| (Byron #4) Inside every person you know, there's a person you don't know |
| | (#)Mer 4 Jan 2023 - 22:15 | |
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Inside every person you know, there's a person you don't know. -- @Byron Oberkampf Du plus profond de mon être, j’ai toujours détesté Noël. C’est la même histoire à chaque année, on me compare à mon frère et on commente le fait que je ne suis jamais accompagné en riant comme si ma vie amoureuse n’était qu’une blague pour mes oncles et mes tantes. Pour la première fois, j’étais accompagné aujourd’hui et c’est l’imprédictibilité des commentaires de ma famille qui m’angoissait à l’inverse des années précédentes où je savais au moins à quoi m’attendre en termes de commentaires. Sans trop de surprise, c’est la boule au ventre et inquiet que j’ai passé cette journée, mais pas pour les raisons habituelles. Ma famille élargie a été le cadet de mes soucis à partir du moment où Byron et moi sommes arrivés chez mes parents et que j’ai vu comment Tessa le regardait. Je ne suis pas aveugle, l’animosité présente dans le regard de ma sœur jumelle, je l’ai vue tout de suite. De toute façon, je la connais assez pour sentir quand quelque chose ne va pas et à cet instant présent, toutes mes alarmes internes se sont déclenchées. J’ai tenté d’en faire abstraction, de me dire qu’il n’y avait absolument aucune raison pour que Tessa soit en colère contre Byron, mais mes inquiétudes ont empiré quand j’ai surpris entre eux une discussion animée un peu plus tard. Bien conscient que ce n’était pas la place pour avoir cette discussion, je n’ai pas insisté quand elle détournait la tête dès que mon regard inquisiteur croisait le sien à la recherche de réponses. Peut-être que c’était dans ma tête, mais j’ai eu l’impression qu’elle m’évitait toute la soirée ce qui ne m’a en rien aidé à penser à autre chose et à attendre impatiemment qu’il soit temps pour nous de partir pour que je puisse enfin questionner Byron.
Durant tout le trajet en direction de chez Byron, je ne dis presque rien, la tête tournée vers la fenêtre pour regarder le paysage défiler. J’essaie de me concentrer sur la musique, mais je suis incapable de penser à autre chose que la conversation qui nous attend. Aucun son ne sort de ma bouche, mais c’est un réel vacarme dans ma tête tandis que je me fais plein de scénarios depuis le début de la soirée en repensant à toutes les réactions bizarres que Tessa a eues dès que Byron ouvrait la bouche pour répondre à des questions que nos proches lui posaient. Je suis incapable de trouver une raison logique à ses agissements étranges. J’ai besoin de savoir pour comprendre même si la petite voix dans ma tête me crie que je le regretterai. « Tessa était bizarre ce soir, tu ne trouves pas? » dis-je en me dépêchant de prendre mon sac à dos à mes pieds et de sortir de la voiture de Byron dès qu’il coupe le moteur. Inquiet, je pose mon regard sur lui en mettant mes mains moites dans mes poches pour les tenir occupées. Je le suis jusqu’à la porte d’entrée tout en gardant une certaine distance le temps qu’il déverrouille la porte, puis j’entre dans la maison après lui, déposant mon sac par terre au pied du mur. « Tu sais pourquoi? » lui demandé-je même si je me doute que la réponse est oui. Le cœur battant la chamade, je croise mes bras contre mon torse sans le quitter des yeux, cachant difficilement le malaise que je ressens présentement. « Je vous ai entendus tantôt, dans la cuisine… C’est quoi le problème entre vous deux? Qu’est-ce que vous ne me dites pas? » Je sens une bouffée de chaleur me monter au visage tandis que je lui pose cette question dont la réponse me terrorise. Avant même de savoir, je sens que tout pourrait s’écrouler d’un moment à l’autre. Et si tout était trop beau pour être vrai? Je déteste Noël. |
| | | | (#)Jeu 1 Juin 2023 - 23:07 | |
| Atmosphère étrange dans la voiture. Il ne dit rien. Je conduis, absorbé par mes pensées. Je sais que le moment fatidique approche. Je ne peux plus reculer, sinon je vais droit dans le mur. L'attitude de Tessa durant toute la soirée a éveillé les soupçons du Bouclé. Elle est sa sœur jumelle. Il lit en elle comme dans un livre ouvert. Et il sait que quelque chose cloche. Et j'attends qu'il pose la question. Mais le trajet est étrangement silencieux. Aucun de nous ne prend la parole. Je suis tendu lorsque je gare la voiture devant chez moi. Déglutition difficile. Tandis qu'il ouvre la porte, il pose une question, comme si de rien n'était, tout en sortant de la voiture. Je me mords la lèvre inférieure tout en coupant le contact. Je ne dis rien. Je réfléchis à la manière de lui annoncer, diplomatiquement les choses. Je sais que je vais lui faire du mal. Je m'en veux déjà. Finalement, je lâche de manière laconique « Elle a une dent contre moi ! » Elle connaît mon secret. Elle sait la double vie que je mène. Elle n'admets pas que je puisse délibérément fréquenter son frère tout en ayant des aventures tarifées. « Lincoln... Je dois te dire quelque chose ! ». Je déverrouille la porte d'entrée et pénètre chez moi. Je prends une grande respiration. « Ta sœur a une dent contre moi parce qu'elle a découvert quelque chose sur moi... que je te cache depuis longtemps... » Nouvelle respiration. Silence. Je n'ose regarder le bouclé. J'ai honte de moi. Je vais le faire souffrir alors qu'il ne le mérite pas. J'ai voulu le protéger en gardant pour moi mon lourd secret. Mais, avec l'insistance de sa sœur, je ne peux plus faire marche arrière. Elle lui a mis la puce à l'oreille. Il a le droit à la vérité. Je n'ai plus le choix. Et si ce n'est pas moi qui lui dit, elle se fera un malin plaisir de lui dire, sans se priver, à juste titre, de me critiquer et de me descendre en flèche. « Lincoln... » Encore son prénom. Je n'arrive pas à embrayer sur la suite. J'ai mal au cœur. Et je fuis toujours son regard. Intérieurement je sais que je dois me lancer. Je me confronte à Lincoln. Je prends mon courage à deux mains et j'ouvre la bouche : « Lincoln... Il y a un pan de ma vie que tu ignores... Mais sache que les sentiments que j'ai pour toi sont véritables... » Je suis prêt à passer à l'échafaud. Je vois son visage se décomposer. Et je me lance. « Je suis escort ! » Les mots sont sortis. Un poids s'en est allé. Maintenant, j'attends de recevoir toute sa colère, aussi fulgurante qu'un orage estival. « Lincoln... » Je tends une main pour essayer de caresser sa joue. Il a un mouvement de recul. Est-ce réellement étonnant. « Écoute Lincoln... Je ne savais pas comment te le dire... J'ai préféré cloisonner ma vie professionnelle et ma vie privée ! » J'ai honte de moi. J'ai envie de donner un violent coup de poing contre le mur. Au moins, j'aurais la sensation de ne plus avoir mal au cœur. « Lincoln... Je suis désolé... » Dis-je avec des trémolos dans la voix. |
| | | | (#)Mer 12 Juil 2023 - 1:59 | |
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Inside every person you know, there's a person you don't know. -- @Byron Oberkampf « Elle a une dent contre moi ! » Mais encore? J’ai beau réfléchir, je ne vois vraiment pas pourquoi ma sœur pourrait avoir une dent contre lui, rien de tout ça ne fait du sens. Je n’en peux plus de me faire des scénarios, j’ai besoin de savoir, mais je crains que la vérité soit pire que ce que je m’imagine. Je connais assez Tessa pour savoir qu’à la tête qu’elle avait toute la soirée, ce n’est pas qu’une querelle parce qu’ils m’ont acheté le même cadeau de Noël… « Lincoln... Je dois te dire quelque chose ! » Le regard rempli d’inquiétudes, je fixe le dos de Byron sans rien dire tandis qu’il déverrouille la porte de sa maison. Il est tellement proche que je peux sentir son parfum, toutefois, j’ai l’impression que des kilomètres nous séparent déjà et j’ai un mauvais pressentiment pour la suite. « Ta sœur a une dent contre moi parce qu'elle a découvert quelque chose sur moi... que je te cache depuis longtemps... » Un rire nerveux m’échappe malgré moi. « Ah? » Bonjour les théories les plus extravagantes les unes que les autres, je commence à m’imaginer que mon copain est un tueur en série en me disant que le choc sera moins grand puisque ce ne sera forcément pas si grave… « Lincoln... » J’écarquille les yeux en agitant la tête d’impatience, s’il prononce mon prénom une fois de plus sans rien dire de plus, je vais devenir fou. « Quoi, Byron, quoi?! » Je n’en peux plus d’attendre, j’ai la nausée tellement mon stress est à son comble. J’ai juste envie de le secouer comme un prunier, mais mes deux pieds sont cloués au sol.
Mon regard cherche le sien pour l’encourager à parler, sans succès, il me fuit comme la peste. Tandis que j’attends comme un imbécile qu’il me dise enfin ce qu’il y a, je passe mes deux mains dans ma chevelure bouclée en soupirant. « Lincoln... Il y a un pan de ma vie que tu ignores... Mais sache que les sentiments que j'ai pour toi sont véritables... » C’est donc bien une confession qui risque d’envenimer notre relation, je n’aime pas ça… Mes traits se rembrunissent instantanément. « Okay… » C’est le seul mot que j’arrive à prononcer difficilement alors que le suspense est interminable et que je me force à soutenir son regard malgré l’envie de détourner la tête. Les mains tremblantes, je les glisse sous mes aisselles en croisant mes bras contre mon torse pour tenter de les immobiliser. « Je suis escort ! » Ma tête a un mouvement de recul et mes bras retombent le long de mon corps. « Quoi? » Est-ce que j’ai bien compris? Oh que oui j’ai bien compris. Je suis sans mot, je ne comprends pas… Plein de questions se bouscules dans ma tête, plein de doutes. « Depuis quand? » C’est la première question qui me vient à l’esprit, qui sort d’entre mes lèvres sans même que je n’aie le temps de réfléchir. « Lincoln... » Byron tend une main pour me caresser le visage, mais je l’esquive en dégageant ma tête de sa trajectoire. « Non… » Je ris nerveusement en reculant d’un pas, puis deux. « Écoute Lincoln... Je ne savais pas comment te le dire... J'ai préféré cloisonner ma vie professionnelle et ma vie privée ! » Je ris encore plus en me passant une main dans le visage avant de fusiller Byron du regard. « C’est une blague? Et tu fais ça comment, cloisonner ta vie professionnelle et ta vie privée quand tu me mets à risque de choper je-ne-sais-quoi à mon insu? » On s’est toujours protégé, mais un préservatif est si vite brisé. J’aurais dû être au courant, j’aurais dû pouvoir choisir de vouloir prendre ce risque ou non. Je suis en colère. « Lincoln... Je suis désolé... » « Bah il fallait y penser avant hein? » Je fais les cents pas devant lui en pinçant l’arête de mon nez à deux doigts. « T’es en train de me dire que… » Je me stoppe net pour lui faire face en prenant une pause dans ma phrase pour me contrôler, sentant les émotions remonter dans ma gorge que je racle. « Pendant que je pensais à toi, que j’avais hâte que tu… que tu rentres après le boulot… tout ce temps-là toi tu tapais Brisbane au complet? » Ma voix tremble, mes yeux s’embuent. Ça m’a pris plus de dix ans me remettre de la trahison d’Andy, pour faire confiance à un autre homme, et voilà que je me suis encore fait avoir comme un con. Je lui en veux, mais je m’en veux aussi d’y avoir cru. C’était trop beau pour être vrai. « Pourquoi? Pourquoi tu fais ça? Pourquoi tu NOUS fais ça? » Avait-il vraiment besoin de ce travail en plus alors qu’il vit dans la maison de son frère qui ne lui charge presque rien? Que je lui ai déniché une voiture pas trop chère? Je ne comprends rien… « C’est quoi… je ne te satisfais pas? » J’essaie de comprendre, mais je suis incapable de trouver une raison logique pour risquer notre couple s’il tient vraiment à moi comme il prétend… |
| | | | (#)Dim 10 Sep 2023 - 11:55 | |
| La révélation tombe comme un couperet. Je ne peux plus faire demi-tour. Il sait désormais. Il connaît mon secret. Et sa réaction est sans appel. La nervosité laisse place au choc. Il laisse choir ses bras le long de son corps. J'ignore ses futurs réaction. Je me prépare au pire. Un coup de poing bien senti. Je le mériterais. Pour l'heure, je n'arrive pas à me confronter à son regard. Trop mal. Je n'ose plus bouger. J'ai le cœur qui s'emballe. J'ai la sensation d'être emporté dans un tourbillon. Comme l'eau utilisée pour la vaisselle. Le bouchon à peine retiré, la voilà happée et entraînée vers le siphon, par la crépine de l'évier, dans un tourbillon. J'ai la même sensation. Être happé. Ne plus rien maîtrisé. Je tends une main vers lui qu'il décline par un mouvement de recul. Il veut une réponse. Il va souffrir, il souffre déjà. Je ne peux plus reculer. « Je suis escort depuis plus de dix ans mais... » Il s'éloigne. Il me regarde avec aversion. Je répète son prénom. Pour reprendre courage. Et poursuivre ma descente aux enfers. Plus je parle, plus je m'enfonce. Sa colère se déchaîne sur moi. « J'ai toujours veillé à ce que ça n'arrive pas ! » Boîtes de préservatifs toujours sur moi. Tests contre les maladies sexuellement transmissibles et le sida réguliers. Je ne voulais prendre aucun risque avec lui. Une nouvelle fois, je m'excuse tandis que lui, nerveusement, fait les cent pas devant moi. Et crache son venin sur moi. « Je sais... Mais tu aurais dit quoi, si j'avais été franc avec toi dès le départ ? » Il l'aurait tout autant mal pris. D'où ce choix de ne rien révéler. Même si présentement, je m'en mords les doigts. Il s'arrête net. En pleine réflexion. Il me regarde. Il commence une phrase. La colère qui l'habite est perceptible. La veine de son cou virevolte. Il s'arrête. Il tente de se contrôler. Avant de tout lâcher. Mon cœur se brise en l'écoutant. Presque rien ne sort de ma bouche. « Non Lincoln ! » dis-je dépité tandis que je vois la tristesse s'emparer de lui. Il est à deux doigts de pleurer. Intérieurement, j'ai envie de me rapprocher. De le serrer dans mes bras pour le réconforter. Pour lui montrer que je tiens à lui. À quoi bon ? Il va me repousser. « Je n'ai pas couché avec tout Brisbane ! » Je sais que cette phrase n'est qu'un coup d'épée dans l'eau. Il a déjà son opinion sur la question, je ne peux pas lutter contre ça. Même si ma clientèle est triée sur le volet. Il perçoit juste la trahison de mon choix de vie. Et ne le comprend pas. « Parce que la vie n'est pas toujours aussi simplement que l'on ne le croit » Je m'apprête à poursuivre, mais il me devance. Il met sur la table le fait que je sois insatisfait. Je lève les yeux au ciel avant de plonger mon regard dans le sien. « Lincoln, tsss... » Silence. Je déglutis. Je l'observe. J'ai toujours passé de merveilleux moments avec lui. Parce qu'il est différent des autres. « Lincoln, tu es la plus belle chose qui me soit arrivée... » Silence. « … Mais à une époque ma vie n'a pas été facile... J'ai eu besoin d'argent... Et finalement, ayant trouvé un moyen de gagner de l'argent facilement, j'ai continué... » Parce que j'avais des envies à assouvir, parce que j'avais des projets à mener. |
| | | | (#)Lun 11 Sep 2023 - 7:16 | |
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Inside every person you know, there's a person you don't know. -- @Byron Oberkampf La nouvelle me fait l’effet d’une gifle. J’ai du mal à y croire, ou du moins, je ne veux pas y croire. Je croyais vraiment avoir trouvé ma personne, qu’on vivait quelque chose de sincère tous les deux, mais je me rends compte que tout ça n’était que dans ma tête. Notre histoire est construite sur une base mensongère, je vois difficilement comment notre couple pourrait s’en remettre. Pour le moment, j’ai besoin de comprendre, de connaître les raisons, la durée… toutes des informations qui ne font qu’enfoncer le couteau un peu plus profondément dans la plaie, mais je suis convaincu à l’instant que c’est nécessaire pour avancer. « Je suis escort depuis plus de dix ans mais... » Je pose une main sur le mur à côté de moi pour me retenir. « Dix ans? » Répété-je à voix basse. Je suis sous le choc. Je ne suis peut-être pas rationnel, mais encore plus de questions remontent à la surface. « Erin et Adriel savaient? » Ça me parait peu probable, mais je ne crois plus à ce qu’on a vécu. « Erin t’avait payé le soir de mon anniversaire pour que tu couches avec moi? » Ça ne pouvait être qu’elle, Adriel ne sachant pas du tout que j’étais attiré par les hommes à l’époque. Est-ce que je crois réellement à cette théorie farfelue? Pas plus que ça, mais je suis incapable de trouver une raison logique qui l’a poussé à faire ça alors qu’on se fréquentait. Au-delà du pourquoi, il y a surtout les risques auxquels il m’a exposés. « J'ai toujours veillé à ce que ça n'arrive pas ! » Je ricane en me grattant le front du bout des doigts. « Tu sais comme moi, sinon plus, que des préservatifs ça se brise. » Le seul risque zéro est l’abstinence et, visiblement, ce n’est pas son truc. Il aurait dû me le dire pour que je puisse décider ce à quoi j’étais prêt de m’exposer. « Je sais... Mais tu aurais dit quoi, si j'avais été franc avec toi dès le départ ? » « Je ne sais pas Byron! Je ne sais pas… Mais comment tu pensais que j’allais réagir en l’apprenant des mois voire des années plus tard?! Parce que j’ai comme pas l’impression que tu me l’aurais dit de sitôt si ce n’était pas de Tessa… Et comment elle l’a su d’ailleurs?! » Je ne prétendrai pas que je lui aurais laissé sa chance, je ne sais sincèrement pas ce que j’aurais fait, mais cette décision m’appartenait. Si j’avais décidé de mettre un terme à notre histoire à peine débutée, ça aurait au moins eu le bénéfice de faire moins mal qu’aujourd’hui…
Les souvenirs que j’ai avec lui se défilent dans ma tête. L’impatience de le revoir, la joie de savoir qu’il était sur le point de rentrer et qu’on pourrait passer la soirée blottis l’un contre l’autre à se raconter nos journées. Je me trouve naïf en sachant maintenant ce qu’il faisait de son côté pendant tout ce temps, de savoir qu’il mentait en me cachant un pan de sa vie. « Non Lincoln ! Je n'ai pas couché avec tout Brisbane ! » Il joue sur les mots et ça m’agace profondément. « En dix ans, on ne doit pas être très loin du compte hein… » Comment continuer quand à chaque fois que je le présenterai à quelqu’un que je connais, je risque de me demander s’ils n’ont pas déjà été intimes ensemble? Je ne peux plus lui faire confiance, je ne peux faire confiance à personne qu’à moi-même. Je connais maintenant son secret, mais encore là, j’ai l’impression d’en savoir si peu. Je ne sais pas si je peux croire tout ce qu’il me dit ou s’il me cache encore tout un tas d’information, s’il ne tourne pas l’histoire à son avantage, autant cela puisse être possible… « Parce que la vie n'est pas toujours aussi simplement que l'on ne le croit. » Et je suis bien placé pour le savoir. Je ne suis pas blanc comme neige, jamais je n’aurais dû me rapprocher de Sixtine à l’époque en me doutant très fort que les femmes ne m’attiraient pas du tout, mais au moins je me console en me disant que j’ai mis rapidement un terme à notre relation pour ne pas la blesser plus tard. « Lincoln, tsss... Lincoln, tu es la plus belle chose qui me soit arrivée... Mais à une époque ma vie n'a pas été facile... J'ai eu besoin d'argent... Et finalement, ayant trouvé un moyen de gagner de l'argent facilement, j'ai continué... » « Pendant dix ans… » Je répète parce que cette information est importante dans l’histoire, parce que je connais un peu les dépenses qu’il a. Dix ans, ce n’est pas rien. Il a pu s’en mettre de côté de l’argent pendant toutes ces années… « D’accord, tu as eu besoin d’argent Byron… mais maintenant? » S’il me raconte encore des conneries, je ne sais pas ce que je vais faire. « Tu habites la maison de ton frère, sans loyer à payer. Tu m’as demandé de te trouver une voiture pas chère quand t’as perdu la tienne… » Comme s’il n’avait pas les moyens de s’en payer une avec dix ans de branlettes et je-ne-sais-quoi… « Ça te fait plaisir de profiter des gens en fait? » C’était quoi d’autre, sinon? Je sais que je vais regretter de lui dire tout ça, mais je suis incapable de me contrôler. Les mots doivent sortir pour atténuer un peu la douleur. « Qu’est-ce que tu fous avec ton argent sérieusement pour devoir continuer pendant dix putain d’années?! » Je me retiens de hurler, la voix tremblante, les yeux exorbités. « T’aurais pu arrêter… » Parce que clairement, c’est pas son cours en cuisine qui l’oblige à se prostituer pendant dix ans pour le rembourser. « Mais tu l’as pas fait… » Le visage brisé, je détourne la tête pour m’essuyer les yeux. « Alors n’essaie pas de me faire croire que… que je suis plus important pour toi que je le suis réellement… » Un silence de mort plane entre nous, seulement brisé par mes reniflements et mes raclements de gorge alors que j’essaie tant bien que mal de me retenir de m’écrouler devant lui. C’est un échec, autant que notre relation, je n’ai plus la force de me battre contre lui, contre eux… « Tu fais chier sérieux… » dis-je la voix brisée, mes épaules tressautant au rythme de mes pleurs. |
| | | | (#)Mar 12 Sep 2023 - 22:47 | |
| Dix ans. Oui. Dix ans que je me prostitue. Il reçoit cette information, comme un coup de massue. Et les questions s'enchaînent. Les unes après les autres. Une première concerne Erin et Adriel. Savait-il ? « Non ! » répondis-je, sans tergiverser. Notre amitié était trop récente, pour l'un comme pour l'autre, pour que je me confie sur ce sujet délicat. Même si Adriel connaissait mon passé douloureux et les maltraitances subies. D'ailleurs, je lui servais de modèle de temps en temps. Pour prendre confiance en moi. Et Erin, compte tenu de sa discrétion légendaire, c'est une secret que je ne souhaitais pas partager au risque qu'il soit éventé. Seule les personnes de confiance savent. Sa deuxième question me désarçonne. À mon tour de rire nerveusement. À l'idée que Lincoln songe que son amie blonde ait pu me payer pour que je couche avec lui. « Sérieusement ? » Je continue à rire. Notre rencontre n'a rien de planifier. Il s'agissait de retrouvailles, fortuites. Possibles grâce à l'insistance quelque peu forcée d'Erin. « Il s'est passé ce qu'il s'est passé car on l'a tout les deux voulu... Il y avait une attirance réciproque... » Sans contrainte. Il ne doit pas en douter.
Il poursuit sur la question des risques encourus. Sa colère est légitime. Pourtant, j'ai toujours été précautionneux. Le risque zéro n'existe pas. Je sais. Néanmoins, j'ai toujours veillé à maîtriser les choses. « Tu ne m'apprends rien ! Si j'avais eu un doute à un moment donné, je ne t'aurais pas impliqué... » Je suis lucide. J'ai déjà eu ce genre de désagrément. Je me suis mis en retrait, le temps de faire les tests nécessaires. Moments compliqués, où on craint le pire, où l'on imagine sa vie basculer, où l'on se voit aux portes du cimetière. Je réalise que mes propos sont alambiqués. « Je ne t'aurais pas impliqué... Dans le sens où j'aurais évité d'avoir de rapports avec toi, le temps de clarifier les choses ! » Je ne suis pas inconscient. Même si mes choix se retournent désormais contre moi, m'obligeant à lui faire ses révélations. À cause de sa sœur. « Elle a découvert ma double vie. Elle m'a lancé une ultimatum. Et voilà ! » Dos au mur, je n'ai pas eu le choix. Même si j'ai joué avec le feu en l'accompagnant ce soir.
Il ne digère pas la nouvelle. Je perçois toute la déception qu'il peut ressentir. Quitte à extrapoler mes propos. Même si je les nie. « Non toujours pas ! » J'ai dérapé plus jeune, enchaînant les aventures tarifée, mais je me suis assagi, orientant mes choix vers la clientèle de haut vol. La limitant, en trouvant les parfaits pigeons, friqués jusqu'à l'os, pouvant subvenir à mes besoins. D'ailleurs, ses derniers temps, mes clients se comptent, peu ou prou, sur les doigts d'une main. Une clientèle fidèle. Elle m'a permis de garder la tête hors de l'eau. Car j'ai eu des déboires. Même si, à ses yeux, je n'ai pas à me plaindre. C'est tellement facile de penser que, profitant de la maison de Jacob, ma vie s'écoule comme un long fleuve tranquille. « Ça c'est la façade Lincoln... Je ne remercierais jamais assez mon frère... Mais ça ne fait pas tout ! » Difficile de le convaincre, de lui faire entendre raison. Il a une idée bien tranchée. Je ne vais pas pouvoir le faire ciller. Il en devient même blessant. « Tu crois que j'ai profité de toi ? » Je déglutis. Tandis que je suis resté calme, face à la fureur grandissante de Lincoln, je commence à perdre patience. « Tu es sûrement l'un rare rayon de soleil dans ma vie... M'enfin, crois ce que tu veux ! » Silence. Je ferme les yeux. Je sens les larmes monter. Je me retiens. Je respire doucement. Pour tenter de me calmer. Avant de vider mon sac. Au point où j'en suis, autant tout déballer. « Et si tu veux tout savoir... Mes cours et mes prestations de chef à domicile ne me permettent pas d'avoir un salaire décent. Alors oui, j'ai un toit... Mais il faut quand même payer les factures... Alors oui, j'ai continué... Avec quelques rares clients... Mais j'ai réduit la voilure, d'autant que j'ai commencé à te fréquenter... » Silence. De nous deux. L'atmosphère devient pesante. Et il lâche une injure. Avant de s'effondrer. En pleurs. « Lincoln... non... » Je sens les larmes monter... « Putain ! » J'ai mal au cœur. De le voir souffrir. Il ne mérite pas ça. J'ai tellement envie de le serrer dans mes bras, pour le consoler. Le réconforter. Et lui montrer qu'il compte réellement à mes yeux. Mais je ne crois pas qu'il soit en état d'accepter ce contact physique après ce que je lui ai fait subir. |
| | | | (#)Ven 15 Sep 2023 - 5:26 | |
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Inside every person you know, there's a person you don't know. -- @Byron Oberkampf « Non ! Sérieusement ? » Sérieusement. J’ai envie de croire qu’il me dit la vérité, mais maintenant que je sais qu’il mène une double-vie depuis le début, je ne peux être certain de rien le concernant à part que je ne peux plus lui faire confiance. Je croyais être privilégié, avoir eu droit à certains pans de sa vie plus secrets parce que j’étais important pour lui, mais je comprends aujourd’hui que j’étais complètement à côté de la plaque. Si ça se trouve, j’en sais probablement moins sur lui que ses clients… « C’est pas ce que tu fais, être payé pour coucher avec les gens? » Pourquoi est-ce que ma théorie serait si absurde? Si on m’avait posé la question hier, j’aurais clamé haut et fort que ce n’était pas son genre de faire une telle chose, aujourd’hui, je ne sais pas en fait. Je pensais le connaître, Byron, mais je réalise que je sors avec un total inconnu depuis huit mois. Comment est-ce que les choses peuvent changer aussi drastiquement en moins de vingt-quatre heures? Ce matin encore, je n’avais envie de rien d’autre que de le regarder dormir en étant blotti dans ses bras. Ce soir, le choc de la nouvelle me donne envie de vomir et je n’ai aucune idée de la façon dont je devrais me comporter en sa présence. Je pourrais le toucher, mais j’ai l’impression que des kilomètres nous séparent. Je m’ennuie de nous autant que je n’ai plus envie de le voir parce que j’ai besoin de digérer tout ce que je suis en train d’apprendre. « Il s'est passé ce qu'il s'est passé car on l'a tous les deux voulu... Il y avait une attirance réciproque... » Et beaucoup d’alcool. Pourquoi est-ce que Tessa avait dû partir le soir de notre anniversaire? Peut-être que rien de tout ça ne se serait produit si elle était restée avec moi… « C’est mieux de pas être un autre de tes mensonges… » Je l’implore du regard, même si ça n’a aucune importance parce que je sais au fond de moi que je repartirai d’ici le cœur brisé.
« Tu ne m'apprends rien ! Si j'avais eu un doute à un moment donné, je ne t'aurais pas impliqué... » Sa réponse m’agace parce que j’ai le sentiment qu’il essaie de se déculpabiliser comme s’il n’avait rien fait de mal. Je ne sais pas pourquoi je suis surpris quand il aurait pu arrêter de se prostituer quand on a commencé à se voir et qu’il ne l’a pas fait, mais bon… « Je ne t'aurais pas impliqué... Dans le sens où j'aurais évité d'avoir de rapports avec toi, le temps de clarifier les choses ! » « Comme on clarifie les choses en ce moment? » J’aurais aimé avoir ce choix, moi aussi, ne pas coucher avec lui le temps de clarifier la situation, de réfléchir à ce que je désirais… trop peu trop tard, maintenant. J’en veux terriblement à ma sœur de ne m’avoir rien dit avant aujourd’hui, mais dans un sens, je la remercie d’avoir mis la lumière sur cette situation gênante. Peut-être que quand la poussière aura retombé, je serai enfin en mesure de la remercier… « Elle a découvert ma double vie. Elle m'a lancé un ultimatum. Et voilà ! » Les sourcils froncés, je lève les mains de part et d’autre de mes épaules. « Mais comment? Comment elle a pu l’apprendre avant moi?! » Ce n’est pas comme si Tessa engageait des prostitués. En tout cas, j’espère ne pas me tromper à ce sujet… « Sincèrement, tu me l’aurais dit si elle n’avait pas découvert le pot-aux-roses? » Est-ce que je vais croire sa réponse? Je ne sais pas, mais je ressens le besoin de lui poser la question…
« Non toujours pas ! » Je le fixe sans rien dire, trop en colère pour ajouter la moindre parole à ce moment tandis que j’attends qu’il se justifie, qu’il m’explique pour que je comprenne le fond de ses pensées. « Ça c'est la façade Lincoln... Je ne remercierais jamais assez mon frère... Mais ça ne fait pas tout ! » Ça aide beaucoup en tout cas, assez pour qu’il n’ait pas besoin de vendre son corps pour arriver à la fin du mois. Rien n’est cohérent, rien ne fait du sens. « Tu crois que j'ai profité de toi ? » Je passe mes deux mains dans mon visage en grognant, laissant ensuite retomber lourdement mes bras le long de mon corps. « Je ne sais pas Byron, j’en sais rien! Je ne sais plus quoi penser, quoi croire… » J’ai l’impression de devenir fou, je ne sais plus où donner de la tête. « Tu es sûrement l'un rare rayon de soleil dans ma vie... M'enfin, crois ce que tu veux ! » Alors pourquoi avoir tout gâché?! Je pourrais lui reposer la question cent fois, sa réponse ne me satisfera probablement jamais. À cause de son secret, notre relation a implosé. Une partie de moi a envie qu’il me prenne dans ses bras et qu’il me dise que tout ira bien, tandis que l’autre n’a pas du tout envie qu’il me touche. Je l’aime autant que je le déteste. « Et si tu veux tout savoir... Mes cours et mes prestations de chef à domicile ne me permettent pas d'avoir un salaire décent. Alors oui, j'ai un toit... Mais il faut quand même payer les factures... Alors oui, j'ai continué... Avec quelques rares clients... Mais j'ai réduit la voilure, d'autant que j'ai commencé à te fréquenter... » Il a moins de temps depuis qu’on se fréquente, j’imagine. J’aurais aimé que l’amour qu’il me porte suffise à le faire arrêter. « Je sais ce que c’est que d’avoir des problèmes financiers Byron. J’ai vécu dans la rue… » Et ça, peu de gens le savent en fait, parce que j’ai honte de m’être rendu là. J’ai volé aussi, plusieurs fois, et je n’en suis pas fier non plus, mais j’étais littéralement en mode survie. J’avais besoin d’argent pour me mettre quelque chose sous la dent. J’aurais pu demander de l’aide à mes parents, certes, mais je voulais réussir à me débrouiller par moi-même. Suis-je bien placé pour lui en vouloir alors que je ne suis pas blanc comme neige? Je doute, soudainement… Et si c’était ma faute? Je ne sais plus quoi penser. « Mais je ne comprends quand même pas pourquoi tu peux avoir besoin d’autant d’argent. » Quelles factures a-t-il à payer tant que ça pour que son métier de cuisinier ne soit pas suffisant? Même si j’habite chez ma sœur, je lui paie un petit loyer parce que je refuse qu’elle me fasse vivre, tout ça en plus d’être aux études depuis plus d’un an maintenant. Je ne peux donc pas travailler pendant des heures de fou et, pourtant, j’y arrive quand même. Sans littéralement vendre mon corps dans le dos de mon amoureux. Je ne comprendrai jamais comment il a pu faire ça… Je ne suis pas du genre à juger le travail des gens, mais c’est un travail qui n’est pas compatible avec une relation amoureuse selon moi. Du moins, pas dans le dos de son partenaire. « Et tu sais quoi? » Le regard plongé dans le sien, je m’approche de lui d’un pas lent. « J’aurais préféré refaire les poubelles pour me trouver à manger que de coucher avec quelqu’un d’autre dans ton dos pour de l’argent. » Je déglutis difficilement et je lève la main pour écraser mon index sur son torse avec frustration, mais mon geste se fait beaucoup plus délicat que je l’aurais voulu. « Parce que je t’… » Je m’arrête d’un coup sec sans terminer ma phrase, prononcer ce dernier mot me fait trop mal. J’étouffe dans cette résidence où je me sentais autrefois chez moi. « Lincoln... non... Putain! » Lentement, je me recule, les larmes coulant le long de mes joues. « Je suis désolé, j’ai besoin d’air… » dis-je en caressant la base de mon cou comme si je manquais d’air. Sans même le regarder, je me retourne et je m’éloigne en direction de la porte d’entrée en ignorant Diablo qui me suit en trottinant. |
| | | | (#)Lun 18 Sep 2023 - 21:18 | |
| La discussion s'envenime. Au point d'en arriver à la cause de cette confrontation. Sa sœur a découvert mon secret. Il insiste. Il veut savoir dans quelle circonstance. J'ai tenté de noyer le poisson. Sans succès. Je reprends ma respiration. Je déglutis. Je me lance. « Elle m'a vu alors que j'étais en galante compagnie au bar d'un hôtel. Elle est venue me voir. Me confronter. Nous avons discuté. Elle m'a donné un ultimatum pour te révéler mon secret... Et je n'y suis pas arrivé... Et je t'ai accompagné ce soir... Et elle n'a pas apprécié ». D'où le fait qu'il nous ait vu en grande discussion. Et pas des plus agréable. Et nous en sommes là. D'ailleurs, Lincoln pose la juste question. Est-ce que j'aurais vidé mon sac si sa sœur n'était pas tombé sur moi, à l'hôtel. « Je ne sais pas Lincoln ! » Autant être honnête. En admettant que je lui dise 'oui', il ne m'aurait certainement pas cru. Et puis, je gérais bien les choses jusqu'à maintenant, jusqu'à ce que Tessa me mette au pied du mur. Donc en soi, je n'aurais pas eu assez de courage pour lui avouer ma double vie.
D'ailleurs, il prend des raccourcis qui me déplaisent. Il ne comprend pas. Il ne comprends pas que je n'ai pas coucher avec tous les habitants de Brisbane. Il est en pleine réflexion. Son langage corporel ne trompe pas. Même si je lui avoue qu'il est la plus belle chose qui me soit arrivé ces derniers mois. En jouant franc jeu avec lui. Je ne fréquente plus autant de personnes qu'avant. Parce qu'il est là. Parce que je veux lui accorder plus de temps. En privilégiant la qualité à la quantité. Tout ça, pour que tout tombe à l'eau. Et en plus, il me renvoie dans les cordes. En me rappelant qu'il n'a pas eu une vie facile, s'étant retrouvé à la rue. Et en se demandant toujours pour quelle raison j'avais besoin de tant d'argent pour vivre. La vie de tous les jours. La nourriture. L'électricité. L'entretien de la maison. L'essence. Les soins vétérinaires de Diablo. Tant de sommes qui, mises bout à bout, peuvent faire mal au compte en banque.
Je n'ai pas le temps de formuler une quelconque réponse qu'il poursuit. Et m'enfonce. Littéralement. Je baisse les yeux. Comme un enfant pris sur le fait. « Lincoln... Je suis désolé... J'aurais d... ». Il me coupe, mais ne parvient pas à terminer sa phrase. Il semble anéanti. À cause de moi. Je m'approche de lui. Désireux de vouloir le réconforter. Sans en avoir la légitimité. D'ailleurs, il recule. Il s'évade. Suivi par le chien... « Lincoln.... ». Les larmes me montent aux yeux réalisant que l'homme que j'aime part. Que je l'ai probablement perdu à jamais. Parce que j'étais égoïste. J'avance vers lui. « Lincoln... Reste ! » Dis-je, en saisissant l'une de ses mains et en tentant de l'arrêter. « Tu ne peux pas partir comme ça... » Soufflé-je avec des trémolos dans la voix. « J'ai merdé ! Je sais ! Mais je t'aime ! ». Il ne peut pas partir comme ça, après ce que l'on a vécu... Car, même si j'ai dérapé, nous avons vécu de belles choses. |
| | | | (#)Mar 7 Nov 2023 - 17:06 | |
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Inside every person you know, there's a person you don't know. -- @Byron Oberkampf « Elle m'a vu alors que j'étais en galante compagnie au bar d'un hôtel. Elle est venue me voir. Me confronter. Nous avons discuté. Elle m'a donné un ultimatum pour te révéler mon secret... Et je n'y suis pas arrivé... Et je t'ai accompagné ce soir... Et elle n'a pas apprécié » Je retiens un haut-le-cœur de justesse lorsqu’il prononce le mot « galante ». Comment pouvait-il rencontrer ses clients en public, en plus? Dans un hôtel de la ville? Il devait bien se douter qu’il jouait avec le feu, qu’il pouvait se faire surprendre par quelqu’un que je connais à tout moment. J’en viens à la conclusion que notre relation ne devait pas compter autant qu’il le prétend. Et si l’un de mes oncles ou l’une de mes tantes l’avait vu avant juste avant que je leur présente à Noël? L’humiliation aurait été encore plus grande. « Peut-être que t’aurais dû réfléchir avant de faire ça en public. » Il ne se serait pas fait prendre et il aurait pu continuer son manège en me faisant croire que j’étais l’homme de sa vie. Quelle bonne blague. Aurait-il continué si Tessa ne l’avait pas surpris, d’ailleurs? La question me brûle les lèvres et je finis par lui poser même si je sais que sa réponse risque de me blesser encore plus. « Je ne sais pas Lincoln ! » Les lèvres pincées, je hoche lentement la tête sans le quitter des yeux, le regard embué. Au moins je ne peux pas lui reprocher de ne pas être honnête sur ce coup-là. « Tu peux dire non, tu sais? » Parce que c’est visiblement ça la réponse s’il ne peut pas affirmer avec conviction qu’il aurait fini par me le dire. « J’imagine que c’est mieux d’arracher le pansement maintenant avant qu’on ait trop de responsabilités communes… » Une maison, un appartement ou même des enfants, qui sait? Au moins maintenant, rien ne m’oblige de garder contact avec lui si ça me fait trop souffrir.
Et présentement, le voir devant moi et sentir son odeur me fait mal. J’ai besoin de partir pour digérer l’information, pour reprendre mes esprits. « Lincoln... Je suis désolé... J'aurais d... » Sa voix résonne dans mes oreilles, mais je n’ai rien compris de ce qu’il a dit, trop occupé à lui dire tout ce qu’il me passe par la tête pour ne pas tout garder en-dedans de moi. « Lincoln.... Lincoln... Reste ! » Il m’empêche de partir en attrapant l’une de mes mains et je n’ai donc pas vraiment le choix que de m’arrêter en me retournant pour lui faire face. « Tu ne peux pas partir comme ça... » Le tremblement dans sa voix me rend encore plus émotif que je ne l’étais déjà. « Byron, s’il te plait… » D’une voix presque inaudible, je l’implore du regard de lâcher ma main et de me laisser partir. C’est trop pour moi et je ne me sens plus capable de l’affronter pour aujourd’hui. J’ai trop mal. « J'ai merdé ! Je sais ! Mais je t'aime ! » Je ne peux m’empêcher de sourire tristement en entendant ces trois mots que j’ai si longtemps attendus au début de notre relation. J’aimerais pouvoir lui dire que ce n’est pas grave, que nous sommes assez fort pour surmonter cette épreuve ensemble pour en ressortir plus fort, mais je ne vois pas comment je pourrai lui refaire confiance après ce qu’il a fait, malgré tout l’amour que je lui porte. « Laisse-moi, s’il te plait… » dis-je en posant doucement une main sur son torse, le regard plongé dans le sien. « J’ai besoin de… partir. » Je retiens un sanglot de justesse en détournant le regard un court instant. « J’ai… j’ai besoin de… réfléchir. Ok? » On s’en reparlera, certainement, mais pas aujourd’hui et peut-être pas demain non plus. Selon mon rythme, même si je sais au fond de moi que la rupture est inévitable. |
| | | | | | | | (Byron #4) Inside every person you know, there's a person you don't know |
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