Elle aurait aimé que les choses se passent autrement, mais cette fois-ci même Lily Keegan n’a pas su changer le cours de la vie. Elle n’a pas su anticiper la maladie qu’on a faussement diagnostiqué au foetus dans son ventre, tout comme elle n’a pas su anticiper l’impossibilité d’Ezra de comprendre son point de vue ; et en parallèle elle de comprendre le sien. Ils veulent tous deux le meilleur et tout ce qui s’ensuit, mais ils ne se voyaient pas y parvenir de la même façon, et bien que le ton soit redescendu presque aussi rapidement qu’au rythme auquel il avait pu monter, certains mots ont été dits et ne pourraient être oubliés. Maintenant, son masque de perfection commence à se fracturer sous les yeux d’Ezra. Il aura existé pendant plus d’une décennie, certes, mais elle aurait aimé qu’il continue de le faire pendant des années et des années encore - le genre d’années dont sont faites des vœux de mariage, sans fin aucune. Alors, à la table du mariage auquel Lily a été invitée, auquel Ezra est bien évidemment son invité à son tour, l’ambiance est parfois palpable entre les deux membres de ce couple qui peine parfois à se comprendre. Elle noue souvent ses doigts aux siens et n’a de cesse de trouver son regard, mais ce n’est bien souvent que pour se rassurer elle-même et se dire qu’il est là. S’il est encore à ses côtés maintenant, alors il n’aura aucune raison de ne plus l’être à l’avenir, parce que plus jamais elle ne lui montrera d’autres facettes. “Je suis directrice d’une association contre le cancer et Ezra est ingénieur en mécanique.” Elle annonce, de son plus grand sourire souligné d’un parfait rouge à lèvre d’un rouge éclatant. Les présentations se font autour de la table et elle y prend place à son tour, loin de vouloir monopoliser l’attention sur son couple pour autant ; loin d’en avoir quoi que ce soit à faire que de connaître le métier et la vie des personnes autour d’eux, aussi.

“Je vais faire un tour dehors avant le lancer de bouquet. Il y a beaucoup de vapeurs d’alcool en tout genre. Un peu trop pour moi, je crois.” Un peu trop pour ses huit mois de grossesse et sa sensibilité soudaine à bien trop de choses. Déjà, elle a hâte de pouvoir boire à nouveau du vin, parce que c’est sûrement là le seul point négatif qu’elle trouve véritablement à son état de femme enceinte. Une femme enceinte soucieuse de ne pas faire du mal à son enfant, d’une façon ou d’une autre, et qui préfère momentanément l’air frais au brouhaha d’une salle de réception aussi parfaitement décorée que bondée. Du bout de la main, elle joint ses doigts à ceux de son compagnon, lui proposant de l’accompagner. Ce sera sans doute l’occasion pour lui de fumer, sans qu’elle n’ait le coeur à lui rappeler que cette mauvaise habitude finira par le tuer. Sa main libre dévie sur sa joue, qu’elle estime être plus chaude que la normale. “Tu es sûr que tu vas bien ? Tu couves peut-être quelque chose.” Et la main dévie vers son front, comme si elle avait un thermomètre d’intégré à ses phalanges. “Viens avec moi, ça te fera sans doute un peu de bien.” Même si l’air est encore brûlant, été oblige. La nuit avancée leur permet d’espérer qu’il ne le sera plus tant que ça, et déjà Lily noue son bras autour du sien pour rejoindre la sortie, son pas ralenti par son ventre immense, mis en valeur par une robe qui ne laisse pas le moindre doute quant à son futur qualificatif de mère. “Tu ne t’ennuies pas trop ? Je sais que tu ne connais pas les mariés, mais si ça peut te rassurer je ne connais aucun invité non plus.” Raison pour laquelle elle a présenté le travail de chacun d’eux, raison pour laquelle elle ne l’a pas laissé annoncer le sien, raison pour laquelle il est passé de mécanicien à ingénieur, parce que c’est sûrement du pareil au même, au fond, non ?

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« Je suis directrice d’une association contre le cancer et Ezra est ingénieur en mécanique. » Si la première partie de cette phrase était on ne pouvait plus vrai, la seconde fit un brin froncer les sourcils à Ezra lorsqu’elle parvint jusque ses oreilles. Etait-ce vraiment ce qu’il était, ingénieur en mécanique ? Etait-ce la façon dont les gens désormais dénommaient les mécaniciens dans son genre ? Il savait qu’il n’était pas le plus à même pour se tenir au courant des dernières tendances, mais tout de même, cela paraissait un peu présomptueux de juxtaposer le terme ingénieur devant celui de mécanique. Qu’importe, en réalité: il n’avait de toutes façons pas son mot à dire, la conversation poursuivant déjà vers d’autres sujets et vers d’autres personnes, alors qu’ils s’installaient tous autour de la table qui leur avait été assignée. Si Ezra se trouvait ici aujourd’hui, ce n’était pas parce-que sa présence était indispensable pour cet événement; il ne connaissait que depuis quelques jours les prénoms des deux mariés et les aurait surement oublié d’ici à autant de temps. Il avait été convié en tant que compagnon de Lily, et si cela lui faisait extrêmement plaisir de pouvoir passer un peu de temps avec elle dans un contexte différent de tout ce qu’ils avaient l’habitude de naviguer au quotidien, il aurait préféré que ce type de moment arrive à un autre moment, justement. Parce-que s’il aimait sincèrement la jeune femme, ces dernières semaines, ce n’était pas toujours un regard plein d’amour qu’il posait sur elle - ce dernier avait été à quelques reprises empli de prudence, d’une certaine observation qui n’était pas dans ses habitudes. Parce-que certaines tensions ne savaient se dissiper correctement dans leurs dialogues, dans leurs gestes et dans leurs sous-entendus. Même Ezra s’y était mis, et pourtant ce n’était pas dans ses habitudes. Pour aujourd’hui promis, il avait secrètement dit qu’il ferait des efforts - et cela commençait par ne pas relever lorsque Lily avançait certaines choses face aux autres invités qui n’étaient pas forcément tout à fait justes.

« Je vais faire un tour dehors avant le lancer de bouquet. Il y a beaucoup de vapeurs d’alcool en tout genre. Un peu trop pour moi, je crois. » Détournant son regard de l’homme avec qui il avait engagé la discussion à ses côtés, Ezra accrocha les azurs de la jeune femme pour savoir si ce n’était pas là un message codé pour un sous-entendu en rapport, pour de vrai cette fois-ci, avec quelque-chose de sérieux. Les doigts de Lily se glissant entre les siens l’instant d’après le rassurèrent cependant; elle avait peut-être effectivement trop contre-indications quant à son statut de femme enceinte autour d’elle. « Tu es sûr que tu vas bien ? Tu couves peut-être quelque chose. » Les sourcils d’Ezra se froncèrent un instant, alors que la main de Lily passait de sa joue à son front - comme une mère inquiète pour son tout petit. Elle avait cette fâcheuse habitude de le traiter comme un enfant, aujourd’hui ne ferait pas exception apparemment. « Non, je pense que ça va. » Le sourire qu’il étira était autant attendri, poli qu’un poil énervé; ce dernier aspect ne serait détectable que par Lily, heureusement. « Viens avec moi, ça te fera sans doute un peu de bien. » Il retint un petit soupire, se tournant vers l’homme à ses côtés pour s’excuser. Il se leva par la suite pour suivre Lily vers l’extérieur de la salle de réception.

L’air encore chaud de cette nuit d’été ne mit qu’un instant avant de leur fouetter doucement le visage, le bras de la brune accroché à celui de son compagnon alors qu’ils faisaient quelques pas en extérieur. « Tu ne t’ennuies pas trop ? Je sais que tu ne connais pas les mariés, mais si ça peut te rassurer je ne connais aucun invité non plus. » Esquissant tout de même un petit sourire, Ezra secoua doucement son visage. « Non non, t’en fais pas. Plus d’une personne est intriguée de savoir ce qu’un ingénieur en mécanique fait de ses journées alors j’ai de quoi combler les discussions. » Parce-que peut-être qu’elle avait voulu éviter qu’il réponde quelque-chose d’autre - c’était tout à fait le style de Lily que d’avoir la main mise sur toute situation -, mais maintenant c’était Ezra qui devait se dépatouiller avec les questions que l’on pouvait lui poser. Déposant un baiser sur la joue de Lily tout de même, pour bien montrer que même si ses paroles contenaient un semblant de reproche il ne lui en voulait pas vraiment, il fit quelques pas pour s’éloigner d’elle afin d’allumer une cigarette sans que la fumée ne lui revienne en pleine face. Ce n’était pas bon pour le bébé - pour elle non plus, pour personne en réalité, mais Ezra avait lui à coeur à ce que cet enfant voit le jour coûte que coûte. « Et puis honnêtement, on mange trop bien pour que je regrette d’être venu. » Ces paroles là furent prononcées avec un petit sourire amusé en coin de lèvres, cette fois-ci. C’était plus aisé d’attraper Ezra dans le moindre filet: si le repas était prometteur et que l’ambiance de la soirée ne s’annonçait pas trop pourrie, il trouvait de quoi être satisfait. « Tu fatigues pas trop, ça va ? » Qu’il finit par s’enquérir, son regard passant des yeux de Lily à ce ventre qui prenait désormais bien de la place et qui abritait un petit être qui serait bientôt dans leurs bras. « Si tu sens que tu peux plus tenir, on rentre hein. T’as juste à me dire. » De toutes façons, c’était elle qui choisirait lorsqu’ils quitteraient les lieux, et puis des deux Lily était celle n’ayant pas bu - ce n’était pas les cas d’Ezra, dont la troisième coupe de champagne avait été lâchement abandonnée à table pour s’éclipser avec Lily à l’extérieur.

Il dit qu’il va bien mais Lily n’ne fait qu’à sa tête, préconisant déjà à Ezra de prendre l’air, comme si cela allait agir tel un remède miracle sur sa personne. C’est ce qu’elle espère, puisqu’après tout il souffre simplement d’une légère hausse de température, ce qui ne tue plus personne depuis près d’un siècle. En réalité, cette sortie est surtout l’occasion pour elle de pouvoir lui parler un peu en tête à tête, ce qui n’était pas le cas à l’intérieur d’une salle de réception remplie d’invités aussi nombreux que variés. « Non non, t’en fais pas. Plus d’une personne est intriguée de savoir ce qu’un ingénieur en mécanique fait de ses journées alors j’ai de quoi combler les discussions. » Et elle sourit, Lily, parce qu’elle préfère croire qu’il en rigole lui aussi plutôt que ces mots soient en réalité une façon détournée de lui faire un reproche. Son visage se penche doucement sur le côté et ses yeux clairs trouvent les siens, avec délicatesse autant qu’avec amour, son bras enroulé autour du sien et sa main libre éternellement posée contre son ventre arrondi. “Et qu’est-ce que tu réponds ?” Elle demande sur un ton égal, pourtant curieuse de savoir s’il joue le jeu à son tour ou s’il se contente de répondre qu’il glisse sous les voitures et passe ses mains à travers de tout un tas d’objets plein de graisse.

« Et puis honnêtement, on mange trop bien pour que je regrette d’être venu. » Cette fois-ci, elle ne doute pas un seul instant qu’il utilise l’ironie et, à son tour, elle en rigole de bon cœur. Elle regrette effectivement de ne pas avoir le droit de goûter à tous les plats, ni même au vin. “Les mariages sont toujours les meilleurs endroits où manger.” Lily ajoute telle une vérité générale, sans doute déjà en train de le préparer à l’idée qu’elle ne refusera jamais de se présenter au moindre mariage et qu’on l’invite au moins une fois par an, elle et sa facilité à se nouer d’amitié avec le premier venu, que cela soit sincère ou non. Les mariages sont aussi l’occasion de porter une robe magnifique, de monter ses cheveux en chignon, et d’appliquer le plus rouge et précis rouge à lèvre qui soit. Elle adore les mariages, bien sûr, et elle les adore d’autant plus au bras d’Ezra, qui semble volontiers se prêter au jeu. « Tu fatigues pas trop, ça va ? » Elle prend une seconde de plus pour répondre, le temps de réfléchir à la situation et de peser ses mots. “Je tiendrai pas jusqu’à l’aube, si c’est la question. Mais ça va. On reste assis et j’ai repéré les toilettes, je peux survivre.” La jeune femme ne cherche pas à lui mentir, justement parce qu’elle n’a rien à lui cacher (sur ce sujet du moins). Elle se fatigue bien plus vite que d’habitude mais elle est aussi résistante, et elle veut profiter du mariage, surtout alors qu’elle le passe aux côtés de l’homme qu’elle aime. « Si tu sens que tu peux plus tenir, on rentre hein. T’as juste à me dire. » Son sourire persiste, et il existe toujours lorsqu’elle arrête finalement d’avancer, sa main toujours accrochée à celle d’Ezra poussant ce dernier à se retourner face à elle, pour qu’elle puisse l’embrasser un peu plus facilement, avec une tendresse infinie. Ses mains se posent finalement à la naissance de son cou, de part et d’autre, alors que ses yeux ne lâchent pas les siens. “T’essaies de me faire passer un message ? Ou c’est juste que tu t’entraînes déjà à jouer le parfait papa poule ?” Pour une fois, il n’existe pas de mauvaise réponse, et Lily se contente de se montrer curieuse, pourtant pas étonnée le moins du monde qu’Ezra soit attentif à sa personne autant qu’à la santé du bébé. Il est un père incroyable et il le sera encore plus avec leur enfant, elle n’en a jamais douté, et elle le lui a toujours dit. “Je te le dirai, s’il y a quoique ce soit. En attendant, ne t’en fais pas pour moi.” Et ses mains glissent contre ses épaules, pour les lui masser comme elle le peut, pour appuyer un peu plus encore ses mots et ses pensées. Pour une fois, tout va bien.

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Malgré tout, le sourire de Lily était contagieux et Ezra ne sut réfréner celui qui se glissait sur ses propres lèvres. « Et qu’est-ce que tu réponds ? » A cette question là, deux finalités s’offraient au mécanicien: soit il appuyait sur le fait qu’elle n’aurait jamais du inventer une absurdité de la sorte - parce-que certaines personnes croyaient réellement qu’un ingénieur en mécanique était un vrai métier, désormais -, soit il répondait à la question, aussi simplement que cela. Après une seconde de silence supplémentaire, il finit par déposer les armes, au moins pour cette discussion là. De toutes façons, il avait déjà le sourire aux lèvres, donc autant continuer sur cette lancée. « Pour la plupart des curieux, j’ai juste eu besoin de dire à la suite des termes techniques et ils semblaient contents des explications. Sinon, euh… » Il grimaça légèrement. « J’ai peut-être fui une ou deux discussions en prétextant que tu avais besoin de moi pour pas avoir à réellement expliquer quoi que ce soit. Donc peut-être que certains vont te demander si tu vas bien maintenant. » C’était donnant-donnant, en réalité; et puis ce n’était pas ce type d’attention qui pouvait être fournie par des inconnus qui ne serait pas bien vue par Lily, alors ils risquaient de tous deux bien s’en sortir ici. Sur cette partie là, et sur le fait qu’ils avaient gagné un bon repas aussi en prime - ça valait toutes les questions un peu étranges de la part d’inconnus qu’ils ne reverraient surement jamais. « Les mariages sont toujours les meilleurs endroits où manger. » - « C’est quand le prochain auquel on est invités ? » Peut-être qu’il avait ajouté là une touche de malice autant dans son regard que dans ses paroles.

« Je tiendrai pas jusqu’à l’aube, si c’est la question. Mais ça va. On reste assis et j’ai repéré les toilettes, je peux survivre. » Les pensées et les paroles d’Ezra s’étaient finalement concentrées sur l’état de santé de sa compagne, car bien même s’il appréciait la soirée et qu’il aimait l’idée de bien manger, si Lily sentait son énergie vaciller à n’importe quel moment, il était prêt à plier bagages pour rentrer chez eux. Il ne pourrait pas conduire, car son taux d’alcoolémie était déjà hors limite, mais pour souligner qu’il était tout fait conscient que ce n’était pas avec son ventre arrondi que Lily pouvait être parfaitement en forme et que ses limites seraient plus rapidement atteintes qu’à l’accoutumé. « La petite est agitée ce soir ? » Ecrasant sa cigarette dans l’un des pots à portée de mains - qui n’était peut-être qu’un pot de fleurs, d’ailleurs -, il put se laisser attirer par la brune jusque dans ses bras. Si les mains de Lily s’accrochèrent à son cou quand ses lèvres trouvèrent les siennes pour échanger un baiser, les paumes d’Ezra glissèrent le long des nouvelles courbes de Lily. Huit mois de grossesse, mais les bras de Beauregard étaient toujours assez longs pour se croiser dans le creux des reins de la jeune femme aux yeux envoutants. « T’essaies de me faire passer un message ? Ou c’est juste que tu t’entraînes déjà à jouer le parfait papa poule ? » Il souffla un petit rire par le nez, secouant quelque peu sa tête. « Je suis déjà un papa poule, c’est peine perdue d’imaginer le contraire pour celle-là. » Et il le disait sans aucune honte dans la voix: il adorait ça, être papa poule, Ezra.

« Je te le dirai, s’il y a quoique ce soit. En attendant, ne t’en fais pas pour moi. » Ses yeux accrochèrent de nouveau ceux de la brune, alors qu’il pinçait ses lèvres un instant, un air presque amusé accroché à son visage. « C’est ce que t’as loupé: je m’en ferai toujours pour toi. » Ca avait déjà tendance à être le cas d’ordinaire, mais alors qu’elle portait sa future progéniture et qu’elle était vouée à rester à ses côtés bien plus longtemps que la première fois, Beauregard comptait bien continuer de s’en faire pour elle à travers les années à venir. « Je m’en ferai toujours pour toi, comme je m’en ferai toujours pour elle, comme c’est déjà le cas pour Noah. » De toutes façons, toute personne à laquelle il tenait un minimum faisait partie de cette liste. « Vous êtes ma famille, et je prends soin de ma famille. » Peut-être que leur conversation avait un gout bien plus sérieux que prévu, mais c’était là un quelque-chose que Lily allait devoir comprendre et se rentrer dans le crâne: il était là pour ne plus partir, et il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour prendre soin de tout ce petit monde. Qu’importe ce qu’elle pouvait en dire, les choses se dérouleraient ainsi. Leur dernière conversation n’avait pas tourné comme prévue parce-que justement, Lily n’avait pas pris en compte toute la part d’implication d’Ezra dans le procédé menant au fait d’accueillir un nouvel enfant; il lui soulignait de nouveau que ce n’était pas négociable et qu’il resterait dans le coin, coute que coute, qu’importe ce qu’elle aurait à dire sur le sujet.

Lily attend avec tout le sérieux du monde la réponse à sa question, pour s’assurer qu’Ezra tend en son sens et qu’ils alimentent ensemble le même mensonge, tel que n’importe quel couple devrait le faire. Et plus encore les couples qui s’apprêtent à devenir parents. Alors, elle écoute avec attention ce qu’il a à lui dire, et elle sourit un peu plus encore lorsqu’elle a la confirmation qu’il la suit dans son mensonge et qu’il force leurs voisins de table d’y croire à leur tour. Ses doigts glissent un peu plus contre ses hanches qu’elle caresse doucement, heureuse de l’entendre prononcer de telles paroles. “Je dirai que j’avais simplement besoin d’air, et ce ne sera même pas un mensonge.” Elle l’aidera à son tour à donner de la force à son mensonge, parce qu’elle a toutes les raisons du monde de le soutenir à son tour. « C’est quand le prochain auquel on est invités ? » La jeune femme comprend plus que jamais le sous entendu derrière les mots d’Ezra, bien sûr, mais elle ne foncera pas dans le tas pour autant. Elle a toujours trop de fierté pour ça, Lily. “Je sais pas. Il va falloir étendre notre cercle d’amis et surtout ceux qui sont en couple, j’imagine.” Quand bien même, tout serait bien plus simple s’ils décidaient eux-mêmes de se marier, mais pour ça tout est entre les mains d’Ezra: c’est lui qui doit faire sa demande, de toute évidence.

« La petite est agitée ce soir ? » - “Je crois qu’elle a hâte de sortir, maintenant.” Elle sourit, sa fatigue s’observant plus que jamais sur son visage. C’est une bonne fatigue, pourtant. Le genre qui fera d’elle une mère d’ici très peu de temps, ce qui terminera de la combler de bonheur, comme en cet instant alors qu’elle peut simplement embrasser l’homme qu’elle aime. Elle se laisse attirer contre lui, ce qui a tout de paradoxal à en juger par la taille temporaire de son ventre. « Je suis déjà un papa poule, c’est peine perdue d’imaginer le contraire pour celle-là. » C’est vrai, oui. Il est déjà un excellent papa poule, et elle n’en a pas douté un seul instant, surtout pas alors qu’elle l’observe à l’oeuvre depuis plusieurs années déjà et qu’elle rend Noah parfaitement heureux. “Je t’aime comme ça.” Elle souffle, sa main contre la joue du Beauregard, qu’elle n’imagine pas devenir un jour autre chose qu’un père parfait, pour Noah comme pour leurs enfants. « C’est ce que t’as loupé: je m’en ferai toujours pour toi. » La jeune femme sourit à nouveau et laisse tendrement sa tête retomber contre l’épaule de son petit-ami. Même avec elle, il agit comme un papa-poule, à n’en pas douter. “Ménage tes cheveux blancs, tu n’as pas besoin de t’en faire pour moi au quotidien.” Et quand bien même il aurait effectivement eu raison de le faire cette année, Lily ne risque pas de le lui dire, parce qu’elle veut à son tour le protéger, surtout de la vie qu’elle mène et de celle que son frère a décidé de mener à son tour. Ezra vit bien mieux sans savoir cette partie-là de son histoire.

« Je m’en ferai toujours pour toi, comme je m’en ferai toujours pour elle, comme c’est déjà le cas pour Noah. Vous êtes ma famille, et je prends soin de ma famille. » Elle sait. Bien sûr qu’elle sait. Bien sûr qu’elle n’aurait jamais voulu fonder une famille avec un homme qui ne prend pas soin de ceux qu’il aime. Ce n’est jamais un doute qui a plané sur la personne d’Ezra, à aucun moment au cours des deux dernières décennies. “Je sais. Je sais tout ça, et c’est pour ça que je t’aime autant.” Parmi bien d’autres raisons, en effet, elle trouve certaines qui ont plus de poids que d’autres. “J’ai hâte de te voir à l’oeuvre à nouveau, monsieur le papa ingénieur.” Elle a surtout hâte de le voir à l'œuvre auprès d’un enfant qui sera aussi le sien, ce qui rabat complètement la donne, il faut bien l’avouer. “Tu pensais encore devenir papa, après Noah, après tout ça ?” Il comprendra ce qu’est le tout ça en question, qui parle autant pour l’éloignement avec son fils que pour tout le temps qu’il lui a fallu pour enfin le rencontrer et, surtout l’avoir à ses côtés. Elle veut savoir s’il avait toujours dans un coin de sa tête le rêve d’agrandir sa famille ou s’il a simplement arrêté d’avoir cet espoir au fil du temps, curieuse de la façon dont son esprit fonctionne.

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« Je dirai que j’avais simplement besoin d’air, et ce ne sera même pas un mensonge. » Il souffla, faussement soulagé, ayant déjà un sourire accroché à ses lèvres. « On devrait réussir à s’en sortir alors. » Il ne se rendait pas compte en réalité à quel point cette façon de faire là pouvait devenir si rapidement une habitude - et à quel point surtout, jouer sur les mots pour simplement se défaire d’une conversation pouvait cacher bien plus gros. A quel point, au dessus de tout ça, Lily était habituée à agir de la sorte. Ezra voyait là un jeu presque innocent, où ils s’amusaient de leurs voisins de table qu’ils ne reverraient peut-être jamais, et au pire pas de suite; le prochain mariage était quand ? Savoir la date jusqu’à laquelle ils avaient le temps de peaufiner leur version. « Je sais pas. Il va falloir étendre notre cercle d’amis et surtout ceux qui sont en couple, j’imagine. » Il grimaça légèrement. « Ca sonne ennuyeux. » Comme si cela pouvait réellement l’être: Lily comme lui savaient très bien que se faire de nouvelles connaissances n’était en rien une corvée pour Ezra. Et surtout, il n’en parlerait pas en cet instant à haute voix, parce-qu’il n’avait pas prévu d’être présent à un mariage autre que le sien dans les mois à venir. Un sujet pour une autre fois.

Surtout qu’au delà des festivités autour d’eux, Ezra se faisait vraiment du soucis de savoir comment se portait Lily, et la petite progéniture qu’elle couvait. « Je crois qu’elle a hâte de sortir, maintenant. » A ces mots, un sourire tendre s’étira sur les lèvres de Beauregard. Comme par réflexe, l’une de ses mains se porta sur le ventre de la brune. « Et nous on a hâte de la rencontrer, alors si elle veut sortir, elle est la bienvenue. » Il disait ça avec toute l’innocence qui le caractérisait, n’ayant aucune notion de si c’était le bon moment ou non pour la petite de pointer le bout de son nez. Il savait parfaitement qu’un enfant était supposé naitre au bout de neuf mois de grossesse, mais parfois certains arrivaient plus tôt - peut-être que leur fille pouvait donc être parmi eux plus tôt que prévu sans encombre. Une chose était sure: qu’importe le moment où elle serait parmi eux, il se transformerait en papa poule pour elle à cette seconde là, tout comme il l’était avec Noah depuis des années. « Je t’aime comme ça. » Bien sur qu’il y avait un brin de fierté dans son sourire désormais. « Heureusement, parce-que t’es coincée avec moi maintenant et que je saurais pas changer. » Elle était coincée avec lui, il ne comptait pas la laisser partir: elle était sa famille, désormais - elle et la petite terreur enfermée dans son ventre pour le moment. Elles seraient dénommées les femmes de sa vie à partir de maintenant tout de suite, il en avait décidé; elles seraient surtout les deux femmes pour lesquelles il ne saurait faire autrement que de s’inquiéter en permanence. « Ménage tes cheveux blancs, tu n’as pas besoin de t’en faire pour moi au quotidien. » - « Ah-ah. » Sans s’en rendre compte, il passa tout de même une main dans ses cheveux - ou… ce qu’il en restait, malheureusement. Surtout qu’il ne rigolait pas, que ce n’était en rien une blague pour lui, lorsqu’il affirmait qu’il s’en ferait tout le temps pour Lily. C’était le cas aujourd’hui parce-qu’elle était ronde comme une baleine, mais ce serait le cas pour le reste du temps qu’ils pourraient passer l’un à côté de l’autre. Qu’importe ce qu’elle avait à dire sur la question, pour une fois. « Je sais. » - « Tu sais ? » - « Je sais tout ça, et c’est pour ça que je t’aime autant. » Les prunelles d’Ezra accrochèrent un instant de plus celles de la brune pour être sur qu’elle comprenait effectivement de quoi il en ressortait; lorsque ce fut le cas, il posa un instant ses lèvres sur les siennes pour lui dérober un baiser - tendre, presque comme scellant une promesse silencieuse entre eux. Qu’importe ce qu’il pourrait se passer, il s’en ferait pour elle mais plus important: il serait toujours à ses côtés. Qu’importe ce que cette promesse pouvait apporter dans ses bagages. « J’ai hâte de te voir à l’oeuvre à nouveau, monsieur le papa ingénieur. » Il leva les yeux au ciel, non sans réussir à retenir un petit rire. Ingénieur - et puis quoi encore. « Si tu le répètes assez souvent, même moi je vais finir par y croire. »

« Tu pensais encore devenir papa, après Noah, après tout ça ? » Rattrapant une toute petite mèche de cheveux qui s’échappait du chignon de la jeune femme, il s’autorisa un petit soupire - plus reflétant les quelques pensées dans lesquelles il se glissait plutôt que d’un quelconque autre ressenti. « Honnêtement ? » N’était pas le but, d’être honnête, lorsque votre moitié vous posait ce type de questions ? Il plissa quelque peu le bout du nez. « Plus vraiment, non. » Cette fois-ci, son soupire fut chargé de plein d’émotions différentes, même de celles qu’il ne pensait plus réellement ressentir. Les choses avec Noah avaient tellement été compliquées, que pendant longtemps il s’était même dit qu’il n’était simplement pas à la hauteur pour être père et que c’était là une façon de lui faire comprendre - par qui, par quoi, il ne savait trop mais comme une punition infligée par une force supérieure pour ne pas avoir été honnête et franc dès les débuts. « Pendant longtemps, je me suis dit que j’avais déjà de la chance de savoir que j’avais un fils quelque part et qu’il allait bien. » Première partie de l’histoire vite transformée. « Après, j’ai appris qu’il allait pas bien. Mais il a été sauvé, et j’ai pu le rencontrer. » Même avec des personnes en qui il avait pleinement confiance comme Lily, les événements étaient toujours compliqués à évoquer; les cicatrices laissées étaient encore rouges. « Et quand tout s’est un peu apaisé, je me suis juste résigné à me dire que les choses étaient bien comme ça, une nouvelle fois que j’étais chanceux. » Il haussa les épaules. « J’étais heureux, je pense que ça me suffisait. Mais quand t’as grandi dans une grande famille comme moi, que tu connais la joie d’avoir des frères et soeurs… » Il avait toujours nourri secrètement l’idée et l’envie de pouvoir procurer satisfaction similaire à Noah. A quelques détails près, bien sur, puisque ses potentiels frères et soeurs seraient bien plus jeunes que lui, et pas tout à fait issus des mêmes parents. « Quand Ginny a accouché de Sloan, je me suis rassuré en me disant qu’au moins, Noah aurait au moins un frère dans ce monde. Mais c’était pas le plus satisfaisant de savoir que j’étais pas responsable de ça, pour une fois. » Il passerait sur le fait que l’’autre homme impliqué aurait pu ne pas l’être que tout le monde se porterait mieux, mais soit. « Et là t’as débarqué avec ta proposition, sortie de nulle part. J’ai pas eu besoin de réfléchir longtemps, l’évidence était là finalement. » Avec un fin sourire, il glissa sa main le long de la joue de Lily, caressant cette dernière presque distraitement du pouce.

Lily a beau rayonner lorsqu’elle est enceinte et faire partie de ces femmes que tout le monde déteste parce qu’elles semblent à peine se rendre compte qu’elles portent la vie, et surtout parce qu’elles semble passer outre toutes les conséquences qui vont avec sur son quotidien et sur son corps, n’en reste pas moins que sa fatigue se fait parfois évidente, surtout lorsqu’elle sourit et que sous ses yeux se forment des cernes qui ne sont que très rarement visibles. « Et nous on a hâte de la rencontrer, alors si elle veut sortir, elle est la bienvenue. » Mais oui, le terme approche et bientôt, elle pourra enfin prendre sa fille dans ses bras et non plus se contenter de poser ses mains contre son ventre, comme le fait Ezra lui-même en cet instant. Elle est la bienvenue, elle l’a toujours été, et surtout elle est terriblement attendue par ses parents. La tendresse de la jeune femme se transmet de sa fille vers son petit-ami, à qui elle ne se retient pas de préciser encore une fois qu’elle l’aime et qu’elle ne voudrait pas le changer, pour rien au monde. « Heureusement, parce-que t’es coincée avec moi maintenant et que je saurais pas changer. » - “Quelle infamie.” C’est la vie qu’elle veut avoir, c’est celle qu’elle a provoquée aussi. De toute évidence, elle ne souhaite rien y changer, parce que si les choses sont ainsi aujourd’hui, c’est parce que Lily l’a voulu. Cela ne l’empêche pourtant pas d’apprécier l’instant à sa juste valeur, et sa vie avec Ezra tout autant, en témoigne le baiser aussi doux que sincère qu’elle échange brièvement avec lui.

Lorsqu’il s’occupe les doigts en replaçant une mèche rebelle de la coupe de Lily, cette dernière ayant pourtant été exécutée avec une minutie quasi militaire, elle en profite pour l’interroger sur ce qu’il pense et ressent à l’idée de devenir père à nouveau, d’ici peu de temps. « Honnêtement ? Plus vraiment, non. » Elle demande qu’il soit honnête, oui, mais si elle devait l’être de son côté, elle ajouterait qu’elle se doutait que ce serait sa réponse. A sa place, personne n’aurait pu se douter que les choses prendraient une telle tournure. Elle la première, elle le désirait, mais elle ne pouvait pas s’en assurer. « Pendant longtemps, je me suis dit que j’avais déjà de la chance de savoir que j’avais un fils quelque part et qu’il allait bien. » Lily grimace malgré elle, reconnaissant dans ses mots une vision édulcorée de la réalité des choses. Elle ne le soutient pas moins pour autant, ayant d’ores et déjà logé la main de sa main contre sa joue, ses doigts assez longs pour venir jouer avec ses mèches. C’est pourtant dans un silence de cathédrale qu’elle l’écoute lui expliquer la situation de son point de vue, pour la première fois depuis longtemps. L’arrivée de leur enfant leur donne le droit d’observer le sujet difficile de Noah, sûrement. « [...] Et là t’as débarqué avec ta proposition, sortie de nulle part. J’ai pas eu besoin de réfléchir longtemps, l’évidence était là finalement. » C’est au tour de la jeune femme de sourire timidement, touchée de savoir que sa proposition a redonné un certain sens à sa vie. “J’aurais voulu faire les choses un peu plus… naturellement, tu sais. Mais j’avais peur que tu me repousses.” Ce qu’elle ne précise pas, c’est qu’elle était habitée par cette certaine peur uniquement à cause de la proximité de la mort de son mari, et ancien ami d’Ezra. Tout est terriblement lié, et jamais elle n’aurait voulu le poser dans un certain cas de conscience. Il ne le mérite pas. “J’ai hâte de voir notre famille s’agrandir, et Noah devenir grand frère.” Il l’est déjà du côté de Ginny, mais peu importe. Au moins, c’est un choix de parrain ou marraine qui ne semble pas se poser, et tant mieux: Lily ne la porte pas vraiment dans son coeur. “Et tout se passera bien, d’accord ? C’est pas parce que tu as connu des problèmes une fois qu’ils sont voués à se produire.” Son enfant ne sera pas malade, c’est impossible, elle le refuse. D’ici quelques semaines, il sera à leurs côtés, et surtout il ira parfaitement bien. "On rentre ?" Elle capitule face à la fatigue, sa question n'en étant pas vraiment une. Ils ont déjà bien profité de la soirée et du mariage. "Oh non attend, le lancer de bouquet et après on rentre." Ses yeux brillent de la même façon que le font ceux des enfants alors que, déjà, du bout des doigts, elle l'amène à sa suite à l'intérieur de la salle de réception.

loving you was sunshine, safe and sound

@lily keegan

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Il y avait bien des pans de sa vie qu’Ezra n’avait, malheureusement, pas besoin d’expliquer à Lily puisqu’elle avait été aux premières loges pour observer le spectacle. Cependant, étant donné qu’il n’était pas forcément le plus expressif concernant ce qu’il pouvait ressentir et sur la façon dont il voyait les choses, il n’était pas tant que ça étonné qu’elle puisse poser ce type de question. Surtout que désormais, la réponse d’Ezra était d’autant plus facile à donner, alors que les choses semblaient enfin se stabiliser pour lui et prendre un nouveau tournant - un bon tournant, de ceux qui vous apportaient des touches de bonheur au quotidien. Il n’avait plus autant peur d’aborder des sujets qui pouvaient être difficiles, car il avait d’autres angles d’attaque pour ces derniers et surtout, des nouveaux éléments bien plus rassurants à y ajouter. « J’aurais voulu faire les choses un peu plus… naturellement, tu sais. Mais j’avais peur que tu me repousses. » Ce ne fut en aucun cas en entendant les mots de la brune qu’il retira sa main de sa joue, continuant de caresser sa peau avec délicatesse et amour, un petit sourire toujours accroché à ses lèvres. « J’en serai pas capable. » Qu’importe ce qui avait pu se passer entre eux, dans un passé plus ou moins proche; qu’importe les personnes qui étaient entrées et malheureusement sorties de leur vie, cela ne changeait rien pour Beauregard non plus. Jamais, ô grand jamais, il n’aurait pu repousser celle avec qui il partageait son quotidien désormais. Elle avait toujours eu beaucoup trop de valeur et d’importance pour lui, même lorsque leurs chemins s’étaient séparés pendant un temps. « Et puis, cet enfant est tout ce qui y’a de plus naturel, le résultat est le même finalement. » Le petit sourire attendri qu’il portait jusque maintenant se mua en un légèrement plus amusé, plus taquin, alors qu’il déposait un baiser rapide sur ses lèvres. La finalité était tout ce qui importait, désormais.

« J’ai hâte de voir notre famille s’agrandir, et Noah devenir grand frère. » Il se contentait de sourire, mais en réalité une partie de son coeur se mit à fondre aux mots de la jeune femme - il ne le montrerait simplement pas, ce n’était pas dans ses habitudes d’agir de la sorte. Mais l’idée qu’elle ait autant hâte de voir Noah devenir grand frère lui réchauffait le coeur. « J’ai vraiment hâte aussi. » Pour compléter les mots qu’il avait prononcé à haute voix juste avant: il pensait que cela ne serait plus possible, que l’idée d’avoir une famille rien qu’à lui avait disparu, alors bien sur qu’il avait on ne pouvait plus hâte de voir désormais son grand accueillir une petite soeur à ses côtés. « Et tout se passera bien, d’accord ? C’est pas parce que tu as connu des problèmes une fois qu’ils sont voués à se produire. » Ezra pencha légèrement sa tête sur le côté, échappant un petit soupire chargé quelque peu d’émotions. Il aimerait croire Lily de tout son coeur et il espérait sérieusement qu’elle aurait raison; s’il y avait bien quelque-chose qu’il savait particulièrement, c’était que la vie n’était pas un long fleuve tranquille et que bien des choses pouvaient se passer entre maintenant et le reste de leur vie. Il choisit cependant de se concentrer uniquement sur le bon côté des choses pour ce soir. « J’ai confiance. » En elle, en eux, en la vie au moins pour une minute et si ce n’était pas plus, il espérait que ce serait suffisant. Après tout, ces derniers temps, les événements semblaient aller en sa faveur et la vie semblait lui sourire; alors il pouvait accorder un brin de confiance en la vie et en l’avenir.

« On rentre ? » Ezra esquissa un petit sourire, autant attendri qu’amusé, alors qu’il avait plus ou moins anticipé cette partie là de la soirée. Comme il l’avait formulé une poignée de minutes plus tôt, ce n’était pas là une question à laquelle il répondrait réellement, puisqu’il n’était pas le décisionnaire ici. Lily était celle qui avait la santé la plus fragile des deux, pour une fois, et il ne comptait pas faire le moindre commentaire si elle préférait écourter la soirée pour retrouver le confort de leur maison. « Oh non attend, le lancer de bouquet et après on rentre. » Cette fois-ci, il laissa échapper un rire franchement amusé. « C’est toi la chef, je te suis. » Glissant l’une de ses mains le long de la taille de la brune, déposant un baiser sur sa tempe au passage, il laissa son regard glisser jusqu’à la salle de réception, un peu plus loin - non sans s’attarder un moment sur les yeux de Lily. Oh, il n’était pas très futé mais n’était pas totalement idiot non plus: il avait très bien compris que tous ces détails là, qui n’étaient que des petits rien pour lui, étaient important aux yeux de la brune. Lui n’apportait pas d’importance à un lancer de bouquet, mais il savait Lily y laisserait sous-entendre de grandes choses pour leur avenir, à travers ce dernier « Je vais en profiter pour voir si y’aurait pas une part de gâteau à emporter en même temps. » Ses doigts glissèrent de la taille de Lily jusque sa main, entrelaçant ses doigts des siens, les serrant doucement comme pour assurer sa présence à ses côtés.