Une autre session d’entrainement au club de rugby, une autre bière au bar du coin après l’effort. Il faut bien du réconfort oui. Même si personnellement pour toi, la séance en elle même est un très grand réconfort également. Tu es entouré de gens pendant deux heures de temps. Vous êtes ensembles à bosser votre physique et coordinations pour être les plus optimales ensemble dans le jeu. Tu es bien loin de jouer des matchs de manière sérieuses. Toi tu profites juste des entrainements et de la camaraderie qui en découle. Tu as proposé « comme ça » dans les vestiaires à qui voulait venir boire un coup non loin et Oliver a répondu présent pour ton plus grand plaisir. Tu n’as pas eu l’occasion de trop lui parler encore. Vous ne vous êtes pas tant croisé depuis que tu t’es inscrit il y a tout juste quelques semaines. Le feeling doit être bon aux premiers abords à ton avis pour qu’il soit ok de venir boire un coup avec toi. Tu t’es adouci comme gars. Tu es plus ouvert pour aller vers les gens et ça a tout à voir avec ton souhait de vouloir la compagnie du monde entier. La solitude est ton pire ennemi. Au point que tu as déménagé dans une colocation. Tu as commencé à t’occuper de faire le vide dans ton ancien appartement. Tu as déplacé ce qui était utile dans ton nouveau lieu de vie, mais pour le reste, tu vas vendre ou donner. Tu ne veux rien stocker et encore moins payer pour cela. Tu sais être minimaliste et tu ne t’attaches pas tant que ça aux choses matériels. Racheter plus tard si besoin est, c’est ce qui est le mieux à ton avis. Tu aimes pouvoir repartir là avec des choses nouvelles. Faire un grand trait sur le passé. Ne pas garder ce qui ne sert plus.
Ta douche a été prise, tu as les cheveux mouillés, ton sac sur l’épaule, prêt à partir avec Oliver quand il sera prêt à son tour. Tu as brièvement le nez dans ton téléphone en l’attendant et quand tu le vois du coin de l’oeil tu relèves totalement la tête et range ton mobile dans ta poche. « On va chez Cooper’s. » Le bar le plus proche qui est de l’autre côté du complexe sportif. A moins de dix minutes à pied. « T’as déjà sûrement dû y aller mais je l’ai découvert seulement y’a deux semaines. Ca fait combien de temps que t’es inscrit au club ? » Tu demandes au passage alors que tu commences à marcher.
"Holding on to anger is like grasping a hot coal with the intent of throwing it at someone else; you are the one who gets burned."
C’est cul nu dans les vestiaires qu’Oliver entend un appel à la bière d’après entraînement et il ne lui faut pas plus d’une seconde pour accepter. Une bière, il ne dira jamais non … surtout pas au cours de ces derniers mois. Il est en train d’opérer une petite révolution dans sa vie privée et professionnelle : un changement de carrière, un déménagement pour emménager avec sa petite amie. Beaucoup trop de stress donc oui, une bière fraîche à parler de tout et de rien semble le parfait remède miracle. Il passe sous la douche à la hâte, sèche ses cheveux encore plus à la hâte avant de balancer ses vêtements dans son sac de sport et de prendre la direction de la sortie à laquelle l’attend Ash. Ash, c’est un « nouveau » au sein du club de passionnés. Ils n’ont pas encore eu l’occasion de discuter, d’échanger donc pour lui, c’est la parfaite occasion.
« On va chez Cooper’s.» « Cooper’s c’est niquel. », lance-t-il en hochant la tête et en saluant d’un bref signe de main un groupe d’autres passionnés qui s’apprêtent à rentrer chez eux. C’est ainsi que le nouveau duo se met en direction du pub situé à quelques pas de leur centre d’entraînement : un sacré bon emplacement. « T’as déjà sûrement dû y aller mais je l’ai découvert il y a deux semaines. Ça fait combien de temps que tu t’es inscrit au club ?» « L’endroit est pas mal, ouais. On s’y rend souvent après les matchs, tu verras …. », dit-il avec un large sourire enthousiaste aux lèvres à l’idée de pouvoir vivre de nouveau la petite montée d’adrénaline des matchs, la camaraderie à son paroxysme et les bières bien méritées accompagnées des explications de différentes scènes de jeu. La base ! « Poahhhh ! Ça va faire un petit bail, je crois que j’entre dans la quatrième ou cinquième année. Je jouais au lycée … et je me suis inscris sur un coup de tête il y a quelques années, histoire de me maintenir en forme et d’arrêter de squatter le canapé. La bande de crétins m’a convaincu d’y rester ; on y est bien. » Meilleure publicité qui soit pour un club de rugby, pas vrai ? Ils marchent l’un à côté de l’autre. « Mais je me dis que tu as dû t’en rendre compte ? qu’on est une belle bande de crétins mais qu’on s’y sent bien ? », dit-il en tournant la tête vers son interlocuteur, un sourire abruti et amusé au bord des lèvres. « Tu jouais déjà avant ou tu t’es lancé dans le rugby récemment ? J’crois pas m’souvenir avoir eu le temps ou l’occasion de poser la question … »
Quelques pas plus tard, ils arrivent finalement aux abords du pub. Ils poussent les portes de ce dernier et se retrouvent rapidement assis l’un à côté de l’autre, au comptoir, sur ces hauts tabourets aussi inconfortables que traditionnels. Oliver ôte sa veste après avoir laissé tomber son sac de sport à ses pieds : celui qui le déroberait devra avoir un problème avec son sens olfactif car ouvrir ce sac de sport est rapidement une arme bactériologique. Il le sait. Il a même prévenu Billie de ne jamais lancer de lessive avant qu’il se rende à l’entraînement : car c’est la première chose qu’il fait en rentrant pour ne pas transformer l’appartement en zone toxique.
« Cooper’s c’est niquel. » Si ça ne l’est pas déjà pour les autres, tu sens que ça va devenir le QG, ton QG, après les entrainements de rugby. Tu as pu faire plus ample connaissance de cette manière là avec les uns et les autres. Ce soir n’est pas différent et tu es vraiment sincèrement ravi que Oliver ait été tenté. « L’endroit est pas mal, ouais. On s’y rend souvent après les matchs, tu verras …. » Après les matchs, c’est pas sûr que tu en fasses parti mais pour dire la vérité, ça peut être un moment supplémentaire où tu n’as pas besoin de chercher de la compagnie car tu te joindras à la compagnie en question. Tu sais déjà que tu regarderas depuis les tribunes ou le côté du terrain. Tu n’es pas du tout au niveau pour jouer un match entier. Ton endurance n’est pas encore là. Y’a beaucoup de travail en ce qui te concerne.
Poahhhh ! Ça va faire un petit bail, je crois que j’entre dans la quatrième ou cinquième année. Je jouais au lycée … et je me suis inscris sur un coup de tête il y a quelques années, histoire de me maintenir en forme et d’arrêter de squatter le canapé. La bande de crétins m’a convaincu d’y rester ; on y est bien. » Tu apprécies énormément ce qu’il te dit. Il t’a donné un bel aperçu de son parcours, tu comprends mieux pourquoi il est si doué, car oui, tu t’en es rendu compte sur le terrain. Un sourire se forme sur tes lèvres alors que tu le regardes du coin de l’oeil toujours en avançant vers le pub qui est de moins en moins loin. Mais je me dis que tu as dû t’en rendre compte ? qu’on est une belle bande de crétins mais qu’on s’y sent bien ? » Tu confirmes d’un hochement de tête. « Ouais je pensais pas que ce serait aussi agréable mais c’est exactement ce que je cherchais en m’inscrivant ici. » Vraiment. Tu es plutôt fier de toi quand tu y penses car ça n’était pas gagné d’avance.
« Tu jouais déjà avant ou tu t’es lancé dans le rugby récemment ? J’crois pas m’souvenir avoir eu le temps ou l’occasion de poser la question … » Tu fais non de la tête pour répondre à une de ses questions, mais tu vas t’exprimer un peu plus avec des mots. « Je regardais beaucoup le rugby mais j’ai jamais joué avant de m’inscrire dans le club y’a quelques mois. » Il a l’air très sociable Oliver et tu te sens à l’aise dans la conversation avec lui. Tu n’as pas besoin de faire d’efforts particulier. Ca va tout seul.
Côte à côte installé au bar, le sac à tes pieds également, tu regardes les bouteilles qui sont affichés devant vous. « Je vais rester sage parce que je tombe déjà de fatigue. » Mais tu es aussi bien faible et tu apprécies de sentir de l’alcool entrer dans ton organisme. On ne change pas les vieilles habitudes. « Ca serait con que tu doives me porter jusqu’à ma voiture. » C’est mignon Asher comme tu penses quand même à conduire dans l’éventualité où tu es mort de fatigué et ivre en même temps. Comme si tu pourrais être assez alerte pour te retrouver derrière un volant. Tu commandes un whisky parce qu’ils ont une bouteille que tu n’as jamais goûté et tu es curieux. « Tu prends quoi ? C’est pour moi. » Tu es d’humeur généreuse ce soir. Quand il aura commandé tu poseras une nouvelle question pour en savoir un peu plus sur lui. « Tu fais quoi dans la vie ? » Des questions simples mais que tu ne posais pas forcément avant. Tu ne t’intéressais pas aux gens et les temps ont bien changé.
"Holding on to anger is like grasping a hot coal with the intent of throwing it at someone else; you are the one who gets burned."
« Ouais, je pensais pas que ce serait aussi agréable mais c’est exactement ce que je cherchais en m’inscrivant ici. » « Et ce n’est que le début ! », précise-t-il en venant poser sa main sur son épaule pour appuyer ses propos. Le début d’une longue aventure. Certains nouveaux arrivants ne restent pas longtemps. En tant qu’adulte, ce n’est pas toujours évident de combiner un hobby, la vie professionnelle et parfois la vie de famille. Il le sait mais il a, pour une raison encore inconnue, un bon pressentiment avec Asher. Il se dit que ce dernier semble suffisamment motivé pour y rester au sein du club. « Je regardais beaucoup le rugby mais j’ai jamais joué avant de m’inscrire dans le club y’a quelques mois. » Il écarquille les yeux tout en se pinçant les lèvres, hochant positivement de la tête : une réaction naturelle du mec qui est quand même épaté par la manière dont il joue et sa présence sur le terrain. Il n’a pas l’air aussi perdu qu’il pourrait le croire. Oliver est impressionné. « Woh ! Tu t’en sors bien pour un mec qui a commencé il y a quelques mois. » Ce n’est pas un compliment lancé à la va-vite ni même pour brosser le nouveau dans le sens du poil. Non, c’est un compliment spontané auquel Ash n’a même pas besoin de répondre.
Arrivés au bar, ils prennent place près du comptoir sur les hauts tabourets qui sont plus souvent libres que les tables. « Je vais rester sage parce que je tombe déjà de fatigue. » Oliver approuve d’un hochement de tête, pensant la même chose. Il doit encore rentrer chez lui, se préparer pour le tournant qui a lieu dans sa vie. « Ce serait con que tu doives me porter jusqu’à ma voiture. » « Ce serait con, en effet … car j’pense pas en être capable … j’t’appellerais un taxi. Ça serait plus raisonnable … mais c’est pas une raison pour se mettre une cuite non plus. », dit-il avec le plus grand des sourires, la voix rieuse. « Tu prends quoi ? C’est pour moi. » Oliver le remercie par une tape dans le dos avant de se commander une pression ; un classique. « Tu fais quoi dans la vie ? » Ouille ! La question lui fait de nouveau prendre conscience des changements qu’il est sur le point d’opérer dans sa vie. Malgré le sourire qu’il affiche spontanément, on peut voir que la question n’est pas aussi facile qu’on le penserait. Pour lui, c’est un tournant radical. Quitter un boulot qu’il pensait être une destinée. Pour … un gigantesque inconnu. Il n’a encore idée de ce dans quoi il se lancerait. Il a quelques pistes et toutes se retrouvent avec le thème de la sécurité mais il n’y aura plus d’uniforme, plus de port d’arme, plus de plaque de flic. Non, il n’aura plus conscience de la cruauté de l’espèce humaine. Il ne sera plus confronté à cette dernière et ce changement est pour lui un soulagement, quoiqu’on en dise. « J’étais flic. Je le dis au passé parce que j’ai démissionné en début d’année ; l’année des bonnes résolutions. Je me cherche un boulot. » Et, il ajoute en tournant la tête vers son interlocuteur : « Et toi ? »
« Et ce n’est que le début ! » Son enthousiasme est communicatif et y’a même un sourire persistant sur ton visage malgré ta fatigue. C’est agréable d’avoir le temps de faire plus ample connaissance en tête à tête. Il est plus aisé de découvrir véritablement la personne de ce fait et ce que tu découvres au fur et à mesure des minutes qui s’écoulent, c’est vraiment que du positif. Il pose même sa main sur ton épaule de manière amicale. Tu peux clairement lui filer l’oscar de la personne la plus chill et c’est un très beau compliment. Tu aimerais être un peu plus comme lui.
« Woh ! Tu t’en sors bien pour un mec qui a commencé il y a quelques mois. » Sûrement la honte de mal faire, tu t’appliques et faut croire que ton corps est capable de pas mal de chose que tu ignorais sportivement parlant. Après tu es presque sûr qu’il est juste en train d’exagéré. Tu n’es pas si doué que ça mais ça reste agréable à entendre, même si tu n’y crois pas. Il pourra voir le sourire sur ton visage malgré tout. « Mouais. » Tu peux pas t’empêcher de faire comprendre que t’es pas trop trop d’accord avec son avis. Ca fait plaisir d’avoir Carmine qui est aussi novice que toi dans le lot.
« Ce serait con, en effet … car j’pense pas en être capable … j’t’appellerais un taxi. Ça serait plus raisonnable … mais c’est pas une raison pour se mettre une cuite non plus. » Il a l’air d’être un type aussi chill que responsable et en plus il a une belle gueule. Il a l’air d’avoir tout pour lui. C’est naturellement que tu veux en découvrir encore plus sur sa personne et sa réponse tu ne t’y attendais clairement pas. « J’étais flic. Je le dis au passé parce que j’ai démissionné en début d’année ; l’année des bonnes résolutions. Je me cherche un boulot. » Tu clignes quelques fois des yeux, peut être même trop ça en devient presque comique. « Et toi ? » « Je m’attendais à tout sauf flic. Je sais pas pourquoi. » Que tu avoues. « C’était si terrible pour avoir démissionné ? » Car tu vois que le côté où ils sont chiant à t’arrêter pour des trucs pas important à ton avis mais c’est parce que tu ne t’es jamais trop rendu compte de la violence dont tu es capable quand tu te mets au milieu d’une baston dans un bar. Ca fait bien longtemps, très très longtemps que ça n’est pas arrivé et c’est une très bonne chose. « Je suis dans un groupe de musique. Je sais pas si on peut appeler ça un boulot pour l’instant parce que ça rapporte pas assez par rapport au coût de la vie mais c’est le seul truc que je fais en ce moment. » Tu hoches la tête pour appuyer tes propos. « C’est pour ça que j’ai le temps de venir faire du sport. » Même si t’aimerais bien ne pas avoir le temps car ça voudrait dire beaucoup de chose à faire car ça part dans tous les sens. Mais tu n’y es pas encore. « Je vais partir en tournée en février et mars, vous allez pas me voir pendant quelques semaines. »
"Holding on to anger is like grasping a hot coal with the intent of throwing it at someone else; you are the one who gets burned."
« La réaction d’Ash ne laisse pas de doute. Il ne s’est pas imaginé une seule seconde Oliver Dawson en tant que flic. Et pourtant ! Cela avait été son boulot, sa destinée même pour certains membres de sa famille. Il est passé par l’école de police, les heures de service passées en uniforme jusqu’à pouvoir se contenter d’une plaque de flic et de tenue de civil. Il s’est imaginé faire carrière jusqu’à ce que Billie se retrouve une balle dans le ventre, gisant au sol puis oscillant entre la vie et la mort. Cela avait été l’événement qui lui avait montré que c’était trop. Il avait fini par ne voir que le négatif, que le mauvais en tout et tout le monde. Comment faire confiance en l’être humain quand vous êtes sans cesse confrontés à ses vices. C’était prendre la fuite et il acceptait. Un sourire vient prendre possession de ses lèvres en voyant la réaction d’Ash et il acquiesce même d’un signe de tête à plusieurs reprises, amusé. «Je m’attendais à tout sauf flic. Je sais pas pourquoi. » Oliver laisse échapper un éclat de rire. « Oh si si je te confirme, j’ai bel et bien été flic. J’ai même bossé à la crim’. Super trendy en ce moment avec tous les true crime podcasts, série netflix à la mode », qu’il ajoute sur un ton amusé bien que tout cela est la vérité. Stricte triste vérité qui avait été son quotidien pendant beaucoup trop d’années. «C’était si terrible pour avoir démissionné ? » Un sifflement est la première réaction d’Oliver. « J’vais pas cracher sur le badge ni même sur les collègues. Disons qu’avant de devenir cinglé, j’ai préféré arrêter. On sous-estime peut-être un peu trop ce que ça implique d’être confronté, sans pause, aux problèmes du monde… » Putain il peut plomber l’ambiance, Oli. Oui mais il dit cela d’une voix calme, posée et avec ce sourire qui fait passer toutes les mauvaises nouvelles comme une lettre à la poste. Confronté aux problèmes du monde, la pauvreté, la misère sociale, la criminalité, le cercle vicieux, … son monde avait repris un peu plus de couleurs depuis qu’il n’y était plus confronté.
« Je suis dans un groupe de musique. Je sais pas si on peut appeler ça un boulot pour l’instant parce que ça rapporte pas assez par rapport au coût de la vie mais c’est le seul truc que je fais en ce moment. » Oliver se tourne vers lui, écarquille les yeux, surpris. « Nan ! Sérieux ? », qu’il ajoute avec sincérité. Un musicien. Un artiste. Un monde totalement inconnu et on pouvait voir à la lueur au fond de son regard qu’il était … impressionné. C’est le genre de destinée qu’il respectait, ceux qui allaient au bout de leur rêve. « C’est pour ça que j’ai le temps de faire du sport. Je vais partir en tournée en février et mars, vous allez pas me voir pendant quelques semaines. » « Nan ! » répète-t-il en se rendant compte qu’il se répète peut-être un peu trop. « Une tournée ? Carrément ! Mais c’est quoi comme musique ? Va falloir que tu me dises, files le nom … histoire que j’écoute. Putain, mais ça a carrément de la gueule de dire : je fais partie d’un groupe de zik et pars en tournée. Avoue que ça en envoie plus qu’un ex flic au chômage. » Un rire complice. « La star du club, du coup… » dit-il à lui-même, tout en s’imaginant Ash en train de jouer sur scène. C’est à ce moment là qu’on leur apporte leurs boissons, que Oli s’empare de la sienne pour lever son verre vers lui.
Ta réaction à son ancien boulot le fait sourire. « Oh si si je te confirme, j’ai bel et bien été flic. J’ai même bossé à la crim’. » Tu ouvres les yeux un peu plus grand. T’as toujours entendu ça que dans des séries et reportages. Le gars sa vie c’était un film en fait. « Super trendy en ce moment avec tous les true crime podcasts, série netflix à la mode » Exactement ça, ça te fait sourire un peu plus qu’il le mentionne. « J’vais pas cracher sur le badge ni même sur les collègues. » Oh il aurait pu avec toi, tu es une vraie tombe. Oliver est très intègre par dessus le marché, tu te demandes où est-ce que ça coince parce qu’il ne peut pas être parfait quand même ? « Disons qu’avant de devenir cinglé, j’ai préféré arrêter.» Il a le sens des priorités. Encore un bon point pour lui. Il ne fait que ça, aligner les bons points. Ce type est un saint. « On sous-estime peut-être un peu trop ce que ça implique d’être confronté, sans pause, aux problèmes du monde… » Il a juste bien vu tout le mal du monde en premier plan, sûrement pour ça qu’il est si équilibré. Il a été forcé à s’adapter pour ne pas devenir fou comme il a dit. Tu ne fais pas de commentaires mais il a toute ton attention et tu trouves ça vraiment remarquable. Tu es absolument impressionné par lui à chaque nouvelle information qui arrive à son propos et ça se voit dans ton regard sur lui.
« Nan ! Sérieux ? » Son tour d’être surpris par ta propre occupation. C’est vrai quand on y pense c’est autant surprenant mais toi c’est ta vie et tu as plein de connaissances, amis et autres potes qui sont dans le milieu alors c’est habituel. « Nan ! » Tu n’en as pas beaucoup parlé de cette tournée encore et tu ne t’attendais pas non plus à une si forte réaction. Ca reste quelque chose de très régulier dans ta vie depuis longtemps. « Une tournée ? Carrément ! Mais c’est quoi comme musique ? » Il s’intéresse fortement et il a un sacré débit de parole qui te fait sourire encore plus. « Va falloir que tu me dises, files le nom … histoire que j’écoute. Putain, mais ça a carrément de la gueule de dire : je fais partie d’un groupe de zik et pars en tournée. Avoue que ça en envoie plus qu’un ex flic au chômage. » « C’est vrai j’avais pas vu ça comme ça… » Parce que flic c’est pas toujours un métier qui est glamour. « Le groupe s’appelle Hurtwave. » La douleur ça va et ça vient par vague plus ou moins forte en fonction des journées. « C’est rock alternatif… métal. » « La star du club, du coup… » Là tu lâches un petit rire. « Toi t’es le héros du club si on part comme ça. » Vos verres qui arrivent en même temps et tu donnes ta carte bancaire pour payer avant de te retourner vers Oliver. « Je suis peut être la star mais t’as l’air d’être le mec idéal toi. La tête sur les épaules, bien équilibré. » Des termes qui n’ont jamais été approprié pour toi mais que tu essaies d’atteindre tous les jours un peu plus. « Tu vois un psy ou un truc comme ça ? » Car vu son ancien métier ça ne t’étonnerait pas.
"Holding on to anger is like grasping a hot coal with the intent of throwing it at someone else; you are the one who gets burned."
« C’est vrai, j’avais pas vu ça comme ça. » Pas de souci, Oliver allait se charger de lui faire prendre conscience du combien son boulot déglinguait et combien ça en valait la peine d’en parler. Son enthousiasme ne parvient pas à disparaître ou au moins à diminuer. Il a les yeux qui crachent des étincelles d’enthousiasme. Il a les lèvres étirées en un large sourire. Il est persuadé que son coéquipier doit avoir un sac rempli d’anecdotes à raconter. Sûr et certain, il en mettrait sa main à couper. « Compte sur moi pour t’en faire prendre conscience », dit-il en faisant un signe de tête impressionné. « Le groupe s’appelle Hurtwave. » Alors qu’Ash lui balance l’information, Oliver sort de sa poche son téléphone pour se noter le nom. Lui et sa mémoire sélective, il savait que s’il n’agissait pas tout de suite, il en aurait oublié le nom d’ici quelques minutes. « Pas mal comme nom », se permet-il de commenter sans vraiment qu’il y ait de fond. Le genre de commentaire balancé entre plusieurs phrases. « C’est rock alternatif .. metal. » Il acquiesce une nouvelle fois d’un signe de tête. Pas forcément sa cam, lui, le fan de ska punk mais il est suffisamment curieux pour s’en écouter quelques chansons et se faire un avis. Il verrouille son téléphone tout en lui montrant : « C’est noté. Je vais en écouter quelques morceaux ; tu as attisé ma curiosité. » Il n’est pas contraint d’écouter, Ash ne lui en a pas parlé de cette manière mais face à un enthousiaste comme Oliver, on prend vite conscience que c’est quelque chose dont on peut être certains. Il va s’écouter la discographie du groupe, peut-être pour en savoir un peu plus sur celui qui semble être bourré de surprises.
« Toi t’es le héros du club si on part comme ça. » Son rire se mêle aux siens. Lui, le héros. Ouais on va passer les détails des avertissements sur son dossier professionnel. On va passer les détails de sa manière de perdre le contrôle lorsqu’il a le sentiment d’avoir un coupable entre les mains mais pas suffisamment de preuves pour le coincer. Tout cela appartient au passé. Autant le laisser au passé. Il préfère se concentrer sur les commandes qui sont posées devant lui, et il remercie une nouvelle fois Ash lorsque celui-ci sort sa carte bancaire.
« Je suis peut-être la star mais t’as l’air d’être le mec idéal toi. La tête sur les épaules, bien équilibré. » Oliver ne peut s’empêcher de sourire, amusé par cette description. « Tu vois un psy ou un truc comme ça ? » « Si c’était le cas, je serais sans doute encore flic, … », dit-il avec honnêteté, car c’était la vérité. On lui avait recommandé un psy, et il s’était contenté des séances qui avaient suivi l’accident de Billie. Une connerie. Il aurait dû poursuivre. Il aurait dû creuser, au lieu de cela, il fuyait et préférait passer à autre chose. « Si c’est comme ça que tu me vois, ça veut dire que je sais bien me vendre. » Un sourire vient marquer son visage alors que sa main s’empare de sa pinte qu’il lève en direction de son coéquipier. « A la tienne. » Les verres se rencontrent, il en boit une gorgée et repose sa pinte devant lui, sur le comptoir pour reposer toute son attention sur Ash. « Mais du coup, tu dois tout le temps en vadrouille avec la musique, non ? Tu dois avoir un paquet d’anecdotes croustillantes à raconter … avoue. » Le mec équilibré avec sa passion pour les anecdotes croustillantes ; un gamin qui atteint bientôt la trentaine.
« Compte sur moi pour t’en faire prendre conscience » Tu apprécies même si tu ne le prends pas tant au sérieux que ça. Vous avez tous les deux l’oeil rieur et toi tu cherches toujours c’est quoi qui cloche chez ce mec là à tes côtés. « Pas mal comme nom » Oui tu aimes bien même si c’est encore loin d’être au niveau de ton ancien groupe. Tu es trop impatient et tu le sais, mais ça ne changera jamais. La route parait encore plus longue quand on l’a déjà foulée pendant dix ans. Tu vois Oliver qui sort son téléphone. Il va vraiment noter le nom de ton groupe ? Il s’intéresse pour de vrai ? Bien sûr Asher, t’as bien vu sa réaction. Voilà que tu te mets à espérer qu’il apprécie ta musique. « C’est noté. Je vais en écouter quelques morceaux ; tu as attisé ma curiosité. » « Je veux un debrief après. » Tu le dis avec un sourire amusé et un ton pas vraiment sérieux mais… s’il te fait le débrief tu l’écouteras avec plaisir. C’est rare les gens qui disent qu’ils vont faire un truc et qui le font réellement à la suite. Ce sera juste un signe de plus que Oliver est le gendre idéal. Le mec parfait.
Tu vois qu’il doit pas trop apprécier que tu le mettes sur un piédestal quant à son travail - ex travail - car il ne fait que sourire sans répliquer de nouveau. Tu laisses glisser car tu es bien la dernière personne à insister sur quoi que ce soit. Tu es de ceux qui ne parle pas beaucoup habituellement. Tu as juste changé ton mode opératoire depuis quelques mois car la solitude te tue à petit feu et qu’il faut communiquer pour se retrouver avec autrui. « Si c’était le cas, je serais sans doute encore flic, … » Il a vraiment la tête sur les épaules pour dire ce genre de chose. Il est dans la team je vais pas voir de psy et je me débrouille tout seul pour résoudre mes problèmes, comme toi. « Si c’est comme ça que tu me vois, ça veut dire que je sais bien me vendre. » C’est bien les mots alors car pour l’instant tu as toujours une parfaite image de lui. « A la tienne. » Tu fais tinter ton verre avec le sien. « A la tienne. » Et puis tu bois une gorgée.
« Mais du coup, tu dois tout le temps en vadrouille avec la musique, non ? Tu dois avoir un paquet d’anecdotes croustillantes à raconter … avoue. » Un sourire très amusé se forme sur ton visage car oui, tu as un tas d’anecdotes croustillantes comme il le dit. « Pas toujours en vadrouille non. La dernière tournée date de décembre 2021 et on a fait quelques shows ici et là en Australie l’année dernière mais pas grand chose. » La dépression a la vie dure. « Mais j’ai hâte de la tournée à venir y’a une parti en Angleterre, ça va me rappeler le bon vieux temps. » C’est clairement une grande lumière au bout de ton tunnel ça. « On joue à Brisbane en février si jamais ce que tu écouteras te plais. » Ce serait un ticket vendu de plus, et peut être même deux s’il ramène quelqu’un avec lui. Tu as consciemment pas répondu à la partie des anecdotes, tu ne saurais même pas par où commencer. « Tu cherches dans quoi pour ton futur boulot ? Tu veux être roadie ? » Pas pour ta tournée à venir car tout est déjà prévu mais tu pourrais le mettre en contact avec les bonnes personnes. « Tu pourrais voir les anecdotes de tes propres yeux. » Le sourire est très amusé sur ton visage.
"Holding on to anger is like grasping a hot coal with the intent of throwing it at someone else; you are the one who gets burned."
« Pas toujours en vadrouille non. La dernière tournée date de décembre 2021 et on a fait quelques shows ici et là en Australie l’année dernière mais pas grand-chose. Mais j’ai hâte de la tournée à venir y’a une partie en Angleterre, ça va me rappeler le bon vieux temps. » Oliver a une mimique impressionné quand il mentionne l’Angleterre. Impressionnant. Et empathique, il partage pendant quelques secondes son enthousiasme pour cette nouvelle aventure. Le monde de la musique, de l’art, des concerts est un monde complètement inconnu. Il ne connaît ce monde qu’à travers les magazines, les films et séries. Il ne connaît rien d’autre et par conséquent, il l’idéalise. Il l’imagine mener la grande vie. Il l’imagine enchaîner les concerts, aller dans les bars et clubs tout en s’enfilant plusieurs bouteilles d’alcool. Il l’imagine avec une bande de potes à rire aux éclats. Il l’imagine avec des groupies prêtes à tout pour avoir son attention. Il ne connaît pas les dessous de ce monde. « L’Angleterre ? Carrément ? », répète-t-il toujours aussi impressionné par celui qui était peut-être vraiment une petite star. « Putain mais il va vraiment falloir que je fasse des petites recherches et écoute … » « On joue à Brisbane en février si jamais ce que tu écouteras te plais. » Il acquiesce. « Je viendrais. » Une réponse catégorique qui ne laisse aucun doute. « Je viendrais, peu importe si la musique me plaît ou pas. Question de principe. Tu fais partie de l’équipe. Et si c’est vraiment pas à mon goût, je m’enfilerais quelques verres, quand je suis bourré, j’apprécie vraiment tout comme musique. » dit-il tout en lui adressant un sourire sincère. Ouais, ça a aussi ses côtés négatifs l’esprit d’équipe … ça pourrait le conduire au concert d’une musique qu’il n’aime pas mais on se soutient, on se serre les coudes au-delà du sport. Du moins, c’est comme ça que fonctionne Oliver.
« Tu cherches dans quoi pour ton futur boulot ? Tu veux être roadie ? Tu pourrais voir les anecdotes de tes propres yeux. » « Woh ! Ce que je cherche dans mon futur boulot, c’est une question pas si facile … » dit-il tout en jouant avec son verre entre ses mains. « C’est sûr qu’il faut que je me bouge et que je suis pas fait pour être assis derrière un bureau mais pas au point d’être un roadie et de me balader un peu partout. Pas le courage. » Un aveu sincère. Il avait pas mal de respect pour ceux et celles qui n’avaient pas peur d’avoir aucune attache, de voyager un peu partout … Oliver avait besoin de racines, d’un endroit dans lequel il pouvait se réfugier … aujourd’hui encore plus que par le passé. « Je vais postuler pour des postes dans la sécurité. Possible que le fait d’avoir été flic puisse aider. » Il hausse les épaules sans grande conviction. Parfois être un ancien flic peut également jouer en sa défaveur, tout dépend de l’expérience que l’on a faite avec les forces de l’ordre. Il en avait tiré les conclusions avec l’expérience. « Ou pas. On verra. » ajoute-t-il d’une voix rieuse.
Tu vois son expression être totalement subjugué par les mots que tu viens de lui donner. C’est vrai quand on y pense c’est le jour et la nuit avec son ancien métier. Il n’a du voir que les fins d’anecdotes dans son bureau et encore, tu n’es même pas sûr qu’il soit celui qui gère les gens bourrés. Il a parlé de la crim. « L’Angleterre ? Carrément ? » C’est grandement appréciable de voir quelqu’un qui est impressionné par ce qu’on fait quand on n’apprécie pas forcément ce qu’on fait à sa juste valeur. Tu remets les choses en perspective et oui tu n’es pas encore au niveau de ton ancien groupe à remplir Wembley Arena, mais c’est déjà beau que tu puisses faire ça pour vivre. Grâce à mon frère. Et c’est ce genre de pensées qui te font le plus grand bien malgré la situation dans laquelle tu as eu cet argent que tu utilises pour vivre. C’est bien ça qui te fait t’accrocher à la vie plus que tu n’aurais pu le faire par le passé. « Putain mais il va vraiment falloir que je fasse des petites recherches et écoute … » Ca le motive encore plus, c’est beau de voir ça. « Je viendrais. » Un ton qui ne laisse pas place au doute. « Je viendrais, peu importe si la musique me plaît ou pas. Question de principe. Tu fais partie de l’équipe. Et si c’est vraiment pas à mon goût, je m’enfilerais quelques verres, quand je suis bourré, j’apprécie vraiment tout comme musique. » Des mots qui réchauffe ton petit coeur. « C’est vraiment sympa de ta part. Je t’enverrai les dates, nan tu sais quoi je te l’envoie maintenant parce que je risque d’oublier et ce serait dommage qu’il y ait plus de place après. » Car il est emballé et tu veux qu’il vienne. Tu sors ton téléphone et tu as l’affiche de votre tournée dans ta galerie de photo. « C’est quoi ton numéro de téléphone ? » Que tu lui demandes naturellement. Au passage, un contact de plus dans ton répertoire ça fait plaisir. Surtout qu’il est très agréable Oliver. Tu sais d’avance que tu veux le revoir en dehors du sport dans le futur. Quand il t’aura donné son numéro tu lui auras envoyé la photo avec les dates. Celle de Brisbane tombe vers fin février.
« Woh ! Ce que je cherche dans mon futur boulot, c’est une question pas si facile … » Sans la musique tu ne sais pas non plus ce que tu veux faire dans la vie. Alors tu comprends que trop bien ses mots. Tu bois une gorgée en l’écoutant parler. « C’est sûr qu’il faut que je me bouge et que je suis pas fait pour être assis derrière un bureau mais pas au point d’être un roadie et de me balader un peu partout. Pas le courage. » Tu hoches la tête pour lui montrer qu’il a ton attention. « J’ai bossé dans un bureau y’a quelques années et je confirme, c’est pas pour moi non plus. » Que tu ajoutes pour le valider dans ses choix et pour montrer que y’a des choses que vous avez en commun. « Je vais postuler pour des postes dans la sécurité. Possible que le fait d’avoir été flic puisse aider. » Il a pas l’air de croire trop à ce qu’il dit. « Ou pas. On verra. » « C’est sûr que ça doit aider ouais. Je te vois bien être agent de la sécurité. » Tu marques une pause. « Peut être qu’un jour tu feras la sécurité à un de mes concerts, on pourrait dire qu’on bosse ensemble nan ? » Cette boutade te fait rire tout seul. Tu es stupide, mais tu souris donc tu gagnes. « Du coup tu passes ton temps à chercher du boulot en ce moment ? Ou tu te laisses un peu de répit avec un peu de repos ? »
"Holding on to anger is like grasping a hot coal with the intent of throwing it at someone else; you are the one who gets burned."
« C’est vraiment sympa de ta part. Je t’enverrai les dates, nan tu sais quoi je te l’envoie maintenant parce que je risque d’oublier et ce serait dommage qu’il y ait plus de place après. » Oli se redresse et prend de nouveau une claque en pleine tronche : il se pourrait que ce soit un concert, une tournée complète. « Oh parce qu’en plus, il y a des risques que ce soit sold-out ! », dit-il en dodelinant la tête, l’air impressionné, les lèvres pincées. « C’est quoi ton numéro de téléphone ? » Il lève un sourcil, sort son téléphone de la poche de son pantalon tout en prenant la parole. « Tu m’en poses une bonne sur ce coup-là. Je connais même pas mon numéro …faut que j’le cherche » Et, le regard rivé sur l’écran de son téléphone, Oliver cherche son téléphone pour finalement poser le téléphone sur le comptoir du bar en direction d’Ash pour qu’il puisse le copier et le noter. « Et voilà ! » La sonnerie suit peu de temps après, un « ding » qui annonce que la photographie est bien arrivée. Un regard sur son écran, il vérifie que tout est en ordre. Il faudra qu’il en parle à Billie pour qu’elle accepte de lui tenir compagnie. Les concerts, ça doit être son truc et avec elle, il est convaincu que ce sera dans tous les cas un bon moment. « C’est noté – je vais m’en occuper dès ce soir ! », dit-il en tapotant l’écran de téléphone de l’index avant de le remettre dans la poche de son jean.
« J’ai bossé dans un bureau y’a quelques années et je confirme, c’est pas pour moi non plus. » Un acquiescement de signe de tête en signe d’encouragement. Au moins, ils sont exactement sur la même longueur d’ondes concernant les boulots qui se passent entre quatre murs. Il lève même son verre en sa direction avant d’en boire une gorgée, nouveau signe d’approbation. « C’est sûr que ça doit aider ouais. Je te vois bien être agent de la sécurité. » Les lèvres d’Oli s’étirent en un sourire. « Peut-être qu’un jour tu feras la sécurité à un de mes concerts, on pourrait dire qu’on bosse ensemble, nan ? » « Pourquoi pas … » Un éclat de rires. « Je te dirais après que je vous ai vu en concert … » Et il conclut par un sourire complice. Pourquoi pas après tout. Il ne va pas se plaindre de potentielles rentrées d’argent supplémentaires surtout maintenant qu’il compose sa vie avec Billie. « Du coup tu passes ton temps à chercher du boulot en ce moment ? Ou tu te laisses un peu de répit avec un peu de repos ? » Nouvel acquiescement d’un signe de tête. « Ouais mais sans trop grosse pression non plus, pas vraiment envie de sauter sur la première occasion. Je laisse le temps au temps … mais toi, ça veut dire que tu parviens à uniquement vivre de la musique ? Un putain de rêve pour pas mal de monde. Chapeau ! »
« Tu comptes faire de la musique toute ta vie ou tu t’es prévu un plan de secours, un plan b … juste au cas où. »
« Oh parce qu’en plus, il y a des risques que ce soit sold-out ! » Tu hoches la tête car oui. Brisbane étant la ville où tu as grandit il y a pas mal de gens qui viennent spécialement à cette date ci. La réalité c’est que c’est à Melbourne que ça a été complet en un temps très rapide pour ton plus grand plaisir. C’est là bas que tu as commencé dans la musique pendant quelques années. Tu as très hâte de cette date ci car en plus il s’agit du dernier warm up show avant le départ pour le Royaume Unis. Ton intérieur trépigne d’avance.
« Tu m’en poses une bonne sur ce coup-là. Je connais même pas mon numéro …faut que j’le cherche » Tu ne connais pas le tiens non plus, sa réplique t’amuse plutôt pas mal. Tu le regardes chercher dans son téléphone. « Et voilà ! » Tu lui fais parvenir les informations nécessaire pour le show de Brizzy. « C’est noté – je vais m’en occuper dès ce soir ! » Son enthousiasme face à ton concert fait très plaisir à voir. « J’apprécie. » Que tu dis du fond du coeur. C’est avec chacune des personnes qui viennent et achètent un billet que tu avances ton parcours toujours un peu plus. Tu ne prends pas ça à la légère du tout. Tu vas même lui offrir un verre de plus si vous restez plus longtemps.
Le sujet tourne sur les boulots dans les bureaux qui vous donnent froid dans le dos à tous les deux. Vous trinquez sur ce point commun avant de continuer. La conversation. « Pourquoi pas … Je te dirais après que je vous ai vu en concert … » Tu l’imagines bien en tant qu’agent de sécurité dans les concerts mais c’est certainement parce que tu connais ça mieux que d’autres positions qu’il pourrait avoir avec ce même job. Tu sais qu’il y a un club de strip tease qui a ouvert plutôt récemment par exemple. Tu apprécies de voir qu’il peut se permettre de prendre un peu de repos avant de chercher du boulot. Il doit être ok financièrement. Tu ne sais pas du tout sa situation. S’il est avec un conjoint ou quoi. « Ouais mais sans trop grosse pression non plus, pas vraiment envie de sauter sur la première occasion. Je laisse le temps au temps … » Quelque chose te dit en plus qu’il pourra peut être trouver une opportunité avec les rencontres qu’il fait, les gens avec qui il parle dans ce laps de temps.
« mais toi, ça veut dire que tu parviens à uniquement vivre de la musique ? Un putain de rêve pour pas mal de monde. Chapeau ! » Tu fais non de la tête car c’est pas exactement vrai. « Tu comptes faire de la musique toute ta vie ou tu t’es prévu un plan de secours, un plan b … juste au cas où. » Ton sourire est plutôt amusé même si c’est pas drôle du tout ce qui est en train de te passer par la tête. « J’ai eu une très grande entrée d’argent y’a pas si longtemps. » Tu hausses une épaule. « J’ai plus besoin de travailler à côté. J’ai de la chance de pouvoir me consacrer totalement à la musique même si ça paie vraiment pas des masses quand on est encore au début du parcours. » Tu regardes le contenu de ton verre plutôt pensivement. « C’est les tournées et les ventes de merch qui nous font le plus d’argent. Et du coup dans mon temps libre j’apprends à jouer de la guitare, j’écris encore plus qu’avant aussi… Le prochain album est déjà bien ficelé. » Tu hoches la tête et on dirait que tu dis ça pour t’en convaincre plus qu’autre chose. « Le plan b se serait de sauter sous les rails d’un train je pense. » Tu dis ça au calme. Ok.
"Holding on to anger is like grasping a hot coal with the intent of throwing it at someone else; you are the one who gets burned."
« J’ai eu une très grande entrée d’argent y’a pas si longtemps.» Les lèvres d’Oliver forment la lettre o. Pas de doute, il est surpris et comprend peut-être la nonchalance de son interlocuteur. Une entrée d’argent peut être causée par pas mal de choses, bien différentes. Il peut avoir hérité … ce qui signifierait qu’il ait perdu quelqu’un de cher. Ou alors, il aurait pu gagner au loto ou quelque chose comme ça. Peut-être est-il un habitué des casinos ? « Oh je vois.» Pas vraiment. « J’ai plus besoin de travailler à côté. J’ai de la chance de pouvoir me consacrer totalement à la musique même si ça paie vraiment pas des masses quand on est encore au début du parcours. » Il acquiesce d’un signe de tête. Pour lui, ce qu’il est en train de lui présenter, c’est la liberté. Il est libre dans ses choix et ses actions. Il a même le droit à l’erreur. Il peut se planter et toujours avoir une issue de secours. « C’est les tournées et les ventes de merch qui nous font le plus d’argent. Et du coup dans mon temps libre j’apprends à jouer de la guitare, j’écris encore plus qu’avant aussi… Le prochain album est déjà bien ficelé.» Intrigué et surtout intéressé, il acquiesce d’un signe de tête. « Bien ficelé ? C’est plutôt bon signe, non ?», commente-t-il simplement et finit par boire une nouvelle gorgée de son verre. « Le plan b se serait de sauter sous les rails d’un train je pense. »
Oliver a les coudes posés sur le comptoir. Il tient son verre entre ses mains et entendant ce plan b, il tourne simplement la tête vers son interlocuteur. Il essaie de voir un sourire, d’entendre un rire mais à la place, rien d’autre que cette phrase laissée en suspens, comme si c’était en effet une éventualité. Oliver arque un sourcil et repose doucement son verre. « Ah ouais, carrément !? C’est un petit changement d’ambiance quand même », dit-il d’une voix calme tout en essayant de savoir si c’est une plaisanterie ou non. Au début de sa carrière de flic, avant d’intégrer la crim’, il avait parfois eu à faire à ce genre de situation … des personnes qui ne pensaient pas avoir de plan b. rien d’autre un peu cette issue de secours. « Je crois que je suis le parfait exemple pour montrer et démontrer qu’il y a toujours un plan b. Imagine, j’étais flic. La carrière toute tracée. L’emploi sûr. L’assurance maladie rêvée. Des vacances rémunérées en veux-tu, en voilà … et je me retrouve sans rien … ou plutôt avec tout … » Il hausse les épaules. « Ce que tu as au bout des doigts, c’est la liberté, Ash. Tu as l’avantage de ne pas avoir le souci financier, tu peux même te planter … t’as assuré tes arrières. Peut-être que tu pourrais prendre des risques, tenter des trucs, te tester …» A sa manière de parler, on constate qu’il pense réellement ce qu’il dit. Il ne cherche pas à le convaincre. Il cherche rien du tout. Il ne fait que pointer du doigt ce que son interlocuteur n’a peut-être pas encore compris. Cette liberté, beaucoup en rêvent.
« Oh je vois.» Tu ne comptes pas aller plus loin dans les détails de cette entrée d’argent. Encore moins s’il visualise déjà l’image globale. C’est bien là le principal dans l’affaire. Tu élabores un peu plus sur ce que tu fais de ton temps et tu glisses la partie où tu apprends la guitare. Tu es fier de cette auto discipline que tu as réussi à tenir. C’est sûrement la première fois et ça a tout à voir avec ton amour de la musique. La seule chose pour laquelle tu es si discipliné c’est quand tu écris des chansons. « Bien ficelé ? C’est plutôt bon signe, non ?» Tu confirmes d’un hochement de tête. « Très bon signe ouais. » Tu sais le thème central de l’album et tu as encore de quoi faire mais tu as le plan d’action en tête. Ca va couler de source ensuite. Tu sais.
Tu sais aussi que c’est pas forcément l’idée du siècle de parler de suicide aussi aisément au milieu d’une conversation mais sans que tu ne l’expliques, tu es à l’aise avec Oliver. Tu te laisses aller sans réfléchir plus que ça. « Ah ouais, carrément !? C’est un petit changement d’ambiance quand même » Tu es peut être allé trop loin mais au fond quoi ? Il te voit juste sur ton jour le plus véritable quand on y pense. C’est rare que tu laisses les gens apercevoir un bout de toi. D’habitude tu ne dis juste rien. Y’a eu une sacré évolution à ton sujet même si parfois la direction est plus sombre qu’on l’aurait imaginé. Toi ça te fait sourire, même un petit peu rire. C’est triste que d’imaginer ta future mort soit une source d’humour à ton insu. De l’humour très noir ouais. De l’humour quand même.
« Je crois que je suis le parfait exemple pour montrer et démontrer qu’il y a toujours un plan b.» Est-ce qu’il est sur le point de te démontrer par A plus B qu’il ne faut pas que tu te jettes sous les rails d’un train ? Il a ton attention en tout cas. Prêt à découvrir ce qu’il va en dire. « Imagine, j’étais flic. La carrière toute tracée. L’emploi sûr. L’assurance maladie rêvée. Des vacances rémunérées en veux-tu, en voilà … et je me retrouve sans rien … ou plutôt avec tout … » Tu lèves un sourcil attendant qu’il élabore. Il a rien ou tout ? « Ce que tu as au bout des doigts, c’est la liberté, Ash. » Le petit surnom qui te donne l’impression qu’il te valorise d’une certaine façon. Vous êtes proches, ça veut dire ça non ? « Tu as l’avantage de ne pas avoir le souci financier, tu peux même te planter … t’as assuré tes arrières. Peut-être que tu pourrais prendre des risques, tenter des trucs, te tester …» La réalité c’est que tu n’as jamais pensé à ça comme ça. Ton regard part un peu dans le vide. Tu es en pleine reflexion. « Tu veux dire dans quelle direction ? Dans ma musique ? » Y’a d’autres choses qui te viennent en tête toi quand le mot « risque » est là. « Même si… hmmm… » Tu commences ta phrase et tu t’arrêtes avant de reprendre. « Y’a des risques qui peuvent changer toute une vie et peu importe mon compte en banque ça n’y changera rien. » Oui bon du coup ça veut juste dire qu’il vaut mieux pas que tu ailles de ce côté là des risques Asher, c’est pas très compliqué pourtant. Non. Mais y’a pas grand chose qui sonne risqués en réalité à côté de ça. Ca qui dicte ta vie depuis toujours de manière plus ou moins consciente. Est-ce que tu prendrais le risque pour te sentir véritablement libre. Car c’est bien ça le truc. Vous n’avez pas la même notion de la liberté Oliver et toi.