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 (joseph) a whole pocket full of stones

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Message(#)(joseph) a whole pocket full of stones EmptyMer 21 Déc 2022 - 17:40


☾ a whole pocket full of stones
I tried to paint you a picture, the colors were all wrong. Black and white didn't fit you and all along, you were shaded with patience. Lord knows I failed you time and again but you and me are alright. I figured there's nothing to lose, I need to get some perspective on these words before I write them down. You're an island and my ship has run aground.
@JOSEPH KEEGAN ☆ MICKEY REEVES
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tw: consommation de drogues

Mickey observe l'heure tourner avec une impatience qui en dit déjà long sur l'état de manque qui le guette, car l'ancien champion a de toute évidence très mal calculé son coup pour qu'il lui reste à peine de quoi tenir ce soir. Il est généralement bien plus large sur son stock mais il a peut-être aussi un peu intensifié ses consommations dernièrement, pour une raison qu'il ne justifiera évidemment pas auprès de quiconque. Ce qui peut bien le mener à la défonce ne regarde personne, quand bien même il ne pourrait pas nier que les rappels incessants d'une procédure de divorce à boucler ne sont jamais étrangers à ce genre d'accentuation chez lui. Il ne signera pas ces foutus papiers, peu importe en combien de langues il devra le dire et combien de rendez-vous chez l'avocat il devra annuler pour le faire entendre, Mickey a d'ores et déjà décidé qu'on ne lui imposerait rien. Et ce qu'il peut imposer aux autres en retour ne pèse évidemment pas sur la balance, aussi égoïste puisse-t-il être quand il s'accroche à un mariage qu'il a pourtant tué de ses propres mains. C'est de toute façon la spécialité de l'ancien champion, briser ce qu'il a de plus cher pour finir par se détruire à son tour et c'est aussi la plus grande ironie de sa vie, qu'aucun adversaire sur un ring n'ait jamais réussi à l'abîmer autant qu'il peut s'abîmer lui-même. Mickey n'a jamais eu besoin des autres pour ça et il n'en est d'ailleurs pas peu fier, comme s'il y avait quoi que ce soit de glorieux au fait de creuser sa propre tombe, un peu plus tous les jours. Justement, il n'aura bientôt plus de quoi se tuer à petit feu et il n'est pas question pour lui de rester un seul jour sans ses petits flocons de joie, un problème qui trouvera sous peu sa solution alors que celle-ci répond presque toujours au même nom : Joseph, qui a gagné malgré lui un statut d'habitué dans ce bar auxquels n'accèdent que de rares privilégiés. Ils ne sont pas nombreux à détenir ainsi sa confiance et à pouvoir compter sur sa fidélité en tant que client mais l'heure de leur rendez-vous n'arrive pas assez vite à son goût, et la tentation de s'enfiler une ligne ou deux le titille bien plus qu'il ne le faudrait. Mickey tient bon pourtant, il a expérimenté des manques bien pires que celui-ci et sa devise est claire : on ne touche pas aux dernières réserves, sauf en cas d'extrême urgence que rien ne pourrait justifier ici.

Son ami est ponctuel, fort heureusement pour lui. Le mot de passe n'a pas changé depuis la dernière fois et le chemin menant au sous-sol du Blind Tiger est toujours le même, lui aussi. Mickey l'attend sur un canapé capitonné que Joseph connait bien à présent et sur lequel il l'invite sans plus attendre à s'assoir, avant de claquer des doigts pour attirer jusqu'à eux une serveuse de passage. « Tu bois un truc ? Tu sais qu'on a de tout ici. » Tout ce qui peut se boire a forcément sa place dans ce sous-sol ou à l'étage, Mickey n'a qu'un nom à donner pour que son employée aille leur chercher le nécessaire et pour une fois, il est même d'humeur à laisser son invité choisir pour deux. Et alors que les deux hommes s'apprêtent à entreprendre leur petit échange un combat semble se dessiner en arrière-plan, de quoi garantir un fond des plus palpitants à cette discussion ainsi qu'une distraction toute trouvée du côté de l'ancien champion. Mickey n'ira pourtant pas compter les points ce soir, pas tant qu'il n'aura pas entre ses mains la commande qu'il a passée car toute transaction se doit d'être bien faite, d'autant plus quand il en est l'acheteur. « Tu peux poser ça là, je te fais confiance sur la quantité. » Prétendre qu'il n'analysera pas le nombre de sachets à vue d'œil serait mentir mais du reste, il ne croit pas Jo capable de le rouler. Avec lui Mickey en a toujours pour son argent et même bien plus encore, quant à sa consommation personnelle elle s'en porte à merveille alors s'il doit se méfier de quelqu'un ce n'est certainement pas de lui. « La prochaine fois je te préviendrai un peu plus en avance, là j'étais vraiment ric-rac niveau stock. » Et il n'avait pas prévu non plus qu'il écoulerait sa dernière livraison si vite, la dernière venue de Joseph ne remontant pas à bien longtemps entre ces murs. Les yeux du boxeur se posent sur son fournisseur et ami dont la gestuelle a désormais tout d'habituelle, il n'y a aucune raison que les choses soient différentes cette fois alors Mickey passe en revue ses billets pour s'assurer que le compte soit bon, en bon payeur qu'il peut aussi être parfois. Joseph est l'une des rares personnes à qui il ne doive pas d'argent dans cette ville et il s'en féliciterait presque, bien loin de s'inquiéter du fait que cette fameuse prochaine fois puisse être subitement compromise.

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Message(#)(joseph) a whole pocket full of stones EmptyLun 23 Jan 2023 - 3:47

Ce rp se passe après la mort de Lou.


Des signes, Joseph en a vu passer des milliers devant ses yeux. La prison, les choses qu’il a faites qui ne ressemblaient pas à sa plume, l’overdose, ses amis qui sont disparus un après l’autre comme des taupes qui auraient reçu un coup de maillet en caoutchouc sur la tête à la fête foraine. Il est l’un des derniers à sentir son sang couler dans ses veines et à s’endormir la peur dans le ventre. Il n’a jamais eu sa place auprès d’un gang, sa présence ayant toujours fait tache d’une manière ou d’une autre, que ce soit par l’absence de mots qui s’échappaient de ses lèvres quand il devait prendre une décision radicale ou par sa tendance à s’attacher à quiconque lui tend la main, peu importe le passé, le visage, les actions de cette personne. Des morts, il en a vues. Deux juste devant ses yeux, trois ou quatre qui se sont passées ailleurs mais qui ont fini par venir lui voler des larmes.

Un  gars comme lui ne devrait pas pleurer. C’est ce que lui dirait Lou si elle se trouvait devant lui. Ils trinqueraient ensemble en l’honneur de son tempérament de chiot et elle se demanderait pour la vingtième fois ce que Joseph peut bien pouvoir tirer de sa place au sein de la Ruche s’il n’a plus besoin d’elle pour calmer les demandes agressives de son addiction.

Mais Lou n’est plus là. Lou ne sera plus jamais là. Au comptoir d’un bar trouvé par hasard dans un recoin séparé de Brisbane, Joseph boit, parce que c’est tout ce qu’il peut faire pour avaler ce nouveau deuil. Il n’est que dix-neuf heures. Partir. Il voudrait partir. Plus rien ne le retient. Plus de clients maniaques à la rue, plus de dettes, plus de promesses – parce que les dernières se sont envolées avec les cendres de Lou.

Son téléphone vibre. Il ne l’attrape pas immédiatement. Il craint d’y voir des mots qu’il a déjà lus, entendus, parlés. Où es-tu, Jo ? Où te caches-tu ? On a besoin de toi. Non… Non, c’est Joseph qui a besoin de lui pour une fois. S’écouter. S’entendre. Puis espérer avoir une dernière chance. Il prend son portable, le pose sur le comptoir qui se met à son tour à vibrer alors que le message est une deuxième fois notifié. Du coin de l’œil, le barman le guette, cet homme étrange qui ne ressemble pas à une bonne nouvelle. Joseph lui renvoie son regard, lui fait signe de lui apporter une autre vodka double qu’il avalera avec dégout comme les trois premières. Puis il le prend, son téléphone, et inspire doucement avant de lire le destinataire de son message. Mick. Encore une histoire de drogue, pas vrai ? Il ne le contacterait pas pour lui demander comment se passe sa journée. Dans son sac, il traîne une dernière quantité de cocaïne qu’il ne multipliera plus jamais. Dernier sachet. Dernière ligne, dernière vente. Puis, ce sera la liberté.

Le rendez-vous est donné à vingt-et-une heure là où Joseph se rend de temps en temps pour fournir un peu de magie à cet homme qu’il a jadis qualifié d’ami. Aujourd’hui, c’est différent. Mickey dépend de lui. Mickey lui tend du blé en échange de poudre, et c’est ainsi depuis plusieurs mois. Avant, il avait la chance de faire de sa vie quelque chose de beau et, aujourd’hui, il s’encombre d’artifices parce qu’il est tout aussi idiot que ce Joseph de vingt-et-un an qui pensait que tous ses problèmes disparaîtraient s’il se mettait à rêver en plein jour.

Le Blind Tiger est toujours aussi désagréable. Des néons qui pètent la rétine, des escaliers qui ne finissent pas puis une cage où s’arrache le poil deux félins armés de poings. Une guerre de testostérone dont Joseph n’a jamais compris le sens. Mauviette, fragile ou douillet. C’est ainsi qu’il est qualifié en fonction de son interlocuteur. « Hey. » Qu’il souffle d’un air fatigué tandis qu’il prend place sur le canapé à l’opposé de celui qui se prend pour le roi de la jungle. Il a bien changé, le jeune. « Tu bois un truc ? Tu sais qu'on a de tout ici. » Il jette un coup d’œil à la serveuse qui a été appelée d’un claquement de doigt fort irrespectueux. Il accroche ses yeux aux siens, lui offre un sourire sincère, le genre de sourire qui dit « je ne te considère pas comme mon esclave » puis se retourne vers Mickey, perdant aussitôt ses airs joviaux. « J’suis déjà bourré. » Il admet entre deux soupirs, laissant son tronc se poser lourdement contre le dossier du canapé. Certes, il est bourré, mais il pense encore trop bien, et c’est un problème. « Tu peux poser ça là, je te fais confiance sur la quantité. » Il se mord le bout de la langue, se racle le gorge, sort de sa poche le sachet de cocaïne, le jette sur la table basse qui leur fait face. Cela fait longtemps qu’il n’est plus tenté par cette poudre qui, jadis, faisait tourner ses yeux dans ses orbites. « 1.6. Tout est là, c’est tout c’que j’ai sur moi d’toute façon. » Puis il tend la main vers l’autre homme, paume ouverte, en attente son dû, tandis que les deux félins s’animent sur la scène – le ring. « La prochaine fois je te préviendrai un peu plus en avance, là j'étais vraiment ric-rac niveau stock. » Sa mâchoire se serre, ses dents grincent. Il attrape les billets, les replie soigneusement sans les compter, les glisse dans la poche qui accueillait avant la drogue. Il ne devrait pas s’en vouloir mais le diable sur son épaule ne cesse de lui rappeler qu’il est celui qui a donné un sachet à Mickey le premier. Il l’a emporté dans sa danse puis souhaite désormais l’esseuler sur scène.

Un premier coup est porté dans la cage, des grognements s’élèvent ainsi que des acclamations qui arrachent une grimace à Joseph. « C’t’ait la dernière fois. » Il lâche rapidement sans faire tourner sa langue dans sa bouche. « J’suis désolé, Mick, mais il va falloir qu’tu t’trouves un autre mec. T’as pas intérêt à sniffer tout ça en une soirée. » Comment l’annoncer autrement ? Il n’a plus envie de passer par quatre chemins.

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Message(#)(joseph) a whole pocket full of stones EmptyDim 5 Fév 2023 - 19:09


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Si on demande à Mickey, bien sûr, Joseph est un ami. Le genre d’ami que le boxeur peut compter sur les doigts d’une seule main et pour cause, nombreux sont ceux s’étant évaporés quand sa jolie petite vie a volé en éclats. La plupart préféraient fréquenter la star des rings que son double dépravé mais il n’a pas eu ce problème avec Joseph, pour la simple et bonne raison que ce dernier l’a connu à l’époque où les choses ne filaient déjà pas très droit pour lui. Il a été le premier à lui mettre ces cochonneries entre les mains mais à aucun moment Mickey ne l’a tenu responsable de sa dérive bel et bien annoncée car comment pourrait-il rejeter la faute sur celui qui le fournit encore aujourd’hui ? Des coupables le boxeur n’a eu aucun mal à en désigner durant toutes ces années mais c’est étrangement du côté des journalistes l’ayant épinglé que sa rancœur s’est le plus manifestée, en oubliant bien volontiers tous ceux lui ayant ouvert les portes de ce monde de dépendance en créant chez lui ce terrain propice à d’éternelles rechutes. Joseph n’est pas tout blanc, c’est vrai, mais ne comptez pas sur Mickey pour cracher dans la soupe alors qu’il n’a jamais trouvé de fournisseur plus fiable vers lequel se tourner. C’est à l’ami qu’il fait appel aujourd’hui encore, quand bien même ses sollicitations peuvent paraître intéressées et ses messages bien plus opportunistes qu’ils ne semblent amicaux. Alors non, bien sûr, Mickey n’y croit pas vraiment lui-même quand il promet de prendre des nouvelles de Joseph une fois l’échange du jour effectué car ces choses-là ne l’intéressent plus depuis longtemps, tout comme il détesterait devoir répondre à une question aussi protocolaire que comment ça va ? Avec lui les choses se doivent d’aller à l’essentiel et ici, il n’est pas bien difficile de comprendre où le boxeur place ses priorités. Joseph sait après tout très bien pourquoi leurs petits marchés ont lieu dans ce sous-sol et non ailleurs, ce n’est pas pour le plaisir de se voir mais bien pour les services qu’il peut lui rendre que les deux hommes sont amenés à se rencontrer désormais. C’est toujours pour une sombre histoire de poudre et d’argent et cette petite tradition entre eux le boxeur y tient, autant qu’il tient à soigner l’accueil de son invité en lui proposant de s’enivrer à ses côtés.

Mais Joseph est déjà bourré et il suffit de le regarder pour comprendre qu'il tient bien mieux l'alcool que son cadet. Car lorsque Mickey est bourré, lui, ce n'est pas la même histoire et c'est sans doute ce que tendront à prouver les prochaines minutes lorsque les verres se seront de son côté enchainés. Dans l'immédiat pourtant l'ancien champion n'a d'yeux que pour le petit sachet trônant face à lui sur la table et dont il ne s'amusera pas à vérifier la quantité, bien trop certain que son fidèle compère n'oserait pas le rouler. Il règle ce qu'il lui doit puis il récupère la marchandise, c'est toujours dans cet ordre que les choses s'actionnent et cette valse incessante de mains troquant des billets contre de la poudre fait maintenant partie du décor comme le reste. Ces combats sauvages dont Mickey a fait une normalité par ici, le tout dans un monde de violence et de débauche façonné à son image. « 1.6. Tout est là, c’est tout c’que j’ai sur moi d’toute façon. » Et il l'en débarrassera avec plaisir, sans pouvoir un seul instant se douter qu'il ne reverra pas la couleur du moindre gramme fourni par son ami après ça. Mickey imagine même déjà leur prochaine transaction et son stock qu'il tentera à ce moment-là de gérer un peu mieux, partant du principe que leur petit arrangement est clos et invitant désormais Joseph à profiter du Blind Tiger s’il le souhaite. Il connait la maison et sait qu'il peut s'éterniser dans le coin, Mickey ne lui montrera pas le chemin. « C’t’ait la dernière fois. » À l'instant même où un premier coup est asséné sur le ring derrière eux, Mickey relève la tête pour poser un regard parfaitement incrédule sur son ami. « Hm ? » Ses yeux le sondent et l'interrogent sans pouvoir toutefois gober ce qu'il entend, Joseph n'ayant aucune raison de lui faire subitement faux bond. Il est pourtant trop sérieux, trop crispé également pour que Mickey puisse faire l’aveugle bien longtemps. « J’suis désolé, Mick, mais il va falloir qu’tu t’trouves un autre mec. T’as pas intérêt à sniffer tout ça en une soirée. » Il ne sait pas ce qu'il dit, voilà tout. Le boxeur est même tenté d'accuser l'alcool que Joseph a déjà consommé pour justifier l'incohérence de ses propos car c’est tellement plus facile que d’admettre qu’il le sent assez mal. « Tu te fous de moi Jo ? » Son regard s'assombrit et se durcit tandis qu'il s'avance légèrement sur son siège, suffisamment pour aller se saisir du verre que la serveuse vient de lui apporter. Il porte ce dernier à ses lèvres dans un geste automatique, et sûrement un peu trop nerveux aussi. « T'es pas sérieusement en train de me laisser tomber là, j'espère. » Sérieux Joseph ne peut de toute façon pas l'être, pas quand il prétend mettre un terme à leur petit marché alors que son retrait le mettrait sacrément dans la merde. Un fournisseur de confiance ne se dégote pas en un claquement de doigts mais ça, ce n'est pas à lui que Mickey va l'apprendre. « J'ai aucune envie de me fournir auprès d'un autre gars, tu le sais ça. » Entre eux c'est une affaire qui roule et pour cette raison, pour ces habitudes que Mickey ne souhaite aucunement perdre et pour cette confiance qu'il ne se voit pas fonder en un autre, il tient à ce que les choses restent inchangées. Elles lui conviennent de cette façon mais de toute évidence, il est bien le seul à qui tout cela convient encore. « Allez arrête tes conneries, ça te réussit pas de picoler. » il balaie dans un rire, estimant que cette petite blague a assez duré. Si Joseph est véritablement sur le point de le planter le boxeur ne veut en tout cas rien en savoir, préférant fermer les yeux tant qu'il le peut encore. « Les paris sont ouverts. Alors, tu mises sur qui cette fois ? » Il se tourne partiellement vers le ring où les deux sauvages derrière eux s'affrontent, observant d'un œil expert les coup donnés d'un côté comme de l'autre pour dénicher son favori. « Le plus petit est un vrai teigneux et c'est aussi le plus jeune, je pense qu'il fera la différence là-dessus. » Car la taille n'a pas grande importance quand on est le plus frais et le plus réactif, un discours que Barry n'aurait pas hésité à tenir lui aussi. Son regard revient se poser sur Joseph en attente de son pronostic, comme si les dernières minutes n'avaient pas mis en lumière un problème bien plus important que ce combat de fond.

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Message(#)(joseph) a whole pocket full of stones EmptySam 25 Fév 2023 - 23:25

Ce n’est pas une simple porte qui se fermera. C’est toute sa vie qu’il enterrera dans une tombe, qu’il recouvrira de terre, qu’il aplatira jusqu’à s’en casser les chevilles avant de poser un bouquet de roses noires sur les dernières traces de son passé. Il pourra peut-être recommencer à zéro ou reprendre de là où il était avant de faire sa toute première erreur, celle qui l’a motivé à en faire cinquante autres.

Mais il a conscience qu’il ne pourra pas enterrer tout ce qu’il possède. Certaines amitiés sont venues et ne repartiront jamais. Joseph a tendu la main à Mickey parce qu’il avait vu son reflet en croisant son regard. Lui donner de la poudre pour soigner ses maux, c’était peut-être sa vingtième erreur. Il l’a regretté, puis s’est rassuré en se disant qu’il lui avait rendu service, mais il est souvent difficile de mentir à soi-même. Aujourd’hui, ils ne se ressemblent plus. Posé à l’opposé du canapé sur lequel le roi de la jungle est étendu à la manière d’un dieu puissant qui attend qu’on lui apporte sa couronne de crevettes, Joseph ne le regarde plus. Il a peur de revoir ce jeune garçon perdu qu’il a condamné il y a de ça presque vingt ans. Ce soir, il brisera une promesse qu’il n’a jamais prononcée à voix haute mais qui s’est écrite dans le ciel quand ils se sont échangé une toute première poignée de main et quand leur amitié s’est transformé en échanges de bons procédés. Il l’a perdu depuis longtemps ; pourquoi craint-il autant de le voir partir pour de bon ? Il n’a pas la moindre idée de la meilleure façon de s’y prendre. Retirer la drogue à un addict, c’est voler l’os à un pitbull. Il se fera peut-être arracher la main au passage, mais c’est un risque qu’il doit prendre afin de prendre soin de lui une bonne fois pour toute. Seulement là, il pourra assurer à sa nièce l’amour dont elle aura besoin pour grandir auprès d’une bonne famille. « Hm ? » Une seule onomatopée de surprise qui a tant d’impact qu’elle coupe le souffle à Joseph. Il peine à garder ses yeux accrochés à ceux de Mickey mais il doit le faire pour ne pas perdre la face et, surtout, pour ne pas se laisser convaincre de continuer à lui fournir la poudre blanche dont il a tant besoin. « Tu te fous de moi Jo ? » Il n’a pas peur du garçon, seulement des réactions que le drogué caché en lui pourrait avoir. Il connait les symptômes du manque, s’est battu contre eux pendant des années avant de perdre, de gagner, de perdre à nouveau, puis de gagner pour de bon. Les ongles enfoncés dans l’accoudoir du canapé en cuir, il se contente de secouer la tête à la négative pour clôturer ses intentions. « T'es pas sérieusement en train de me laisser tomber là, j'espère. » Il l’interrompt presque pour ne pas le laisser s’emporter : « C’est rien d’personnel. C’pas toi l’problème. » C’est la première chose qu’il veut lui faire comprendre avant de donner ses véritables raisons. Inutile de laisser le tigre monter sur ses grands chevaux. Ici, Joseph est perdant. S’il n’a plus de poudre à lui vendre, il l’est encore plus. Leur amitié se base sur leur relation de client et de vendeur depuis trop d’années déjà pour qu’il soit assez naïf de penser qu’il n’est pas en train de briser ce qu’ils ont construit. « J'ai aucune envie de me fournir auprès d'un autre gars, tu le sais ça. » Il le sait, en effet. Il a confiance en lui, il le conçoit. Il ne lui a jamais fait de mauvais coup, la drogue est toujours arrivée à temps, le prix à payer était juste et la recette parfaitement équilibrée. « J’peux te donner des noms. J’te laisserai pas mettre le nez là où il faut pas. » Une manière de lui dire qu’il tient à lui, bien qu’il ait l’impression de lui couper la main et de le regarder saigner au sol.

« Allez arrête tes conneries, ça te réussit pas de picoler. » Mickey préfère ignorer la réalité. C’est tellement plus facile. Il le comprend. Brouiller les cauchemars par la rêverie et les paillettes, transformer un discours de politicien en numéro humoristique. Serrant les dents, Joseph porte naturellement son attention vers les deux combattants qui s’animent sur le ring. Il cherche peut-être à trouver dans leur danse un peu d’inspiration pour se battre contre Mickey et ses illusions. « Les paris sont ouverts. Alors, tu mises sur qui cette fois ? » Il soupire, passe sa main devant ses yeux pour appuyer un peu sur ses paupières afin de retrouver contenance. Certes, les effets de l’alcool sont limités sur lui, mais ils le consument quand même. Le son des coups percutent ses tympans telles des timbales trouées et mal accordées. Il a toujours détesté la violence. Ironique, pour un garçon qui est devenu un adulte auprès d’hommes qui pensaient régler tous leurs problèmes par les poings. Il a naïvement pensé que son ami ne se laisserait pas influencer de la même manière que lui il est resté Joseph, seulement plus vieux, plus ridé et plus malade. « Le plus petit est un vrai teigneux et c'est aussi le plus jeune, je pense qu'il fera la différence là-dessus. » Il ne le laissera pas changer de sujet plus longtemps. Il n’a pas envie de s’attarder dans l’antre du tigre. « J’m’en contrefiche, Mick. » Il lâche du tac au tac pour stopper sa lancée. « J’suis pas en train de plaisanter. Je n’vais plus vendre, ni à toi, ni à personne. J’sors de cette magouille, ce que j’aurais dû faire bien plus tôt. » Il n’avait seulement pas la bonne impulsion pour le faire. Il les attend, les griffes, les crocs, la bête féroce qui se jettera sur lui, mais il n’a plus peur des autres maintenant qu’il connait son véritable ennemi : lui-même, et ses désirs, et les bêtises qu’il a faites, et ce pieu qu’il s’est planté dans le cœur. Saboteur. « J’te laisserai pas tomber. » Il lui assure, hésitant avant de poursuivre : « Quoique, j’ai pas l’impression que tu m’courras vraiment après si j’ai plus d’coke à t’fournir. » Parce que tu balances à la poubelle toutes les personnes qui n’ont plus rien à t’offrir, hein, Mickey ? As-tu réalisé que tu as fait exactement la même chose avec ta femme et ta fille ? « J’te donne l’occasion d’arrêter tes conneries. Prends-la ou pas, après, c’est plus vraiment mon problème si tu décides d’t’enfoncer encore plus. » Derrière, le plus petit boxeur porte un coup meurtrier au foie du plus grand qui s'effondre, le souffle coupé.

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Message(#)(joseph) a whole pocket full of stones EmptySam 11 Mar 2023 - 21:22


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Il ne serait pas le premier à se moquer de lui et pour les blagues de ce genre, Mickey n'a évidemment pas d'humour à revendre. Comme s'il pouvait gober que son fournisseur de toujours voulait arrêter les magouilles alors qu’il a connu Joseph en vendeur de coke sous le manteau à l'époque où il était pour sa part tout sauf en âge de toucher à la moindre poudre. C'est lui qui lui a montré la voie à suivre, lui qui l'a introduit dans ce monde où le boxeur nage désormais en véritable habitué et soudainement, tout ça devrait prendre fin ? Autant lui faire croire que son pote a pris la décision de rentrer au couvant, ce serait presque plus convaincant. « C’est rien d’personnel. C’pas toi l’problème. » Il préfèrerait presque que ça le soit, à vrai dire. Entendre qu'il a merdé quelque part pour que les choses trouvent à ses yeux un semblant de sens, car de son point de vue Joseph n'a bien évidemment aucune raison de se ranger après avoir trempé là-dedans aussi longtemps. Mickey n'est d'ailleurs pas capable de dire ce qui peut réellement pousser un homme à raccrocher après tout ce temps – l'envie de se reprendre en mains, peut-être ? De relâcher la corde sur laquelle on a tiré toute sa vie pour ne pas finir entre quatre planches, ou le simple désir d'avoir enfin les mains propres, si ça se trouve. Chacun pourrait avoir ses raisons d'en sortir et Mickey voit d'ici quelles pourraient être les siennes, seulement ce qui ne l'a pas empêché de s'enfoncer à l'époque n'a plus tellement de chance de le sauver à présent. S'il n'a pas été foutu d'arrêter ses conneries par amour pour sa femme et sa fille c'est à se demander ce qui pourrait l'en persuader aujourd’hui mais en l'état, la question est à vrai dire très loin de se poser. C'est de Joseph dont il est question ici, sûrement pas de lui et il n'aime pas beaucoup lire dans son regard un sérieux qui n'a pas sa place à leur table. Il se plait encore à le voir comme une mauvaise blague, peu importe de quoi tout ça a vraiment l'air car il n'existe aucun monde dans lequel Joseph peut sérieusement se retirer en le laissant derrière lui. « J’peux te donner des noms. J’te laisserai pas mettre le nez là où il faut pas. » Trop aimable de sa part, mais il y a bien longtemps que Mickey est capable de se débrouiller dans le domaine s'il le désire vraiment. C'était juste bien plus simple de pouvoir compter sur un ami car sa confiance et son fric, l'ancien champion n'est pas près à les confier à n'importe qui. Il faut faire ses preuves avec lui, ce n'est clairement pas au premier dealer venu que le boxeur risque de s'adresser ensuite mais il n'aura aucune raison de le faire, n'est-ce pas ? Car tout ça n'est qu'un petit jeu entre eux, une plaisanterie qui a assez duré et qui prendra fin à l'instant même où son verre aura été vidé. Pourquoi ? Parce qu'il n'acceptera les choses que dans ce sens, pardi.

Et déjà Mickey se plait à parler d'autre chose, laissant son regard naviguer distraitement tout autour à la recherche d'une distraction qu'il n'a aucun mal à trouver. Ce n'est pas le combat le plus exaltant qui soit, Joseph aurait probablement eu droit à un bien meilleur spectacle s'il était venu la veille mais les deux combattants n'en restent pas moins des fauves en cage que le boxeur a déjà hâte de voir s'entretuer. « J’m’en contrefiche, Mick. » Bien sûr que non, il ne s'en contrefiche pas. Un sourire revient même étirer ses lèvres car Mickey n'en croit pas un traitre mot, convaincu une fois de plus que cette discussion n'a pas lieu d'être. « J’suis pas en train de plaisanter. Je n’vais plus vendre, ni à toi, ni à personne. J’sors de cette magouille, ce que j’aurais dû faire bien plus tôt. » Il ne sort de rien du tout, et puis quoi encore ? Ce n'est pas comme ça que ça marche, il ne peut pas lui retirer le pain de la bouche après l'avoir laissé mordre dedans mais le plus ironique est bien ce qu'il ajoute ensuite, sous le regard de plus en plus fermé du boxeur. « J’te laisserai pas tomber. » Tout ceci est donc vrai, Joseph lui claque entre les doigts et il devrait considérer que ce n'est pas un abandon. C'est assez cocasse quand il y pense, il n'est certes pas le premier à le laisser lourdement tomber mais les autres avaient au moins tendance à nommer les choses pour ce qu'elles étaient. « Ah ouais, comment t'appelles ça du coup ? » grince-t-il en resserrant l'emprise de sa main sur son verre, un peu trop fortement sans doute. Si Joseph ne le laisse pas tomber alors il est curieux de savoir à quoi tout cela s'apparente à ses yeux, à des vacances bien méritées après des années de bons et loyaux services peut-être ?

Il ne fallait pas lui mettre un jour ces saloperies entre les mains, voilà par où Joseph aurait dû commencer au lieu de le priver du jour au lendemain de ce foutu marché passé entre eux. « Quoique, j’ai pas l’impression que tu m’courras vraiment après si j’ai plus d’coke à t’fournir. » Il croit bien le voir venir à des kilomètres avec ses sous-entendus et à sa place, Mickey s'abstiendrait de poursuivre à moins de tenir à rendre les choses particulièrement désagréables. « Ça veut dire quoi ça ? » qu'il questionne en vrillant un regard sec vers son interlocuteur dont il n'est pas certain d'apprécier beaucoup l'allusion ici. Non bien sûr, c'est évident que le boxeur n'ira pas lui courir après pour quelques malheureux sachets et qu'il fera tout pour rebondir sur ses pattes, mais il ne faut pas compter sur lui pour admettre qu'il ne voyait plus en Joseph qu'un simple fournisseur. Ils sont amis, sont en tout cas bien censés l'être et Mickey n'a jamais cessé de le croire, quand bien même ses agissements ne s'orientent plus dans ce sens depuis longtemps. « Inverse pas les rôles, là c'est toi qui te barres et non l'inverse. » Lui qui décide d'en finir avec tout ça, lui qui le met sacrément dans la merde et à qui le boxeur n'hésite pas à refourguer le mauvais rôle, car plutôt crever que de reconnaître ses propres torts. « Et puis t'es pas un pote. » il tranche tout en reposant durement son verre sur la table face à eux. « T'es pas mon putain de pote si tu me lâches comme une vieille godasse. » C'est bien le sentiment que tout ça lui laisse et après avoir perdu ses alliés les uns après les autres, après avoir vu sa vie s'effondrer de tous les côtés, Mickey n'est tout simplement pas prêt à le laisser s'enfuir lui aussi. Trop facile de partir, de sauver lâchement ses fesses en laissant les autres détruire les leurs. « J’te donne l’occasion d’arrêter tes conneries. Prends-la ou pas, après, c’est plus vraiment mon problème si tu décides d’t’enfoncer encore plus. » Ce n'est plus son problème, ce sont bien ses mots et il ne pourrait pas avoir de confirmation plus claire que sa décision est prise. Joseph partira quoi qu'il arrive et passera bientôt ces portes sans plus jamais se retourner mais une chose est certaine : le boxeur ne viendra pas avec lui. « Wow. C’est une chance que tu m'offres là en fait ? Mais pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt ? » La situation en serait presque amusante car après l'avoir entrainé dans ce fichu monde d'excès, Joseph voudrait apparemment l'aider à en sortir. Il ne lui manque plus que les collants et la cape pour prétendre sauver les pauvres toxicos comme lui. « Arrête si tu veux mais tu le feras tout seul. Vas-y, va chercher ta place au paradis si tu crois encore y avoir droit. » De son côté Mickey n'y croit plus depuis longtemps à ça non plus. C'est de toute façon à l'enfer qu'il se destine, en admettant que ce dernier ne soit pas déjà l'endroit où il creuse aujourd'hui sa tombe. « Tu me dois des explications là, t'as bien conscience de ça j'espère. » il reprend malgré tout, bien décidé à obtenir celles-ci par la force s'il le faut. Il n'a pas le droit de le lâcher sans s’en justifier derrière, s'il lui doit encore une chose c'est certainement bien celle-là. « Je veux savoir comment on se réveille un matin en décidant qu'on arrête de tremper là-dedans. » Ses foutues raisons, voilà ce qu'il veut entendre et mieux vaut pour Joseph qu'il ne lui raconte pas d'histoires à dormir debout. Il le saura, si tout est faux. « C'est quoi ton putain de déclic Jo ? » il insiste, plantant son regard dans le sien tandis qu'il se redresse, plus tendu que jamais.

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Message(#)(joseph) a whole pocket full of stones EmptyVen 24 Mar 2023 - 23:06

Ce n’est pas facile. Rien n’est jamais facile avec Joseph. Lorsqu’il prend une décision, il déçoit la première moitié de son entourage, lorsqu’il change d’avis, c’est la deuxième qui veut lui faire regretter. Toute sa vie, il a conçu que c’était moins dangereux de berner ceux qui n’ont pas qu’à ouvrir un tiroir pour en tirer une arme. Lily ne pouvait pas mettre sa vie en danger quand elle assistait à sa descente en enfer. Deborah non plus, elle se contentait de le regarder longuement et même de l’aider quand il se trouvait vraiment bas, mais pas une fois il n’a craint pour sa peau en choisissant de se tirer du camp des bandits.  

Avec Mickey, c’est différent. Dieu sait quelles réactions pourraient l’animer, lui ou ses poings qui ont déboité des dizaines de mâchoires et envoyer à l’urgence moult compétiteurs. Il ne l’a jamais vu violent avec lui, ses paroles ne dressent pas les poils sur ses bras, les menaces ne sont pas adressées à lui. Mais ça pourrait changer, parce que, pour la première fois de sa vie, Joseph décide de décevoir les mauvaises personnes. Il ne veut pas faire tarder le moment parce que l’attente pourrait nourrir la flamme et l’explosion serait inévitable. Ne laissant pas le temps à son ami de lui faire la discussion, de prendre de ses nouvelles qu’il n’écoutera pas ou de vanter un nouvel exploit, il conclut l’échange, prend son argent, le met en sécurité dans sa poche et se départit de son tout dernier sachet de cocaïne. Peut-être le dernier qui entrera en contact avec sa peau. Malgré tout, même si intentions sont dorénavant rivées vers son futur qu’il espère plus rose, Joseph n’a pas envie de laisser tomber celui qu’il a emporté dans sa chute. Jadis, il pensait l’aider ; aujourd’hui, il se rend compte qu’il lui a refilé sa malédiction comme on transmet une gastro. « Ah ouais, comment t'appelles ça du coup ? » La contestation était à prévoir. Il ne pouvait pas se heurter à Mickey sans lui faire sortir les griffes. C’est dans sa nature, au tigre, de grogner quand quelque chose ne lui plaît pas. Il lui a marché sur la queue. Joseph pourrait décrire avec mille mots le sentiment qui doit lui ronger le ventre : il l’a connu comme son propre enfant. Il se fait arracher son jouet, son hochet, et il devra mettre le pied en dehors de son nid douillet pour en trouver un autre. « Ma dernière chance. La mienne, Mickey, pas la tienne. » Sa dépouille ne rejoindra pas celle de Lou. Il ne s’y prendra pas trop tard comme tous ceux qui sont tombés comme l’averse dans le passé. Il doit le faire pour les seules personnes qui ont réellement compté. « Cette fois, ça n’te concerne pas. » Il est un dommage collatéral, c’est tout.

Ceci dit, Joseph refuse de se laisser marcher sur les pieds. Il n’a pas l’intention d’assumer seul le blâme. Leur amitié ne brillait pas de la même façon des deux côtés de la médaille. Si le plus vieux voyait encore dans les yeux de Mickey le souvenir d’une amitié, la réciproque n’est plus valide depuis longtemps. Il avait conscience d’avoir été réduit au statut de profité. Il ne se rappelle pas la dernière fois que le roi de la jungle lui demandé comment il allait – comment il allait vraiment. « Ça veut dire quoi ça ? » S’il se dresse ainsi, c’est parce que Joseph a misé juste. Ils n’étaient rien de plus que des associés, deux maillons faibles. Aurait-il remarqué l’absence de Joseph si ce dernier avait disparu, ou serait-ce la sécheresse de sa gorge, son sang bouillant et ses maux de têtes qui lui auraient fait réaliser qu’il ne se trouve plus dans le paysage ? « Inverse pas les rôles, là c'est toi qui te barres et non l'inverse. » Il ne peut retenir le rictus embarrassé qui soulève la commissure de ses lèvres. Ce n’est pas qu’il se sent fautif : c’est plutôt qu’il a envie de rigoler. « Et puis t'es pas un pote. » Il hausse un sourcil, le dévisage. « T'es pas mon putain de pote si tu me lâches comme une vieille godasse. » Le rire s’échappe, ricanement froid accompagné d’un soupir. « Je n’ai jamais dit que j’disparaitrais. » Il s’est fait prendre à son propre piège, le tigre. « C’est toi qui as sauté à la mauvaise conclusion. Pourquoi ? » Il demande, rhétorique, avant de répondre à sa place : « Parce que j’suis un sachet d’coke à tes yeux, et rien d’autre. C’est pas moi qui sors d’ta vie, c’est l’produit que j’trimbalais dans mes poches. » Mais l’un ne vient pas sans l’autre, il paraît, dans une amitié à sens unique.

Il sait que de mettre fin à sa consommation de stupéfiant ne se fait pas en un claquement de doigt. Il a souffert, énormément, a passé des nuits blanches à contempler la fenêtre ouverte, non pas parce qu’il souhaitait la mort, plutôt parce qu’il n’en pouvait plus de ressentir. Il ne s’attend pas à ce que Mickey puisse emprunter le même chemin ; seulement, il lui tend la perche, au cas où ses pieds le mèneraient jusque-là. « Wow. C’est une chance que tu m'offres là en fait ? Mais pourquoi j'y ai pas pensé plus tôt ? »  Il ne tirera rien de ce ton sarcastique et de ses moqueries. Mickey ne supporte pas l’idée de perdre sa poudre alors il ne supportera rien d’autre. Son avis est forgé dans la pierre et nul maillet n’en viendra à bout. Il ne réfléchit pas de la bonne façon. Esclave de la poudrette, comme Joseph l’a été. « Arrête si tu veux mais tu le feras tout seul. Vas-y, va chercher ta place au paradis si tu crois encore y avoir droit. » Lèvres pincées, il se contente de marmonner : « T’es pas un pote non plus, alors. » Il dit, reprenant ses mots, parce que ça ne vient pas de lui, cette conversation insensée. « Si t’en étais un, saurais que ça fait deux ans qu’j’ai pas touché à cette merde. » Il hausse les épaules, balaie ce fait, s’en fiche d’entendre ce qu’il pourrait bien dire pour sa défense. Toutes les armes sont rivées vers lui, les doigts aussi. Son dernier argument, ce serait de lui cracher au visage. « Tu me dois des explications là, t'as bien conscience de ça j'espère. »  C’est encore frais dans sa mémoire. Il n’était pas là quand Lou s’est fait exécuter, mais il arrive trop facilement à imaginer le son de la balle qui fend l’air et qui se loge dans son crâne. Il le connait trop bien, ce son-là, et il ne lui a valu que des cauchemars. « Je veux savoir comment on se réveille un matin en décidant qu'on arrête de tremper là-dedans. C'est quoi ton putain de déclic Jo ? » Il a peur de la mort parce qu’elle pourrait lui arracher sa seule chance de faire quelque chose de bien. Même si Lily ne l’avouera jamais, elle tient à lui et, s’il y a une chose qu’il ne souhaite pas faire, c’est lui briser le cœur pour de bon. Alors, plutôt parler d’elle que de l’interdit, cette ruche pour laquelle il ne butinera plus dès qu’il aura fait un pas en dehors de ce bar, ayant conclu sa toute dernière transaction. « Ma sœur vient d’accoucher. » Sauter droit au but. Ne pas regarder les yeux braisés de Mickey pour éviter la brûlure. Fixer le sol en cherchant l’inspiration qui ne vient pas vraiment de la bonne manière. « J’ai pris la décision pour elle, et j’les prends déjà toutes pour elle, d’ailleurs. » Et la dernière répartie s’évade, pétard allumé, envolé. « Mais tu n’comprendrais sûrement pas c’que ça veut dire, c’que ça implique, d’être responsable d’une autre vie. » Comme s’il s’agissait d’un réflexe de survie, il repose ses yeux dans ceux du garçon. Il a conscience de piétiner les mauvaises eaux. Parfois, Mickey est imprévisible ; c’est ce qui lui a fait remporter toutes ces médailles. Depuis combien de temps n’avaient-ils pas parlé de cette famille qu’il avait abandonnée parce qu’il était trop égocentrique ? Qui est réellement celui qui laisse tomber ?

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Message(#)(joseph) a whole pocket full of stones EmptyMar 4 Avr 2023 - 20:45


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I tried to paint you a picture, the colors were all wrong. Black and white didn't fit you and all along, you were shaded with patience. Lord knows I failed you time and again but you and me are alright. I figured there's nothing to lose, I need to get some perspective on these words before I write them down. You're an island and my ship has run aground.
@JOSEPH KEEGAN ☆ MICKEY REEVES
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Il le laisse jouer sur les mots autant qu'il le souhaite car dans les faits, Mickey ne s'en sent pas moins lâché par celui sur qui il a toujours pu compter. Joseph n'avait pas seulement sa confiance, il avait aussi son respect dans un monde où le boxeur n'en a plus pour grand monde et se tourner vers un autre lui paraît encore inconcevable à l'heure où cette annonce ne passe tout simplement pas. Ce n'est pas une question de pouvoir retomber ou non sur ses pattes car Mickey s'y emploiera certainement dès le lendemain tout en se mettant en tête de prouver qu'il peut très bien s'en sortir seul, mais en attendant de songer à une façon de se fournir qui n'inclurait pas Joseph le boxeur l'a mauvaise comme lorsque les choses prennent une direction qu'il n'avait pas prévue. Il devra perdre l'habitude de sonner son ami chaque fois que son stock diminuera à vue d'œil et Mickey croit bien savoir où tout ceci le mènera, car il n'a pas le temps de passer en revue les différents fournisseurs de cette ville à la recherche de celui qui pourra prendre le relais. Il n'a même pas envie de remplacer Joseph, pas plus qu'il n'a envie de voir ce dernier se ranger quand lui en est clairement incapable et il se demande, du coup, à quoi tout ceci peut bien rimer pour lui s'il n'a pas le sentiment de le laisser proprement tomber. Abandonné face à cette pente glissante qu'il continuera d'emprunter seul, voilà ce qu'il estime être pour sa part avec un Joseph démissionnant quand il a encore besoin de lui. « Ma dernière chance. La mienne, Mickey, pas la tienne. » Oh, oui, on ne parle effectivement pas de celle du boxeur ici car la sienne de chance, Mickey l'a déjà laissée filer. C'est trop tard pour lui, trop tard pour le remettre sur un droit chemin qu'il n'a de toute façon jamais suivi et pour lui éviter aussi la fin que l'on devine. Peut-être bien que Joseph réussira à s'en sortir lui, c'est même tout ce qu'il aurait pu lui souhaiter si le contexte avait été différent mais ce soir Mickey se sent trahi, laissé dans son enfer par celui-ci qui l'y a mis. « Cette fois, ça n’te concerne pas. » Et cette fois, le boxeur n'a rien à dire. Il a bien compris que Joseph avait déjà un pied dehors, là où plus aucun trafic ne passera par lui car ce n'est sûrement pas la peine de chercher à le retenir. Il veut sortir de tout ça, se racheter au nom d'on-ne-sait-quoi et tendre les bras à un avenir où il n'aura plus les mains sales. Il rend son tablier, laisse ces sombres histoires de poudre derrière lui et si Mickey doit trinquer au passage, ce n'est pas tellement son problème. Il n'en faut d'ailleurs pas plus au boxeur pour entrevoir la fin de tout ce qui les lie, trahissant au passage une vision de leur amitié qu'il préférait jusqu’ici nier mais qui ne pourrait pas ressortir plus clairement, aujourd'hui. « Je n’ai jamais dit que j’disparaitrais. » C'est vrai, il ne l'a pas dit mais c'est ainsi que Mickey l'interprète. Parce qu'il n'imagine sans doute pas un Joseph continuant de graviter autour de lui s'il n'a plus rien à lui fournir, parce que leur relation fonctionne aussi de cette façon depuis longtemps et parce que plus rien n'aura vraiment de sens, une fois son ami rangé. Ils ne feront bientôt plus partie du même monde et c'est un mur qu'il dressera entre eux dès lors qu'il aura passé cette foutue porte. « C’est toi qui as sauté à la mauvaise conclusion. Pourquoi ? » Qu'il le dise au lieu d'en rire, qu'il précise le fond de sa pensée et le mette devant cette réalité qu'il voudrait encore contourner. Ce n'est pas comme si Mickey pouvait encore fait semblant et pourtant, il se sera accroché jusqu'au bout à l'idée que leur amitié n'était pas déconnante dans ce sens. « Parce que j’suis un sachet d’coke à tes yeux, et rien d’autre. C’est pas moi qui sors d’ta vie, c’est l’produit que j’trimbalais dans mes poches. » Lui considère que ces sachets ne pourront pas lui être retirés sans que Joseph ne s'éloigne lui aussi, et cela parce qu'il n'aura bientôt plus de vraie raison de trainer avec le drogué de service. Si c'est une vie pure qu'il poursuit, si c'est un monde sans drogues ni trafics qu'il aspire à gagner, alors Mickey n'aura rien à y faire tout comme l'inverse sera vrai. « Ouais, t’as peut-être bien raison. » Il l'admet enfin, le regard perdu dans le vide tandis que sa main revient déjà chercher ce verre qu'il vient à peine de reposer. « Mais ça c’est parce que j’ai plus vraiment d’amis Jo. » S'il devait faire le décompte des amis ne s'étant pas fait la malle après l'explosion de sa carrière et de son ménage, Mickey parviendrait tout au plus au nombre de trois. Il ne peut pas nier que Joseph lui a été fidèle, il peut encore moins supposer ce qui l'a convaincu de rester à ses côtés mais tout ce qu'il espère, c'est qu'il n'a jamais ressenti à son égard la moindre pitié. Alors non, il n'a plus vraiment d'amis et ne traite pas forcément ceux qui sont restés comme il le devrait, Joseph le premier. « Si c’est pas la coke qui nous relie alors.. ce sera rien, parce que je vois pas ce que je pourrais t’offrir d’autre que mon fric et des entrées ici. Tu sais comment je vis, tu sais que c'est sain pour personne. » Et il est honnête en le disant, à défaut de l'avoir été avant ça. C'est qu'il n'a plus rien à offrir Mickey, à personne, et il n'y peut rien si Jo a eu la naïveté de croire qu'un dépravé comme lui était encore capable d'autre chose. Autrefois oui, mais plus maintenant avec cette vie qu'il mène et le risque d'y laisser sa peau à tout instant planant au-dessus de sa tête. Il ne blaguait pas le jour où il disait interdire à quiconque de s'attacher à lui, c'est ainsi qu'il aborde la moindre relation à présent car sans attaches, Mickey sait au moins qu'il ne manquera à personne. « Toi t'appartiendras bientôt à un autre monde et dans le fond, t’en auras plus grand-chose à foutre de ce qui se passera pour moi. » Il l'a dit lui-même, ce n'est plus son problème si le boxeur choisit de s'enfoncer encore plus parce qu'il veut sauver sa peau avant tout alors si Mickey doit finir entre quatre planches, ce n'est plus lui que tout ça regardera.

Joseph a au moins la volonté de donner une nouvelle trajectoire à sa vie, d'entrevoir un monde sans argent sale ni magouilles et cette volonté force sans doute le respect, quand bien même le boxeur n'est pas près de voir les choses sous cet angle. Pour lui ce n'est qu'un déserteur, un lâche saisissant l'occasion de se tirer après avoir entretenu pendant des années la dépendance de gars comme lui. Il peut s'arrêter là si ça lui chante mais il aura marqué ce monde de son emprunte et signé en personne le propre déclin du boxeur, même si Mickey ne s'est pas encore résolu à souligner ce fait. « T’es pas un pote non plus, alors. » Plus personne ne doit en douter à ce stade, Joseph a après tout affirmé le premier que leur amitié n'allait que dans un sens et le boxeur ne s'en est lui-même pas tellement caché. Il n'est pas un pote et ne sera bientôt plus un client, autant en conclure alors qu'ils ne sont plus grand-chose l'un pour l'autre si Joseph veut aussi se départir de la moindre étiquette. « Si t’en étais un, saurais que ça fait deux ans qu’j’ai pas touché à cette merde. » Il le sait à vrai dire ou croit tout du moins s'en rappeler, ces choses-là entrant par une oreille et sortant par une autre en fonction de son degré de lucidité quand de telles conversations ont lieu. Il lui semble bien, oui, que Joseph a remballé la poudre blanche il y a un moment mais il continuait d'y tremper à travers lui comme un cordon qui ne serait pas tout à fait coupé. « T’y touches plus mais tu la refourgues encore. » C'était en tout cas vrai jusqu'à aujourd'hui et cette nuance saute aux yeux de Mickey qui se sent contraint de reprendre, grinçant des dents à la simple idée de devoir employer le passé. « Refourguais. » Autrement dit Joseph en a fini pour de bon avec le monde de la poudre, la première étape consistait à arrêter de consommer et la seconde à arrêter de fournir, pour qu'à l'arrivée tout ceci puisse être laissé très loin derrière lui. Et son foutu déclic, Mickey ne demande qu'à le connaître pour se figurer ce qui peut bien le pousser à abandonner un business comme celui-ci. Leur petit marché avait encore de beaux jours devant lui, ce n'est pas comme si Joseph avait du souci à se faire mais de toute évidence, ses priorités se trouvent ailleurs désormais. « Ma sœur vient d’accoucher. » Tout s'explique, alors. Mickey remue lentement la tête comme s'il assimilait enfin le pourquoi du comment, à défaut de pouvoir l'accepter. C'est parce qu'il se sent soudainement l'âme d'un tonton que tout ceci n'a plus lieu d'être à ses yeux, voilà ce qu'il comprend et l'idée d'être lâché pour un rôle tombant du ciel le frustre doublement. « J’ai pris la décision pour elle, et j’les prends déjà toutes pour elle, d’ailleurs. » Ses histoires de famille, Mickey ne veut rien en connaître. Les siennes sont assez compliquées pour qu'il ne s'attarde pas en plus sur celles des autres mais il note que Joseph s'est racheté une conduite à tous les niveaux, comme quoi son cas à lui n'est peut-être pas perdu. « Des félicitations s’imposent alors. » il ironise car bien sûr, ces mots lui écorchent la langue. Il pourrait être content pour lui si cette grande nouvelle ne le faisait pas directement trinquer mais il en veut à cette sœur tout comme à cet enfant de lui donner deux bonnes raisons de se retirer, contre lesquelles Mickey sait bien qu'il ne fera jamais le poids. « Mais tu n’comprendrais sûrement pas c’que ça veut dire, c’que ça implique, d’être responsable d’une autre vie. » Alors ça ne lui suffit pas de lui signifier que tout est terminé ? Joseph a aussi besoin de le provoquer sur un terrain qu'il sait pourtant dangereux. Le regard du boxeur s'assombrit face à ces mots qu'il voudrait déjà lui faire ravaler, négligeant totalement le combat en arrière-plan pour reporter sa pleine attention sur le brun. « Retire ça tout de suite. » il avertit avant que Joseph ne découvre lui aussi ce que cela implique de le traiter de père irresponsable dans son propre établissement. Ce n'est pas seulement inconscient de sa part, c'est aussi minable de jouer de ses faiblesses comme s'il n'en avait pas déjà assez fait. Il le sait pourtant, interdiction de parler de cette famille qu'il a détruite en faisant le choix de ses addictions car ce genre de rappel n'est bon pour personne, et risque surtout de réveiller un côté du boxeur auquel Joseph n'a pas spécialement envie de se frotter. « C’est plutôt toi qui n’en sais rien, Jo. Rappelle-moi qui n’a pas d’enfant ici ? » Qu'il tente déjà d'être un oncle convenable avant de la ramener et de faire la leçon aux autres, d'autant plus à ceux qui n'en tolèrent pas la moindre. Se redressant pour ancrer toujours plus son regard dans le sien et bouillonnant un peu plus à chaque seconde, Mickey reprend. « J’te donne pas le droit de venir me chercher sur ce terrain-là. Ou faut peut-être que je te rappelle aussi qui m’a foutu cette merde dans les mains la première fois ? » Il ne voulait pas en arriver là car il a été après tout bien content de le trouver pendant toutes ces années, l'idée n'a même jamais été d'en faire un coupable ou de lui reprocher de l'avoir entrainé là-dedans mais c'est officiel, Mickey n'en a plus rien à foutre. Sa vie aurait été bien différente s'il n'avait pas croisé un jour la route de Joseph et s'il osait, il affirmerait sans scrupule que celui-ci a joué un rôle dans tout ce qu'il a pu perdre. « Je me moque de ce que tu penses. Je me moque aussi de ta sœur et de son rejeton. Mais toi, j’espère que tu sais ce que tu fais quand tu balances des trucs comme ça. » Qu'il sait au moins que Mickey n'est pas de ceux que l'on provoque à la légère, ni de ceux oubliant facilement. Il avait l'occasion de se taire et ne l'a pas saisie, c'est bien dommage pour lui. « Tu crois connaître ma vie sous prétexte que tu m’as vu sombrer et que l’histoire était partout dans les journaux mais t’es pas là-dedans, toi. » Le boxeur pointe sa tête du bout de son index, sous-entendant qu'il ne sait finalement pas grand-chose car comme beaucoup, Joseph se contente de jugements faciles. Il lui refilait jusqu'ici ses petites sachets et repartait tout aussi vite, sans imaginer le nombre de fois où Mickey pouvait déplorer le vide de sa vie quand sa chère poudre blanche ne lui procurait plus rien. Il n'assure peut-être pas en tant que père mais il pense à Lola, souvent, tout en regrettant de n'être pour elle qu'un père absent. C'est le maximum qu'il puisse faire aujourd'hui et la seule autorisée à le lui reprocher est Aliyah, si d'autres ont un avis à émettre ils savent en principe déjà où ils peuvent se le mettre. « Reste à ta putain de place Jo, et oublie jamais à qui tu t’adresses. » Il sait, tout le monde sait. Ces poings que Mickey garde serrés ont fait des dégâts par le passé et en font encore, le genre de dégâts qu'il ne souhaite pas à Joseph de connaître s'il veut avoir figure humaine devant sa sœur et son enfant. À lui de voir, maintenant.

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Message(#)(joseph) a whole pocket full of stones EmptyMer 12 Avr 2023 - 21:46

Joseph n’a jamais prétendu sauver des vies. Il connait les limites de ce qu’il peut offrir, les atteint toujours, s’en contente, n’ambitionne pas plus loin. Ses mains sont tachées et le resteront tant que sa réputation le suivra jusqu’à sa tombe. Sous terre, chair décomposée et asticots dans les orbites, il pourra espérer obtenir une seconde vie dans laquelle il survivra différemment. Il ne croit pas en la réincarnation, encore moins au Paradis, mais il croise ses doigts dans son dos pour avoir tort sur toute la ligne. Il n’a jamais eu un esprit mauvais, seulement un corps pourri. Il n’ira peut-être pas en Enfer, si l’hypothèse se révèle vraie. Et, avec un peu de chance, il arrivera à vivre de la bonne façon quelques années avant de sombrer et d’obtenir les réponses que recherchent tous les humains. En attendant, il doit faire des choix, et si l’un d’eux le contraint à rompre le contrat induit qu’il entretenait avec Mickey, alors qu’il en soit ainsi. « Ouais, t’as peut-être bien raison. » Dents serrées, il fixe le garçon qu’il confronte ainsi que ses poings, parfaits indicatifs de ce qui lui traverse l’esprit. Lire les yeux du boxeur n’a jamais été chose aisée parce qu’en même temps d’entraîner ses poings et leur portée, il exerçait son visage à rester tout à fait impassible pour berner ses adversaires. Heureusement, Joseph n’en a jamais été un, mais il n’est pas l’abri d’un retournement de situation, surtout s’il continue à s’engager sur des terrains houleux. « Mais ça c’est parce que j’ai plus vraiment d’amis Jo. » Il ne sait pas s’il tente de lui inspirer la pitié ou s’il souhaite seulement abréger cette discussion en le foutant à la porte le plus rapidement possible. Par prudence, il le laisse continuer. « Si c’est pas la coke qui nous relie alors.. ce sera rien, parce que je vois pas ce que je pourrais t’offrir d’autre que mon fric et des entrées ici. Tu sais comment je vis, tu sais que c'est sain pour personne. » C’est là qu’il fait erreur. Certes, ils n’ont jamais eu de points en commun en dehors de leur addiction, Mickey ayant hérité d’une personnalité solide et battante tandis que Joseph jouait les mamans ours sous toutes les sauces. Mais, à la fin, ils ont tous les deux dévié du parcours traditionnel, se sont adaptés à un environnement hostile qui ne les a jamais accueillis. Joseph n’a jamais eu besoin de partager bien des choses avec une autre personne pour s’y attacher. Il sait simplement reconnaître lorsqu’un marin s’est perdu à la mer, même s’il prétend le contraire par égo. « Toi t'appartiendras bientôt à un autre monde et dans le fond, t’en auras plus grand-chose à foutre de ce qui se passera pour moi. » Si seulement c’était aussi simple que ça. Deux mondes séparés par une ligne qu’il suffit d’enjamber pour passer d’un côté à l’autre sans la moindre conséquente. Les conclusions que tirent Mickey font ricaner Joseph qui refuse de voir les choses de cette façon. Certes, il ne craindra plus de se faire plaquer par un policier à chaque fois qu’il arpente les ruelles, mais ses traumatismes resteront, son histoire aussi, qu’il ne peut pas gommer comme une faute d’orthographe. « Un autre monde… » Il reprend ses mots, gonflant ses poumons au maximum de leur capacité avant de tout relâcher en un soupir : « Si tu crois qu’les amitiés c’est juste de donner et de recevoir en retour, tant pis, j’pourrai pas t’faire changer d’avis. » Tous les deux ne définissent pas le mot de la même façon, alors. Qui serait Joseph pour tenter de le convaincre de penser autrement alors qu’il a déjà mille choses à apprendre. « J’ai jamais cessé d’chercher ton nom dans les journaux quand t’étais occupé à d’venir le meilleur du monde. T’avais pourtant rien à m’donner en échange. J’étais juste content pour toi. » Il se permet quand même de préciser d’un ton lunatique, ne souhaitant pas noyer le moment de licornes et de paillettes parce qu’il se doute que Mickey n’a jamais été réceptif à ce genre de discours. Ils n’ont jamais appartenu au même monde, contrairement à ce que le sportif croit savoir.

La relation a toujours été à sens unique, au fond. C’est la conclusion que tire Joseph tandis qu’il comprend que Mickey n’a jamais retenu l’information primordiale selon laquelle le plus vieux a cessé de s’empoisonner les veines. Pas une fois il lui a demandé s’il s’en tirait. Il lui a dit, c’est entré dans son oreille et c’est sorti par l’autre. « T’y touches plus mais tu la refourgues encore. » Il le laisse corriger son temps de verbe puis se contente d’hausser les épaules, ne cherchant pas de raisons plus loin qu’il ne faut : « J’avais besoin d’argent. J’ai jamais eu mes poings pour remplir mon portefeuille. Et j’crois pas qu’ça vaut la peine d’essayer d’te convaincre que c’est pas facile pour un ex taulard de s’faire réhabiliter. Quand t’as merdé une fois dans ta vie, tu gardes ta réput’. J’ai jamais eu l’courage de d’venir le mouton noir, alors c’était plus facile d’m’entourer d’ceux qui me r’semblaient et qui pouvaient comprendre. » Comme Mickey, comme la ruche, comme ceux qui sont passés dans sa vie et sont repartis aussi vite. Toutefois, aujourd’hui, un autre élément vient peser dans la balance et il s’agit de sa sœur ainsi que de sa nièce. Une autre motivation, un point de sauvegarde dans un jeu vidéo, une ancre jetée par-dessus bord. Elle n’a pas été assez forte pour le boxeur qui a préféré ignorer ce que la vie lui avait offert. Joseph n’ jamais eu le courage de prononcer sa colère à voix haute, mais il a toujours détesté cette décision qu’il avait prise alors qu’il rêve encore (naïvement) de trouver une femme qui acceptera son passé mais, plus important, qui voudra d’un futur à ses côtés. Mickey avait tout ça et l’a jeté à la poubelle. Imbécile. « Retire ça tout de suite. » Sans surprise, l’atmosphère se tend et c’est tout naturel pour Joseph de bander les muscles et de dresser le dos. Il vient de tirer les moustaches du tigre. « C’est plutôt toi qui n’en sais rien, Jo. Rappelle-moi qui n’a pas d’enfant ici ? » Il vise bien bas. S’il n’a pas d’enfant, c’est parce qu’il n’aurait jamais pu s’en occuper (ça n’a pas empêché Mickey de le faire, ceci dit, mais à quel prix ?). Une petite fille sans père et une mère sans soutien. Voilà ce qu’il a planté dans la terre. « J’te donne pas le droit de venir me chercher sur ce terrain-là. Ou faut peut-être que je te rappelle aussi qui m’a foutu cette merde dans les mains la première fois ? » « T’en demandais. J’te l’ai pas enfoncée dans la gorge. On a fait une transaction de vendeur à client. Ne m’blâme pas. » Contrairement à Alfie qui avait convaincu Joseph d’essayer, parce qu’il lui avait dit que la sensation était géniale, parce qu’il avait convaincu un adolescent sans ressources de succomber à l’appel. Certes, Joseph avait tiré la langue pour accueillir la pilule, mais Alfie avait introduit l’idée dans sa cervelle malléable. Il savait que son meilleur ami était ainsi influençable parce qu’il ne se défendait jamais, soumis comme la marionnette sans vie. « Je me moque de ce que tu penses. Je me moque aussi de ta sœur et de son rejeton. Mais toi, j’espère que tu sais ce que tu fais quand tu balances des trucs comme ça. » Il fait cracher le félin ? Qu’est-ce que ça pourrait bien changer, de toute façon. Ils ne sont plus amis. « Tu crois connaître ma vie sous prétexte que tu m’as vu sombrer et que l’histoire était partout dans les journaux mais t’es pas là-dedans, toi. » Un gloussement sans joie s’échappe de ses narines alors qu’il suit le mouvement du doigt de Mickey vers sa tête. Pense-t-il réellement qu’il est le seul incompris dans cette pièce ? « Reste à ta putain de place Jo, et oublie jamais à qui tu t’adresses. » Cette menace pourrait en faire trembler plus d’un. Cette voix forte, rauque, cette gorge qui s’effrite et ces poings qui se sont enfin serrés pour lancer un avertissement. Mickey n’est pas un tigre, en fin de compte : il est un putois qui soulève la queue. « Tu penses qu’tu vaux plus qu’moi, pas vrai ? » Il demande, question rhétorique. « J’t’ai connu à ton plus bas, Mickey. J’suis pas un de tes fans qui a seulement assisté à tes combats et qui s’est branlé sur tes victoires. » Le combat qui se produit derrière eux n’est plus qu’un bruit de fond ignoré. « T’es pas seulement tes accomplissements. Tu peux me casser les dents si ça t’chante, tu peux aussi me piétiner autant qu’tu veux, on est bien plus semblables que tu l’penses. J’suis pas dans ta tête, mais qui ici pourrait prétendre comprendre c’que ça fait de brûler d’l’intérieur et d’avoir l’impression d’crever sans qu’la mort n’vienne jamais ? » Il grogne, désignant les quelques autres silhouettes qui décorent la place. « C’est pas mon choix de plus t’vendre d’la coke qui va t’esseuler. Tu fais ça seul, comme un grand, comme l’infaillible et l’indomptable Scar qui pense n’avoir besoin d’personne pour monter sur le podium. » Il marque une pause, hésite juste une seconde, puis pense à voix haute : « Enfin, si c’était que d’moi, j’dirais  que depuis l’début tu t’jettes en bas d’un précipice, mais chacun sa vision des choses. Je n’suis que spectateur d'ta descente en enfer. »        

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Message(#)(joseph) a whole pocket full of stones EmptyVen 21 Avr 2023 - 19:03


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I tried to paint you a picture, the colors were all wrong. Black and white didn't fit you and all along, you were shaded with patience. Lord knows I failed you time and again but you and me are alright. I figured there's nothing to lose, I need to get some perspective on these words before I write them down. You're an island and my ship has run aground.
@JOSEPH KEEGAN ☆ MICKEY REEVES
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Se battre, le boxeur ne le fait pas toujours pour des causes très louables mais ce soir, il sait déjà qu'il ne cherchera pas à sauver quoi que ce soit. Mickey déteste se voir comme le perdant de l'histoire, ce n'est pas nouveau, mais Joseph est bien le premier à dire qu'il ne le considère plus qu'au travers de cette poudre qu’il était jusqu’ici prêt à lui fournir et leur relation va de toute évidence de travers depuis que l'ancien champion n'est bon qu'à le siffler quand il a besoin de lui. Aussi peu investi dans ses relations de longue date qu’il ne l’est auprès de sa fille, Mickey donne pourtant le maximum de lui quand il fait une place de choix à Joseph dans les profondeurs de son bar. Ce n'est sans doute pas la meilleure version de l’ami qu’il pourrait être mais c'est sa façon à lui d'exister encore dans ce qui les lie, pas fichu de dégager plus de quelques minutes de son temps ou de lui offrir une affection dont il est aujourd'hui bien peu capable envers quiconque. Et pourtant il l'apprécie Joseph, parallèlement à cette confiance fondée en lui et à cette relation client-fournisseur réduisant à bien peu de choses ce qu'ils pourraient encore être l'un pour l'autre. Si leur amitié a tenu toutes ces années ce n'est sûrement pas grâce au boxeur mais les grandes attaches ne sont plus faites pour lui, de la même façon qu'un Joseph cessant de le fournir a toutes les chances de disparaître de son paysage à partir du moment où il choisit d'avancer vers la lumière et lui, de rester du côté de l'obscurité. Ce n'est pas l'arrêt de leur petit marché qui les empêcherait de continuer à se voir mais c'est la barrière que Mickey choisit lui-même d'ériger, saisissant même la première occasion pour abattre cette amitié en se répétant que de toute façon, Joseph n'en attend plus rien lui non plus. Il ne remuera pas ciel et terre pour garder qui que ce soit auprès de lui, préférant même comme toujours ouvrir grand la porte de sa vie à celles et ceux qui voudraient en sortir. Si Joseph espère sauver son âme et se rendre utile d'une meilleure façon dans ce monde qu'il fasse, mais ces résolutions ne seront pas les siennes et quelque part, Mickey ne tient pas non plus à ce que cette nouvelle trajectoire du Keegan lui rappelle que la sienne le conduira droit vers la tombe. Qu’il se range s'il le souhaite mais loin de lui, c'est probablement mieux ainsi. « Un autre monde… » Le sien est celui des drogues et de l'argent sale aujourd'hui, un monde dont Joseph a visiblement le souhait de s'extirper alors oui, cette frontière existe bel et bien à ses yeux quand bien même il doute que son ami puisse trouver une herbe beaucoup plus verte ailleurs. « Si tu crois qu’les amitiés c’est juste de donner et de recevoir en retour, tant pis, j’pourrai pas t’faire changer d’avis. » Il perdrait son temps à tenter de le faire, tous deux le savent pertinemment car il y a bien longtemps que Mickey ne cherche même plus à définir ce mot-là ou un autre. Il n'a rien d'un ami, le constat a le mérite d'être effectué des deux côtés alors peu importe finalement de ce dont il s'agit. « J’ai jamais cessé d’chercher ton nom dans les journaux quand t’étais occupé à d’venir le meilleur du monde. T’avais pourtant rien à m’donner en échange. J’étais juste content pour toi. » Content pour celui qui se laissait volontiers aveugler par le succès et par une vie de famille qui avait tout pour le combler. Joseph nageait déjà à contre-courant à l'époque, se contentant du minimum et d'un Mickey filant bien trop droit pour recourir à ses petits services. Il aura fallu attendre sa rechute pour que le boxeur revienne officiellement vers lui et s'il prend ce soir conscience de certaines choses comme du fait qu'il ne mérite pas le tiers de ce que les gens peuvent entreprendre pour lui, ce n'est pas pour autant qu'il le fait entendre ou même voir. Impassible, ou du moins en surface. « J’y peux rien si tu t'es accroché. » Il souffle simplement dans un bref haussement d'épaules, sans préciser qu'il n'aura bientôt plus à le faire puisque c'est bien vers cette issue que les choses tendent à aller. Au final, c'est un peu sa liberté que le boxeur lui rend aussi.

Deux ans déjà que Joseph ne consomme plus, deux ans que cette merde ne le tue plus à petit feu comme lui et deux ans, surtout, que Mickey laisse l'information le contourner en s'entêtant à les voir semblables sur tous les points. Il faut avoir une sacrée volonté pour raccrocher comme le Keegan l'a fait, le genre de volonté qu'il n'a pour sa part jamais voulu trouver et alors que voir ceux qui l'entourent parvenir à s'en sortir devrait le motiver à chercher lui aussi la sortie, c'est encore et toujours dans sa chère Caroline que Mickey viendra à l’arrivée replonger son nez. Il devrait pourtant veiller à l'économiser cette poudre en tant qu'ultime commande délivrée par Joseph, dont l'emprunte laissée dans le milieu ne s'envolera certainement pas aussi vite que les lignes blanches sur cette table. « J’avais besoin d’argent. J’ai jamais eu mes poings pour remplir mon portefeuille. Et j’crois pas qu’ça vaut la peine d’essayer d’te convaincre que c’est pas facile pour un ex taulard de s’faire réhabiliter. Quand t’as merdé une fois dans ta vie, tu gardes ta réput’. J’ai jamais eu l’courage de d’venir le mouton noir, alors c’était plus facile d’m’entourer d’ceux qui me r’semblaient et qui pouvaient comprendre. » Dans le fond, il sait bien que Joseph avait ses raisons de s’engouffrer là-dedans le premier et de marchander sous le manteau car on ne choisit pas ce genre de vie pour le plaisir de flirter avec l'inégalité. C'est simplement là où se retrouvent les gars comme eux à un tournant de leur existence, ceux que l'on dit souvent destinés à mal tourner et dont les options sont aussi très limitées. La drogue était une solution à leurs problèmes de l'époque ainsi qu'un argent facile à se faire pour Joseph, mais cette drogue est aussi la cause du plus grand sabotage qu'un sportif de renom n'ait sans doute jamais entrepris contre lui-même. Mickey avait tout : de l'or au bout des gants avec des titres de champion à foison ainsi qu'un rôle de père et de mari à chérir, mais la tentation ne l'a pas épargné et ses vieux démons l'ont rattrapé comme s'ils ne l'avaient jamais vraiment quitté. Les conséquences tout le monde les connait mais bien peu s'autorisent à les énumérer devant lui, encore moins à lui reprocher d'avoir sacrifié ce qu'il possédait de plus cher quand il semble évident qu'un tel rappel a aujourd’hui tout d'imprudent mais le risque de se heurter à ses plus sombres côtés, Joseph le prend malgré tout. Son regard ne pourrait pas lui signifier plus clairement de faire demi-tour sur la question mais ses propres allusions ne se font elles-mêmes pas attendre, comme lorsqu’il souligne le fait qu'il reste le seul père présent dans cette pièce avant de trébucher sur l'origine de ses consommations, dont on ne présente plus l'un des principaux acteurs. « T’en demandais. J’te l’ai pas enfoncée dans la gorge. On a fait une transaction de vendeur à client. Ne m’blâme pas. » Il n'a été forcé à rien, c'est vrai, mais Joseph est aussi le seul à avoir accepté de fournir un mineur et cette réalité n'en existe pas moins, elle non plus. « J'avais quinze ans, Jo. » il lui rappelle juste, estimant ne pas devoir lui faire un dessin et se refusant à préciser de quelle manière le gosse qu'il était pouvait trouver l'argent pour lui acheter ces saloperies. La vérité c’est qu’il était déjà prêt à tout pour sa maudite poudre, à un âge où les études ne représentaient déjà plus rien et où la boxe n'était pas encore apparue comme son autre salut.

« Tu penses qu’tu vaux plus qu’moi, pas vrai ? » Il pense surtout que Joseph ferait mieux de se faire minuscule quand il est ici car il faut être le roi des idiots pour lui rappeler ses torts entre ces murs, où le boxeur n'est pas disposé à laisser le désastre de sa vie l'atteindre. Ce n'est ni plus ni moins qu'une histoire de déni entretenu depuis trois ans, et non le fait de valoir plus ou moins qu'un autre. « J’t’ai connu à ton plus bas, Mickey. J’suis pas un de tes fans qui a seulement assisté à tes combats et qui s’est branlé sur tes victoires. » Génial, il est même l'un des rares à l'avoir côtoyé dans chaque période de sa sombre vie : sa débauche d'adolescent, sa gloire de jeune adulte puis sa sinistre rechute, ce plus bas comme Joseph aime l'appeler. « T’es pas seulement tes accomplissements. Tu peux me casser les dents si ça t’chante, tu peux aussi me piétiner autant qu’tu veux, on est bien plus semblables que tu l’penses. J’suis pas dans ta tête, mais qui ici pourrait prétendre comprendre c’que ça fait de brûler d’l’intérieur et d’avoir l’impression d’crever sans qu’la mort n’vienne jamais ? » Comprendre ne l'empêche pourtant pas de juger et de lui remettre sous le nez ce qu'il est parvenu à briser. Les dents de Joseph resteront en place car ce n'est pas en se défoulant sur lui que Mickey s'élèvera d'une quelconque façon, il ne cogne même jamais dans l'optique de se sentir supérieur aux autres et le penser revient à très mal connaître ce qui l'anime, comme ces raisons l'ayant un jour poussé à se détruire sans jamais plus pouvoir s'arrêter. « La mort arrivera plus vite que tu le penses si tu me refais un coup comme ça. » il l'avertit d'un index dressé contre lui en référence à ces provocations gratuites sur le père qu’il peut être, qui ne lui feront pas entièrement perdre son calme ce soir même si c’était bien essayé. « C’est pas mon choix de plus t’vendre d’la coke qui va t’esseuler. Tu fais ça seul, comme un grand, comme l’infaillible et l’indomptable Scar qui pense n’avoir besoin d’personne pour monter sur le podium. » Il n'y a plus de podium depuis trois ans, le boxeur reste certes indomptable mais certainement pas infaillible car si Joseph le voyait en dehors de ce bar, il comprendrait que tout ça n'est qu'un décor. « Je finirai seul ouais, mais sûrement que toi aussi. » C'est ce qu'il prédit et non ce qu'il lui souhaite, mais la précision ici n'a pas lieu d'être. « On se retrouvera en enfer de toute façon. » il ajoute et appuie cette idée en avalant d'une traite le fond de son verre. Peu importe à quel point Joseph espère échapper à cet enfer qui les guette, c'est ainsi que les choses sont écrites selon lui et en ce qui le concerne, ça ne l'empêchera pas de dormir cette nuit. « Enfin, si c’était que d’moi, j’dirais que depuis l’début tu t’jettes en bas d’un précipice, mais chacun sa vision des choses. Je n’suis que spectateur d'ta descente en enfer. » Un spectateur qui contemplera bientôt cette descente aux enfers de très loin, ou qui ne contemplera même plus rien du tout. Comme ce doit être drôle de rappeler aux autres qu’ils vont continuer de s'enfoncer, Joseph a même de toute évidence besoin de ça pour rendre sa sortie un peu plus spectaculaire. Et dire que Mickey ne l'a jamais fait lui, pas même lorsque son heure de gloire a sonné car s'il s'est effectivement contenté de briller, jamais il n'a regardé ce qu'il laissait derrière lui avec mépris comme celui oubliant d'où il vient. « Ta vision des choses ou celle de quelqu'un d'autre je m'en cogne, Jo. Ça te concerne officiellement plus, t'es plus spectateur de rien alors occupe-toi de ta famille et évite de remuer la merde chez les autres sous prétexte que tu t'es racheté une conduite. » Car il n'aura jamais les mains propres, aussi grand puisse être son acharnement à laver ces dernières. Sa sortie pourrait être digne mais il s'attarde là où il ne faut pas, cherchant les problèmes sans même que Mickey ne comprenne pourquoi. Tout ce qu'il voulait connaître c'est son déclic, et c'est bien là que les choses auraient dû s'arrêter. « Pourquoi tu fous pas le camp, hein ? » il finit par questionner, la sévérité de son regard remplaçant la fébrilité de ses poings car par miracle ce soir, Joseph s'en tirera sans portrait refait par ses soins. Ultime privilège que Mickey consent à lui accorder pour ses bons et loyaux services sans doute, histoire de ne pas entacher trop lourdement ce qui les a liés un jour. « T'as balancé ce que t'avais à dire, tu t'es débarrassé de ton dernier lien avec la coke pour pouvoir crier sur tous les toits que t'as changé alors vas-y, t'es libre maintenant. » Libre de s'évanouir dans la nuit pour revenir ensuite la bouche en cœur auprès de sa sœur, puisque c'est apparemment le projet. Ce n'est pas comme s'il avait encore des raisons de s'éterniser ici et pas comme si Mickey avait aussi très envie de voir sa gueule, ou d'entendre plus longtemps le son de sa voix. « Prends ton fric et savoure-le bien, surtout. » Tout comme lui savourera cette poudre que le Keegan ne lui apportera plus, à regret malgré tout. C'est sur ces derniers mots que Mickey se redresse pour laisser ses jambes le mener un peu plus loin dans ce sous-sol, vers une destination que lui seul connait vraiment. Ils en ont terminé, se sont même à son sens tout dit alors à quoi bon jouer les prolongations ? Pas d'au revoir donc, et le gagnant du match se jouant en arrière-plan Mickey s'en fiche bien là aussi.


:drama: :drama: :drama:


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Message(#)(joseph) a whole pocket full of stones EmptyMer 31 Mai 2023 - 22:10

La définition de l’amitié n’a jamais fait de sens. Les relations de Joseph ne peuvent pas entrer dans cette catégorie et, pourtant, il s’obstine à penser qu’il en a, des amis. Il se convainc afin de détourner la solitude de son chemin, s’égare dans le dédalle de ses illusions, arrive à y croire à la toute dernière seconde, lorsqu’on lui adresse un sourire ou une main grande ouverte. Il s’accroche jusqu’à ce que ses muscles le lâchent puis la chute est longue, trop longue, après toutes ces années à grimper et à espérer. C’est sa routine et après trente ans il devrait avoir appris sa leçon, mais il n’a jamais été un très bon intellect. Même s’il n’oublie rien, pas même le détail le plus futile, il refuse de croire que tous les humains ont les mêmes défauts. Un jour, il trouvera quelqu’un qui définit l’amitié de la même manière que lui. Ce jour n’est pas arrivé. « J’y peux rien si tu t'es accroché. » Encore, il blâmera les mauvaises circonstances pour le manque de tact et de subtilité dans le comportement détaché de Mickey. Aussi, il prendra une part de la faute. C’est vrai : c’est son problème s’il s’est attaché à un homme qui ne sait pas prendre soin de ses relations – ou qui préfère soigner son image que de se soucier du bonheur d’autrui.

Joseph ne devrait pas avoir à se justifier mais il en est réduit aux explications creuses. Mickey connait les revers de leurs situations plus similaires qu’il ne voudrait l’admettre. Quand ils se sont trouvés, il n’avait peut-être pas le même âge, mais leur navire s’était fait fracasser par la véhémence de la malchance, et ils s’étaient accrochés à la première chose qu’on leur avait tendue. La drogue avait aidé Joseph à s’en sortir. Pour mieux l’enterrer, certes, mais pour l’extirper d’une mer barbare avant tout. « J'avais quinze ans, Jo. » Comment demander à un homme qui n’a pas eu d’enfance de faire la différence entre les âges ? La maturité n’est qu’un concept abstrait pour celui qui a dû prendre ses plus grandes décisions quand il n’avait même pas terminé de traverser la puberté. Il est débalancé ; comment lui en vouloir d’avoir espéré aider un garçon qu’il pensait dans la même situation que lui ? À cette époque, il remerciait encore Alfie de lui avoir ouvert les yeux sur le monde des paillettes car, pour la première fois de sa vie, il s’était débarrassé de cette pression immense qui pesait sur sa poitrine. Les souvenirs lui collent encore à la peau comme de l’huile, mais il arrive à se soustraire de la souffrance qu’ils lui apportaient jadis. Les viols qu’il a subis s’apparentent désormais à des cauchemars auxquels il aurait assisté à vue du ciel. « À quinze ans, j’avais voulu mourir plus de fois qu’tu pourrais l’imaginer, Mick. J’serais pas là si on m’avait pas sorti d’la rue, et c’est c’que j’ai voulu faire avec toi, c’est tout c’que j’savais. Tout c’que j’connaissais d’la vie. Tu peux ravaler tes remarques si tu m’reproches d’avoir voulu d’aider d’la seule manière qu’j’pouvais l’faire. » Il n’est ni magicien, ni médecin, ni psychologue. Il n’a jamais eu les moyens de sortir les gens de la misère puisqu’il s’y trouve toujours.  

S’il y a une chose pour laquelle il faut lui donner le mérite, c’est sa capacité à faire abstraction au contexte et à ne pas se laisser marcher sur les pieds malgré la position délicate dans laquelle il s’est placé. Il se trouve dans la caverne du grand méchant tigre mais ni les griffes et ni les crocs de Mickey arriveront à l’intimider. Tout ce qu’il connait de lui, ce sont ses failles et ses défauts. Il pourrait persuader le monde entier qu’il est toi, ses jolis petits mots politisés de feront pas d’effet sur Joseph. Il l’a vu à son plus bas, l’a encouragé à son plus haut, et aujourd’hui il est assez bien placé pour savoir que sa valeur n’est qu’une supercherie. Alors il s’en fiche bien de l’insulter en appuyant là où la plaie est encore ouverte. Rien ne changera s’il se contente de chatouiller sa peau sans la déchirer. Mickey peut encaisser les coups ; son métier l’a sculpté dans la pierre. « La mort arrivera plus vite que tu le penses si tu me refais un coup comme ça. » Ce ne sont pas les menaces de mort qui peuvent avoir un effet sur lui. Ça fait vingt-cinq ans qu’il est surpris de se réveiller encore en vie le matin. Il rigole presque tant il n’arrive pas à prendre cette situation au sérieux. « Je finirai seul ouais, mais sûrement que toi aussi. » Rien de bien méchant qu’il ne savait pas déjà. « On se retrouvera en enfer de toute façon. » « Non. On cessera d’exister plus tôt qu’prévu. » L’Enfer n’existe pas. Et, oui, il assume qu’il n’est pas le seul qui trouvera le repos éternel précairement. Ce n’est pas lui qui colle encore son nez à la poudre. Même s’il ne fournira plus Mickey, ce dernier trouvera un moyen d’arriver à ses fins autrement. Il mettra la main sur un produit coupé de piètre qualité et il pourra se blâmer quand il devra se faire amputer un membre. Il ne peut pas faire semblant de s’en soucier puisque leur amitié n’a visiblement jamais été vraie. « Ta vision des choses ou celle de quelqu'un d'autre je m'en cogne, Jo. Ça te concerne officiellement plus, t'es plus spectateur de rien alors occupe-toi de ta famille et évite de remuer la merde chez les autres sous prétexte que tu t'es racheté une conduite. » C’est ce qu’il compte bien faire. Tant pis si leurs chemins doivent se séparer. Pour une fois, il ne pense pas être celui qui prend la mauvaise décision. Tandis que Mickey l’invite gentiment à quitter les lieux, il ne peut empêcher ses yeux de lorgner ses poings fermés, prêts à cogner. Ce n’est pas qu’il a envie de se faire casser le nez, mais l’occasion de se faire mettre K.O. par un champion de boxe ne se présente pas à toutes les portes. « T'as balancé ce que t'avais à dire, tu t'es débarrassé de ton dernier lien avec la coke pour pouvoir crier sur tous les toits que t'as changé alors vas-y, t'es libre maintenant. » Ironique, il bredouille : « Yep. Brisbane va m’entendre, tu peux l’croire. » Il est bien obligé de se mettre à son niveau. Mickey est irraisonné et irraisonnable. Il s’impliquerait un peu plus s’ils étaient des amis, oups. « Prends ton fric et savoure-le bien, surtout. » Il l’observe décoller ses fesses su canapé, se réjouit de le voir abdiquer en premier (petite victoire personnelle), bien qu’une boule d’inquiétude se soit nichée dans ses tripes. Maintenant que la pression est tombée, que ses dents ne craignent plus de se faire étendre sur le sol, il réalise. Il aurait dû s’y attendre. Dans ce monde-là, les contacts ont plus de valeur que les amitiés. Mickey a raison, d’une certaine façon ; ce n’est pas sa faute s’il s’est accroché à lui, et à tous les autres qui l’ont abandonné lorsqu’il n’avait plus rien à offrir.

Il était condamné depuis le début.    

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