flew me to places i'd never been

@ambrose constantine

lieu: pub mctavish, bayside.

« Je vais reprendre une bière, s’il te plait. » Glissant doucement son verre vide sur le comptoir, Ruben esquissa un petit sourire en direction du serveur. C’était surement la troisième, voire la quatrième bière de trop qu’il buvait, mais peu lui importait en ce moment - mais il le vit dans le regard de l’homme derrière le comptoir, qui hésita un instant avant d’attraper son verre et de le remplir de nouveau. Après tout, s’il payait ses consommations, il pouvait être resservi autant qu’il le voulait ? Ce n’était pas ça, le principe d’un bar ? Parce-que c’était là en tous cas l’idée qu’avait eu Ben en passant les portes ce soir, alors que quelqu’un de ses copains de promotion lui avait proposé de sortir avec eux. Pas que cela l’enchantait réellement - ce n’étaient là même pas des personnes à qui il parlait sur une base quotidienne -, mais au moins cela lui permettait de sortir, de ne pas être seul pour le faire, de penser à autre chose et de rentrer la tête assez assommée pour dormir le reste de la nuit avant de se lever et de retourner au travail. Il utilisait ce comportement juste assez pour que cela ne se voit pas par autrui et qu’il n’y ait aucune répercussions sur ses notes et son travail à l’hôpital, et surtout juste assez pour chasser le trouble qu’il ressentait à l’intérieur de lui.

Si vous lui demandiez s’il avait le coeur brisé, Ruben se mettrait à vous rire au nez. Ce n’était pas possible d’avoir le coeur brisé lorsque vous n’étiez même pas tombé amoureux de quelqu’un - selon ses dires et la vision qu’il avait des choses. Et comme il n’était pas tombé amoureux de Harry, il ne pouvait pas correspondre à l’exemple typique de l’homme malheureux. Lorsqu’il pensait à lui, il était juste très en colère, et dans une grande incompréhension. Trois semaines.  Trois semaines que Dalton n’avait pas pris la peine de le contacter, ou de venir le voir, ou même de simplement donner le moindre signe de vie. Trois semaines que Ruben s’était réveillé avec l’oreiller de l’autre côté du lit froid, remarquant particulièrement l’absence de son amant, les yeux encore emplis de sommeil cherchant sa silhouette dans son studio du centre ville. Les trois premiers jours, il s’était simplement dit qu’il avait besoin de temps pour lui, qu’une urgence le retenait ailleurs et qu’il n’avait simplement pas le temps de le prévenir. Les trois d’après, il avait commencé à regarder son téléphone à intervalles plus réguliers, pestant toujours davantage à chacune des fois rajoutée. Depuis deux semaines désormais, il était passé à la colère - celle d’être pris pour un pigeon, d’être laissé sur le carreau comme s’il était une chose insignifiante dans la vie d’Harry. Ruben, insignifiant ? Il ne croyait pas une seule seconde à cette possibilité - surtout que le jeune homme lui avait maintes et maintes fois demandé quand les choses entre eux pourraient être davantage officielles, quand Ben allait-il arrêté de penser qu’ils s’amusaient juste et qu’ils étaient un couple, quelque-chose de sérieux. Les études, le manque de temps et l’hôpital étaient les éléments clefs de l’argumentaire de Hartfield. Apparemment, ce n’était pas quelque-chose qui avait plu à celui étant désormais parti. Donc non, cela ne pouvait pas à être cause de toutes ces raisons là que Ruben reprenait une pinte, puisqu’il n’avait pas le coeur brisé - il avait juste été abandonné par l’homme qui lui donnait le plus le sourire ces derniers mois, par celui qui illuminait ses journées, qu’il adorait garder auprès de lui un instant de plus chaque matin.

« Merci. » Attrapant son verre posé de nouveau plein sur le comptoir, son regard passa du serveur jusque la petite scène, encastrée dans un coin du bar, là où le groupe qui s’apprêtait à jouer ce soir était en train de s’installer. Arrêté dans ses mouvements, Ben dut retenir un petit sourire en coin alors qu’il se tournait de nouveau vers l’homme derrière le bar - il allait finir par le renvoyer chez lui, c’était sur. « Tu peux m’en mettre une deuxième finalement avec ? Promis c’est pas pour moi celle là. » Et il était sérieux lorsqu’il disait ça, puisque la seconde pinte il comptait aller l’offrir à l’un des jeunes hommes qui était en train de s’installer sur scène - avec un visage pareil, il ne pouvait pas passer à côté de l’occasion, ce serait vraiment idiot. Ce fut donc armé de deux verres qu’il traversa le bar dans le sens inverse, jouant du coude sur son passage pour réussir à atteindre le devant de la scène avant que la musique ne se fasse entendre dans tout le bar. Faisant encore quelques pas de côté pour se planter devant le jeune brun ajustant son microphone, ce fut avec son sourire le plus charmeur que Ben se pencha légèrement en avant, tendant sa bière pour que l’autre homme puisse l’attraper sans trop d’efforts. « Pour te donner du courage pour la performance. » Oh, il ne laissait même pas le moindre doute quant à l’idée qu’il avait en tête de flirter avec lui, ajoutant même ici un petit clin d’oeil dans la direction du jeune homme. Il n’avait pas le coeur brisé, il n’était pas en couple avec quelqu’un qui l’évitait encore mieux qu’il était possible de vouloir éviter la peste, alors pourquoi s’empêcherait-il de la potentielle compagnie d’un air si mystérieux et d’un visage si bien fait ? « Je vais m’installer devant pour pouvoir profiter à fond du spectacle. » Le seul soucis, c’était qu’avant de s’apercevoir de la présence du brun, il avait déjà bu plusieurs bières et donc que son comportement n’était pas des plus subtils, ni des plus intelligents. Il y avait donc de forte chance qu’il passe pour un homme un brin trop lourd et qu’il se fasse envoyer paitre - mais au moins, il aurait tenté.

Les représentations du groupe dans des bars sont aussi rares qu’elles sont des chances, et Ambrose en a amplement conscience, surtout parce qu’il est toujours celui qui fait des pieds et des mains pour les faire accepter. Il est aussi celui qui se préoccupe de chaque détail une fois sur place, pour que leur performance soit aussi bonne qu’elle peut l’être, pour qu’ils soient bien vus, pour que tout se passe parfaitement bien. Il a les yeux partout et des rêves plus grands que ces derniers, rien n’est laissé au hasard. Du haut de ses dix-sept ans, il sait déjà qu’il n’a pas le loisir de foirer les choses, et chaque seconde avant la performance est optimisée au mieux, même s’il ne se fait pas la moindre illusion: dans ce bar, pour l’heure, ils ne sont personne si ce n’est peut-être un bruit de fond.

Ainsi, lorsqu’il aperçoit la silhouette insistante d’un inconnu à ses pieds, il finit par tourner le regard en sa direction avec une certaine curiosité, ne sachant pour autant pas quoi en penser. « Pour te donner du courage pour la performance. » Et Ambrose s’accroupit pour attraper la bière sans plus de cérémonie, pourtant toujours aussi perdu, en témoigne le regard qu’il tend à l’inconnu. Ils ont les boissons offertes, qui plus est, mais peu importe: il accepte le présent sans le préciser. Finalement, c’est le clin d'œil du jeune homme qui le met sûrement sur une piste, sans qu’il n’existe plus réellement de doutes. Ambrose y répond par un rire, sans nul doute pris de court alors qu’il baisse un instant la tête, son coude reposé sur sa cuisse. Il sentirait presque son haleine alcoolisée de là où il est. « Je vais m’installer devant pour pouvoir profiter à fond du spectacle. » Amusé par son caractère effronté, Rose replace une mèche derrière son oreille, même si elle n’y restera pas. “Un fan de musique, hein ?” Qu’il interroge à son tour avec une certaine ironie, pas assez stupide pour croire qu’il veuille profiter du spectacle musical qui se passe sous ses yeux. Il devrait, pourtant, parce que le reste risque d’être particulièrement décevant pour lui alors qu’Ambrose ne mange pas de ce pain là, aussi bleus soient ses yeux et ondulés ses cheveux. Il est mignon, mais cela ne reste qu’un fait. C’est un constat aussi factuel que celui qui annonce qu’il a trop bu, même si cela n’empêche pas Ambrose de faire trinquer son verre avec le sien avant d’y tremper ses lèvres, n’oubliant pour autant pas de rester poli.

“Bonsoir à tous, nous sommes The Leftovers.” Il souffle finalement dans son micro lorsque les lumières se baissent assez pour leur donner le signe du départ et que leurs oreillettes tapent déjà la mesure. Un seul coup d'œil à ses camarades plus tard, et les voilà déjà partis pour un véritable show dans lequel il ne se retient jamais de donner toute sa personne, bien trop conscient qu’il suffit d’être repéré une seule fois et par une seule personne pour que leur vie change du tout au tout. Et il mentirait, s’il disait que pendant sa performance il n’a pas reposé le regard sur l’inconnu, placé au premier rang tel un premier de la classe. Il mentirait, s’il n’avait pas souri face à son insistance, même après qu’il ait tenté de lui sous-entendre qu’il perdait son temps, sans pour autant vouloir insinuer qu’il le pense homosexuel, bisexuel, ou n’importe quoi expliquant les yeux doux qu’il lui fait. Il n’est personne pour juger, il s’en moque bien. Tout ce qu’il veut, lui, c’est chanter, et le reste n’a aucune sorte d’importance. Peut-être qu’il s’amuse simplement de la situation parce qu’il le peut, parce que rien n’a d’importance, parce qu’il est jeune et qu’il peut bien faire ce qu’il veut, même et surtout profiter de la bière offerte lorsqu’il la boit entre deux chansons, ses yeux cherchant ceux de l’inconnu du regard.

* * *

“Merci.” Et dans le monde des stars qui n’en sont pas, il n’y a pas de sortie de scène, il n’y a pas de encore non plus. Ils sont à peine écoutés, à peine regardés, et cela suffit à les rendre heureux et à leur donner une paye ; bien maigre quand partagée entre cinq. Ils s’en occuperont plus tard, trop occupés à faire place pour le moment car d’autres groupes doivent prendre place sur cette scène d’ici une dizaine de minutes. Et c’est Ambrose qui s’occupe de retirer leur matériel sur le devant de la scène et de prendre des dizaines de secondes infinis pour retirer le moindre petit câble. “J’ai pas eu le temps de la boire. Tu me la gardes ?” Trop occupé à chanter, il tient la parfaite excuse pour sa certaine lenteur. Une fois retourné dans la foule, il lui promet, il pourra être un bien meilleur partenaire de bière, en témoigne déjà son sourire - qui ne veut rien dire, il se montre seulement poli face à un inconnu qui a été avenant. “Donne moi cinq minutes. Et je t’offrirai une grenadine.” Cette proposition n’est pas sujette à négociation (ni le fait qu’il l’attende, ni ce qu’il compte lui offrir en retour). L’homme a de toute évidence déjà trop bu et Ambrose ne l’encouragera pas à pire, mais il peut au moins lui rendre la monnaie de sa pièce. Tout du moins, il y tient, et il s’y appliquera, en témoigne l’ultime regard qu’il lui tend avant de brièvement retourner auprès de son groupe pour débriefer la soirée et, surtout, pour foutre le camp et se rendre anonyme. Les autres rentrent - tant mieux - et Ambrose passe outre son âge et cherche déjà dans la foule l’homme à qui il a brièvement parlé, et sur qui il n’est même pas capable de poser un prénom.

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Le clin d’oeil de Ruben arracha un rire au brun face à lui - et ce fut tout ce dont il avait besoin pour étirer encore davantage son sourire, si cela était physiquement possible. Ce n’était pas une grande surprise pour toute personne le connaissant un minimum de constater que Ruben aimait plaire; il savait qu’il possédait certains atouts, et ne se gênait pas pour les utiliser lorsque le moment lui semblait adéquate. Il aimait déclencher des sourires et des rires chez les autres, il avait surtout voir dans le fond de leurs yeux qu’il ne les laissait pas indifférents. Il aurait beau clamer tout ce qu’il voudrait, il y avait une grande partie de lui qui vivait pour noter cette reconnaissance chez les autres - cela s’appliquait surtout pour son domaine professionnel, mais lorsque c’était également chose présente dans le domaine personnel il ne la reniait pas pour autant. « Un fan de musique, hein ? » La réponse du jeune homme lui arracha, de son côté, un rire. Bien sur voyons qu’il allait rester au premier rang pour écouter la musique, c’était évident comme le nez au milieu de la figure. « Depuis tout petit, ouais. » Le pire était que cette réponse n’était même pas un mensonge, ayant réellement un penchant naturel pour la musique et sachant se produire de temps à autres également de son côté. Cependant, ce n’était pas pour cette partie là du spectacle qu’il écouterait l’entièreté du spectacle ce soir, et il ne s’en cachait même pas alors que ses yeux s’accrochèrent un instant supplémentaire à ceux du jeune homme face à lui, lorsque leurs deux verres tintèrent l’un contre l’autre avant qu’il ne se remettre en scène. « Bonsoir à tous, nous sommes The Leftovers. » Ruben aurait au moins un nom à mettre sur le groupe à défaut d’avoir réussi pour le moment à attraper celui du brun.

***
« Merci. » Comme il l’avait annoncé, Hartfield n’avait pas quitté le bord de la scène et avait écouté, mais surtout regardé, avec attention l’entièreté du concert. Oh, il avait également remarqué les quelques coups d’oeil que le brun avait pu lui lancer de temps à autres, ce qui avait confirmé que son idée de base n’était pas mauvaise - et qu’il plaisait autant à l’autre que l’inverse pouvait déjà être vrai, simplement avec un échange et une durée indéterminable à l’observer sur scène. « J’ai pas eu le temps de la boire. Tu me la gardes ? » La bière qu’il lui avait offert juste avant le lancement du show avait que peu diminuée, mais il était tout excusé - surtout avec un sourire comme ça. Ce dernier en déclencha un similaire sur les lèvres de Ben. « C’est parce-que je suis d’humeur généreuse ce soir, donne ça. » Sa main libre se serrait maintenant autour du verre. « Donne moi cinq minutes. Et je t’offrirai une grenadine. » Et un rire se faisait déjà entendre de la part du futur médecin - réellement amusé, c’était surement ça le pire. Il n’avait pas bu une grenadine depuis des années, et ce n’était pas ce soir qu’il allait recommencer à en boire. « Je t’en donne dix même si t’as besoin. » Il lui donnerait la moitié de la soirée si cela était nécessaire, il n’était pas pressé de toutes façons; au pire, il irait directement se faire poser une perfusion aux urgences par l’un de ses collègues de garde, et il serait sur pieds le lendemain en un rien de temps - mais il ne comptait pas boire de grenadine, même si c’était là une sage idée. Accordant un nouveau sourire au brun, le laissant terminer de ranger ses affaires, Ruben se mêla de nouveau à la foule attendant sagement sa compagnie de fin de soirée, profitant qu’une table haute se libère pour s’emparer de l’espace et poser les deux verres sur cette dernière.

Il le laissa chercher pendant quelques instants, simplement pour profiter de ce moment pour l’observer en silence. Il paraissait un brin plus petit, maintenant qu’il n’était plus perché sur l’estrade, mais son allure valait bien plus le détour maintenant qu’im fendait la foule à la recherche de l’inconnu qui avait son verre en otage. Maintenant qu’il n’était plus sur scène, il paraissait également plus jeune - mais c’était là un détail que Ruben aurait remarqué s’il n’avait pas eu plus d’alcool dans le sang que nécessaire, donc en aucun cas ce soir. Après une poignée de secondes supplémentaires, il finit par lever la main pour faire signe au jeune homme d’où il se tenait, ayant pitié de lui et ne le laissant pas errer plus que nécessaire. « Sacré spectacle que vous avez donné là. » En comparaison de la quantité de bière qu’il avait pu ingérer, le discours de Ben était parfaitement clair. « Je vous avais jamais vu jouer ici avant, comment ça se fait ? J’ai pas eu assez de chance avant ce soir ou vous venez de débarquer en ville ? » Il était persuadé que l’option numéro un était la bonne, et il ne s’en cachait pas vraiment, alors que son sourire était autant amusé que taquin, accroché sur ses lèvres.

Le verre de bière offert passe déjà à nouveau entre les mains de l’émetteur, uniquement le temps pour Ambrose de faire place nette sur la scène et, surtout, de retrouver l’inconnu qui, il est vrai, attise une certaine curiosité en lui. « C’est parce-que je suis d’humeur généreuse ce soir, donne ça. » Il a trop bu, c’est toujours aussi évident, mais cela ne lui fait au moins pas perdre sa répartie. Peut-être même que cela attise la curiosité d’Ambrose, qui se demande à quoi ressemble l’inconnu lorsqu’il est sobre. « Je t’en donne dix même si t’as besoin. » - “Je voudrais pas te faire attendre.” Il ne sait pas à quoi il joue, Ambrose, mais il joue. Il avisera des règles plus tard, sans doute.

C’est au bout de cinq minutes, comme convenu, qu’il le retrouve grâce à la main que Ruben lève dans l’assemblée, laquelle accroche rapidement le regard du plus jeune et, avec, son intention de fendre la foule pour le rejoindre pleinement. « Sacré spectacle que vous avez donné là. » C’est avec l’éternelle même curiosité qu’Ambrose l’observe, de bien plus près cette fois, et surtout qu’il se tait pour le laisser parler, pour voir où il veut en venir, pour voir surtout comment il se débrouille pour y arriver. « Je vous avais jamais vu jouer ici avant, comment ça se fait ? J’ai pas eu assez de chance avant ce soir ou vous venez de débarquer en ville ? » Ses prunelles accrochent un instant le sourire de l’inconnu alors qu’il cache le sien derrière les gorgées de bière qu’il rattrape, maintenant que leur petit spectacle est terminé. “Alors tu t’aimes vraiment la musique ? Je pensais que tu voulais juste trouver une excuse.” Il ne précise pas le but de l’excuse, il ne répond pas non plus à la question: il n’a pas été malchanceux, il ne pouvait pas rater les représentations d’un groupe qui n’en fait pas. Pour être là, ce soir, ils ont dû batailler durant d’interminables semaines et voir leur salaire divisé par deux, ce qui donne vraiment très peu au final. “Tu sais, t’as une belle gueule et t’as l’air sympa mais… t’es pas vraiment mon genre. Si jamais c’est ce que tu cherches, et puisque je le pense, je préfère te prévenir.” Il n’est pas du genre à alimenter des espoirs vains, Ambrose, encore moins à vouloir jouer avec le coeur des gens - même ceux qui ont un coup de trop -, alors il préfère lui parler d’entrée, quitte à raccourcir une soirée qui aurait tout pour être plaisante. “Ambrose.” Il tend finalement sa main, voulant lui laisser l’opportunité d’associer son prénom à son physique, le jour où il racontera à tous ses amis qu’il était tellement amoché qu’il a ouvertement dragué le premier hétéro venu dans un bar. La honte. “Tu es venu seul ?” Il l’a été tout du long de leur représentation, il l’était juste avant, il l’est encore maintenant. Le seul point commun entre tous ces instants se résume à la compagnie d’un verre ou d’un autre, verre dont Ambrose trempe les lèvres dans le dernier en date, sans rien demander et surtout pas son accord. “C’est définitivement pas de la grenadine.” Et déjà, il imagine qu’il vient de se faire plaquer, parce qu’il n’y aurait pas une raison plus évidente derrière sa consommation d’alcool en parallèle de la chasse qu’il semble être en train de faire, quoique dirigée vers Ambrose.

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@ambrose constantine

« Je voudrais pas te faire attendre. » - « Je te donne l’autorisation de le faire, va. » Il n’était pas pressé et pour des yeux comme les siens, il pourrait attendre bien plus que dix minutes, Ruben.

Pourtant, ce fut réellement au bout de cinq minutes que Ambrose finit par être de nouveaux à ses côtés - ou plutôt à l’être pour de vrai cette fois-ci. Il savait tenir ses promesses, c’était un bon début déjà. Et il était finalement aussi grand que lui, presque, à quelques centimètres près; il paraissait bien plus grand lorsqu’il était debout du scène, au dessus de lui. Cela arracha un petit sourire amusé à Ben. « Alors tu t’aimes vraiment la musique ? Je pensais que tu voulais juste trouver une excuse. » Bien sur que la remarque fit grandir le sourire du futur médecin encore davantage. C’était peut-être ça le pire dans toute cette situation: il était réellement fan de musique à la base, et il aurait tout aussi bien pu s’intéresser au groupe pour ce qu’il avait à présenter au public du soir. Bien sur, ce n’était en rien pour ça qu’il s’était intéressé à la musique qui était jouée - mais il n’avait pas été subtile sur cette question là, qui du coup n’en avait jamais été une, et qui avait parfaitement été comprise par le jeune homme face à lui. « Il m’arrive même de pousser la chansonnette de mon côté, parfois. » Régulièrement, en réalité - mais il ne voulait pas faire de concours ce soir entre celui à qui il faisait les yeux doux et lui. Surtout pas avec les paroles qu’il lui sortit à la suite. « Tu sais, t’as une belle gueule et t’as l’air sympa mais… t’es pas vraiment mon genre. Si jamais c’est ce que tu cherches, et puisque je le pense, je préfère te prévenir. » Cette fois-ci, ce fut un petit rire côté Hartfield qui se fit entendre, alors qu’il portrait son verre à ses lèvres pour en boire une gorgée et pour faire taire l’élan d’hilarité - peut-être maigre, mais véritable. « Je suis le genre de tout le monde. » Il ne contredisait pas le brun sur la première partie, parce-qu’il s’avait qu’il avait une belle gueule et en avait joué plus d’une fois; même s’il avouerait que cela faisait du bien de se l’entendre dire. « Je suis ton genre aussi. » Son regard s’était attardé un instant supplémentaire sur ses yeux, sur ses lèvres, sur sa mâchoire. Peut-être qu’il ne s’en apercevait pas, mais il était tout à fait son genre aussi - il n’aurait pas accepté de le suivre pour boire un verre sinon, alors que justement les sous-entendus de Ben n’en étaient en aucun cas.

« Ambrose. » Il lui tendit une main dans sa direction, Hartfield la serra sans hésiter un seul instant - peut-être de façon un peu trop longuette pour que cela soit simplement une poignée de mains de présentation. Il avait la peau étonnement douce, pour quelqu’un qui grattait la guitare. « Ruben. Tu peux m’appeler Ben, si tu veux. C’est ce que font les autres. » Pas forcément que des gens qu’il appréciait particulièrement s’adonnaient à cet exercice, mais en l’occurence les autres faisait référence aux personnes de qui il était le genre. Et donc d’une catégorie à laquelle Ambrose pouvait s’associer - vous suivez ? « Tu es venu seul ? » La question du jeune homme fit pivoter un instant sa tête vers le reste de la foule présente ce soir, comme s’il se rappelait de quelque-chose - ou de quelqu’un en l’occurrence - qu’il avait oublié avant l’instant partagé présentement. « Je suis arrivé avec des copains, et… » Il balaya d’un revers de la main le reste de son explication. « Aucune importance, je suis seul maintenant si tu veux savoir. » Parce-que qu’importe avec qui il avait pu passer les portes du bar, le plus important était qu’il était désormais libre de ses mouvements, non ?

« C’est définitivement pas de la grenadine. » Ambrose avait pris un instant pour subtiliser le verre de Ben - sous le regard de ce dernier qui n’avait pas bougé d’un centimètre et l’avait laissé faire - et pour le porter à ses lèvres. Si le jeune homme semblait plutôt intéressé par le gout que procurait le liquide dans le verre, le jeune médecin lui était concentré sur le fait qu’un petit nuage de mousse était resté accroché aux lèvres du brun et qu’il ne s’en était pas aperçu. « C’est rarement de la grenadine. » Il n’était plus un enfant, et était tout à fait apte à tolérer les conséquences d’une consommation d’alcool - qu’importe la quantité de cette dernière. Au pire, vraiment, il aurait simplement davantage hâte de rejoindre Morphée le lendemain soir pour de longues heures d’un sommeil réparateur. Surtout en cet instant, il n’en avait que faire du sommeil qu’il obtiendrait avant de sa journée du lendemain ou non, alors que sa main se levait avec douceur à hauteur du visage d’Ambrose. Elle se posa contre la joue de ce dernier, le pouce de Ruben glissant le long de la lèvre supérieur du brun pour retirer la marque que la bière avait laissé lorsqu’il l’avait gouté; il retira sa main avec encore de lenteur l’instant d’après, léchant son pouce pour récupérer l’amertume de l’orge fermenté. « Tu veux vraiment une grenadine ou tu veux boire ma bière à ma place ? » Parce-que de toutes façons, Hartfield avait déjà eu son quota d’alcool dans le sang pour la soirée - il le savait, Ambrose le savait, le barman le savait et ils étaient tous d’accord sur ce point. Mais si le jeune homme voulait rejoindre son niveau de détachement du monde qui les entourait, il n’avait qu’à le dire et il lui laisserait le reste du contenu de son verre sans broncher un seul instant. « T’es venu avec les membres de ton groupe mais tu les as laissé pour passer le reste de la soirée avec moi, Ambrose ? » Un fin sourire, autant éméché qu’allumeur, se glissa sur les lèvres de Hartfield alors que son regard passa des lèvres du brun à ses yeux, fit le chemin inverse et revint plonger dans ses pupilles finalement. « Parce-que tu dis que je suis pas ton genre mais t’es quand même venu me rejoindre. »

Assis à ses côtés, Ambrose joue totalement le jeu des questions et des réponses, sans même avoir à se forcer d’une quelconque manière. Tout lui semble simple et naturel maintenant que son coeur a repris un rythme normal, bien loin de la scène. « Il m’arrive même de pousser la chansonnette de mon côté, parfois. » La surprise se lit, plus sincèrement que jamais, sur le visage du plus jeune. Il pensait que Ruben allait se noyer dans son mensonge mais il semble réellement être intéressé par la musique, au point d’en avoir fait un certain hobbie, lui aussi. “Tu chantes quel genre de musique ?” Il reprend, curieux, sans pour autant vouloir lui mettre un micro entre les mains pour s’assurer qu’il chante juste. Ce n’est pas le moment, à défaut d’être parfaitement le lieu. “T’as une tête à chanter du classique. Je me doute que c’est pas le cas, mais je te le dis quand même.” Il aurait pu se passer d’un tel commentaire, il le sait bien, mais il n’en avait aucune envie. Ambrose se montre sans filtre à ses côtés, même lorsqu’il s’agit de rapidement lui préciser qu’ils ne cherchent peut-être pas la même chose. « Je suis le genre de tout le monde. » L’un et l’autre rigolent, pour des raisons différentes. Il ne manque décidément pas de culot, Ruben. « Je suis ton genre aussi. » L’inconnu pose un instant son regard dans le sien et Ambrose ne détourne pas les yeux. Il ne cherche pas à le faire et n’en a aucune envie, ce qui ne vient pas mettre à mal ses mots pour autant. Son sourire témoigne de son éternelle assurance. “Je t’assure que non.” Il est bien placé pour parler de lui-même et de ses goûts, après tout. Il le lui a dit: il est mignon, c’est factuel, mais c’est aussi là où tout s’arrête. L’inverse n’est pas aussi véritable et Ambrose a bien compris être son genre depuis quelques secondes déjà (là où il en nourrissait le doute depuis plusieurs minutes) et, bien loin de le gêner, c’est au contraire une idée qui l’amuse et l’attire terriblement. Être le centre de l’attention même des personnes qu’il ne cherche pas à impressionner, c’est tout ce dont il n’aurait osé rêver.

« Ruben. Tu peux m’appeler Ben, si tu veux. C’est ce que font les autres. »
“Tu préfères quoi ?”

Sur certains sujets, au moins, Ambrose n’est pas compliqué. Cela rattrape tous les autres, où il est éternellement intraitable. « Je suis arrivé avec des copains, et… Aucune importance, je suis seul maintenant si tu veux savoir. » Et de toute évidence, il a perdu ses amis dans la foule, ou alors ce sont eux qui ont tenu à le perdre. Peu importe, c’est une histoire qui ne regarde pas Ambrose, lui qui se contente de noter l’information: oui, il est seul et donc non, personne ne l’attend où que ce soit. Normalement. Il n’en pense rien de plus et se contente de hocher la tête, noyant une certaine gène qui n’a pas lieu d’être derrière une gorgée supplémentaire de son verre. “Tu es seul et tu t’ennuies, donc.” Il balance sa tête en sa direction, bien plus amusé que n’importe quoi d’autre, en témoigne son sourire. Ambrose n’est pas outré, il n’est pas déçu non plus. Il fait simplement des raccourcis.

« C’est rarement de la grenadine. » Il reprend, suite au commentaire d’Ambrose quant à son verre. Effectivement, il s’agit rarement de grenadine, et il se doutait parfaitement que ce n’est pas ce qui remplissait le verre. Les deux hommes savent qu’il s’est contenté de trouver une excuse pour y goûter et, invariablement, se rapprocher de lui. Sans qu’il ne s’y attende pourtant, sans doute à cause d’une certaine naïveté, Ruben vient porter sa main contre sa joue et son pouce au-dessus de sa lèvre, soit-disant pour en chasser les traces de son verre. Ambrose l’observe se lécher le pouce juste ensuite, pour annihiler toute preuve ou trace. « Tu veux vraiment une grenadine ou tu veux boire ma bière à ma place ? » La question ne l’intéresse pas. Ils en connaissent tous deux la réponse, et un sous-entendu vaut bien plus que n’importe quelle réponse possible. Il garde le silence, son regard plus que jamais porté sur le brun, sans même faire semblant de réfléchir à une réponse. Le garçon finit par passer sa langue sur sa lèvre inférieure, pour en chasser l’illusion du toucher de Ruben, encore présent. « T’es venu avec les membres de ton groupe mais tu les as laissé pour passer le reste de la soirée avec moi, Ambrose ? » Il ne se démonte pas, il n’abandonne pas, il ne doute de rien. Ambrose l’estime têtu, lui qui se voue à une cause perdue, mais peut-être que c’est aussi une chose qui lui plaît, au fond. “Je n’avais pas prévu de passer la soirée avec eux, redescend.” Il lui répond avec un sourire toujours aussi grand, toujours aussi sincère. Il se plaît à tenter de le raisonner, là où Ruben semble de son côté apprécier particulièrement l’idée de faire tout le contraire. « Parce-que tu dis que je suis pas ton genre mais t’es quand même venu me rejoindre. » Et pris au pied du mur, il sourit à nouveau, aussi simplement que cela. Le verre de Ruben devient à nouveau sien. “Tu es gay ? Ou bisexuel ?” Sa voix ne porte pas de jugement, son attitude reste toujours égale. Il lui montre bien qu’il se moque de la réponse qu’il lui apportera et que cela ne changera en rien son comportement à son égard. "Tu me ramèneras toujours pas chez toi, je suis juste curieux." Certaines choses se doivent d'être à nouveau soulignées, ce qu'Ambrose fait. Il est curieux, il veut en savoir plus sur Ruben et, surtout, il cherche sans doute à comprendre un peu mieux les choses ou peut-être même à se comprendre lui-même. "Tu as quel âge ? Et tu fais quoi, quand t'harcèles pas les chanteurs dans les bars ?" Ruben en sait assez sur lui, il peut maintenant tenter d'en savoir autant à son tour, tout en ajoutant une touche d'humour comme toujours.

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@ambrose constantine

« Tu chantes quel genre de musique ? » Oh, il s’y intéressait vraiment alors. « T’as une tête à chanter du classique. Je me doute que c’est pas le cas, mais je te le dis quand même. » Il eut un petit rire. On ne lui avait jamais fait celle là. « Du rock classique oui, c’est vrai. Je fais pas mal de piano-voix aussi. » Simplement pour son propre plaisir, parce-qu’il aimait ça. Cela faisait longtemps que Ben n’avait poussé la chansonnette de la sorte, son piano étant resté chez ses parents et le clavier de secours, comme il l’appelait, n’ayant pas de place pour être accueilli comme il se devait dans son appartement. Et bien qu’il adorait parler musique et des gens qu’ils pourraient tous deux aimer pratiquer, ce n’était pas de ces genres là dont Ben avait envie de débattre ce soir. « Je t’assure que non. » - « Hmhm. » Cette ambiance électrique qui s’installait autour d’eux ne pourrait pas exister s’il n’était pas également son genre à Ambrose. Il ne souhaitait surement pas le comprendre, ce n’était pas grave: quand il décidait que ça valait le coup, il savait être patient, Ben.

« Tu préfères quoi ? » Il esquissa un sourire. « Je préfère Ruben. » Parce-qu’il n’avait jamais réellement apprécié le surnom, et surtout les souvenirs qui se rattachaient à ce dernier. C’était l’un de ses ainés qui l’avaient toujours appelé Ben, et surtout en premier lieu; que le surnom reste avec lui pour le moment. Qu’Ambrose reste avec lui surtout, pour le reste de la soirée, c’était tout ce qui importait surtout en cet instant. « Tu es seul et tu t’ennuies, donc. » Ca l‘amusait en plus, le bougre, et il n’essayait même pas de le cacher. Ruben plissa le bout du nez. « Tu pourrais le dire autrement, ça fait pitié dit comme ça. » Même si c’était effectivement le cas, mais que l’ennui ne faisait plus partie du décor depuis plusieurs minutes déjà. Il en était arrivé à être finalement seul, et l’ennui aurait pu être de mise si son regard n’avait pas croisé Ambrose sur scène, avant que son groupe et lui ne démarrent leur concert. Groupe qui avait également disparu de son côté - il n’était donc pas le seul à se retrouver seul et à s’ennuyer, apparemment. Ils n’avaient plus qu’à apprécier la compagnie de l’autre en guise de réconfort. « Je n’avais pas prévu de passer la soirée avec eux, redescend. » Dans un effet dramatique, Hartfield porta une main à son coeur. « Aoutch. » Parce-que le sous-entendu était qu’il n’était pas à ses côtés que pour lui, mais bien parce-qu’en part d’anticipation dans cette quête de ne pas être aux côtés de ceux qu’il connaissait déjà avait établie au préalable. « Je suis déçu. » Même si son sourire amusé disait le contraire, une part de lui l’était vraiment. Parce-qu’il savait, d’une façon qu’il ne saurait expliquer, que le jeune homme face à lui avait envie de partager un peu de temps en sa compagnie - quelque-chose dans son regard, dans son sourire, allez savoir. « Tu es gay ? Ou bisexuel ? » Ruben s’en alla d’un rire franc, l’espace d’un instant. « Tu me ramèneras toujours pas chez toi, je suis juste curieux » Attrapant du bout des doigts son propre verre revenu entre les mains d’Ambrose à un moment qui n’importait pas, Ruben prit une gorgée de bière désormais presque chaude avant de répondre. « Ca importe vraiment ? » Il n’était pas du genre à se pavaner en explications sur ce côté là de ses affinités; mais le gamin semblait sincèrement curieux, et Ben ne sentait pas que répondre à cette question serait, pour une fois, source de problèmes. Car nombreux avaient été ceux posant un regard bien différent sur lui lorsqu’il avait assouvi leur curiosité. « Bisexuel, si ça peut aider ta curiosité. » Le petit sourire en coin qu’il esquissa à cet instant fut plus juste, plus vrai aussi. « Est-ce que c’est quelque-chose qui te dérange ? » La question était autant là parce-qu’il était un brin insistant avec lui, il le savait, que parce-qu’il existait un point sur lequel il ne laisserait pas de passe-droit: si la réponse était positive pour des raisons négatives, il ferait demi-tour pour trouver une autre compagnie de soirée.

Mais la phrase que prononça Ambrose par la suite sut lui mettre la puce à l’oreille, car si la présence de Hartfield gênait tant que ça, il n’aurait pas redoublé de curiosité à son égard. « Tu as quel âge ? Et tu fais quoi, quand t'harcèles pas les chanteurs dans les bars ? » - « Aoutch, pour la deuxième fois. » Cette fois-ci, il gardait son verre bien proche de lui et avec fermeté dans ses mains, il serait bien plus compliqué pour Ambrose de le reprendre - il ne méritait plus qu’il partage, de toutes façons, aux yeux de l’éternel enfant qu’était Ben. « Je harcèle pas les chanteurs dans les bars, déjà, je profite de la bonne compagnie. » Elle pourrait être encore meilleure, mais passons. « Vingt-quatre ans. Et je te mets au défi de trouver ce que je fais quand j’harcèle pas les beaux gosses dans les bars. » Il plissait les yeux, sondant avec intensité le regard d’Ambrose face à lui. Bien sur qu’il était également parfaitement conscient que ce n’était pas là la phrase qu’il avait prononcé exactement - tomato, tomahto, à ses yeux cela revenait du pareil au même en cette situation. « T’as le droit à trois chances, et si tu trouves je te paie un verre. Pour de vrai, pas le mien que t’as déjà à moitié vidé. » Il réfléchit un instant. « Je t’offre un nouveau verre, même, techniquement. » Le premier était celui qu’il avait apporté directement sur scène au chanteur.

« Du rock classique oui, c’est vrai. Je fais pas mal de piano-voix aussi. » Il n’en a pas l’air, en cet instant, lui dont la voix se retrouve momentanément altérée par l’alcool. Pour autant, Ambrose ne remet pas en question ses mots, il ne doute pas non plus de leur véracité. Maintenant, il est curieux de l’entendre. Un jour, sûrement, ce sera le cas. Il lui posera davantage de questions, il lui demandera s’il a un groupe, il demandera même peut-être s’il a une chaîne YouTube ou quelque chose dans le genre. Du rock, du classique, il n’était pas si loin du compte, sûrement. « Je préfère Ruben. » Et d’un sujet à un autre, Ruben ce sera donc. Parfois, Ambrose est entêté et difficile mais d’autres, il sait s’adapter à la personne face à lui et à ce qu’elle désire, comme en cet instant.

« Tu pourrais le dire autrement, ça fait pitié dit comme ça. Aoutch. » Sur un malentendu, le jeu d’acteur du Hartfield pourrait presque être bon. Pour l’heure, il a au moins le mérite de faire sourire Ambrose, qui a toujours été un particulièrement bon public. Un public un peu cassant, le genre à ne pas y aller par quatre chemins lorsqu’il a une conclusion en tête, mais soit. Un public qui continue de tenir compagnie à Ruben, même après avoir statué qu’il ne lui offrirait certainement pas ce que le brun recherche: un verre et une soirée au bar, voilà tout ce qu’il peut lui offrir. « Je suis déçu. » - “Tu vas t’en remettre.” Il le sait d’autant plus à la façon qu’a Ruben de lui parler: sans doute est-il véritablement déçu, oui, mais il est aussi et surtout un grand garçon capable de passer outre. Ce n’est pas comme si Rose était l’amour de sa vie. Et quand bien même il ne l’est pas, il se permet des questions très personnelles, se sentant sans doute quelque peu pousser des ailes. « Ça importe vraiment ? » Le verre repasse entre les mains de Ruben sans que l’adolescent ne lui dédie un regard, trop occupé à hocher de la tête et l’observer les yeux dans les yeux. Oui, ça importe vraiment, et sans doute bien plus qu’il ne le pense. « Bisexuel, si ça peut aider ta curiosité. » Ruben sourit, mais Ambrose n’en fait pas de même. Il est occupé à analyser la situation, à tenter de comprendre ce qui en découle, à imaginer la vie qui est la sienne. Il réfléchit trop, là où il n’aurait jamais dû avoir à le faire. « Est-ce que c’est quelque-chose qui te dérange ? » Comprenant que ça importe vraiment aux yeux de Ruben, maintenant, il ne laisse pas planer le moindre doute. “Non. Bien sûr que non. L’un comme l’autre.” Il ne sera pas de ceux à juger autrui à cause de leur sexualité, et Ruben ne fait pas exception. Il se montrait curieux pour d’autres raisons, que lui-même ne connaît pas réellement, mais certainement pas sur le moindre fond de jugement.

Cela ne le dérange pas, au point où il n’hésite pas à reprendre ses questions là où il les avait laissées. « Aoutch, pour la deuxième fois. » Cette fois-ci, c’est au tour d’Ambrose d’esquisser un sourire en coin. Il s’est pris au jeu des exagérations du brun et le trouve amusant, finalement. « Je harcèle pas les chanteurs dans les bars, déjà, je profite de la bonne compagnie. » Ambrose fait la moue, Ambrose balance sa tête de gauche à droite. Il mime douter de ses mots, simplement parce que cela l’amuse, alors qu’il serait évidemment le premier à appuyer l’idée que non, bien sûr que non Ruben ne l’a pas harcelé d’une quelconque manière. Il aurait pu échapper mille fois à cette discussion, il a simplement choisi de ne jamais le faire. « Vingt-quatre ans. Et je te mets au défi de trouver ce que je fais quand j’harcèle pas les beaux gosses dans les bars. » - “J’ai pas assez bu pour tes conneries.” Il lui rappelle dans un sourire, notant tout de même son âge dans un coin de son esprit. Il est bien trop vieux pour lui, voilà ce que la raison lui dicte, alors que l’évidence même lui rappelle qu’il n’est de toute façon pas intéressé par sa proposition, et ce d’aucune façon. « T’as le droit à trois chances, et si tu trouves je te paie un verre. Pour de vrai, pas le mien que t’as déjà à moitié vidé. Je t’offre un nouveau verre, même, techniquement. » Ses yeux sombrent se déportent sur le verre que Ruben tient fermement entre ses doigts, tel un trophée. “T’as l’air du genre à vivre de ta passion. Alors je dirais que t’es chanteur, tout simplement.” Bien qu’il trouve étrange de ne jamais l’avoir rencontré auparavant, son argument semble tenir la route. “Donne moi ton téléphone.” Il change déjà de sujet, persuadé d’avoir remporté la mise et visé juste. Sa main est déjà tendue entre eux, paume vers le haut. “J’ai aucune confiance en ta capacité à me dicter ton numéro correctement, alors je vais te donner le mien.” Ça n'implique rien, ça ne veut rien dire, cela ne signifie pas qu’ils garderont contact après ce soir. “Je veux juste savoir quel numéro bloquer, c’est pas pour que tu m’envoies des nudes.” Et son sourire trahit son humour parfois bancal, lui faisant bien comprendre qu’il ne souhaite pas véritablement le bloquer (ni recevoir de nudes, cela dit). Ils parleront musique, voilà tout. Il se le dit, se le répète, et finit même par croire à son propre mensonge.

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« Tu vas t’en remettre. » - « Moi peut-être, mon égo c’est moins sur. » Parce-que bien sur que c’était en grandissant et en vieillissant que ce dernier était devenu de plus en plus capricieux, mais à cette époque là où était déjà bien présent et assez facilement irritable - Ambrose ne pouvait simplement pas le voir pour le moment car l’alcool altérait le comportement de Ben et effaçait quelque peu cette façon insupportable qu’il avait parfois d’agir et de laisser son égo prendre le dessus. Ce n’était pourtant en rien le liquide réchauffé dans son verre à bière qui le poussait à demander au brun si la réponse à sa question avait réellement une vraie importance. Ce n’était pas non plus par caprice, ni par flemme de répondre ou quelle autre excuse il était possible d’associer là au délai de réponse - mais bien des raisons qui lui tenaient plus à coeur, qui étaient plus louables. Ce fut donc avec un sérieux bien plus présent que tous les efforts dont il avait pu faire preuve jusque maintenant qu’il demanda à Rose si la réponse à sa question pouvait déranger. Une grande partie de Ruben espérait que ce ne soit pas le cas, même si le jeune homme lui avait déjà répété plusieurs fois qu’il n’était pas intéressé: il avait l’air intéressant malgré tout, à travers tout ça. « Non. Bien sûr que non. L’un comme l’autre. » Le sourire que Ben laissait paraitre sur ses lèvres désormais était véritable, un brin amusé. La question était donc véritablement portée par une certaine curiosité de la part de Rose; de celle qui était agréable à voir, attendrissante à témoigner même. « Tant mieux. » Il avait bien envie de continuer de profiter de sa présence un peu plus longtemps.

Surtout que ce dernier continuait de pousser la curiosité, de pousser la taquinerie, de pousser l’instant au singulier à se rallonger - et pour la suite, à passer au pluriel. « J’ai pas assez bu pour tes conneries. » Le sourire d’Ambrose arracha un petit rire à Ben, presque timide. Non, il n’avait effectivement pas assez vu pour ses conneries - ils ne seraient plus déjà dans ce bar, si ça avait été le cas. « T’as l’air du genre à vivre de ta passion. Alors je dirais que t’es chanteur, tout simplement » Tellement sur de lui qu’il ne laissa pas un instant à Ben pour répliquer quoi que ce soit, Ambrose passait déjà à autre chose, tendant sa main en direction du brun face à lui, n’attendant pas son reste un seul instant. « Donne moi ton téléphone. » Il plissait les yeux de malice jusque maintenant, Ruben, mais il opta pour un manque de compréhension du contexte et du retournement de situation, surtout. « J’ai aucune confiance en ta capacité à me dicter ton numéro correctement, alors je vais te donner le mien. Je veux juste savoir quel numéro bloquer, c’est pas pour que tu m’envoies des nudes. » Ce fut avec un rire franc et à gorge déployée que Hartfield reçut les paroles du jeune homme. Il s’était attendu à beaucoup de choses de cette rencontre, certaines excusées et d’autres très loin de l’être, mais cette façon là de réaction et de prendre les devants de la part de Rose ne faisait pas partie de la liste. Sortant son téléphone de sa poche, posant un côté dans la paume du chanteur, il tenait pourtant toujours fermement l’autre extrémité - replongeant son regard dans celui du brun. « Ambrose, si tu veux pas que je saisisse tes perches, arrête de m’en tendre comme ça s’il te plait. » Car il pouvait se montrer respectueux et compréhensif, Ben, mais si le garçon passait la moitié de son temps à dire qu’il n’était pas intéressé pour flirter l’autre partie, Ruben ne saurait plus de quel côté se ranger. Haussant un sourcil autant intrigué qu’amusé, il finit par laisser tomber complètement son téléphone entre ses doigts. Que Rose ajoute son numéro à son répertoire, qu’importe l’excuse qu’il voulait se donner, ce n’était pas Ben qui allait s’en plaindre.

« Futur chirurgien au fait, pas chanteur. » Comme dès qu’il parlait de ses études et de sa carrière, un sourire pas peu fier s’étirait sur les lèvres de Hartfield. « Chanter c’est pas ma première passion. » La médecin était et resterait ce qui le faisait vraiment vibrer, qui résonnait en lui comme nulle autre chose. Peut-être que s’il n’avait pas eu ce besoin viscéral de se détacher, petit dernier de sa fratrie, il aurait poursuivi une autre voie moins prestigieuse - et peut-être oui, que la musique aurait été le choix idéal. Il n’en était rien, et bien qu’il adorait se donner en spectacle sur scène ou chanter sous la douche, tout autant que dans l’intimité de sa chambre d’enfant, ce n’était pas ça qui le faisait vibrer de toutes ses fibres. « Mais c’est celle qui est plus facile à voir, des deux. Ca te dirait d’aller écouter un groupe ou deux dans un bar, un peu comme là mais en version tu chantes pas toi, un de ces soirs ? » Il leva sa main entre eux deux, prévoyant déjà la réplique d’Ambrose. « C’est pas une demande de date dissimulée ou quoi que ce soit, promis, c’est juste pour échanger sur une passion commune. » Oh, au premier signe positif il ramènerait Ambrose chez lui sans aucune hésitation - mais il pouvait malgré tout faire l’effort de croire le jeune homme quand ce dernier disait ne pas être intéressé, et lui proposer du temps qualitatif où ils pourraient réellement échanger sans que les yeux de Ben ne brillent de trop à cause de l’alcool et que l’avis du brun sur lui ne soit biaisé par l’attitude qu’il présentait ce soir. « C’est pour ça que t’as pris mon numéro, non, si c’est pas pour les nudes ? » Pourquoi d’autre sinon, hein ?

Ambrose n’hésite pas avant d’attraper le téléphone de Ruben, sans doute parce qu’il lui a demandé en premier lieu. Son sourire répond à celui du chanteur, et il s’étonne plus que jamais lorsque ce dernier semble finalement rechigner à lui laisser son téléphone, préférant encore le garder serré entre ses doigts un instant. Intrigué, Ambrose relève son regard dans le sien. « Ambrose, si tu veux pas que je saisisse tes perches, arrête de m’en tendre comme ça s’il te plait. » Et s’il a été le premier à en rigoler, Ruben, face à lui la réaction est bien différente alors que Constantine comprend plus que jamais le sérieux derrière ces mots. Il se mord un instant l’intérieur de la joue et hésite quant à la réponse à lui donner, et à la tournure qu’il souhaite voir prendre aux événements. Le téléphone cède avant que les mots ne viennent, et il le laisse glisser dans sa paume avec tout le soin du monde. “Je sais pas ce que je veux. Laisse moi juste essayer.” Il ne parle pas uniquement des perches qu’il lui tend, bien sûr, et le simple fait qu’il parle un ton plus bas et sans même regarder l’homme dans les yeux suffit à faire comprendre à quiconque qu’il est effectivement en train de douter. Il ne sait pas quoi penser et surtout pas quoi ressentir alors oui, il essaye, il tâtonne, et il jure qu’il ne veut pas blesser qui que ce soit sur le passage. Il ajoute donc son numéro de téléphone dans son répertoire, tout en vérifiant qu’aucun autre Ambrose ne soit déjà noté, pour éviter tout problème. La seconde suivante, il fait sonner son propre téléphone, pour s’assurer que tout ne repose pas entre les mains de l’inconnu qui a trop bu.

« Futur chirurgien au fait, pas chanteur. » Il sourit, fier comme un paon, chose qu’Ambrose peut aisément comprendre. En tant que futur chirurgien, il a effectivement de quoi être fier, et le sourire qu’Ambrose improvise à son tour signifie qu’il est étonné, dans le parfaitement bon sens du terme. « Chanter c’est pas ma première passion. » Il hoche la tête, comprenant aisément la chose. “J’en fais pas mon métier non plus. Je suis en politique.” Il ne lui a pas demandé, mais c’est important qu’il le sache. Il n’est pas un grand nom pour l’heure, mais il a déjà un pied dans le milieu, et c’est tout ce dont il a besoin pour un jour accéder au sommet de ses rêves et de se retrouver à la tête du pays. « Mais c’est celle qui est plus facile à voir, des deux. Ca te dirait d’aller écouter un groupe ou deux dans un bar, un peu comme là mais en version tu chantes pas toi, un de ces soirs ? » Le sourire du garçon grandit alors qu’il dédie plus que jamais toute son attention à Ruben. Il a peut-être trop bu, oui, mais il semble avoir les idées parfaitement claires - et il y a déjà fort à parier que s’il oublie cette proposition d’ici demain, Ambrose sera là pour la lui rappeler. « C’est pas une demande de date dissimulée ou quoi que ce soit, promis, c’est juste pour échanger sur une passion commune. » Il laisse échapper un rire sincère, bien que bas. Le mot de date l’effraie, il mentirait s’il disait le contraire. Il n’a pas vraiment le temps pour ça et, surtout, il le lui a dit: il n’est pas gay, pas même bisexuel. Il ne veut pas que Ruben se fasse trop d’idées, surtout si elles sont vouées à l’échec. “Si c’est pour échanger sur une passion commune, alors, j’ai aucune raison de refuser.” Il reprend, dans un simple sourire en coin. Ses yeux, eux, sont toujours ancrés dans les siens, qu’il trouve parfaitement envoûtants ; la faute à leur couleur uniquement. « C’est pour ça que t’as pris mon numéro, non, si c’est pas pour les nudes ? » - “C’est surtout pour t’envoyer des grains de beauté et te demander s’ils sont graves. Maintenant que je sais que t’es chirurgien.” Son sourire est intact, l’esquive est totale. Il ne veut rien promettre, il veut commencer par essayer, mais une petite voix qu’il n’écoute pas tente déjà de lui dire qu’il fait bien plus qu’essayer. Il se prend dans les mailles de son propre filet, Constantine. “J’attends ton message, me fais pas faux bond.” Il lui répète, le souligne, le menace presque. Il y tient déjà, à cette discussion autour d’une passion commune, et il lui en voudrait terriblement d’avoir été seulement bon pour des paroles en l’air. Pour ce soir en tout cas, il doit rentrer, parce que si Norman accepte qu’il rentre plus tard lorsqu’il joue, il sait qu’il ne doit pas abuser de la gentillesse de son oncle, qui saurait lui faire regretter la moindre impasse aux règles. “Je suis libre ce week-end, si jamais.” Il ne propose rien, Ambrose. Il lui donne simplement quelques informations.

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Si Ruben avait fait en sorte de remonter son regard dans celui du brun face à lui, avait fait en sorte de retenir son attention entière et complète, il put voir l’hésitation s’immiscer dans l’esprit d’Ambrose à la suite de ses paroles - assez en tous cas pour qu’il détourne le regard pour prononcer ses prochains mots. Comme si assumer pleinement ce qu’il clamait à haute voix n’était pas au gout du jour, pour le moment. « Je sais pas ce que je veux. Laisse moi juste essayer. » Et s’il avait eu un rire franc, et s’il s’amusait de toute cette situation depuis le début Ben, l’esquisse de sourire qui persistait sur ses lèvres désormais était un mélange d’admiration et d’amusement; de fierté d’avoir raison, aussi. Constantine ne s’en rendait pas compte, mais à travers ces simples mots, il venait de donner raison au futur chirurgien: il était bien son genre, il ne le savait juste pas encore. Et s’il était du genre à clamer ce genre de découverte lorsqu’il les faisait d’ordinaire, cette fois-ci Ruben sut garder son clapet fermé. Oh, qu’Ambrose profite de ce moment: c’était la première et la dernière fois que ça arriverait. Mais il y avait quelque-chose de touchant que Ben ne saurait expliquer dans l’attitude du brun, et peut-être était-ce cet élément là qu’il l’empêchait de jouer au complet abruti en cet instant. Il se contenta de récupérer son téléphone lorsqu’il eut terminé d’y ajouter son numéro - et de faire sonner son propre téléphone. « Aucune confiance en mes capacités, hein ? » Il lui retira sans aucune maladresse le mobile des mains, là où s’il avait été autant bourré que le laissait supposer le jeune homme, il n’aurait pas été apte à le faire. Disons qu’il ne fallait pas non plus lui demander de danser sur un pied debout sur le bar.

Et puisqu’il avait compris que ce n’était plus ni le moment, ni le lieu pour insister sur des sujets qui ne pourraient être discutés pour le moment, Ben se tint sage et embraya sur un tout autre sujet - lancé à la base par Ambrose lui-même. Il voulait savoir ce qu’il faisait de ses journées, le chanteur, et il ne sut le deviner seul. Hartfield lui donna alors la réponse, non sans un sourire de fierté bien sur. Devenir chirurgien était le seul objectif de vie qui importait réellement à ses yeux, et il ne saurait laisser une occasion de le mentionner à haute voix. Apparemment, il n’était pas le seul à être satisfait de ses choix de carrière. « J’en fais pas mon métier non plus. Je suis en politique. » With a face like that, il n’était presque même pas étonné de l’affirmation du jeune homme. Il avait tout autant l’attitude pour faire de la musique que de la politique - dans le bon sens du terme: là étaient deux champs d’action nécessitant d’avoir un certain charisme. « Et tu dois être bon dans le domaine je suis sur. »

« C’est surtout pour t’envoyer des grains de beauté et te demander s’ils sont graves. Maintenant que je sais que t’es chirurgien. » Il leva les yeux au ciel, fut semblant d’être déçu - il l’était pour de vrai mais Ambrose n’avait pas besoin de le savoir -, il croisa les bras sur son torse à la suite. Il n’aurait su, après toute cette réaction dramatique, rendre le sourire que l’autre jeune homme lui adressait malgré tout. « Profites en pas trop. » Ou justement, il fallait qu’il en profite de trop et qu’il se rende compte qu’il n’avait pas eu envie d’enregistrer lui-même son numéro de téléphone pour des conseils médicaux à tout bout de champ. Il répondrait sans hésitation à chaque fois, Ruben, mais il ne trouverait pas le jeu amusant ad vitam aeternam il ne savait d’avance. Sa patience était un puits sans fond - son intérêt l’était bien moins, malheureusement. « J’attends ton message, me fais pas faux bond. » Et déjà, il savait qu’Ambrose lui glissait entre les doigts, s’apprêtait à le laisser finalement en plan, serait de l’autre côté de la porte du bar dans un instant ou deux tout au plus. Ben haussa alors un sourcil dans sa direction, presque offensé qu’il puisse penser de la sorte - comme s’il lui était possible de penser autrement, en réalité. Les deux jeunes gens ne se connaissaient que depuis une poignée de minutes, c’était légitime. Ruben était juste dramatique. « Oh, compte sur moi pour ne pas t’oublier. » Pun intended. « Je suis libre ce week end, si jamais. » - « Tu vas pas le rester longtemps alors. » Il n’était de son côté pas autant libre que le brun, mais il ferait en sorte que ce soit le cas; il avait envie d’avoir ce non-date avec lui, alors il mettrait la légère impulsion qui manquait à cette histoire pour qu’elle puisse être appelée comme telle - qu’importe la définition qui lui serait prêtée au final.