n’avait jamais fait le deuil de sa petite sœur, elle avait bien plus facilement fait le deuil de son bonheur. Rien ne serait jamais comme avant, rien ne pourrait revenir à la normale. Alors pouvait-on vraiment la blâmer de ne pas vouloir faire face à cela ? Il faudrait assumer un jour, mais ce ne serait pas cette hospitalisation qui l’y forcerait. Au moins avec Kieran pouvait-elle glaner ce qui se rapprocherait le plus d’une oreille attentive et compréhensive. Pas qu’elle ne soit d’humeur à s’étendre visiblement, et la profondeur du sarcasme eut le don de lui arracher un sourire. L’un comme l’autre semblaient déterminer ne rien partager avec les psy de l’hôpital alors autant se faire leur thérapie dans le confort de cette chambre et des effets secondaires du sevrage. « Très franchement, je veux pas être la gagnante de cette compétition. D’un autre côté, si je gagnais, ça voudrait dire que tu vas mieux que moi et… tant mieux pour toi, j’imagine. » Son foutu côté Saint-Bernard, sauf que cette fois, elle était celle en piteux état. Tout ce qu’elle espérait, c’était que personne ne lui imposerait de rester. Être internée de force était sans doute la dernière des choses qu’elle serait capable de supporter quand elle avait l’impression d’être sur le point de s’écrouler. Elle n’en voulait pas de cette aide, voulait juste rentrer dans son cocon, là où personne ne viendrait l’embêter. Ce serait mentir que de dire que l’appréhension ne lui bouffait pas le ventre, se rajoutant à la liste de tout ce qui n’allait pas. Son histoire d’accident n’avait pas été reçue, il ne fallait pas lire dans les pensées pour le savoir. Ce qui la sauverait peut-être était qu’elle était plutôt opérationnelle au quotidien. Elle avait su donner le change dans ses relations, aussi bien personnelles que professionnelles. Se suicider ? Non, Albane ne ferait jamais ça. Normalement.

Mais il y avait ce poids, ce fardeau qui semblait vouloir là suivre peu importe où elle irait. C’était ce poids permanent, ce nuage qui volait au-dessus de sa tête sans qu’elle ne puisse y échapper. Elle aimait rêvasser parfois, à se dire que si elle partait, peut-être qu’il ne la suivrait pas, qu’elle pourrait enfin reprendre le contrôle de sa vie. Retrouver qui elle était quand actuellement, elle ne se reconnaissait plus dans le miroir. Elle avait bafoué tous ses principes, toutes ses valeurs, tout ce en quoi elle avait cru un jour, et sa présence dans ce lit lui faisait se demander où étaient ses propres limites à ce stade. Il y avait des jours où elle préférait porter des œillères plutôt que de voir à quel point elle pouvait se faire peur. Changer de pays, de continent, n’y ferait probablement rien. C’était juste beau de rêver et de s’imaginer qu’un jour, d’une manière ou d’une autre, elle finirait par aller mieux. Un éternel côté optimiste qui continuerait de subsister, quand bien même sa moue en direction de Kieran parlait pour elle. Ce n’était pas parce qu’ils pourraient potentiellement faire pire qu’il le fallait. « Ce n’est pas une raison pour faire un aller simple en direction de la morgue. » souffla-t-elle sur un ton qui se voulait moralisateur, comme si elle avait encore ce droit. Si elle avait été de l’autre côté de la barrière, peut-être aurait-elle eu une légitimité à demander à un patient de ne pas se foutre en l’air. Ce n’était juste plus le cas. En attendant, le jeu ne valait sans doute pas la chandelle. Peu importe les moyens employés, il faudrait qu’ils trouvent comment se sortir d’ici et affronter le reste du monde ; un projet qui semblait franchement insurmontable du fond de ce lit. Ce qu’elle appréhendait le plus, c’était l’idée qu’on puisse la voir comme quelqu’un de suicidaire, de prête à en découvre. Elle avait le mensonge de l’accident tout prêt, sauf qu’il n’excusait en rien l’abus d’opiacés jusqu’à la perte de contrôle. Un comble pour une infirmière et étudiante en médecine. Albane elle-même n’était pas encore certaine du degré de volonté qu’elle avait mis dans le fait d’avaler ces cachetons. C’était déjà assez difficile à admettre comme cela. Si cela n’avait tenu qu’à elle, il n’aurait pas fallu qu’elle ait à assumer quoique ce soit, la vie aurait repris son fil, personne ne lui aurait posé de questions. Il fallait néanmoins savoir être réaliste, ce qui rendait l’option de la fuite d’autant plus désirable. Que ce soit la fuite de l’hôpital dans un premier temps, ou du pays. « Toujours ravie d’aider. » Elle ne serait plus à un ennui près. Mais effectivement, ce n’était pas tout de suite qu’ils iraient où que ce soit. Kieran, surtout. Car si elle essayait, Bane pourrait sans doute marcher. Pas longtemps, juste assez pour se sauver. Si seulement cela suffisait. Les symptômes de sevrage les plus violents avaient beau enfin s’éloigner, elle n’était pas proche de la totale rémission du tout, appréciant presque le fait de s’enfoncer davantage sur le matelas à l’odeur aseptisée.
Elle avait reporté son attention sur Kieran désormais, l’observant au point de la chambre en écoutant silencieusement sa réponse. Il y avait quelque chose de cruellement familier dans ses mots. Evidemment qu’ils feraient tout pour ne jamais avoir à se retrouver dans un état aussi lamentable, tout pour s’en sortir. La réalité était juste cruellement différente. La distance ne pourrait rien changer à qui ils étaient, à leur histoire, à leurs blessures. Ils pourraient au mieux prétendre être de nouvelles personnes, faire des choix qui les mèneraient théoriquement dans une toute autre direction, mais à la fin de la journée, ils seraient toujours eux-mêmes. La jeune femme sentit son cœur se serrer un peu à cette idée. Était-ce trop demander d’être heureux ? De ne pas vivre constamment avec ce poids sur l’estomac et cette sensation de crouler sous le poids du quotidien ? « Peut-être que cela vaudrait le coup d’au moins essayer de tout déconstruire pour recommencer. Peut-être que ça fonctionnerait mieux que ce que l’on croit. » La naïve différence entre l’imaginaire et la réalité. « C’est toujours quelque chose à quoi se rapprocher. » Une perspective rassurante à avoir avant que tout se casse à nouveau la gueule. La brune n’avait pas grand-chose de plus à raconter. Le fait est que si ça ne tenait qu’à elle, elle serait capable de partir loin, de trouver un travail, un logement, d’essayer de rencontrer des gens. Elle pourrait se tenir loin des affaires illégales, mais ce ne serait que le sommet de l’iceberg de tout ce qui déconnait sérieusement chez elle. « Je pense que même avec la meilleure volonté du monde, je referais les pires choix possibles. » Les substances, par exemple. Elle deviendrait juste une junkie à l’autre bout du globe. « Et j’aurais l’impression d’avoir foutu en l’air le peu que j’aurais réussi à construire ici. » Sa pseudo stabilité et ses relations. Cela devait bien compter pour quelque chose. « J’apprendrai de mes erreurs un jour. C’est juste… pas pour tout de suite. » Parce qu’elle n’en avait encore aucune envie, même si cette pensée était difficile à formuler. « J’ai l’espoir stupide que ça finira par se mettre en place. Que je vais me caser, avoir de la stabilité dans ma vie, pourquoi pas même fonder une famille. » Ce serait chouette, une vie dégoulinante de normalité. « Pas que les responsabilités me semblent actuellement être une très bonne idée. »

@Kieran Halstead


 
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Kieran Halstead
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les cicatrices de la mémoire
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ÂGE : trente-cinq (14.07). aïe.
SURNOM : « kiki » (couché, grrrrhhhh).
STATUT : c’est bien aussi la solitude, on s’y habitue (non, pas du tout #help).
MÉTIER : illustrateur (fauché) en freelance et prof (dépité) d’arts visuels.
LOGEMENT : #18 james street, fortitude valley, avec cesar (le coloc) et waterproof (le corgi).
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TW IN RP : dépression, pensées suicidaires, tentative de suicide, relation toxique, maltraitance, abus physiques et psychologiques, harcèlement scolaire, dépréciation, troubles anxieux, distorsion corporelle, mention d'agression physique (j'adapte mes rps au besoin, contactez-moi ♡).
ORIENTATION : J'aime les jolies filles.
PETIT PLUS : placé en foyer, très proche de la dernière famille qui s’est occupée de lui ≈ souffre néanmoins de cette absence d’identité propre ≈ réservé, maladroit, optimiste, vit dans un monde imaginaire ≈ a quitté sa fiancée il y a deux ans, soulagé malgré sa phobie de la solitude ≈ essaie de reprendre confiance en lui, de renouer avec ses proches, de retrouver sa place ≈ préfère la compagnie des pop et des jeux vidéo aux humains ≈ du talent au bout des doigts, aucune motivation d’en faire quelque chose ≈ trop mou, trop paresseux, trop paumé ≈ a fait une tentative de suicide fin novembre 2022.
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RPs EN COURS : stuck at the bottom (Aleran #1) Tumblr_inline_plhd1mS2X01slbpsl_1280 halstay #12, #13 & ua #3 (parents) ⊹ i hope your ghost will haunt me, i hope i hear you calling my name at 3am. 'cause honey, i love you dearly and i cannot bear you leaving again, not again. oh, i hope your ghost will haunt me 'til the end.

stuck at the bottom (Aleran #1) 0e4c2e637f2a56a53118b77291743b70048df66b
spencer #5 ⊹ i've been begging, hope you're listening. i've done my wrongs but i'm someone different.

stuck at the bottom (Aleran #1) 5457bd0bce2c215c3657ae167d094e9f391cf887
ally ⊹ oh, if i can take something to make me feel better than i'm feeling now and everything else will work itself out.

(13/06 - vous savez, moi je ne crois pas qu’il y ait de bon ou de mauvais compte. moi, si je devais résumer le rp aujourd’hui avec vous, je dirais que c’est d’abord des rencontres)ginny (fb)ceciliashilohwildalfly #17 (ua)danaëolive #2greta #2
RPs EN ATTENTE : flora #3
RPs TERMINÉS : stuck at the bottom (Aleran #1) MokPW9e
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kieyer ⊹ close your eyes and think of me and soon i will be there to brighten up even your darkest night. you just call out my name and you know wherever i am i'll come running, to see you again.

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Message(#)stuck at the bottom (Aleran #1) EmptyJeu 6 Avr 2023 - 22:09

⚠ tw : tentative de suicide et dépression

Compte tenu des circonstances, Kieran est peu envieux de faire la conversation. Il n’a pas envie de parler des raisons qui l’ont amené ici, des épreuves devenues insurmontables, des mauvaises décisions qui ont été les siennes. Il n’a pas envie de parler des regrets qui sont les siens,  de cette ambiguïté qu’il ressent à l’idée d’avoir vécu son plus grand soulagement au détour d’un acte qui cause aussi sa plus grande honte. Il n’a pas envie de parler de la manière dont il devra envisager l’après, de tous ces regards qu’il sera forcé d’affronter un jour ou l’autre, de toutes ses explications qu’il est pourtant incapable de donner. Il n’a pas envie de parler ; et Albane n’a pas à se sentir personnellement visée par son mutisme alors qu’il n’a jamais eu envie de parler. C’était d’abord par obligation ; ses parents n’étaient pas réceptifs à tout ce qui pouvait sortir d’entre ses lèvres et Kieran a appris à contenir les choses pour lui afin de diminuer un peu le poids de la charge qu’il représente pour les autres. S’il ne dit rien, alors ils ne peuvent rien lui reprocher. C’est devenu un besoin, un instinct de survie, quand il a compris que cette apathie lui était tout autant reprochée, mais lui donnait une impression de sécurité dont ses rares opinions le privaient.  C’était ensuite par nécessité ; il s’était enfoncé dans une situation qu’il ne savait lui-même pas expliquer et que personne n’était en mesure de percevoir – au point où des déclarations de sa part quant à ce qu’il vivait au quotidien n’auraient pas été prises au sérieux tant elles auraient été lourdes et surprenantes. C’est devenu une habitude ; Watson a su apprendre la peur à un enfant, les Halstead ont appris le silence à leur fils. Il a appris sa leçon comme l’enfant parfait qu’il voulait être à leurs yeux dans l’espoir de leur donner une raison de l’aimer. L’habitude s’est bien ancrée en lui, au point où rares sont ceux qui ont un aperçu de ce qu’il s’est passe dans sa tête autant que de sa vie, dont il conserve précieusement les détails pour lui, convaincu que, de toute évidence, ça ne peut intéresser personne. Pas même les gens qui composent son entourage, à commencer par son ex-fiancée auprès de laquelle il a maintenu le mensonge d’une belle-famille qu’elle rencontrerait sous peu avant de lui avouer la vérité. Encore aujourd’hui, lorsque vient le moment de parler de lui, Kieran préfère se cacher derrière des mensonges qui lui permettent d’ignorer la réalité de son statut. Un statut qu’il ne définit pas, car pour cela il faudrait encore qu’il en ait conscience, qu’il pose des mots sur des difficultés ; ce dont il est incapable. Alors il a préféré les actes, et aujourd’hui quand vient le moment de les expliquer à leur tour, Kieran est coincé dans une situation où la seule issue pour rester silencieux est celle face à laquelle il a échoué. « Très franchement, je veux pas être la gagnante de cette compétition. D’un autre côté, si je gagnais, ça voudrait dire que tu vas mieux que moi et… tant mieux pour toi, j’imagine. » - « J’imagine. » Il répète, peu convaincu. Ce n’est pas qu’il est persuadé d’échouer à ce concours, c’est qu’il est persuadé d’échouer à l’étape où il est supposé aller mieux qu’elle. Il pourrait y prétendre, pourtant. Parce qu’il ne va pas bien, ce qui veut dire qu’il y aura forcément un mieux plus tard. « Mais je suis coincé ici. Et pour cette raison, je te conseille plutôt de réfléchir à ce que j’ai gagné. » Il lance, avec un sourire timide, mais amusé. Ce n’est pas la victoire qui lui plaît, c’est de se complaire un peu plus encore dans ce silence. Il a gagné parce que son argument tient la route et non parce que les jurés ont entendu sa version des faits et qu’ils ont conclu qu’il était le plus malheureux des deux. D’ailleurs, les jurés ne connaissent même pas sa version des faits, quel dommage.

Pour autant, il en aurait des choses à en dire, Kieran. Personne ne s’y trompe, pas alors que sa présence ici parle pour lui. Pas alors qu’on peut imaginer qu’il n’y a pas qu’une raison qui l’a mené jusqu’ici, qu’elles sont nombreuses et pour autant, il continue de considérer qu’il n’a pas encore touché le fond. Parce qu’il y a toujours plus. Plus insupportable, plus insurmontable, plus invivable. Il y a toujours plus, alors que Kieran ne rêve que de moins. Moins de difficultés, moins de dénigrement, moins de souffrance. Moins de lui à être condamné à supporter, tout simplement, et c’est bien pour ça qu’il est dans cette chambre. « Ce n’est pas une raison pour faire un aller simple en direction de la morgue. » Le ton moralisateur qu’elle lui adresse aurait pu le faire rire compte tenu du paradoxe de ces quelques mots. Il pourrait lui renvoyer leur situation respective en plein visage. Il pourrait rire, comme il l’a fait plus tôt. Se moquer, provoquer, se montrer sarcastique, ne rien prendre au sérieux alors que tout autour de lui l’implore de le faire. C’est sérieux, cette fois-ci ; et n’importe qui s’accorderait à dire qu’il a touché le fond. Sauf que ce n’est pas le cas à ses yeux. À ses yeux, il est vivant ; et c’est un problème. C’est un problème non pas parce qu’il voulait mourir, mais parce qu’il voulait que ça s’arrête. Et il est vivant. Ça ne s’arrêtera jamais. C’est un perpétuel recommencement, un schéma qui l’accompagne depuis qu’il est un jeune garçon. Ne pas avoir envie de quoi que ce soit. Ne pas avoir envie d’être quoi que ce soit. Ne pas avoir envie d’être ; souhaiter de n’avoir jamais existé. Maudire les rares personnes qui l’obligent à continuer de vivre. Se convaincre qu’il a des raisons de le faire. Les énumérer. Les invalider aussitôt. Se forcer à sortir du lit pour trouver une raison d’être, quelque chose de positif, un changement qu’il aurait pu apporter. Se coucher en réalisant qu’il existe une liste de toutes ces choses auxquelles se raccrocher, s’en vouloir qu’elles ne soient pas suffisantes. Se détester. Encore et encore, pour rien et pour tout. Vivre avec ce bourdonnement incessant et inidentifiable au fond de son esprit. Se surprendre à vouloir l’écouter, lui donner plus d’importance. Entendre sa propre voix, ses propres pensées se transformer en ces idées noires qui ne s’arrêtent jamais. Plus fortes. Encore plus fortes. Toujours plus fortes ; complètement assourdissantes. Se convaincre qu’on peut y arriver, qu’il suffit de quelques efforts pour briser ce cercle, pour avoir le déclic qui apportera toutes les réponses. Ne pas y arriver, le constater, s’enfermer et attendre. Un soulagement, une accalmie, une pause, n’importe quoi. Une fin. « Mais c’est le seul moyen pour que ça s’arrête. » C’est le seul moyen qu’il voit, le seul qui lui paraît accessible, le seul qu’il a l’impression de pouvoir s’offrir. Plus de sarcasme, plus de légèreté, seulement une vérité qui en est une autant pour elle que pour lui. Il veut que ça s’arrête. Et si ce n’est pas grand-chose, ce n’est cette fois-ci plus annonciateur d’une finalité. Mais d’un début, de celui où il prend conscience de quelque chose, même l’espace d’un instant ; un instant où Kieran pose des mots sur sa situation.

Une prise de conscience qui ne durera probablement pas éternellement ; le voilà déjà qui échafaude des plans de fuite, convaincu qu’il en aura besoin un jour ou l’autre. « Toujours ravie d’aider. » - « À charge de revanche. » Il ne sait pas exactement ce qu’il pourrait lui proposer en contrepartie ; pas grand-chose et il regrettera probablement d’avoir glissé sur ce terrain-là à la minute même où elle se souviendra de ces mots. Pour l’heure, la perspective de quitter cet hôpital est bien sa priorité, quand bien même il n’a aucune idée de ce qu’il ferait. Rentrer chez lui, tenter de reprendre le cours de sa vie paraît être la réponse la plus adaptée. Dans les faits, il sait qu’il ne pourra pas reprendre les choses là où il les a laissées. Pas alors qu’elles sont aussi douloureuses, pas alors qu’il s’agit de cette même vie qu’il a souhaité s’ôter. Le plus simple ne serait pas de la reprendre, mais de la recommencer. Il s’est déjà imaginé le faire, Kieran. Il s’est imaginé des millions d’autres rôles plutôt que d’avoir à jouer le sien, et le dénominateur commun est un bonheur qu’il n’arrive pas à trouver dans cette version actuelle de lui. « Peut-être que cela vaudrait le coup d’au moins essayer de tout déconstruire pour recommencer. Peut-être que ça fonctionnerait mieux que ce que l’on croit. » Peut-être. Sauf que dans la finalité, il serait toujours lui-même, avec ses difficultés, avec cette dépression avec laquelle il doit apprendre à composer parce qu’elle sera toujours là, quelque part, même durant les périodes les plus heureuses de sa vie. Elle pourra lui laisser des mois, des années de répit avant de frapper à nouveau ; elle frappera à nouveau. Elle frappe toujours. « C’est toujours quelque chose à quoi se rapprocher. » - « Je crois pas, non. C’est juste... trop. » Il débute, avant de rapidement ajouter : « Je connais pas ton histoire, mais je crois que si t’es là, c’est qu’il y a eu trop. Et qu’il y a... je sais pas, un point de non-retour à partir duquel tu peux pas tout déconstruire parce que... justement, il y a trop. » Un point de non-retour qu’ils ont évidemment touchés, sans quoi ils ne seraient pas là aujourd’hui. « Et que ça demanderait trop de travail, trop d’énergie, qu’on mettrait trop d’espoirs, alors qu’on a déjà essayé. Peut-être pas de repartir de zéro, mais au moins d’essayer de se convaincre que c’était possible. » De s’accrocher à cette possibilité, pour mieux réaliser qu’elle est inaccessible. « Je pense que même avec la meilleure volonté du monde, je referais les pires choix possibles. » Restant silencieux alors qu’l l’observe, Albane poursuit. « Et j’aurais l’impression d’avoir foutu en l’air le peu que j’aurais réussi à construire ici. » - « Tu vois, toi-même tu t’accroches pas à cette idée. » Ce n’est pas un reproche. Seulement un constat, celui où elle-même n’arrive pas à envisager de tout déconstruire pour recommencer, parce que, déjà, elle sait qu’elle retombera dans ses vieux travers. « J’apprendrai de mes erreurs un jour. C’est juste… pas pour tout de suite. » - « Et pas une raison pour faire un aller simple vers la morgue. » Kieran reprend ses propos sans honte, mettant la jeune femme devant ses propres contradictions. Elle est aussi réticente que lui à l’idée d’aller mieux, aussi convaincue qu’il ne l’est de ne rien changer dans son quotidien. « J’ai l’espoir stupide que ça finira par se mettre en place. Que je vais me caser, avoir de la stabilité dans ma vie, pourquoi pas même fonder une famille. » Il ne voit que trop bien où elle veut en venir, alors qu’il possède le même espoir. « Pas que les responsabilités me semblent actuellement être une très bonne idée. » Il a un léger rire qui confirme ses propos, avant qu’il ne redevienne plus sérieux. « Je crois juste qu’il y a des gens qui sont faits pour être heureux. Et qui peuvent l’être, ou qui ont le droit de l’être. » Il débute, réalisant déjà que ses propres paroles lui feront plus de mal qu’il ne le voudrait. « Et il y a les autres. » Il y a ceux qui n’y arrivent pas, il y a les gens comme lui, qui ont essayé, encore et toujours, en vain. « Et je fais partie des autres, j’ai juste jamais voulu l’accepter. » Mais son discours n’est pas aussi pessimiste qu’on pourrait le croire même si le constat est douloureux. Tout réside dans ce dernier terme ; et le fait d’accepter les choses. « Je veux dire... je dis pas que je le serai jamais, mais... j’ai passé trente ans à essayer. À courir après cet idéal, à me casser la gueule et... » À souffrir, à avoir mal, à recommencer, à perdre espoir, à en avoir à nouveau, à s’effondrer, à s’acharner. « Et je suis épuisé. » Il admet avec un rire nerveux qui masque la fragilité de ses nerfs, alors qu’il finit par baisser son regard mouillé pour ne pas gêner la jeune femme. « Je suis épuisé d’essayer. » Il répète en enfouissant un instant son visage entre ses mains avant de continuer à observer le tissu de son drap plutôt que de relever le regard vers Albane. « Alors peut-être qu’il faut juste que j’arrête d’essayer. » De courir après un but qui lui semble inatteignable, un objectif qu’il a sans cesse essayé de réaliser sans jamais y parvenir. « Ce sera peut-être pas mieux, mais peut-être que ce sera déjà plus... supportable. » Peut-être que le problème réside dans cet espoir stupide qu’ils conservent tous les deux. On pourrait croire qu’ils l’ont abandonné pour se trouver ici, mais peut-être que ce n’est pas encore le cas et que c’est tout le fond du problème. « Mais je peux espérer pour les autres, et j’espérerai pour toi que ça se mette en place. » Il conclut, relevant enfin les yeux pour lui offrir un timide sourire triste, mais néanmoins sincère.

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Message(#)stuck at the bottom (Aleran #1) EmptyVen 14 Avr 2023 - 22:14

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Take me away in a car on a plane. This whole world keeps fucking with my brain. Take me away please give it a rest. I just need to take a break from my brain

C’était fascinant de constater à quel point ils pouvaient aller loin en étant brisé. Continuer de se lever tous les matins, porter un masque pour dissimuler tout ce qui ne fonctionnait pas chez eux, et juste enchaîner les journées sans qu’on ne les soupçonne. On ne pouvait jamais savoir ce qu’une personne pouvait bien avoir en tête, quels bagages invisibles elle se traînait au quotidien. A force, Albane avait juste l’impression d’être devenue douée pour feinter. Même à travers sa consommation d’opioïdes, elle était plutôt fonctionnelle au quotidien. On ne la voyait pas comme une personne déprimée, triste, ou même cassée au premier abord. Il fallait du temps pour gratter la surface, et de la chance pour surprendre ses moments de faiblesse. Elle n’allait clairement pas bien non, commençait à avoir cette dangereuse tendance d’opter pour tous les mauvais choix qui se présentaient plutôt que ceux qui pourraient l’aider. Elle tentait de s’échapper de cette réalité par tous les moyens possibles. Pourtant, elle n’était pas la plus mal lotie. Elle avait fait une belle connerie qui avait tiré les sonnettes d’alarme de ses propres, de ses anciens collègues, du corps médical. Mais elle était assez chanceuse pour qu’on lui accorde le bénéfice du doute -du moins, c’était ce qu’elle avait cru comprendre-. Elle n'était pas traitée comme si elle risquait de se défenestrer une fois les dos tournés, ou comme si elle était un danger pour elle-même de quelque manière que ce soit. Elle pouvait se tromper. Après tout, la française sortait à peine de sa torpeur de sevrage, recommençait à pouvoir bouger sans que son corps entier crie au supplice. Peut-être que le corps médical l’attendrait au tournant la semaine suivante et attendrait sa date de sortie pour lui dire qu’ils préféreraient la garder. Kieran n’avait pas eu cette chance de s’en sortir. Il savait que le retour à la vie réelle ne serait pas pour tout de suite. Et aussi torturée soit-elle par ses propres maux, Albane était bien incapable d’ignorer son empathie naturelle. Elle ne pouvait pas regarder l’homme sans ressentir un pincement au cœur à la simple perspective que, vu le jugement des médecins, il allait bien plus mal qu’elle. Cela forçait l’admiration -ou la peur- quand elle ne savait déjà pas comment se relever, pour le moment. Il lui lança un sourire auquel elle répondit instinctivement, sans la moindre joie cependant. A quoi cela rimait de sortir d’ici si c’était pour endurer tout ce qui les faisaient atterrir dans ces lits en premier lieu ? « Des visites régulières avec de la nourriture de l’extérieur ? » Elle n’avait pas vraiment d’idées autres que celles-ci. Elle ne serait d’aucune aide en tant que soutien émotionnel et de toute façon, elle doutait franchement que ce soit ce dont il ait envie. Mais elle pourrait faire ça ; remettre les pieds ici, lui rapporter quelque chose de plus digeste que la cuisine de l’hôpital, lui offrir quelques minutes de compagnie s’il en avait envie. C’était bizarre à proposer, elle en avait bien conscience. Elle ne savait pas non plus si le sentiment serait mutuel, mais pour le moment, la jeune femme se sentait juste apeurée, découragée, à la recherche de quelque chose de familier. Kieran était la seule personne à qui elle s’imaginait parler après des jours à rejeter visites et appels. Elle avait peur que cela ne passe pas même une fois qu’elle serait sortie. Et moins égoïstement, elle serait tout bonnement incapable de partir sans se retourner, de passer les prochains mois à se demander ce que deviendrait cet homme. S’il avait fini par se sortir de l’hôpital, mais aussi de ce qui le tirait vers le bas. C’était dans sa nature profonde de prendre soin des autres et elle y arrivait plus facilement que de prendre soin d’elle-même. Alors quand bien même la française saisissait l’ironie à morigéner Kieran sur les décisions qui le mèneraient jusqu’à la morgue, cela partait d’une bonne intention. Elle n’avait pas besoin de le connaître pour savoir qu’il méritait de meilleurs jours, que lui aussi devrait avoir droit à sa part de bonheur à un moment donné. Parfois, elle essayait de s’en convaincre pour sa propre vie, se disait qu’un jour, tout irait mieux. Qu’il lui restait encore des choses à vivre avant de finir dans la tombe. C’était beau comme perspective. Dans ses meilleurs jours, cela occultait presque le fait que pour arriver à ce jour, il faudrait encore qu’elle soit capable d’affronter le présent avec les douleurs et les problèmes qu’il portait. Mais ça, elle n’en avait pas la force. Au point que les mots du brun assombrirent son visage, la laissant silencieuse. Elle ne comprenait que trop bien. Ils ne voulaient pas mourir, pas dire au revoir à tout ce qu’ils avaient. C’était juste… mettre pause. Ne plus ressentir. Arrêter de se réveiller avec cette douleur invisible, ce poids suffoquant, cette ombre dont ils ne se débarrassaient jamais vraiment, peu importe ce qu’ils pouvaient bien faire ou dire. C’était l’envie que tout soit différent et que cela cesse enfin d’être difficile. Parce qu’en dépit des bons moments que Albane grapillait au quotidien, elle aussi vivait constamment en ayant l’impression de lutter contre le courant. C’était un combat de chaque instant, si bien que la perspective de se laisser dériver était accueillante. Plus simple, plus douce. « Ça peut pas être une solution. » Il y avait bien autre chose à faire, non ? Il devait y avoir autre chose. Autrement, quelle était l’utilité de continuer ?

Parce qu’il fallait réfléchir à l’après, faire des plans, aviser. Se préparer à survivre, peu importe ce que cela demanderait. Ce n’était pas tant que Albane y croyait ; c’était surtout qu’elle savait qu’elle n’aurait pas le choix. Elle avait déjà fait vivre une épreuve bien trop compliquée à ses proches en manquant de se foutre en l’air, ce n’était pas pour recommencer et réussir la prochaine fois. Et alors qu’elle parlait, elle réalisait pleinement les failles de son plan, aurait été capable de faire une liste de mille raisons sur pourquoi cela ne fonctionnerait jamais. Kieran n’avait pas besoin de le lui signaler. Au fond, elle était probablement là la raison qui faisait qu’elle sortirait de l’hôpital et pas lui. Oui, c’était trop. C’était insupportable, lui donnait envie de hurler et de prendre les pires décisions à peu près tous les jours. C’était comme se noyer et n’avoir droit qu’à quelques gouttes d’air de temps à autre, juste de quoi la garder en vie, mais pas de quoi apaiser sa détresse. Peu importe ce qu’elle déciderait de faire, cela ne ferait pas disparaître tout ce qu’elle avait vécu, du deuil, en passant par les images de violence, les fondations brisées, le cœur en miettes. Elle ne pourrait pas se réparer en changeant d’environnement, il faudrait juste apprendre à vivre avec, même si la tâche paraissait impossible. « Je peux pas me résoudre à me dire qu’il y a aucune issue. Si je fais ça… » Elle serait foutue pour de bon. « J’ai besoin de croire que je peux surpasser… tout. Que ce sera pas toujours comme ça. » Car la vérité, c’était qu’elle n’avait pas essayé, elle. Elle s’était jetée dans la morphine pour avoir la sensation d’aller mieux, avait accumulé les soucis plutôt que de les régler. A l’écouter parler, Kieran semblait être celui qui était à court d’options. Ce n’était pas son cas. Elle n’avait juste pas l’énergie de s’y mettre. Ou avait trop peur de réaliser que cela ne servirait à rien. C’était en partie pour cela qu’elle ne partirait pas, ne changerait pas de continent, et que tous ses grands projets de nouvelle vie ne resteraient que de beaux fantasmes. « Je crois que je préfère encore avoir l’option de la fuite. C’est plus réconfortant que la fuite en elle-même. » Si elle n’essayait pas, elle n’échouerait pas. Mais un jour, elle ferait le nécessaire. C’était une promesse qu’elle devrait se faire. En attendant, elle continuerait de répéter ses travers, éviterait juste d’encore finir ici. Entendre Kieran répéter ses mots lui arracha un sourire piteux. « Je referai pas d’overdose. » Pas par erreur. Si cela devait arriver à nouveau, ce serait la bonne. Celle où personne ne pourrait la sauver. Avec un peu de chance, ce ne serait pas l’alternative de choix et dans quelques années, elle regarderait ces années de sa vie avec une forme de pitié dans une vie où elle serait casée, posée, mariée, des enfants, un bon boulot. Le cliché de la vie accomplie.
Avant cela, il faudrait juste qu’elle parvienne à se garder en vie. Cela paraissait tellement cocasse de parler de bonheur dans ces circonstances. Tellement inatteignable. Cela faisait des années que Albane avait remplacé le bonheur par l’euphorie chimique, à tel point que son cerveau ne reconnaissait plus correctement les signaux. C’était plus simple de faire la différence entre le supportable et l’insupportable. Mais à ses yeux, le bonheur n’était pas une question de droit, ou de mérite. Ça voulait dire quoi, essayer d’être heureux ? C’était réussir à se lever un beau matin et voir la vie en rose ? C’était ne plus avoir de problèmes, de traumatismes, de bagages ? C’était sourire honnêtement ? Elle était touchée qu’il lui souhaite cela. Elle avait juste du mal avec la notion. « Être heureux, c’est surtout pour les veinards qui n’ont pas eu d’épreuves à traverser. C’est horrible à dire, mais je n’aime pas trop ces gens. » Ils étaient trop insouciants, trop idéalistes. Dur de croire qu’elle en avait fait partie. « Et je ne pense pas qu’il y ait un idéal quand ça touche au bonheur. On le trouve juste dans certains moments, avec certaines personnes. Parfois, on se sent vivant le temps de quelques heures ou quelques jours. Je crois que c’est ce que je recherche, plutôt qu’une vie parfaite. » Elle détestait s’entendre parler dans ces moments. Quand ses mots faisaient totalement sens mais que la réalité était hors de contrôle. « C’est à ta portée aussi. Alors attends de voir et évite la morgue en attendant. » Ils pourraient avoir ce coup de chance aussi, un de ces jours. Il ne pourrait pas lui enlever cet espoir naïf.

@Kieran Halstead


 
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