Nous sommes lundi soir, et Lexie se déhanche sur la piste de danse d’une boîte de nuit branchée. Peu importe le jour, de toute façon, peu importe que le week-end vienne juste de prendre fin et que la semaine ne fasse que commencer : il n’y a pas de jour prédéfini pour faire la fête. Il suffit que la journée ait été mauvaise et que la brunette ait envie de décompresser. Toutes les excuses sont bonnes. Et ces derniers mois, la plupart des journées sont mauvaises. Noah lui manque cruellement, et le départ du jeune homme l’a particulièrement bouleversé. Elle lui avait accordé sa confiance, s’était ouverte à lui, et il l’a abandonné, comme tous les autres. Alors tous les prétextes sont bons pour fuir le silence étouffant de son appartement, désespérément vide. Et ce soir ne fait pas exception. Lexie se déhanche sur la piste de danse, sans se soucier des gens qui l’entourent. Ils sont là, elle n’est pas seule, et c’est là le principal. Elle a déjà beaucoup trop bu, même si la nuit commence à peine, et voilà qu’un jeune homme glisse sa main dans la sienne. Surprise, elle ouvre les yeux, sortant de sa bulle, et son visage s’illumine lorsqu’elle reconnait un de ses dealers habituel qui, déjà, l’entraîne à l’écart pour lui vendre de quoi pimenter la soirée. Elle range la cocaïne dans sa pochette, bien décidée à attendre une amie afin de consommer la drogue avec elle dans un moment de parfaite osmose. Quelques instants plus tard, Lexie rejoint à nouveau la piste de danse en titubant, lorsqu’elle heurte un homme, renversant son verre sur sa chemise.
« Oups. »
Elle rit, parce qu’elle se fiche royalement des vêtements de l’inconnu, mais les similitudes avec ses retrouvailles avec Noah, un an plus tôt, la heurtent de plein fouet, et bientôt, son rire s’éteint. Son visage se décompose, et elle semble prête à pleurer. Elle recule d’un pas, marmonnant des excuses, avant de lever ses yeux bleus tourmentés vers l’homme à la chemise mouillée : Elijah. Ce n’est pas Noah, ce ne sera plus jamais Noah, et elle devrait en être soulagée : elle doit tourner la page. Elle se force à sourire à son frère.
« Elijah ! Désolée pour ta chemise. Je te dirais bien que je la laverai à ta place, mais je pense que si tu as du mal à le faire toi-même, Mary s’en occupera pour toi. »
D’humeur changeante, l’esprit embrumé par l’alcool qui coule dans ses veines, la brunette rit à sa blague déplacée sur le chouchou de la matriarche des Walker. Elle joue la peste, une carapace qu’elle arbore trop souvent en soirée, mais qui épargne en principe ses frères.
« Bon, c’est pas tout ça, mais mes amis m’attendent. A plus ! »
Elle rit à nouveau, mais sa voix pâteuse et sa démarche mal assurée, alors qu’elle esquisse quelques pas pour rejoindre la piste de danse, trahissent son taux élevé d’alcoolémie. Elle aimerait s’éloigner, elle n’a rien à dire à son frère, n’a pas envie d’avoir de discussion ce soir. Elle est là pour décompresser, pour oublier, et pourtant, déjà, Elijah la retient. Lexie laisse échapper un soupire résigné, prête pour un sermon qu’elle écoutera d’une oreille distraite, rien que pour entendre lorsqu’il aura enfin terminé.
Le lendemain matin, sa tête la fait atrocement souffrir alors que son prénom résonne dans son appartement. Elle ouvre difficilement les yeux, n’identifiant pas immédiatement la voix masculine qui l’appelle. Finalement, la silhouette de son frère se dessine dans l’embrasure de la porte de sa chambre. En laissant échapper un grognement, elle enfonce sa tête dans l’oreiller, laissant les souvenirs de la veille lui revenir peu à peu. Après le départ d’Elijah de la boîte de nuit, la fête avait repris de plus belle. Elle lui avait promis de lever le pied. Elle lui avait assuré qu’elle maitrisait la situation. Mais elle avait menti. Elle avait continué à boire et, lorsque son amie Tracey l’avait rejoint, elle avait finalement consommé la cocaïne acheté quelques heures plus tôt. L’effet de la poudre blanche avait été immédiat : la brunette s’était sentie invincible, belle, intelligente, drôle. Rien ne pouvait l’arrêter. La fatigue avait disparu, de même que la douleur résiduelle qui alourdissait son cœur depuis quelques mois. Elle était toute puissante, et Tracey était magnifique. Rapidement, les deux jeunes femmes étaient rentrées ensemble chez Lexie, se perdant dans les caresses et les baisers échangés, à la recherche de l’extase.
La soirée a été parfaite, magique. Et pourtant, lorsque Lexie ouvre les yeux, elle ne se sent pas toute puissante, elle ne se sent pas magique. Elle est épuisée, comme si elle n’avait dormi qu’une heure ou deux après avoir couru un marathon – et Lexie ne fait pas de sport. Elle se sent triste également, vide, la sensation de solitude qui l’accompagne habituellement la frappant de plein fouet : c’était une chouette soirée, mais elle est terminée. Et ce soir, elle sera à nouveau seule pour affronter la nuit et les démons qui l’accompagnent. La voix d’Elijah l’agace, et elle laisse échapper un nouveau grognement en tournant sa tête de l’autre côté, se retrouvant nez à nez avec Tracey. Un petit sourire amusé se dessine sur son visage alors que la blonde quitte le lit, nue.
« Je vais prendre une douche, il y a trop de bruit ici. T’as qu’à venir avec moi. »
Un petit rire s’échappe des lèvres de Lexie, mais la joie n’est que de courte durée, et l’abattement la saisit à nouveau. En temps normal, elle aurait suivi Tracey, peu importe que son frère attende dans la pièce à côté. Mais aujourd’hui, elle n’en a pas la force.
« Je crois bien qu’elle s’adressait autant à toi qu’à moi, alors vas-y si tu veux, je passe mon tour ce matin. »
Sa voix tremble sur la fin de sa phrase, et la brunette s’empresse de dissimuler ses larmes en tirant la couette au-dessus de sa tête. Elle entend vaguement la voix d’Elijah, mais ne comprend pas les mots qui franchissent ses lèvres. Elle n’arrive pas à se concentrer, pas quand sa tête cogne ainsi, pas quand toute la tristesse des derniers mois semble la frapper de plein fouet. Alors elle appuie ses mains sur ses oreilles et murmure des propos incohérents.
« Va-t’en. Fais ce que ça s’arrête. Je t’en supplie, il faut que ça s’arrête. Laisse-moi tranquille. Laisse-moi toute seule. »
Le regard bleuté qu’elle pose sur Elijah reflète toute sa détresse alors que ses joues sont striées de larmes.
Elijah Walker
les mauvaises décisions
ÂGE : 39 ans (04/01/1985) SURNOM : eli, simple et efficace STATUT : cœur autrefois brisé, désormais jalousement gardé, mais dont l’armure ne cesse de se craqueler face à une adorable petite souris MÉTIER : architecte au sein du walker group, et chargé du cours de recherche en environnement et durabilité à la faculté d'architecture de l'université du queensland. LOGEMENT : un penthouse lumineux à spring hill, qu’il partage avec son chat siamois zelda et ses deux nouvelles recrues félines, safflina et drogon - ou plutôt dans lequel il est autorisé à rester tant qu’il n’oublie pas de remplir leur gamelle POSTS : 2694 POINTS : 20
TW IN RP : ex-toxicomanie GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : né à Brisbane, il a sillonné les plus belles régions du globe une fois sa majorité atteinte puis s’est installé à New York avant de revenir dans la ville qui l’a vu grandir fin 2021 ✵ aîné de la fratrie Walker ✵ architecte depuis plus de dix ans, il excelle dans son travail ✵ un passé riche d’excès en tous genres, le seul vice ayant persisté au travers des années étant la cigarette ✵ (trop) honnête, il préfère une vérité blessante à un mensonge confortable ✵ très sociable, doué avec les mots et le sourire facile, sa façade s’effondre lorsque l'interaction devient trop réelleCODE COULEUR : eli se pavane en #00B464 RPs EN COURS :
WALKER ✵ we don't talk much, not anymore. broken bottles and slammin' doors, but we still care about each other, say we care about each other. i know life took us far away, but I still dream 'bout the good old days. when we took care of each other, we were livin' for each other.
ELIORA ✵ gimme what you got - your talk is incredible, so, so, so unusual. you taste like surfing videos. i'm going to read your mind, who you hiding? you fake your shyness, i just wish that i could see through you... hot glue, vape juice, hit undo, how the hell are you so cool?
Après des mois passés dans une routine et un sérieux tirant sur l’ennui mortel, Eli avait récemment commencé à renouer avec ses anciennes habitudes développées lors de sa vie new yorkaise. L’aîné des Walker avait toujours été réputé pour son sens de la fête à toute épreuve, et à l’époque, il était rare de le voir cloîtré chez lui plus d’un soir par semaine - que ce soit pour prendre un verre dans le calme, déguster un repas de qualité au restaurant ou passer une soirée plus animée, il répondait toujours présent lorsqu’il s’agissait de transformer un soir de semaine en moment mémorable. Son déménagement à Brisbane et la morne ambiance qui avait entouré celui-ci avait considérablement perturbé ces coutumes dont il ne s’était pourtant jamais lassé, et ce n’est qu’au terme de longs mois passés à se recentrer sur lui, sur ceux qu’il avait lésés et sur sa carrière qui ne cessait de prendre des virages imprévus qu’il avait fini, doucement, par renouer avec ce quotidien qu’il affectionnait tant et lui avait manqué bien plus qu’il ne l’avait cru. La tendance avait été enclenchée d'abord par des rendez-vous pris en dehors des heures de bureau pour le compte du Walker Group, dont il était devenu le nouveau visage bien malgré lui. Eli avait beau détester le poste qu'il occupait à contrecœur depuis l'accident de Chan, son aversion pour le travail mal fait était plus importante encore et il avait su mettre du cœur à l'ouvrage, s'adaptant avec la flexibilité d'un caméléon aux clients qu'il rencontrait après des journées de travail interminables, et qu'il emmenait dîner ou boire sans compter les heures. Petit à petit, ses retours chez lui à pas d'heure ne se justifièrent plus seulement par ses rendez-vous d'affaire, et Eli avait commencé à s'octroyer de plus en plus de soirées à l'extérieur afin de décompresser de son quotidien, un besoin qu'il n'avait jamais autant ressenti que depuis son involontaire promotion.
Ce soir, c'est accompagné de quelques amis perdus de vue et retrouvés après son exil de vingt ans qu'Eli avait remis le couvert, profitant de son agenda étonnamment vide le lendemain, à l'exception d'un déjeuner avec sa sœur et de l'une ou l'autre réunion en fin d'après-midi, pour s'autoriser des festivités qu'il n'aurait habituellement pas envisagées un lundi soir. Après quelques verres à son actif, Eli se sentit progressivement gagné par un sentiment d'euphorie croissante, l'esprit léger et un sourire béat fendant son visage détendu. La musique assourdissante, les basses vibrantes et l'ambiance grisante n'y furent certainement pas étrangères - loin d'être ivre, Eli avait pourtant la sensation d'être pratiquement plongé dans une transe par l'atmosphère électrisante des lieux. C'était l'état qu'il préférait - suffisamment sous influence pour laisser de côté ses inhibitions, mais suffisamment peu pour garder l'esprit lucide. Et il aurait bien besoin de toute sa lucidité pour ce qui ne tarderait pas à venir perturber sa soirée, quelques instants à peine après qu'il se fut levé de son siège pour ravitailler le groupe assoiffé avec lequel il était attablé. Car, à peine eut-il franchi quelques mètres qu’il sentit une silhouette se projeter contre lui, et, quelques fractions de seconde plus tard, la désagréable sensation d’un liquide froid pénétrer le tissu de sa chemise. Surpris, il tourna la tête vers la personne qui venait de faire irruption sans cérémonie dans sa soirée, et sentit chacune des bribes d’ivresse brutalement quitter son corps en reconnaissant un visage plus que familier. Par réflexe, la moquerie fut la première réaction qui lui vint, et c’est avec un sourire narquois qu’il lui lança, visiblement pas le moins perturbé du monde par la façon dont Lexie venait de ruiner sa chemise à plusieurs centaines de dollars : « Eh bah, je vois que tu passes une bonne soirée ! » L’insouciance et la légèreté ne tardèrent toutefois pas à s’estomper lorsqu’il vit le visage de sa cadette passer par une palette d’émotions contradictoires, avant de l’entendre balbutier des propos difficilement intelligibles tant son élocution semblait entravée par l’alcool, de froncer les sourcils avec inquiétude face à ses rires discordants, et de sentir une sensation sourde de panique lui nouer les entrailles lorsqu’il la vit prendre la direction opposée d’une démarche si titubante que ses chances d’atteindre sans encombre la piste de danse à quelques mètres d’eux semblèrent plus que minces. Eli n’était pas d’un naturel anxieux, ni n’aimait-il prendre un ton moralisateur alors qu’il estimait être bien mal placé pour donner des leçons - mais face à l’état interpellant de Lexie, il ne put réfréner un élan protecteur, quitte à se montrer envahissant vis-à-vis de celle qui peinait encore à lui accorder sa place de grand frère. « Lexie ! », l’interpella-t-il en élevant la voix, attirant l’attention de la concernée qui s’arrêta dans sa progression incertaine et lui lança un regard mauvais par-dessus son épaule. « Fais attention à toi, d’accord ? », demanda-t-il, renonçant à lui faire la leçon après une seconde d’hésitation. Sa soeur marmonna une réponse qui se voulait rassurante, à grands renforts de t’inquiète, je gère les yeux levés au ciel, mais Eli ne se sentit nullement rassuré pour autant. « Et n’oublie pas qu’on déjeune ensemble, demain - je viens te chercher à treize heures, d’accord ? » L’inquiétude dut être nettement visible dans ses prunelles bleues, car la cadette du clan Walker se donna la peine de le rassurer avant de s’éclipser dans la foule agglutinée sur la piste de danse.
Il s’avéra toutefois qu’Eli avait eu raison de s’inquiéter la veille, car lorsqu’il se présenta, impeccablement à l’heure comme toujours, devant l’appartement de Lexie, il constata que la porte d’entrée était mal fermée. Peu désireux de s’introduire sans y avoir été invité, il sonna une, deux, puis trois fois, avant de se résoudre à pousser la porte. « Lexie ? C’est moi », appela-t-il en avançant dans l’appartement en apparence désert, franchissant la porte du salon où l’attendait une surprise désagréable. Il fronça les sourcils en apercevant des traces blanches familières et du matériel qui l’était tout autant sur la table basse, autour de laquelle des bouteilles vides jonchaient le sol. Un mauvais pressentiment lui assaillit le creux du ventre. Eli s’arrêta quelques instants avant d’appeler à nouveau : « Lexie, t’es là ? » Ses pas le menèrent à la chambre à coucher de l’intéressée, dont la porte était entrouverte. Après une fraction de seconde d’hésitation, il frappa à la porte et s’engouffra dans la pièce plongée dans la pénombre, et son regard éberlué tomba sur une inconnue entièrement dénudée, debout à côté d’un lit où gisait une Lexie dont le visage était résolument enfoui dans l’oreiller. Eli détourna le regard des courbes gracieusement offertes de l’inconnue, attendant patiemment que celle-ci quitte la pièce pour pouvoir interagir avec sa sœur. Il ignora la première remarque lancée par celle-ci, trop inquiet pour s’engager dans une conversation qui lui parut hors propos. « Lexie, qu’est-ce qu’il s’est passé ? », demanda-t-il bêtement, tout en connaissant parfaitement la réponse à cette question. Sa cadette ne lui répondit toutefois pas, fuyant son regard dans un élan de détresse manifeste avant de proférer des paroles aussi inquiétantes qu’incohérentes. La colère suscitée par la panique d’Eli ne tarda pas à quitter ses yeux au profit d’une peine irrépressible. Il attrapa un sweat-shirt suspendu à une chaise et le tendit à sa sœur en s’approchant de son lit, avant de s’asseoir à côté d’elle, soutenant péniblement le regard tourmenté qu’elle lui lança. « Lexie, écoute ma voix, tu m’entends ? Tu es en sécurité, ça va aller », murmura-t-il avec douceur et fermeté, attrapant prudemment sa main. « Tu es en descente, mais tout ira bien », tenta-t-il de la rassurer tout en doutant qu’elle soit réceptive à ses paroles.
rainmaker
❝oh my lungs are begging me to beg for you❞ all of these highs and all of these lows don't keep me company. i've been breathing you in and drinking you down, you're the only remedy. say you're gonna hold my head up, say you're gonna break my fall ; say you're gonna stay forever, baby, this is all i want. cause all my bones are begging me to beg for you, begging me to beg for your love.
La soirée de la veille n’est qu’un lointain souvenir. Un souvenir flou, embrouillé, dont les sensations sont définitivement oubliées. Il n’y a plus d’envie de danser, juste une envie de rester sous la couette. Il n’y a plus de sentiment de toute puissance, mais un sentiment de désespoir. Et si les lendemains peuvent être difficiles, ils sont parfois moins cruels. Il arrive que la descente soit moins violente, ou de plus courte durée, et que l’enfer soit ensuite égayé par une partie de jambes en l’air. Mais ce matin est un matin terrible, avec la présence d’une voix qui lui paraît familière mais que Lexie a pourtant du mal à associer à quelqu’un. Et finalement, quand elle ouvre les yeux, c’est pour distinguer la silhouette floue d’Elijah au bord de son lit.
« Lexie, qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
La brunette hausse un sourcil avant de répondre sur un ton qui se veut désinvolte.
« Juste une petite fête. »
Pourtant, sa voix trahit à quel point elle se sent mal et la voilà qui évite le regard de son frère. Il lui tend un pull et, si elle l’enfile, elle ne quitte pourtant pas la chaleur rassurante de la couette. Elle murmure des propos incohérents alors que les sensations se multiplient, la faisant se sentir comme une moins que rien.
« Lexie, écoute ma voix, tu m’entends ? Tu es en sécurité, ça va aller. Tu es en descente, mais tout ira bien. »
La brunette enfonce les mains sur ses oreilles, appuyant aussi fort qu’elle le peut et se balance d’avant en arrière, comme si elle se berçait. La tête dans l’oreiller, elle ferme les yeux et se coupe du monde extérieur.
« Je veux que tout s’arrête. Tout. Il n’y a rien pour moi ici. Je voudrais que tout s’arrête … »
Comme à l’époque, avec Channing, elle ose exprimer le fond de sa pensée : elle en a assez de cette vie. Elle en a assez de la vie. Elle ne manquera à ses frères que quelques semaines, mais ensemble, et avec l’aide de tous leurs amis, ils sauront se consoler et surmonter leur deuil. Elle, elle n’a plus la force, emprisonnée dans un mal-être qui ne la quitte pas depuis le décès de leur père il y a plus de quinze ans.
Une heure plus tard, la situation semble s’améliorer. La copine de Lexie a déserté les lieux il y a longtemps. Et la plus jeune des Walker se balance de plus en plus lentement, jusqu’à ce que son mouvement cesse totalement. Finalement, elle ôte doucement les mains de ses oreilles et redresse petit à petit la tête. Ses joues sont striées de larmes, ses yeux bleutés encore humides. Son regard croise celui de son frère qui n’a pas bougé, qui est resté à ses côtés pendant tout ce temps, et Lexie détourne rapidement ses opales, honteuse.
« Ca va aller maintenant. Tu peux y aller. »
Elle frissonne, resserre la couverture autour d’elle. Elle aimerait qu’il parte, qu’il cesse de la regarder ainsi.
« Je t’assure. Tu as sans doute des trucs à faire. Un job. »
Quelqu’un à voir … Tout ce qu’il veut, mais pas ici.
Elijah Walker
les mauvaises décisions
ÂGE : 39 ans (04/01/1985) SURNOM : eli, simple et efficace STATUT : cœur autrefois brisé, désormais jalousement gardé, mais dont l’armure ne cesse de se craqueler face à une adorable petite souris MÉTIER : architecte au sein du walker group, et chargé du cours de recherche en environnement et durabilité à la faculté d'architecture de l'université du queensland. LOGEMENT : un penthouse lumineux à spring hill, qu’il partage avec son chat siamois zelda et ses deux nouvelles recrues félines, safflina et drogon - ou plutôt dans lequel il est autorisé à rester tant qu’il n’oublie pas de remplir leur gamelle POSTS : 2694 POINTS : 20
TW IN RP : ex-toxicomanie GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : né à Brisbane, il a sillonné les plus belles régions du globe une fois sa majorité atteinte puis s’est installé à New York avant de revenir dans la ville qui l’a vu grandir fin 2021 ✵ aîné de la fratrie Walker ✵ architecte depuis plus de dix ans, il excelle dans son travail ✵ un passé riche d’excès en tous genres, le seul vice ayant persisté au travers des années étant la cigarette ✵ (trop) honnête, il préfère une vérité blessante à un mensonge confortable ✵ très sociable, doué avec les mots et le sourire facile, sa façade s’effondre lorsque l'interaction devient trop réelleCODE COULEUR : eli se pavane en #00B464 RPs EN COURS :
WALKER ✵ we don't talk much, not anymore. broken bottles and slammin' doors, but we still care about each other, say we care about each other. i know life took us far away, but I still dream 'bout the good old days. when we took care of each other, we were livin' for each other.
ELIORA ✵ gimme what you got - your talk is incredible, so, so, so unusual. you taste like surfing videos. i'm going to read your mind, who you hiding? you fake your shyness, i just wish that i could see through you... hot glue, vape juice, hit undo, how the hell are you so cool?
Eli ne fut pas plus rassuré par la réponse se voulant désinvolte de Lexie que par les pensées noires qu'elle lui confia d'une voix désemparée quelques instants plus tard. Et s'il savait qu'elle ne l'écoutait probablement même pas, il mit un point d'honneur à contester ses propos emplis de désespoir – il ignorait si ses protestations serviraient à quelque chose, en doutait d'ailleurs franchement, mais savait en revanche qu'elle avait certainement pas besoin d'être confortée dans le sentiment de vide qui était en train de l'engloutir toute entière. « Bien sûr qu'il y a des choses pour toi, qui valent la peine d'être vécues. C'est la cocaïne qui parle », murmura-t-il avec douceur mais conviction, d'une voix à peine audible tandis que ses yeux inquiets reflétaient avec une authenticité rare l'étendue des émotions qui l'envahissaient en la voyant dans cet état. « Tu n'es pas seule, ma Lili », insista-t-il, énonçant pour la première fois en plus de vingt ans le diminutif dont il l'avait affublée à la naissance, à l'époque où, du haut de ses cinq ans, la prononciation de son prénom lui était laborieuse. « J'ai besoin de toi dans ma vie, et Chan aussi. On t'aime si fort, tu sais ? », chuchota Eli, renonçant à la retenue qui le caractérisait habituellement et qui tuait habituellement dans l’œuf toutes les possibles effusions sentimentales. Il caressa sa main de la sienne, avant de la lâcher sans résister lorsque Lexie chercha à se couvrir les oreilles. La gorge nouée, il assista, impuissant, au spectacle déchirant de la détresse de sa cadette, dont les démons l'assaillaient sans relâche. À d’innombrables reprises, il s’était retrouvé à sa place, et s’il avait affronté seul la majorité des idées noires qui accompagnaient ses descentes, il comprenait enfin ce qu’avaient traversé les rares personnes qui s’étaient souciées de son état en lui tenant compagnie dans ces moments difficiles. Régulièrement, il murmura à Lexie des mots d'amour, de tendresse, de réconfort, l'assurant de sa présence tant à l'instant présent que de manière plus générale. Les minutes s’égrenèrent sans réelle interaction mutuelle entre les deux Walker, l’aîné se contentant de se tenir aux côtés de la cadette de la façon la plus rassurante possible en attendant que cette dernière ne retrouve un certain apaisement.
Ce moment finit par arriver, et Eli posa un regard plein de douceur sur Lexie lorsque celle-ci releva doucement la tête. Il fouilla dans la poche de son veston et en extirpa un mouchoir monogrammé qu’il tendit aussitôt à sa sœur, sans faire de commentaire – il avait beau ne pas être le plus perspicace, il n’eut aucun mal à discerner son embarras d’être vue dans une telle position de faiblesse. Il se contenta d’esquisser un maigre sourire teinté d’incrédulité lorsque, comme à son habitude, elle tenta de le garder le plus à distance possible par ses paroles. « Au risque d’être, pour une fois, le grand frère chiant – il n’en est pas question », répondit-il avec autant de bienveillance que de fermeté. Il caressa brièvement son tibia à travers son édredon et se leva. « Je vais te faire couler un bain, et je t’attendrai dans le salon. Prends le temps qu’il te faut, je m’occuperai », proposa-t-il, avant de quitter la pièce en lançant un dernier regard à sa petite sœur.
En attendant Lexie, Eli s’affaira à ranger tous les stigmates de la soirée de la veille qui jonchaient le salon. Maniaque de propreté comme il l’était, il consacra à la tâche avec un soin tout particulier, veillant à ne pas laisser son esprit s’attarder sur chacun des détails qui lui criaient combien sa sœur s’abandonnait à des excès variés, et se contentant de jeter toutes les traces de débauche dans un sac poubelle qui ne tarda pas à se remplir considérablement. Cela n’empêcha pas son cœur de battre frénétiquement dans sa poitrine, mû par autant d’angoisse que de culpabilité face au mal-être évident de Lexie qui lui trottait constamment dans l’esprit. Il fouilla ensuite les placards de sa cuisine, fit infuser du thé et dénicha des gâteaux chocolatés qu’il déposa sur la table basse du salon. Il s’installa ensuite dans le canapé, feuilletant un livre que Lexie avait laissé traîner. Il ne sut combien de temps s’était écoulé lorsqu’elle finit par le rejoindre d’un pas hésitant. Eli mit quelques instants à remarquer l’arrivée de Lexie, et releva la tête peu après, tapotant le canapé à côté de lui pour l’inviter à prendre place. Il se leva ensuite pour aller lui chercher une tasse de thé. « Tiens, ça va te réchauffer de l’intérieur », lui souffla-t-il en lui tendant la tasse, avant de prendre place sur le canapé. « Comment tu te sens ? », demanda-t-il prudemment, cherchant son regard si extraordinairement semblable au sien.
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❝oh my lungs are begging me to beg for you❞ all of these highs and all of these lows don't keep me company. i've been breathing you in and drinking you down, you're the only remedy. say you're gonna hold my head up, say you're gonna break my fall ; say you're gonna stay forever, baby, this is all i want. cause all my bones are begging me to beg for you, begging me to beg for your love.
La descente était fulgurante et, dans l’immédiat, Lexie était incapable d’avoir honte de son comportement. Elle était tout autant incapable de dissimuler son mal être devant son frère, et l’inquiétude de l’aîné des Walker lui passait carrément au-dessus. Elle se battait à cet instant précis contre les effets néfastes de la cocaïne, contre son corps qui protestait au plus haut point contre tout ce qu’elle lui infligeait, et tout simplement contre elle-même. Les pensées négatives l’envahissaient, et elle se moquait de les partager avec son frère.
« Bien sûr qu’il y a des choses pour toi, qui valent la peine d’être vécues. C’est la cocaïne qui parle. »
Les mots d’Elijah glissaient sur elle sans l’atteindre. Ses paroles n’avaient aucun impact, aussi réconfortantes se voulaient-elles.
« Tu n’es pas seule, ma Lili. »
Et soudain, avec l’utilisation de ce petit surnom qu’il utilisait lorsqu’ils n’étaient encore que des enfants, aux soucis anodins, Elijah semble faire éclater la bulle dans laquelle Lexie s’était enfermée, une bulle dans laquelle elle pouvait endurer sa souffrance sans se soucier de celle des autres. Avec cette marque d’affection, pourtant, son frère s’immisce dans ce qu’elle endure, il fait se mélanger le passé et le présent, et il lui fait prendre conscience de l’inquiétude qu’il ressent. Et c’est beaucoup trop pour Lexie, qui recouvre sa tête de son oreiller en appuyant fortement sur les côtés, pour tenter de se couper du monde. Elle aurait aimé que son coussin soit un bouclier qui la préserve des prochaines paroles de son frère, elle aurait souhaité ne rien entendre, et pourtant …
« J’ai besoin de toi dans ma vie, et Chan aussi. On t’aime si fort, tu sais ? »
A ces mots, Lexie ne peut s’empêcher de lâcher un rire mauvais. Elle relâche légèrement la pression sur son oreiller, sans pour autant relever la tête.
« Menteur ! Si c’était vrai, tu ne serais pas parti à l’époque ! Si c’était vrai, tu serais revenu ! Si c’était vrai, t’aurais au moins gardé contact ! »
Dans un coin de son esprit, elle se demande vaguement s’il va tenir le même discours que quelques minutes plus tôt : c’est la cocaïne qui parle. Pourtant, elle est incapable de se soucier de ses sentiments, et de se demander si elle l’a blessé. Elle n’est centrée que sur elle-même, et le mal être qui l’a envahi. Les minutes défilent et la cocaïne quitte progressivement l’organisme de la brunette, emportant avec elle certains effets secondaires indésirables. Petit à petit, Lexie redevient elle-même. Son corps tout entier la fait souffrir, elle se sent nauséeuse, elle est courbaturée, mais son esprit est moins embrumé. La honte la submerge peu à peu, et elle tente de chasser son frère. Il en a déjà trop vu et trop entendu. Il a déjà trop enduré au cours de cette dernière heure. Pourtant, comme elle s’y attendait, il refuse de partir.
« Je vais te faire couler un bain, et je t’attendrai dans le salon. Prends le temps qu’il te faut, je m’occuperai. »
Lexie obéit et finit par se trainer jusqu’à la salle-de-bains. Son corps entier la fait souffrir, mais l’eau chaude détend ses muscles. Elle aimerait que le savon réussisse à faire disparaitre les moments embarrassants vécus depuis l’arrivée de son frère dans son appartement, en vain. C’est sur la pointe des pieds qu’elle rejoint finalement son frère au salon, hésitante, ne sachant pas où se mettre ni que faire, alors qu’elle est dans sa propre demeure. Pourtant, après toutes les horreurs qu’elle a prononcées quelques instants plus tôt, elle ne se sent pas du tout à sa place. Finalement, Eli remarque la présence de sa tête et l’invite à s’installer sur le canapé, lui tendant une tasse de thé. La brunette hésite un instant avant de rejoindre son frère. En legging et sweatshirt immense, Lexie vient se blottir sur le canapé, repliant ses jambes sous elle et s’enroulant dans un plaid.
« Tiens, ça va te réchauffer de l’intérieur. »
Elle esquisse un faible sourire en attrapant la tasse, souffle sur le liquide brûlant avant d’en prendre une gorgée. Elle garde ensuite la tasse entre ses mains, posant ses mains sur la surface chaude du mug pour les réchauffer.
« Comment tu te sens ? »
Mal. Si le pire était passé, elle était toujours dans un sale état, et elle savait qu’elle le serait encore pour plusieurs heures. Et l’état de son corps n’était rien par rapport à son état psychologique : elle était triste, déprimée, une conséquence classique de la descente de cocaïne. A ces sentiments s’ajoutait la honte d’avoir sans doute blessé son frère.
« Sans doute mieux que ce que je mérite ... »
Elle poursuivit, hésitante.
« A propos de tout à l’heure … je suis désolée … je … »
Elle n’avait jamais voulu lui faire de peine et pourtant, elle n’était pas prête à dire qu’elle ne le pensait pas, parce qu’une partie d’elle s’imaginait que c’était vrai. Eli l’aimait certainement, tout comme elle l’aimait. Pour autant, il avait fini par occulter l’existence même des siens quand il avait vécu à l’étranger et, pendant cette période où il ne devait pas penser souvent à eux, il devait bien les avoir un peu oublié. Comment pouvait-il en être autrement, alors qu’il était resté près de 20 ans aux Etats-Unis, sans donner de nouvelles ?
Elijah Walker
les mauvaises décisions
ÂGE : 39 ans (04/01/1985) SURNOM : eli, simple et efficace STATUT : cœur autrefois brisé, désormais jalousement gardé, mais dont l’armure ne cesse de se craqueler face à une adorable petite souris MÉTIER : architecte au sein du walker group, et chargé du cours de recherche en environnement et durabilité à la faculté d'architecture de l'université du queensland. LOGEMENT : un penthouse lumineux à spring hill, qu’il partage avec son chat siamois zelda et ses deux nouvelles recrues félines, safflina et drogon - ou plutôt dans lequel il est autorisé à rester tant qu’il n’oublie pas de remplir leur gamelle POSTS : 2694 POINTS : 20
TW IN RP : ex-toxicomanie GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : né à Brisbane, il a sillonné les plus belles régions du globe une fois sa majorité atteinte puis s’est installé à New York avant de revenir dans la ville qui l’a vu grandir fin 2021 ✵ aîné de la fratrie Walker ✵ architecte depuis plus de dix ans, il excelle dans son travail ✵ un passé riche d’excès en tous genres, le seul vice ayant persisté au travers des années étant la cigarette ✵ (trop) honnête, il préfère une vérité blessante à un mensonge confortable ✵ très sociable, doué avec les mots et le sourire facile, sa façade s’effondre lorsque l'interaction devient trop réelleCODE COULEUR : eli se pavane en #00B464 RPs EN COURS :
WALKER ✵ we don't talk much, not anymore. broken bottles and slammin' doors, but we still care about each other, say we care about each other. i know life took us far away, but I still dream 'bout the good old days. when we took care of each other, we were livin' for each other.
ELIORA ✵ gimme what you got - your talk is incredible, so, so, so unusual. you taste like surfing videos. i'm going to read your mind, who you hiding? you fake your shyness, i just wish that i could see through you... hot glue, vape juice, hit undo, how the hell are you so cool?
Eli était perdu. Il ignorait sur quel pied danser, avait le sentiment de systématiquement se fourvoyer dès qu'il tentait de trouver un moyen de réconforter Lexie. À chaque fois, il se retrouvait confronté à ses erreurs passées, celles qui lui avaient coûté sa relation autrefois si fusionnelle avec sa petite sœur. En tentant de la rassurer et de l'apaiser, tant au moyen du surnom affectueux dont il l'avait autrefois affublée que de mots d'amour et de réconfort, il ne semblait que la contrarier davantage, et le constat était déchirant. Eli garda le silence lorsque les mots durs mais criants de vérité de Lexie lui furent crachés au visage – il ne vit d'intérêt ni à les contester, ni à les remettre dans leur contexte, car il était évident qu'elle n'était pas en état de l'entendre. Il se contenta donc de se tenir silencieusement à ses côtés, jusqu'au moment où elle sembla suffisamment calmée pour qu'il pût se permettre de la laisser prendre soin d'elle, tandis qu'il se chargerait de faire disparaître les stigmates de la veille dans son salon.
Le climat parut nettement moins orageux lorsqu'elle finit par se joindre à lui, l'air pratiquement penaud tandis qu'elle se lova dans un plaid et accepta, avec une pointe de reconnaissance, la tasse de thé brûlant qu'il lui avait préparée. Un petit silence accueillit la réponse de Lexie à la question de son frère aîné, qui se contenta de la regarder sans rien dire, son regard se faisant tendre mais exempt de pitié. La peine qui avait fait briller ses yeux lorsqu'il s'était assis sur le bord de son lit avait disparu, même si à l'intérieur, l'inquiétude et la préoccupation sévissaient avec autant d'intensité qu'une heure auparavant. Il secoua la tête et balaya les excuses balbutiées par Lexie d'un petit geste de la main, sans se départir de la douceur qui habillait ses traits. « Tu n'as pas à t'excuser. Tu as le droit, et toutes les raisons, d'être en colère. Je sais bien que ce sont des sentiments qui ne partent pas du jour au lendemain », sourit faiblement l'héritier en haussant les épaules, la voix chargée de sincérité. « Et même si ce sont des choses qui ne sont pas nécessairement faciles à entendre – ça, c'est mon problème, pas le tien. » Il détourna le regard, son expression se faisant étonnamment paisible en dépit de l'émotion nettement perceptible dans son timbre profond.
Lorsqu'il reporta les yeux sur sa sœur, il esquissa un petit sourire en voyant combien ses cheveux humides étaient emmêlés, la cadette n'ayant manifestement pas eu la force de les coiffer après les avoir lavés. « On dirait qu'un pigeon a fait son nid sur ta tête », souffla-t-il malicieusement, faisant écho à cette phrase que Mary Walker n'avait autrefois eu cesse de leur asséner à tous les trois lorsqu'elle était insatisfaite de leur apparence, et que son fils aîné singeait à merveille à chaque fois qu'il s'affairait à dompter la tignasse de sa sœur trop paresseuse pour le faire elle-même. Eli se leva, quitta la pièce et revint quelques minutes plus tard, brosse et sèche-cheveux à la main. Il prit place dans le dos de Lexie, debout derrière le canapé. « Tu permets ? », chuchota-t-il doucement, avant d'entreprendre de démêler et de sécher avec prévenance ses mèches auburn. À nouveau, il fit écho à leur enfance, à l'époque où, plusieurs fois par semaine, il avait fait de ce rituel de coiffure leur moment privilégié à tous les deux. Lorsqu'elle était bambine, Lexie en profitait pour babiller joyeusement, et lorsqu'elle approcha l'adolescence, elle lui livrait ses premières peines de cœur, alimentant la complicité extraordinaire qui les avait toujours liés en dépit de leur différence d'âge. Quelques minutes s'écoulèrent dans le calme, Eli ne tardant pas à retrouver les gestes familiers qu'il avait effectués des centaines de fois plus de vingt ans auparavant, et il s'appliqua à les répéter jusqu'à ce que la crinière de Lexie, désormais sèche, ait retrouvé ses ondulations soyeuses. Eli partit ranger les ustensiles à leur place, et regagna sa place aux côtés de sa sœur, s'emparant de la tasse de thé tiède qu'il s'était servie en même temps que celle qu'il avait préparée pour Lexie.
Une hésitation évidente traversa son visage, et sa bouche s'ouvrit et se referma à quelques reprises, indiquant qu'il cherchait ses mots. Son ton fut effectivement précautionneux lorsqu'il prit finalement la parole. « Je ne sais pas ce que tu préfères… je peux rester aussi longtemps que tu le souhaites, mais si tu veux que je m'en aille, je le ferai », dit-il le plus neutrement possible, guettant la réaction de Lexie. Il redoutait de susciter en elle un sentiment d'abandon en lui laissant entendre qu'il ne voulait pas rester, mais ne voulait pas non plus lui imposer une présence indésirable alors que, un peu plus tôt dans la journée, elle lui avait déjà intimé de s'en aller une première fois et qu'il avait refusé d'obtempérer. Il s'était alors dit que la descente et la honte avaient influencé les propos de sa sœur, mais quand bien même cela devait être le cas, il n'était pas sûr qu'il s'agissait d'une raison valable pour aller à l'encontre de ses demandes maintenant qu'elle avait retrouvé un calme tout relatif. À nouveau, Eli hésita avant de poursuivre, mais cette fois-ci, ce n'était plus uniquement parce qu'il craignait la réaction de Lexie : l'appréhension de se livrer avec une vulnérabilité qui lui était inhabituelle rentrait également en ligne de compte. « C'est juste que… pour moi, les idées noires s'aggravaient quand j'étais seul. » L'envie de détourner le regard se fit difficilement répressible, mais Eli se fit violence pour ne pas quitter les prunelles si similaire aux siennes de Lexie, désireux de ne pas trahir de honte à l'évocation de ses propres vices alors qu'il faisait de son mieux pour ne pas stigmatiser ceux de Lexie. Il se contenta donc de ponctuer ses propos d'un maigre sourire lourd de tristesse, avant de retrouver le silence, attendant de connaître la décision de sa petite sœur.
rainmaker
❝oh my lungs are begging me to beg for you❞ all of these highs and all of these lows don't keep me company. i've been breathing you in and drinking you down, you're the only remedy. say you're gonna hold my head up, say you're gonna break my fall ; say you're gonna stay forever, baby, this is all i want. cause all my bones are begging me to beg for you, begging me to beg for your love.
Lorsque l’effet immédiat de la descente disparait peu à peu, que le corps de Lexie recommence à prendre vie, elle s’éclipse dans la salle-de-bains. L’eau chaude l’apaise, mais elle ne permet pas de laver la honte qui l’habille, celle que son frère l’ait vu dans cet état et ait pris conscience de l’ampleur de son addiction, et celle liée aux paroles qu’elle a prononcées à l’encontre de celui qui était pourtant là pour la réconforter. Penaude, elle rejoint le salon, s’installe sur le canapé aux côtés d’Elijah, se glissant sous un plaid. Attrapant la tasse de thé qu’il lui a préparé, elle souffle doucement sur le liquide brûlant avant d’en prendre une gorgée. Et, n’y tenant plus, les excuses franchissent ses lèvres, balayées d’un petit geste de la main par l’aîné des Walker.
« Tu n’as pas à t’excuser. Tu as le droit, et toutes les raisons, d’être en colère. Je sais bien que ce sont des sentiments qui ne partent pas du jour au lendemain. Et même si ce sont des choses qui ne sont pas nécessairement faciles à entendre – ça, c’est mon problème, pas le tien. »
Elle fait la moue puis secoue la tête, son regard bleuté plongé dans sa tasse. Elle prend une nouvelle gorgée avant de reposer le mug sur la table basse, se donnant le temps de réfléchir à sa réponse. Elle n’est pas réellement d’accord avec Elijah et, si elle ne connaissait pas sa franchise et son incapacité à mentir, elle penserait qu’il prononce ces quelques mots rien que pour apaiser la brunette et atténuer la culpabilité qui la ronge.
« Non, c’est faux. »
Elle hésite un instant, prend encore un peu de temps pour peser les mots qui vont franchir ses lèvres.
« Oui, tu m’as blessé, je me suis sentie en colère, triste, abandonnée, et je mentirais si je disais que j’ai oublié. »
Elle esquisse une nouvelle moue, consciente qu’elle risque de blesser davantage Elijah avec ses explications maladroites, mais elle a envie d’aller au bout. L’exercice est difficile pour la brunette qui a du mal à se confier et à exprimer ses sentiments, mais elle s’est promis de faire des efforts pour ses frères.
« Mais je t’ai pardonné. Et je t’ai laissé revenir dans ma vie. Et si je continue à te reprocher sans cesse les mêmes erreurs du passé, tu ne pourras pas reprendre ta place. »
Elle devait tourner la page et cesser de remettre les mêmes sujets sur le tapis, encore et encore. Il avait fait une erreur, certes monumentale, mais des faux pas, ils en faisaient tous, et Lexie la première. Elle était le vilain petit canard de cette famille, l’imperfection incarnée. Alors, qui était-elle pour juger ? Lexie pose sa main brièvement sur celle de son frère, avant de la retirer pour s’emparer à nouveau de sa tasse et occuper ses deux mains, qu’elle colle contre les parois chaudes du mug.
« On dirait qu’un pigeon a fait son nid sur sa tête. »
Un sourire échappe à la brunette, dissipant rapidement le malaise des instants précédents. Doucement, accompagnée par Eli, elle se laisse happer par les souvenirs du passé. Elle retombe en enfance, là où tout était meilleur, même si rien n’était ni simple, ni parfait. Elijah se lève et quitte la pièce sous le regard interrogatif de sa sœur, avant de revenir quelques instants plus tard avec une brosse et un sèche-cheveux.
« Tu permets ? »
Bien sûr qu’elle sait ce qu’il a en tête. Elle a de suite compris, en le voyant revenir avec ces instruments. Il souhaite la coiffer, comme lorsqu’ils étaient enfants, bien des années auparavant, avant que tant de malheur ne s’abatte sur la maison des Walker. Mais Lexie n’est plus l’enfant qu’elle était lorsqu’elle avait cinq ans. Son insouciance s’est envolée au gré des épreuves endurées, et elle a depuis du mal à accepter qu’on la touche. Alors lorsque Elijah se glisse dans son dos, elle se tend automatiquement. Elle a besoin de se rappeler qu’elle lui fait maintenant confiance, qu’il est son frère, et qu’elle l’aime, pour finalement hocher la tête pour l’autoriser à toucher ses cheveux et sa tête. Et au fil des minutes qui s’égrènent, avec l’aide de sa respiration et des gestes doux d’Elijah, Lexie se détend petit à petit. La mission d’Elijah est finie, la bulle intemporelle dans laquelle il les avait plongés a explosé, et le voilà qui se réinstalle à ses côtés sur le canapé. Il semble chercher ses mots, et la brunette l’observe, les sourcils froncés.
« Je ne sais pas ce que tu préfères … je peux rester aussi longtemps que tu le souhaites, mais si tu veux que je m’en aille, je le ferai. »
Elle est indécise et se contente de hocher la tête. Il y a une heure, elle lui aurait demandé de partir. Il y a deux heures, elle l’aurait chassé à l’aide de toutes les méchancetés qu’elle aurait pu lui balancer. Maintenant, elle n’est plus certaine de rien.
« C’est juste que … pour moi, les idées noires s’aggravaient quand j’étais seul. »
Une nouvelle fois, Lexie fronce les sourcils, son regard bleuté sondant celui d’Elijah. Elle tente d’y lire toutes les informations dont elle a besoin, d’y trouver les réponses à ses questions. Elle a du mal à croire que le grand et joyeux Elijah, celui qui était toujours le plus optimiste de la fratrie, le plus entraînant, aient pu être en proie à la déprime.
« Des idées noires ? »
Elle ne souhaite pas le presser mais, après tout, s’il a amené ce sujet sur le tapis, c’est qu’il était près à en parler, non ? Elle est en tout cas prête à l’écouter, en finissant tranquillement sa tasse de thé.
Elijah Walker
les mauvaises décisions
ÂGE : 39 ans (04/01/1985) SURNOM : eli, simple et efficace STATUT : cœur autrefois brisé, désormais jalousement gardé, mais dont l’armure ne cesse de se craqueler face à une adorable petite souris MÉTIER : architecte au sein du walker group, et chargé du cours de recherche en environnement et durabilité à la faculté d'architecture de l'université du queensland. LOGEMENT : un penthouse lumineux à spring hill, qu’il partage avec son chat siamois zelda et ses deux nouvelles recrues félines, safflina et drogon - ou plutôt dans lequel il est autorisé à rester tant qu’il n’oublie pas de remplir leur gamelle POSTS : 2694 POINTS : 20
TW IN RP : ex-toxicomanie GENRE : Je suis un homme ORIENTATION : J'aime les jolies filles. PETIT PLUS : né à Brisbane, il a sillonné les plus belles régions du globe une fois sa majorité atteinte puis s’est installé à New York avant de revenir dans la ville qui l’a vu grandir fin 2021 ✵ aîné de la fratrie Walker ✵ architecte depuis plus de dix ans, il excelle dans son travail ✵ un passé riche d’excès en tous genres, le seul vice ayant persisté au travers des années étant la cigarette ✵ (trop) honnête, il préfère une vérité blessante à un mensonge confortable ✵ très sociable, doué avec les mots et le sourire facile, sa façade s’effondre lorsque l'interaction devient trop réelleCODE COULEUR : eli se pavane en #00B464 RPs EN COURS :
WALKER ✵ we don't talk much, not anymore. broken bottles and slammin' doors, but we still care about each other, say we care about each other. i know life took us far away, but I still dream 'bout the good old days. when we took care of each other, we were livin' for each other.
ELIORA ✵ gimme what you got - your talk is incredible, so, so, so unusual. you taste like surfing videos. i'm going to read your mind, who you hiding? you fake your shyness, i just wish that i could see through you... hot glue, vape juice, hit undo, how the hell are you so cool?
De manière presque inespérée, l'atmosphère se détendit entre les deux Walker au fil des minutes passées sur le canapé. Mais ce n'était pas grâce aux paroles d'Eli, pourtant destinées à apaiser sa sœur. Il avait cru que la réassurance de ses propos soulagerait une partie de la culpabilité de Lexie, écrasante maintenant que sa colère s'était évanouie. C'était toutefois sans compter l'impressionnante rationalité de Lexie, aussi prépondérante que ses traits explosifs lorsqu'elle était plus agitée. Car, finalement, ce fut la cadette qui réconforta l'aîné, et non l'inverse comme ce dernier l'avait cru. Eli esquissa un petit sourire lorsque, doucement mais fermement, Lexie exprima son désaccord et entreprit de rectifier, avec une franchise qui ne fut pas sans lui rappeler celle dont elle pouvait faire preuve lorsqu'elle était enfant, à chaque fois qu'elle ne voyait pas l'intérêt d'acquiescer à ce qu'il disait lorsqu'elle pensait autrement. Cette fois-ci, cependant, elle le contredisait pour faire preuve d'une bienveillance qui vint susciter une émotion forte chez Eli, lequel fut pris de court par les mots qu'elle prononça. Un petit sourire aux lèvres, il acquiesça, s'avouant vaincu dans ce qu'il ne voulait pas transformer en concours d'autodépréciation. « Prends le temps qu'il te faut, Lexie. Je suis heureux de pouvoir refaire partie de ta vie. Et que tu m'aies pardonné pour tout ce qu'il s'est passé », souffla-t-il sincèrement, conservant cette expression d'étonnante sérénité. Lexie estimait que sa colère avait suffisamment duré, mais lui considérait que la raison ne pouvait contenir les sentiments en dépit de la volonté qu'on pouvait mettre en œuvre pour y parvenir – un comble pour cet homme qui s'évertuait en permanence à contrôler chaque émotion qui pouvait traverser son cœur défendu, et dont l'égocentrisme habituel peinait à justifier l'indulgence qu'il accordait volontiers aux autres sur ce point tout en restant intraitable par rapport à ses propres sentiments. Peut-être Lexie partageait-elle cette façon d'agir avec lui – et si c'était le cas, Eli était bien placé pour savoir que, bornés comme ils l'étaient, il était tout à fait vain d'aller à contresens. Ils pouvaient bien ne pas être d'accord sur ce point-là que cela n'enlèverait rien à leur volonté de guérir cette relation qui n'avait que trop souffert. Et, malgré les accrochages encore assez nombreux, Eli constatait que, progressivement, les choses allaient dans la bonne direction. Preuve en fut la façon dont Lexie s'adoucit peu à peu au contact de la brosse et des doigts d'Eli dans ses cheveux, renonçant à la réticence prudente qui avait tendu tout son corps lorsqu'il s'était approché d'elle avant qu'elle ne l'autorise à la coiffer. Le moment de tendresse qui s'ensuivit les confina dans une atmosphère intime et privilégiée, à l'abri de la peine que leurs vies d'adultes pouvaient leur infliger.
La réalité ne tarda toutefois pas à les rattraper lorsque, plein d'appréhension, Eli évoqua les idées de mort qui l'avaient déjà hanté auparavant et attisa naturellement la curiosité de sa sœur dont le beau visage trahissait une perplexité compréhensible. L'aîné déglutit doucement tandis que la cadette attendait qu'il élabore, et quelques brèves secondes de silence précédèrent les explications dans lesquelles il se lança alors, la voix miraculeusement exempte de tremblements alors que son cœur s'était mis à battre la chamade. « Moi aussi, j'ai eu mon lot de vilaines descentes », énonça-t-il doucement, s'humectant brièvement les lèvres. « J'ai beaucoup consommé pour essayer de surmonter une rupture, il y a quelques années. D'abord de l'alcool, puis beaucoup de cocaïne. Puis » il se racla la gorge, maîtrisant le ton de sa voix au prix d'un effort colossal, « de l'héroïne, quand le reste n'a plus suffi. De plus en plus. D'abord pour me sentir moins mal – puis, je pense, pour me foutre en l'air. » Un sourire amer ponctua ses paroles. « Ça a très mal fini. J'ai de la chance d'être encore là – et surtout, de la chance d'avoir fini par réussir à arrêter. » Eli s'enferma momentanément dans un silence maladroit. Si sa voix n'avait pas trahi d'émotion particulière et avait conservé une étrange neutralité, ses mains, elles, tremblèrent très légèrement lorsqu'il porta sa tasse de thé à ses lèvres. Le récit des désastres qui avaient pavé trois ans de son existence lui était venu assez naturellement, bien que le sujet fût douloureux et délicat à aborder, raison pour laquelle il le gardait habituellement enfoui au plus profond de lui et en gardait jalousement le secret. Il aurait cru que la honte et son habituelle soif de contrôle à tout épreuve l’auraient empêché de révéler la vérité au sujet de ses anciens problèmes d’addiction, pourtant, même s’il n’avait pas été facile de prononcer les mots devant Lexie, il fut content de l’avoir fait, conscient qu’il ne pouvait prêcher l’honnêteté tout en continuant à dissimuler cette partie de sa vie au moment où révéler sa propre expérience semblait plus pertinent que jamais. Ainsi, bien qu’il fût gagné par un émoi vertigineux qu’il se forçait de contenir du mieux qu’il pouvait, Eli se sentit étrangement soulagé d’avoir levé le voile sur l’un des derniers secrets qu’il continuait de garder jalousement. Finalement, les mécanismes de défense d'Eli reprirent le dessus tandis qu'il estima avoir été suffisamment longtemps au centre de la conversation, et il posa un regard doux sur sa sœur en revenant sur le sujet qui l'avait initialement poussé aux confessions. « Je ne peux pas imaginer la peine que tu traverses en ce moment, mais… Pour certaines choses, je peux comprendre ce que tu ressens. Et si, un jour, je peux t’aider – de n’importe quelle manière, et selon tes conditions… je suis là pour toi, Lexie. » À son tour, il posa la main sur celle de sa soeur et la serra doucement.
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❝oh my lungs are begging me to beg for you❞ all of these highs and all of these lows don't keep me company. i've been breathing you in and drinking you down, you're the only remedy. say you're gonna hold my head up, say you're gonna break my fall ; say you're gonna stay forever, baby, this is all i want. cause all my bones are begging me to beg for you, begging me to beg for your love.
Les émotions les plus étranges se succèdent lors de cette journée. Et après un retour en enfance, Elijah se réinstalle sur le canapé à côté de sa sœur, évoquant des idées noires. Il n’en faut pas plus pour attiser la curiosité de la brunette, qui l’interroge afin d’en savoir plus. L’aîné des Walker ne répond pas immédiatement, et le silence s’éternise entre eux. Un instant, Lexie croit qu’il ne répondra pas. Elle trouve étrange qu’il ait amené le sujet sur le tapis pour finalement botter en touche, mais elle comprend parfaitement les difficultés à se confier. Elle est la pro pour dissimuler ses émotions et tout intérioriser. Mais, après quelques secondes, Elijah se lance.
« Moi aussi, j’ai eu mon lot de vilaines descentes. »
Lexie l’observe, la bouche légèrement entrouverte par la surprise, les yeux écarquillés. Elle est stupéfaite d’une telle révélation : son frère aîné s’est drogué. Quelles substances a-t-il pris ? Il y a combien de temps ? Pourquoi ? Comment et pourquoi a-t-il arrêté ? Les questions brûlent les lèvres de la brunette, mais ne les franchissent pas. Elle ne souhaite pas brusquer son frère, alors que ces confidences doivent lui demander un effort surhumain.
« J’ai beaucoup consommé pour essayer de surmonter une rupture, il y a quelques années. D’abord de l’alcool, puis beaucoup de cocaïne. Puis de l’héroïne, quand le reste n’a plus suffi. De plus en plus. D’abord pour me sentir moins mal – puis, je pense, pour me foutre en l’air. »
Elle ne peut réprimer une grimace, terrifiée à l’idée d’imaginer un monde sans son frère. Les révélations de son frère tournent en boucle dans sa tête. Elle y voit des similitudes avec sa situation : une disparition qui amène à une consommation excessive d’alcool, sans doute trop de fêtes, des soirées avec des gens peu recommandables, dans lesquelles tournaient toutes les substances. Elle comprend l’attirance pour la drogue, la recherche de quelque chose de plus fort qu’un peu de vodka pour panser les blessures, ou plutôt pour les endormir le temps de quelques minutes, quelques heures si on est chanceux. Elle pourrait se sentir plus proche d’Elijah à cet instant : après tout, il a traversé les mêmes épreuves qu’elle supporte actuellement, connait l’autodestruction, et cette propension à vouloir échapper à la réalité en consommant diverses substances. Elle pourrait se sentir plus proche de lui, et elle lui est reconnaissante de se confier à elle. Pourtant, elle se crispe. Elle estime, sans doute à tort, que les chagrins qui les ont amenés à une telle consommation ne sont pas comparables, et que certains sont plus légitimes que d’autres. Il lui parle d’une peine de cœur, alors qu’elle estime avoir vécu pire. Elle a commencé à consommer de la cocaïne après le décès de son père, alors que son frère aîné avait quitté le navire et n’était revenu que pour une journée, celle de l’enterrement, avant de disparaitre à nouveau. Elle a recommencé à consommer parce que son père est toujours décédé, parce que son frère a toujours manqué une partie considérable de sa vie, parce que son bébé n’est plus là et parce que le père de son bébé a mis les voiles. Elle estime avoir vécu pire. Elle est convaincue d’avoir vécu pire. Et savoir que son frère a failli bousiller sa vie pour une fille la fait se tendre. Et soudain, elle n’est plus certaine d’apprécier qu’il se confie ainsi à elle.
« Ca a très mal fini. J’ai de la chance d’être encore là – et surtout, de la chance d’avoir fini par réussir à arrêter. »
Elle pince les lèvres. Si elle était sobre, peut-être qu’elle l’interrogerait pour savoir comment arrêter toute consommation. Peut-être que si elle avait envie d’arrêter toute consommation, elle l’interrogerait sur la manière dont il s’est sevré. Elle le questionnerait sur les petites astuces pour réussir à se lancer, sur les conseils pour tenir sur le long terme. Mais elle n’était pas clean, et elle n’était pas non plus prête à arrêter. Cette idée ne lui avait pas traversé l’esprit, pas depuis qu’elle avait repris après l’accouchement prématuré et le départ de Noah. La cocaïne était sa bouée de sauvetage, elle en avait besoin, et ne se voyait pas s’en passer. Elle n’était pas une addict qui voulait se sevrer et qui luttait entre sa volonté de devenir clean et ses envies de drogues. Elle n’avait aucune volonté de se sevrer, juste des pulsions et des besoins auxquels elle cédait sans se poser de questions.
« Je ne peux pas imaginer la peine que tu traverses en ce moment, mais … Pour certaines choses, je peux comprendre ce que tu ressens. Et si, un jour, je peux t’aider – de n’importe quelle manière, et selon tes conditions… je suis là pour toi, Lexie. »
Il l’agace. Il l’agace à être aussi gentil et prévenant. Il a bien saisi la manière dont il faut prendre Lexie : avec des pincettes. Il a compris qu’elle peut se comporter comme un petit animal sauvage acculé, et qu’un simple geste déplacé, ou une simple parole de trop, peut la faire fuir. Il sait … et pourtant, il ne sait pas. Il ne connait pas tous ces gestes qui ne sont pas tolérés, ne connait pas toutes les paroles à ne pas prononcer. Et là, il a perdu Lexie depuis qu’il a avoué s’être drogué pour un « simple » chagrin d’amour, une chose que la jeune Walker ne peut comprendre, elle qui pense n'avoir jamais été amoureuse. Elle retire sa main, coincée sous celle d’Elijah, et se redresse. Son regard blessé se plonge dans celui de son frère, et elle lui adresse un sourire triste. Elle déteste lui faire ça, lui faire de la peine alors qu’il s’est confié à elle, qu’il a fait tous les efforts du monde … Mais ces efforts sont vains quand on tape à côté.
« Elijah … »
Elle laisse échapper un soupire, cherchant ses mots. Un instant, elle pense qu’elle peut faire marche arrière, ne pas le faire souffrir, et ne pas exposer le fond de sa pensée. Mais la vérité, c’est qu’elle en est incapable.
« Tu as commencé à te droguer pour un chagrin d’amour. Pour une fille qui t’a brisé le cœur. Je suis tombée dans la cocaïne parce que papa est mort. Parce que tu n’étais pas là pour me consoler. Parce que tu es revenu pour l’enterrement avant de disparaître à nouveau. Et j’ai recommencé parce que, en plus de tout le reste, j’ai perdu mon bébé et mon … peu importe ce qu’il était. »
Elle secoue la tête, les larmes aux yeux.
« Alors non, tu ne peux pas imaginer la peine que je traverse … Tu ne peux pas comprendre … »
Elle se lève et croise les bras sur sa poitrine, comme pour se protéger et éviter qu’Elijah ne tente de la toucher ou de la serrer dans ses bras.
« Je voudrais que tu t’en ailles. »
Elle a besoin d’être seule pour l’instant, pour digérer toutes ces informations et finir sa descente sans risquer de le blesser davantage.