≈ ≈ ≈ {this is the rhythm of the night} crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Oliver Dawson
Il est 23 heures passées et par bien des aspects, ta journée ne fait que commencer. Oui, 2023 a beau être là, certaines habitudes ne changent pas et tu vis toujours à l’envers, toujours de nuit et la seule chose que tu inaugures ce soir, c’est une nouvelle paire de Jimmy Choo rose et une perruque blond platine qui te donne meilleure mine. Et non, tu n’as pas pris la résolution d’être moins dépensière, déjà, tu ne crois pas qu’un changement d’année va t’apporter toutes les réponses, et ensuite, à minuit, tu étais ici. En plein milieu du club, à ta place, sans faire face au monde extérieur, aux avis des autres et décidément plus qu’à l’aise. Tu envoies un sourire à ta paire de clients du moment, contente d’avoir réalisé deux Tom Collins sans te tromper d’ingrédients, tu commences vraiment à devenir une très bonne barmaid, et tu vois Duran te faire un petit signe de la main pour capter ton attention. Non, il n’y a aucun problème, ton chef de la sécurité sait gérer les problèmes mieux que personne, il est payé pour et si tu le suis vers l’arrière du club, ce n’est pas pour quelque chose de négatif. Après tout, la soirée ne fait que commencer, le club est plutôt calme, ce n’est que jeudi soir après tout, c’est le moment idéal pour les nouvelles recrues. "Alors on me dit que tu as tapé dans l’œil du Duran ?" Que tu lances au jeune homme à qui tu fais face, plus grand que toi, il n’a pas la même carrure que Duran mais il passe clairement une partie de son temps à la gym, clairement. Et tu supposes qu’il pourrait mettre quelqu’un à la porte. Okay, voyons ce qu’il a dans le ventre. "Il a déjà dû le préciser mais la personne qu’il faut impressionner, c’est moi, Lara, pas lui." Tu lui fais un clin d’œil, tu ne fais pas de présentations officielles, tu ne lui demandes même pas son prénom, s’il ne tient pas huit heures ici, à quoi bon le lui demander ? Il sera juste le type qui a échoué et tu n’as pas le temps pour des informations inutiles, merci bien. "Essaye de suivre." Ce n’est pas une suggestion, mais bien un ordre et tu vois Duran lui donner une petite tape sur l’épaule, au nouveau venu, tu ne ralentis pas pour autant. Tu es rapide juchée sur tes 14 centimètres de talons et encore plus dans le club. "On va commencer par l’arrière..." Tu le guides au bout du couloir, ouvrant la porte clairement marquée, cette dernière donne sur une petite allée, calme et vide, avec uniquement trois poubelles et des lampadaires. "C’est l’entrée réservée aux employés et uniquement aux employés, si un client traine dans les parages, on lui fait passer l'envie de revenir." Tu refermes la porte, lui montrant les deux autres pièces adjacentes à l’entrée. "Les vestiaires pour les danseuses et serveuses sont à gauche, à droite c’est pour vous." Oui, le club fonctionne en noir et blanc pour les vestiaires, il faut bien comprendre que les serveuses et danseuses doivent se changer, maquiller et toute autre petit déboire qui va avec le fait de se servir de sa plastique pour gagner ses sous, donc ça nécessite plus de place et un peu plus d’intimité. Tu hoches la tête et tu continues le tour, faisant le chemin jusqu’à la salle principale, pointant telle ou telle pièce au passage. "La réserve, le bureau des patronnes, les toilettes pour les employés, plus propres que celles des clients la plupart du temps..." Il te suit, tant mieux, tu détestes te répéter, et vous vous engouffrez dans un autre couloir, où les salles pour les danses privées sont et enfin, vous terminez là où tu étais il y a quelques minutes, dans la salle principale, près du bar. "Et c’est ici que se passe l’animation." Tu ne peux t’empêcher d’avoir un sourire fier sur le visage, en voyant la danseuse qui est sur scène, à quelques mètres du sol, qui captive le public principalement masculin et composé d’une dizaine de personnes pour le moment, le DJ occupé, les serveuses aussi... Comment pourrais-tu avoir honte de ce que tu as accompli ? Tu te tournes vers lui, haussant les sourcils pour qu’il t’écoute. "Ton boulot est simple : on veut des types bruyants mais pas trop, du genre à payer une tournée à tout le monde et une danse privée pour lui et ses potes... mais pas des creeps qui se croient tout permis et prennent mes danseuses pour des escortes." C’est une balance et oui, le client parfait existe, plus il en verra, plus il comprendra. "Tant que tu gardes tes propres mains pour toi, que tu restes sobre et que tu ne poses pas de questions stupides, ça devrait bien se passer."
2023. Une nouvelle année. Une nouvelle vie pour lui. La carrière de flic prenait fin sous le regard stupéfait et déçu de pas mal de monde. C’est con mais on le considérait comme un problème il y a quelques mois de cela, et maintenant qu’il démissionnait, on le voyait comme un bon élément. Démissionner c’est comme pour les morts, on ne garde que les bons souvenirs. L’être humain est con. Dans tous les cas, lui, il est soulagé et curieux de découvrir son nouveau boulot et surtout le potentiel endroit où il bossera … car on lui a bien fait comprendre : rien n’est gagné, tout est à prouver. Duran l’a prévenu, la Lara ne mâche pas ses mots et ne se laisse pas facilement impressionner. Il va falloir faire ses preuves. Pour elle, il est un rien du tout et il ne lui donnerait même pas tort. Ce soir, tout se joue.
Duran lui a dit que jeudi soir est un bon plan pour faire ses débuts. Pas trop de mouvements. Le jour parfait pour ne pas être trop dépassé tout en ayant un aperçu de ce qui t’attendra. Et, c’est comme ça qu’il se retrouve aux côtés de Duran et attend celle qui va pouvoir lui présenter les lieux, lui ouvrir les portes de cet endroit, son royaume. « Alors on me dit que tu as tapé dans l’œil du Duran ? » Il tourne la tête légèrement vers Duran, un sourire aux lèvres, avant de reposer son attention sur celle qui accroche le regard et pas que par ses talons et sa perruque. Non, elle est le genre de personne qui n’a pas besoin de se percher sur des talons hauts pour attirer l’œil. Elle a le genre de charisme qui envahit une pièce … au point sans doute de vous mettre mal à l’aise. Ouais, rapidement, il est persuadé qu’elle mène tout cet endroit d’une main de maître. « Il a déjà dû le préciser mais la personne qu’il faut impressionner, c’est moi, Lara, pas lui. » Oli acquiesce d’un signe de tête. « C’est ce qui m’a été dit, ouais. », confirme-t-il avec le même sourire poli alors qu’elle ne semble pas vouloir perdre de temps dans des présentations futiles. Intérieurement, il approuve le concept. « Essaye de suivre. » est suivie par une tape sur l’épaule de la part du géant vers qui Oliver se tourne une demi-seconde avant de suivre celle qui s’élance dans les abysses du club. « On va commencer par l’arrière ... » Il la suit, tend le cou pour apercevoir l’allée située à l’arrière du club. Basique. « C’est l’entrée réservée aux employés et uniquement aux employés, si un client traine dans les parages, on lui fait passer l'envie de revenir. » Il acquiesce. Il a compris le message. « Les vestiaires pour les danseuses et serveuses sont à gauche, à droite c’est pour vous. » Son regard passe de la porte de droite à la porte de gauche. Il continue de lui emboîter le pas, peut-être lentement impressionné par l’aisance avec laquelle elle parvient à se mouvoir… et la vitesse à laquelle elle le fait. « La réserve, le bureau des patronnes, les toilettes pour les employés, plus propres que celles des clients la plupart du temps... » Cette remarque le fait sourire. Son regard balaie les lieux, non pas par curiosité mais surtout pour se faire un plan dans son esprit. Imprimer où se trouve qui et quoi. Où doit se trouver qui. C’est ce qui compte. L’ordre et l’organisation sont ici des mots d’ordre ; Duran lui avait déjà fait comprendre. « Et c’est ici que se passe l’animation » finit-elle par dire alors que son regard se pose sur une danseuse qui ondule sur scène. Il regarde le tout de manière mécanique. La scène. La danseuse. Les quelques clients présents. Leurs gestes. Leurs postures. Quand elle reprend parole, il tourne la tête vers elle. « Ton boulot est simple : on veut des types bruyants mais pas trop, du genre à payer une tournée à tout le monde et une danse privée pour lui et ses potes... mais pas des creeps qui se croient tout permis et prennent mes danseuses pour des escortes. Tant que tu gardes tes propres mains pour toi, que tu restes sobre et que tu ne poses pas de questions stupides, ça devrait bien se passer. » Il acquiesce et accompagne son mouvement d’un « ça me semble être fair et réalisable» convaincu.
« Je commence quand ? », lui demande-t-il alors avec un sourire qui se veut peut-être enthousiaste ou poli. Au choix. Commencer. Pas signer de contrat. Car, il a pigé le message. Il doit d’abord faire ses preuves. Le plus tôt sera le mieux.
≈ ≈ ≈ {this is the rhythm of the night} crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Oliver Dawson
Il n'a pas l'air trop perdu et tu supposes que c'est un bon point pour lui. Tu en connais qui auraient déjà fui, ou même qui t'auraient dit que tu étais beaucoup trop exigeante et que les essais étaient censés être un peu plus doux que cela. Définitivement pas dans ton monde et pas dans ce club-ci, il a de la chance, il n'y a pas encore trop d'animation, tu ne sais pas ce qui se passera dans quelques heures et c'est un des aspects que tu adores. Pendant une heure, il peut y avoir cinq clients qui se pressent au bar et qui demandent les cocktails les moins chers et qui se rincent l'œil sans jamais considérer une danse privée, et il suffit d'un rien, juste comme ça, un événement aussi trivial qu'un match de rugby qui se termine, une soirée étudiante qui a fini quelque part ou que quelques-uns finissent leur journée de boulot et le club se remplit. Et soudainement, l'atmosphère peut devenir plus qu'électrique, complètement chaotique, et même un peu bancale par certains aspects. Vraiment, tu ne peux pas le décrire ou l'expliquer, il faut l'expérimenter par soi-même pour s'en rendre compte et tu supposes que lui aussi, il passera par là. Il hoche la tête à ce que tu viens de lui dire à propos de la clientèle, et tu as presque envie de lui dire que tu t'en contrefiches de son avis, histoire d'en rajouter une couche, mais pas besoin de jouer les patronnes exigeantes tout de suite. Cela aussi, il l'apprendra. Tu as un léger rire quand il te demande quand il commence, tu espères sincèrement que ce n'est pas sa façon à lui de déjà te demander une pause, parce que dans le fond, son essai a débuté à la minute où tu as posé ton regard sur lui. Et oui, tu es toujours aussi directe maintenant que tu y penses bien. "Oh, t'as déjà commencé mon grand." Tu dis cela en accompagnant ta phrase par une petite tape sur son épaule, juste histoire de véritablement le secouer. "Pour ce soir au moins, considère que les huit prochaines heures sont ton audition et on va voir si tu survis jusqu'au petit matin ou pas." Oui, il va être là toute la nuit, et tu espères qu'il est prêt pour le contrecoup, là encore, tu l'expérimentes depuis suffisamment longtemps pour ne plus vraiment être affectée. Tu es une créature de nuit maintenant, à part entière, tu considères que la vie commence à partir du moment où on ne voit plus le soleil dans le ciel de Brisbane, quand la lumière naturelle est remplacée par la couleur des néons, des lampadaires et tout autre artifice. Cela convient à tes clients et cela te convient aussi. "Je suis généreuse par contre, même si, c'est un essai, tu seras payé à la fin, on verra après pour les détails et ton contrat... Mais ça sera après." Au petit matin, quand le club sera véritablement vide, que la plupart des danseuses auront rejoint les douches ou alors qu'elles seront en train de compter leurs gains des heures passées, toi, tu appartiens à la dernière catégorie, qu'on ne s'y trompe pas. Tu aimes bien compter tes gains de la nuit une fois que la plupart ont déserté, en général, tu mets la moitié des pourboires que tu as eues pendant les danses privées dans la caisse du club et l'autre moitié dans ton sac. Cela te semble juste, vu que tu as investi des heures de ton temps et de ton énergie dans le club et que tu considères l'affaire comme ton bébé. "Tu reportes auprès de Duran, c'est ton supérieur, mais s'il y a une urgence ou quoi que ce soit du genre, c'est moi ou Itziar qui est..." Tu es sur le point de lui montrer l'autre patronne, qui est derrière le bar, quand tu repères une situation de crise potentielle. Une des serveuses vient de faire tomber un verre sur le sol, ça tu t'en fiches vraiment, c'est plus la main du client qui vient de se refermer sur le bras de cette dernière qui te dérange, encore plus quand il tente d'attirer la jeune femme sur ses genoux. Quelqu'un qui a clairement trop bu et qui mérite qu'on lui rappelle les règles de l'établissement et qu'on le mette à la porte, préférablement dans cet ordre-là. "Je crois qu'on va avoir besoin de toi dès maintenant." Et toujours avec le sourire aux lèvres, tu fais signe à ton futur employé d'intervenir, et rapidement, sinon tu vas devoir t'en charger toi-même, et cela ne plairait pas du tout au client en question, du tout.
«Oh, t’as déjà commencé mon grand.», lui dit-elle tout en venant lui donner une petite tape sur l’épaule, en signe de « motivation » : manière polie de le secouer et de lui montrer que c’est plus vraiment le moment de plaisanter, de se faire des ronds de jambe mais bel et bien de se lancer dans le bain. Direct. Il acquiesce avec un sourire qui peut, sans problème, dissimuler le fait qu’il s’en serait volontiers grillé une avant mais soit ! les dés sont lancés. Il est temps de se jeter dans le bain, de prendre des risques. « Pour ce soir au moins, considère que les huit prochaines heures sont ton audition et on va voir si tu survis jusqu’au petit matin ou pas. » « Survis ? J’aime assez le concept. », souffle-t-il tout en se doutant qu’elle sait de quoi elle parle et qu’elle connaît suffisamment la manière dont l’endroit est animé, une fois que la salle se remplit et que les verres se vident. Oliver, ancien flic, est habitué à compter ses heures de sommeil sur les doigts d’une main. Il est habitué à rester dans un coin, attendre que ça brûle ou que ça explose avant de s’immiscer et de se mêler au spectacle. Normalement, il porte une arme, un badge et a un « statut » qui lui permet de pouvoir se dire « sans crainte ». Ici, tout est différent et il a hâte de se lancer ! « Je suis généreuse par contre, même si, c’est un essai, tu seras payé à la fin, on verra après pour les détails et ton contrat … Mais, ça sera après. » L’art et la manière dont elle lui présente les faits, elle a quelque chose de « militaire ». Il peut presque l’imaginer en uniforme et diriger une brigade à la baguette mais en y regardant d’un peu plus près, c’est ce qu’elle fait ici dans le monde de la nuit. « Ok.», dit-il même si elle n’attend pas son approbation, mais c’est plus une question de politesse.
« Tu reportes auprès de Duron, c’est ton supérieur, mais s’il y a une urgence ou quoique ce soit du genre, c’est moi ou Itziar qui est … » Il cherche la personne dont elle est sur le point de parler quand elle cesse de parler pour se concentrer sur une scène qui se produit à quelques mètres de là. Une des serveuses vient de faire tomber un verre sur le sol … ce qui attire l’attention et est une bonne chose puisqu’ils peuvent désormais se concentre sur la demoiselle en question et l’homme qui vient de refermer la main sur le bras de cette dernière. Il a retenu les propos de la femme hissée sur les talons hauts : le toucher n’est pas un de sens privilégiés ici. Non, le plaisir des yeux dans cette salle principale. « Je crois qu’on va avoir besoin de toi dès maintenant. » Elle lui confirme d’un simple signe de tête et un sourire que le boulot a déjà commencé. Il ne se fait pas attendre. Il a compris au cours des explications de Lara qu’on ne devait pas prendre son temps, pas ici. Les choses se passaient trop vite, les événement s’enchainaient trop vite. En quelques enjambées, il atteint alors la scène où la serveuse a l’air plus confuse qu’autre chose. La main d’Oliver se pose quant à elle sur l’épaule de l’homme alcoolisé qui s’est laissé tenter par ses hormones apparemment. Rappeler les règles qui sont ici essentielles pour le maintien du calme et surtout pour conserver une bonne ambiance … hors de question de laisser un type alcoolisé qui dépasse les frontières briser l’ambiance de l’endroit. « Tu t’es trompé d’endroit si tu penses que c’est la porte ouverte à tous les sens, ici. » La main posée sur son épaule le surprend et Oli le sent se figer et se tourner vers lui comme frappé par un éclair. Le type en question a des petits yeux, bien humides. Ok, il a consommé un peu trop. Pas besoin d’être un génie pour en avoir conscience. « Il va être temps de mettre les voiles ; je crois que tu en as eu assez pour la soirée. » Un sourire poli. Un ton ferme mais courtois, celui de l’ancien flic sans doute. « T’es fou ou quoi ? J’ai rien fait --- j’ai même pas mis les doigts, c’était » Les doigts d’Oli pressent davantage son épaule pour finalement le tirer vers le haut pour le faire se lever. « T’as pas compris, c’était pas une question, ni même une demande, c’était une information. Tu en as assez pour ce soir et si jamais tu souhaites pouvoir revenir mettre les pieds ici un jour, mieux vaut mettre les voiles la tête haute, sans que ce soit moi qui t’y amène. » Un hochement de tête tout en désignant d’un geste du bras la marche à suivre pour prendre la porte de sortie. Du coin de l’œil, il jette un regard à la serveuse qui s’est déjà évaporée, sans doute habituée par ce genre de situation.
≈ ≈ ≈ {this is the rhythm of the night} crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Oliver Dawson
Quand il te dit aimer le concept de cet essai, tu te retiens de rouler les yeux. Ou de préciser que ce n’est pas un terrain de jeu, mais ton métier et que tu prends la sécurité de toute ton équipe très au sérieux. Oui, en apparence, le client a toujours raison, toujours, mais ici, on conseille aux clients d’être généreux tout en gardant leurs mains pour lui, de boire toute la nuit, mais avec une certaine modération, et de bien entendu, de profiter du spectacle et de tout ce qui est là pour stimuler les sens. Une balance délicate, et si cela fonctionne la moitié du temps, il y a également des soirs où cela ne fonctionne pas, et tu jettes le petit nouveau dans la fosse aux lions sans une seule once d’hésitation. Parce qu’il est là pour apprendre, parce que tu es curieuse de voir sa réaction et que s’il ne sait pas gérer ce genre de situation, eh bien, il n’a absolument rien à faire ici. Du tout même. Mais il n’hésite pas et tu le suis un peu en retrait, tu fais un signe de tête à la serveuse concernée et quand elle te répond par un hochement de tête, tu sais qu’elle va bien et qu’elle va pouvoir terminer sa nuit ici. Juste cinq minutes de pause supplémentaires. Une fois que cela est vérifié, tu observes la scène qui se dessine à seulement un mètre et demi de toi, prête à intervenir au besoin. Il ne hausse pas le ton et tu n’entends pas vraiment ce que le futur nouveau dit au client, mais cela semble fonctionner. Le client ne se débat pas, n’ajoute pas de mots plus grossiers et il part même, de sa propre volonté sans être escorté. Okay, tu es presque convaincue. “Pas mal, tu ne t’es pas effondré et le client est parti sans faire plus de vagues.” Tu fais mine d’applaudir pendant quelques secondes, il n’aura le droit qu’à cela après tout et tu as un petit signe de tête vers la sortie. “Il reviendra très certainement avec un gros pourboire pour nous et en plus, il se souviendra de toi.” Oui, cela arrive de manière fréquente, surtout avec les habitués qui commencent à considérer le club comme une seconde maison. D’un côté, il s’agit d’une vingtaine de clients qui font vivre le club les bons comme les mauvais jours, de l’autre, cela peut vite devenir gênant quand ils commencent à prendre leur aise et se croient tout permis. Tu lui expliqueras tout ceci plus tard, et tu lui montreras quelques visages familiers dans la foule quand tu auras le temps. Tu viens de voir qui est sur la scène principale et tu connais le programme de chaque soirée par cœur, c’est toi qui es en charge après tout, tu sais que tu es la prochaine danseuse qui doit s’élancer sur la piste de danse. Tu lui fais signe de te suivre, t’arrêtant au bar pour le placer à côté. “Je dois grimper sur scène, tu penses que tu peux gérer les clients au bar ? Essaye d’observer tout le monde discrètement et de repérer ceux qui ont besoin qu’on les coupe avant que ça n'aille trop loin.” Comme il y a quelques minutes que tu penses déjà, tu continues de lui parler tout en enlevant ta perruque blonde, révélant tes mèches brunes dans lesquelles tu passes ta main. “Si on t’offre un verre, je te conseille de dire oui, demande le cocktail de la maison, c’est un code pour avoir de l’eau dans un joli verre, comme ça les clients pensent que tu bois avec eux et que tu es ami avec tout le monde.” Il a le droit à une petite tape sur l’épaule avant que tu ne retrouves le chemin des vestiaires, tu n’as besoin que d’une minute pour troquer ta robe contre une tenue beaucoup plus légère, mais toujours rose et tout autant de temps pour retrouver la scène. Tu en montres soudainement plus et sous la lumière des projecteurs, tu oublies tout, même la présence du petit nouveau. Il n’y a plus que toi et la musique, toi et cette barre en métal dont tu te serres pour grimper, tournoyer, faire un grand écart et autres figures sans absolument aucune difficulté, comme tous les autres soirs. Et si pendant un instant, tu te perds au-devant de la scène, pour passer la main sur le visage ou les épaules de certains, la nouvelle recrue a le droit à un petit clin d’œil, parce que ça correspond bien à personnalité sur scène, avant que les mouvements ne reprennent. Tu récupères tes gains rapidement à la fin du morceau et cela ne t’étonne guère quand on te sollicite pour une danse privée, c’est avec un de tes clients réguliers et cela te prend une bonne heure. Tu dois ensuite gérer un incident dans les vestiaires, quelqu’un aurait pris la paire de chaussures d’une autre et quand tu finis par le retrouver dans la salle principale, un certain temps s’est écoulé. “Hey G.I Joe, comment tu t’en sors ? Et c’est quoi ton prénom au fait, je vais l’oublier, mais au moins, j’aurais demandé.”
« Pas mal, tu ne t’es pas effondré et le client est parti sans faire plus de vagues. » Oliver tourne la tête vers celle qui débriefe la situation qui s’est produit quelques secondes plus tôt. « Il reviendra très certainement avec un gros pourboire pour nous et en plus, il se souviendra de toi. » Apparemment, elle apprécie la manière dont la scène s’est terminée : qui n’en serait pas ravi ? Pas de vague. Pas de cri. Pas de larmes. Pas de gros bras. Juste un ton ferme, des mots acides et un air suffisamment convaincant … oh et peut-être que les demoiselles et leur talent y sont également pour quelque chose. Il ne voulait pas en être privé. Il pouvait comprendre. Ses propos n’invitent à aucun commentaire alors il se contente de silencieusement acquiescer. C’est sa manière de prendre des notes, d’enregistrer, d’apprendre comment les choses fonctionnent et doivent fonctionner dans ces lieux. « Je dois grimper sur scène, tu penses que tu peux gérer les clients au bar ? Essaye d’observer tout le monde discrètement et de repérer ceux qui ont besoin qu’on les coupe avant que ça n’aille trop loin. » A sa mention du mot bar, il tourne la tête vers ce dernier et hoche d’un signe de tête sans le quitter du regard. Possible. C’est plus qu’envisageable et de toute manière, ce n’est pas lors de sa première soirée test qu’il va décliner quoique ce soit. Soyons réalistes. Elle se sépare de sa perruque blonde d’un geste mécanique, automatique. Ses gestes ne semblent pas la déconcentrer. Le multitasking semble être une qualité indispensable pour survivre dans cet univers. A noter. « Aucun souci », commente-t-il simplement. « Si on t’offre un verre, je te conseille de dire oui, demande le cocktail de la maison, c’est un code pour avoir de l’eau dans un joli verre, comme ça les clients pensent que tu bois avec eux et que tu ami avec tout le monde. » Il sourit à cette brillante stratégie alors qu’elle lui offre une petite tape sur l’épaule. « C’est noté. » a-t-il le temps de lui répondre avant qu’elle ne se dirige vers les vestiaires avec cette assurance bien trop féline pour être humaine.
Oliver se retrouve alors dans le coin du bar alors que la jeune femme apparaît sous la lumière des projecteurs. Il l’observe quelques secondes avant de se concentrer sur les clients et leur potentielle réaction. Dans l’ombre, il appartient au décor. Il est là sans être là. Il est comme le charognard, il attend avant d’attaquer. Son regard se plisse quand des éclats de rire se font trop bruyants, rien de grave. Ses sens aux aguets alors que son interlocutrice d’il y a quelques minutes augmente la température des lieux de quelques degrés. La même félinité. La même assurance. Il ne voit pas tous les regards, pas tous les visages des clients qui sont subjugués par sa danse … mais il peut percevoir aux silhouettes qu’elle est parvenue à attirer pas mal de regards. Il est loin le monde des enquêtes criminelles. Il en est à des kilomètres et pourtant, il n’a pas le sentiment de ne pas appartenir à ce monde. Un regard en diagonal et il constate que tous peuvent appartenir à ce monde. Le spectacle continue et Oliver doit travailler. Parfois, il glisse un mot à une serveuse pour lui faire comprendre que le bonhomme accoudé au comptoir devrait recevoir un peu moins. Pour un autre, il vient s’installer à ses côtés et lui demande s’il ne ferait pas mieux de ralentir la cadence … au risque de louper le prochain numéro. L’effervescence des lieux ne doit pas être chaos. Il a compris. « Hey G.I Joe. » Sans vraiment savoir pourquoi, il se retourne à cette interpellation. Pourquoi ? un mystère des surnoms. « Comment tu t’en sors ? Et c’est quoi ton prénom au fait, je vais l’oublier, mais au moins, j’aurais demandé. » Un sourire sincère se dessine sur ses lèvres. « Oliver. Oli. » finit-il par dire avec un hochement de la tête, ayant néanmoins noté au passage qu’elle finirait par oublier son prénom. Il ne le prendrait pas personnellement. « Pour l’instant, tout va bien. J’vais pas mentir … j’avais peut-être pas toute conscience du possible changement d’ambiance selon les numéros. » Un aveu. Sincère. Mais au moins, il était suffisamment honnête pour dire qu’il avait compris qu’une ambiance apaisée pouvait s’électriser en un claquement de doigt et que cela signifiait : être toujours aux aguets, être toujours sur le qui-vive. « Impressionnant. » Taciturne, il avait également compris que les loghorrées ne faisaient pas partie du business. Tant mieux, ce n’était pas son fort.
≈ ≈ ≈ {this is the rhythm of the night} crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Oliver Dawson
Même si tu te donnes des grands airs, Oliver pourra rapidement constater que tu as surtout en tête le bien-être du business et de tes employés. Oui, pour toi, ces deux notions ne sont pas aussi incompatibles que cela, il est possible de les réconcilier et tu n'es pas obsédée par l'argent et la réussite du club à tout prix. Vraiment pas, ce n'est pas comme si tu voulais de l'argent pour te sentir supérieure à qui que ce soit ou être plus riche qu'un autre, vraiment pas. Quand vous avez décidé de partir dans cette aventure avec Itziar, il s'agissait surtout de construire un endroit qui vous ressemble à toutes les deux. Et, pour la danseuse que tu as toujours été, tu as toujours voulu faire passer cela en premier, la danse et les personnes qui s'expriment de cette façon-là et leur offrir un endroit sûr où personne ne juge ou pire, pose des questions idiotes. Donc si cela veut dire mettre à la porte toute personne grossière ou même de trop, tu demanderas à quelqu'un de compétent de le faire sans hésiter. Les piques, c'est juste parce que cela te vient très naturellement et qu'il vaut mieux avoir une armure en béton pour évoluer dans ce genre de milieu, cela ne fait aucun doute à tes yeux. "Nan, je préfère quand même G.I Joe, ça te va mieux." Que tu réponds avec un sourire et pour bien indiquer que ce n'est pas vraiment négociable, et puis, c'est sa faute à lui aussi, il s'est retourné et y a répondu, donc maintenant, il est hors de question de retourner en arrière, vraiment pas. Tout se passe bien au bar, tu n'as pas pu rester focalisée sur lui, tu étais sur scène après tout et s'il y a bien une chose que tu ne fais pas, c'est du baby-sitting, qu'on se le dise, mais il n'y a eu aucun débordement au niveau du bar, personne n'a haussé le ton et aucune des serveuse n'a quitté le lieux excédé et oui vraiment, ce ne sont que des détails mais c'est important à tes yeux, qu'on ne s'y trompe pas. Tu hausses les épaules à la remarque sincère d'Oliver, tu supposes que tu aurais pu le prévenir, mais il vaut mieux apprendre sur le terrain, pas vrai ? "Vraiment, t'es un mec, non ? Tu devrais le savoir qu'il suffit de très peu pour avoir votre attention et encore moins pour qu'on vous perde. Je ne juge pas hein, ça fait tourner les affaires." Et il serait idiot de ne pas voir que votre clientèle est principalement composé d'hommes, il y a bien quelques groupes de femmes qui s'arrêtent parfois, mais cela ne dure jamais très longtemps, il faudrait sûrement faire quelque chose pour cela. Les danseuses sont principalement des femmes, c'est sûrement là d'où vient le blocage. "Bon okay, je juge, bien sûr que si que je juge." Parce que tu es toi, que ça fait partie du métier, mais, tu gardes toutes tes réflexions pour toi, cela ne serait pas très professionnel de critiquer tes clients de vive voix ou de leur demander comment va leur charmante épouse, leurs enfants... Ils viennent ici pour oublier la réalité et le monde extérieur et dans un sens, toi aussi, alors vraiment non, tu ne peux pas du tout les blâmer. "J'accepte le compliment et je vois que tu t'en sors bien pour le moment." Impressionnant qu'il a dit, est-ce qu'il parlait juste de ton tour de poitrine ou du fait que tu sois très flexible, comme la plupart des danseuses...? Tu ne lui poseras pas la question pour le moment, qu'il garde sa dignité intacte. Tu t'appuies sur le comptoir et tu fais un signe de la main à un employé derrière le comptoir, qui comprend tout de suite le message et pose un verre de limonade devant toi, avec une paille rose. Pas d'alcool pour toi quand tu bosses, tu prends une longue gorgée avant de te tourner vers Oliver, pour de nouveau parler affaires. "Le club est ouvert de mardi à dimanche de 17h à quatre heures du matin pour les clients et un peu plus pour le reste.... Qu'est-ce que tu dirais de commencer par trois nuits par semaine pour le moment ?" C'est le moment de négocier. "Et je ne t'ai même pas demandé ce que tu faisais avant, si ça se trouve t'as besoin de temps pour quitter ton autre boulot."
« Nan, je préfère quand même G.I Joe, ça te va mieux. », lui dit-elle avec un sourire qui ne laisse aucun doute : il va donc s’appeler G.I Joe ici. « J’crois que ça me sert à rien de lutter … », admet-il en haussant les épaules sans perdre son sourire. Il accepte son triste sort parce qu’il a bien compris qu’elle n’est pas du genre à changer d’avis, qu’elle est plutôt du genre à diriger le tout à la baguette … et il n’a jamais été très intéressé, intrigué par les surnoms. Alors, si elle a envie de l’appeler G.I Joe, soit. C’est comme ça. Il aurait pu tomber sur pire. En soi, c’est peut-être une chance.
« Vraiment, t'es un mec, non ? Tu devrais le savoir qu'il suffit de très peu pour avoir votre attention et encore moins pour qu'on vous perde. Je ne juge pas hein, ça fait tourner les affaires. » Elle marque un point et il ne peut qu’acquiescer en levant les sourcils. C’est vrai qu’il ne leur faut pas grand-chose pour être émoustillé, pour qu’on leur capture leur attention. Parfois pathétique, trop souvent prévisible. Son boulot lui avait néanmoins démontré que le genre humain était principalement pourri, peu importe votre genre et le poids de la société sur vos épaules. Il avait croisé le chemin de criminelles un tantinet hystérique qui avait eu du mal à contrôler leurs émotions. Mais ce soir, il avait eu le sentiment d’être dans une nouvelle version du titty twister d’une nuit en enfer. « Bon okay, je juge, bien sûr que si que je juge. » Il ne peut retenir un sourire amusé alors qu’elle reprend la parole. « J’accepte le compliment et je vois que tu t’en sors bien pour le moment. » Pour le moment. C’est le genre d’information prononcée à demi-mots qui lui rappelle néanmoins sa place : elle est la patronne, il a tout à prouver. Il redémarre une « carrière » dans un autre univers, encore inconnu jusque-là. Il prend ça pour un compliment. Il se dit que dans son univers à elle, c’est quelque chose de très positif et qu’il peut très bien le prendre de cette manière ; ouais un compliment. Peut-être est-il parvenu à faire ses preuves !? Au fond de lui, il espère. Retrouver le chemin d’une vie normale, celle où on a un taff, un emploi du temps routinier … le sentiment d’être utile et de ne pas tourner en rond comme un lion en cage dans son appartement.
« Le club est ouvert de mardi à dimanche de 17h à quatre heures du matin pour les clients et un peu plus pour le reste.... Qu'est-ce que tu dirais de commencer par trois nuits par semaine pour le moment ? » Alors que son regard s’était reposé sur les lieux et les différentes silhouettes des clients, il repose son attention sur la jeune femme quand elle lui parle des horaires d’ouverture du club. Commencer trois nuits par semaine ? Cela veut dire qu’il a passé l’épreuve du feu et qu’il va pouvoir tenter l’aventure ici … ? Un sourire satisfait et peut-être fier se dessine sur ses lèvres. « Et je ne t'ai même pas demandé ce que tu faisais avant, si ça se trouve t'as besoin de temps pour quitter ton autre boulot. » Oh donc cela veut dire qu’on ne lui avait pas donné l’information concernant son ancien boulot. Oups. Il espérait que cela ne lui ferait pas regretter sa première phrase et sa proposition de bosser trois nuits par semaine. « Aucun souci de ce côté-là, je suis de suite disponible. » Un hochement de la tête. « Et pour répondre à ta question, je bossais à la crim’. » Et avant qu’elle ne puisse s’imaginer qu’il s’est fait virer de la crim, il saute sur l’occasion pour ajouter sur un ton détaché, uniquement informatif : « J’ai démissionné il y a quelques semaines. Trois nuits par semaine pour commencer, ça me va et je suis dispo dès que vous avez besoin d’une paire de mains de plus … au cas où. » La disponibilité ? ouais il allait falloir qu’il s’occupe pour ne pas devenir fou. On pouvait compter sur lui. @Lara Pearson
≈ ≈ ≈ {this is the rhythm of the night} crédit/(ssoveia) ✰ w/ @Oliver Dawson
"Okay, laisse-moi un ou deux jours pour en parler à Izzie et écrire ton contrat." Que tu réponds avec un sourire sur le visage quand il te dit qu'il est disponible immédiatement, c'est le genre d'attitude que tu aimes et que tu respectes dans le fond. Il est là pour travailler et il a l'air aussi direct que toi, pas du tout susceptible en plus et il a rapidement pris le train en marche, que des bonnes qualités à tes yeux. Et oui, vraiment, même si tu adores le son de ta propre voix, tu n'aimes pas particulièrement te répéter ou perdre ton temps. Surtout pas quand les choses filent à toute allure dans le club, pendant une seconde, il faut s'occuper de restocker le bar et de gérer la queue qu'il y a au comptoir, et l'instant suivant, c'est autre chose, une danseuse en retard, un client qui ne veut soudainement pas payer pour sa danse privée... D'une façon bien étrange, tu t'y es fait et tu considères Paradise City comme ta maison. Tu cesses de fixer ton verre cependant pour regarder G.I Joe de la tête aux pieds, parce ce qu'il vient de dire n'est décidément pas anodin. "... Tu es, enfin, tu étais flic ?" Que tu répètes lentement, pour être certaine d'avoir bien compris et pour qu'il te reprenne si c'est le cas. L'autre question qui te viendrait la seconde suivante c'est : qu'est-ce que tu fabriques ici ? Tu as sans doute une vision un peu naïve des choses, mais il ne risque pas de sauver la veuve et l'orphelin ici, vraiment pas. Ou même de contribuer à quelque chose d'important et de plus grand que lui. "C'est un gros revirement ça dit donc, mais hein, comme je l'ai dit, aucun jugement, tu fais ce que tu veux." Tu te demandes s'il y a bien réfléchi à tout ça, et à ce qui pourrait le pousser à abandonner une telle carrière. Cependant, même si ta curiosité est piquée à vif, tu sais que cela ne te regarde pas, et il ne sera pas le premier employé avec un parcours qui n'est pas une simple ligne droite. "Je te conseillerais juste de garder cette information-là pour toi, surtout auprès des clients." Non, tu ne discrimines pas et c'est un vrai conseil que tu lui donnes, son job ici sera de paraître menaçant et de s'assurer que tout le monde respecte les règles. Des règles qui ont été établies par Itziar et toi et qui font office de loi ici, ça tu espères qu'il l'a bien compris. "Okay des autres collègues aussi, on fait tout ce qu'on peut pour vivre et j'estime que dès que les gens passent la porte, on ferme les yeux sur certaines choses." Tu as un haussement de tes sourcils en disant cela, ici, l'alcool coule à flot, on flirte avec l'adultère, mais pas que, il y a parfois des clients avec des substances un peu plus fortes sur eux et si on leur demande de consommer avant de venir dans le club et de ne pas en proposer ou vendre à qui que ce soit, on ferme les yeux sur leur état et leur discours. De même, si Naomi venait à te rendre visite ou même à bosser de façon permanente au club, son statut d'escorte n'est pas un problème à tes yeux et tu ne veux pas que cela en devienne un. "Du moment que tout est fait entre adultes consentants et que personne ne malmène mes danseuses et le reste de l'équipe..." Le reste ne te regarde pas vraiment en fait, les gens font ce qu'ils veulent pour oublier les problèmes du quotidien, après tout, sans ce genre de peine, un endroit comme celui-ci n'aurait pas tenu bien longtemps et les caisses ne seraient pas aussi remplies qu'elles le sont maintenant. Cela ne fait aucun doute à tes yeux. "Tu comprends où je veux en venir ?" Tu poses la question à la fin de ton petit discours, autant clarifier les choses dès maintenant, cela évitera les mauvaises surprises par la suite, vraiment. Il a l'air d'être un type bien et vif, sa vie ne regarde que lui et il comprendra sûrement que certains ne veulent pas qu'on se mêle de la leur.
« Okay, laisse-moi un ou deux jours pour en parler à Izzie et écrire ton contrat. » Il acquiesce. Aucun souci. Il attendra. Après tout, son autre solution, c’est de glander sur le canapé de son nouvel appartement en attendant le retour de celle qui rapporte un salaire régulier. Alors, il n’a pas vraiment le choix. Il va les attendre ces deux jours.
« … Tu es, enfin, tu étais flic ? » « étais », il prend la peine de glisser le verbe au passé. Il est évident que c’est un choc. Qu’est-ce qu’un ancien flic vient foutre ici ? Soit, il a commis une erreur irréparable et est devenu un paria. C’est une éventualité. Ou alors, il serait parti de son plein gré, mais ce sera tout à fait débile de quitter un emploi aussi sur que celui-ci. Était-il un abruti fini ? Paria ou débile, le choix est difficile. « … C’est un gros revirement ça dit donc, mais hein, comme je l’ai dit, aucun jugement, tu fais ce que tu veux. » Ils sont nombreux. Ceux qui disent ce genre de phrases, il a arrêté de les compter. Ils disent ne pas juger, et c’est vrai qu’ils ne disent rien à voix haute mais il voit leur regard. Il sent leur regard et parfois il les entend murmurer quelque chose, une fois les talons tournés. Néanmoins, son éducation le contraint à prononcer ce fameux mot « merci ». Car même si la possibilité d’être jugé apparaît dans les minutes, heures, jours qui suivent, il apprécie le fait qu’elle se retient de faire le commentaire devant lui. C’est au moins ça de pris. « Je te conseillerais juste de garder cette information-là pour toi, surtout auprès des clients . » Inconsciemment, il sourit. Pas vraiment le genre de carrière qui inspire la fierté … quoiqu’on en dise. « Okay, des autres collègues aussi, on fait tout ce qu’on peut pour vivre et j’estime que dès que les gens passent la porte, on ferme les yeux sur certaines choses. » Certaines choses. Il l’observe et essaie de discerner ce qu’elle essaie de lui faire comprendre. Quel genre de choses ? « Du moment que tout est fait entre adultes consentants et que personne ne malmène mes danseuses et le reste de l’équipe ... Tu comprends où je veux en venir ? » Il a la tête légèrement penchée, le regard toujours rivé sur celle qui lui fait face.
A cet instant, c’est son ancien lui qui est en train de négocier avec son nouveau lui. Il avait voué sa vie à protéger les autres. Il avait voué sa vie à se battre contre l’illégalité, peu importe laquelle. Néanmoins, il avait également vu l’illégalité, les non-dits se frayer parfois un chemin dans les rangs de ces collègues. L’être humain est pourri jusqu’à la moelle, c’était la conclusion qu’il avait fini par tirer. « J’ai saisi, ouais. », finit-il par lâcher avec distance. « Mon boulot est simple, trouver des types bas trop bruyants, prêts à payer une tournée et une danse privée sans pour autant se croire à la maison, où tout est permis. Ni plus, ni moins. », dit-il avec un sourire aux lèvres. Il avait appris les règles. Peut-être un peu de reste de son expérience de flic. Peut-être. Ce soir, il avait un nouveau boulot. Ce soir, c’était un nouveau commencement. Un nouveau chapitre.