you come around and the armor falls

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Busy streets and busy lives
And all we know is touch and go
We are alone with our changing minds
We fall in love 'til it hurts or bleeds,
Or fades in time
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Saw you coming

Noël en Australie était toujours bien loin de l’imaginaire collectif de cette fête : pas de neige, de chocolat chaud sous le plaid, mais bien un soleil de plomb qui mettait tout le monde dans une frénésie estivale. On restait plus longtemps en terrasse boire un enième verre, on faisait des après-midis à la plage qui se transformait en soirée, bref, il aurait facilement pu s’agir de mon moment préféré de l’année s’il n’incluait pas autant de famille. Cette année, sans surprise, mes parents avaient décidé de voyager pour les fêtes, d’aller visiblement à Mykonos dans un joli resort, et n’avait pas jugé bon de m’inviter. C’était stupide, je n’avais même pas envie d’aller en vacances avec eux, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’être peinée à l’idée qu’ils ne fassent pas tout pour passer le réveillon avec leur fille unique. J’aurais dû m’habituer, pourtant. C’était toujours comme ça. Nous allions organiser un dîner, ils allaient m’offrir un cadeau qui ne me ressemblait absolument malgré les moyens délirants qu’ils y mettraient, pensant que l’argent acheterait l’absence, je sourirais et ferais mon numéro de charme, et rendez-vous dans six mois pour un autre repas. C’était comme ça. Parfois, je me demandais si mes parents m’appréciaient, ou me toléraient simplement ; j’avais remarqué que je me posais souvent la même question concernant Jiyeon et son avis sur notre couple, une ressemblance de situation et d’amertume qui n’était pas sans me piquer.

Heureusement, chaque année, j’organisais un immense repas avec mes amis les plus proches, une sorte de Noël avant l’heure, et cela me mettait toujours de très bonne humeur. Il n’avait pas lieu le 24, puisque la plupart des gens avaient des familles normales et fonctionnelles qui faisaient Noël avec eux, mais le 18, et cette année était la seconde où mon nouveau train de vie d’actrice me permettait de préparer le repas le plus extravagant possible. Pas question de faire appel à un chef privé, comme m’avait suggéré l’une de mes collègues hollywoodienne : je voulais tout faire moi-même, le menu, la cuisine, les cadeaux. C’était mon moment pour dire merci à mes amis d’être les meilleures personnes dans ma vie, et je tenais à ce que cela vienne du coeur. A deux jours de ma soirée, donc, j’étais partie au marché de Noël avec mes lunettes de soleil, un immense tote bag, mon short en jean et un petit bob vert pastel qui cachait légèrement mon visage, à la recherche d’une dernière fournée de cadeaux qu’il me manquait.

Je n’étais pas trop inquiète du bain de foule qui s’annonçait : le dernier film dans lequel j’avais joué, une petite romcom queer, était sortie il y a plusieurs mois déjà, et les gens commençaient déjà à moins me reconnaître, ce qui n’était pas sans me déplaire. J’étais déjà inquiète de l’impact qu’aurait le prochain film qui sortirait bientôt, surtout qu’il s’agissait cette fois-ci de l’oeuvre d’un réalisateur indie qui faisait facilement parler de lui, et j’avais déjà booké plusieurs interviews et festivals de cinéma. Au moins, j’allais aller à Sundance ! Un petit rêve de gamine que je me réjouissais de réaliser.

Au milieu de mes emplettes, je me perdis vers les chalets où je reconnus le drapeau de la corée du Sud - Jiyeon m’avait dit qu’ils avaient organisé un speed dating, qu’elle avait failli y aller avec son amie Kaï, me faisant retenir une grimace. Mais cette fois-ci, je me sentis sourire : je reconnaissais une petite silhouette et m’approchai d’elle.

« Andy ! » J’agitai ma main et lui adressai un immense sourire, ôtant mes lunettes de soleil. Depuis notre soirée improvisée au bar, je ne l’avais pas encore revu - le groupchat whatsapp que nous avions créé avait déjà évoqué une prochaine soirée, mais la date n’était pas encore fixé au vu des agendas chargés des fêtes de fin d’année. A vrai dire, nous nous envoyions surtout des memes pour l’instant. « Ça me fait plaisir de te croiser. » J’observai l’endroit dont elle semblait revenir du fameux speed-dating. Je fis un geste de la main vers les chalets, interrogative : « Tu tentais ta chance ? » Demandai-je, curieuse, les yeux pétillants.



@Andrea Welch    

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@Marceline Griffiths  

« Ah ok et du coup t’es ... en colocation ? » Andrea jouait nerveusement avec sa canette de coca zéro. Elle entendait très bien la pointe d’inquiétude et de jugement dans la voix de la fille qui lui faisait face. « Oui, j’ai deux colocataires. » Elle n’eu rien le temps d’ajouter qu’elle voyait déjà une grimace tirer les traits de son rencard improvisé. Depuis le début du rendez-vous elle ne cessait de la juger et pour une fois ce n’était pas Andrea qui se faisait des idées. Le premier truc qu’elle lui avait dis en arrivant était « T’es drôlement petite ! » puis : « Ah tu bois ce genre de cochonnerie ? » en voyant sa canette. Donc oui, ça n’avait pas bien commencé et la suite n’était visiblement pas mieux. « J’économise pour me prendre un appartement ou une maison, rien qu’à moi. » parvenait-elle à préciser, enfin, malgré la boule d’angoisse qu’elle s’entait dans son ventre et qui lui hurlait de lâcher l’affaire et de rentrer à la maison. « Mais je viens d’une famille nombreuse donc en soit, j’aime bien avoir des colocataires. J’aime pas être seule. » « Ah et tu viens d’où ? » « Longreach. » Répondait-elle simplement, presque soulagée d'avoir enfin une question 'normale', alors qu’elle la voyait déjà sortir son téléphone pour chercher sur google. « Ah… je vois… la  campagne... famille nombreuse… t’es religieuse ? » Andrea écarquillait les yeux face à cette question, prise de court. Elle pensait quoi ? Que ses parents étaient des cathos qui ne croyaient pas au préservatif et à la pilule ? Qu’elle venait d’une tribu de blanc, méconnue, au fin fond du Queensland ? D'une famille de bouseux consanguins ?! « Euh… Non, enfin— » « ça craint un peu ça, j’peux pas sortir avec une meuf qui aime jésus plus que moi en fait. Bye. » et sans rien ajouter elle partait déjà comme une tornade. Andrea restait bouche-bée, avec son pauvre coca zéro qui était un peu tiède maintenant, a cause de la chaleur ambiante. Elle sortait de là, troublée par ce qui venait de ce passer. Trainant des pieds hors du petit chalet où avait eu lieu son rendez-vous. « Andy !  » « hein? » Lâchait-elle machinalement, cherchant du regard qui l’appelait avant de tomber sur Marceline. « Ça me fait plaisir de te croiser. » « Moi aussi. » Avouait-elle, soulagée de croiser quelqu’un de sympa après ce rendez-vous lunaire et limite un peu violent. « Tu tentais ta chance ? » notait-elle en montrant les chalet coréen d’un geste de la main. « Yep… C’était pas glorieux. » avouait-elle dans un soupire. « Elle m’a poser des questions j'avais l'impression d'être face à un enquêteur. Puis elle a cru que j’étais d’une famille de religieux pro-life, je crois, du coup elle est partie. » Elle haussait les épaules, défaitiste, avant de prendre une gorgée de son soda. « Tu fais quoi de beau ici ? » s’empressait-elle de demander de peur d’être impolie.

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« Yep… C’était pas glorieux. » Je comprenais mieux pourquoi Andy avait l’air si préoccupée - bien que ses traits se soient adoucis en me reconnaissant, me faisant sourire. « Ugh, les premiers dates, c’est le pire, » répondis-je en faisant une grimace.

C’était probablement une expérience universelle à ce stade : il n’y avait rien de très agréable à avoir l’impression d’être en entretien d’embauche amoureux. J’adorais flirter, mais il y avait quelque chose de trop codé dans les premiers dates, surtout via des applis, et je préférais largement rencontrer des filles dans ma vie de tous les jours. Ce qui ne s’avérait en réalité pas évident, surtout en étant lesbienne, puisque je ne savais pas toujours si la personne en face pouvait réciproquer mes sentiments. J’avais un très bon souvenir de ma vie à New-York, où je m’étais constituée un groupe d’amis queers et où nous sortions toujours dans des bars où je finissais par rentrer avec une nouvelle fille chaque soir, persuadée qu’elle était la future fan de ma vie. Evidemment, les dramas de groupes lesbiens étaient dignes de The L World, mais je m’étais bien amusée.

« Une fois, une fille m’a plantée en plein date après avoir fait ma charte astrale. Beaucoup trop messy, m’a-t-elle dit. » J’haussai les épaules en rigolant. Apparemment, l’astrologie disait que j’étais trop intense… Quoi de neuf sous le soleil ?!  « C’était comment, toi ? » Demandai à Andy, curieuse.

« Elle m’a poser des questions j'avais l'impression d'être face à un enquêteur. Puis elle a cru que j’étais d’une famille de religieux pro-life, je crois, du coup elle est partie. » Arf, clairement, on avait connu bien mieux. Je me demandais même parfois pourquoi certaines personnes perdaient du temps à venir en date alors qu’elles ne semblaient absolument pas ouverte à découvrir une nouvelle personne sans - trop - juger. « Tu fais quoi de beau ici ? » Me demanda Andy avec un sourire. Je reconnais bien là son habitude de faire attention aux autres, qui m’avait marqué le premier soir où je l’avais rencontrée. « Les courses pour le Noël avec mes potes. Tu veux te joindre à mon après-midi ? Je t’offre un vin chaud pour te rattraper ton date désastreux ? A moins que tu ais déjà ce qu’il faut ? » Demandai-je en pointant du doigt la cannette de coca qu’elle tenait. Je souris, et ajoutai :  « Je n’ai jamais trop compris pourquoi on s’obstinait en Australie à faire des Noëls avec des pères noël et du vin chaud alors qu’il fait quasiment 30°C, mais bon, » confiai-je avec un petit rire entendu. Voyant qu’Andy semblait prête à se changer les idées, je lançai le pas vers un autre coin du marché, et me tournai vers elle pour lui poser une nouvelle question : « Alors, pourquoi elle a pensé ça de tes parents ? Tu viens d’un milieu super conservateur ? Promis, je ne te planterais pas en plein milieu du marché quoi que tu répondes, je sais qu’on ne choisit pas sa famille, » ajoutai-je avec un clin d’oeil.


@Andrea Welch    

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@Marceline Griffiths  

 « Ugh, les premiers dates, c’est le pire, » C’était bien vrai et à chacun de ces rendez-vous catastrophiques, Andrea se jurait de ne plus en refaire. Mais elle y revenait toujours, trop anxieuse à l’idée de finir seule. « Une fois, une fille m’a plantée en plein date après avoir fait ma charte astrale. Beaucoup trop messy, m’a-t-elle dit. » Andrea échappait un petit rire. « On me l’a fait aussi ! » s’empressait-elle d’ajouter, amusé de constater que ça devait être une expérience queer assez universelle. Il suffisait qu’elle dise être scorpion pour que l’expression sur le visage de certain fille change du tout au tout, comme s’il s’agissait du pire signe astrologique de tout les temps. Andrea se lançait donc dans une rapide explication de son date et les préjugés très précis qu’avait eu la jeune femme avant de la planter là, puis elle questionnait à son tour la blonde, curieuse de savoir ce qu’elle faisait dans le coin. « Les courses pour le Noël avec mes potes. Tu veux te joindre à mon après-midi ? Je t’offre un vin chaud pour te rattraper ton date désastreux ? A moins que tu ais déjà ce qu’il faut ? » Andy suivait le regard de Marceline vers sa canette. « Oh, c’est quasiment vide ça. Je dis pas non à un vin chaud. » assurait-elle, déjà prête à sacrifier la fond de sa canette en jetant son coca dans la poubelle la plus proche. « Je n’ai jamais trop compris pourquoi on s’obstinait en Australie à faire des Noëls avec des pères noël et du vin chaud alors qu’il fait quasiment 30°C, mais bon, » Andrea pouffait de rire avant de hausser les épaules. « J’ai jamais connu de noël froid, mais c’est sur qu’on est loin des Hallmark movies qu’on peut voir à la télévision. » Avouait-elle. Andrea n’avait jamais quitté l’Australie, à vrai dire elle n’avait jamais quitté le Queensland, donc pour elle, noël avait toujours été chaud, mais elle était assez d’accord avec le ridicule de la situation, surtout au sujet du vin chaud par trente degrés. « Mais il parait que c’est bon de boire chaud quand il fait chaud. » lâchait-elle, suivant déjà la blonde à travers le marché. « Alors, pourquoi elle a pensé ça de tes parents ? Tu viens d’un milieu super conservateur ? Promis, je ne te planterais pas en plein milieu du marché quoi que tu répondes, je sais qu’on ne choisit pas sa famille, » Elle buvait cul-sec ce qu’il restait de son coca, trouvant, sur le chemin, une poubelle où jeter sa canette avant de répondre en tout sincérité. « Conservateur…peut-être un peu sur certain point. Mais je viens d’une famille nombreuse, loin de Brisbane, dans le désert. Donc elle a dû se dire : ‘ça y est, j’ai trouvé une des rares Amish australienne’ ! » Elle pouffait de rire face au ridicule de la situation. « Alors que pas du tout. Mes parents ne sont même pas pratiquant. Ils ont un ranch à Longreach, c’est vrai que c’est loin de Brisbane et que c’est pas très grand mais c’est pas non plus le trou du cul de l’Australie. Et on est nombreux parce qu’ils ont adopté des enfants aussi…. Bref, c’est pas du tout ce qu’elle croit. » expliquait-elle. Comme souvent quand elle était un peu passionnée par ce qu’elle racontait, elle parlait un brin trop vite et sa voix avait tendance à monter dans les aiguës. « Pardon je parle trop. » notait-elle gênée en réalisant tout ce qu’elle racontait et ce en l’espace de quelques minutes. Elle se frottait nerveusement les cheveux, avant de récupérer l’élastique qu’elle gardait toujours autour de son poignet pour attaché sa tignasse en un chignon un peu bancal. « Bref. Mes parents sont plus près des hippies qui chuchotent aux oreilles des chevaux, que des Amish. » concluait-elle plus calmement. « Du coup tu passes noël avec tes potes ? C’est cool ça! » Andrea passait toujours noël en famille, même si c’était pas la porte à côté. Qu’elle fasse le trajet en avion, en train, voir même, quand elle en avait le courage, en voiture se lançant dans les treize heures de route qui la séparait de la maison de son enfance, elle tenait toujours à passer les fêtes avec sa famille, retrouver ses parents, ses frères et soeurs, les chevaux, son chien… Bref, ses racines.

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J’éclatai de rire en constatant que le coup de la charte astrale était visiblement un classique dans les dates queer. Je ne m’étais jamais assez intéressée à l’astrologie pour pouvoir faire la même chose en retour - j’étais sûrement un peu trop égocentrée pour penser que les étoiles pouvaient avoir une influence sur ma personnalité. Non, j’étais la seule à décider qui j’étais, je voulais avoir le contrôle sur ça, puisque beaucoup de choses n’étaient pas de mon ressort - ce n’était pas pour faire de la psychologie de comptoir, mais je savais très bien que mes parents avaient eu un impact sur ma construction. Beaucoup plus que n’importe quelle planète.

« J’ai jamais connu de noël froid, mais c’est sur qu’on est loin des Hallmark movies qu’on peut voir à la télévision. » Je fis une petite grimace. « Comment est-ce qu’on est censé rencontrer notre âme soeur qui travaille dans un petit café et qui veut sauver la fête de Noël de notre village, hein ?! » Plaisantai-je avec un petit rire. On connaissait tous les clichés dans ces films - j’avais avalé assez de comédies romantiques pour connaître par coeur toutes les ficelles et rêver d’une vie similaire. « Mais il parait que c’est bon de boire chaud quand il fait chaud. » J’hochai la tête : « Oui, j’ai lu pareil. Hyper contre-intuitif non ? » On avança dans le marché illuminé à la recherche du stand à vin chaud. J’en profitai pour poser des questions à Andy pour qu’elle me raconte son date qui avait l’air aussi désastreux qu’amusant. « Conservateur…peut-être un peu sur certain point. Mais je viens d’une famille nombreuse, loin de Brisbane, dans le désert. Donc elle a dû se dire : ‘ça y est, j’ai trouvé une des rares Amish australienne’ ! » J’éclatai de rire. On ne pouvait pas dire que le look d’Andy fasse très amish, c’était certain. Je l’observai à la dérobée : elle avait ce genre de beauté naturelle piquante, des petites fossettes, des yeux vifs. « Alors que pas du tout. Mes parents ne sont même pas pratiquant. Ils ont un ranch à Longreach, c’est vrai que c’est loin de Brisbane et que c’est pas très grand mais c’est pas non plus le trou du cul de l’Australie. Et on est nombreux parce qu’ils ont adopté des enfants aussi…. Bref, c’est pas du tout ce qu’elle croit. » J’hochai la tête. Wow, sa famille avait l’air bien différente de la mienne. « Pardon je parle trop. » J’agitai les mains pour chasser ce qu’elle venait de dire. « Non, arrête, j’adore quand les gens répondent en profondeur à mes questions. Donnez moi du contexte ! Des détails croustillants ! Je suis ultra curieuse. Et un moulin à paroles aussi. Je me sens moins seule quand les autres sont bavards aussi, » expliquai-je.

J’avais même du mal à croire qu’Andy m’avait dit en une question plus sur sa famille que Jiyeon ne l’avait fait après autant de moments passés ensemble. Mais elle n’était pas comme ça, je le savais. Je me demandais juste pourquoi je continuais à espérer qu’elle le soit - ma sale manie de vouloir changer les autres étaient incorrigibles. « Bref. Mes parents sont plus près des hippies qui chuchotent aux oreilles des chevaux, que des Amish. » conclua Andy avec un sourire entendu. « Du coup tu passes noël avec tes potes ? C’est cool ça! » Eh en plus elle posait des questions en retour ! J’avais eu raison sur ma première impression d’elle : elle faisait attention aux autres et je sentais que j’allais bien m’entendre avec elle. « Franchement, ils ont l’air plutôt cool dans ta famille. Des cowboys hippies, ça a l’air stylé ! T’es proche d’eux, du coup ? Je suppose que tu vas faire les fêtes avec eux ? » Demandai-je, curieuse. On arriva au stand de vin chaud et la vendeuse me regarda étrangement, comme si elle essayait de mettre un nom sur mon visage connu ; je remis mes immenses lunettes de soleil sur le nez et commandai deux verres, en offrant un à Andy. « Tiens, cadeau pour te  remettre de ton date. » On s’éloigna et je relevai à nouveau les lunettes que je perchai sur mon bob vert pastel, l’ajustant pour qu’il cache tout de même un peu mon visage. « Et oui, je fais Noël avec mes amis depuis quelques années. Enfin, on le fête avant le 25, puisqu’eux le passent en famille. Une sorte de réveillon avant le réveillon. » Et puis, comme je savais qu’Andy se le demandait sûrement, j’expliquai d’un ton léger, comme si je faisais simplement la conversation : « Je ne viens pas d’une grande famille. Mes parents sont à Mykonos pour Noël cette année. L’année d’avant ils étaient à Bali, et celle d’avant… Tokyo, je crois ? » J’haussai les épaules. « On est pas très famille, dans ma famille, je suppose. »

@Andrea Welch  

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@Marceline Griffiths  

 « Comment est-ce qu’on est censé rencontrer notre âme soeur qui travaille dans un petit café et qui veut sauver la fête de Noël de notre village, hein ?! » Résumé parfait de quatre-vingt-dix pour-cent des films de noël, qui arrachait un rire à Andrea. Elles partaient en direction du stand de vin chaud, même si avec la chaleur ambiante, ce choix de boisson semblait étrange. « Oui, j’ai lu pareil. Hyper contre-intuitif non ? » Andy hochait vivement la tête avant de répondre aux question de Marceline. Une réponse qui s’éternisait un peu, Andrea parlant toujours un peu trop, rentrant parfois trop dans les détails, donnant trop d’information. Et elle réalisait bien vite qu’elle parlait toute seule depuis de longues minutes, s’en excusant aussitôt. « Non, arrête, j’adore quand les gens répondent en profondeur à mes questions. Donnez moi du contexte ! Des détails croustillants ! Je suis ultra curieuse. Et un moulin à paroles aussi. Je me sens moins seule quand les autres sont bavards aussi, » Cette information soulageait un peu Andrea, elle culpabiliserait moins à l’idée de raconter sa petite vie à la blonde. Elle concluait tout de même rapidement avant de la questionner à son tour, parce qu’elle était curieuse aussi d’en savoir plus sur les habitudes de Noel de Marceline. « Franchement, ils ont l’air plutôt cool dans ta famille. Des cowboys hippies, ça a l’air stylé ! T’es proche d’eux, du coup ? Je suppose que tu vas faire les fêtes avec eux ? » « Oui, on est assez proche et on fête toujours Noel tous ensemble. On fait des balades à cheval en famille, on mange trop, on fait des jeux de société… des fêtes assez classique en soit. » expliquait-elle. Elle arrivaient enfin au stand de vin chaud et le regard de Andy passait de Marceline à la vendeuse, puis de la vendeuse à Marceline, alors que la blonde remettait ses lunettes de soleil. Right, Andy avait tendance à oublier qu’elle était en présence d’une célébrité, elle s’efforçait tellement de faire abstraction de ce détail, comme si le faire remarquer à Marceline allait la mettre mal à l’aise, qu’elle finissait par oublié que celle qui était entrain de commandé deux verre de vin chaud était une actrice de talent et reconnue dans le monde entier. « Tiens, cadeau pour te  remettre de ton date. » « Oh merci ! » elle prenait le verre que lui tendait la blonde et y trempait bien vite ses lèvres pour en prendre une petite gorgée. Elles s’éloignaient du stand et Andrea regardait du coin de l’oeil Marceline qui semblait vouloir se cacher un peu. Andy osait à peine imaginer ce que ça devait faire, d’être observer en permanence pas des inconnus, se faire prendre en photo à son insu… Ça devait être très lourd à vivre. « Et oui, je fais Noël avec mes amis depuis quelques années. Enfin, on le fête avant le 25, puisqu’eux le passent en famille. Une sorte de réveillon avant le réveillon. » « C’est cool ça! Faudrait que je fasse pareil avec mes amis, mais bon… Déjà Amir ne fête pas Noel, puis moi je rentre chez mes parents à bien treize heure de route d’ici… donc bon, faudrait faire un Noel entre ami en novembre pour que ça arrange tout le monde. » lâchait-elle en pouffant de rire, se rendant compte qu’organiser un tel évènement demanderait des mois de discussion et de prévision. « Je ne viens pas d’une grande famille. Mes parents sont à Mykonos pour Noël cette année. L’année d’avant ils étaient à Bali, et celle d’avant… Tokyo, je crois ? » Andrea hochait lentement la tête, comprenant que Marceline avaient des parents qui aimaient bougé et qui, visiblement, préféraient passé du temps tout les deux que avec leur filles. C’était triste, selon Andrea, qui elle n’imaginait pas passer les fêtes loin de sa famille. « On est pas très famille, dans ma famille, je suppose. » « Je vois… » Andrea se grattait la tête, cherchant ses mots, cherchant quoi dire pour détendre un peu l’atmosphère et aussi rassurer Marceline qui, bien qu’elle haussait les épaules, devait certainement être un peu triste de ne pas passer Noel en famille comme la majorité dès gens. Ça devait être une période très solitaire pour elle et cette simple idée pinçait le coeur de Andrea. « Après, c’est aussi bien de passer les fêtes avec la famille qu’on a choisit. L’ambiance est plus sympa. En famille y’a toujours des tentions. » déclarait-elle en esquissant un petit sourire. Même chez les Welch il y avait des tensions durant les fêtes, c’était inévitable, entre les réflection parfois piquante des parents, des vieux conflits qui refaisait surface… il y avait toujours un moment de malaise autour de la table. Alors qu’entre ami, en règle général, les soirées étaient bien plus détendue. « Du coup tu cherches quoi comme cadeau ? C’est pour... euh.. Suzy et Thomas ? non Théo pardon. » demandait-elle avant de s’empresser d’ajouter : « Enfin, je suis sur que t’as d’autres amis hein, c’est juste que je connais que eux. » précisait-elle, noyant son malaise dans une nouvelle gorgée de son vin chaud qui lui brulait un peu la langue. Elle avait toujours peur que ce qui sortait de sa bouche fasse un flop ou soit mal compris. Elle parlait beaucoup, vite et se reprenait et se justifiait presque aussi vite pour éviter tout conflits.

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« Oui, on est assez proche et on fête toujours Noel tous ensemble. On fait des balades à cheval en famille, on mange trop, on fait des jeux de société… des fêtes assez classique en soit. »

Des fêtes assez classiques. Andy n’avait aucune d’à quel point ce qu’elle me décrivait me paraissait improbable. Je savais qu’au fond, c’était elle qui avait raison, ce qu’elle me décrivait ressemblait aux Noëls de mes amis. C’était ma famille qui était étrange et que j’aurais bien eu du mal à expliquer à des inconnus. Enfin, je me disais ça, mais n’était-ce pas le propre de chacun de penser que sa famille était particulière, surtout lorsqu’elle était dysfonctionnelle ? Mais les parents détachés, les compétitions et jalousies, les jugements… c’était le lot de beaucoup d’autres personnes, finalement. C’était le mien. Et j’avais de la chance, en quelque sorte, au moins mes parents m’acceptaient. Certains de mes amis queer ne pouvaient pas dire la même et n’étaient parfois même plus en contact avec eux.

Parfois, je me demandais ce qui était le pire : le rejet complet ou l’indifférence ? Mais je n’osais jamais poser cette question à voix haute de peur d’être trop égoïste.

« En fait ta vie peut être un Hallmark movie ! » Plaisantai-je.

Je me retenais d’ajouter “tu en as de la chance”, de peur d’avoir l’air un peu trop amère. A la place, je racontais à Andy mes réveillons en “famille”, avec tous mes proches.

« C’est cool ça! Faudrait que je fasse pareil avec mes amis, mais bon… Déjà Amir ne fête pas Noel, puis moi je rentre chez mes parents à bien treize heure de route d’ici… donc bon, faudrait faire un Noel entre ami en novembre pour que ça arrange tout le monde. » J’éclatai de rire et agitai la main : « Y a rien de pire que les organisations de dates quand on est adulte. J’ai l’impression qu’il va falloir que je commence à envoyer des cartons d’invitation avec des rsvp pour réussir à réunir tout le monde dès que je veux aller boire un verre ! »

Je me gardai bien de préciser que parmi mes amis, j’étais surtout celle qui avait l’emploi du temps le plus plein depuis que ma carrière avait explosé. J’étais souvent ailleurs pour des tournages, à des galas, des soirées, ou en train de bosser mes répliques. Je préférai parler de ma famille dysfonctionnelle et éviter soigneusement le sujet de ma célébrité - je commençais à suspecter Andy de savoir et de ne juste rien dire, et cela me plaisait beaucoup.

« Après, c’est aussi bien de passer les fêtes avec la famille qu’on a choisit. L’ambiance est plus sympa. En famille y’a toujours des tentions. » J’hochai la tête. La famille qu’on a choisi, il n’y avait rien de plus queer-coded et je ressentis ce petit picotement agréable d’être en compagnie de quelqu’un qui comprenait cette réalité là-aussi. « Oui, la chosen family c’est vraiment un concept qui me parle. » Dis-je en souriant. On s’approcha des stands, observant les étalages.  « Du coup tu cherches quoi comme cadeau ? C’est pour... euh.. Suzy et Thomas ? non Théo pardon. Enfin, je suis sur que t’as d’autres amis hein, c’est juste que je connais que eux. » Je fis un sourire à Andy, qui avait toujours l’air un peu nerveuse de parler - c’était drôle, elle était à la fois bavarde et sociale, et pourtant avec une espèce de timidité qu’elle cachait plus ou moins bien. C’était bizarre à dire, puisque je ne la connaissais pas tant que ça, mais elle me plaisait. Pas dans le sens romantique, ce n’était pas à ça que je pensais, bien trop préoccupée par Jiyeon. Mais il y avait quelque chose chez Andy que je trouvais adorable, et rassurant, et qui me donnait envie d’être en sa compagnie. « J’ai déjà leurs cadeaux, c’était le plus facile. Un cours de céramique pour Suzy et un poster vintage d’un concert de Britney Spears pour Théo. » Je lançai un regard amusé à Andy et ajoutai : « Je sais, je sais. Very gay. » Je bus une gorgée de vin chaud. Il était acre et peu trop chimique pour être bon, mais c’était le charme de ce genre de marché de Noël. « J’ai un grand groupe de potes, tout le monde est plus ou moins proche, certains ont déménagé, certains sont revenus vivre ici, donc ça va ça vient selon les années… Mais je connais Suzy et Théo depuis que je suis ado, on est un peu le noyau principal, » expliquai-je. « Et j’ai ma meilleure amie d’enfance, Hayden, mais elle est un peu en dehors de mes dynamiques de groupe. C’est plus une amie en un à un, tu vois ? » Et dire qu’Andy pensait être trop bavarde. J’allais challenger sa réputation ! J’observai plusieurs stands avant d’en voir un qui vendait des kits pour faire des miniatures. Mon visage s’illumina. « Ah, voilà, ça s’est parfait pour Sara. » Je regardai le kit pour le petit cottage miniature, avec ses petits objets pour former une cuisine dont les vitres donnaient sur un jardin. Il fallait tout construire à la main. Je regardai Andy et pouffai : « Avant que tu poses la question, oui, elle est lesbienne, d’où le cottage-core. » Je tendis le kit à la vendeuse et la payait en cash, lui demandant de garder la monnaie. « Du coup, tu essayais de trouver un plus un à ramener à ton Noël ? Ta famille est du genre à te foutre la pression si tu es célibataire ? » Demandai-je à Andy, curieuse.



@Andrea Welch  

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@Marceline Griffiths  

« En fait ta vie peut être un Hallmark movie ! » Andrea échappait un rire franc. « Oui c’est vrai, si on oublie les tensions durant les repas ! » Oui parce que tout n’était pas rose, évidemment, mais Andrea préférait quand même se focaliser sur les parties les plus agréables des fêtes, les moments en famille où tout se passaient bien et l’ambiance était au beau fixe.« Y a rien de pire que les organisations de dates quand on est adulte. J’ai l’impression qu’il va falloir que je commence à envoyer des cartons d’invitation avec des rsvp pour réussir à réunir tout le monde dès que je veux aller boire un verre ! » Andrea ne pouvait qu’acquiescer. Il était de plus en plus difficile de retrouver son groupe d’ami au complet pour passer une soirée jeu de rôle digne de ce nom. Il y avait toujours un ou une absente, c’était frustrant. Elle notait quand même que passer les fêtes avec ses amis devaient être plus sympa et moins anxiogène que les fêtes en famille. « Oui, la chosen family c’est vraiment un concept qui me parle. » Andrea n'était pas surprise, surtout si elle venait d’une petite famille avec des parents qui bougeaient beaucoup, comme elle l’avait mentionné plus tôt. Elle devait passer bien plus de temps avec ses amis, qu’avec ses géniteurs.
Andrea s’intéressait du coup à la raison pour laquelle Marceline était sur ce marché de Noel : trouver des cadeaux pour ses amis. « J’ai déjà leurs cadeaux, c’était le plus facile. Un cours de céramique pour Suzy et un poster vintage d’un concert de Britney Spears pour Théo. Je sais, je sais. Very gay » Andrea pouffait de rire. « Oui, j’ai rien dis mais en effet, c’est très gay. » Confirmait-elle entre deux gorgées de vin chaud. « J’ai un grand groupe de potes, tout le monde est plus ou moins proche, certains ont déménagé, certains sont revenus vivre ici, donc ça va ça vient selon les années… Mais je connais Suzy et Théo depuis que je suis ado, on est un peu le noyau principal, » elle hochait la tête, notant ces informations comme si elles allaient lui être utile un jour. « Et j’ai ma meilleure amie d’enfance, Hayden, mais elle est un peu en dehors de mes dynamiques de groupe. C’est plus une amie en un à un, tu vois ? » « Oui je vois. » confirmait-elle, même si en y réfléchissant elle n’avait pas ce genre d’ami de son côté. Elles continuaient de marcher à travers les stands, ralentissant près d’une vendeuse visiblement spécialiste des miniatures. « Ah, voilà, ça s’est parfait pour Sara. » Andrea détaillait premièrement le visage lumineux de Marceline, esquissant un petit sourire attendrie en la voyant si joyeuse de trouver le cadeau parfait pour une amie, avant de se concentrer sur le kit miniature, cottage, dont parlait la blonde. « Très mignon. » notait-elle simplement avant que Marceline n’ajoute : « Avant que tu poses la question, oui, elle est lesbienne, d’où le cottage-core. » Andrea échappait un nouveau rire, décidément Marceline la prenait de court avec ces remarques. « Je vois, je vois. T’as que des amis queer en fait ? » demandait-elle les joues déjà rougies entre le vin chaud et les rires. Andy réalisait que de son côté elle n’avait pas beaucoup d’ami queer, ce qui en soit était bien triste et solitaire. Non pas qu'elle se sente exclu dans son groupe d'ami, loin de là, mais il y avait comme un décalage sur certain sujet. « Du coup, tu essayais de trouver un plus un à ramener à ton Noël ? Ta famille est du genre à te foutre la pression si tu es célibataire ?  » Andrea secouait déjà la tête. « Non, enfin… si y’a peut-être un peu de pression, c’est vrai, et mes parents voudraient certainement que je ramène un garçon à la maison, plutôt qu’une fille. » avouait-elle en haussant les épaules. Ils acceptaient qu'elle ne soit pas hétérodoxies, mais gardait clairement l'espoir qu'elle épouse un homme et ai des enfants. « Mais non, je compte pas ramener de plus un. J’essaie simplement de trouver la bonne personne. » ajoutait-elle à mi-voix, limite honteuse d’admettre ça, comme si c'était débile d'y croire. « En fait, je pensais avoir trouvé quelqu’un de bien, puis je me suis faite larguée comme une merde. Encore une fois. Donc je re-tente ma chance, parce que j’ai envie de croire en l’amour. » Expliquait-elle. Elle avait fait du chemin, parce qu'elle n'avait clairement pas ce discours optimiste quelques semaines plus tôt, quand Malcolm avait rompu avec elle. Elle avait vraiment cru que c'était la rupture de trop, qu'elle allait jeter l'éponge, prendre deux chats et finir seule. Mais non, elle ressortait la tête de l'eau et avait, enfin de compte, envie de croire que quelqu'un, quelque part, serait plus mature que Malcolm, plus fidèle que celle qui l'avait précédé, plus... faite pour elle. « C’est peut-être un peu naïf.... » Admettait-elle tout de même en haussant les épaules, reprenant une gorgée de vin chaud.

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Andy semblait amusée par les cadeaux que je trouvais pour mes amis. Je devais bien reconnaître que nous étions un joli ramassi de clichés et que parfois on les poussait un peu pour le bonheur de pouvoir se reconnaitre dans quelques tweets et inside jokes que la communauté queer semblait avoir décidé de partager. Je partais évidemment de l’idée qu’Andy comprenait toutes les références que je faisais, puisqu’elle n’était pas hétérosexuelle, oubliant que parfois toutes les personnes queer n’avaient pas le même vécu ou les mêmes références. J’appartenais à cette branche qui puisait son identité dans la culture internet et la pop culture ; parfois quand je sortais dans des bars queer j’étais surprise de discuter avec des filles qui n’avaient aucune idée de quoi je parlais lorsque j’imitais Charli XCX en train de crier “gay rights” en tenant du poppers. Moi et mes amis faisions référence à cette vidéo environ deux fois par semaine. « Je vois, je vois. T’as que des amis queer en fait ? » Me demanda Andy, intriguée. Je réfléchis un instant, comptant mentalement les gens autour de moi. « J’ai fait une double licence littérature et théâtre, autant te dire que le pourcentage d’hétéro sur les bancs de l’université était plutôt faible. » Je réalisai que c’était la première fois que je faisais une allusion à mes études et mon métier et je me demandai si Andy allait le relever. Je crois qu’elle savait qui j’étais depuis le début mais le mystère planait tout de même, ce qui n’était pas sans me déplaire. « Je suppose que toi le code, c’est un peu plus un boys club non ? »

C’est vrai que j’imaginais plutôt les nerds informatiques comme des hétéros, mais Andy me prouvait que les nerds pouvaient aussi être des petites brunes avec des jolies fossettes. Et qui n’était pas hétéro, en plus de tout. Je demandai d’ailleurs à Andy si elle rêvait de ramener quelqu’un pour les fêtes de Noël - je n’avais jamais eu une relation assez stable et sérieuse ni avec une fille, ni avec mes parents, pour ramener quelqu’un au repas de famille.

« Non, enfin… si y’a peut-être un peu de pression, c’est vrai, et mes parents voudraient certainement que je ramène un garçon à la maison, plutôt qu’une fille. » Je grimaçai. Ouch, je comprenais. C’était malheureusement une expérience assez universelle pour les personnes bi ou pan. Je fis un petit sourire à Andy. « Ouch. Ils sont du genre… On accepte mais on espère que c’est une phase ? » Demandai-je.

J’eus une pensée pour Mabel. C’était assez typique de notre famille. Le fait que je sois lesbienne cassait un peu ce plan d’ultimement finir avec un mec, à la différence de Mabel, donc mon oncle et ma tante décidaient plutôt d’ignorer complètement ma vie amoureuse. Un peu comme mon parent, au final, même pour eux il s’agissait plus de désintérêt que d’homophobie.

« Mais non, je compte pas ramener de plus un. J’essaie simplement de trouver la bonne personne. En fait, je pensais avoir trouvé quelqu’un de bien, puis je me suis faite larguée comme une merde. Encore une fois. Donc je re-tente ma chance, parce que j’ai envie de croire en l’amour. » Double ouch.  Alors là, je ne pouvais que comprendre Andy, et son aveu me touchait. « C’est peut-être un peu naïf.... » J’agitai mes mains : « Tu rigoles ou quoi ? C’est génial ! » M’exclamai-je avec un sourire. « J’ai l’impression que c’est tellement à la mode d’être pessimiste en amour, de pas vouloir s’engager, de toujours faire des mind-games.  » Je poussai un soupir. Malgré moi le visage de Jiyeon m’apparut. On ne pouvait pas dire qu’elle était du genre à s’engager facilement ou à être très romantique. Mais bon. Je l’aimais comme ça, pas vrai ? « Même moi parfois, j’ai envie de me résigner. Alors qu’au fond je suis une grande romantique. Y a rien de naïf à vouloir croire en l’amour, au contraire, je trouve que ça demande beaucoup de force. De savoir que c’est compliqué et d’être quand même prête à se battre… » J’haussai les épaules. En tout cas, c’était ce que je me disais quand je pensais à toutes les dysfonctions de mon couple avec Jiyeon : je l’ai choisie, je me bats pour que ça marche. « Désolée pour ton ex, franchement je compatis tellement. On t’a donné quoi comme explication ? » Demandai-je, curieuse. De ce que je comprenais, Andy n’était pas plus chanceuse en amour que moi.




@Andrea Welch  

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@Marceline Griffiths  

« J’ai fait une double licence littérature et théâtre, autant te dire que le pourcentage d’hétéro sur les bancs de l’université était plutôt faible. » Andy hochait lentement la tête, pas surprise par cette information, loin de là. Une actrice qui avait fait théâtre et littérature ? c'était prévisible, par contre elle tentait de s’imaginer l’ambiance d’une classe pleine de personne Queer. N’ayant jamais été dans une telle classe, elle imaginait ça comme la communauté queer de Tumblr : des gens un peu mentalement instable, tous solidaires, plutôt bienveillants, criant ‘yaaassss queen’ et ‘slay’ à toute occasion. Elle était bien loin de tout ça, aussi non-hétéro soit elle, elle n’avait pas baigné dans cette culture là comme Marceline semblait l’avoir été au cours de ses études. Sa seule véritable expérience de la communauté lgbtqia+ avait justement été via Tumblr et internet, avant d’enfin trouver le courage d’aller dans des bars queer. « Je suppose que toi le code, c’est un peu plus un boys club non ?  » « Totalement. » confirmait-elle. « Avec quelques remarques homophobes ici et là. Mais bon, on apprend à en rire et à passer au dessus. » expliquait-elle dans un haussement d’épaules. C'est sur qu’elle n’avait pas toujours entendu que des remarques sympathiques en classe, mais qu’importe, elle aimait ce qu’elle faisait, elle avait su rencontrer des personnes sympathiques, quelque soit leur orientation sexuelle, et c’était certainement tout ce qui comptait.

Le sujet tournait à la famille et Andrea admettait que ses parents, bien que techniquement ayant accepté sa pansexualité, espéraient toujours la voir ramener un garçon à la maison. « Ouch. Ils sont du genre… On accepte mais on espère que c’est une phase ?  » « Ouais c’est un peu ça. Il veulent des petits-enfants en plus donc ils s’imaginent que si je finis avec une fille, ce sera compromis. » elle secouait lentement la tête. « Alors que bon, y’a plein de solution, entre la PMA et l’adoption, y’a toujours un moyen d’avoir un enfant. » notait-elle, s'apercevant qu'elle dérivait un peu du sujet initiale, reprenant du coup: « Après, ils ne disent pas de vive voix : "Andrea, il faut que tu épouses un homme.", mais je sens bien la déception quand je dis avoir une copine et à l’inverse un certain soulagement quand je leur dis avoir un copain. Et puis quand c’est une personne non-binaire, là c’est la confusion la plus totale. » Elle pouffait de rire. Ils n’étaient pas bien méchant au fond, si Andrea était heureuse, ils accepteraient son choix, mais ils avaient un peu de mal à cacher le fond de leur pensé.

« Tu rigoles ou quoi ? C’est génial !  » Andy posait un regard surpris sur Marceline. En général quand elle avouait ce genre de chose on se moquait un peu d’elle, surtout sur les app de rencontres quand ont lui demandait "tu cherches quoi ici?" et qu’elle répondait "l’amour", soit on la ghostait, soit on lui disait qu’elle n’était pas au bon endroit.« J’ai l’impression que c’est tellement à la mode d’être pessimiste en amour, de pas vouloir s’engager, de toujours faire des mind-games. » Andrea hochait vivement la tête, totalement d'accord. « On croirait que personne ne cherche du sérieux. » confirmait-elle avant de reprendre une gorgée de sa boisson. « Même moi parfois, j’ai envie de me résigner. Alors qu’au fond je suis une grande romantique. Y a rien de naïf à vouloir croire en l’amour, au contraire, je trouve que ça demande beaucoup de force. De savoir que c’est compliqué et d’être quand même prête à se battre… » « Et ça demande encore plus de force quand on est seule à se battre ! » lâchait-elle sur le ton de la plaisanterie, même si dans le fond ça venait du coeur. Elle avait été en couple trois fois, et c'était faite larguée chaque fois, toujours avec l’impression d'était la seule à s’investir dans son couple, la seule à tout faire pour que ça marche et que ça dure. C’était désespérant. Mais après quelques larmes, quelque visionnage de High School Musical avec sa cousine, elle était prête à se remettre en selle, retenter sa chance, parce qu'elle avait vraiment envie d'y croire. « Désolée pour ton ex, franchement je compatis tellement. On t’a donné quoi comme explication ?  » demandait-le blonde, visiblement curieuse. « "ça va trop vite" et "on ne veut pas la même chose." » répondait-le sans détour. « Il a flippé quand je lui ai dit que j'économisais pour m'acheter mon propre logement. Il a tout de suite cru que ça voulait dire qu'on allait aménagé ensemble bientôt, alors que non. Enfin, j'imaginais aménager avec lui un jour, évidemment, mais là c'était purement égoïste, c'était mon projet d'avenir perso. Parce qu'être encore en colocation à trente ans, c'est pas forcément l'idéal, donc je veux m'acheter une maison ou un appartement à moi. » expliquait-elle, faisant un peu trop de geste avec ses mains et parlant, comme toujours un peu trop vite, parce qu'elle avait peur d'ennuyer tout le monde ses son racontage de vie, donc elle faisait vite pour que ça semble durée moins longtemps. « Il était déjà papa d'une petite fille alors j'ai pensé qu'il était plus mature que d'autre.... en fait non. Même en étant déjà père, il avait pas l'air pressé de se caser et pas l'air de vouloir quelque chose de sérieux... » Elle lâchait un petit soupire. « Ou en tout cas pas avec moi. » précisait-elle. « Après je sais que parfois je peux être un peu.... intense, que je peux m'emporter un peu et parler d'avenir un peu trop vite. Mais là, vraiment, je m'étais faite violence. Il avait juste un tiroir avec des affaires chez moi et c'est tout. Visiblement, l'argent que je mettais de coté devait trop l'angoisser. » Elle échappait un petit rire, légèrement amère avant de terminer son vin chaud en quelques gorgées.

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« Totalement, » me confirma Andy alors que j’évoquais le boys club dont elle semblait faire partie. « Avec quelques remarques homophobes ici et là. Mais bon, on apprend à en rire et à passer au dessus. »

Je grimaçai, compatissant malheureusement avec son expérience. C’était assez universel, surtout lorsqu’on était queer ; les gens pensaient parfois que l’on était hétéro et se permettaient des commentaires en pensant que nous serions d’accord avec eux. J’admirais la patience d’Andy avec ses collègues et je mesurais ma chance de travailler dans une industrie de plus en plus ouverte, même si j’étais consciente que si je n’avais pas commencé d’entrée avec un rôle de femme lesbienne, on m’aurait sûrement conseillé de cacher ma propre sexualité afin de booker plus de rôles de femme désirable pour les hommes.

« Ouais c’est un peu ça. Il veulent des petits-enfants en plus donc ils s’imaginent que si je finis avec une fille, ce sera compromis. Alors que bon, y’a plein de solution, entre la PMA et l’adoption, y’a toujours un moyen d’avoir un enfant. »  Ah, le classique des petits-enfants. Cela aurait peut-être intéressé mes parents s’ils pouvaient s’intéresser à autre chose qu’eux : si j’avais un enfant, ils s’en désintéresseraient aussi vite qu’ils m’avaient mis de côté, probablement. « Après, ils ne disent pas de vive voix : "Andrea, il faut que tu épouses un homme.", mais je sens bien la déception quand je dis avoir une copine et à l’inverse un certain soulagement quand je leur dis avoir un copain. Et puis quand c’est une personne non-binaire, là c’est la confusion la plus totale. » J’éclatai de rire. « Je vois totalement le genre. Mais je trouve ça mignon que tes parents s’intéressent à qui tu fréquentes, au moins. Peut-être qu’ils leur faut juste un peu de temps, » suggérai-je, tentant d’être optimiste.

J’avais entendu un tas de belles histoires sur des familles qui dépassaient leurs jugements initiaux sur les personnes queers, même si je me gardais bien de préciser à Andy que je connaissais aussi des parents qui ne changeaient pas et rejetaient complètement leurs enfants qui finissaient même par couper contact. Même si bon, après tout, je ne lui aurais sûrement rien appris. Elle avait l’air plutôt aux faits sur la culture queer, y compris ses aspects plus tristes, pour quelqu’un qui travaillait dans un boys club. En tout cas, elle semblait avoir elle aussi souffert de la légéreté relationnelle qui semblait miner les relations queers ces dernières années.

« On croirait que personne ne cherche du sérieux. » J’hochai vivement la tête : « Oui, comme si c’était cool de ne pas avoir de sentiments… » A ce jeu, je n’étais clairement pas très douée. Je me retrouvais toujours avec mes émotions à vif, portant la relation à bout de bras, un sentiment qu’Andy semblait bien connaître. « Et ça demande encore plus de force quand on est seule à se battre ! » Une nouvelle fois, je lâchai un “mais oui” entre deux gorgées de vin chaud. Décidément, ça faisait plaisir de parler à quelqu’un qui comprenait. « "ça va trop vite" et "on ne veut pas la même chose." » Je manquai de recracher mon vie. « Si tu savais le nombre de fois qu’on m’a dit ça ! » M’exclamai-je. C’était ma malédiction. « Il a flippé quand je lui ai dit que j'économisais pour m'acheter mon propre logement. Il a tout de suite cru que ça voulait dire qu'on allait aménagé ensemble bientôt, alors que non. Enfin, j'imaginais aménager avec lui un jour, évidemment, mais là c'était purement égoïste, c'était mon projet d'avenir perso. Parce qu'être encore en colocation à trente ans, c'est pas forcément l'idéal, donc je veux m'acheter une maison ou un appartement à moi. » J’hochai la tête, écoutant attentivement, mesurant à nouveau ma chance de pouvoir avoir une maison dont j’étais propriétaire si jeune. « Il était déjà papa d'une petite fille alors j'ai pensé qu'il était plus mature que d'autre.... en fait non. Même en étant déjà père, il avait pas l'air pressé de se caser et pas l'air de vouloir quelque chose de sérieux... Ou en tout cas pas avec moi. » Une ombre passa sur son visage et je sentis mon coeur se crisper pour Andy, tant que je comprenais sa peine. « Je ne pense pas que ça a l’air d’être toi le problème. His loss, comme on dit. » Elle avait l’air adorable et je l’imaginais totalement être le genre de copine indépendante mais attentionnée. Je connaissais un tas de filles queer qui seraient ravie d’avoir une copine comme ça… Maintenant que j’y pensais, peut-être que je pouvais lui présenter deux trois personnes. « Après je sais que parfois je peux être un peu.... intense, que je peux m'emporter un peu et parler d'avenir un peu trop vite. Mais là, vraiment, je m'étais faite violence. Il avait juste un tiroir avec des affaires chez moi et c'est tout. Visiblement, l'argent que je mettais de coté devait trop l'angoisser. » Aaaah… Se faire violence pour ne pas avoir l’air trop à fond. Oui, je ne connaissais que trop bien. N’étais-je pas en train de le vivre avec Jiyeon. « Franchement, je compatis tellement, t’as pas idée. J’ai les mêmes problèmes. Même… » J’hésitai, mais la sincérité d’Andy me donnait envie de faire de même : « Même avec ma copine actuelle, c’est un peu comme ça. Je suis obligée de me calmer de peur de la faire fuir. Parfois je me dis que ce n’est pas très sain de devoir se reprimer quand on est avec quelqu’un, parfois je me dis que non, le souci c’est d’être trop intense trop vite. » J’haussai les épaules et terminai mon vin chaud, un peu troublée par ma propre vulnérabilité. Je secouai la tête et me tournai vers Andy avec un grand sourire, chassant le sérieux de ma dernière déclaration : « Tu sais quoi, tu devrais venir à ma prochaine soirée que j’organise avec toute ma bande de queers, » dis-je en référant affectueusement à mes amis, « ça te changera du boys club et j’ai deux trois potes qui pourraient te plaire, ou au moins te faire oublier ton ex stupide, au moins pour une soirée… » En voilà une bonne idée, proposer des sorties et des soirées, faire briller mon charme social, c’est là que je brillais. « Je te vendrais comme une nerd brillante et adorable, je suis sûre que c’est un kink chez des gens, » plaisantai-je.




@Andrea Welch  

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@Marceline Griffiths  

 « Oui, comme si c’était cool de ne pas avoir de sentiments…  » Andrea ne comprenait vraiment pas ces personnes là. Elle avait l’impression, de son coté de n’avoir que ça, des sentiments, tant et plus, parfois contradictoires. « Si tu savais le nombre de fois qu’on m’a dit ça ! » ça la rassurait un peu d’entendre ça, de se dire qu’une fille comme Marceline, qui semblait tout avoir, avait elle aussi eu des peines de coeurs similaires, rencontré des personnes aussi indécises que les quelques exs de Andrea. La blonde y allait même de sa petite remarque rassurante, bien qu’elle connaisse peu Andy enfin de compte, elle avait quand même la gentillesse de prendre son partie. « Franchement, je compatis tellement, t’as pas idée. J’ai les mêmes problèmes. Même… » Andrea reportait son regard sur la blonde, qui semblait hésiter à terminer sa phrase. « Même avec ma copine actuelle, c’est un peu comme ça. Je suis obligée de me calmer de peur de la faire fuir. Parfois je me dis que ce n’est pas très sain de devoir se réprimer quand on est avec quelqu’un, parfois je me dis que non, le souci c’est d’être trop intense trop vite. » Andrea hochait lentement la tête. Elle voyait bien qui était la copine de Marceline, elle avait déjà googlé le sujet, par pure curiosité. Cette fille avait l’air d’être l’exacte opposé de l’image qu’Andy c’était faite de Marceline, elle ne comprenait pas trop pourquoi elles étaient ensemble, bien qu’elle partait du principe que l’amour ne s’expliquait pas et que la blonde devait certainement y trouver son compte. Peut-être que derrière ses aires la copine de Marceline était adorable, aimante... Elle ne voulait pas la juger trop vite. Marceline terminait son vin chaud, changeant déjà de sujet, visiblement préférant être dans l’action que dans la réflexion, en tout cas en cet instant, en plein marché de Noel et avec une fille qu'elle connaissait peu. « Tu sais quoi, tu devrais venir à ma prochaine soirée que j’organise avec toute ma bande de queers, » Andrea jetait son gobelet en carton dans la poubelle la plus proche, reportant son attention sur la grande blonde, hochant rapidement la tête. « ça te changera du boys club et j’ai deux trois potes qui pourraient te plaire, ou au moins te faire oublier ton ex stupide, au moins pour une soirée… » Andrea échappait un petit rire, gênée, n’osant pas dire tout de suite à Marceline que ce n’était pas son genre de coucher sans sentiments. Les coups d’un soir elle ne connaissait pas et ne comprenait pas vraiment le concept. Comment pouvait on partager quelque chose d’aussi intime avec une personne inconnue ? sans la revoir ensuite ? Elle avait essayé une fois mais c'était immédiatement attachée. L'inverse lui semblait impossible. « Je te vendrais comme une nerd brillante et adorable, je suis sûre que c’est un kink chez des gens, » Andy faisait mine de rire avec Marceline, se grattant la tête, plus mal à l'aise qu'elle ne voulait bien l'admettre. Elle avait cette désagréable impression d’être trop bizarre, trop différente. Si Marceline était comme elle sur le plan sentimental, elle n’en restait pas moins quelqu’un que Andrea catégoriserait, naïvement, de ‘normal’. Andy à côté de la blonde était une sorte d’handicapée sociale et certainement handicapé des relations sexuelles aussi. Bref, elle n’avait pas l’impression d’être dans cette norme, trop souvent dépeinte au cinéma et à la télévision. Ces personnes qui pouvaient coucher avec une ou un inconnu(e) pour oublier un ou une ex. « Oui, pourquoi pas. Je serais ravi de rencontrer ta bande d'amis. » lâchait-elle tout de même, ayant trop peur pour passer pour une fille chelou, préférant accepter l'invitation, se figurant qu'elle verrait une fois sur place. Puis comme pour la sauver de ce moment gênant (enfin gênant pour elle), son téléphone sonnait et elle le tirait de sa poche pour voir le nom de son patron s'afficher sur son téléphone. « Désolée, faut que je prenne cet appel c'est mon patron, il m'appel jamais d'habitude. » expliquait-elle en tout sincérité, décrochant rapidement son téléphone pour entendre son patron en panique à l'autre bout du fil. Une histoire de bug dans un code pour un gros contrat, un truc qui risquait de tomber à l'eau et de couter cher à la boite, blablabla. Andrea assurait déjà qu'elle allait régler ça avant la tomber de la nuit avant de raccrocher. « Bon... faut que je règle un truc important. » concluait-elle en glissant son téléphone de nouveau dans sa poche. « T'as mon WhatsApp si besoin, tu pourras m'envoyer les détails pour la soirée avec tes potes du coup. » ajoutait-elle déjà, ne comptant pas refuser l'invitation de Marceline, ayant tout de même envie de rencontrer ses amis queer. Elle la prenait rapidement dans ses bras, machinalement, en guise d'au revoir. « Je file. » Lâchait-elle. « à... à la prochaine du coup. Et désolée de partir comme ça. » elle avait vraiment l'impression de partir comme une voleuse. « Et merci pour le vin chaud. » Ok, enough Andrea. Elle lui faisait un coucou de la main totalement gênant avant d'enfin s'éclipser. Elle avait envie d'enfoncer sa tête dans un trou, telle une autruche, tant elle avait honte d'être aussi maladroite dans ses interactions sociales. Enfin, elle espérait que Marceline ne lui en tiendrait pas compte.