Tu t'es barrée sans que j'ai pu réellement donner d'explications. Et, quand j'avais essayé de débarquer à votre soirée entre filles pour m'expliquer, je m'étais fait virer. Mais en fait, m'expliquer de quoi? Je crois que je ne te dois plus d'explications ? On est plus ensemble. Toi, t'as bien refait ta vie depuis que tu m'as quitté. Si je me souviens bien, t'as été en couple avec un gars ici, sur Brisbane, et là, tu te rapproches dangereusement de ton superbe ami français bourré H24, Jules. Est-ce que j'ai dit quelque chose sur ça ? Est-ce que j'ai fait comprendre que ça me gênait ? Non. Parce que t'es plus avec moi. Bon, après, je t'ai pas chopée nue avec un autre mec, nu lui aussi, sur le canapé de chez lui, à bouffer des pizzas. Peut-être effectivement que j'aurais réagi de la même façon que toi. Enfin bon, toute façon, Ethel, c'est qu'une amie. Et toute façon, j'ai pas à me justifier auprès de toi. Je te rappelle que c'est toi qui m'a largué. C'est moi qui ne te suffisait plus, mais c'est bien toi qui a mis un terme à notre relation. On aurait pu en discuter, j'aurais pu faire des efforts, mais non, c'était fini. D'un coup, comme ça, t'avais décidé que tu voulais plus de moi. Breeeeef.

Tu dois être repartie chez toi de toute façon, là. Alors je débarque chez Bane, dans l'espoir de lui donner ma version à moi, et puis, d'obtenir quelques réponses aussi. Mon plan d'action ? Squatter son lit et la réveiller en douceur pour aborder le vif du sujet rapidement. Toute façon, devrait y avoir personne dans sa chambre. Puis en fait, c'est un peu une situation de crise donc si ya quelqu'un, ce quelqu'un va jarter dans tous les cas. Je frappe pas, pas besoin, et puis sa porte est toujours ouverte de toute façon. Les volets sont même pas fermés, et ya des cadavres de bouteille un peu partout. Eh bah, sacré soirée. Je manque de me casser la gueule parce que ya du liquide au sol. Je suis guéri de l'altercation avec Seth mais j'avoue que j'appréhende d'avoir mal dès que je fais un geste brusque. Je lâche un grognement de suprise en me rattrapant au mur, mais je suis soulagé de ne pas être tombé ni de m'être fait mal. Sauf que j'entends ta voix, la voix d'une Dani qui vient d'émerger. Roh, putain, mais qu'est ce que tu fous là sérieux, t'étais pas censée être rentrée ou partie au boulot ? "Euh, hey..." je dis doucement, mes yeux se relevant vers ta silhouette. "Sacrée soirée, hm... T'as pas pu rentrer chez toi ?" Je demande, dans l'espoir d'éviter une conversation gênante.

L’image ne veut pas quitter ton esprit. Cette blonde toute nue à côté d’Hugo sur son canap, lui aussi tout nu. Initialement les filles t’ont envoyé récupérer le fromage puant de la raclette qui avait été stocké dans le frigo du Blanchard. Faute de place dans le frigo de Bane. Au début, t’étais contre cette idée, pourquoi ça devait être toi et pas Lyb ? Après tout, c’est elle qui vit chez Hugo. Mais bon, il faut croire qu’il y a toujours une bonne excuse pour vous réunir Hugo et toi. Etrangement, votre relation s’est améliorée entre vous, du moins t’es moins bizarre avec lui depuis la soirée retrouvailles des Five, si on fait exception de l’incident avec Jules. Un énorme quiproquo que ton ex a fini par comprendre. D’ailleurs, ça t’avais un peu étonné qu’il réagisse au quart du tour, vous n’étiez plus ensemble, vous aviez refait vos vies. La preuve en image, quand t’es tombée sur l’un des (nombreux) plans culs de ton ex. Sur le moment t’as pas cherché à comprendre, à entendre des explications tant la surprise se lisait dans vos regards. D’une main, tu t’étais cachée les yeux afin d’accomplir ta mission. En ouvrant le frigo, l’odeur du fromage à raclette était si forte que t’as eu un haut le cœur. Habituellement, tu supportes tout ce qui pue, qui pique, t’es pas une chochotte de l’estomac comme Hug.

Tu soupires dans le canap de Bane cette fois-ci. T’as clairement trop bu et mangé hier soir pour tenter d’oublier ce fâcheux incident. Au début, t’as fait ta tête de mule, tu n’as pas voulu en parler aux filles. Pourtant à force de remplir ton verre, Jiji, Lyb et Bane ont réussi à te faire cracher le morceau. T’es devenue toute rouge en racontant l’histoire, tes bras croisés sur la poitrine. Le regard des filles n’est pas passé inaperçu, elles t’ont taquiné forcément au début. Elles connaissent ton point faible. Hugo. De mauvaise foi, tu rejettes la faute sur elles car après tout, c’est à cause d’elles que tu t’es retrouvée dans cette situation. Une autre bouteille de vin suffit pour que t’arrêtes de bouder et que vous proclamez la solidarité féminine avant les putes.

Bane elle dort encore, alors t’en profites pour te lever et te faire un café dans la cuisine. Tes cheveux, ton corps tout entier put le fromage et l’alcool. T’as même pas envie de te regarder dans un miroir. Tu navigue dans la cuisine en petite culotte et tshirt à la recherche d’un truc à manger. Y’a pas grand chose dans les placards de Bane. Non en vrai, t’as pas si faim que ça après la raclette d’hier soir, mais le petit dej est un rituel sacré pour toi.

Le café a fini de couler, tu te sors une tasse, te frottant les yeux encore fatigués. Baillant sans retenu, tu sursautes en entendant la porte s’ouvrir d’un coup. Putain, c’est français de ne pas fermer la porte à clés ? T’es sur le point de t’énerver que t’entends la voix Hugo. Tu fais les yeux ronds avant de prendre une inspiration et de te retourner.

”Hm.. Bonjour.” Il te regarde avec ses grands yeux bruns. Tu ris jaune à sa question. ”Non en effet.” réponds-tu sur un ton neutre, presque froid. ”Vous ne fermez jamais vos portes ?” C’est plus une remarque piquante qu’une question pour faire la conversation. ”T’as besoin de quelque chose ?” T’es toujours hyper gênée -même dérangée mais tu ne l’avoueras pas- surtout pas devant lui. ”Est-ce que tu peux regarder ailleurs steuplait.” Une question qui est en fait un ordre. Il est toujours là planté devant toi. Ca t’as suffit de le découvrir en tenue d’Adam avec cette meuf hier soir. Beurk. T’abandonnes ta tasse de café sur le plan de travail et retournes vers le canapé. Tu surveilles Hugo, histoire que son regard ne dévie pas dans ta direction. Puis t’essayes de trouver ton pantalon parmi la pile de coussins du canap et l’énorme plaid que Bane t’as donné pour dormir. Tu t’énerves car tu ne mets pas la main sur ton fichue jean. ”Putain il est où ?” T’as juste oublié qu’hier t’as renversé un verre de vin sur ton jean et qu’il est mort. Il est hors de question que tu restes les fesses à l’air devant ton ex.

@Hugo Blanchard

Evidemment que non, t’as pas pu rentrer chez toi. Tu serais pas ici sinon. Vraiment débile comme question ça, Hugo, t’es vraiment débile. Je tente tant bien que mal de garder mes yeux rivés dans les tiens alors que j’ai juste envie de voir quelle petite culotte tu portes. Beurk, mais t’es vraiment un pervers, calme tes ardeurs Blanchard ! T’as décidément dormi ici, vu ta tenue. Et t’étais décidément très bourrée et blessée par ce que t’as vu hier soir, vu ta mine boudeuse et cette mauvaise humeur. "Non, besoin de rien", juste besoin de parler à Bane et de connaître sa version de l’histoire… Je devrais peut-être m’excuser, non ? Boarf, j’ai rien fait de mal, si ? Hm. ”Est-ce que tu peux regarder ailleurs steuplait.” Merde, merde, merde, qu’est-ce que mes yeux sont venus foutre à se poser sur tes cuisses ? "Oui, excuse-moi." Je crois que mon subconscient m’a fait comprendre que c’était plus fort que moi. Je tourne la tête, cherchant à focaliser mon attention sur le plan de travail jonché de vaisselle (et de fringues aussi, visiblement). T’as l’air furax, encore plus du fait que tu trouves pas ton pantalon. Ca va, Dani, c’est pas la première fois que je te vois à moitié à poil. Hm, pas sûr que cette remarque soit appropriée, là tout de suite maintenant. Mais pourquoi t’es énervée au juste ? Ca t’a tant touchée que ça, de me voir dans les bras d’une autre ? Contrairement à toi, je ne me suis mis en couple avec personne, depuis notre rupture. Je chope la serviette de douche qui traîne sur le tabouret, et te la tend, la tête toujours tournée de façon à ne pas être tenté de te regarder. "Tiens, si ça peut aider." M’enfin, ça m’arrange bien aussi de ne pas avoir à affronter les éclairs dans tes yeux. Et vu comme tu t’adresses à moi, je sais qu’ils sont bien ancrés dans tes prunelles, ces éclairs, oh ça oui !

"Je pensais pas te recroiser ici ce matin, je serais pas venu sinon." Quelle belle façon de s’enfoncer davantage ! "Fin, c’est pas que je voulais pas te voir", si, un peu quand même, "mais… Fin, tu vois quoi." Ouais, je pense que toi, t’en as même un peu trop vu hier d’ailleurs. "Je suis désolé que t’aies eu à voir ça", j’avoue que moi aussi, si j’avais été dans ta position, j’aurais pas été très heureux non plus. Mais dans mon cas, c’est différent. Je rappelle que c’est toi qui est partie. Moi, j’en avais absolument pas envie, de cette rupture. "Mais t’sais, c’est pas sérieux avec Ethel." Pourquoi je me sens obligé de me justifier ? "Y’a jamais rien eu de sérieux à vrai dire, depuis… Nous." Je suis pas sûr que tu puisses confirmer la même chose de ton côté, et ça par contre, ça me fait bien chier. En même temps, t’es pas le genre qu’on a envie de laisser filer entre ses doigts. Je relève finalement les yeux vers tes opales. Pfiou, ça commence à devenir un peu trop sentimental à mon goût. "M’enfin, c’est de l’histoire ancienne, hm. On est tous les deux bien passés à autre chose, hein ?" j’annonce, aussi assuré que possible. Le sourire que j'essaie de t'offrir a l'air si faux. Mes joues tremblent, elles me font défaut si facilement. Et puis, c'est impossible de te mentir. Oh, si tu savais Dani. Non, j’arrive pas à accorder mon cœur depuis notre rupture, et non, je suis pas vraiment passé au-dessus de notre couple.

T’es gênée plus que tu ne l’aurais pensé. Et t’es peut-être un poil énervée par la scène que tu as vu hier. Ça te fait quelque chose d’avoir vu ton ex nu avec une autre nana. Fut un temps, c’était vous, c’était toi. A vous cacher pour ne pas vous faire surprendre par les Five. Ce temps est révolu, tu as décidé de rompre car ça n’allait pas, ça n’allait plus entre vous. Ton deuil a fait ressortir les facettes sombres de ta personnalité. Ton visage avait perdu son légendaire sourire, et tu n’avais plus la patience pour qu’Hugo se réveille et fasse les efforts que tu demandais et attendais pour que votre relation tienne le coup avec la distance.

Le regard vacillant du Blanchard ne t’échappe pas. T’es encore fatiguée et t’as la gueule de bois, mais tu lui fais la remarque. Il s’excuse et te tend le premier truc qu’il trouve. Une serviette. T’es mi-boudeuse, mi-amusée par la scène quand tu le vois s’étirer de tout son corps poue regarder de l’autre côté. La légende dit que tu es menaçante quand tu as passé une mauvaise nuit de sommeil. « Merci » lâchés-tu sèchement en improvisant une jupe autour de ta taille avec la serviette. Bon ça fera l’affaire.

Où en étais-tu ? Ah oui le café. Tu as terriblement besoin de café. Pas forcément la meilleure idée mais tu t’en fiches. Tu dois digérer ce que t’as vu hier. Tu n’avais pas soupçonné que ça allait autant te tracasser. Attrapant ta tasse dans tes mains, tu t'interromps dans tes mouvements lorsqu’Hugo se met à parler. T’es trop fatiguée pour lui répondre, tu peines à garder les deux yeux ouverts. Alors tu réponds mentalement dans ta tête. Moi non plus je ne m’attendais pas à te revoir ce matin, même si je sais que t’es copain comme cochon avec Bane.

Dos à lui, tu l’entends bafouiller, s’excuser, se justifier. Lentement, tu finis par te retourner lorsque tu apprends le prénom d’Ethel. Figée sur place, tu l’observes d’un regard blanc. Tu fronces légèrement les sourcils quand Hugo vous mentionne. Un léger frisson parcourt ton échine quand il parle de vous, de votre histoire. Tu joues l’indifférence. ”Tu l’as très bien dit toi même, nous c’est de l’histoire ancienne.” Faut bien que t’assumes tes choix. Même si ça t’as brisé le cœur de le faire, tu as pensé à toi. ”T’as pas à me rendre des comptes Hugo.” On n’est plus des étudiants maintenant, on est des adultes. T’as toujours été la plus mature des deux. ”J’ai juste été surprise.” Mensonge. En parlant de surprise, ton téléphone vibre sur la table basse du salon. T’en profites pour fuir la conversation et passer devant Hugo. Tu choppes ton Iphone et regardes la notification. Un petit sourire se dessine sur les coins des lèvres. Trent. C’est que vous parlez beaucoup en ce moment, en plus de vous voir beaucoup (on a compris haha). Tu veux déverrouiller ton téléphone, mais ce dernier refuse de coopérer. Brusquement il s’éteint, il lui restait 1% de batterie le pauvre. Tu râles de nouveau en coréen, avant de t’affaler sur le canapé, basculant ta tête en arrière sur le dossier. Soupirant, tu fais voler quelques mèches de cheveux. ”La journée commence bien.” que tu switche en français.

Le prend pas personnellement Hugo.


@Hugo Blanchard

T'es carrément pas d'humeur ce matin et tu me le fais bien comprendre. Avant, j'aurais pu t'emprisonner dans mes bras et te couvrir de bisous pour chasser toutes ces mauvaises ondes. Aujourd'hui, c'est clairement déconseillé d'avoir recours à cette méthode. Puis, comme tu me le fais bien comprendre, on n'est plus ensemble. D'ailleurs, tout espoir est mort maintenant que tu le verbalises.

”J’ai juste été surprise.” "Désolé...", je répète une nouvelle fois. Mais tu m'entends pas, t'es trop occupée à sourire niaisement derrière ton écran. C'est qu'un.e ami.e qui t'a envoyé un meme, hein ? Pas de mec en vue, hein ? Parce que ce serait le comble de l'hypocrisie si tu fréquentes sérieusement quelqu'un. Tu râles une nouvelle fois. Je crois qu'il faudrait que je m'eclipse pour te laisser seule, mais j'ai pas envie de finir sur une mauvaise note. Le problème, c'est que je sais pas comment faire pour que tu ne m'en veuilles plus. Je crois comprendre que ton téléphone est en rade de batterie, alors je me propose direct pour aller te chercher un chargeur. C'est un bon début pour se faire pardonner, non ?

Je vais me servir dans la chambre de Bane, qui ronfle comme jamais, et reviens au salon avec le câble. "Tiens, j'crois que c'est le même embout", dis-je en te tendant l'objet, avant de me reculer, en direction de la cuisine. Le matin, t'as besoin de ton café, et je crois pas en avoir senti l'odeur en rentrant dans l'appart, alors je m'y mets et en fais couler deux. Oui parce que je compte bien prendre le café aussi, et rester jusqu'à ce que tu me dises que tout est ok entre nous.
Le temps que je revienne, ton téléphone s'est rallumé et l'écran est ouvert sur une conversation. Tu souris toujours aussi niaisement. Je peux pas m'empêcher de jeter un coup d'oeil furtif : y'a pas de meme d'envoyé, juste des messages échangés avec des smiley qui me paraissent affectueux. D'ac. Donc tu me piques une crise parce que tu m'as vu à poil avec une nana que je fréquente juste pour du cul, mais t'es pas toute blanche non plus à ce que je vois, Hwang.

"Tiens, fais gaffe il est brûlant." Je te tends ton café, et m'assois sur le fauteuil en face de toi. C'est gênant ce silence quand même. J'aime pas bien ça, alors j'amorce. "J'veux pas que ça soit gênant entre nous." Comme si ça l'était pas suffisamment. "J'suis hyper heureux qu'on se retrouve tous les cinq à Brisbane mais c'est vrai qu'on a jamais vraiment eu l'occasion de reparler de nous deux depuis qu'on est plus ensemble." Dis donc, Blanchard grandit ! C'est qu'il essaie de communiquer le gamin ! Je bois une gorgée et me brûle la langue au passage. Cool, cool, cool. "J'pense qu'on est tous les deux grands, et qu'on peut essayer de mettre nos différends de côté pour que ça se passe au mieux ?" Parce que j'aime vraiment beaucoup trop Les five pour leur demander de scinder le groupe en deux, d'autant qu'on s'entend bien quand même, toi et moi. "J'ai bien compris que tu voulais plus de moi, et c'est okay. Je suis ok avec ça." Paaaaas du touuuuut. C'est faux, archi faux. "On peut essayer d'être amis ? Genre vraiment, comme avant. J'pense que c'est le minimum si on veut continuer à se voir sans que ça ne soit trop bizarre." Promis je ferai des efforts. Promis, j'arrête de me dire que nous deux, c'est pas fini.

T’as tellement la tête dans le cul que tu te rends même pas compte que tu as oublié ta tasse de café sur le plan de travail de la cuisine. Entre la raclette d’hier soir que tu n’as toujours pas digérée, Ethel que tu n’as pas digéré (une blonde en plus, depuis quand il aime les blondes ?), tu capitules quand ton téléphone s’éteint alors que Trent est sans doute la seule personne à te faire sourire après une rude nuit T’aurais dû rentrer dormir chez toi, pourquoi t’as pas pensé à commander un uber ? T’étais trop occupée à te bourrer la gueule avec les filles.

Tu entends la vague proposition du Blanchard, alors que tu remontes le plaid avec lequel tu as dormi sur tes jambes. La serviette ce n’est pas suffisant, surtout devant un ex, the ex. Tu remercies Hugo avec un sourire lorsqu’il te tend le câble et tu joues les contorsionnistes sur le canapé pour essayer de brancher le chargeur à la multiprise. T’es à quatre pattes sur le sofa, la tête en bas en train de forcer comme un bourrin, et bien sûr, il faut que le plaid ET la serviette décident de se faire la malle. Mon dieu. Tu te rassois brusquement sur le canapé, sans tomber (c’est un miracle), remonte le plaid sur toi et pose tes yeux sur ton Iphone. Tu ne sais comment, mais tu as réussi à brancher le câble et tu attends de voir la petite pomme apparaître sur ton écran.

Tu peux enfin lire les messages de Trent mais tu es (encore) interrompue. Hugo t’emporte un café. Bon, c’est mignon, il fait des efforts, tout le contraire de toi ce matin. ”Merci, j’avais oublié ma tasse dans la cuisine.” Hugo s’assoit en face de toi, reprenant la parole. Tu l’écoutes ton plaid remonté jusqu’au cou et ton café entre les mains. Tu vois bien qu’il essaye de communiquer, chose que tu lui as de nombreuses fois reproché (même si tu n’es pas le parfait exemple à suivre). Sauf que le français a choisi le mauvais timing, même si tu sais qu’il a raison, mais t’as pas envie qu’il ait raison ce matin. T’es butée, okey ?

T’es sûr que le karma a mis son grain de sel dans l’histoire, te forçant à communiquer avec ton ex. Pour avoir cette fichue conversation que vous n’avez jamais eu en vrai sur votre rupture. Enfin, celle que tu as imposée. Il a raison sur de nombreux points, pourtant tu ne peux t’empêcher de répondre. ”Hugo..” soupires-tu légèrement. ”Je pense que si on veut essayer d’être amis à nouveau pour le bien du groupe, tu ne penses pas qu’un peu d’honnêteté serait la bienvenue pour recommencer sur des bonnes bases ?” Avant tu mettais les formes lorsque vous étiez amoureux, maintenant ce n’est plus le cas. ”T’as l’air tout sauf ok sur nos différends.” Tu bois une gorgée de café. ”Si tu veux vraiment en parler, vas-y dis-moi les choses, je ne suis pas en sucre.” Après tout, c’est tout ce que tu mérites après avoir eu le “mauvais rôle” à jouer pour vos coeurs.

C'aurait été tellement plus pratique si tu t'étais tout simplement levée pour aller brancher le câble, plutôt que de t'essayer à des accrobaties en cherchant à rester absolument sur le canapé. Le plaid et la serviette te disent ciao, et ta petite culotte rouge attire forcément mon regard. Oups. Merde, faut pas que tu me voies, je vais encore me prendre des réflexions. Alors je fais comme si j'avais rien vu, je me tire dans la cuisine et nous prépare le café. J'ai pas fait gaffe à ta tasse qui était déjà posée sur le comptoir, et c'est donc une boisson toute chaude qui vient tout juste d'être préparée que je te tends.
J'espère que la conversation sera rapide et qu'on trouvera un terrain d'entente facilement. J'ai pas envie d'envenimer les choses, je veux juste qu'on soit amis comme avant et que ce ne soit plus bizarre entre nous. Puis, t'as vu, j'ai fait l'effort de te parler, de communiquer.

Sauf que tu le vois pas du même oeil. T'as l'air de vouloir être dans la confrontation aujourd'hui ma parole ! Tu pouvais pas simplement dire "ok ça marche!", me faire un tchek et repartir chez toi comme si tout était normal ? Non, bah non, non. "Si, en vrai, j'suis okay." Hum. T'y crois pas une seule seconde, et je sens que tu vas finir par perdre patience. Ton regard en dit long, le silence et le soupir qui suivent aussi. "Tu veux de l'honnêteté ?", je demande alors. Mon coeur se met à battre plus vite dans ma poitrine et j'ai peur de rougir. Je déteste parler de ce genre de trucs, tu sais bien. Ça n'a pas changé en sept ans, ça s'est même aggravé. Je souffle. "Bah j'sais pas moi, qu'est-ce que tu veux que je te dise?" Que j'ai toujours en travers de la gorge que t'aies tracé un trait sur nos trois ans de relation, d'un coup d'un seul ? Que t'aies même pas essayé de nous donner une deuxième chance ? Que tu m'aies pas pris en compte dans ta décision ? Que t'aies tourné le dos sans jamais te retourner, sans jamais me donner de réelles explications ? J'aurais pu m'améliorer, je suis sûr que j'aurais pu, mais tu m'en as pas laissé l'opportunité. Je hausse les épaules, me réfugie derrière ma tasse. "Toute façon, ce qui est fait est fait, ça sert à rien de remuer le passé." On pourra rien y changer, t'as fait le choix pour nous deux et t'as été très claire aujourd'hui également. "C'est juste que j'ai toujours pensé que notre histoire n'était pas terminée, mais j'étais visiblement le seul à le croire." Toute façon, t'as jamais eu l'air décidée à faire un pas vers moi, je sais pas pourquoi je restais dans cette illusion. Tiens r'garde, rien que de point de vue amical, c'est toujours moi qui reviens vers toi. "Mais j'ai compris maintenant." Hmouais. Vraiment ? Hm...

Oui, tu veux de l’honnêteté. Tu croises les bras sur ta poitrine alors que tu es assise en tailleur sur le canapé, regardant Hugo dans les yeux. Sans surprise, il ne sait pas quoi dire. Pourtant il avait l’air de vouloir faire la conversation sur le sujet qui fâche quelques minutes plus tôt. Il a cette fâcheuse tendance à tourner autour du pot. « Que tu me dises le fond de ta pensée Hug. » Pour une fois s’il te plait. Tu vois bien qu’il n’a toujours pas digéré ta décision, qu’il pensait que votre histoire n’était pas terminée, qu’elle avait encore une chance de survivre.

Ça te fait mal de le voir comme ça. Tu l’écoutes jusqu’au bout dans l’espoir qu’il t’en dise un peu plus, mais il fait sa tête de mule en affirmant qu’il a compris. Mensonge. Alors même si tu détestes parler de cette période de ta vie, tu dois des explications à Hugo. A ton tour, ton cœur se serre dans ta poitrine. « Tu crois que ça a été facile pour moi ? Tu crois que ce ne m’a pas fait mal de prendre cette décision ? » Ta voix est trahi par l’émotion. « Hugo, mon monde s’est écroulé quand mon grand-père est parti, ça m’a brisé le coeur de perdre l’une des personnes que j’aimais le plus dans ce monde… » Tu n’avais pas pu être à son chevet lorsqu’il est parti vers les étoiles. Il n’avait pas voulu t’inquiéter pour te protéger alors que tu passais tes examens finaux pour ton diplôme d’oenologue. Te rendre à son enterrement avait été l’épreuve la plus dure de ton existence. « Notre relation à distance était déjà compliquée… tu mettais des journées entières à répondre à mes messages… tu loupais une fois sur deux nos facetime. Ca devenait de plus en plus compliqué de se voir. J’étais triste, je n’étais plus heureuse. » Alors qu’avant tu étais celui qui me faisait sourire. Y’a « Je n’avais plus la force de me battre pour moi et pour nous. » Tu n’arrivais plus à voir d’avenir en commun à l’époque. Après les études, vous aviez pris des chemins différents, cependant l’amour n’a pas été plus fort que tout. « Alors oui j’ai très mal géré cette période de ma vie, je le conçois. Je nous ai fait du mal de prendre cette décision mais pour une fois j’ai essayé de penser à moi. » Tu soupires tristement. « Je comprendrais parfaitement que tu ne veuilles pas me pardonner, me détester même. Mais si tu veux qu’on arrive à rester amis faut qu’on arrive à se parler. » Et vous êtes tous les deux très nuls à ce jeu-là.

Je déteste parler de ça, tu le sais bien, mais t'en démords pas. J'essaie de passer la conversation au plus vite, je sors deux-trois excuses, ça marche pas. P'tain. On va vraiment faire ça maintenant, alors que t'es en gueule de bois, chez Bane ? Genre, on peut pas décaler chez moi où y'a personne ? « Tu crois que ça a été facile pour moi ? Tu crois que ce ne m’a pas fait mal de prendre cette décision ? » Okay, on va définitivement avoir cette conversation ici. Right. J'entends ta voix qui se brise quand tu évoques ton grand père, puis t'enchaines sur nous. T'as l'air d'avoir tellement à me reprocher, d'être encore en colère contre la situation, contre moi. Tu m'en veux encore beaucoup, j'entends tes non-dits, tes "t'aurais dû essayer de te battre pour nous" et tes "tu n'as pas fait suffisamment d'efforts". Comme si t'avais été la seule à avoir voulu faire en sorte que notre relation fonctionne. Mais c'est pas moi qui suis parti loin de toi, c'est pas moi qui ai abandonné tout ce qu'on avait construit. C'est pas ma faute s'il y avait tant de décalage horaire entre nous, et c'est certainement pas ma faute si je suis pas accroché à mon téléphone. Fallait bien que je m'occupe après ton départ, après votre départ. Parce que vous êtes tous partis un à un, me laissant moisir sur Paris. J'avais pas un rond pour vous suivre, et aucune piste pour un avenir ailleurs. On était bien, tous les cinq, à Paris, et vous êtes tous partis. Je savais bien que ça ne serait pas définitif, que vous aviez vos vies chez vous, avant tout ça, et que vous aviez tous pour projet de rentrer, à un moment ou un autre. Ou en tous cas, de continuer à voyager, mais ça ne veut pas dire que j'en ai pas moins souffert non plus.

Je suis silencieux face à ce déversement d'émotions. Je sais pas quoi te répondre, ni comment te répondre. T'as pas rebondi une seule fois sur le fait que je pensais que notre relation n'était pas terminée. T'es restée bloquée sur notre rupture, pour toi, c'était donc bien définitif. Puis, j'aurais peur de te blesser, de briser le peu de lien qu'on essaie de reconstruire tous les deux depuis qu'on est tous réunis à nouveau sur Brisbane en ouvrant la bouche. Mais va bien falloir parler à un moment, Blanchard, allez, reprends-toi gros.

"J'suis désolé de pas avoir été suffisamment présent", je me contente de dire. J'ai l'impression de vivre la rupture une seconde fois. Tu me parles, et moi, je suis incapable de répondre correctement. Mon coeur est tout serré dans ma poitrine, j'ai mal au bide et j'ai la gorge nouée. C'est pas possible de se mettre dans cet état pour une nana sérieux. Faut que je me reprenne. Je peux pas te montrer que ça m'affecte plus que ça ne le devrait. On est amis. On doit l'être en tous cas. "Je peux pas te détester, Dani...", je soupire, relevant finalement les yeux vers toi. Comment le pourrais-je ? Surtout après ce que tu viens de me dire : notre relation ne t'apportait plus rien, tu en souffrais, tu as fait passer tes besoins avant. "T'as bien fait de rompre, ça aurait pas tenu de toute façon. On est mieux en amis." Ça me troue le cul de le dire parce que je pense pas un seul mot de ce que je viens de dire, mais c'est sans doute ce que tu veux entendre, non ? Tu veux que je te conforte dans la décision que tu as prise pour nous, que je réussisse à passer au dessus pour qu'on puisse avancer en tant qu'amis, c'est bien ça ? Si seulement tu m'avais donné une vraie chance, je suis sûr que j'aurais pu faire mieux. Et si tu me l'avais demandé, je t'aurais suivie. Mais tu ne l'as pas fait. Au final, je pense que tu ne devais pas tenir autant que moi à notre relation, et faut que je me fasse une raison. "Et t'as raison, faut penser à soi avant tout. Je peux certainement pas t'en vouloir pour ça." Je devrais pas et pourtant, la rancoeur est quand même là. "Je comprends, et c'est okay." Hm. "Et... Je suis désolé de t'avoir importuné avec tout ça à nouveau. J'vais te laisser tranquille, je repasserais plus tard, j'pense que Bane doit encore pioncer", je conclus, reculant doucement vers la porte d'entrée. "T'facon, on se voit mardi, non ? À la soirée raclette à la maison avec tout le monde." J'avais prévenu les five sur le groupe et t'avais déjà dit oui, mais je t'en voudrais pas si tu refuses finalement l'offre. Oh putain, c'que ça va être gênant les prochains jours...