I bent the truth too hard tonight.
@Marceline Griffiths  

C’était déjà son quatrième verre de la soirée et Jiyeon ne marchait plus vraiment droit. Mais ça ne l’empêchait pas de danser au milieu de la foule et ce même si ce bar était loin d’avoir une véritable piste de danse. Dans les premiers temps elle avait entrainé Marceline avec elle, dansé collé-serré avec sa belle blonde, l’embrasser au milieu de la foule, laissant les jaloux regarder ; puis plus la soirée avançait et plus elle se retrouvait à se trémousser toute seule, les yeux fermés, laissant la musique et le brouhaha ambiant guider ses pas. Marceline discutait avec ses amis, qui comme souvent étaient là aussi, alors Jiyeon faisait sa vie, laissant Suzy raconter les derniers ragots à l’actrice. Elle savait bien que Suzy et Théo ne l’appréciaient pas beaucoup, donc elle préférait garder ses distances, surtout après avoir un peu bu, pour ne pas faire une remarque désobligeante qui envenimerait la situation.
C’est après un énième crochet par les wc du bar que Jiyeon la remarqua. Une belle brune, asiatique, pourtant à première vu loin d’être son genre. Jiyeon se posait à côté d’elle au bar, commandant un cinquième verre avant de réaliser, en jetant accidentellement un oeil au smartphone de l'inconnue, que la jeune femme était elle aussi coréenne. Peut-être que c’était ça qui la rendait si belle ? ça faisait tellement longtemps que Jiyeon n’avait pas pu parler sa langue natale avec quelqu'un d'autre que son frère, alors elles se lançaient bien vite dans de longues discussions. Rien de bien profond, comme à son habitude, mais de quoi lui donné le sourire quand même, n'ayant pas a chercher ses mots pour dire ce qu'elle voulait. Puis sans vraiment réfléchir Jiyeon lui offrait une bière et l’amenait danser au milieu de la foule. Premièrement c’était bien innocent, elles s’approchaient simplement pour parler, tout en sirotant leur verre respectif et en se balançant un peu sur la musique, puis une fois ce cinquième verre terminé et abandonné sur une table voisine, Jiyeon perdait un peu pied. Laissant sa libido guider ses gestes. D’abord elle remettait innocemment le collier de la jeune femme dans le bon sens, parce que, évidemment, à force de mater son décolleté, elle avait remarqué que le fermoir de sa chaine en or se trouvait devant. Alors elle s’approchait dangereusement pour le remettre dans sa nuque, lui murmurant quelques choses au passage qui faisait bien vite tourner la jeune inconnue au rouge, alors qu’elles se dévoraient des yeux. Les bras autour du cou de la jeune femme, bien trop proche pour que cette danse soit innocente... Marceline était bien loin. Enfin … non, physiquement elle était à quelques mètres, mais dans l’esprit de Jiyeon, elle n’était plus vraiment là, alors qu’elle dansait de plus en plus proche de la coréenne. Il n’y avait que la musique, Hyein (de son joli prénom) et cette envie de se pencher dans son cou pour lui chuchoter encore quelques trucs salaces.

i bent the truth too hard tonight

I was dancing around,
Dancing around it
High infidelity
Put on your headphones
And burn my city
Your picket fence is sharp as knives
I was dancing around,
Dancing around it

La fête battait son plein. J’aimais ce genre d’ambiance : les lumières tamisée des bars, la musique en fond, les rires, les verres qui s’enchaînent. Dans la foule, je pouvais plus facilement être anonyme, même si je dépassais beaucoup de gens, ils étaient assez ivres pour ne pas prêter attention à moi ou à simplement me prendre en photos d’une façon qu’ils croyaient discrète. J’étais plutôt contente de vivre à Brisbane de ce côté-là, d’après mes collègues américains, les fans étaient beaucoup plus décomplexés là-bas. Ici, je crois que les gens finissaient par s’habituer à croiser les quelques célébrités australiennes qui vivaient ici, c’était un peu moins un événement. J’étais contente de pouvoir juste sortir dans un bar que j’aimais bien, avec mes amis. Deux filles m’avaient parlé dans la queue pour les toilettes et m’avaient complimenté, ce qui m’avait fait plaisir. Si ce n’était que ça, ce n’était pas bien grave d’être reconnue, me disais-je.

Suzy et Théo faisaient des efforts avec Jiyeon depuis le début de la soirée, ce qui me faisait plaisir et achevait de me mettre de bonne humeur. Je savais très bien qu’au fond, ils étaient très méfiants d’elle, surtout qu’ils étaient les premiers à qui je me plaignais quand ça n’allait pas avec elle, et ils me connaissaient bien, ils savaient ce qui ne me convenaient pas dans cette relation… Je pense qu’ils étaient persuadés qu’ils allaient me ramasser à la petite cuillière quand mon couple allait s’écrouler, comme ils l’avaient fait avec Mac et toutes les autres avant, et ceux depuis des années. Une part de moi savait qu’ils avaient raison de s’inquiéter, l’autre était frustrée : ils ne connaissaient pas Jiyeon, et je n’avais pas envie qu’ils la jugent trop difficilement. Après tout, c’était ma petite-amie, je tenais vraiment à elle, je voulais avoir confiance en nous. Je me demandais si je n’étais pas amoureuse d’elle, d’ailleurs, mais je me gardais bien de le dire à Jiyeon - hors de question que je lui dise “je t’aime”, j’avais beaucoup trop peur qu’elle ne réponde pas.

D’ailleurs, où était-elle ? Je scannais la salle d’un coup d’oeil. La dernière fois que je l’avais vue, elle était au bar en train de discuter avec une autre fille. J’avais jaugé la brune, elle semblait coréenne comme Jiyeon, peut-être que c’était l’une de ses connaissances. Je n’en avais pas pensé grand chose, sur le coup… Mais visiblement, j’aurais peut-être dû. Je reconnus les deux filles sur le dancefloor, et je reconnus surtout Jiyeon en plein numéro de séduction. Sérieusement ? J’étais juste là ! Je me retournai vers Suzy, cherchant une excuse pour quitter la conversation, mais je vis qu’elle aussi avait vu Jiyeon, et qu’elle fronçait les sourcils. Je me sentis gênée, comme une enfant prise sur les faits, avec une copine qui ne pouvait même pas se tenir devant moi et mes amis. J’avais honte, je me sentais humiliée, et je détestai cette sensation. Je remontai la foule pour aller me planter à côté de Jiyeon et lui taper l’épaule.

« Eh, je te dérange ? » Demandai-je d’un ton sec. L’autre petite brune me regarda, surprise, sans comprendre qui j’étais probablement. Je tirai Jiyeon hors de la piste dans un coin du bar plus tranquille, dans un geste vif pas très délicat, la colère déjà un peu partout dans mes veines. « Ecoute Jiyeon, je sais que flirter c’est ton mode de communication premier avec les gens, mais si tu pouvais éviter d’à moitié rouler des pelles à une autre fille quand je suis là, ça serait pas mal. Quand je suis absente, aussi, d’ailleurs. » Lâchai-je, de mauvaise humeur. « C’est quoi, c’est un délire pour me rendre jalouse ou quoi ? »

@Jiyeon Park  

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@Marceline Griffiths  

« Eh, je te dérange ? » Et merde. Elle n’aurait même pas le temps de peloter Hyein. Marceline était là et attrapait Jiyeon par le bras pour la tirer plus loin. La coréenne, titubante, n’avait d’autre choix de se laisser faire, tentant de ne pas trébucher alors que Marceline, le regard plus sombre que jamais, la lâchait enfin dans un coin plus tranquille du bar. Si elle ne la fusillait pas du regard elle aurait bien cru à autre chose. « Ecoute Jiyeon, je sais que flirter c’est ton mode de communication premier avec les gens, mais si tu pouvais éviter d’à moitié rouler des pelles à une autre fille quand je suis là, ça serait pas mal. Quand je suis absente, aussi, d’ailleurs. » Jiyeon la détaillait du regard, restant silencieuse. Dieu qu’elle était belle, et dieu que Jiyeon était excitée et n’avait pas écouté la moitié de ce qu’elle venait de dire. La voir comme ça, passablement énervée, n’arrangeait rien. Marceline en dominatrice ? Elle ne demandait qu’à voir ça ! « C’est quoi, c’est un délire pour me rendre jalouse ou quoi ? » Right, retour à la réalité, la blonde n’était pas là pour glisser sa main dans son pantalon. Ceci étant dit : si elle avait du que la jalousie la rendait aussi canon, elle l'aurait fait ça plus tôt. « J’ai roulé de patin à personne. » assurait-elle. Et c’était vrai, elle avait juste dansé avec une autre fille. Collé-serré, oui, avec des intentions non dissimulées, mais elle n’avait pas posé ses lèvres sur celles de la belle coréenne…  Marceline était arrivée avant. « On dansait simplement. J’ai rien fait de mal. » ajoutait-elle sans quitter Marceline du regard, très sûr de ce qu’elle avançait. Le culot. « C’est peut-être elle la fautive d’ailleurs, pourquoi c’est moi qui me fait engueuler ? » Et voilà, elle s’enfonçait. Elle rentendait Marvin lui dire qu’elle devait être fidèle pour que son couple fonctionne, que tripoter d’autre personne n’était pas recommandé et loin d’être ce qui était communément appelé ‘fidèle’. Elle l’avait écouté un temps, elle avait été plutôt sage, puis le naturel était revenu au galop, l’alcool y était certainement pour beaucoup mais blâmer ce qu’elle avait bu n’allait pas la sortir d’affaire. « On peut l’inviter pour un plan à trois ? J’suis sur c’est ton genre en plus… petite, brune…» Elle se mordait la lèvre inférieur, dévorant du regard Marceline. « Puis t’as l’air d’une vraie tigresse comme ça… J’ai envie que tu me donnes des ordres et tout… » Oh lord have mercy, elle avait creusé sa tombe et était déjà entrain de s’y enterrer à grand coup d’invitation indécente.

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Jiyeon avait clairement un peu trop bu, et si cela n’excusait rien, je voyais bien que ça ne risquait pas de facilité la discussion. J’aurais dû m’en douter, j’étais habituée, c’était souvent comme ça avec elle, il fallait batailler pour lui tirer les vers du nez dès qu’il s’agissait d’un sujet un peu sérieux. Depuis que nous étions ensemble, nous nous étions déjà pris la tête, mais jamais sur des choses très importantes, et pour cause : je mettais continuellement de l’eau dans mon vin, ravalant ma bile dès que Jiyeon me contrariait. Ce qui n’était pourtant pas vraiment mon genre… Mais j’avais toujours été différente en relation. Insécure, excessive, anxieuse, à provoquer les disputes mais à m’excuser pour ne jamais perdre l’autre. Je sentais bien que Jiyeon pouvait me filer dans les doigts à tout moment. Je me demandais même parfois pourquoi je m’infligeais ça ; je repensais à nos moments à rire dans le métro New-Yorkais, notre discussion sur le roof-top, les moments où elle prenait ma main dans la rue. Jiyeon avait choisi d’être en couple avec moi, elle qui n’aimais pas être en couple… C’était spécial, non ? Cela suffisait à ce que je m’accroche. Mais à quel prix ?

« J’ai roulé de patin à personne. » Je soupirais. Là n’était pas la question, et elle le savait, non ? Je l’observai… Peut-être qu’au fond, elle ne le savait vraiment pas. J’avais l’impression que Jiyeon obéissait à ses propres règles, parfois. « On dansait simplement. J’ai rien fait de mal. » La colère montait en moi, tantôt froide comme du métal, tantôt explosive. Je ne savais pas sur quel pied j’allais décider de danser. « C’est peut-être elle la fautive d’ailleurs, pourquoi c’est moi qui me fait engueuler ? » J’eus un petit rire jaune : « Que ça soit elle ou toi qui ai commencé, je n’ai pas l’impression que ça te dérangeait que vous soyez collées devant moi et mes potes, » ironisai-je. Je détestai me sentir ridicule et humiliée, un sentiment que Jiyeon semblait avoir le chic pour provoquer en moi. Je n’avais pas oublié lorsqu’elle avait interrompu mon premier date avec une autre fille. « On peut l’inviter pour un plan à trois ? J’suis sur c’est ton genre en plus… petite, brune… Puis t’as l’air d’une vraie tigresse comme ça… J’ai envie que tu me donnes des ordres et tout… » C’était trop. Je sentis toute ma frustration former une boule dans ma gorge, j’allais imploser en plein milieu de ce bar : « Mais putain Jiyeon tu peux pas être sérieuse deux secondes ?!?! » M’énervai-je, la repoussant d’un geste un peu brusque. « Quelqu’un t’a déjà dit qu’il n’y avait pas que le sexe dans la vie ou je t’apprends un truc ? » M’exclamai-je, impatiente.  « Tu m’affiches devant mes meilleurs amis en flirtant avec une autre, tu te rends compte à quel point c’est humiliant pour moi ? Je t’avais dit que la fidélité c’était non-négociable pour moi, si ça ne te va pas, qu’est-ce que tu fais en couple avec moi ? » Mes paroles s’emballaient, j’en oubliais d’avoir peur de la réaction de Jiyeon. Et si elle me plaquait en plein milieu de ce bar ? Mais j’avais trop gardé pour moi. J’inspirai et rajoutai, d’une voix moins assurée : « Je n’arrive même pas à comprendre si tu aimes ça. Être en couple avec moi. »


@Jiyeon Park  

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@Marceline Griffiths  

« Que ça soit elle ou toi qui ai commencé, je n’ai pas l’impression que ça te dérangeait que vous soyez collées devant moi et mes potes, » La déranger ? Non clairement Jiyeon n’avait pas du tout été gênée par la situation, elle vivait un peu trop in the moment pour vraiment se soucier des conséquences. Qui avait dragué en premier ? … Peut-être bien Jiyeon mais quoi qu’il en soit Hyein était rentrée dans son jeu et à partir de là : Jiyeon n’avait plus vraiment réfléchi au fait que Marceline était juste à côté. Elle c’était, comme trop souvent, laissée porter par le moment, la musique et l'alcool. Bref, malgré les premières remarques de Marceline, Jiyeon était encore loin de culpabiliser et tentait même d’embarquer la blonde dans un plan à trois, sans grand succès. « Mais putain Jiyeon tu peux pas être sérieuse deux secondes ?!? » Et à ces mots, Marceline la repoussait brusquement. Jiyeon perdait un peu l’équilibre, partant en arrière, son dos et sa tête heurtant le mur. Elle fronçait les sourcils, la moue boudeuse, elle fixait Marceline, restant sagement le dos contre le mur de peur de se faire bousculer une nouvelle fois si elle s’approchait. D’un coup la Marceline énervée était bien moins sexy et excitante… « Quelqu’un t’a déjà dit qu’il n’y avait pas que le sexe dans la vie ou je t’apprends un truc ? » Jiyeon restait silencieuse, croisant ses bras sur sa poitrine. Elle avait l’impression de se faire engueuler comme une gamine de cinq ans et ce n’était pas agréable du tout. Ça lui faisait, non pas réaliser qu’elle avait merdé, mais regretter d’avoir osé s’éloigner, ne serait-ce qu’un peu, de Marceline… En fait la blonde voulait un chien pas une petite amie. « Tu m’affiches devant mes meilleurs amis en flirtant avec une autre, tu te rends compte à quel point c’est humiliant pour moi ? Je t’avais dit que la fidélité c’était non-négociable pour moi, si ça ne te va pas, qu’est-ce que tu fais en couple avec moi ? » La moue boudeuse de Jiyeon devenait de plus en plus triste, sans qu’elle puisse vraiment contrôler son expression faciale. Elle n’aimait pas du tout que Marceline hausse la voix comme ça avec elle. Pour le coup ça commençait un peu à lui faire peur et ça lui rappelait ses parents. En temps normal ça aurait été le moment où Jiyeon prenait la décision de fuir. Son option préférée, celle qui semblait résoudre tout les problèmes. Mais là elle ne bougeait pas, le souffle court, bouleversée par tout ce qui traversait son esprit en cet instant. L’humiliation de Marceline mais aussi la sienne alors qu’elle se faisait engueuler comme nue gamine dans un coin du bar. Le fait qu’elle l'ait poussé aussi : est ce que ce n’était pas un mauvais signe ça ? Jiyeon avait pour le moment toujours eu beaucoup de chance, ne tombant jamais sur des personnes violentes, ou n’étant pas assez longtemps en couple pour découvrir une potentielle part d’ombre chez ses partenaires. Selon elle, Marceline n’avait pas du tout le profile, pourtant elle l’avait bien poussée et Jiyeon sentait encore une petite douleur là où sa tête avait cogné le mur. Puis y’avait Hyein, est ce que lui chuchoter des trucs était une tromperie ? Non, pas selon elle, poser ses mains sur ses hanches ? Non plus. Ce n’était pas innocent, c’est vrais, mais elle n’avait embrassé personne d’autre et couché avec personne d’autre, elle ne voyait pas ce que Marceline voulait de plus. Elle était déjà vraiment très fidèle ! Marceline semblait se calmer un peu, prenant une profonde inspiration avant d’ajouter : « Je n’arrive même pas à comprendre si tu aimes ça. Être en couple avec moi. » « Là tout de suite : je suis pas très fan, j’avoue. » Lâchait-elle, cinglante, venant frotter l’arrière de son crâne, sans quitter des yeux Marceline, le regard noir, quelle tentait de garder dure et froid, mais qui trahissait malgré tout sa peur et sa tristesse. « J’ai pas signé de contrat et je suis pas ton chien. J’ai le droit de danser avec d’autres gens si je veux, de parler avec d’autres gens aussi. Et j’ai pas été infidèle : J’ai couché avec personne d’autre que toi. Y’a que toi que j’aime. Tu te fais juste des films et après tu t’énerves. » Ronchonnait-elle en re-croisant ses bras sur sa poitrine, restant toujours collé au mur, à croire qu’elle avait retenue la leçon. « J’aime bien être en couple avec toi, quand tu n’viens pas niquer ma soirée avec une crise de nerf dans ce genre. » ajoutait-elle, ce coup ci un peu plus agacée qu’attristée. Elle passait une main dans ses longues mèches raides et sombres avant d'ajouter: « C’est pas avec elle que je rentre ce soir à ce que je sache ?! Donc je n'vois pas pourquoi tu t’énerves comme ça. En plus j’ai bu, j’ai bien le droit de m’amuser un peu pendant que tu bavardes avec tes potes. » Elle échappait un petit soupire agacée. « Potes qui sont toujours bien désagréables avec moi en plus, donc j’ai pas envie de rester avec eux si c’est pour qu’ils me lancent des remarques ... 'pas cool', toute la soirée. » Le mot quelle cherchait était "moralisatrices" mais pas moyen de le trouver, pas dans son état en tout cas. Si elle avait pu ronchonner en coréen elle l'aurait fait, mais Marceline aurait été bien embêtée.

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Je détestais ces émotions, la colère, la frustration, l’agressivité, et pourtant, je n’en connaissais pas d’autres lorsqu’il s’agissait d’être en couple. Cette dispute avec Jiyeon ne faisait qu’un miroir avec toutes les autres que j’avais vécues, toutes pour des raisons diverses et variées, mais qui arrivaient toujours au même point : l’explosion. C’était comme ça que je savais communiquer, c’était comme ça que l’on m’avait habitué aussi puisque mes parents ne me remarquaient pas si je n’implosais pas, j’avais toujours été une enfant en manque d’attention qui racontait des histoires, mentait, pleurait, tout ça pour qu’on s’occupe un peu de moi. Je regardai Jiyeon, son petit air boudeur et ivre, et je me disais qu’il fallait que je la provoque, qu’elle sorte quelque chose d’en elle, que je ne pouvais l’atteindre qu’ainsi, puisqu’elle était incapable d’être connectée à ses sentiments en temps normal. Je n’en pouvais plus de cet espèce de jeu, de l’opacité, de ne pas savoir ce qu’elle voulait, ce qu’elle ressentait, de devoir brimer mes propres émotions pour ne pas lui faire peur. Pourquoi ne pouvais-je pas être en couple avec quelqu’un qui voulait la même intensité que moi, m’énervai-je intérieurement, tentant d’ignorer que j’avais la fâcheuse tendance à choisir des filles qui affichaient des red flags dès le début.

« Là tout de suite : je suis pas très fan, j’avoue. » Répondit Jiyeon à ma question. Elle se frottait l’arrière du crâne, et je compris tout à coup qu’elle s’était peut-être faite mal dans mon geste violent qui me faisait honte. Je me sentais affreusement coupable, et je détestai cette émotion, elle me mettait encore plus en colère. Ce n’était pas moi la fautive, c’était Jiyeon ! « J’ai pas signé de contrat et je suis pas ton chien. J’ai le droit de danser avec d’autres gens si je veux, de parler avec d’autres gens aussi. Et j’ai pas été infidèle : J’ai couché avec personne d’autre que toi. Y’a que toi que j’aime. Tu te fais juste des films et après tu t’énerves. »

Une série d’émotions contradictoires me prenaient par vague, la colère, l’incompréhension, un petit bang dans ma poitrine lorsque j’entendis Jiyeon invoquer l’amour, au milieu de tout ça. Nous ne nous étions jamais dit je t’aime, et je n’étais pas sûre qu’elle réalisait ce qu’elle venait de dire, et cela me déstabilisa complètement. J’ouvris la bouche, mais la refermai, incapable de rendre cohérente mes pensées.

« J’aime bien être en couple avec toi, quand tu n’viens pas niquer ma soirée avec une crise de nerf dans ce genre. C’est pas avec elle que je rentre ce soir à ce que je sache ?! Donc je n'vois pas pourquoi tu t’énerves comme ça. En plus j’ai bu, j’ai bien le droit de m’amuser un peu pendant que tu bavardes avec tes potes. » La mauvaise foi de Jiyeon était-elle, cela me réveilla de ma torpeur, et je répondis, cinglante : « Non, je n’ai pas envie que tu dragues d’autres personnes. L’alcool n’est pas un prétexte. On est pas un couple ouvert, si c’est ça que tu veux, tu aurais dû rester avec Ethel. »

J’avais lâché ce prénom avec un froideur - ce n’était pourtant pas la faute de l’ex de Jiyeon qui n’avait rien fait de mal, à part peut-être assez cool pour être dans un couple ouvert, chose que j’étais bien incapable de tenir.

« Potes qui sont toujours bien désagréables avec moi en plus, donc j’ai pas envie de rester avec eux si c’est pour qu’ils me lancent des remarques ... 'pas cool', toute la soirée. » Je fis claquer ma langue entre mes dents, agacée par la remarque de Jiyeon que je savais vraie. Mais elle ne comprenait rien à rien… Ce n’était pas ça, le problème. « Mes potes ne sont pas désagréables, ils sont méfiants. Ils ont peur que tu me fasses du mal, » dis-je, essayant de me calmer un peu. « Crois bien que je te défends dès qu’ils expriment leurs inquiétudes… Et toi, quand on sort avec eux, tu leur donnes toutes les raisons d’être sceptique : ne me dis pas que tu ne faisais que danser avec cette fille Jiyeon, je te jure, ne me prends pas pour une conne. » Je serrai la machoire, sentant la colère qui revenait. « Je suis désolée de t’avoir poussée, » murmurai-je tout de même. J’inspirai, fébrile, repensant à ce que Jiyeon venait de dire. « Je… Je ne comprends pas comment je suis censée te faire confiance quand tu agis comme ça. Tu te rends compte que tu viens de sous-entendre que tu m’aimais, pour la première fois, pour te dédouaner dans une dispute sur la tromperie ? Comment je suis censée savoir si tu es sérieuse ou si tu veux juste te chercher des excuses ? »



@Jiyeon Park  

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@Marceline Griffiths  

« Non, je n’ai pas envie que tu dragues d’autres personnes. L’alcool n’est pas un prétexte. On est pas un couple ouvert, si c’est ça que tu veux, tu aurais dû rester avec Ethel. » Evidement l’excuse de l’alcool ne passait pas et en plus la blonde se permettait de ramener Ethel sur le tapis. Jiyeon était à deux doigts de s’enfoncer dans sa mauvaise foi en déclarant préférer Ethel, alors que son coeur n’en croyait pas un mot. Elle avait choisi Marceline, non pas pour la facilité (clairement), mais parce que pour une fois elle avait décidé de laisser parler son coeur et de le suivre. Si elle avait pris le choix de la raison, (comme elle le faisait en général côté sentiment), elle n’en serait pas là aujourd’hui. Elle serait entrain de draguer la jolie coréenne rencontrée un peu plus tôt, tranquillement, sans qu’on vienne l’emmerder pour trois fois rien ! Mais, elle n’aurait pas la certitude de rentrer avec Marceline ce soir et de la voir demain matin au petit-déjeuner… Elle avait choisi la blonde, pour le meilleur et pour le pire.
Jiyeon préférait changer de sujet pour critiquer les potes désagréables de Marceline, comme si ça aussi allait la dédouaner de ce qui venait de se passer. « Mes potes ne sont pas désagréables, ils sont méfiants. Ils ont peur que tu me fasses du mal, » Jiyeon lâchait un soupire, agacée d’avoir encore tort. A croire qu’elle était en faute dans cette histoire! (Shoking) « Crois bien que je te défends dès qu’ils expriment leurs inquiétudes… Et toi, quand on sort avec eux, tu leur donnes toutes les raisons d’être sceptique : ne me dis pas que tu ne faisais que danser avec cette fille Jiyeon, je te jure, ne me prends pas pour une conne. » Jiyeon baissait les yeux, la moue boudeuse, telle une gamine se faisant réprimander par sa mère. Evidemment elle n’avait pas fait que danser avec Hyein et pour le coup il était difficile, même pour elle, d’assurer le contraire. « Je suis désolée de t’avoir poussée, » ajoutait la blonde dans un murmure, bien plus calme, et Jiyeon reposait ses yeux sur elle, comme cherchant la sincérité dans le visage de l’actrice. « Je… Je ne comprends pas comment je suis censée te faire confiance quand tu agis comme ça. Tu te rends compte que tu viens de sous-entendre que tu m’aimais, pour la première fois, pour te dédouaner dans une dispute sur la tromperie ? Comment je suis censée savoir si tu es sérieuse ou si tu veux juste te chercher des excuses ? » Elle avait sous-entendu l’aimer ? Quand ça ? Jiyeon ne s’en était même pas aperçue, c’était sorti tout seul. Loin de là l’idée de manipuler Marceline avec ses choix de mot ; elle avait bien trop bu pour ça. Ce qu’elle avait dit était sincère, comme bien souvent, surtout quand elle était dans cet état, mais la blonde restait visiblement méfiante et on ne pouvait pas lui en vouloir vu la situation. « Je sais pas ce que ‘dédouaner’ veux dire, mais je me cherche pas d’excuse, j’ai pas trompé, c’est tout. » persistait-elle. Sur ce point là elle resterait catégorique : elle n’avait pas embrassé quelqu’un d’autre, ni couché avec quelqu’un d’autre, elle était des plus fidèle (selon ses critères) et refusait qu’on l’accuse de tromperie dans ces circonstances. Pour une fois qu’elle faisait autant d’efforts, ça l’emmerdait qu’ils passent inaperçus. « Et je t’ai déjà dis que je t’aimais bien, sinon je serais pas en couple avec toi. » assurait-elle, persuadée d’avoir déjà été très clair sur ses sentiments… enfin… ‘clair’ selon ses critères une fois de plus. « J’aime bien plaire c’est tout. J’ai bu, j’ai envie de m’amuser, je drague un peu. Don’t read into it. » concluait-elle sèchement. Et c’était vrai, en soit : Jiyeon aimait plaire, draguer était véritablement une sorte de jeu pour elle, un challenge comme un autre. Ça occupait ses soirées, ça faisait, en général, du bien à son égo, elle se sentait aimé, intéressante, puissante… Bref : vivante. Certain préférait la drogue, elle préférait la drague. C’était comme ça et elle ne voyait pas le problème du moment qu’elle n’allait pas trop loin et que son coeur était uniquement réservé à sa blonde. Elle attrapait d’ailleurs la main de Marceline pour venir la poser contre sa poitrine, juste au dessus de son coeur. « Là y’a que toi. » Lâchait-elle, les yeux plantés dans ceux de Marceline, bien décidée à ce que le message passe. Elle restait silencieuse un instant, cherchant ses mots, l’anglais se mélangeant avec ses restes de français et au coréen, elle levait les yeux au ciel, frustrée de ne pas réussir à mettre des mots sur ce qu’elle voulait dire avant d'abdiquer. « 너는 매력적이고, 예쁘고, 놀랍습니다... 그리고 훨씬 더 많습니다! 너는 내가 가장 좋아하는 사람, 내가 가장 기분이 좋은 사람입니다, 아침에 일어나고 싶은 사람입니다. 난 네가 생각하는 것보다 널 더 사랑해. 그리고 제 행동이 때때로 혼란스러울 수 있다는 것을 압니다. 하지만 제 마음 속에 있는 것은 진실하고 진실합니다. 날 믿어.» Elle débitait ça à toute vitesse, bien consciente que Marceline n’en comprenait pas un mot, mais quelques part soulagée de lui dire, les yeux dans les yeux, avec toute la sincérité dont elle était capable. On pouvait lui remettre le Daesang de la meilleur déclaration d'amour, on se serait cru dans un drama coréen à l'eau de rose, mais tant pis. Une part d'elle espérait que Marceline comprendrait, qu'elle entendrait au moins le sentiment que Jiyeon tentait tant bien que mal de partager avec elle, tenant toujours sa main tout contre son coeur.

Spoiler:

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La mauvaise foi de Jiyeon m’énervait tout particulièrement. Je supportais mal les disputes qui n’allaient que dans un sens, où la personne en face préférait nier plutôt qu’être honnête avec moi ; quitte à s’engueuler autant y aller franchement non ? J’étais sûre que Jiyeon avait des choses à dire, à me reprocher peut-être, mais son attitude nous laissait dans l’impasse. Elle préférait camper sur ses positions - j’étais fatiguée de cette relation où je devais toujours la forcer à parler de ses émotions.

« Et je t’ai déjà dis que je t’aimais bien, sinon je serais pas en couple avec toi. » Et voilà, nous étions passé d’un “je t’aime” à un “je t’aime bien”, qui n’avait en rien la même portée. Je pinçai mes lèvres, exaspérée. Je ne savais plus quoi faire avec les vagues de sentiment que je ressentais pour Jiyeon, l’amour, la frustration, l’envie. Tout se mélangeait et j’étais fatiguée. « J’aime bien plaire c’est tout. J’ai bu, j’ai envie de m’amuser, je drague un peu. Don’t read into it. » J’allais répondre une réplique acide, mais Jiyeon me devança, attrapant ma main pour la poser sur son coeur. Je fronçai les sourcils. « Là y’a que toi. »

Quelque chose changea dans l’atmosphère. L’attitude de Jiyeon était différente, en quelques secondes, sa moue boudeuse se transforma, elle semblait tout à coup presque intimidée, à chercher ses mots. Je soutins son regard, curieuse ; était-ce le moment où elle allait me faire une déclaration ? Je sentais les battements du coeur de Jiyeon rebondir contre ma paume, et le mien y répondait. Je me demandais si elle pouvait l’entendre.

« 너는 매력적이고, 예쁘고, 놀랍습니다... 그리고 훨씬 더 많습니다! 너는 내가 가장 좋아하는 사람, 내가 가장 기분이 좋은 사람입니다, 아침에 일어나고 싶은 사람입니다. 난 네가 생각하는 것보다 널 더 사랑해. 그리고 제 행동이 때때로 혼란스러울 수 있다는 것을 압니다. 하지만 제 마음 속에 있는 것은 진실하고 진실합니다. 날 믿어.»

Je regardais Jiyeon, silencieuse. Je n’avais absolument aucune idée de ce qu’elle venait de dire mais je pouvais voir dans son expression qu’elle ne se défendait plus, qu’elle ne s’excusait pas, non, elle me disait quelque chose qu’elle avait sur le coeur. Elle me disait ce qu’elle ressentait pour moi. Et même si j’étais incroyablement frustrée de ne pas pouvoir comprendre ce qu’elle voulait me dire, je saississais que c’était un peu trop pour elle d’être si vulnérable, qu’elle avait besoin d’une armure, celle de langue peut-être. Je fixai la petite brune, son sourire anxieux, et une douce chaleur me parcourut les veines. Je me penchai vers Jiyeon et, ma main toujours contre son coeur, je glissai l’autre dans sa nuque pour relever son visage vers moi et l’embrasser.

« Je rêve ou je viens d’avoir le droit à une déclaration ? » Plaisantai-je à voix basse. Je me radoucissai, oubliant presque pourquoi j’étais énervée - c’était tout moi, ça, les émotions qui passaient d’un extrême à l’autre.  « Tu… Tu pourras le répéter dans mon téléphone, que j’enregistre pour passer sur google traduction ? » Ajoutai-je avec un petit air désolé. Il fallait peut-être que je me mette à apprendre le corréen.   « Je ne suis pas sûre de ce que tu as dit, mais je crois que je ressens la même chose. » J’haussai les épaules. « Et je sais que tu aimes  bien plaire, mais s’il-te-plait… Ne franchis pas la limite, hein ? » J’avais soufflé cette dernière phrase, une question qui me faisait peur.


@Jiyeon Park  

I bent the truth too hard tonight.
@Marceline Griffiths  

Elle allait se prendre une gifle, à coup sur, et tenter un truc pseudo romantique en lui prenant la main pour la mettre sur son coeur n’allait certainement pas calmer la blonde qui semblait bien remonter. Mais Jiyeon tentait quand même, n’ayant pas grand chose à perdre en cet instant, se laissant même aller à une petite déclaration, plus simple pour elle à faire en coréen, déjà parce qu’elle trouvait plus facilement ses mots, mais surtout parce qu’elle se sentait bien moins vulnérable de lui déballer tout ça dans une langue qu’elle ne comprenait pas. Et bingo, le regard de Marceline s’attendrissait déjà et bien vite elle venait même embrasser la coréenne. Jiyeon se laissait faire bien volontiers, n’osant pas pour autant poser ses mains sur les hanches de la blonde, ou quoi que ce soit d'autre, ne voulant pas pousser, ayant trop peur que toute initiative de sa part soit rejetée. « Je rêve ou je viens d’avoir le droit à une déclaration ?  » Panique à bord. Marceline comprenait le coréen? Jiyeon sentait son coeur s’emballer alors qu’elle observait les yeux de Marceline, tentant de voir si elle bluffait ou non, si elle avait simplement deviné à cause du ton qu’elle avait employé, ou si vraiment elle avait compris ne serait-ce que quelques mots…« Tu… Tu pourras le répéter dans mon téléphone, que j’enregistre pour passer sur google traduction ? » Ouf, ok, elle n’avait rien compris. Jiyeon se détendait enfin, échappant même un petit soupire de soulagement, qu’elle ne parvenait simplement pas à retenir avant de secouer lentement la tête. « Non, j’aime pas me répéter. » lâchait-elle un peu trop sérieusement, déjà un peu paniquée à l’idée que sa blonde comprenne tout ce qu’elle venait de lui dire. Pourtant une part d’elle avait vraiment envie qu’elle sache, qu’elle soit rassurée, qu’elle comprenne que ce n’était pas qu’un jeu pour elle, que c’était sérieux… mais une autre part d’elle avait tout simplement trop peur. Comme si admettre tout ça, revenait à révéler une faiblesse, à se mettre en danger. « Je ne suis pas sûre de ce que tu as dit, mais je crois que je ressens la même chose. » et voilà que son coeur s’emballait de nouveau. Elle était tellement mignonne et cette sincérité semblait être tellement simple pour elle, s'en était désarmant. « Et je sais que tu aimes bien plaire, mais s’il-te-plait… Ne franchis pas la limite, hein ? » Jiyeon hochait la tête, pourtant pas certaine de ce qu’était cette 'limite'. Pour elle c’était couchée avec quelqu’un d’autre, mais pour Marceline, c’était quoi? Une simple main sur la cuisse? Chuchoter à l’oreille d’un(e) inconnu(e) ? Un simple regard pas très innocent ? Pourtant, même sans savoir la condition exacte de ce contrat Jiyeon signait, parce qu’elle aimait bien trop Marceline pour la contrariée de nouveau, parce qu’elle avait déjà fait tant d’effort jusqu’à présent et elle n’avait pas envie de jeter l’éponge maintenant. « Je ne franchis pas la limite. » répétait-elle comme un mantra, en hochant toujours la tête, prenant enfin le risque de poser ses mains sur les hanches de la blonde, avant de se tirer maladroitement sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur les lèvres rouge de Marceline. « On peut rentrer à la maison ? » demandait-elle enfin, encore tout contre les lèvres de la blonde. C’était bien rare que Jiyeon soit la première à vouloir rentrer de soirée, mais là elle avait fait assez de dégât pour ce soir et, clairement, elle avait assez bu pour refaire une connerie si on la laissait encore seule cinq minutes. Donc autant l’isoler un peu, pour qu’il n’y ait pas de place à de potentielles distractions et histoire qu’elle n’ai d’yeux que pour Marceline. Et puis bon, soyons honnête, maintenant que la peur de se faire gifler par la blonde était passée, sa libido reprenait sa place et Jiyeon avait bien envie de s’isoler un moment avec sa petite-amie.

i bent the truth too hard tonight

I was dancing around,
Dancing around it
High infidelity
Put on your headphones
And burn my city
Your picket fence is sharp as knives
I was dancing around,
Dancing around it

Jiyeon ne se répétrait pas, je le savais. Il me faudrait sûrement des semaines, voire des mois, pour avoir le privilège d’entendre ces mots en anglais, pour savoir ce qui tramait vraiment dans sa tête. Cela me rongeait, parce que mes propres sentiments débordaient de mon coeur, une tempête dans un petit verre, et que j’avais toujours été sincère avec ceux que j’aimais, je n’avais pas peur de leur dire. Je me souvenais des premières semaines avec Mac et combien nous avions rapidement été emportées dans le sillage l’une de l’autre, de cette intensité des débuts que les couples ont parfois. Mais en réalité, j’avais plutôt la facheuse tendance à m’enticher de filles beaucoup plus fermées, et plus elles m’évitaient, plus je ressentais le besoin de m’accrocher et de les aider à s’ouvrir, à me parler de leurs émotions. C’est une catastrophe qui se répétait, mais bien sûr, dans la demi-pénombre du bar, je pouvais enfouir mes sentiments derrière le restant des verres d’alcool que j’avais pu, derrière les lèvres de Jiyeon.

« On peut rentrer à la maison ? »

Je l’embrassai en retour et pris sa petite main dans la mienne en faisant un signe de la tête. Oui, il était temps de partir. L’adrénaline commençait à retomber et je me sentais un peu sonnée de toute la soirée, mes émotions en un noeud étrange. On passa devant mes amis et je leur fis signe qu’on rentrait avec un petit sourire pour les apaiser. Mais je savais que le groupchat serait bombardé de messages dès que je me réveillerais demain, me demandant des détails de ma soirée. Je n’étais pas sûre de ce que je raconterais, de l’honnêteté dont je serais capable - je n’étais même pas sûre de quelle était la vérité que j’aurais pu partager.

J’hélai un taxi et on s’installa à l’arrière avec Jiyeon, nos doigts toujours entremêlés, son corps appuyé contre le mien, provoquant une onde tiède le long de mon dos. J’aimais la sentir contre moi, c’était l’un des rares moments où son affection pour moi me semblait tangible. Les lumières de la ville clignotaient, ma vision se brouillait, je me laissais porter dans cette petite bulle si fragile, cet instant un peu hors du temps où je pouvais observer Jiyeon qui regardait le monde depuis derrière la vitre, les néons des bars formant des ombres sur ses joues.

Le taxi pénétra dans un tunnel, et j’eus un petit sourire en imaginant qu’il s’agissait d’une métaphore grossière : Jiyeon et moi étions ainsi, lancées à pleine vitesse, nous engouffrant dans un long couloir sombre, espérant qu’il y aurait une lumière à l’autre bout, sans aucune idée réelle de ce qui nous attendait. Mais c’était l’amour, ça, non ?

J’observai Jiyeon et son visage, ses traits délicats et son regard un peu perdu, et je jetai une énième pièce dans le puit de mes voeux, sans fond : cette fois-ci, ça sera différent, ça sera différent, ça sera différent.



Terminé @Jiyeon Park