i just wanna stay in that lavender haze

@megan williams

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« C’est gentil de t’inquiéter pour moi. Y’en a assez pour que tu en aies, je sais que c’était ça la vraie question. » Plissant le bout du nez et agrandissant son sourire, il avait tout d’une tête de coupable en cet instant, Damon. Bien sur que même s’il espérait sincèrement qu’il puisse y en avoir pour trois, une des questions sous-jacente était de savoir si elle en avait pris pour lui; il avait beau avoir dépassé la vingtaine, il restait un grand enfant. Il était surtout un adulte ayant grandi avec des parents plutôt strictes et n’ayant pas le droit de manger réellement de ces choses là. Son attention fut cependant rapidement détourné de la discussion chocolat lorsqu’elle dut se porter sur Sloan échappant une fois de plus à sa vigilance, riant aux éclats, alors qu’il courait pour sortir de la salle de bain. Damon le rattrapa au vol, le ramènera avec eux pour qu’il termine de se préparer après son bain. Le petit n’arrêtait pas de rire, malgré les gros yeux de son frère - ce dernier ne savait se défaire du sourire amusé allant de paire avec aussi, il n’était pas réellement crédible dans le rôle. Une fois le petit en pyjama, Megan prit le relai. « Tu veux venir avec moi Sloan ? On va aller manger le chocolat. » Elle lui mima des lèvres un je gère, alors il lui répliqua dans le même silence un merci avant de filer sous la douche de l’autre côté du couloir.

Apparemment, il ne fut pas assez rapide pour revenir avec eux, puisque le Kinder avait déjà disparu pour laisser place à la surprise seule sur le comptoir, entre les mains d’un Sloan concentré à réussir toutes les étapes pour avoir son jouet bien formé à la fin. « T’as de la chance, on t’en a gardé un. » Avec agilité, Damon attrapa au vol l’oeuf que Megan lui lançait, secouant sa tête de gauche à droite, amusé de la scène. « Il en restera même plusieurs. Tu pourras les glisser dans ton sac pour ton goûter au bureau. Si t’as besoin d’aide pour construire le jouet, tu pourras même m’appeler entre midi et deux. » Pinçant les lèvres, il essayait de retenir l’expression amusée qui se glissait sur son visage mais l’exercice était compliqué - surtout que Sloan n’arrêtait pas de rire à côté d’eux, ne sachant surement pas exactement ce qu’il incombait de l’humour de la blonde, mais n’ayant pas besoin de chercher un prétexte trop compliqué pour laisser faire entendre son petit rire; il avait compris en plus que Damon n’y était pas insensible. « Je pourrais mal le prendre, mais eh ça veut dire que j’aurais des Kinder au goût, alors je décide que c’est une bonne nouvelle. » Il haussa un sourcil, fier de sa répartie - même si son sourire restait amusé et détonnait avec le reste. Megan finit par attraper deux tabliers, un qu’elle passa autour de son propre cou, le second qui fut passé autour de celui de Damon. Là où il s’apprêtait à nouer lui-même ce dernier, il la vit se glisser dans son dos; il souriait avant même qu’elle n’ait eu le temps de glisser ses paroles à son oreille. «  T’as de la chance que y’ai un petit garçon avec nous dans la pièce. Je crois que j’aurais profité de la situation sinon. » Sans se retourner, Damon posa ses mains sur les hanches de la jeune femme afin de l’attirer contre lui. Ses paumes glissèrent ensuite pour se poser sur les fesses de la blonde - ce n’était pas parce-qu’il y avait un petit garçon dans la pièce qu’il allait rester totalement sage. « La situation aurait déjà dérapé, tu veux dire. » Jetant un dernier coup d’oeil à Sloan pour être sûr qu’il ne soit pas en train de faire une bêtise - il était de nouveau concentré sur le jouet Kinder -, il se retourna une poignée de secondes pour faire face Megan. « Crois moi que ça se passeras comme ça la prochaine fois qu’on sera tous les deux en cuisine. » Parce-que prochaine fois il y aurait, bien sur.

Leur attention se devait pour le moment d’être disponible pour le gamin, puisqu’en plus d’être perché sur un tabouret trop haut pour son âge, s’ils ne reportaient pas son attention sur lui rapidement, il allait les rappeler à l’ordre et le but n’était pas de le rendre frustré pour rien. Lâchant Megan, Damon prit sa place d’un côté du plan de travail, se mettant au garde à vous, attendant les ordres du chef de cuisine. Son attitude fit rire autant la blonde que le gamin: c’était pari réussi. « Tu veux bien peser les différents ingrédients ? 250 grammes de farine, 100 de sucre. Tu sais, la farine, le truc blanc qu’on garde dans le placard au dessus de la hotte. » - « Blablabla. » Déjà, il se déplaçait pour attraper les différents sachets, le doseur et le saladier. Il n’avait aucune compétence en pâtisserie, dans ses souvenirs, mais il savait tout de même faire la différence entre les ingrédients. « Sloan, tu veux casser les oeufs avec moi ? » Le second fils Williams fut bien plus appliqué que le premier dans sa tâche: il hocha vivement la tête, et avec l’aide de Megan, il réussit à préparer les oeufs en ne mettant que peu de coquille dans son saladier. Damon, lui, avait mis de la farine et du sucre sur le plan de travail; il essayait de gommer les traces de son crime aussi rapidement que possible, récupérant dans le creux de sa main la partie des ingrédients qui n’avait pas eu la chance d’atterrir dans le saladier. S’il n’était pas avant concentré à regarder Sloan et Megan s’occuper de leur partie du gâteau, et qu’il se concentrait davantage sur ce qu’il avait devant lui, ce serait plus simple. Mais le tableau était attendrissant, et il adorait obérer Megan quand celle ci ne le regardait pas, alors… « Ensuite ? » Peut-être qu’il avait gardé la farine et le sucre supplémentaire dans sa main, qu’il avait placé dans son dos, alors qu’il contournait le comptoir pour se glisser derrière les deux autres en faisant mine de regarder le contenu de leur saladier. Bien sur qu’au bout de quelques secondes, il fit tomber sur eux le contenu de sa paume telle de la neige, mêlant cheveux propres et ingrédients de cuisine - ils étaient les adultes, d’accord, mais personne ne leur avait dit qu’ils n’avaient pas le droit d’agir comme des enfants, alors pourquoi se priver ?

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Megan Williams & @Damon Williams

Notre joute verbale amuse le petit garçon – celui de deux ans, pas l’autre – et, je ne l’admets pas, mais c’est l’un de mes moteurs pour continuer. Sloan n’est pas mon frère, je ne l’ai pas assez vu pour m’être attachée à lui, mais je ressens tout de même le besoin de lui offrir autre chose qu’un environnement dysfonctionnel. Alors, certes, je vais peut-être un peu vite. Il vit avec son père qui, jusqu’à preuve du contraire, est un bien meilleur parent que Saül. Mais sa mère est à l’autre bout du pays depuis si longtemps que le petit garçon ne doit même pas se souvenir de ce que ça fait, que d’avoir ses deux parents à la maison. Il ne prend pas exactement le meilleur départ dans la vie. Je me demande à quoi ressemble Auden en tant que père, mais je tais ma question : elle serait bien trop indélicate au regard de Damon et de sa propre situation. Il n’en sait rien, alors que la génétique fait qu’il aurait dû. Etrangement, il n’a pas l’air de nourrir la moindre rancœur à l’écart de ce géniteur qui a toujours été proche de lui mais sans jamais prendre la place qui lui revenait de droit dans sa vie.

« Je pourrais mal le prendre, mais eh ça veut dire que j’aurais des Kinder au goûter, alors je décide que c’est une bonne nouvelle. » - « Profite tant qu’il en reste ! » Et pour cause, le petit garçon tend déjà la main vers la boîte pour qu’un seconde œuf en chocolat lui soit offert, et ce avant même d’avoir fini le premier. « Attends mon grand, finis déjà ce que t’as là avant d’en reprendre un ! » Je m’adresse au petit garçon avec douceur, quel que soit la nature de mes paroles. « Tiens. » Je donne au bambin le jouet enfin monté, juste le temps d’enfiler un tablier et de commencer les préparatifs.

Dans mon esprit, ces derniers n’incluaient pas de faire monter la température de quelques degrés avec Damon. Mais comme le jeune couple – que nous sommes finalement – il nous est compliqué de garder nos mains l’un de l’autre. J’avais déjà l’impression de flirter avec les limites en me glissant derrière lui pour effleurer son t-shirt et lui tendre quelques perches à l’oreille, mais mes yeux s’écarquillent en signe de surprise lorsque ses mains, d’abord sages, se glissent finalement jusqu’à mes fesses pour m’attirer un peu plus contre lui. Il ne peut pas le voir, mais il ne peut en revanche pas ignorer le hoquet de surprise qui m’échappe. « La situation aurait déjà dérapé, tu veux dire. » L’étonnement passé, je dépose un baiser chaste sur le côté du cou de Damon et, avant de me séparer de lui. « Crois moi que ça se passeras comme ça la prochaine fois qu’on sera tous les deux en cuisine. » - « Comment t’expliquera ça à son père quand il lui racontera tout ce qu’il a vu aujourd’hui ? » Nous ne nous sommes pas cachés d’être devenu un couple – un pour de vrai – devant le demi-frère de Damon. En revanche, autant que je le sache, personne n’est au courant parmi ceux qui savaient que tout n’était que mascarade, avant Bali.

Ma question n’est cependant pas une façon subtile de lui faire comprendre que j’aimerais que les choses soient mises au clair avec qui que ce soit. Elle était plus malicieuse qu’autre chose et, un sourire espiègle sur les lèvres, je recule d’un pas, arrange mes cheveux avant de déposer un tape sur le séant de mon petit ami de mari. « Allez, lave toi les mains. » Je me tourne vers le petit garçon, avant de lui indiquer le lavabo d’un signe de la tête. « Toi aussi bonhomme. Pas de mains pleines de chocolat dans ma cuisine. Damon va t’aider. » Puisque Sloan, évidemment, est encore bien loin d’atteindre le lavabo, alors ce n’est pas demain la veille qu’il sera autonome pour ce genre de tâche.

Les tâches fondamentales sont distribuées à chacun et, pour que Sloan puisse plus facilement s’acquitter de la sienne – avec mon aide, cela va sans dire – j’attrape le petit garçon et je l’installe sur mes genoux. Je suis à l’aise avec lui. J’ignore ce que cela veut dire sur moi, si je dois comprendre que j’ai la fibre maternelle ou simplement une tendresse pour les tout-petits, mais je n’ai pas besoin de me forcer pour que mes actes ou mes mots soient naturels en présence du petit garçon. Je n’ai évidemment pas besoin de me forcer non plus pour houspiller Damon. « Blablabla. » - « Pèse plus vite. On va avoir fini notre boulot avant toi Sloan et moi, à ce rythme là. » Et encore, ce n’est pas gagné : je dois repasser après le petit garçon pour enlever du bout des doigts tout un tas de morceaux de coquilles d’œufs tombés dans le saladier. « Ensuite ? » - « Ensuite tu mélanges les ingrédients sec puis faudra faire fondre le beu- » Occupée à jouer le rôle de chef de cuisine, je ne vois pas venir l’attaque de Damon. En grand enfant qu’il est aujourd’hui, il fait tomber sur mes cheveux et, par extension, sur le petit garçon. J’ouvre la bouche en grand de surprise et le petit garçon, après s’être allègrement secoué envoyant tout ce qu’il avait dans les cheveux sur moi, éclate de rire en voyant mon visage couvert de poudre blanche. « Espèce de… » Je me censure, écarquille les yeux avant de glisser mes mains sous les aisselles du petit garçon pour le soulever, m’extirper de la chaise et l’y reposer. « Tu vas le payer très cher ça. » J’esquisse un sourire malicieux et, glissant ma main dans la boîte d’œufs, j’en attrape un que j’écrase sur la chevelure lavée et particulièrement douce, ce malgré que, comme tous les hommes, il ait fait de sa spécialité d’utiliser le même produit pour son savon, shampoing, mousse à raser et liquide vaisselle.
   

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@megan williams

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« Profite tant qu’il en reste ! » Il n’y avait qu’à voir comment Sloan se comportait pour comprendre que ce ne serait pas longtemps le cas encore. « Attends mon grand, finis déjà ce que t’as là avant d’en reprendre un ! Tiens. » Megan troqua un nouvel oeuf contre le jouet du premier déjà construit, et le petit sembla s’en contenter pour le moment; cela attira son attention au moins un instant loin du chocolat, et c’était surement bon pour son estomac. Pendant ce temps là, ce fut sur Megan que l’attention du plus grand des deux enfants présents aujourd’hui s’attarda. Et à attendre le petit hoquet de surprise qui s’échappa d’entre ses lèvres à elle au moment où Damon osa poser ses mains sur ses fesses pour l’attirer vers lui, elle ne s’attendait pas à ce qu’il ose se comporter de la sorte en cet instant. Alors bien sur que cela agrandit le sourire amusé du jeune italien. « Comment t’expliquera ça à son père quand il lui racontera tout ce qu’il a vu aujourd’hui ? » Avec un petit rire, il haussa mollement les épaules. « Je pense qu’il est assez grand pour comprendre, lui. » Parce-que si Sloan était encore un très jeune enfant, ce n’était pas le cas d’Auden qui n’en était pas à son coup d’essai concernant les relations sentimentales. Bien sur, la question de la jeune femme ne portait pas que sur ce côté là de la situation, mais sur le moment et porté par l’enthousiasme de la journée, Damon ne réussit à pas saisir la subtilité entière de la question. Il n’en avait que peu à faire de ce que Sloan pourrait reporter à leur père, étant donné qu’il n’avait pas en tête que ce dernier n’était pas au courant de l’évolution de la relation entre Megan et lui. Et puis surtout: il ne se doutait pas un seul instant que le petit garçon irait bavarder sur ce qu’il pouvait voir ici aujourd’hui. Ou agir en fonction, aussi - mais ce serait un problème pour bien plus tard. Ils avaient, après tout, des cookies à préparer et bien d’autres choses sur lesquelles se concentrer. « Allez, lave toi les mains. Toi aussi bonhomme. Pas de mains pleines de chocolat dans ma cuisine. Damon va t’aider. » Délaissant finalement Megan, Damon attrapa le garçon sous les aisselles pour l’aider à se laver les mains au lavabo.

Ils étaient désormais tous les trois lancés dans la confection des sucreries, Megan en chef de file et prête à leur indiquer à tout moment ce qu’ils devaient réaliser pour arriver au bout de la recette choisie. « Pèse plus vite. On va avoir fini notre boulot avant toi Sloan et moi, à ce rythme là. » Indiquer, ordonner… la différence était minime, en réalité en cet instant, mais Damon n’en avait que faire en cet instant car ce n’était pas sur cette partie là que son attention à lui était concentrée; s’il s’appliquait tout de même à peser les ingrédients dont ils avaient besoin, son esprit redevenu très enfantin ces dernières heures il préférait surtout préparer en douce son prochain coup. « Ensuite tu mélanges les ingrédients sec puis faudra faire fondre le beu- » Et surtout, apparemment, Megan ne l’avait pas vu venir ce qui permit d’autant mieux réussir. La farine et le sucre tomba sur la jeune femme et Sloan sur ses genoux, qui partit dans un rire suraigu en une fraction de seconde; il fut joint par Damon en une fraction de seconde. « Espèce de… » Ils écarquillèrent tous les deux les yeux: lui de surprise qu’elle soit à deux doigts de jurer alors que Sloan était avec eux, elle d’u énervement qui n’en était pas vraiment un - il pouvait le voir dans le fond de ses yeux. « Un problème, madame Williams ? » Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’elle faisait déjà descendre Sloan de ses genoux. Histoire de dire, il recula d’un pas ou deux. « Tu vas le payer très cher ça. » Il voyait très bien ce qu’elle préparait, mais n’avait en aucun cas envie d’éviter la suite des événements. « Ah ouais ? » Alors, lorsque l’oeuf éclata sur son crâne, il laissa son rire se faire entendre à travers toute la cuisine, aux côtés de celui de Sloan qui réclamait déjà de faire pareil - et qu’elle genre de frère serait-il s’il ne lui laissait pas l’occasion d’essayer une telle bêtise aussi, voyons ? Ils n’auraient qu’à tous repasser sous la douche après, ce n’était pas tant dramatique que ça. Ou disons qu’il y avait bien pire dans la vie, et qu’une soirée en toute innocence de la sorte ne pouvait pas leur faire de mal.

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Sloan était finalement endormi contre Damon sur le canapé lorsque le dessin-animé qu’il avait choisi se termina sur l’écran de la télévision. Lui-même avait eu du mal à garder les yeux ouverts jusque la fin de ce dernier, se frottant les paupières de sa main libre. Lorsque son regard retomba sur le jeune enfant, un petit sourire attendri étira ses lèvres. Il savait qu’il ressortait content de cette journée, mais cela avait peut-être même dépasser ses attentes tant il semblait que tout était parfaitement à sa place en cet instant. Levant sa main, il passa cette dernière tendrement dans les cheveux du petit garçon sans le réveiller pour autant. « J’ai même plus envie de bouger pour être sur qu’il se réveille pas. » Ces mots là étaient bien sur adressés à Megan à ses côtés, chuchotés pour qu’ils collent à son discours de garder le gamin dans son sommeil aussi longtemps que possible. Même s’il n’avait aucun doute qu’Auden était un bon père pour lui, il savait aussi que ce n’était pas un départ facile dans la vie qu’il avait eu et si le petit pouvait avoir des moments où tout semblait normal, où il pouvait être autant paisible, Damon n’était littéralement personne pour les lui retirer. « Je vais peut-être dormir avec lui, finalement, je me dis. » Pas sur le canapé bien sur, mais à l’avoir tout près de lui de la sorte, le jeune italien ressentait le besoin de profiter de la présence de son frère pendant qu’il l’avait avec lui sans personne d’autre autour; ou en tous cas sans ses parents surtout. Il releva son regard vers la jeune femme. « Ca te dérange pas ? » Elle avait son mot à dire dans l’affaire, après tout désormais.

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Megan Williams & @Damon Williams

Auden est peut-être assez grand pour comprendre le genre de scène qui implique des gestes tendres voire certains plus osés, Sloan est peut-être de son côté bien trop jeune, mais ce qui finit sens dessus dessous ce n’est pas l’esprit de l’un ou de l’autre mais bel et bien la cuisine de notre magnifique appartement terrasse. Et au bout du compte, je ne me fais pas de souci sur un point : c’est ce moment-là que retiendra le petit garçon qui rit aux éclats en nous voyant nous poursuivre dans toute la pièce Damon et moi. J’ignore à quoi ressemble son quotidien. J’ignore si ce genre de bonheur est pour lui monnaie courante ou s’il est au contraire trop délaissé pour un bambin de son âge qui a besoin de se développer mais, une chose est certaine, chez nous il trouve son compte : nous sommes deux grands enfants dans le fond Damon et moi, surtout Damon. Les deux bras appuyés sur la table, il se redresse pour se mettre debout sur sa chaise, attrape un peu de farine entre ses petits doigts et tente de la lancer dans notre direction et moi, je fonds. Je réalise que je ne suis pas simplement douée avec les enfants : j’aime aussi passer du temps avec eux. Ils sont simples. Ils disent ce qu’ils pensent. Ils n’ont pas toujours les meilleures idées du monde – cela me rappelle quelqu’un – mais, lorsqu’ils se lancent dans quelque chose, ils y mettent tout leur cœur. Je me demande ce que Damon pense de ces humains miniatures. Je me demande si, dans un futur lointain, il se rêve avec une équipe de mini-lui ou s’il est de ces gens qui ont dans l’idée de se satisfaire d’une vie de couple à deux équilibrée. Il a quelques années de moins que moi, mais qui ne s’est pas posé ce genre de questions en grandissant, quand bien même rien ne pressait ? Qui ne s’est jamais demandé s’il voulait des enfants. Sauf que nous avons beau être mariés et donc être à un stade de notre vie où il est normal selon les convenances de se poser ce genre de question, nous ne sommes devenus un couple que tout récemment et aborder ce sujet serait bien prématuré. Y penser aussi, et ce n’est pas ce que je fais. Je réalise simplement qu’au-delà du fait de vouloir offrir mieux à un enfant que ce à quoi j’ai eu droit, il y a une part de moi qui semble bien maternelle, contre toute attente.

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« J’ai même plus envie de bouger pour être sûr qu’il se réveille pas. » - « Tu es certain que c’est pas juste parce que tu meurs de curiosité, et que tu ne pourras pas dormir si tu ne sais pas ce qu’il arrive au Chat Potté après ce premier film ? » Le dessin-animé vient de se terminer, et Sloan dort profondément contre son frère. Pour ne pas réveiller l’enfant, je chuchote, tout comme le fait Damon. Ils m’attendrissent tous les deux, et je suis persuadée que vivre plus souvent ce genre de moments ferait du bien à un Damon qui a grandi trop vite et qui, à vingt-deux ans, est déjà enfermé dans une vie d’adulte, dans un bureau d’adulte à régler des problèmes de personnes ayant habituellement deux fois son âge. « Le deuxième est au cinéma en ce moment, je crois. » Bien sûr, je ne relève pas ce fait parce que j’envisage une soirée en amoureux. « Tu devrais proposer à son père de l’emmener. » Parce qu’il est heureux aux côtés du petit garçon, et que ce dernier semble également porter une affection particulière à Damon. Il m’aime bien également, mais il m’aime comme un petit garçon aime toute personne lui donnant de l’amour et de l’affection : c’est son demi-frère qu’il regarde avec des yeux en forme d’étoile.

« Je vais peut-être dormir avec lui, finalement, je me dis. » Mes lèvres forment un sourire et, pensive, j’enroule nos doigts ensemble pour jouer avec les siens. « Ça te dérange pas ? » Je secoue la tête, un sourire toujours tendre sur les lèvres. « Bien sûr que non. » Nous passons toutes nos nuits collés l’un à l’autre et, au fond, toute femme a besoin d’une nuit dans un grand lit pour elle toute seule de temps en temps, non ? Beaucoup ne font pas les choses dans le même ordre que nous, de toute façon, beaucoup ne vivent pas déjà ensemble lorsqu’ils se mettent en couple et apprendre à être séparés n’est-il pas une pierre sur le chemin de la vie de couple ? « Tu sais, si tu veux qu’il vienne plus souvent... On a deux chambre et on en utilise plus qu’une. Ce serait idiot de pas en transformer une en chambre d’ami. » Et de décorer l’autre pour qu’elle nous ressemble à tous les deux, qu’elle devienne une vrai chambre commune. Dans l’autre, on pourrait même mettre un lit à la taille de Sloan, après tout. « J’y verrai pas d’inconvénient en tout cas. Mais on est pas obligés d’y penser tout de suite. » Parce qu’il s’agit de la première fois que Sloan nous rend visite, de la première fois qu’il dort ici et que, comme je l’ai dit précédemment, je ne vois aucun inconvénient au fait de le laisser dormir avec son petit-frère qu’il ne voit sûrement pas aussi souvent qu’il le voudrait. « Mais on peut. » Finalement, je me relève et me baisse pour déposer un baiser sur les lèvres de Damon, un main posée sur sa nuque, avant de m’éloigner. « Je te dis bonne nuit alors. Je crois que je vais choisir ma plus jolie nuisette pour cette nuit. Dommage pour toi. » Je lui adresse un clin d’œil avant de rejeter mes cheveux en arrière, d’attraper un dernier cookie dans l’assiette posée sur la table basse, et de prendre le chemin de ma chambre à coucher qui me semble à présent bien étrangère.