Un rendez-vous avec un médecin pour parler de Alma et évidemment ça le stresse Maël parce que ses crises deviennent de plus en plus présentes depuis quelque temps et c’est compliqué pour lui de gérer tout ça seul. Papa célibataire, la mère de la petite n’a pas assumé la naissance de Alma et elle est partie, la laissant alors à Maël. Il faut bien avouer qu’entre eux, ce n’a jamais été un réel amour mais ils se fréquentaient pour passer du bon temps sauf qu’elle est tombée enceinte et qu’elle l’a su trop tard. Elle a dû porter le bébé jusqu’à terme et puis elle est partie, elle n’a pas assumé et c’est Maël qui l’a fait seul. Bien évidemment il a été aidé par ses parents au début mais maintenant il ne veut plus trop les déranger, il doit assumer seul cette petite qui n’a jamais été prévu dans sa vie mais maintenant il ne pourrait plus s’en passer, sa fille c’est sa raison de vivre, la raison pour laquelle il se bat tous les jours. Ce n’est pas facile tous les jours, il a un boulot oui mais le salaire d’un traducteur de livre n’est pas si élevé que ça. Il gagne sa vie oui mais il ne sait pas mettre de l’argent de côté, la fin du mois est toujours compliquée et encore plus depuis que Alma a commencé ses crises d’épilepsie. Elle doit souvent se rendre pour ses consultations, même si les soins sont remboursés à quatre-vingt-cinq pourcents, ça reste quand même un coût pour Maël.

Il a laissé Alma chez ses parents pour pouvoir s’entretenir avec le médecin concernant une opération. Il n’a pas tout compris quand on lui en a parlé la dernière fois, il a juste compris que c’était une bonne idée de le faire au plus tôt. Alma est une petite fille pleine de vie, débordant d’énergie et ce n’est pas simple de la calmer, elle a toujours besoin d’être en activité et il a peur le jeune papa évidemment, parce que les crises arrivent sans qu’on s’y attende. Ils n’ont pas trouvé de réels facteurs qui les déclencheraient. Même si elle n’a que cinq ans, elle a conscience qu’elle a un petit problème de santé mais à cet âge-là, ce n’est pas si facile de leur faire comprendre d’être plus vigilent qu’un autre enfant. Quand Alma est à la maternelle, Maël a toujours cette légère angoisse qu’elle fasse une crise plus importante qu’une autre, que personne n'arrive à gérer et qu’on l’appelle en panique pour qu’il vienne ou pire, qu’elle est à l’hôpital. Il essaie de gérer au mieux ses angoisses concernant sa fille mais ça prend un peu trop le dessus dans la journée alors quand il va la chercher à l’école et qu’elle est là toute souriante et heureuse, ça le fait sourire, ça lui fait chaud au cœur.  

Il arrive à l’hôpital et il se présente à l’accueil, leur expliquant qu’il a un rendez-vous avec un médecin pour des informations concernant une possible opération. Il s’excuse de ne pas connaître le nom du docteur mais le rendez-vous a été pris par le pédiatre de Alma alors il est un peu perdu dans les noms. On lui indique la salle d’attente et il va se pose sur une chaise. Comme toujours l’attente est longue puisque la plupart des médecins sont en retard. Un médecin se présente à la salle d’attente Monsieur Wood ? Il entend son nom et il se redresse, se lève pour se diriger vers lui avant de lui serrer la main Bonjour Il dit simplement et il le suit jusqu’à son cabinet. Il s’installe sur une chaise, face à lui. Il appréhende cette conversation parce qu’il sait que sa fille doit se faire opérée mais il veut plus d’information, s’il y a des risques aussi Alors Monsieur Wood, vous venez pour votre fille Alma Wood, c’est bien ça ? Le médecin regarde sur son ordinateur et Maël se contente de hocher la tête Oui c’est ça Il sourit un peu et le médecin pose ensuite son regard sur le jeune papa Je suis l’assistant du Dr Hartfield qui va nous rejoindre bientôt. Votre fille peut en effet se faire opérer pour son épilepsie. J’ai vu qu’elle faisait pas mal de crise par semaine. Est-ce qu’il y a un élément déclencheur qui pourrait favoriser les crises ? Il regarde l’assistant du docteur et il réfléchit un instant, haussant les épaules Non je ne pense pas... Elle bouge beaucoup, elle a besoin de se dépenser mais elle n’a que cinq ans alors c’est normal, comme tout enfant de cet âge-là Et il ne peut pas la blâmer, elle s’amuse comme n’importe quel enfant, et il ne veut pas qu’elle se prive de ça. Soudain on toque à la porte et quelqu’un rentre, un autre médecin il suppose ? Ah voilà ! Je vous présente le Dr Hartfield Il tourne la tête vers le médecin, hochant la tête et il se lève pour lui serrer la main Bonjour Docteur Qu’est-ce qu’il pourrait dire d’autre de toute manière ?  

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Ruben fronça les sourcils, et lança un regard par dessus ses lunettes opératoires. Ses mains s’étaient arrêtées de bouger au dessus du patient qui était allongé sur la table. Disons que de toutes les occasions, il avait connu mieux que celle dans laquelle il se trouvait présentement pour discuter avec l’un de ses collègues - surtout que ce dernier n’était pas dans le bloc et ne souhaitait pas s’entretenir à propos du patient opéré ce jour. « Tu veux que je quoi ? » Mais si la conversation était engagée et qu’il avait interrompu momentanément ses gestes chirurgicaux, autant qu’il la termine le plus rapidement possible. « Que tu me rejoignes cet après-midi pour une consultation. Mais ni ton planning de bloc, ni de consultations ressortent sur l’information. Donc c’était pour savoir si t’étais dispo. » Les lèvres pincées de Ruben ne pouvaient être vues sous son masque, mais son regard noir lui était tout à fait perceptible. « Tu interromps l’intervention pour connaitre mon planning ? » Il n’était pas sur d’avoir bien entendu; d’ordinaire, il n’était pas du genre à s’énerver pour si peu mais aujourd’hui, ce n’était vraiment pas le moment - il avait entamé la journée en laissant le premier patient sur la table et en déclarant son décès, ce n’était vraiment pas le moment. « Euh… Oui ? » L’autre médecin de l’autre côté de la pièce n’était plus sur de son coup, finalement. Hartfield ne prit même pas la peine de lui répondre - sinon, il allait finir par perdre définitivement patience et ce n’était pas juste pour le patient sur la table qui n’avait rien demandé. Il entendit la porte du bloc opératoire se refermer quelques instant plus tard - pour s’ouvrir de nouveau une poignée de secondes à la suite. Il se contre-fichait des allers et retours dans son bloc, mais pitié que personne ne l’embête de nouveau. « Je m’en suis chargé. » C’était l’infirmier anesthésiste qui était à ses côtés pour la journée. Matthew, de mémoire. « Tu peux continuer en paix. » Il ne pouvait le voir une fois de plus, mais un petit soupire de relaxation s’extirpa d’entre les lèvres du chirurgien. Au moins quelqu’un de compétent.

Ce fut donc toujours avec le regard noir et l’envie de le faire regretter d’être venu au monde qu’il alla directement retrouvé Nigel à la sortie de l’intervention - qui, grand merci, s’était elle bien passée. Il entra sans frapper dans le bureau de ce dernier. « C’est la dernière fois que tu me fais ce coup là. » Ce n’était pas très malin de la part de Ruben, en réalité, il aurait du vérifier que le médecin se trouvait seul en cet instant; par chance, il était juste en train de manger un sandwich. « Calme toi vieux, ça va, il s’est rien passé. » - « Non, mais t’aurais pu tout faire foirer et je supporte pas quand tu fais ça. » Il y avait de ceux dans le service avec qui Ben s’entendait bien, et ceux avec qui il bossait bien. Nigel rentrait plutôt dans la seconde catégorie, et pour sûr il ne frôlait même pas du bout des doigts la première. « Tu veux quoi ? Matthew m’a dit qu’il avait vu avec toi. » Posant son sandwich - enfin -, il hocha rapidement la tête. « Dans une heure, consult avec un patient à moi ici. » Pinçant un instant de plus ses lèvres en une ligne fine, Ruben tournait déjà le dos à Nigel quand il reprit la parole. « T’as de la chance que c’est pour un patient. » Et maintenant, s’il ne voulait pas défaillir, il fallait qu’il avale quelque-chose à son tour.

La seconde fois où il pénétra dans ce bureau de la journée, il avait toqué quelques coups contre le bois de la porte avant d’entrer dans la pièce. S’il en voulait toujours à Nigel de s’être comporté comme le premier des abrutis, il savait cette fois-ci qu’un patient se trouvait avec lui dans la pièce et il ne pouvait donc agir capricieusement comme il l’avait fait une heure plus tôt. « Ah voilà ! Je vous présente le Dr Hartfield. » Refermant la porte à sa suite, Ruben portait désormais son plus beau sourire poli, et la panoplie du médecin de bonne famille au grand complet. Avançant de quelques pas en direction du troisième homme se trouvant dans la pièce, qu’il ne connaissait pas et identifia comme étant le patient dont son collègue lui avait parlé, il lui serra la main lorsque ce dernier se leva pour en faire de même. « Bonjour Docteur. » - « Enchanté. » Et il l’était, à travers tout ça et malgré tout. « Désolé d’être en retard de quelques minutes, y’avait du monde à la cafétéria. » Ca, qui était vrai - et le fait qu’il avait été prévenu à peine une heure avant que son après-midi ne ressemblerait pas du tout à ce qu’il avait envisagé à la base. Par exemple, en cet instant, Ruben était supposé bosser sur la prochaine présentation qu’il allait faire à l’événement organisé par la Fondation Pearson, tout en s’assurant que la place pour son frère en cure de désintoxication à l’autre bout de la planète était toujours bien assurée pour son arrivée sur place dans quelques jours - vraiment trois fois rien, mais effectivement ça portait à confusion parce-qu’il avait pris son après-midi sur le planning officiel et ce n’était pas quelque-chose qu’il avait l’habitude de faire. Alors, tirant une des chaises qui se trouvait dans le coin de la pièce, il se positionna sur le côté du bureau - la place de l’élément rajouté, de celui qui perturbait l’équilibre d’une relation déjà en place. « Et je m’excuse une deuxième fois d’avance car j’ai été prévenu il y a tout juste une heure que je vous rencontrais, donc je n’ai aucune information sur la raison de ma présence ici. » Le petit sourire en coin, un peu froid, était adressé là à Nigel - il ne le garda qu’un instant, mais ce dernier l’aurait vu sans aucun doute. « Donc monsieur… ? » - « Wood. » Nigel se faisait tout petit derrière son propre bureau. « Wood, monsieur Wood. Je suis tout ouïe: que puis-je pour vous aujourd’hui ? »

Dans la salle d'attente, le jeune papa pèse les pours, les contres vis à vis de l'opération. Il n'en a pas encore discuté avec le médecin mais il y réfléchit déjà en amont. Tout ce qu'il souhaite, c'est le bien de sa fille et rien d'autre. Sa vie se résume à sa fille et à son boulot, et il ne pense à lui qu'après. Ce n'est pas une vie et il le sait mais quand on est seul avec une fille de cinq ans, qu'est-ce qu'il peut faire d'autre ? Pas grand chose. Sa vie d'avant lui manque un peu, il ne peut pas le renier. Ça lui manque de plus sortir les week-end, de voir ses amis. Ils communiquent par messages mais ce n'est pas la même chose, les sorties dans les bars sont bien mieux oui.

Il est appelé par un médecin et il se lève de sa chaise, avançant vers lui et lui serrant la main. Il le suit dans son cabinet et se pose sur une chaise, en face de lui. Il lui pose quelques questions concernant les crises de sa fille, les facteurs qui pourraient les engendrer mais il ne sait pas quoi lui répondre. Les crises surviennent n'importe quand, il y a sûrement un élément déclencheur mais quoi ? Ils discutent encore quelques secondes avant qu'un autre médecin rentre dans le cabinet, le Docteur Hartfield. Il se lève alors pour le saluer avant de s'asseoir à nouveau sur la chaise. C'est un peu intimidant de se retrouver face à deux médecins, il ne comprend pas trop d'ailleurs pourquoi ? Est-ce que le cas de sa fille est si complexe ? Ses yeux sur le Dr Hartfield, annonçant alors qu'il a été prévenu une heure avant le rendez-vous et qu'il n'a pas pu voir le dossier de Alma. Il fronce les sourcils, il pensait que ce rendez-vous était prévu et que tout aurait été en ordre pour en discuter Oh... Je pensais que ce rendez-vous était prévu pour parler de ma fille, pas pour ré-expliquer le problème encore une fois Il n'en veut à personne, il suppose que c'est la dure loi du métier quand on est un médecin réputé mais il pensait vraiment qu'ils auraient lu le dossier, parler en amont avant de le convoquer pour discuter du cas de Alma, il est un peu déçu de devoir répéter une nouvelle fois tout ce qu'il se passe dans la petite vie de sa fille et les crises qu'elle fait plusieurs fois par semaine Que vous en aviez discuté avant le rendez-vous, pour voir si une opération était possible ou non Cette impression de perdre du temps encore une fois. Il ferait tout pour sa fille, c'est son bébé, son rayon de soleil mais il se demande ce qu'il fait ici si le médecin potentiel pour l'opération ne connait même pas le dossier de la petite Wood Bon... Je vais tout vous ré-expliquer alors Est-ce qu'il a vraiment le choix ? Non. Et puis il n'est pas venu pour repartir sans avoir au moins un minimum d'information sur une possible opération ou un traitement plus efficace que ce qu'elle prend. Il n'a pas l'impression que les médicaments fassent effet, elle fait toujours autant de crise, voir plus qu'avant et ça l'inquiète évidemment. Elle en a fait un ou deux à l'école mais majoritairement, elle les fait à l'appartement, après une journée mouvementé à l'école. Est-ce que c'est ça qui favorise les crises ? Il n'en sait rien, il ne sait pas ce qu'elle fait à l'école, elle doit s'amuser comme une gamine de son âge, avec les enfants de son âge. Jamais il ne l'empêchera à ne pas s'amuser Ça fait un an maintenant que ma fille de cinq ans fait des crises d'épilepsie. Elle n'en faisait pas beaucoup au début mais maintenant elle en a plusieurs fois par semaine, ça peut aller de trois comme six crises. Et malgré le traitement qu'elle a, elle devrait en faire moins mais j'ai l'impression que ça empire Et il ne comprend pas, le pédiatre et le neuropédiatre lui ont pourtant donné un traitement adéquat mais rien, il n'y a aucune amélioration et ça l'inquiète de plus en plus Elle est scolarisée comme tout enfant de son âge, les crises surviennent généralement en fin de journée Et c'est vrai qu'il se demande si l'école ne l'épuise pas, si elle devrait aller dans une école spécialisée ? Il y a beaucoup de questions qui lui viennent en tête et il n'a pas les réponses. Il ne pense pas être un mauvais père, il fait tout pour elle mais il est dépassé par la situation, il y a certains jours où le moral est au plus bas à cause de ça, il est tout seul Maël et même si sa famille est toujours derrière lui, qu'il peut compter sur elle, il garde tous ces problèmes en lui, pas certain que ce soit la meilleure idée mais il préfère. Il n'a sûrement pas envie d'emmerder ses proches avec tout ça On m'a parlé d'opération possible chez les jeunes enfants et.. je voulais en savoir plus. D'où le but du rendez-vous ? Enfin je suppose ? Puisque le principal concerné n'avait même pas lu le dossier de Alma. Il ne sait pas s'il doit lui faire confiance ou pas Ou si ce n'est pas possible, adapter son traitement, je ne sais pas... Il est un peu dépité après son récit, il a l'impression que ça s'aggrave depuis la première crise et il se sent tellement impuissant. Il ne peut pas faire grand chose Maël, il ne veut pas étouffer sa fille non plus en lui interdisant de ne pas faire telle ou telle chose et puis de toute façon, il ne sait même pas les causes des crises.

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Ce fut avec une brève poignée de mains que les présentations entre le patient dont Nigel voulait lui parler, monsieur Wood, et Ben se firent - avant qu’ils ne s’installent tous deux là où ils étaient supposés se trouver. Un instant plus tard et quelques mots prononcés de la part du chirurgien, ce dernier put s’apercevoir que cette conversation ne se passait pas tout à fait comme prévu - rien qu’à l’ambiance qui s’était installée dans le bureau, mais bien plus simplement par le froncement de sourcils qui s’installait sur le visage du brun face à lui. « Oh... Je pensais que ce rendez-vous était prévu pour parler de ma fille, pas pour ré-expliquer le problème encore une fois. » Ce fut avec beaucoup de professionnalisme que Ruben se retint de ne pas tourner son visage vers Nigel pour le courir d’un regard noir et d’un tu te fous de moi lui très facilement perceptible. Il le poussait dans la fosse aux lions en ayant, qui plus était, donné des armes à autrui qu’il n’avait pas jugé nécessaire de mentionner. Ils avaient beau bien bosser ensemble, oh il n’était pas prêt à devoir le minois de Ruben de si tôt. « Que vous en aviez discuté avant le rendez-vous, pour voir si une opération était possible ou non. » - « Cela est toujours mieux d’être entendu de la part des patients, de toutes façons. Il y a des points auxquels vous pensez et qui ne nous sautent pas aux yeux de façon aussi évidente. » Bien sur qu’il se rattrapait aux branches comme il le pouvait - et sans grand étonnement, il ne supportait pas ça. Mais l’homme face à lui n’avait pas demandé à être happé par l’ignorance du médecin auquel il s’était adressé, ni par le malaise du chirurgien supposément prédisposé à opérer plus tard dans le temps.

« Bon... Je vais tout vous ré-expliquer alors. » - « Je vous en prie. » - « Ça fait un an maintenant que ma fille de cinq ans fait des crises d'épilepsie. Elle n'en faisait pas beaucoup au début mais maintenant elle en a plusieurs fois par semaine, ça peut aller de trois comme six crises. Et malgré le traitement qu'elle a, elle devrait en faire moins mais j'ai l'impression que ça empire. Elle est scolarisée comme tout enfant de son âge, les crises surviennent généralement en fin de journée. » Les éléments s’inscrivaient dans l’esprit du cadet Hartfield, alors que les branches des potentiels soins pouvant être prescrits dans cette situation s’érigeaient devant ses yeux - invisibles aux autres, bien sur, seulement perceptibles dans sa réflexion. Ce n’était pas la première fois qu’il croisait le chemin de ce type d’histoire, de cas de patients qui ressemblaient à celui qui lui était décrit. L’épilepsie touchait bien plus de personnes qu’il n’était possible de s’en rendre compte. « On m'a parlé d'opération possible chez les jeunes enfants et.. je voulais en savoir plus. D'où le but du rendez-vous ? Enfin je suppose ? » Touché. Effectivement, dans l’esprit du neurologue qui se tenait toujours derrière son bureau et qui ne pipait plus un mot depuis que Ruben était entré dans la pièce, c’était le but de ce rendez-vous. L’homme de la situation, lui, ne savait même pas dans quel piège il atterrissait avant de passer la porte de toujours ce même bureau. « Ou si ce n'est pas possible, adapter son traitement, je ne sais pas… » Il n’y avait pas beaucoup de choses qui pouvaient atteindre Ben, dans la vie, en réalité; mais de voir un proche aussi démuni face à une situation de cette envergure, c’était malheureusement quelque-chose qui lui parlait que trop bien pour s’être personnellement retrouvé dans cette position.

Retenant un petit soupire, il hocha lentement la tête. « Y’a une opération possible, effectivement. » C’était un point sur lequel il ne serait pas mystérieux, parce-qu’il n’y avait aucune raison de l’être - et s’il devait détruire les illusions qui s’étaient érigées pour Wood, autant le faire de suite, mais étant donné que ce n’était pas nécessaire il était impératif d’appuyer son discours et ses croyances le plus rapidement possible. « Sous conditions particulières et il faudra absolument que je vois et ausculte Alma pour confirmer si ça peut être quelque-chose d’indiquée dans son cas. » Il n’avait pas lu le dossier mais il avait en permanence les yeux qui trainaient partout, Ben - en l’occurence là, sur le bureau de Nigel se trouvait le dossier de la petite et son prénom y était apposé. « Mais oui, l’opération existe. Elle est indiquée chez les jeunes enfants quand possible car c’est à ce moment là que le cerveau est le plus à même de supporter le changement et de s’adapter par la suite. Les enfants sont incroyables, pour ça. » Il se redressa quelque peu sur sa chaise, croisant les bras sur son torse. Déjà, les choses s’agitaient dans son esprit. Il lui manquait mille et une informations, mais il n’avait qu’à voir la façon dont Wood souhaitait aider sa fille et faire tout ce qui était en son pouvoir pour la sortir de cette impasse pour comprendre qu’il ferait quelque-chose pour l’aider, à son tour. Ce n’était pas de la charité, malheureusement et loin de là, c’était simplement un argument supplémentaire et valable pour le pousser à mettre la main à la patte dans cette situation. Car ce qui poussait de façon primaire Ben à sortir les griffes et à entrer en scène dans cette situation, c’était surtout que le jeune homme face à lui avait suggérer, même sans le vouloir, qu’il pouvait ne pas être compétent dans ce cas clinique parce-qu’il était arrivé en n’étant en rien préparé, sans avoir lu le dossier. Ce n’était pas professionnel, d’accord il l’admettait; mais il ne supportait pas que les erreurs des autres lui soient remises sur le dos là où lui excellait dans ce qu’il faisait. « L’épilepsie n’est pas mon domaine de prédilection, si vous voulez vraiment savoir, mais j’ai eu la chance d’apprendre des mains et des connaissances de ceux qui sont des experts en la matière. » Barnes lui-même état une encyclopédie sur pattes pour n’importe quel sujet de neurologie, en réalité. « Et je sais que le cas de votre fille n’est pas isolé, et que si quelle-chose peut être fait, alors je pourrais être en mesure de vous aider. » Il s’avançait put-être un peu, mais désormais en plus de la colère à l’encontre de Nigel et sa volonté à désirer lui prouver qu’il ne pouvait pas lui mettre des bâtons dans les roues sans savoir d’avance qu’il s’en sortirait, il était déterminé à prouver à Wood qu’il avait tort de juger si rapidement un livre par sa couverture.

Etonné de devoir ré-expliquer le cas de sa fille mais comme l'a dit le Docteur, c'est surtout d'un autre point de vue que ce qui est marqué dans le dossier, c'est vrai que Maël est la personne la mieux placée pour parler de sa fille et de ce qui ne va pas. Il est avec elle tout le temps, sauf quand elle est à l'école, il ne sait pas trop ce qu'elle fait à part jouer avec les autres enfants de son âge. Il lui a déjà dit de faire attention, de ne pas trop brusquer, de faire la folle mais dire ça à un enfant de cinq ans, c'est compliqué. Elle ne veut que s'amuser, être avec ses amis et il ne peut pas lui en empêcher non plus. Il ne comprend pas ce qui déclenche ses crises, ce serait tellement plus simple de le savoir...
Il ne rajoute rien et explique à nouveau le cas de Alma, de ses crises de plus en plus récurrentes et ça l'angoisse évidemment. Elle a pourtant un traitement qui devrait les atténuer mais ça ne fait qu'aggraver les choses et il ne comprend pas pourquoi. Si ce traitement ne fonctionne pas, qu'est-ce qu'il pourrait fonctionner ? C'est pour cette raison qu'il pense à une opération. Oui il se doute que ça coûtera cher, qu'il n'a pas les moyens pour la financer tout de suite mais il a besoin d'avoir quelques informations, peut-être qu'il y a des aides ? Il n'en sait rien à vrai dire. Il sait qu'il y a des aides pour les parents seul avec un enfant à charge mais il n'a jamais fait les démarches non plus, c'est pas son truc les papiers administratifs. Il sait quand il les commence, il ne sait pas quand ça va se terminer. Les demandes sont toujours longues à traiter mais il devrait le faire, ça l'aidera sûrement un peu.

Après son récit, l'histoire de sa fille, son regard se pose sur les deux médecins présents en face de lui. Il ne sait pas à quoi s'attendre et ses yeux se posent alors sur le Docteur Hartfield qui prend la parole. C'est lui le neurochirurgien, peut-être celui qui opérera sa fille et il se doit d'être attentif à ce qu'il va dire, même si ça va être beaucoup d'information en un coup et que son cerveau est déjà un peu embrouillé avec plein de choses. Il secoue la tête, l'écoutant attentivement, rassuré de savoir qu'il existe une opération C'est une opération risquée ? Enfin.. comme vous m'avez dit, les enfants récupèrent plus vite que les adultes mais... est-ce qu'il y a des risques ? Si l'opération foire et que Alma est dans un pire état, il ne veut pas réalisé l'opération. Il se doute bien que les opérations sont moins risquées mais une opération pour une prothèse de hanche sera moins risquée qu'une opération au cerveau. Toucher le cerveaux est déjà risqué en soi, il ne veut pas que ça porte préjudice à sa fille si ça ne fonctionne pas.
Sur les belles paroles du Docteur Hartfiled, Maël ne pouvait que lui faire confiance. Il ne savait rien de la médecine lui et il ne peut faire confiance qu'aux professionnels, donc aux deux médecins qui sont devant lui. Il secoue la tête, est-ce qu'il est convaincu ? Il n'en sait rien, il n'a pas le choix que de l'être et de toute manière, il ne décidera pas tout de suite. Alma doit voir le docteur d'abord et puis il y aura sûrement tout un processus avant l'opération, et surtout.. il doit mettre de côté. Il sait que ses parents voudront l'aider mais il se voit mal le demander. Il s'est toujours débrouillé seul avec sa fille. Il ne demande jamais rien à sa famille, déjà qu'ils ne roulent pas sur l'or Vous pensez pouvoir voir quand ma fille pour une consultation ? Il demande simplement, il n'est pas pressé mais il a besoin de savoir si l'opération est réalisable ou non. Et comme ça, il pourra étudier le dossier de sa fille en attendant puisqu'il ne l'a toujours pas lu Je.. je ne veux pas précipiter les choses parce que même moi je dois... prendre du temps pour mettre de côté pour l'opération Et il ne sait pas encore comment il va pouvoir faire. Parfois il est tout juste en fin de mois alors si en plus il va devoir mettre de côté, ça va être compliqué. Il pense de plus en plus à faire des petits trucs en plus de son boulot, comme professeur particulier ou d'autres trucs, il n'en a pas la moindre idée actuellement mais il va devoir y réfléchir Mais j'aimerai déjà que vous puissiez la voir pour me dire si l'opération est faisable ou pas Parce qu'il ne peut pas traîner non plus, il sait comment gérer une crise d'épilepsie mais il suffit que ça lui arrive en dehors de l'école, en dehors de chez eux pour que tout soit chambouler. Elle peut en mourir si on ne réagit pas rapidement et il n'a pas envie de trop traîner, c'est quand même la santé de sa fille et il ne veut que son bien. Elle ne souffre pas, elle est comme une petite de son âge mais oui, après les crises elle est plus fatiguée, plus fragile aussi. Et c'est difficile à voir parce qu'elle sent triste et qu'il ne peut rien faire pour ça.

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Le discours du jeune chirurgien pouvait être quelque peu indigeste, il en avait parfaitement conscience; c’était d’ailleurs généralement le problème principal rencontré lorsqu’il y avait le moindre discours avec du jargon médical à y intégrer, c’était que la moitié des personnes l’écoutant perdaient la suite des idées exposées en cours de route. Ce n’était pas leur faute, c’était entièrement la responsabilité des années d’études qui étaient nécessaires en à-côté pour tout comprendre du premier coup. Surtout lorsque cela concernait l’un des proches, il était compliqué de s’attarder correctement sur ce que disait le médecin face à vous sans penser à mille et une chose à côté. « C'est une opération risquée ? Enfin.. comme vous m'avez dit, les enfants récupèrent plus vite que les adultes mais... est-ce qu'il y a des risques ? » Ce type de question était là la réaction typique des personnes se concentrant un brin de trop sur la personne qui allait recevoir les soins plutôt que sur les paroles tangibles et concrètes du professionnel de santé. Ce n’était pas la première fois que Ruben faisait face à cette situation, il y était habitué et surtout avec le temps et l’expérience, il avait compris qu’il ne pouvait pas y couper. Il rangea alors ses répliques sarcastiques et laissa seulement le côté professionnel s’exprimer. « Toutes les opérations comportent des risques. » Qu’il commença donc pour répondre à Wood. « Vous dire que tout se passera formée bien et que le risque n’existe pas, ce serait vous mentir. Je choisis jamais cette option là. » Parce-que lorsqu’une opération était engagée, mentir ne revenait qu’à mettre des bâtons dans les roues des professionnels. « Mais pour la même opération, adultes et enfants n’ont pas les mêmes. Les enfant récupèrent mieux et plus facilement après l’opération, ça diminue une partie des risques liés au post-opératoire. » Exposer le fait qu’il existait des risques était être franc et honnête avec le jeune homme face à lui; lui expliquer qu’effectivement pour les enfants, ces derniers étaient moins élevés était de la même trempe.

« Vous pensez pouvoir voir quand ma fille pour une consultation ? » Ruben haussa légèrement un sourcil mais en réalité, la question était plus que légitime. « Je.. je ne veux pas précipiter les choses parce que même moi je dois... prendre du temps pour mettre de côté pour l’opération. Mais j'aimerai déjà que vous puissiez la voir pour me dire si l'opération est faisable ou pas. » Prenant un instant de silence et de réflexion, le brun ne lâchait pas du regard Wood qui se situait en face de lui. Dans un autre monde, il aurait pu comprendre le positionnement de ce jeune père; il ne faisait pas partie de ce monde là, Hartfield, puisqu’en rien concerné par l’idée d’avoir un enfant malade à charge ou l’impossibilité financière de pouvoir aider ce dernier. Ses propres parents n’avaient pas connu ça, tous leurs enfants étant nés en bonne santé. Pinçant ses lèvres un instant, Hartfield finit par opiner du chef légèrement. « J’ai pas mon calendrier sous la main, je dois avouer, puisque c’est le secrétaire du service qui s’occupe de gérer mes consultations. » Dit comme ça, cela faisait quelque peu pédant mais c’était la réalité des choses. « Et étant donné qu’on est pas beaucoup de neurochirurgiens dans le coin, les délais d’attente peuvent être long pour avoir un rendez-vous. » C’était, une fois de plus, une simple constatation des faits et de la réalité des choses: les places étaient chères, autant au sens figuré qu’au sens propre. Cependant, malgré son sale caractère et sa façon à être un brin trop arrogant souvent, Ruben avait réellement un bon coeur et ferait toujours tout son possible pour ses patients - autant que pour sa carrière, mais ce n’était pas le point à soulever présentement. « Mais est-ce que vous seriez disponible plutôt un soir de semaine ? Mes consultations normales s’arrêtent à dix-neuf heures, je peux vous proposer de passer quand vous serez disponible après cette heure là. Et promis je mettrai pas les dépassements d’honoraires sur la facture. » Pour bien d’autres, ce n’était pas le type d’information qui était primordiale à connaître, mais à peine leur conversation entamée que Wood avait déjà mentionné le cout qu’une telle opération allait couter; c’était donc surement pour lui un élément qui pouvait faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. « Ca précipitera rien, mais au moins on sera tous fixés sur la question d’envisager une telle opération ou non. » Ben voyait bien également que Nigel, à ses côtés, lui lançait des regards de travers. Oui, il s’avançait surement de trop sur la question et oui, il n’en faisait encore une fois qu’à sa tête - mais demander l’avis du docteur Hartfield, c’était accepter le comportent de ce dernier qui allait avec. « On peut même faire ça le vendredi soir, si vous voulez pas que Alma ait école le lendemain. » Attrapant le stylo accroché à la poche de sa blouse, puis une des cartes de visite de Nigel sur laquelle il raya les coordonnées de ce dernier pour y inscrire les siennes au verso, il tendit le petit carton à Wood dans la foulée. « Le numéro du secrétariat duquel je dépends. Je vais les prévenir que vous devez rappeler dans les jours à venir, si vous voulez. Comme ça, il n’y aura pas de deuxième situation de malaise entre nous. » Il étira un petit sourire, se voulant autant rassurant que satisfait de la tournure qu’il donnait aux événements.

Le jeune papa ne comprend pas tous les termes médicaux que le Docteur Hartfield utilise, pour lui tout est compréhensible mais il travaille dans ce milieu. Maël ne connait rien du médical et même si il y a toujours un risque pour une opération, ça concerne sa fille et il n'a pas envie de prendre une mauvaise décision. L'opération touche quand même le cerveau et si ça ne se passe pas bien, ça risque de faire plus de dégâts qu'avant.
Il ne sait pas si il acceptera encore l'opération dans un futur lointain mais il veut juste avoir un avis clair, net et précis sur ça qu'à sa fille. Les traitements deviennent inefficaces et il ne peut pas laisser sa fille comme ça, les crises deviennent de plus en plus courantes et il se sent impuissant. Même si son bébé le vit bien, et n'a pas de séquelles, ça reste toujours impressionnant et Alma est de plus en plus fatiguée aussi. Il essaie d'aller la coucher tôt, qu'elle se repose au maximum le week-end mais tout ça devient compliqué. Il garde tout en lui mais un jour, il va craquer, il le sait. Quand il sera à saturation.

Il se contente de secouer la tête à ses réponses. Réponses qui restent vague mais que peut-il dire d'autre ? Comme il le dit si bien, les opérations comportent toujours un risque. Son regard qui se pose sur l'autre médecin qui ne dit pas un mot, laissant parler son confrère. Certes, ce rendez-vous a pour but de rencontrer le neurochirurgien mais il pense que le neurologue a tout à fait le droit d'intervenir de temps en temps dans la discussion, ce qui  n'est pas trop le cas pour le moment Et vous Docteur ? Vous en pensez quoi de cette opération ? Il ose lui demander, ça reste un médecin qui peut être pour ou contre l'opération. Il a le droit d'être contre et d'expliquer son point de vue, il est prêt à écouter Maël. Tout avis est le bienvenu de toute manière Je pense qu'il faut voir si Alma est opérable ou non dans un premier temps, mais ses crises sont de plus en plus importantes et l'opération ne peut être que bénéfique pour elle Il fait un signe de tête en le remerciant de lui avoir répondu et puis il repose son attention sur le Docteur Hartfield.

Une demande pour une consultation avec sa fille et le neurochirurgien, il a l'air d'être overbooké et ça se comprend, ils ne sont pas beaucoup au sein de l'hôpital mais s'il doit attendre, il attendra. Il veut simplement savoir si sa fille est opérable ou non avant d'entreprendre toutes les démarches nécessaires ensuite. Il ne sait pas encore comment s'y prendre mais sûrement avec des aides qu'il peut bénéficier. Il aurait déjà dû le faire depuis belle lurette.
Il l'écoute, surpris qu'il lui propose un rendez-vous après ses consultations. Il ne sait pas comment ça fonctionne Maël, il ne va jamais à l'hôpital voir un médecin spécialiste, peut-être qu'il devrait parce que ça lui arrive d'avoir des petits problèmes mais c'est la vie et hors de question de devoir passer trente six mille examens alors qu'il va "bien". Il sait qu'il fume trop, qu'il a sûrement les poumons en mauvais état et alors ? Il n'est pas en train de mourir Mmh oui après une de vos consultations c'est bon pour moi et effectivement, je préfère alors le vendredi comme ça Alma ne doit pas se lever trop tôt Et généralement à vingt-heures, la jolie poupette est déjà au lit. C'est primordiale pour le papa qu'elle puisse avoir une bonne nuit de sommeil et surtout de dormir le temps nécessaire. Il le regarde écrire un numéro sur un papier et il le prend, le regardant rapidement avant de le mettre dans sa poche Merci, j'appellerai dans la semaine probablement Il sourit un peu, il préfère prendre son temps et réfléchir encore un ou deux jours. Il ne veut pas non plus brusquer Alma Le temps de discuter aussi avec elle. Je ne veux pas qu'elle arrive à la consultation sans savoir les raisons. Elle va déjà assez à l'hôpital Il ne veut pas lui mentir, il préfère en discuter avant elle en amont avant le rendez-vous. Même si elle n'a que cinq ans, bientôt six, il ne veut pas lui cacher des choses Elle ne comprendra sûrement pas tout mais lui en parler est mieux avant Il dit avec un léger sourire. Peut-être qu'eux n'auraient pas fait ça, la communication entre sa fille et lui est importante. Même si Maël aura quand même le dernier mot sur cette opération, jamais il ne forcera sa fille à le faire si elle a peur.

it's a sign of the times

@maël wood

(c) complictedfreak

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Au moins, désormais, le jeune homme face à lui avait toutes les cartes en mains pour commencer à faire son bout de chemin mental dans son coin. C’était surement ce qui était le plus important avec les patients - ou parents de ces derniers, en l’occurence -, c’était qu’ils puissent imaginer ce qui allait se passer mais avec la dose d’informations nécessaire. Pour le moment, Wood n’avait pas besoin de connaître l’opération en détails, mais juste de savoir qu’elle existait et qu’effectivement, Ruben pouvait s’en occuper. Ce n’était pas son domaine de prédilection, ni celui auquel il aspirait dédier le reste de sa carrière, mais il n’était en rien encore assez avancé dans son expérience pour déjà se permettre de refuser certaines interventions sous couvert que ce n’était pas ce qui l’intéressait le plus. Finalement, la prochaine phrase de Maël ne fut pas pour lui, mais pour Nigel - oh, il allait lui faire manger sa cravate, au docteur. « Docteur ? Vous en pensez quoi de cette opération ? » Ce dernier semblait presque surpris d’être inclus dans cette conversation, là où Ben avait mis un point d’honneur à le laisser à l’écart jusque maintenant - pour sur, le neurologue lui en reparlerait avec un sourire énervant aux lèvres, ce qui ferait lever les yeux du ciel du brun. « Je pense qu'il faut voir si Alma est opérable ou non dans un premier temps, mais ses crises sont de plus en plus importantes et l'opération ne peut être que bénéfique pour elle. » Au moins, son discours était accordé à celui de Hartfield, et était juste aussi; c’était tout ce qui était nécessaire en cet instant.

Au moins, il semblait que l’ajout de la part de Nigel finit de convaincre le jeune père d’au moins songer à venir pour une consultation; Ruben ne proposait rien de plus pour le moment, car il y avait bien des points sur lesquels ils devaient, justement, faire le point avant que la petite se retrouve sur la table d’opération. « Mmh oui après une de vos consultations c'est bon pour moi et effectivement, je préfère alors le vendredi comme ça Alma ne doit pas se lever trop tôt. » Ben hocha doucement sa tête. Il savait parfaitement que ce n’était pas toujours simple avec les enfants de pouvoir s’organiser facilement sur la semaine, surtout avec l’école et l’emploi du temps des adultes à côté. Lui passait de toutes façons plus de trois quart de sa semaine au travail: il n’était plus à une heure près un vendredi soir. « Merci, j'appellerai dans la semaine probablement. » - « Quand vous vous sentez de le faire. » Certaines personnes avaient besoin d’un peu plus de temps pour se préparer à ce type de rendez-vous, et cela pouvait perte concevable. En l’occurrence, des informations qu’il avait pu intercepter pendant cette maigre discussion, la vie de la petite ne semblait pas en danger pour le moment de toutes façons, si l’appel ne se faisait que la semaine d’après, ce n’était pas dramatique. « Le temps de discuter aussi avec elle. Je ne veux pas qu'elle arrive à la consultation sans savoir les raisons. Elle va déjà assez à l’hôpital. Elle ne comprendra sûrement pas tout mais lui en parler est mieux avant. » Ruben ne put s’empêcher de percevoir le petit sourire qui s’afficha sur les lèvres de Maël à ce moment là. Il prouvait quelque-chose sans avoir besoin d’y mettre les mots: sa fille importait pour lui et il tenait à faire les choses bien pour elle. « Vous savez, les enfants comprennent plus que tout le bénéfice du doute qu’on leur apporte, nous les adultes. » N’attendant pas le moindre signe de la part de Nigel pour fermer le dossier ouvert sur son bureau et le prendre d’une main - il n’y avait plus de raison qu’il reste chez lui, mais plutôt une évidente que ce soit Ben qui reparte avec pour l’étudier -, il finit par le coincer sous son bras alors qu’il se levait de la chaise. « Je préparerai un discours adapté à son âge aussi, pour qu’elle puisse comprendre au maximum les choses dont on discutera. Si ça peut vous rassurer aussi. » Ce n’était en rien là un reproche, que le père soit inquiet quant à l’avenir de sa fille, bien au contraire; seulement, pour les jeunes patients de la sorte, s’il y avait bien une chose qu’il avait retenu à voir Nina travailler et à l’entendre lui raconter ses journées, c’était qu’il fallait réussir à apprivoiser davantage les parents que les enfants. Les enfants comprenaient bien plus vite ce qui était bon pour eux ou non, et savaient à qui faire confiance. Les parents étaient plus méfiants, et avaient plus de mal à accorder leur confiance aux médecins. C’est leur chair et leur sang Ben, c’est pas rien - le discours de Nina lorsqu’il levait les yeux au ciel aux explications qu’elle pouvait lui donner, celles qu’il ne comprenait pas et qu’il n’était en rien prêt à comprendre. Il finit par sortir de ses brèves pensées, reposant son regard sur Maël, avec un petit sourire. « Hésitez pas à faire une liste de vos questions aussi, quand elles vous passent par la tête, que je puisse y répondre de façon correcte. »

Beaucoup d'informations à assimiler à Maël et évidemment, il doit encore y réfléchir. C'est pas une décision à prendre rapidement mais il se renseigne, pour le bien de Alma. Malgré les traitements de sa fille, il n'a pas l'impression de voir une amélioration et même si elle est heureuse, qu'elle s'amuse comme une gamine de son âge, il sait que ce n'est pas une vie. Plusieurs crises par semaine l'épuise, la rend mal un ou deux jours et elle a juste le temps de se remettre sur pieds qu'elle en fait une autre. Non, ce n'est plus possible, c'est pour cette raison qu'il est venu aujourd'hui, voir un neurochirurgien, conseillé par le neurologue de sa fille. Avant d'aller plus loin, il demande conseiller au spécialiste d'Alma, lui aussi a son mot à dire sur tout ça. Il se contente de hocher la tête, il a raison et ce serait bien pour l'avenir d'Alma si les crises pouvaient cesser Oui, c'est vrai... Et puis elle est jeune, elle s'en remettra bien plus vite si l'opération devait se passer, il espère en tout cas.

Est-ce qu'il était convaincu ? Un peu plus qu'à son arrivée mais ce n'est pas pour autant qu'il prendra une rapide décision, il doit de toute façon y réfléchir et revoir le Docteur Hartifield avec sa fille. Cependant, il ne tardera pas trop à prendre rendez-vous, au moins pour avoir plus d'informations et savoir si Alma est opérable ou non, pour la suite il y réfléchira. Et il demandera l'avis de sa famille également, même si il prend les décisions en tant que père, ce n'est pas une décision à prendre à la légère et avoir l'avis extérieur lui parait être une bonne idée. Il sait que ses parents veulent le bien de leur-petite fille, ils en avaient discuté un jour, des traitements possibles et ils avaient parlé de cette opération mais à ce moment là, Maël n'était pas sûr, les crises de Alma étaient moins importantes à cette époque qu'aujourd'hui.
Il se contente d'un simple hochement de la tête à ses dires, il sait qu'Alma comprendra même s'il doit trouver les mots adaptés pour lui parler. Il est seul avec elle après tout, il n'a pas d'aide et c'est dans ces moments là qu'il aurait aimé être avec quelqu'un, ou simplement que la mère d'Alma soit présente, juste pour l'aiguiller, l'aider dans cette décision. La mère d'Alma ne reviendra pas, il le sait. Ça fait six ans qu'elle n'est pas revenue pour voir Alma, et il se doute qu'elle ne reviendra pas. De toute manière c'est trop tard, jamais il ne voudra la laisser avec elle, seule Merci... Je ne suis pas certain de pouvoir répondre à toutes les questions de ma fille Déjà parce que tout ça le stresse un peu. Jamais il ne pensait être confronté à une telle décision, aux problèmes neurologiques de sa fille.
La consultation se termine alors Maël se lève à son tour, il est un peu plus avancé mais complètement perdu aussi Oui je n'hésiterais pas Et il en aura beaucoup probablement. Il serre la main du neurologue et puis de neurochirurgien avant de quitter le cabinet de consultation.

- FIN -