Décembre 2010

Hayden s’était réveillée aux aurores, consciente qu’il était pourtant bien trop tôt pour poser un pied dehors. Mais ces temps-ci, se rendormir était devenu difficile : la comédienne avait constamment l’esprit embrumé et les pensées troubles, toute sa préoccupation étant tournée vers le diplôme qu’elle venait d’obtenir et les opportunités professionnelles à venir qui s’offraient à elle. Les perspectives désormais atteignables, les objectifs à portée de main, sa nouvelle vie qui ne semblait plus que l’attendre elle, si longtemps moyenne en tout, et désormais l’une des meilleures dans le domaine qui comptait le plus à ses yeux… Plus rien n’était impossible, et ce constat nouveau était tout aussi excitant que terrifiant, assez perturbant pour la maintenir éveillée lorsque ses yeux s’ouvraient tout juste. La vérité, c’est qu’Hayden rêvait déjà de retourner à Londres, et n’attendait qu’une chose : déménager définitivement dans la capitale anglaise, poser ses valises sans ne plus jamais avoir à les défaire, et entamer sa carrière pour de bon. La comédienne avait entendu parler d’une salve d’auditions concernant Cry-Baby qui rencontrait un succès notable depuis deux ans maintenant sur la scène de Broadway, et elle avait déjà prévu de tenter sa chance pour un des rôles majeurs à pourvoir, et pourquoi pas le rôle principal, si le metteur en scène ne la considérait pas trop jeune et inexpérimentée dans le métier. Les professeurs avec lesquels elle avait gardé contact semblaient l’encourager dans ce sens, et Hayden avait bon espoir de les rendre fiers. Elle était si reconnaissante de tout ce qu’elle avait pu apprendre sur le métier durant ces trois dernières années, sans compter les leçons de vie qui s’étaient frayés un chemin jusqu’à elle pour la faire grandir. Une chose était désormais certaine : la comédienne ne regrettait rien.

Elle en était à là dans ses réflexions, perdue dans ses rêveries tandis qu’elle profitait de son thé matinal, lorsqu’elle se souvint subitement que, les fêtes de fin d’année approchant, elle n’avait toujours aucune idée de ce qu’elle pourrait bien offrir à ses parents et à l’ensemble de sa fratrie. Car il s’agissait du constat moins réjouissant qui découlait de son départ à Londres, la réalité d’un éloignement significatif à la fois physique et mental avec les membres de sa famille. Hayden avait suivi à distance leurs évolutions individuelles des derniers mois, s’astreignant à la règle ancrée chez les Siede selon laquelle il ne fallait jamais se tenir bien loin des gens qui nous avaient vu grandir. Pour autant, elle se sentait loin d’être en phase totale avec eux, et la comédienne craignait de ne pas savoir ce qui pourrait leur faire vraiment plaisir. Mais tout n’était pas perdu, car elle savait parfaitement chez qui se réfugier pour demander de l’aide, une personne qui, coïncidemment, avait toujours été tout aussi matinal que la comédienne en ce moment.

Le trajet fut aussi rapide qu’agréable, Hayden profitant des premiers rayons de l’été qui s’était subitement abattu sur Brisbane par surprise, comme toujours. Une heure plus tard, elle se retrouvait à sonner à la porte de son grand-frère, tout en préparant son plus joli discours pour le convaincre de sacrifier sa matinée pour l’accompagner faire les boutiques. « Oh, bonjour, Chris. Est-ce que Will est là ? » Hayden avait tenté de dissimuler sa surprise en se retrouvant nez à nez avec le meilleur ami de son frère, ne comprenant pas très bien la raison pour laquelle il se sentait désormais suffisamment à l’aise pour ouvrir la portée d’entrée d’une maison qui ne lui appartenait pas. A son retour à Brisbane quelques semaines plus tôt, la comédienne avait rapidement été mise au fait de la présence d’un – et même de deux – colocataires au sein de la maison de William et, passée l’interrogation première sur le pourquoi du comment, elle avait fini par ranger cette information dans un coin de sa tête, sans y accorder plus d’attention. Alors ce matin, lorsqu’Hayden s’était engagée sur le chemin de l’habitation de son aîné dans le but d’aborder avec lui l’épineux sujet des cadeaux de Noël à destination du reste de la famille Siede, la possibilité de la présence d’un quasi-inconnu au domicile de Will lui était totalement sorti de la tête. Chris paraissait tout aussi surpris qu’elle, et la comédienne trouva aisé d’en déduire assez rapidement que William ne s’était visiblement pas donné la peine de le prévenir de sa visite, et ce peu importe le message qu'elle lui avait envoyé avant de partir et auquel il avait pourtant répondu par la positive. Sans doute n’était-il même pas présent, ce qui était étrange : il oubliait rarement d’honorer ses rendez-vous, surtout lorsqu'ils avaient été confirmés quelques minutes seulement avant l'heure prévue. « S’il est absent, je ne vais pas te déranger plus longtemps. Tu as l’air... occupé. » Hayden désigna d’un geste vague de la main l’intérieur de la maison, d’où venait depuis quelques secondes à peine de s’élever des cris et des pleurs d’enfant. Elle pria intérieurement pour que le bruit de la sonnette ne soit pas la cause de la colère du bébé mais, dans le doute, il lui semblait plus convenable de ne pas aggraver les choses en laissant Chris gérer la crise sans être interrompu dans sa tâche.

Chris laisse échapper un bâillement bruyamment avant de se passer une main sur le visage et baisse les yeux vers son fils, assis en face de lui sur son tapis de jeu. Huit mois que Miles a débarqués dans sa vie, huit mois que la vie a complètement été bouleversés pour le meilleur, mais aussi des fois pour le plus difficile. Il ne niera jamais que son fils est probablement la meilleure chose qui lui soit arrivée, il aime énormément être papa, il a l’impression que c’est quelque chose qu’il a toujours voulu devenir, mais ce n’est pourtant vraiment pas simple tous les jours. Cela fait maintenant presque sept mois qu’Haylee, sa femme, est partie du jour au lendemain. Si Chris a toujours su qu’il voulait devenir papa, il n’avait jamais imaginé qu’il se retrouverait tous seule à devoir élevé son enfant, mais pourtant c’est exactement ce qu’il se passe. Haylee a laissé une lettre, des papiers de divorce et sa bague de mariage avant de disparaître et cela fait maintenant six mois que CJ se demande si elle va revenir, si elle va se rendre compte qu’elle a foiré et qu’ils sont sa famille. Mais une partie de lui pense aussi que cela ne sera pas le cas, qu’elle ne reviendra jamais et qu’il va devoir s’occuper de ce petit mec assis en face de lui tout seul. Bien sur CJ et Miles sont bien entourés, ils ont la famille Leckie, ils ont aussi Will, le meilleur ami du brun, mais ce n’est pas exactement pareil. Des fois, il a le cœur serré quand il pense que Miles va grandir sans mère et c’est dans ces moments-là qu’il se sent en colère, qu’il en veut profondément de faire ca à Miles, parce qu’il ne mérite pas ca. Miles est un gamin formidable, un gamin plutôt facile à vivre la plupart du temps.

CJ est sorti de ses pensées par un cri de joie que son fils pousse en lui jetant un jouet pour lui faire comprend qu’il veut jouer avec lui et il ne peut retenir un sourire. Il l’aime Miles, il l’aime plus qu’il n’aurait jamais pensé pouvoir aimer un petit être humain et pourtant il ferait absolument tout pour que son fils aille bien, pour qu’il ne manque de rien et surtout pour qu’il soit heureux. “C’est toi et moi pour toujours, hein buddy ?” Qu’il dit à son fils alors que celui s’accroche au bras de Chris et lui offre un sourire baveux en se poussant pour se mettre debout. CJ lui sourit en retour et dépose un baiser tendre sur le front de son fils. “On va s’en sortir tous les deux.” Pendant un moment il observe les traits de son fils, ses traits qui ressemblent presque trop au sien. Si CJ n’avait pas su que Haylee est sa mère, cela aurait été difficile à deviner parce qu’il est le portrait craché de son père. Ils sont cependant coupés dans leur moment père/fils quand la sonnette retenti et Chris fronce les sourcils. Il prend Miles dans ses bras, le mettant dans son parc avec quelques jouets avant de se diriger vers la porte et de l’ouvrir, laissant apparaître le visage familier de la sœur de son meilleur ami, Hayden. “Oh, bonjour, Chris. Est-ce que Will est là ?” Il offre un sourire. “Hey Hayden. Non, Will n’est pas là.” Il se doute bien qu’elle n’est pas venue pour venir le voir lui, après tout elle ne sait surement pas qu’il vit ici pour quelques mois avant que la maison qu’il a achetée soit prête pour qu’ils y emménagent. Chris ouvre la bouche pour dire quelque chose avant qu’il en soit coupé par des cris et des pleurs provenant du salon où il a laissé Miles. “S’il est absent, je ne vais pas te déranger plus longtemps. Tu as l’air... occupé.” Il secoue doucement la tête et sourit un peu. “Tu peux attendre ici, il devrait pas tarder à revenir. Miles n'aime juste pas quand on disparaît de la pièce.” C’est quelque chose qu’il a commencé à faire il y a quelques semaines, à chaque fois qu’il se retrouve seul dans une pièce, ce qui n’arrive pas souvent, il se met à hurler comme si on l’avait abandonné et à chaque fois cela brise le cœur de CJ. “Entre, entre. Fais comme chez toi, tu connais la maison.” Chris lui dit avant de laisser la porte ouverte et d’aller dans le salon pour prendre son fils dans ses bras, ce qui le calme presque automatiquement. “Eh, je suis là, bud. Je vais nulle part.” Il essaye doucement les joues de son fils et dépose un baiser sur son front avant de voir Hayden apparaitre dans le salon. “Hayde, Miles. Miles, Hayden.” Il dit en tournant le petit garçon, qui babille de nouveau, vers la brune pour les présenter.

Soulagée de constater qu’elle n’avait pas réellement dérangé Chris avec sa visite surprise, Hayden ne put s’empêcher de maudire intérieurement William d’être subitement devenu aussi tête en l’air alors que la situation ne s’y prêtait absolument pas. Au fond, elle ne pouvait pas réellement lui en vouloir : son aîné était un homme occupé depuis qu’il s’était jeté à corps perdu dans une carrière d'individu sérieux et responsable, toujours tiraillé entre sa vie professionnelle et sa vie privée, noircissant des pages entières de son carnet de rendez-vous à la vitesse de l’éclair. La comédienne n’avait d’ailleurs jamais réellement réussi à comprendre comment il réussissait l’exploit de caser tout ce qu’il avait à faire en une journée de vingt-quatre heures seulement, le soupçonnant d’avoir recours à une machine à remonter le temps qu’il était le seul à avoir en sa possession. Depuis qu’Hayden avait débuté ses études pour devenir comédienne, elle avait d’ailleurs toujours conservé dans un coin de sa tête l’envie d’un jour lui demander de lui apprendre à gérer son temps d’une main de maître. « Laisse-moi deviner… rendez-vous professionnel de dernière minute ? » Tandis qu’elle exprimait sa question à voix haute, ses pas poursuivaient naturellement la direction du salon qu’Hayden connaissait par cœur, et elle rejoignit rapidement Chris qui venait de réussir à stopper en un temps record l’avalanche de cris et de pleurs qui s’étaient soudainement déclenché au moment où la comédienne avait osé sonner à la porte. « Enchantée, sir Miles. Je suis réellement navrée d'avoir kidnappé votre père pendant si longtemps. » Hayden s’était retrouvée nez à nez avec un bébé qui, malgré son visage strié des dernières larmes liées à sa peur de l’abandon, respirait désormais la joie de vivre et semblait apprécier de voir une nouvelle tête lui rendre visite. Une remarque taquine lui échappa instantanément, connaissant l’attrait pour le sarcasme que Chris partageait avec elle. « Tu es certain que cet enfant est de toi ? Il est beaucoup trop mignon et sage pour que tu sois vraiment son père. » La main de Miles s’était naturellement refermée autour d’un des doigts d’Hayden, et cette dernière n’empêcha pas ses lèvres de s’étirer en un sourire attendri. La comédienne n’avait que très peu d’expérience avec les bébés, étant la dernière de sa famille et ne pouvant pas réellement compter sur la présence à venir d’enfants autour d’elle, si ce n’était Will qui semblait le plus déterminé à devenir père. Quant à son université, le milieu des musicals n’était pas le plus simple à combiner avec une vie de famille épanouie, bien qu’en y réfléchissant, elle aurait été capable de citer des acteurs qui avaient très bien relevé le challenge.

Si la Hayden du futur allait passer un long moment à le nier, la Hayden actuelle savait qu’elle-même, toute opportunité donnée, souhaitait faire tout son possible pour que ses obligations professionnelles n’interfèrent pas avec sa vie privée. Pour autant, il était encore bien trop tôt pour y penser, et la comédienne débutante se sentait encore bien trop jeune pour s’adonner à des réflexions concernant la parentalité. Sa vie amoureuse n’était d’ailleurs pas la plus développée qui soit, si l’on mettait de côté les quelques aventures sans lendemain ou les relations très courtes que ses études à Londres lui avaient donné l’opportunité d’explorer. Là encore, le travail avait rapidement pris le pas sur tout le reste, obtenir sa place dans le classement de tête de son diplôme ne s’étant malheureusement pas obtenu sans quelques sacrifices. « William m’avait prévenu qu’il vous hébergeait quelques temps, mais je ne pensais pas que ton fils était si jeune. » Bien entendu, aucun jugement ne résidait dans le ton de voix d’Hayden. Cette dernière était simplement curieuse de la situation qui s’étalait devant ses yeux, tant elle avait du mal à saisir ce qui pouvait pousser un père et son fils à s’établir provisoirement chez son meilleur ami, alors même qu’il ne semblait pas à la comédienne que Chris rencontrait des problèmes de quelque sorte qu’il soit. William avait été volontairement évasif à ce sujet, et Hayden avait délibérément décidé de ne pas le questionner, ni lui ni Chris, consciente qu’il s’agissait d’un domaine qui ne la concernait nullement. Elle avait beau le connaître depuis aussi longtemps qu’elle s’en souvenait, les deux hommes ayant toujours été proches, elle n’était pas suffisamment familière avec l’ancien militaire pour se permettre d’aborder le terrain de sa vie privée comme si de rien n’était. « Sa mère ne lui manque pas trop ? » Hayden avait laissé échapper la question sans réellement y penser, souhaitant simplement faire suite aux grands sourires que Miles lui offrait, ainsi qu’à ses doigts qui ne cessaient plus de se resserrer autour du sien. Elle était bien à mille lieues de songer que la mère en question venait de claquer la porte du domicile familial sans se retourner, laissant derrière elle un père désormais célibataire et un enfant en bas âge.

Chris ne s’est pas attendu à voir quelqu’un débarquer chez Will, et surtout pas Hayden. Cela fait quelques années qu’il n’a pas vu la petite sœur de son meilleure amie et alors que son visage apparaît derrière la porte, il ne peut s’empêcher de remarquer qu’elle a changé depuis la dernière fois qu’il l’a vu. Du haut de ses vingt et un son visage encore enfantin la dernière fois qu’il l’a vu a laissé place à un visage plus adulte. Elle a ses longs cheveux blonds qui lui tombent sur les épaules et Chris ne peut s’empêcher de penser qu’elle est belle, vraiment belle. “Laisse-moi deviner… rendez-vous professionnel de dernière minute ?” Chris hausse les épaules, il sait juste que Will lui a dit qu’il avait des trucs à faire et qu’il serait de retour dans quelques heures. Il ouvre la bouche pour répondre mais il est coupé par les pleures de Miles s’élevant du salon ou il a laissé son fils dans son parc. Il sait que son fils ne supporte pas de se retrouver seul dans une pièce depuis quelques semaines alors il fait simplement signe à Hayden de le suivre et il va récupérer son fils qui se calme presque automatiquement, se blottissant contre l’épaule de son père. CJ en profite pour faire les présentations avec un léger sourire sur les lèvres. “Enchantée, sir Miles. Je suis réellement navrée d'avoir kidnappé votre père pendant si longtemps.” Miles tourne les yeux vers Hayden avant de lui adresser un sourire baveux et de se mettre a babiller. “Tu es certain que cet enfant est de toi ? Il est beaucoup trop mignon et sage pour que tu sois vraiment son père.” Chris prend un air blessé pendant quelques secondes, mettant sa main de libre sur son cœur. “Wow! Rude!” Qu’il répond d’un air très sérieux avant de laissé échapper un sourire et de déposer un baiser sur le dessus de la tête de son fils. “Mais je sais, bien trop mignon pour qu’on lui refuse quoi que ce soit aussi.” Il laisse échapper un rire avant de regarder Miles prendre le doigt de la blonde. “Tu veux le prendre ?” Il a à peine le temps de finir de lui demander que Miles a déjà les bras tendus vers Hayden, il semblerait qu’il ne puisse pas résister à son charme et CJ ne peut pas lui en vouloir pour ca.

Une fois que Miles est dans les bras d’Hayden, CJ va vers la cuisine pour aller se faire un café, un café plus que nécessaire, avant de tourner à nouveau vers Hayden. “Café ?” Il sert deux tasses, mettant un peu de lait dans la sienne avant de retourner pour regarder Miles dans les bras d’Hayden et il soit bien avouer que de voir son fils dans ses bras fait quelque chose à cœur. A part de voir Miles avec sa sœur de temps en temps il ne le voyait pas souvent avec des femmes. “William m’avait prévenu qu’il vous hébergeait quelques temps, mais je ne pensais pas que ton fils était si jeune.” CJ lui offre un léger sourire. “Ouais, Miles a huit mois. J’ai acheté une maison mais on attend qu’elle soit prête donc Will a dit qu’on peut rester ici jusqu’à ce qu’on puisse emménager.” Il prend une gorgée de son café avant de poser dans le café et de poser la tasse pour Hayden sur la table basse, mais assez loin pour que Miles ne puisse pas l’attraper. “Sa mère ne lui manque pas trop ?” Si il y a bien une question à laquelle CJ ne s’attendait pas, c’est bien celle-ci. Il ne sait pas vraiment ce qu’Hayden a entendu, ce dont elle est au courant, il ne sait pas ce que Will lui a dit et il n’est pas sûr de vouloir en parler. Il ne sait même pas ce qu’il en pense encore vraiment, il sait juste qu’il en veut à Hayley d’être partie, qu’il est en colère contre elle parce qu’elle n’a jamais rien dit et qu’elle a abandonné Miles, ce petit être humain génial qui ne mérite pas cela. CJ hausse les épaules et reste silencieux pendant quelques secondes. “J’sais pas. Il ne l’a jamais vraiment connu alors elle ne peut pas lui manquer.” Hayley est partie avant de pouvoir tisser un lien avec Miles, avant de pouvoir le connaître et peut-être que c’est plus simple que d’avoir laissé le temps à Miles de s’attacher.

Il prend une gorgée de son café à nouveau avant de tenter de changé de sujet. “Comment ça va toi sinon ? J’ai l’impression que ça fait longtemps que je t’ai pas vu.” Et c’est vrai que ça fait un moment qu’il n’a pas vu Hayden et il est content de pouvoir discuter avec elle.

La comédienne s’était empressée d’acquiescer silencieusement à la proposition de café, l’horaire matinal commençant doucement à faire peser ses effets négatifs. Chris venait de lui confier Miles, et Hayden se sentait un peu maladroite avec ce petit être aux yeux grands ouverts au creux de ses bras. Elle opina du chef sans difficultés en entendant l’explication du jeune homme sur l’hospitalité exemplaire de son frère aîné, n’étant pas surprise une seconde de constater qu’une fois encore, il était aussi disponible pour ses amis que pour sa propre famille. « William, ce véritable chevalier Siede. Je suis à deux doigts de lui faire construire une statue en son honneur, mais je ne suis pas certaine qu’il apprécierait le geste. » La comédienne avait parlé d’un ton taquin, mais elle était terriblement sincère. Quiconque la connaissait suffisamment n’ignorait pas l’admiration qu’Hayden éprouvait à l’égard de son frère, et le sentiment persistant de vouloir un jour devenir une aussi bonne personne qu’il l’était d'ores et déjà. Un tel défi débutait mal pourtant, si on prenait en compte qu’elle venait de mettre les pieds dans le plat en évoquant la mère de Miles auprès de Chris. Sa réponse avait beau être aussi énigmatique que vague, il n’avait pas été difficile pour la comédienne de saisir qu’elle s’était engagée sans le vouloir sur un terrain glissant. « Oh. » Hayden jeta un coup d’œil à l’enfant qui babillait désormais dans ses bras, sentant un pincement au cœur la saisir en songeant qu’il était beaucoup trop jeune pour être déjà séparé d’un de ses parents. Dans son entourage proche, elle n’avait pour exemple de mariage que ses propres parents et grands-parents, et une chose était certaine les concernant : leurs unions étaient aussi stables que durables. La comédienne n’avait donc jamais été confrontée à la problématique parfois douloureuse du divorce, et encore moins subi les conséquences qu’une telle décision pouvait engendrer chez les principaux concernés et leurs enfants. Hayden ne pouvait qu’imaginer la douleur traversée par Chris, ayant compris dans sa façon de répondre à sa question qu’il n’était nullement responsable de la décision prise par sa femme – ou bien son ex-femme. Et si elle ne se sentait pas suffisamment proche de lui pour demander des précisions sur sa situation, cela ne signifiait pas pour autant qu’elle ne partageait pas sa peine du mieux qu’elle le pouvait. « Au moins, il a un père exemplaire pour prendre soin de lui. Il n’a pas tout perdu. » Elle appuya ses propos par un sourire doux directement adressé au jeune homme, aussi sincère que possible. Hayden avait songé à s’excuser pour sa maladresse, à lui assurer qu’elle était désolée de sa situation et qu’elle lui souhaitait qu'elle s’arrange rapidement. Mais elle avait fini par taire ces évidences, consciente qu’il n’avait sans doute pas besoin d’entendre de nouveau un discours qu’on lui avait sans doute déclamé des dizaines et des dizaines de fois par le passé.

Miles commençait à s’endormir contre elle, obligeant Hayden à limiter ses gestes au maximum pour ne pas le réveiller malencontreusement. Elle aurait très bien pu demander à Chris de le reprendre dans ses bras ou de le coucher dans son berceau, mais une partie d’elle appréciait d’effectuer ces gestes maternels, sans même s’en rendre compte. « Parce que tu as raison, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus. » Depuis qu’elle était partie pour Londres dans le but d’obtenir son diplôme en arts et en comédie, les visites d’Hayden à Brisbane s’étaient considérablement rarifiées. Il était certain qu’elle n’avait pas fait énormément d’efforts pour libérer suffisamment de temps pour traverser le monde entier et rentrer dans sa ville d’origine, prétextant régulièrement que le trajet était trop long et onéreux pour le peu de jours de liberté que sa masse de travail grandissante voulait bien lui accorder. Mais en réalité, ce dernier point n’était pas un mensonge, et Hayden n’était pas seulement victime de son manque d’entrain à l’idée de se retrouver de nouveau noyée entre ses frères et sa sœur tous bien plus talentueux qu’elle ne l’avait jamais été pour le moment : lorsqu’elle ne courrait pas les castings, la comédienne était occupée avec les répétitions ou les cours, et lorsqu’elle avait enfin la sensation d’avoir du répit, on lui confiait de nouveau du travail supplémentaire. Si Hayden ne se plaignait pas puisqu’elle avait la sensation de vivre un véritable rêve éveillé, il était certain qu’au moment de ses retours à Brisbane, Chris n'était pas l’une des premières personnes à qui elle pensait à rendre visite. Aujourd’hui encore, si elle n’était pas tombée sur lui par le seul fruit du hasard, la jeune femme était presque certaine qu’il se serait encore écoulé de longs mois avant qu’ils ne se saluent de nouveau. Après tout, il n’était que l’ami aimable de son grand frère. « Tu savais que j’étais partie étudier à Londres ? Je viens tout juste d’obtenir mon diplôme, autant te dire que je suis épuisée mais que j’ai plein de projets en tête. » Le ton de sa voix trahissait son excitation, la comédienne ne pouvant dissimuler sa hâte de se lancer dans la vie active et d’enfin pouvoir vivre de sa passion. Ces dernières années avaient été aussi fatigantes qu’enrichissantes, et Hayden espérait que cette frénésie ne prendrait jamais fin. « Et toi ? Ce n’est pas trop difficile de jongler entre l’armée et Miles ? » La jeune femme se souvenait vaguement avoir déjà entendu William se plaindre de ne pas pouvoir voir son meilleur ami aussi souvent que prévu lorsque ce dernier croulait sous le travail et, sans connaître les détails du quotidien du métier de militaire, elle avait du mal à imaginer que Chris puisse prendre autant de temps libre que nécessaire pour s’occuper de Miles à plein temps. « Je ne sais pas encore combien de temps je vais rester à Brisbane avant de repartir mais si jamais tu as besoin d’une baby-sitter, je me porte volontaire. » Hayden laissa échapper un léger rire, portant sa tasse de café à ses lèvres de sa main qui ne tenait pas le principal concerné en sécurité contre elle. Au fond d’elle, elle savait que Londres finirait par la retrouver plus tôt que prévu, mais cela ne signifiait pas pour autant que sa proposition n’était pas sincère.

“William, ce véritable chevalier Siede. Je suis à deux doigts de lui faire construire une statue en son honneur, mais je ne suis pas certaine qu’il apprécierait le geste.” Chris laisse échapper un rire tout en jetant un regard à la plus jeune des Siede. Elle n’a pas complètement tord, William est un homme bien et si il y a bien quelqu’un qui est prêt à tout, ou presque, pour sa famille et ses amis les plus proches, c’est bien lui. Chris en est d’ailleurs en ce moment même la preuve concrète parce que cela fait plusieurs semaines maintenant qu’il squatte chez l’ainé des Siede avec un gamin de huit mois qui pleure encore la nuit à trois heures du matin et pourtant il n’a pas hésité une seule seconde à les héberger. Bien sûr, Chris aurait fait exactement la même chose pour Will si leurs places avaient été inversées, mais il ne peut s’empêcher de lui être vraiment reconnaissant pour tout ce qu’il fait pour lui alors que dans le fond CJ pense qu’il devrait sûrement se démerder seul. Le Leckie n’est pas un solitaire, il adore être entouré de personnes, mais dans le fond cette nouvelle épreuve d’être papa, de devoir élever son gamin il se dit qu’il devrait y arriver seul sans avoir à demander de l’aide alors qu’il sait pourtant qu’en réalité c’est totalement absurde. Et bien sûr, à parler de Miles, il finit évidemment par arrivé qu’Hayden mentionne Haylee et demande si elle ne manque pas trop à son fils. CJ ne peut retenir une légèrement grimace, mais essaye de répondre de manière la plus neutre possible même si dans le fond on peut bien entendre qu’il l’a encore un peu en travers de la gorge.“Oh.” Hayden répond simplement alors qu’elle doit sûrement se rendre compte qu’elle a un peu mis les pieds dans le plat, mais Chris ne peut pas vraiment lui en vouloir. Il n’aime pas parler d’Haylee, de ce qui s’est passé avec elle, de la manière dont elle est partie du jour au lendemain sans une lettre et il n’aime pas y penser non plus à vrai dire, alors la plupart du temps, il se concentre sur Miles, qui, par chance, ne ressemble pas vraiment à Haylee physiquement et donc ne lui rappel pas trop son ex femme. “Au moins, il a un père exemplaire pour prendre soin de lui. Il n’a pas tout perdu.” CJ laisse échapper un petit rire et lève les yeux au ciel avec un petit sourire au coin. “Je crois que tu te trompes de Leckie là. Enfin à moins que par exemplaire tu veuilles dire, maladroit, sarcastique à souhait et toujours en retard partout.”

Mais CJ ne s’étend pas sur le sujet et change bien rapidement en demandant à Hayden comment elle va et ce qui se passe de nouveau dans sa vie parce que tout sujet est mieux à aborder que celui d’Haylee et qu’en vérité Chris se demande vraiment ce qu’elle devient. “Parce que tu as raison, ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vus.” Elle n’a pas tord. Chris n’arrive même pas à se rappeler la dernière fois qu’ils se sont vus et encore moins la dernière fois qu’ils ont pu avoir une vraie conversation. Il a toujours des nouvelles par William, qui est immensément fier de sa petite sœur, et il a toujours beaucoup aimé discuter avec Hayden mais il ne s’est jamais vraiment rendu compte avant qu’elle est devenue une véritable femme à présent. Il ne peut pas non plus dire que lui et Hayden sont proches, ils se connaissent certes mais il n’est jamais sur la liste des personnes qu’elle veut voir en priorité lorsqu’elle est de retour à Brisbane et il peut tout à fait le comprendre. “Tu savais que j’étais partie étudier à Londres ? Je viens tout juste d’obtenir mon diplôme, autant te dire que je suis épuisée mais que j’ai plein de projets en tête.” CJ lui adresse un sourire tendre, une partie de lui fière d’elle. “Oui, William est tellement fier de toi qu’il n’a pas manqué de me parler de tout ca. C’est super. Et c’est bien que tu es des projets. Est ce qu’ils vont te ramener plus souvent à Brisbane où tu vas encore resté sur Londres ?” Chris lui demande, piqué par la curiosité.

“Et toi ? Ce n’est pas trop difficile de jongler entre l’armée et Miles ?” CJ hausse doucement les épaules. Ce n’est pas facile, c’est loin de l’être, mais depuis la naissance de Miles il a eu la chance d’être en permission et de ne pas devoir partir sur le front pour au moins la première année. De plus, depuis que son fils a débarqué dans sa vie et qu’Haylee en a disparu il pense de plus en plus a abandonné l’armée pour se trouver un boulot ici plus posé qui lui ferait éviter de partir pendant des mois. Et puis il n’a plus non plus envie de risquer sa vie alors que ce petit bout d’humain compte sur lui pour s’en occupé. “Je suis en permission depuis sa naissance. Je dois être sur la base de temps en temps mais je ne suis pas envoyé en mission pour le moment. Je pense peut-être à laisser tomber l’armée, trouver quelque chose qui me permet d’être ici tous le temps et de pouvoir m’occuper de Miles.” CJ baisse le regard sur son fils maintenant complètement endormi confortable contre Hayden. “J’peux pas le laissé tomber alors qu’il n'a que moi.” CJ ajoute dans un murmure, un peu plus bas, et pas vraiment qu’Hayden l’entende. “Je ne sais pas encore combien de temps je vais rester à Brisbane avant de repartir mais si jamais tu as besoin d’une baby-sitter, je me porte volontaire.” Chris relève le regard sur la belle brune et lui offre un sourire. “C’est gentil, j’y penserais mais je crois que t’as de la compétition entre mes frères, ma sœur et ton frère. J’ai déjà plein de monde qui veut faire du baby sitting. Miles est plutôt facile à vivre, je suppose que si il n'était pas comme ca j’aurais moins de proposition.” Il laisse échapper un rire et ne peut s’empêcher de venir doucement caresser les cheveux de son fils, encore une fois se rendant compte à quel point il lui ressemble de plus en plus.

La répartie de Chris arracha à la comédienne un rire franc. Du peu qu’elle le connaissait grâce à son grand frère, Hayden avait pu comprendre qu’il n’était pas du genre à accepter les compliments sans sourciller, mais elle ne s’était pour autant pas attendue à autant d’auto-dérision de sa part. « Tu viens de citer trois de mes qualités préférées, tu vois que ton palmarès n’est pas si mal. » Elle avait dédramatisé la situation par réflexe, même s’il lui avait semblé percevoir un léger sarcasme dans la réponse de Chris à sa propre remarque. Elle ne connaissait pas les Leckie plus que ça, et encore moins leur dynamique familiale, mais elle avait cru comprendre par William et Chris à plusieurs reprises qu’il s’agissait d’une famille liée, et que le militaire n’avait à priori aucune raison de se sentir en infériorité par rapport à sa propre fratrie. Dans le doute pourtant, Hayden préféra ne pas s’attarder plus longtemps sur le sujet. « William, fier de moi ? » Pour quiconque observait la scène d’un regard extérieur, il était impossible d’avoir manqué le visage d’Hayden qui s’était brièvement illuminé à la mention de son frère aîné. Elle assumait sans détours avoir fait de William son modèle de vie et, de l’ensemble de sa fratrie, il s’agissait bien du seul avec lequel elle se sentait suffisamment à l’aise pour échanger régulièrement et lui demander des conseils lorsque la situation l’exigeait. Pour autant, il lui était difficile d’imaginer que son frère puisse être fier d’elle, tout simplement car elle partait toujours du principe qu’il était trop occupé pour suivre sa carrière ou même sa vie personnelle de près. Même s’il était bien entendu toujours le premier à être informé directement par la comédienne des grandes avancées ou des événements marquants de son existence, Hayden osait rarement le déranger à propos de sujets qu’elle considérait plus anecdotiques, comme s’il dégageait une aura de sérieux et de responsabilité qui le rendait à la fois à l’écoute mais également désespérément inaccessible. « J’ai un peu peur de ce qu’il a pu te dire, honnêtement. Je viens seulement d’avoir mon diplôme, je ne suis pas encore à Broadway. » C’était incontestablement son projet à moyen terme, bien entendu, mais s’il y avait bien une chose que la jeune femme avait appris durant ses études, c’était l’incertitude constante liée au métier, et la nécessite de ne jamais rien prendre pour acquis. « Pour l’instant, je suis en pleine préparation d’une audition pour une pièce qui devrait débuter l’année prochaine. Je peux tout aussi bien m’entraîner ici, alors je vais en profiter pour passer un peu de temps avec ma famille. » Avec le tact doux qui les caractérisait, ses parents avaient réussi à lui faire rapidement comprendre que sa présence leur manquait, et Hayden était décidée à rattraper le temps perdu le plus possible. « Si je suis prise, par contre, je vais devoir déménager à New York pendant un temps. Mais pour tout te dire, je dois avouer que je suis tombée amoureuse de Londres, et je ne suis pas certaine de pouvoir m’en tenir éloignée très longtemps. » Il aurait été mentir que d’affirmer le contraire : un jour ou l’autre, la jeune femme finirait par vivre définitivement dans la capitale anglaise et, pour le moment, il n’y avait bien que la mobilité professionnelle que son métier lui imposait qui l’obligeait à continuer de vivre entre deux continents.

Une nouvelle fois, les propos tenus par Chris lui serrèrent le cœur. Ce dernier exerçait sans doute un métier de passion, mais elle comprenait parfaitement le réflexe qu’il avait eu de tout laisser de côté pour prendre soin de Miles. A bien y réfléchir, c’était profondément injuste qu’il soit obligé de faire un choix entre sa vie privée et sa vie professionnelle, même s’il était bien évident aux yeux d’Hayden que le choix était vite fait. Elle avait l’impression de saisir un peu mieux les problématiques que Chris traversait actuellement, et elle comprenait parfaitement qu’il ait pu décider de se concentrer pleinement sur son fils et de s’accrocher à lui maintenant qu’ils n’avaient plus que l’autre dans leur vie respective. C’était tout à son honneur, vraiment. « Il y a déjà quelque chose que tu envisages de faire ? Tu as plein d’options, pour travailler à domicile. » La comédienne ne doutait pas que Chris soit qualifié pour un tas d’activités différentes, et elle n’était pas tellement inquiète quant à son futur professionnel. Elle espérait simplement qu’il soit en mesure de s’épanouir dans une activité qui lui plairait suffisamment pour ne pas la subir quotidiennement, et qui lui donnerait l’occasion de s’occuper de Miles autant qu’il le souhaitait. « En tout cas, la concurrence ne me fait pas peur, et je réitère ma proposition : si tu as besoin de temps libre et que je peux me rendre utile en surveillant Miles, n’hésite surtout pas. » Elle laissa reposer brièvement sa main libre sur le bras de Chris comme pour venir appuyer ses propos, reportant alors son attention sur l’enfant qui dormait toujours à poings fermés dans ses bras. Hayden releva la tête vers Chris, l’interrogeant d’un signe de la tête. « Tu veux peut-être le récupérer pour le mettre dans son lit ? J’ai peur de le réveiller à force de bouger. » La jeune femme avait beau avoir peu d’expérience dans le domaine de la maternité, elle était à peu près certaine qu’endormir un nourrisson aussi rapidement méritait au moins un diplôme de compétence et, surtout, une attention particulière pour être certaine qu’il termine sa sieste paisiblement.

Ce n’est pas nouveau que Chris est maladroit, qu’il est connu pour son sarcasme légendaire, parce que c’est comme ça qu’il se sort de conversation qui le rende inconfortable, et surtout qu’il n’est jamais à l’heure. Il n’a pas d’excuse, pas vraiment. Depuis qu’il a Miles, il se dit que c’est simplement parce qu’il y a toujours quelque chose qu’il ne faut pas oublier, ou alors parce qu’il doit changer Miles à la dernière minute, mais en réalité ce n’est qu’une excuse parce qu’il n’a jamais été à l’heure avant ça non plus. Et puis ce n’est pas une mauvaise chose, c’est comme ça que CJ a toujours été après tout, depuis qu’il est gamin il utilise son sarcasme et lorsqu’il se blesse à cause de sa maladresse, il tourne cela à la rigolade, tout simplement. “Tu viens de citer trois de mes qualités préférées, tu vois que ton palmarès n’est pas si mal.” Il laisse échapper un rire. “Je suppose que ca me fait gagner des points alors.” Il lui sourit avant que la conversation ne se tourne vers Hayden et ses études. William est un grand frère fier, et Chris s’est rendu compte il y a longtemps qu’il est rare d’avoir des conversations avec lui ou il ne mentionne pas ses frères et sœurs et surtout sa sœur. Il est fier de la brunette, il en a toujours été fier et Chris comprend parfaitement pourquoi, après tout, il a des frères et sœurs lui aussi. “William, fier de moi ? J’ai un peu peur de ce qu’il a pu te dire, honnêtement. Je viens seulement d’avoir mon diplôme, je ne suis pas encore à Broadway. Pour l’instant, je suis en pleine préparation d’une audition pour une pièce qui devrait débuter l’année prochaine. Je peux tout aussi bien m’entraîner ici, alors je vais en profiter pour passer un peu de temps avec ma famille.” Chris écoute Hayden avec attention, jetant simplement un regard rapide à son fils, maintenant complètement endormi dans les bras de la brune. Il doit bien avouer qu’Hayden est intéressante, vraiment intéressante et il aime la manière dont elle raconte les choses. Sa voix est calme, douce et il ne peut pas en vouloir à son fils d’avoir l’air complètement à l’air contre elle. “Si je suis prise, par contre, je vais devoir déménager à New York pendant un temps. Mais pour tout te dire, je dois avouer que je suis tombée amoureuse de Londres, et je ne suis pas certaine de pouvoir m’en tenir éloignée très longtemps.” Chris hoche doucement la tête. Il ne la connaît pas tant que ça, mais une partie de lui ne peux s’empêcher de se sentir fier aussi. Hayden est une personne formidable, de ce que lui a dit Will, mais aussi de ce qu’il voit devant lui et il espère vraiment qu’elle pourra avoir ce qu’elle veut. “C’est génial, Hayden ! Et puis si jamais tu fais cette pièce il va falloir que tu me le dises, que je puisse venir te voir.” Il n’a jamais vraiment vu Hayden sur scène, pourtant il se doute qu’elle doit être fantastique et l’idée de faire partie des gens qui pourraient voir ses débuts le fait sourire. “En tout cas, en attendant de devenir une superstar si jamais tu veux traîner, je suis dans le coin.” Qu’il ajoute simplement avec un sourire.

Sans vraiment réaliser, la conversation tourne vers Chris, son statut de père célibataire mais surtout le fait que pour le moment il ne sait pas comment vont se passer les prochains mois. La simple idée de laisser Miles pour repartir en mission dans l’armée est complètement impensable et il est simplement hors de question qu’il l’abandonne. Il ne sait pas encore exactement ce qu’il va faire, il cherche, mais pour le moment il profite de sa permission pour s’occuper de Miles à plein temps, et il doit bien avouer qu’il aime beaucoup cela. “Il y a déjà quelque chose que tu envisages de faire ? Tu as plein d’options, pour travailler à domicile.” Chris hausse doucement les épaules, venant doucement caresser le dos de Miles, qui ne bouge pas d’un millimètre. “Non, je sais pas encore trop. Je cherche, je garde mes options ouvertes, mais au moins pour le moment je peux être payer et être à la maison à 100 pour cent, tu vois ? J’en profite, puis je dois avouer que ça me plaît de pouvoir passer tout ce temps avec mon p’tit mec.” Le sourire de Chris s’étend en un sourire tendre, un sourire plein d’amour, un sourire qui est réservé à quand il parle de son fils, un que personne d’autre n’a. Personne ne peut résister à Miles, et visiblement c’est également le cas de la brune parce qu’elle offre bien rapidement de baby-sitter si jamais il en a besoin, ce qui le fait rire un peu. “En tout cas, la concurrence ne me fait pas peur, et je réitère ma proposition : si tu as besoin de temps libre et que je peux me rendre utile en surveillant Miles, n’hésite surtout pas.” Il lui offre un sourire et hoche la tête, jetant un coup d’œil rapidement à la main que la brune vient de poser sur son bras. Aucun doute qu’Hayden est vraiment quelqu’un de bien. “C’est gentil, et c’est noté. Puis c’est clairement pas Miles qui va contredire cette idée.” Miles bouge un peu dans les bras d’Hayden mais à l’air simplement encore plus confortable.

“Tu veux peut-être le récupérer pour le mettre dans son lit ? J’ai peur de le réveiller à force de bouger. ” Chris hoche à nouveau la tête et vient doucement prendre son fils des bras d’Hayden. Le gamin bouge à peine, sa tête se calant doucement contre l’épaule de son père alors qu’il laisse échapper un petit soupir de confort dans son sommeil. “Bouge pas, je reviens vite.” Il s’éloigne vers la chambre qu’il partage avec Miles et dépose doucement son fils dans son lit à barreaux. Il ne peut s’empêcher de déposer un baiser sur son front, tendrement avant de le regarder pendant quelques secondes. Qui aurait cru qu’il puisse aimer un petit être aussi fort ? Après quelques minutes, il revient dans le salon ou Hayden n’a pas bouger. “Au fait, j’suis malpoli, tu veux un truc à boire ?” Il demande avec un léger sourire. Il apprécie vraiment la compagnie d’Hayden, cela fait bien longtemps que cela n’est pas arrivé en compagnie d’une femme. Même si il ne l’avouera jamais, CJ n’est pas le plus à l’aise quand il s’agit de cela, il est toujours plutôt du genre maladroit ou à mettre les pieds dans le plat. Des fois il se demande même comment il a été marié un jour. Et puis… Peut être qu’elle est partie pour cela après tout…

L’enthousiasme de Chris à l’entente de son succès universitaire la touchait. Elle avait beau n’être qu’une quasi inconnue à ses yeux, il semblait réellement se réjouir pour les réussites qu’elle parvenait à atteindre, et Hayden prit soudainement conscience de la raison pour laquelle William se sentait si proche de lui depuis toujours. Le militaire s’illustrait comme une personne pétrie de bons sentiments, et la comédienne pouvait déceler ci et là des valeurs auxquelles son frère aîné avait toujours été sensible. Ce n’était pas étonnant que ce dernier ait décidé d’héberger Chris sans même une once d’hésitation. « Promis, tu seras un des premiers au courant. Et je te prends au mot, pour la proposition de sortie, mais tu dois me jurer de ne jamais parler aux paparazzis une fois mes tournées mondiales entamées, bien entendu. » Sa propre blague la fit sourire. Hayden ne doutait pas de son talent et du travail accompli, mais elle ne pouvait pas prévoir les aléas de la vie et les chemins qu’elle aurait à prendre en conséquence. Puisque la sensation de ne pas être en mesure de tout contrôler la terrifiait, elle faisait toujours en sorte de ne pas y penser, et de ranger cette idée dans un coin de sa tête, là où elle était certaine de ne pas aller fouiller trop régulièrement.

La comédienne hocha la tête en entendant Chris exposer ses raisons de vouloir rester le plus disponible possible pour Miles, tant qu’il était encore un bébé. A bien y réfléchir, Hayden commençait à prendre conscience que dans son cas, sa carrière naissante serait probablement un frein à une vie de famille traditionnelle, comme elle avait toujours vu l’exemple autour d’elle, ses parents les premiers. Elle n’avait pas encore obtenu de rôle notable et pourtant, la comédienne voyageait déjà beaucoup, et la dose de travail que l’on attendait d’elle pour maintenir un bon niveau de comédie représentait tout autant de temps libre en moins. Elle ne regrettait rien, cependant : si Hayden était certaine d’une chose, c’était bien d’être exactement là où elle avait toujours eu envie d’être. « Tu as encore le temps d’y réfléchir, de toute façon. Et puis, honnêtement, s’occuper de cette bouille d’ange me paraît être le meilleur métier du monde. » Tandis que Chris s’occupait de coucher le principal concerné, Hayden étira ses bras au-dessus de sa tête, n’ayant pas pris conscience à quel point tenir un nourrisson contre elle représentait une position statique qui lui avait quelque peu engourdi les membres. Elle accepta le verre proposé par Chris à son retour d’un signe de tête, considérant qu’il lui valait mieux attendre son frère en bonne compagnie plutôt que de s’engager dans un nouvel aller-retour en patientant jusqu’à son retour. « Selon toi, à partir de quelle heure un verre de vin devient-il acceptable ? » La comédienne mima brièvement une moue de réflexion, avant de laisser échapper un léger rire. De toute manière, et si William représentait bel et bien une certaine forme de perfection à ses yeux, elle connaissait par contre ses goûts plus qu’approximatifs en vin, et il était peu probable qu’elle trouve un breuvage acceptable à son domicile. « Evidemment, c’était une blague. Loin de moi l’idée de m’attirer les foudres de Will. » Hayden prit naturellement la direction de la cuisine ouverte, scannant du regard les environs, comme si elle ne connaissait pas d’ores et déjà l’endroit par cœur. Depuis toujours, son frère aîné était aussi consciencieux dans sa vie professionnelle que dans sa vie de tous les jours, et sa manière de disposer ce qui lui appartenait répondait nécessairement à une organisation logique qui, ajoutée à la propreté des lieux et à un sens du rangement impeccable, avait pour conséquence de systématiquement permettre à la comédienne de mettre la main sur ce qu’elle pouvait chercher, même après des mois passés sans avoir foulé le sol de la maison de William. Sa quête d’aujourd’hui constituait à retrouver du thé anglais qu’elle lui apportait depuis Londres à chacun de ses séjours à Brisbane, bien qu’elle soupçonnait son frère d’exagérer son attrait pour le thé dans le simple but de lui faire plaisir, si l’on se basait sur le stock conséquent qui remplissait toujours le placard sans jamais diminuer. Ce n’était pas bien grave, après tout : au moins, Hayden était toujours certaine d’en trouver à chaque fois qu’elle passait un peu de temps dans les parages. « Attends, c’est moi qui t’offre à boire pour te remercier de me tenir compagnie en attendant que William rentre. » Elle marqua une légère pause dans son discours, agitant vaguement une main dans les airs. « Enfin, par offrir, je veux dire me servir dans les placards. C’est le geste qui compte, après tout. » Hayden se mit à rire de nouveau, s’affairant avec des gestes assurés autour de la théière qu’elle venait de dénicher non loin du plan de travail. Elle qui avait passé ces dernières années à ne jurer que par le café avait subitement changé d’avis durant ses études, découvrant avec un plaisir non dissimulé la fameuse tradition du thé anglais à dix-sept heures tapantes. Avec le temps, la comédienne était devenue une quasi experte en la matière, étant capable de doser les feuilles de thé les yeux fermés, tout en s’assurant que l’eau soit suffisamment chaude, mais sans bouillir, bien entendu. Un léger nuage de lait venait clôturer le spectacle, comme une promesse de douceur motivée à briser toute possibilité d’amertume. « J’attends ton avis honnête et sincère, sachant que j’envisage sérieusement d’ouvrir mon propre salon de thé en cas d’échec à mes prochaines auditions. » Elle n’était qu’à demi sarcastique, Hayden, bien qu'elle prononça ces mots d'un ton léger, rejoignant le canapé aux côtés de Chris, les deux tasses fumantes dans les mains. Il lui était hors de question de le laisser échapper à voix haute, et le constat ne s’était probablement pas encore frayé un chemin dans son esprit, mais un diplôme décroché haut la main n’avait pas suffi à apaiser ses craintes de revers, et elle était terrifiée à l’idée de devoir un jour changer de voie.

Chris a toujours eu foi en ses amis et il sait que William est fier de sa sœur, qu’il croit en elle et dans le fond même si ne la connaît pas des tonnes, il croit en elle aussi. Il doit bien avouer que l’idée de la voir sur scène, de la voir briller et réussir à réaliser son rêve lui donne envie d’être présente pour cela. Il aime l’idée de pouvoir dans son élément un jour. “Promis, tu seras un des premiers au courant. Et je te prends au mot, pour la proposition de sortie, mais tu dois me jurer de ne jamais parler aux paparazzis une fois mes tournées mondiales entamées, bien entendu.” Chris laisse échapper un rire et hoche doucement la tête. “J’te promet de faire de mon mieux, mais si jamais ca peut ramener plein d’argent je peux rien te promettre.” Qu’il dit d’un air sérieux avant de laisser un léger sourire s’étirer sur ses lèvres. Bizarrement, même si il ne l’a jamais vu jouer, il est sûr qu’Hayden est naturellement talentueuse et qu’elle doit sûrement avoir des tonnes d’admirateur.

La conversation se tourne alors doucement vers Miles et Chris pourrait parler de son fils pendant des heures. Il a toujours cru que c’est niais les parents qui parlent de leur gosse à longueur de journée, que c’est le truc le plus ennuyant du monde et puis il eu Miles et il a compris pourquoi. Il a compris que l’amour qu’il a pour son fils est plus fort que tout et il n’aurait jamais imaginé que cela soit possible. Quand Haylee est parti Chris n’a pas hésité une seule seconde à laisser tomber son job pour s’occuper à plein de son fils parce qu’il savait que c’était la chose à faire, que c’était exactement là où il doit être, après de Miles. “Tu as encore le temps d’y réfléchir, de toute façon. Et puis, honnêtement, s’occuper de cette bouille d’ange me paraît être le meilleur métier du monde.” Il offre doucement un sourire à Hayden, son regard se posant sur son fils endormi confortablement dans les bras de la belle brune. “Oui. Je regrette absolument pas de pas bosser tu sais. Je pensais pas que ca serait le cas, mais j’aime vraiment pouvoir être avec lui à temps pleins. Et puis ca sera encore le cas pour quelques mois.” Chris veut en profiter tant que cela est possible, avant qu’il se retrouve à ne plus être payé par l’armée et devoir se trouver un nouveau boulot. Il a commencé à regarder, parce qu’il sait que cela devra arriver à un moment donné mais pour le moment au moins il passe du temps avec Miles et c’est ce qui compte. Chris prend doucement le bébé des bras de la brune et va vers la chambre qu’il partage avec lui pour le poser dans son lit.

“Selon toi, à partir de quelle heure un verre de vin devient-il acceptable ?” Il laisse échapper une léger rire aux paroles d’Hayden alors qu’il venait de lui proposer un verre. “Il est jamais trop tôt pour un verre de vin.” Chris se dirige vers la cuisine avec la brune et va ouvrir le frigo pour regarder si il y a une bouteille au frais. Il boirait bien un grand verre de vin lui aussi, parce qu’après la nuit courte qu’il a eue, la journée lui parait interminable et un verre d’alcool lui ferait du bien. “Evidemment, c’était une blague. Loin de moi l’idée de m’attirer les foudres de Will.” Il lève les yeux au ciel mais il est un peu déçu. Un verre de vin est bien plus attirant qu’un mug de thé honnêtement. “Attends, c’est moi qui t’offre à boire pour te remercier de me tenir compagnie en attendant que William rentre. Enfin, par offrir, je veux dire me servir dans les placards. C’est le geste qui compte, après tout.” Il laisse échapper un nouveau rire, il aime vraiment beaucoup la manière dont Hayden arrive à lui changer les idées et à le faire sourire tout le temps. Il ne s’en est jamais vraiment rendu plus tôt, mais il faut dire qu’il n’a jamais non plus passé des heures avec elle. “Okay, okay, mais un verre de vin sonne bien mieux que du thé. Dommage que ce soit une blague.” Il lui lance un regard qui veut dire qu’elle devrait changer son avis et leur servir du vin. Pourtant c’est une tasse de thé qu’elle prépare et pendant un moment Chris la regarder bouger dans la cuisine. Elle a l’air confortable, dans son élément, comme si elle était chez elle et il se rend compte qu’elle a bien changé depuis la dernière fois qu’il l’a vu. Elle est belle, vraiment belle avec ses longs cheveux bruns tombés sur ses épaules et la manière dont elle mordille sa lèvre pour se concentrer sur sa tâche. Rapidement il se rend compte qu’il la fixe et secoue un peu la tête alors qu’elle dépose finalement la tasse de thé devant elle. “J’attends ton avis honnête et sincère, sachant que j’envisage sérieusement d’ouvrir mon propre salon de thé en cas d’échec à mes prochaines auditions.” Il prend une gorgée de son thé et fait semblant de réfléchir pendant quelques secondes. “Hmm… Je crois que tu devrais vraiment rester avec tes auditions. Mais ton thé est pas mal.” Il le cherche et laisse échapper un rire. “Et puis si jamais la scène ca marche pas, tu peux toujours devenir baby sitter officiel ?” Il lui fait les yeux doux.

Chris et Hayden continuent de parler pendant un moment, partageant une tasse de thé avant que William ne revienne. C’est d’ailleurs le moment que Miles choisi pour se réveiller, se mettant doucement à pleurer dans son lit. Chris en profite pour aller s’occuper de son fils et laissé William et Hayden discuté. Il l’aime bien Hayden et CJ est heureux qu’Hayden puisse passer du temps avec son frère.

RP FINI